Profil épidémiologique des intoxications au Maroc ... - Pharmacies.ma
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Rapport<br />
<strong>Profil</strong> épidémiologique <strong>des</strong> <strong>intoxications</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />
de 1980 à 2007<br />
Ouammi L 1 , Rhalem N 1 , Aghandous R 1 , Semllali I 1 , Badri M 1 , Jalal G 1 , Benlarabi S 1 ,<br />
Mokhtari A 3 , Soulay<strong>ma</strong>ni A 3 , Soulay<strong>ma</strong>ni-Bencheikh R 1,2<br />
1<br />
: CAPM - 2 : Faculté de Médecine et de Phar<strong>ma</strong>cie de Rabat<br />
3<br />
: Laboratoire de Génétique et Biométrie, Faculté <strong>des</strong> Sciences, Université Ibn Tofail - Kénitra<br />
Introduction<br />
En 2004, l’Organisation Mondiale de<br />
la Santé (OMS) a enregistré 345 814<br />
cas de décès par <strong>intoxications</strong> dans<br />
le monde [1], soit 5,4 décès pour 100<br />
000 habitants. Aux USA, l’Association<br />
Américaine <strong>des</strong> Centres Anti Poison<br />
(AAPCC) a collecté 2 403 539 cas d’<strong>intoxications</strong><br />
en 2006 soit 8,0 pour 1000<br />
habitants, 1229 cas de décès y étaient<br />
liés, soit un t<strong>au</strong>x de létalité de 0,05%.<br />
Au <strong>Maroc</strong>, le Centre Anti Poison et de<br />
Phar<strong>ma</strong>covigilance du <strong>Maroc</strong> (CAPM)<br />
a collecté 5991 <strong>intoxications</strong> en 2006,<br />
soit une incidence de 0,2 pour 1000<br />
habitants, dont 78 décès, soit un t<strong>au</strong>x<br />
de létalité de 1,3%.<br />
Contrairement à la lutte conventionnelle<br />
contre les <strong>ma</strong>ladies infectieuses<br />
et les <strong>ma</strong>ladies chroniques comme la<br />
tuberculose et le diabète où le sché<strong>ma</strong><br />
thérapeutique est connu de tous, la prise<br />
en charge <strong>des</strong> <strong>intoxications</strong> revêt un<br />
caractère particulier du fait de la diversité<br />
<strong>des</strong> toxiques et leurs évolutions.<br />
Malheureusement, les dimensions<br />
exactes de ce phénomène sont encore<br />
<strong>ma</strong>l dégagées vu le <strong>ma</strong>nque de données<br />
statistiques exh<strong>au</strong>stives. En effet,<br />
certains pays ne disposent pas de système<br />
de collecte d’infor<strong>ma</strong>tions relatives<br />
<strong>au</strong>x <strong>intoxications</strong> et très peu ont une vision<br />
globale <strong>des</strong> <strong>intoxications</strong> sur leur<br />
territoire.<br />
Les données relatives <strong>au</strong>x <strong>intoxications</strong><br />
colligées par le CAPM ont fait l’objet<br />
de plusieurs trav<strong>au</strong>x scientifiques présentés<br />
sous forme d’articles, communications<br />
orales et affichées, thèses et<br />
mémoires [2-6]. Cependant, une <strong>des</strong>cription<br />
générale de tous les cas reçus<br />
n’a ja<strong>ma</strong>is été faite.<br />
L’objectif de cette étude d’une série<br />
de cas qui constituent la base de données<br />
<strong>des</strong> cas d’<strong>intoxications</strong> collectés<br />
par le CAPM de 1980 à 2007 était de<br />
décrire les caractéristiques relatives à<br />
la provenance <strong>des</strong> déclarations, celles<br />
<strong>des</strong> patients, <strong>des</strong> toxiques suspectés,<br />
ainsi que <strong>des</strong> <strong>intoxications</strong> et d’évaluer<br />
l’évolution spatio-temporelle.<br />
Matériel et méthode<br />
C’est une étude rétrospective portant<br />
sur une durée de 28 ans de 1980 à<br />
2007; qui concerne les cas d’<strong>intoxications</strong><br />
dont la c<strong>au</strong>se a été <strong>au</strong>tre que les<br />
piqûres et les enveni<strong>ma</strong>tions scorpioniques<br />
(PES).<br />
Le CAPM dispose de deux systèmes de<br />
collecte de l’infor<strong>ma</strong>tion basés sur les<br />
fiches de déclaration <strong>des</strong> cas d’<strong>intoxications</strong><br />
par les provinces et les préfectures<br />
médicales du Roy<strong>au</strong>me <strong>au</strong> service<br />
de toxicovigilance (FDI) et les dossiers<br />
médic<strong>au</strong>x créés pour chaque cas d’intoxication<br />
qui a fait l’objet d’un appel<br />
téléphonique <strong>au</strong> service de l’Infor<strong>ma</strong>tion<br />
Toxicologique (DIT). Les deux<br />
systèmes ont fait l’objet d’une base de<br />
données globale qui a été utilisée pour<br />
cette étude.<br />
Toutes les données ont été analysées<br />
en utilisant le logiciel Epi Info et l’application<br />
Excel. L’analyse statistique a<br />
concerné la fréquence, la répartition<br />
dans le temps (années, saisons, mois,<br />
et jours de la se<strong>ma</strong>ine), la distribution<br />
dans l’espace (milieu, régions, provinces,<br />
provenance et services), les caractéristiques<br />
du patient intoxiqué (sexe,<br />
âge), les caractéristiques du toxique<br />
(famille, toxique lui-même), les caractéristiques<br />
de l’intoxication (unique ou<br />
répétée, isolée ou collective, circonstances,<br />
lieu de l’intoxication, sympto<strong>ma</strong>tologie,<br />
traitement, gradation selon<br />
le Poisoning Severity Score (PSS) [7] et<br />
évolution). Les tranches d’âge qui ont<br />
été utilisées sont celles de l’International<br />
Programme on Chemical Safety<br />
(IPCS) de l’OMS.<br />
Résultats<br />
De 1980 à 2007, le CAPM a collecté<br />
<strong>au</strong> total 251 674 cas d’intoxication.<br />
Les PES ont représenté 66,0% <strong>des</strong> cas,<br />
les de<strong>ma</strong>n<strong>des</strong> d’analyses toxicologiques<br />
2,0% <strong>des</strong> cas et les <strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses<br />
32,0% <strong>des</strong> cas soit 78 374 dont<br />
20,5% étaient répertoriés dans les DIT<br />
et 79,5% dans les FDI.<br />
Les déclarations étaient généralement<br />
progressives et évolutives dans le temps<br />
(figure 1).<br />
La moyenne mensuelle <strong>des</strong> déclarations<br />
<strong>des</strong> <strong>intoxications</strong> était de 6 531<br />
cas avec une légère prédominance<br />
pendant le mois de juillet (figure 2).<br />
La répartition géographique montre<br />
que toutes les régions du Roy<strong>au</strong>me ont<br />
été touchées avec une prédominance<br />
de la région du Grand Casablanca<br />
(17,0%), suivie par les régions de Tadla<br />
Azilal et Marrakech-Tensift-Al Haouz<br />
(Table<strong>au</strong> I). Les <strong>intoxications</strong> ont été<br />
déclarées à partir d’une structure sanitaire<br />
dans 94,5% (Table<strong>au</strong> II).<br />
L’étude <strong>des</strong> caractéristiques de l’intoxiqué<br />
révèle que le sexe ratio était de<br />
0,82.<br />
L’âge moyen <strong>des</strong> intoxiqués était de<br />
21,2 ± 14,9 ans [1 jour à 98 ans].<br />
L’étude <strong>des</strong> classes d’âge a montré que<br />
la tranche de moins de 20 ans représentait<br />
49,3% (Figure 3).<br />
L’analyse <strong>des</strong> caractéristiques de l’intoxication<br />
montre que celle-ci peut<br />
être c<strong>au</strong>sée par un ou plusieurs produits<br />
(Table<strong>au</strong> III).<br />
Les aliments ont été impliqués dans<br />
23,4% <strong>des</strong> cas suivis par les médicaments<br />
(22,4%) (Table<strong>au</strong> IV).<br />
8 - Toxicologie <strong>Maroc</strong> - N° 1 - Mai 2009