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LES CHAMPS CAPTANTS DU SUD DE LILLE I) Le thème ...

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<strong>LES</strong> <strong>CHAMPS</strong> <strong>CAPTANTS</strong> <strong>DU</strong> <strong>SUD</strong> <strong>DE</strong> <strong>LILLE</strong><br />

I) <strong>Le</strong> thème “ressource en eau potable” .............................. 1<br />

II) <strong>Le</strong> cas-type des champs captants du sud de Lille .............. 2<br />

1. <strong>Le</strong>s actions menées et leurs coûts .................................. 3<br />

1.1 <strong>Le</strong>s actions de protection de la ressource en eau et les coûts<br />

associés. ...........................................................................3<br />

1.2 <strong>Le</strong>s actions visant une amélioration de la qualité des eaux de surface<br />

et les coûts échangés correspondants ..........................................7<br />

1.3 Bilan des opérations et des coûts...............................................8<br />

2. <strong>Le</strong>s effets de ces actions et les avantages monétaires ............ 9<br />

2.1 <strong>Le</strong>s effets des actions sur la qualité de la nappe ..............................9<br />

2.2 <strong>Le</strong>s coûts évités ..................................................................12<br />

2.3 <strong>Le</strong>s avantages externes de l’acquisition foncière : usage récréatif..........12<br />

2.4 Bilan des avantages des actions menées.......................................13<br />

3. Bilan et discussion.................................................. 14<br />

Conclusion...................................................................15<br />

Annexe :les alternatives aux champs captants du sud de Lille.16<br />

1


<strong>LES</strong> <strong>CHAMPS</strong> <strong>CAPTANTS</strong> <strong>DU</strong> <strong>SUD</strong> <strong>DE</strong> <strong>LILLE</strong><br />

Une illustration du thème “ressource en eau potable”<br />

du SDAGE<br />

I) <strong>Le</strong> thème “ressource en eau potable”<br />

• La problématique de l’alimentation en eau potable à l’échelle du bassin<br />

L’alimentation en eau potable du bassin est assurée à 90% par des ressources souterraines. La<br />

plus forte demande émanant de la population comme des industries se situe dans la partie Nord-<br />

Est du bassin et dans une moindre mesure, sur le littoral. Or la région Nord-Est se caractérise<br />

par des pollutions importantes et des nappes fragiles ce qui contribue à accroître la pression sur<br />

la ressource. A l’inverse, au Sud et à l’Ouest du bassin la situation apparaît plus favorable :<br />

potentialités en eau potable couvrant largement les besoins et sources de pollution très réduites.<br />

Pour tenter de remédier à la situation délicate du Nord-Est du bassin, diverses alternatives<br />

peuvent être retenues :<br />

- réaliser un transfert d’eau des zones à faible pression sur la ressource vers des zones<br />

déjà très sollicitées c-a-d du sud vers le nord-est (politique de substitution) ;<br />

- protéger les aquifères du nord par protection des secteurs les plus sensibles du point<br />

de vue de la pollution (politique de réservation foncière) ;<br />

- combiner les deux politiques : substitution et réservation foncière.<br />

• L’objectif affiché par le SDAGE<br />

<strong>Le</strong> SDAGE privilégie une politique de réservation et de protection sur les zones déjà exploitées<br />

ou potentiellement très intéressantes notamment au travers de la disposition B14 : “Imposer la<br />

pérennité des champs captants et parcs hydrogéologiques irremplaçables (carte B3) en<br />

programmant les actions techniques et réglementaires nécessaires”.<br />

Celle-ci devrait se traduire par une maîtrise foncière et d’usage sur les périmètres proches des<br />

points de captage (périmètre de protection rapprochée) représentant environ 15 000 ha à<br />

l’échelle du bassin et plus particulièrement sur des sites stratégiques dont l’étendue a été estimée<br />

à 1500 ha.<br />

Un telle politique aurait, selon les estimations de l’Agence, un coût de 1,5 milliard de francs.<br />

2


II) <strong>Le</strong> cas-type des champs captants du sud de Lille<br />

• Une illustration d’une politique de préservation de la ressource : les champs captants du sud de<br />

Lille<br />

Dans le cadre de l’évaluation économique du SDAGE, le comité de pilotage a retenu le cas des<br />

champs captants du Sud de Lille comme pouvant, a priori, être illustratif d’une politique de<br />

protection des ressources en eau potable par acquisition foncière.<br />

Il s’agit en effet d’une ressource stratégique pour l’alimentation en eau de Lille, faisant de plus<br />

l’objet d’une politique de réservation foncière pouvant prétendre illustrer les recommendations<br />

du SDAGE. Il s’agit enfin d’un secteur menacé par un projet d’autoroute ce qui attire l’attention<br />

du Comité de bassin.<br />

- Une ressource stratégique<br />

<strong>Le</strong>s champs captants de la nappe de la craie du sud de Lille sont répartis en trois groupes de<br />

captages (Houplin ; Emmerin ; Ansereuilles-Annoeulin). Ils assurent aujourd’hui 30% de<br />

l’alimentation en eau potable de la communauté urbaine de Lille (25 Mm3/an). La nappe calcaire<br />

du carbonifère, la nappe de la craie de Lille Nord et de celle de Douai, et les eaux de la Lys<br />

(18% de la production) constituent les ressources complémentaires. Toutes ces ressources sont<br />

exploitées au maximum de leurs potentialités de telle sorte que la marge de sécurité en termes de<br />

production d’eau, est faible (5% de la production maximale/jour) et qu’il est même actuellement<br />

difficile de satisfaire la demande estivale (été : période de consommation de pointe et de basses<br />

eaux de la Lys). Enfin, on observe une dégradation de la qualité de l’eau distribuée à partir des<br />

champs captants du Sud de Lille, ce qui devrait aboutir à la fermeture de certains puits dans un<br />

proche avenir.<br />

- Une politique de réservation engagée depuis vingt ans<br />

Dès le milieu des années 70, des études prospectives avaient permis d’entrevoir une telle<br />

situation et d’inciter alors l’Agence à mener une politique préventive de réservation foncière sur<br />

la zone des champs captants sud de Lille. Sur les terrains à acquérir (situés sur les secteurs<br />

d’Houplin et des Ansereuilles) devaient être créés des bassins permettant de traiter les eaux de la<br />

Deule avant de les réinjecter dans la nappe pour la réalimenter. Si ces lagunes n’ont, à ce jour,<br />

pas été créées, les terrains acquis sont restés propriétés de l’Agence et de ce fait l’acquisition a<br />

constitué une protection des champs captants comme préconisée dans le SDAGE.<br />

Mais quelle a été l’efficacité de cette politique ?<br />

• Quels bilans économique et qualit atif peut-on tirer de cette expérience?<br />

La présente étude a pour objet de réaliser une évaluation économique de la politique<br />

d’acquisition foncière opérée par l’Agence sur le secteur des champs captants du sud de Lille au<br />

travers, d’une part, de l’analyse des actions menées et de leurs coûts, et d’autre part de celle de<br />

leurs effets observés ou supposés sur la ressource en eau, traduits en avantages et coûts évités.<br />

Cette analyse tiendra aussi compte d’autres actions qui ont eu ou pourraient avoir un impact sur<br />

la protection de la qualité des nappes, telles que les opérations passées d’assainissement, ou<br />

encore la mise en place d’un Projet d’Intérêt Général (PIG) visant à la protection de la nappe de<br />

la craie du sud de Lille.<br />

3


1. <strong>Le</strong>s actions menées et leurs coûts<br />

Dans ce chapitre, nous nous intéressons aux actions destinées d’une manière ou d’une autre à<br />

protéger la ressource en eau en nous focalisant sur la réservation foncière opérée par l’Agence<br />

sans pour autant omettre les actions de type assainissement et PIG.<br />

Dans une optique d’évaluation économique de ces actions nous en calculerons les coûts, en<br />

distinguant :<br />

- <strong>Le</strong>s coûts directs : directement liés à la protection de la ressource en eau.<br />

- <strong>Le</strong>s coûts “échangés” : il s’agit du coût des actions qui profitent à cette politique en<br />

améliorant son effet mais qui sont menées en vertu d’autres politiques de l’eau (ex :<br />

l’assainissement), et qui ne correspondent pas au thème du SDAGE qu’il s’agit<br />

d’illustrer ici.<br />

- <strong>Le</strong>s coûts indirects : liés aux contraintes imposées par l’acquisition foncière en termes<br />

d’usages des terrains acquis.<br />

1.1 <strong>Le</strong>s actions de protection de la ressource en eau et les coûts<br />

associés.<br />

1.1 1 <strong>Le</strong>s acquisitions foncières de l’Agence<br />

Dans les années 70, on prévoyait que l’alimentation en eau potable de la communauté urbaine de<br />

Lille deviendrait problématique (en quantité et en qualité) à l’horizon des années 2000. Diverses<br />

alternatives ont alors été envisagées. Un projet de transfert d’eau à partir de la Canche a alors été<br />

étudié sans aboutir, du fait d’une importante opposition locale. Une autre solution était de<br />

réalimenter la nappe de la craie du sud de Lille à partir des eaux de la Deule.<br />

C’est dans cette optique que l’agence a, dès 1974, démarré un programme d’acquisitions<br />

foncières. Elle prévoyait alors d’acquérir 1000 ha sur un secteur compris entre Annoeulin,<br />

Ansereuilles et Houplin-Ancoisne (3 des 4 secteurs de pompage au sud de Lille, le quatrième<br />

étant celui d’Emmerin plus au nord, cf carte). Il était prévu, sur ce territoire, de créer des<br />

lagunes de traitement de l’eau de la Deule qui, une fois épurée, devait être réinjectée dans la<br />

nappe de la craie au niveau de 9 bassins de réinfiltration (où la craie était à 9 cm du niveau du<br />

sol) situés plus à l’ouest. <strong>Le</strong>s 1000 ha de ce projet étaient inclus dans un périmètre plus large<br />

(2250 ha) correspondant à celui du parc de la Deule (projet de création de parc de loisirs au sud<br />

de Lille). Faute de financement par la communauté urbaine de Lille, ni les lagunes, ni le parc<br />

n’ont été réalisés.<br />

L’agence a cependant toujours poursuivi ces opérations d’acquisition et possède à ce jour 221<br />

ha soit seulement 4% de la surface des zones de très forte et totale<br />

vulnérabilités (4800 ha. Données PIG) influençant directement les captages du sud de Lille,<br />

sur les communes de Beauvin, Provin, Annoeulin, Allènes les marais, Erin, Gondecourt,<br />

Templemard, Houplin-Ancoisne, et Wattigny.<br />

L’acquisition de ces terrains s’est faite au gré des opportunités et au prix d’une relance continue<br />

des propriétaires, de sorte que les terrains acquis (parfois quelques m2, et après 20 ans de<br />

relance) ne sont pas en continuité les uns des autres mais constituent un ensemble de<br />

parcelles très dispersées.<br />

Il s’agit de terrains agricoles occupés actuellement pour les 2/3 par des cultures (grandes<br />

cultures et maraîchage) et prairies, et pour environ 1/3 par des bois.<br />

Compte tenu du fait que ces terrains étaient destinés à la création de bassins, aucune<br />

contrainte culturale n’a été imposée aux agriculteurs. Cependant, pour cette même raison,<br />

4


les terrains acquis ont été inscrits dans le SDAU et dans les POS de 1975 et de 1985 comme<br />

terrains Nac (réservés aux plans d’eau et à l’agriculture).<br />

1.1.2 <strong>Le</strong>s coûts directs associés à l’acquisition foncière<br />

L’acquisition des terrains s’est faite au tarif des domaines, donc sans spéculation.<br />

La réserve foncière comprend un coût d’acquisition, de l’ordre de 30 à 50 000 F/ha pour<br />

un terrain occupé auquel s’ajoute le cas échéant une indemnité d’expropriation dite de “purge<br />

des baux” (de l’ordre de 30 000 F/ha) payé au locataire désirant résilier son bail. <strong>Le</strong> terrain est<br />

alors libre d’occupation. <strong>Le</strong>s terrains peuvent ensuite être reloués. Des baux emphytéotiques<br />

(sur plusieurs dizaines d’années) sont passés avec la SAFER (loyer d’un montant de<br />

1,5 quintaux de blé par hectare) qui elle, signe des conventions précaires (annuelles) avec les<br />

exploitations (loyer de 3 qtx/ha).<br />

Aujourd’hui, la moitié des terrains acquis est passée en location via la SAFER, l’autre moitié est<br />

encore occupée et non purgée des baux.<br />

Aucun aménagement de type clôture ou plantation n’a été réalisé sur ces terrains.<br />

Compte tenu du montant des investissements annuels (en moyenne de l’ordre de 1, 3 MF)<br />

comparé au budget de l’agence, aucun emprunt n’a été réalisé pour mener à bien ces opérations,<br />

donc aucun frais financier n’est imputable ici.<br />

Ainsi le coût direct des acquisitions foncières représente le coût de l’achat des terrains et de la<br />

purge éventuelle des baux auxquels on soustrait les loyers perçus par l’agence, année par année<br />

(cf. tableau ) 1 .<br />

Au total, le coût direct de l’acquisition foncière a été de 20, 75 MF répartis sur une<br />

période de 14 ans (1978-1994) soit en moyenne de 776 000 F/an.<br />

1 Si les premiers coûts ont pu être obtenus avec précision, auprès de l’agence, le montant des loyers a au<br />

contraire été estimé en multipliant année par année les surfaces en propriété de l’agence par un loyer de 5 qtx/ ha<br />

(622,5 F/ha en 1995). Il est clair que toutes les surfaces n’ont pas été louées, c-a-d que le montant des loyers<br />

obtenu est légérèment supérieur au montant réel, cependant la marge d’erreur sur le bilan obtenu est faible compte<br />

tenu du fait que le montant des loyers est inférieur à 10% de celui des acquisitions.<br />

5


Années Surface acquise Coûts en francs Coûts en francs Loyers<br />

courants<br />

constants 2<br />

en francs<br />

de 95<br />

1978 25, 9 ha 1 231 524 3 115 755 16 123<br />

1979 15,4 ha 894 899 2 022 471 25 710<br />

1980 20,34 ha 490 556 986 017 38 371<br />

1981 21,23 ha 2 367 358 4 190 223 51 587<br />

1982 28, 51 ha 558 960 888 746 69 334<br />

1983 17,74 ha 2 109 719 3 059 092 80 377<br />

1984 14, 86 ha 426 117 575 257 89 628<br />

1985 2, 85 ha 930 812 1 172 823 91 402<br />

1986 2, 47 ha 342 220 427 775 92 940<br />

1987 0,14 ha 14 460 17 496 93 027<br />

1988 0,26 ha 10 232 12 073 93 189<br />

1989 4,2 ha 234 227 267 018 95 803<br />

1990 12, 58 ha 1 101 499 1 211 648 103 634<br />

1991 16, 36 ha 388572 411886 113 818<br />

1992 17, 62 ha 1677826 1744939 124 787<br />

1993 12, 52 ha 936936 955674 132 580<br />

1994 7, 96 ha 1136320 1136320 137 535<br />

Total 221 ha 22, 2 MF 1,45MF<br />

Bilan<br />

20,75MF<br />

1.1.3 <strong>Le</strong>s effets négatifs de l’acquisition foncière : coûts indirects<br />

Il s’agit ici d’estimer les manques à gagner pour les acteurs locaux (propriétaires, agriculteurs,<br />

communes) du fait de la réserve foncière opérée par l’Agence.<br />

Ces manques à gagner pourraient être de divers ordres:<br />

- Diminution des recettes d’une commune du fait de la “non urbanisation ou<br />

industrialisation” de la zone acquise (taxe professionnelle non perçue)<br />

- Diminution du chiffre d’affaires des agriculteurs du fait de contraintes éventuellement<br />

imposées en matière de pratiques culturales.<br />

Or ces acquisitions concernent essentiellement des terrains agricoles classés en Nac (et devant<br />

en principe le rester du fait des contraintes imposées par le premier projet de la Deule) et des<br />

propriétaires privés (souvent agriculteurs). Seuls ont été acquis des terrains sur lesquels, au<br />

moment de l’acquisition, les communes (qui avaient un droit de préemption) n’avaient pas de<br />

projet, et pour lesquels les propriétaires n’avaient généralement pas de successeur.<br />

2 Conversion en francs de 1995 par application d’un coefficient d’érosion monétaire.<br />

6


Ainsi, on peut penser que l’acquisition n’a pas entrainé, au moment où elle a<br />

été réalisée , de manque à gagner pour les propriétaires et les collectivités<br />

locales, ni de coût d’éviction pour les porteurs de projets.<br />

Cependant, les POS peuvent être révisés et ce, malgré les recommandations du SDAU<br />

incluant le parc de la Deule. Ainsi nombreux maires ont été à maintes reprises tentés de modifier<br />

le classement des terrains. <strong>Le</strong>s terrains acquis par l’Agence ont fait l’objet après leur acquisition,<br />

de projets divers : décharges, moto-cross, hypermarché, extension d’une usine de solvants de<br />

peinture à Gondecourt... et actuellement la rocade du sud de Lille.<br />

Du fait du refus systématique de l’Agence :<br />

- soit ces projets ne se sont pas faits sur les terrains de l’Agence, mais ont été réalisés<br />

ailleurs (ex : zone industrielle de Gondecourt)<br />

- soit ils n’ont pas du tout vu le jour du fait de leur faible rentabilité ou des contraintes<br />

fortes imposées par le PIG (ex : décharge, piste de moto-cross).<br />

La politique d’acquisition foncière de l’Agence a entraîné des manques à gagner pour les<br />

communes et des coûts d’éviction pour les promoteurs des projets, coût qui<br />

pourrait s’approcher par la différence entre le prix qu’ils auraient payé pour ces terrains et ceux<br />

sur lesquels ils ont dû le cas échéant se rabattre.<br />

En ce qui concerne les agriculteurs exploitant ces parcelles (et donc locataires de l’Agence),<br />

aucun manque à gagner n’est observé dans la mesure où aucune contrainte culturale<br />

(fertilisation) ne leur a été imposée.<br />

Ainsi nous ne retiendrons comme seul coût indirect de l’acquisition foncière de<br />

l’agence, que le manque à gagner de collectivités qui auraient, en modifiant le<br />

POS, voulu créer des zones d’activités ou d’habitations sur les terrains de<br />

l’agence et ainsi pu recevoir des taxes ; et le coût d’éviction des porteurs de<br />

projets 3 .<br />

1.1.4 Coûts et contraintes liés à la mise en place du PIG (Projet d’Intérêt Général)<br />

L’acquisition foncière de l’agence a été récemment complétée par une procédure de PIG, autre<br />

moyen de protection des ressources en eau.<br />

<strong>Le</strong> PIG (établi par le Préfet) en tant qu’instrument de planification et d’aménagement du<br />

territoire du bassin versant, est un moyen de protection administrative des ressources en eau ,<br />

appliquée pour la première fois en France aux champs captants du sud de Lille. <strong>Le</strong> PIG a été<br />

préféré à la procédure habituelle des périmètres de protection compte tenu de la difficulté<br />

d’obtenir une <strong>DU</strong>P 4 , car le secteur est fortement morcelé du point de vue de la propriété (28 000<br />

parcelles et 12000 propriétaires sur les 4800 ha de zones très à totalement vulnérables).<br />

Il a été notifié en 1993 aux 27 communes concernées après 4 ans de procédure.<br />

Il implique des contraintes en terme de POS (Coefficient d’Occupation des Sols, traitement des<br />

eaux usées, stockage de produits polluants, voieries...). Ces contraintes sont plus ou moins<br />

sévères en fonction du degré de vulnérabilité des secteurs mais restent en tout état de cause,<br />

3 Compte tenu de la difficulté (pour les personnes rencontrées à l’Agence) de recenser de façon exhaustive les<br />

projets sur le secteur des champs captants depuis 1978 et du temps imparti à cette étude de cas, nous n’avons pas<br />

pu quantifier ces manques à gagner.<br />

4 Déclaration d’Utilité Publique<br />

7


moins fortes que celles d’un périmètre de protection notamment en matière d’agriculture et<br />

d’équipement. Ainsi, le projet de la rocade de contournement sud de Lille est censé traverser<br />

une zone de vulnérabilité totale.<br />

Si le PIG est un moyen de protéger la ressource en eau (avantage direct), il a aussi un coût.<br />

Hormis un coût administratif (qu’il est très difficile d’estimer), il contribue aussi au coût<br />

indirect lié aux manques à gagner du fait des contraintes d’occupation du sol imposées aux<br />

collectivités (cf. 1.1.3)<br />

La politique de protection de la ressource en eau souterraine (acquisition foncière, PIG) s’est<br />

accompagnée dans le secteur des champs captants d’une politique de réduction des flux de<br />

pollutions d’origine domestique et industrielle. <strong>Le</strong>s actions menées dans ce cadre ayant un<br />

impact sur la qualité de l’eau de surface mais aussi de celle de la nappe doivent être de même<br />

évaluées en termes de coûts.<br />

1.2 <strong>Le</strong>s actions visant une amélioration de la qualité des eaux de<br />

surface et les coûts échangés correspondants<br />

Depuis le début des années 80, d’importants efforts en matière de réduction des pollutions ont<br />

été entrepris, sous forme de création de réseaux d’assainissement et de mise en place de stations<br />

d’épuration destinés à traiter les eaux en provenance des collectivités et industries, dans le<br />

secteur des champs captants du sud de Lille.<br />

En réduisant la pollution à sa source, ce type d’aménagement a contribué d’une certaine manière<br />

à limiter la dégradation de la qualité des nappes et dans ce sens, il est important de mentionner<br />

les coûts d’investissement correspondants.<br />

Ces coûts sont dits “échangés” dans la mesure où ces actions ne sont pas citées dans le SDAGE<br />

au titre de la protection des ressources en eau potable (thème qu’il s’agit ici d’illustrer) mais à<br />

celui de l’amélioration de la qualité de l’eau de surface tout en ayant pourtant un effet sur la<br />

qualité des nappes.<br />

De 1982 à 1994, le montant total des investissements en matière de traitement des<br />

pollutions d’origine domestique et industrielle (cf tableau ci-joint) dans le secteur des champs<br />

captants a été de 86,27 MF dont :<br />

- 41,62 MF supportés par l’agence<br />

- 44,65 MF supportés par les collectivités locales.<br />

En matière de pollution d’origine agricole, aucun effort de réduction n’a été<br />

réalisé sur le secteur y compris sur les terrains acquis par l’agence.<br />

8


Année<br />

Total<br />

investissement<br />

5<br />

actualisés<br />

en MFde 1994<br />

Réseau<br />

assainissement<br />

Station<br />

d’épuration<br />

Agence<br />

Collectivités<br />

1982 9,54 9,34 0,2 2,22 7,32<br />

1983 5,6 5,6 1 4,6<br />

1984 2,97 2,97 0,77 2,2<br />

1985 7,15 7,15 1,66 5,48<br />

1986<br />

1987 0,78 0,78 0,158 0,62<br />

1988 2,16 2,16 0,478 1,68<br />

1989 0,43 0,43 0,3 0,13<br />

1990 6,38 6,38 2,77 3,61<br />

1991 3,26 2,65 0,61 0,83 2,42<br />

1992 12,83 4,07 8,76 5,86 6,96<br />

1993 20,44 20,44 13,87 6,56<br />

1994 14,73 14,73 11,7 3<br />

TOTAL 86,27 MF 76,7 MF 9,57 MF 41,616 MF 44,65 MF<br />

1.3 Bilan des opérations et des coûts<br />

Comme nous venons de le souligner, la zone des champs captants du sud de Lille a fait l’objet<br />

depuis une quinzaine d’années de diverses actions ayant d’une manière ou d’une autre contribué<br />

à sa protection : acquisition foncière, PIG, traitement des pollutions domestiques et<br />

industrielles. Il s’agit ici de récapituler sous forme synthétique, l’ensemble de ces actions et de<br />

leurs coûts afin de pouvoir les comparer aux avantages procurés que nous aborderons dans la<br />

partie suivante.<br />

Coûts directs Coûts indirects Coûts échangés<br />

Assainissement<br />

Etat<br />

coût administratif du<br />

PIG<br />

Agence<br />

acquisition<br />

41,62 MF<br />

foncière<br />

20, 75 MF<br />

Collectivités<br />

manque à gagner du 44,65 MF<br />

locales<br />

fait du PIG et de<br />

l’acquisition de<br />

l’agence<br />

Industries locales coût d’éviction des<br />

porteurs de projets<br />

Propriétaires<br />

0<br />

fonciers privés<br />

Agriculteurs 0<br />

aucune contrainte<br />

culturale imposée<br />

TOTAL<br />

20, 75 MF (francs<br />

86,27 MF (francs<br />

94)<br />

94)<br />

5 <strong>Le</strong>s investissements réalisés sur la zone d’Houplin-Ancoisne ne concernent pas totalement le secteur étudié.<br />

Ainsi nous n’avons comptabilisé que 54% (équivalent population) de ces investissements dans notre calcul.<br />

9


2. <strong>Le</strong>s effets de ces actions et les avantages monétaires<br />

correspondants<br />

L’objet de ce chapitre est de :<br />

- Déterminer les effets ou avantages directs des différentes actions menées, sur la qualité<br />

de l’eau de la nappe de la craie du secteur sud de Lille ;<br />

- Connaître le coût des solutions alternatives qu’il aurait été nécessaire d’entrependre<br />

pour obtenir le même effet.<br />

Nous consacrerons par ailleurs un dernier paragraphe aux retombées touristiques que<br />

l’acquisition foncière de l’agence aurait pu contribuer à créer, si le parc de la Deule avait vu le<br />

jour. Elles constituent des avantages externes (hors du domaine de l’eau) de l’acquisition<br />

foncière.<br />

2.1 <strong>Le</strong>s effets des actions sur la qualité de la nappe<br />

2.1.1 La qualité actuelle de l’eau<br />

<strong>Le</strong> nombre de paramètres physico-chimiques déterminant une qualité d’eau donnée est très<br />

important (64 au total). Par ailleurs, les méthodes de mesure utilisées actuellement dans le<br />

domaine des micro-polluants toxiques n’existaient pas dans les années 70, d’où la difficulté<br />

d’établir une relation entre les polluants rejetés et la contamination de la nappe par ces derniers.<br />

Nous n’avons donc retenu comme indicateur de qualité que la teneur en nitrate. Ce paramètre a<br />

été choisi dans la mesure où il fait l’objet d’une directive européenne et qu’il a l’avantage d’être<br />

présent dans les effluents agricoles, domestiques et industriels. Enfin, il fait l’objet d’un<br />

traitement coûteux lorsque la norme de 50 mg/l est dépassée et conduit à abandonner les puits au<br />

delà de 100 mg/l.<br />

<strong>Le</strong>s données relevées en 1994 montrent que tous les puits sont po llués mais à des degrés divers<br />

- sur le secteur d’Annoeulin :<br />

Dans ce secteur où la nappe est libre (non protégée par une couche imperméable), la majorité<br />

des puits ont une teneur en nitrates de 40 mg/l (6 puits pour un équivalent de 5-6 Mm3/an) et 50<br />

à 60 mg/l pour les 2 puits proches de la ville d’Annœulin. Dans ce secteur, l’urbanisation de<br />

communes de moyenne importance se poursuit.<br />

- sur les Ansereuilles<br />

Bénéficiant d’une couverture argileuse donc d’une dénitrification naturelle, les 16 puits de ce<br />

secteur ont actuellement des teneurs comprises entre 0 et 5mg/l et ce malgré une importante<br />

urbanisation de la partie amont du bassin, généralement à même la craie ou, sur faible<br />

recouvrement argileux.<br />

- sur Houplin-Ancoisne :<br />

Dans ce secteur, les 11 captages sont soit à 2mg/l soit à 10-15 mg/l et bénéficient comme ceux<br />

des Ansereuilles d’une protection argileuse.<br />

Mentionnons, à titre de comparaison, les puits du secteur d’Emmerin, intégrés dans les champs<br />

du sud de Lille mais n’ayant pas fait l’objet d’acquisition foncière par l’Agence. Ceux-ci sont<br />

situés en bordure de la commune de Seclin, encore mal assainie, et sont proches de nombreuses<br />

10


décharges. Du fait de cette pression de pollution, les captages ont atteint des teneurs dépassant<br />

le seuil de traitabilité (100 mg/l) et ont été progressivement abandonnés.<br />

La qualité observable actuellement est un témoin des flux de pollution passés. L’évaluation<br />

économique des actions suppose que l’on réponde à la question : Comment l’acquisition<br />

foncière, le traitement des effluents domestiques et industriels et la mise en place du PIG ont-ils<br />

joué sur ces flux ?<br />

2.1.2 Effets des actions passées sur la qualité de l’eau<br />

Il s’agit de passer en revue ici les différentes actions entreprises et de tenter d’estimer l’effet<br />

qu’elles ont pu avoir sur la teneur en nitrate de la nappe de la craie du sud de Lille. <strong>Le</strong>s actions<br />

seront présentées selon leur degré d’influence sur la qualité de l’eau actuelle en commençant par<br />

celles qui en ont le moins.<br />

a) <strong>Le</strong> PIG<br />

<strong>Le</strong> PIG a été notifié très récemment aux communes concernées. De ce fait, il est impossible<br />

actuellement de donner une estimation de l’effet d’une telle mesure. On peut cependant<br />

souligner que le PIG n’a aucune influence sur les flux d’origine agricole puisqu’aucune<br />

contrainte n’est imposée en la matière, mais qu’il pourra en avoir une sur les flux d’origines<br />

urbaine et industrielle, en limitant notamment le COS (Coefficient d’Occupation des Sols) et en<br />

réglementant la nature des matériaux industriels utilisés.<br />

Si le PIG est un moyen de protection des ressources en eau il ne l’est<br />

seulement que pour les futures générations.<br />

b) <strong>Le</strong>s actions de traitement des eaux domestiques et industrielles<br />

Depuis 1978, des efforts ont été entrepris pour réduire les pollutions d’origine domestique<br />

(prépondérantes) et industrielle, dans le secteur des champs captants du sud de Lille. Cependant<br />

le contexte socio-économique a lui même évolué parallèlement (urbanisation croissante,<br />

implantation d’usines polluantes 6 ) contribuant à l’apparition de nouveaux flux de pollution.<br />

Enfin, certains ouvrages d’assainissement ont eu des effets pervers de concentration d’effluents<br />

au droit des nappes vulnérables 7 .<br />

Compte tenu de l’évolution du contexte socio-économique et des “fuites” des réseaux<br />

d’assainissement, il apparaît très difficile de se prononcer sur l’effet des actions<br />

passées de dépollution domestique et industrielle sur l’amélioration de la<br />

qualité de l’eau souterraine.<br />

c) <strong>Le</strong>s effets de la réservation foncière<br />

Compte tenu du fait que les terrains acquis sont mités et que les agriculteurs qui les exploitent<br />

n’ont subi aucune contrainte en matière de pratiques culturales, l’acquisition n’a<br />

vraissemblablement eu aucun effet sur les flux de pollution agricole.<br />

En revanche, il semble raisonnable, au vu de l’évolution du contexte socio-économique local de<br />

penser que l’acquisition de l’agence a permis d’éviter une urbanisation et une implantation de<br />

zones industrielles sur les terrains réservés. Même si ces derniers ont été classés aux POS en<br />

6 Usine de retraitement des dioxynes de Gondecourt.<br />

7 Il existe un dysfonctionnement observé sur le réseau d’assainissement et sur les ouvrages d’épuration (fuites,<br />

saturation des capacités d’épuration) comme dans le cas d’Annoeulin où les eaux usées s’accumulent à la sortie de<br />

la station d’épuration et s’infiltrent dans la nappe.<br />

11


Nac, une révision est toujours possible. Ainsi, on peut supposer que sans acquisition foncière,<br />

les terrains auraient pu être construits (lotissement, entreprises) et devenir le support d’activités<br />

polluantes. Dans un tel cas de figure, on peut supposer que les teneurs en nitrates observées<br />

actuellement pourraient être plus élevées. Cet effet est à nuancer selon les différents secteurs des<br />

champs captants du sud de Lille.<br />

- Annoeulin :<br />

Annoeulin est un secteur assez fortement urbanisé et pollué, particulièrement au niveau des puits<br />

proches de la commune (avec des teneurs supérieures à 50 mg/l). <strong>Le</strong>s terrains acquis par<br />

l’agence sont situés sur une zone influençant directement (du fait du sens des écoulements) les 6<br />

autres puits. <strong>Le</strong>ur teneur actuelle est de l’ordre de 40 mg/l, soit proche de la limite de 50 mg/l au<br />

delà de laquelle, un traitement de l’eau est nécessaire. De ces observations on peut émettre<br />

l’hypothèse que sans acquisition foncière, l’ensemble des puits du secteur d’Anneulin<br />

dépasserait la norme admissible de potabilité de 50 mg/l, (certainement avec des valeurs de<br />

60mg/l) ce qui impliquerait des procédures de traitement ou de dilution.<br />

L’effet et l’avantage économique de la réservation foncière serait donc d’éviter<br />

un traitement des nitrates.<br />

- Ansereuilles<br />

La teneur actuelle observée est de l’ordre de 5 à 10mg/l du fait d’une couche de protection<br />

alluvionnaire permettant un processus de dénitrification bactérienne naturelle. Cependant il<br />

existe une incertitude scientifique sur le taux de saturation des bactéries assurant cette<br />

dénitrification, seuil au delà duquel elles n’épurent plus. Ainsi, les hydrogéologues sont<br />

actuellement incapables de se prononcer sur l’effet qu’aurait pu avoir une urbanisation et une<br />

industrialisation sur les terrains acquis par l’agence. Aurait-on ou non atteint le seuil de<br />

saturation et alors dépassé la capacité auto-épuratrice de la zone ? La question reste actuellement<br />

insoluble.<br />

Rien ne peut donc être supposé quant à l’effet de l’acquisition foncière sur le<br />

taux de nitrate de la nappe dans ce secteur.<br />

- Houplin-Ancoisne<br />

La problématique est comparable à celle des Ansereuilles quoi-qu’il existe encore une plus<br />

grande incertitude du fait d’une protection naturelle plus faible. Par ailleurs, le sens des<br />

écoulements est tel que les terrains acquis par l’agence ont une assez faible influence sur les flux<br />

d’infiltation influençant le secteur des champs d’Houplin-Ancoisne. Ainsi, aucune<br />

hypothèse ne peut être avancée quant à l’effet supposé de la réservation<br />

foncière opérée par l’agence.<br />

Ainsi, si toutes les actions menées dans le secteur des champs captants du sud de Lille ont<br />

certainement eu un effet sur la réduction des flux de pollution d’origines industrielle et<br />

domestique, l’estimation de leur ampleur apparaît, aux dires d’experts, très difficile. On peut<br />

seulement avancer à l’heure actuelle que l’acquisition foncière réalisée par<br />

l’agence aurait permis d’éviter une pollution nitratée de 6 des puits des<br />

Ansereuilles au delà du seuil de potabilité.<br />

12


2.2 <strong>Le</strong>s coûts évités<br />

Comme nous venons de le souligner, sans la réservation foncière, les teneurs observées sur 6<br />

des puits des Ansereuilles (actuellement à 40 mg/l et correspondant à une production de 6 Mm3)<br />

auraient pu dépasser les 50 mg/l avec des valeurs sans doute proches de 60 mg/l.<br />

Pour rendre potable cette eau, différents types d’opérations auraient alors été nécessaires : une<br />

dénitrification ou un transfert d’eau.<br />

• Dénitrification<br />

Pour un traitement de l’eau sur place par prézonation, décantation et passage par un filtre à<br />

charbon ou à membrane, il en coûterait 3,5 MF actualisés pour équiper chaque puits (6 au total)<br />

et environ 1,18 F/m3 de fonctionnement 8 (actualisés). Ainsi pour le traitement de 6 Mm3 des 6<br />

puits, il aurait fallu investir 21,2 MF et dépenser 7 MF/an. Soit pour 1995 un montant total de<br />

28 MF auquel s’ajouteraient 7 MF/an pour les années suivantes.<br />

• Transfert d’eau et substitution:<br />

Cette alternative consiste à prélever de l’eau non polluée dans un autre secteur et à la distribuer à<br />

la place de l’eau polluée du secteur d’Annoeulin. Une des possibilités serait de prélever des<br />

eaux des résurgences de la rivière Lys situé à l’ouest de Lille. Ces eaux pourraient être traitées<br />

par l’usine de la Lys avec un maximum de 16 000 m3/j soit environ 5, 8 Mm3/an avec un<br />

surcoût de fonctionnement de l’ordre de 0,53 F/m3 9 (coût de production à Aire sur la Lys : 1,33<br />

F/m3 et dans la nappe de la craie : 0,8 F/m3) soit un accroissement annuel du coût de<br />

fonctionnement de 7,6 MF/an.<br />

Cependant, la capacité de traitement de l’usine est limitée (5,8 Mm3 contre les 6 Mm3<br />

nécessaires). Ainsi, un accroissement de la production de l’usine de l’Aire sur la Lys aurait<br />

certainement été aussi envisagé. Pour une augmentation de la capacité de traitement de l’ordre de<br />

5 Mm3/an (largement suffisant pour couvrir les besoins) un investissement de l’ordre de 12,7<br />

MF aurait été nécessaire (23,8 MF pour 10Mm3/an 10 ).<br />

Ainsi si cette alternative était retenue aujourd’hui, elle nécessiterait un investissement de 12,7<br />

MF et un surcoût de fonctionnement de l’ordre de 7,6 MF/an.<br />

On peut donc en conclure que les coûts évités sont suivant les alternatives retenues de<br />

l’ordre de :<br />

- 12,7 MF + 7,6 MF/an (alternative transfert d’eau et substitution)<br />

- 21,2 MF + 7 MF/an (alternative traitement)<br />

A ces coûts monétaires, rajoutons le coût social correspondant à l’opposition de la population<br />

au transfert d’eau depuis les sources de la Lys déjà observé dans les années 70.<br />

2.3 <strong>Le</strong>s avantages externes de l’acquisition foncière : usage récréatif<br />

Comme nous l’avons souligné au début de ce rapport, les terrains acquis par l’agence étaient<br />

inclus dans le périmètre d’un projet de parc de loisirs dit “parc de la Deule”. Ces terrains<br />

devaient servir à la création de lagunes, sur lesquelles il aurait été possible de pratiquer des<br />

activités nautiques. L’acquisition de l’agence aurait ainsi contribué à la fréquentation touristique<br />

de ce parc (3500 visiteurs/jour étaient prévus à l’horizon 1995).<br />

8 Données extraites d’un document interne de l’Agence : “Situation et avenir des forages d’eau potable au sud de<br />

l’arrondissement de Lille ; champ captant des Ansereuilles”. 26 avril 1988.<br />

9 Données de 1988 actualisées.<br />

10 Données de 1982 actualisées issues d’une étude de la Société d’Exploitation d’eau de la Métropole Nord.<br />

13


Or, pour des raisons budgétaires, le parc n’a pas été réalisé. Un nouveau projet est actuellement<br />

à l’étude mais son périmètre plus restreint n’est pas situé sur celui des champs captants. Enfin,<br />

même si le premier parc avait vu le jour, l’activité nautique sur les bassins n’aurait pas été<br />

aujourd’hui légalement possible.<br />

Autant de raisons qui nous ont amené à ne pas approfondir ce sujet et à ne<br />

comptabiliser aucun avantage externe.<br />

2.4 Bilan des avantages des actions menées<br />

Actions Effets Coûts évités Avantages externes<br />

PIG<br />

pas encore observable<br />

Dépollution domestique et<br />

industrielle<br />

un effet positif annulé par<br />

une évolution inverse<br />

Acquisition foncière une teneur nitratée plus<br />

faible : 40mg/l au lieu de<br />

60 mg/l à Anneulin.<br />

coût de traitement :<br />

21,2 MF+ 7 MF/an<br />

coût de transfert eau :<br />

12,7 MF + 7,6MF/an<br />

intégration dans un parc<br />

avec un usage récréatif<br />

potentiel<br />

Total<br />

coût social<br />

21,2 MF+ 7 MF/an<br />

ou<br />

12,7 MF +7,6 MF/an<br />

L’ensemble des coûts évités relatifs au traitement ou au transfert d’eau nécessaires pour obtenir<br />

le même effet sur la qualité de l’eau que l’acquisition foncière de l’agence a été évalué à :<br />

- investissement : 12,7 ou 21,2 MF<br />

- fonctionnement : 7 ou 7,6 MF/an<br />

Ainsi si l’on choisit l’année 95 comme référence on peut estimer qu’aujourd’hui, on évite un<br />

coût de l’ordre de 20 ou 28 MF, et de 7-8 MF pour les années suivantes. Ce coût<br />

serait supporté par les collectivités et in fine par les consommateurs via la facturation de l’eau.<br />

14


3. Bilan et discussion<br />

ACTEURS<br />

Agence<br />

Collectivités<br />

Etat, Région,<br />

Département,<br />

Communes<br />

Coûts<br />

directs<br />

Acquisition<br />

20,75MF<br />

Coût Manque<br />

administrati<br />

f du PIG<br />

(Etat)<br />

Avantage<br />

s perdus<br />

à<br />

gagner pour<br />

les<br />

communes<br />

(projets non<br />

réalisés)<br />

Coûts Avantages<br />

échangés 11 directs<br />

Assainissement<br />

41,6 MF (Inv) Hypothèse :<br />

Assainissement<br />

44, 6 MF (inv)<br />

6 millions de m3<br />

moins pollués (40<br />

mg/l au lieu de 50-<br />

60 mg/l) sur le<br />

secteur d’Annoeulin<br />

Coûts évités<br />

Traitement de l’eau :<br />

21,2 MF + 7MF/an<br />

transfert d’eau :<br />

12,7 MF+ 7,6 MF/an<br />

Opposition locale au<br />

transfert d’eau.<br />

Av<br />

externes<br />

Usage<br />

récréatif<br />

potentiel lié<br />

à la<br />

valorisation<br />

des terrains<br />

de l’Agence<br />

dans le cadre<br />

du parc de la<br />

Deule<br />

Entreprises<br />

Agriculteurs<br />

TOTAL 20, 7 5<br />

MF<br />

1978-<br />

1994<br />

Coût<br />

d’éviction<br />

(projets non<br />

réalisés)<br />

Aucun : pas<br />

de<br />

contrainte<br />

culturale<br />

Manque à<br />

gagner<br />

86 MF (inv)<br />

+ 4,73MF/an<br />

fonct<br />

6 millions de<br />

m3 moins<br />

pollués sur l e<br />

secteur<br />

d’Anneulin<br />

21,2MF+ 7MF/an<br />

12,7 MF+<br />

7,6MF/an<br />

- Une action parmi d’autres<br />

La qualité de l’eau souterraine résulte de la combinaison de facteurs naturels (mécanisme d’autoépuration,<br />

phénomène de dilution, durée de transfert des polluants entre la surface et la<br />

nappe...) et humains (flux de pollutions et actions sur ceux-ci). La connaissance scientifique<br />

des différents mécanismes d’interaction entre ces facteurs est encore incomplète. De ce fait, il<br />

apparaît extrêmement difficile de déterminer l’effet de telle ou telle action humaine passée sur la<br />

qualité de l’eau actuelle. Il semble donc important d’analyser les résultats économiques que<br />

nous avons obtenu avec la plus grande précaution.<br />

- Un investissement intéressant<br />

Selon les hypothèses retenues, sans les diverses actions menées en faveur de la protection de la<br />

ressource en eau, la qualité de l’eau se serait plus rapidement dégradée obligeant ainsi à des<br />

investissements en termes de traitement de l’eau pompée ou de transfert d’eau.<br />

<strong>Le</strong>s coûts de fonctionnement et d’investissement engendrés par le choix de l’une ou l’autre de<br />

ces alternatives auraient rapidement dépassés les 20 MF engagés par l’Agence pour les<br />

opérations d’acquisition. Par ailleurs, ces coûts auraient été largement supportés par la<br />

Communauté Urbaine De Lille (consommateurs d’eau locaux) alors que l’acquisition est, quant<br />

à elle, assurée par l’ensemble des ressources de l’Agence.<br />

Enfin, hormis ces avantages monétaires, la préservation des ressources du sud de Lille a permis<br />

d’éviter jusqu’à présent, d’aller chercher de l’eau ailleurs, et de déposséder ainsi d’autres<br />

régions de leurs ressources.<br />

11 Coûs des actions participant à l’effet que l’on tente de mesurer, mais qui sont menées dans le cadre d’un autre<br />

thème du SDAGE. Montant des opérations de 1982 à 1994<br />

15


Conclusion<br />

La mise en perspective des résultats pour une évaluation du SDAGE<br />

Au terme de cette étude il apparaît important de resituer le cas des champs captants du sud de<br />

Lille dans la problématique du SDAGE. Comme nous l’avions souligné dès l’introduction, le<br />

SDAGE préconise une maîtrise foncière des zones vulnérables et des parcs hydrogéologiques.<br />

<strong>Le</strong> cas que nous venons de présenter ne s’inscrit pas parfaitement dans cette logique dans la<br />

mesure où l’acquisition foncière n’a pas eu un caractère systématique, c’est-à-dire réalisé sur<br />

l’ensemble de la zone influençant directement les captages (les terrains acquis ne représentent<br />

que 4% des zone de vulnérabilité totale et forte). Par ailleurs, elle ne s’est pas accompagnée de<br />

maîtrise d’usage (notamment en termes de contraintes agricoles).<br />

Si ce cas n’est donc pas totalement représentatif de la politique préconisée, il a en revanche<br />

l’intérêt de mettre l’accent sur la cohérence des actions à entreprendre en matière de gestion de<br />

l’eau. Il montre en effet que la préservation de l’eau doit passer par une réduction des flux de<br />

pollution, en utilisant pour cela tous les moyens existants :<br />

- traitement des pollutions domestique et industrielle,<br />

- réduction d’intrants agricoles,<br />

- acquisition foncière et maîtrise des usages sur les terrains acquis,<br />

- protection réglementaire.<br />

Il permet aussi de mettre en évidence que ces différentes mesures doivent être appliquées de<br />

façon conjointe pour parvenir à un résultat efficace du point de vue de la qualité de l’eau.<br />

Ainsi, les actions menées sur le secteur sud de Lille sont encore insuffisantes. La situation de<br />

l’alimentation en eau potable de la communauté urbaine de Lille reste critique en termes<br />

d’adéquation offre-demande. De ce fait, toute pollution accidentelle sur le secteur des champs<br />

captants du sud de Lille serait catastrophique. Si les moyens réglementaires mis en place<br />

récemment (PIG en particulier) tentent de les prévenir, ils ne sont certainement pas suffisants<br />

comme en témoigne le projet de rocade du sud de Lille devant traverser une zone de forte<br />

sensibilité. Enfin l’ensemble des puits du sud de Lille sont déjà pollués (avec dans certains cas<br />

des teneurs dépassant les 50 mg/l) et la totalité des communes n’est pas encore raccordée au<br />

réseau. D’importants efforts d’assainissement restent donc encore à faire.<br />

Enfin, cet exemple montre que l’ avantage économique (le seul à pouvoir être quantifié<br />

monétairement) n’est qu’un avantage parmi d’autres . En effet, si l’acquisition foncière permet<br />

d’éviter des coûts de traitement ou de transfert d’eau, elle permet aussi d’éviter un coût social<br />

(que l’on ne peut estimer quantitativement), celui de l’opposition de la population d’une région<br />

qui parce-qu’exploitant différemment ses ressources (eau de meilleure qualité, en quantité<br />

largement suffisante par rapport aux besoins) devrait en “céder” une partie à une autre région<br />

moins avantagée. Il apparaît donc important, dans l’évaluation d’un thème d’actions, de ne pas<br />

se limiter aux seuls aspects monétaires.<br />

16


ANNEXE :<br />

<strong>Le</strong>s alternatives aux champs captants du sud de Lille<br />

<strong>Le</strong> secteur des champs captants du sud de Lille est actuellement concerné par le contournement<br />

sud de Lille et surtout par les installations annexes qu’il entraînerait. Or comme nous l’avons<br />

souligné précedemment, l’alimentation en eau potable de l’agglomération lilloise est<br />

extrêmement problématique tant du point de vue de la production (marge de manoeuvre très<br />

faible en été) que de la qualité (abandon progressif de puits) et toute pollution accidentelle, en<br />

l’état actuel des ressources s’avérerait catastrophique. Selon l’Agence de l’eau, accepter un tel<br />

aménagement pourrait condamner les ressources en eau potable de la nappe de la craie et<br />

contraindrait à envisager d’autres scénarios d’alimentation en eau potable. A sa demande, nous<br />

avons receuilli, au cours de l’enquête concernant le SDAGE, les éléments économiques<br />

nécessaires pour apprécier les enjeux de cette ressource.<br />

Selon un rapport récent de la MISE (ministère de l’environnement) les alternatives à l’utilisation<br />

des champs captants sont peu nombreuses.<br />

a) Aire sur la Lys<br />

Il s’agirait de capter les résurgences (“riverettes”) à l’aval de l’usine d’Aire sur la Lys ce qui<br />

permettrait d’accroître la quantité d’eau traitée de 16 000 m3/j au maximum. Ce qui est<br />

négligeable par rapport à la production des champs captants.<br />

b) Réalimentation de la nappe du sud de Lille par la Deule<br />

Il s’agirait d’un projet de traitement de l’eau de la Deule par lagunage (création de bassins) et de<br />

réalimentation de la nappe par infiltration.<br />

D’une part, la faisabilité technique de ce projet (processus d’infiltration) n’est pas prouvée et<br />

d’autre part, la Deule étant classée en qualité 3, il est actuellement règlementairement impossible<br />

de traiter cette eau.<br />

c) Création de nouvelles usines de traitement sur la Lys<br />

- Une usine fonctionnerait en période de hautes eaux et permettrait de recharger la nappe (100<br />

Mm3/an); cependant la faisabilité technique de l’injection n’est pas prouvée.<br />

- L’autre serait implantée à Erquinghem sur la Lys et serait alimentée par les affluents situés à<br />

l’aval d’Aire mais sa faisabilité n’est pas encore prouvée.<br />

d) Prélèvement dans le bassin d’Orchis à l’Est de Douai<br />

Il existe éventuellement des ressources disponibles mais très limitées .<br />

e ) Transfert d’eau à partir de la nappe du bassin de la Canche<br />

La Canche est située à environ 80 km de Lille.`<br />

<strong>Le</strong>s ressources disponibles dans les bassins de la Canche et de l’Authie correspondent à un<br />

volume de 77 Mm3/an. Compte tenu de l’augmentation probable des besoins en AEP de cette<br />

région du fait d’un développement touristique du littoral, il apparait raisonnable de ne détourner<br />

que 40 Mm3/an au maximum ce qui semblerait suffisant pour l’alimentation de la communauté<br />

lilloise.<br />

17


Coûts techniques<br />

Aller chercher de l’eau dans cette partie du bassin supposerait 255 MF d’investissements 12<br />

et aucun coût supplémentaire par rapport à la situation actuelle en termes de fonctionnement.<br />

Nature de l’investissement<br />

Coût<br />

- 80 km de tuyaux à 2 MF/km 160 MF<br />

- 15 stations de pompage à 2MF l’unité 30 MF<br />

- 5 stations de reprise pour accélérer l’eau (pb de perte de charge) 10 MF<br />

à 2MF l’unité<br />

- 15 périmètres de captage à aménager : (acquisitions de terrains, 15 MF<br />

clôtures, indemnisations des propriétaires, mise en place de<br />

lignes électriques) à environ 1MF par périmètre.<br />

total investissement<br />

prévision pour imprévus (20% de l’investissement)<br />

total<br />

215 MF<br />

40 MF<br />

255 MF<br />

Coûts administratif et de négociation<br />

Transferrer l’eau à partir de la Canche pourrait signifier un coût social important en termes<br />

d’opposition de la part de la population 13 . Cette opposition a déjà été observée dans les années<br />

70. A cette époque, un projet de prise d’eau de surface (à amener à Aire sur la Lys en période<br />

d’étiage) de la Canche devait être réalisé, avec création d’un barrage au niveau d’Etaples.<br />

L’opposition locale (luttant contre la dégradation de la baie) fut telle que le projet a rapidement<br />

été abandonné.<br />

Suite à cet échec de négociation, des forages ont été construits aux sources de la Lys (nappe)<br />

mais n’ont réellement fonctionné qu’une fois, du fait de violentes manifestations d’agriculteurs.<br />

12 Estimation réalisée avec l’aide de l’Agence.<br />

13 Source Agence fondée sur l’expérience passée de 1970.<br />

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