Crise : est-ce bien la fin ? - Tribune Bulletin Côte d'Azur

Détente
Environnement > Quand le Pôle Azur
Provence fait le mur
La collectivité s’engage dans une politique de préservation
des restanques.
P
roduits de la
laborieuse
ténacité de
Pour Alain Régis, son frère Christian et Jérémy son fils qui
exercent dans la Vésubie (La Bollène), l’empilement des
pierres est tout un art qui fait dialoguer le vivant et l’inanimé.
Acrenvironnement@skyblog.com
nos ancêtres et
parsemant notre
géographie collinaire
dont ils ont
cassé les pentes
pour stopper
l’érosion, retenir
la terre meuble en
surfaces planes
(«les faïsses») et
permettre des
cultures jusque
dans des endroits
impossibles, les
murs de pierre
sèche sont en
sursis. Faut-il
laisser peu à peu
disparaître ces
«restanques», vestiges d’une
société agricole révolue, sous
les coups des intempéries,
de la végétation et de l’ignorance
niveleuse des hommes?
Ou faut-il les préserver, en
même temps que la biodiversité
qu’ils abritent et les
réserves cultivables qu’elles
assurent ? Sans doute plus
attachées que d’autres à
la dimension esthétique et
patrimoniale d’un paysage
modelé par l’exploitation
industrielle des plantes à
parfum qui naguère recouvraient
vallons et coteaux, les
cinq communes fédérées au
sein du Pôle Azur Provence
ont inscrit leur sauvegarde
dans la charte intercommunale
pour l’environnement
signée le 3 juin 2006. La première
étape a été l’établissement
d’une cartographie
territoriale qui a mis à jour
un linéaire de 592 kilomètres
de murs dont seulement un
quart est endommagé ou
détruit, Grasse qui a la plus
forte densité ayant en même
temps le meilleur degré de
préservation. La seconde est
le passage aux travaux pratiques
avec la publication
d’un guide de «Bonnes pratiques
pour la préservation des
restanques». Il a été présenté
par André Aschieri dans les
Jardins du musée international
de la Parfumerie, ouverts
à Mouans-Sartoux début
2010. Le public d’architectes
et de propriétaires
avait auparavant
assisté à
une démonstration
de restauration
effectuée sur
une section de
restanque par une
des rares équipes
de «muraillers»
de notre département,
accompagnée
de force
explications
techniques sur la
robustesse de la
structure comparée
au béton.
Ce document
sera déposé dans
tous les services
d’urbanisme de
la Communauté d’agglomération,
chaque municipalité
se réservant d’introduire des
aspects réglementaires dans
son PLU pour les appliquer
aux endroits sensibles. Pour
Daniel Le Blay, adjoint à
l’urbanisme et au développement
durable, «un paysage
ne se voit pas seulement de
chez soi, il est aussi identifié
par le promeneur. Ceux qui
s’installent dans ces endroits
ne perçoivent pas toujours
qu’ils sont dépositaires d’un
patrimoine». Une nouvelle
qualification à proposer aux
maçons écolos, bien moins
nombreux que dans le Vaucluse.
Jacques Bruyas
Exposition > Monsieur
de La Pérouse, commissaire
d’expo fantôme, à la galerie
de la Marine, comme il se doit
A
-t-on des nouvelles
de Monsieur de La
Pérouse», un titre
d’exposition énigmatique
n’ayant finalement
de rapport avec
le personnage évoqué
qu’au sens de l’esprit de
recherche et de curiosité
de cet officier. Un
fil rouge pour aborder
les travaux des deux
lauréats 2009 du Prix de Omnia.
la Jeune création de la
Ville de Nice, diplômés
de la Villa Arson.
Yasmina Hatem joue avec l’espace. Elle déstructure
puis recompose à travers une multitude de sens
possibles, empilant, déposant au sol, projetant, filmant,
posant des repères, suspendant dans l’espace. Loïc
Pantaly, lui, articule son processus de création autour
du principe de gestation. L’œuf mis en orbite est son
objet de référence. On adore sa dialectique de la poule
et de l’œuf, mesure de l’univers, traçant son chemin
en brouillant, non sans humour, les pistes célestes.
Le sérieux du dispositif, tout scientifique en ellipses,
points et cercles, mesures et fléchages joue la dérision et
plonge derrière le hublot. Un brin d’absurde revigorant.
Liliane Tiberi
Jusqu’ au 30 janvier 2011, Galerie de la Marine, Nice
Art > Quand Art Basel rejoint
Miami en décembre, c’est tout
bénéfice pour bronzer
branché contemporain
Lyrique > Beau succès pour le baryton
niçois Franck Ferrari dans Thaïs
L’œuvre de Massenet ouvrait la saison de l’Opéra de Toulon.
S
ignée Jean-Louis Pichon, la production
de l’Opéra Théâtre de Saint-Etienne
transpose «Thaïs», dont l’action est sensée
se situer au IVème siècle à Alexandrie,
au début du XXème siècle à une date
très proche de la création de l’œuvre de Massenet
(1894). Une telle idée, en parfaite adéquation
avec la luxuriance
et la volupté
d’une musique
empreinte d’orientalisme,
comme
il était de mode à
l’époque, nous vaut
des décors suggestifs
d’Alexandre
Heyraud, en particulier
les riches appartements
du palais
d’Alexandrie de l’acte
2 et celui très évocateur
de l’oasis à l’acte
3 parfaitement en
osmose avec les costumes
de Frédéric
Pineau dont le nom
reste intimement associé au Festival Massenet
de Saint-Etienne. Giuliano Carella donne
à la partition toute l’impulsion dramatique
requise à une musique qui n’est ici jamais
mièvre. Le baryton niçois Franck Ferrari
trouve en Athanaël peut-être le meilleur de
ses rôles. Il en a l’allure christique, le phrasé
incisif, l’articulation
mordante et la couleur
de bronze qui rappelle
incontestablement
celle d’Ernest Blanc.
La soprano albanaise
Ermonela Jaho dessine
une Thaïs à la fois
sensuelle et émouvante
dont la voix chaude et
expressive séduit de
bout en bout l’auditeur.
Christian Jarniat
Ermonela Jaho (Thaïs)
et Franck Ferrari (Athanaël).
Sicardi Gallery, Houston - Carlos Cruz-Diez
Color Aditivo, 1975-2010
A
rt Basel, qu’on peut
considérer comme
le plus influent salon
d’art contemporain
d’Europe, migre dans une
édition en Floride, intègre
la dimension très festive
d’un bord de mer urbanisé
et anime une remarquable
nébuleuse d’événements.
La foire elle-même
accueille 250 galeries
triées sur le volet : le haut
de tableau international
avec un secteur jeunes
galeries, art de performance,
art public, vidéo,
événements spéciaux,
fêtes, design, musique,
cinéma, à ne plus savoir
où donner de la tête. Si
l’on ajoute que les nombreuses
galeries de Miami
et de toute la Floride organisent
également des événements,
que les musées
y vont de leurs meilleures
expositions avec des
programmes spéciaux
pour collectionneurs,
l’on comprend que pour
ces derniers, Miami est
LE lieu où il faut être en
décembre avec une mer à
22° et un climat ensoleillé.
Une version française de
ce tourisme culturel est
offerte par Art Process
(0.47.00.90.85) mais c’est
loin d’être la seule.
Liliane Tiberi
Art Basel Miami Beach
du 2 au 5 décembre 2010
l Vendredi 12 novembre 2010 l Tribune Bulletin Côte d’Azur l 23 l