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Les moissonneurs de Ludovic Arsène
il estime que les infos qu’il a jusqu’à présent révélées
peuvent provenir de n’importe qui (puisque
n’importe qui aurait pu laisser traîner ses oreilles)
alors que, s’il s’implique de manière plus personnelle,
cela jouera très fortement en sa défaveur.
Finalement, il lâchera un nom et un lieu : Jean-
Marie La Plume et La Carte à jouter. Ce dernier
est un établissement de jeu huppé très connu dans
la ville et accessible aux plus nantis. Quant à Jean-
Marie La Plume, il s’agissait d’un homme de lettres
qu’il a remarqué lors de son débat au cabinet
des réprouvés et avec qui il a sympathisé. Après de
nombreuses discussions, l’écrivain lui a même remis
en mains propres le De Thei Operae lors d’une
soirée à La Carte à jouter. Ludovic ignore bien sûr
tout du décès de Jean-Marie La Plume.
La Carte à jouter
En réalité, La Carte à jouter est le nom d’une
chaîne d’établissements de jeux montaginois. Elle
a été fondée par Guillaume Raphaël Lesarment
il y a une dizaine d’années, suite à la découverte
de passages Porté permanents communiquant entre
eux en plusieurs endroits de la Montaigne et
quelques capitales théanes. Guillaume Raphaël
envisageait au départ de concurrencer les services
de coursier traditionnels mais il apparut bien vite
que cette activité ne suffisait pas à lui assurer un
train de vie décent aussi décida-t-il de changer
son fusil d’épaule. La noblesse semblait en quête
de plaisirs sans cesse renouvelés et il eut l’idée de
profiter de ces désirs pour monter des établissements
de jeux de luxe où les personnes de la haute
société pourraient se délasser à loisir. Ainsi, de
points de transition pour les coursiers, les portails
Porté devinrent-ils des moyens pour les nobles de
jouer ensemble sans Ensanglanter tout ce qu’ils
touchaient.
Aujourd’hui, Guillaume Raphaël se fait vieux
et il a légué la gestion de son héritage à son unique
fils, Louis Sébastien Lesarment. Ce dernier, fervent
vaticin, parvint à concilier les appétits terrestres et
les nourritures spirituelles de chacun en installant
dans chaque maison une chapelle dédiée à Théus.
Ainsi, ceux qui souhaitaient se voir pardonner leur
goût du jeu pouvaient-ils y replonger avec délices
une fois la porte de la chapelle refermée.
Chaque maison de La Carte à jouter s’étale sur
quatre niveaux. Le sous-sol est réservé aux activités
sportives et aux paris afférents. Selon la ville et
l’époque, vos héros profiteront de courses de lévrier,
de combats de coqs, de batailles de singes
ou de duels d’oiseaux de proie. Les sous-sols de
certains bâtiments proposent également des activités
sportives humaines comme la course, le relais
ou même la course de chaises à porteurs. Dans ces
cas-là, ce ne sont bien évidemment pas les nobles
qui concourent mais leurs valets ou protégés. Enfin,
lorsque la décadence est à son paroxysme, les
chaises à porteurs sont remplacées par des chars
avec destriers humains. Les nobles montent alors
dans leurs véhicules attitrés et s’amusent à fouetter
leurs serviteurs pour leur apprendre la vitesse.
Le rez-de-chaussée est pour sa part consacré
aux jeux de société classiques : des tables d’échecs
plus ou moins exotiques parsèment la grande salle,
mêlées à de nombreuses tables de billard. Il existe
même quelques espaces où les échiquiers ont davantage
la forme d’une croix, permettant aux nobles
désireux de s’y atteler de jouer non pas à deux
joueurs mais à quatre. On trouve également des
tables de mikado, des jeux des petits chevaux, un
jeu de l’hymen (une variante à 90 cases du jeu de
l’oie, tournant autour de l’amour) et un jeu de la
citadelle (un joueur tient une citadelle avec deux
pierres contre un autre qui l’assaille avec une quinzaine).
C’est également au rez-de-chaussée que se trouve
le petit salon, un bar très stylisé
où les invités peuvent déguster
vins et liqueurs fines conforta-
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