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Retraites:lespistespouraligner ... - Le Monde

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0123<br />

Jeudi 22 avril 2010<br />

Analyses Décryptages 21<br />

<strong>Le</strong> PS à la recherche<br />

de son réformisme<br />

Compassionnel? Radical ?<br />

Marqué du sceau de la<br />

rigueur? A deux ans de l’élection<br />

présidentielle de 2012, le Parti<br />

socialiste est à la recherche de son<br />

réformisme. Mercredi 21 avril, Pierre<br />

Moscovici devait présenter, au<br />

bureau national du PS, un document<br />

de travail de 23 pages sur<br />

«un nouveau modèle économique,<br />

social et écologique», thème d’une<br />

convention nationale le 29 mai.<br />

L’ambition de Martine Aubry est<br />

de refonder la social-démocratie<br />

du XXI e siècle. «Capital, travail,<br />

nature, les compromis qui fondent<br />

le contrat social, souligne-t-elle, doivent<br />

désormais faire la synthèse de<br />

ces trois facteurs.»<br />

A ce stade, il ne s’agit pas encore<br />

d’un programme, mais du «socle<br />

du projet» pour 2012. D’autres<br />

conventions vont suivre – le<br />

3juillet sur la rénovation du PS, le<br />

9octobre sur la politique internationale,<br />

le 11 décembre sur «l’égalité<br />

réelle» – et le (ou la) candidat (e),<br />

qui sera choisi (e) lors de la primaire<br />

de 2011, imprimera, comme à<br />

chaque présidentielle depuis 1981,<br />

sa propre marque. Mais déjà une<br />

certaine conception du réformisme<br />

socialiste s’esquisse.<br />

Lorsqu’il était premier secrétaire<br />

(1997-2008), François Hollande<br />

défendait, à l’image de Lionel Jospin,<br />

le «réformisme de gauche ».<br />

Mais il fallut attendre le 14 juin<br />

2008, pour que le PS, pour la cinquième<br />

fois depuis sa fondation<br />

Analyse<br />

Michel Noblecourt<br />

Editorialiste<br />

en 1905, adopte une «déclaration<br />

de principe» affirmant son identité<br />

réformiste. Ratifiée à 82 %, lors<br />

d’un vote auquel plus d’un militant<br />

sur deux ne participa pas, cette<br />

charte proclame que «le Parti<br />

socialiste est un parti réformiste. Il<br />

entend exercer les responsabilités<br />

de gouvernement, à tous les<br />

niveaux, afin de changer la société.<br />

Il porte un projet de transformation<br />

sociale radicale».<br />

Seul, à l’époque, Jean-Luc Mélenchon<br />

se démarqua de cette «opération<br />

cosmétique» avant de quitter<br />

le PS, en novembre 2008, au<br />

moment de l’élection de<br />

M me Aubry. La maire de Lille s’est<br />

toujours abstenue de mettre en<br />

avant ce réformisme, comme si<br />

elle avait du mal à en cerner la<br />

nature. <strong>Le</strong> 2 avril, dans un entretien<br />

au site Mediapart, elle a ouvertement<br />

repris à son compte le<br />

concept anglo-saxon du «care».<br />

«La société du bien-être passe aussi<br />

par une évolution des rapports des<br />

individus entre eux, a-t-elle assuré.<br />

Il faut passer d’une société individualiste<br />

à une société du “care”,<br />

selon le mot anglais que l’on pourrait<br />

traduire par “soin mutuel”: la<br />

société prend soin de vous, mais<br />

vous devez aussi prendre soin des<br />

autres et de la société.»<br />

Réformisme compassionnel ?<br />

<strong>Le</strong> concept est cousin de celui de<br />

«fraternité» dont Ségolène Royal<br />

a fait, lors de sa campagne présidentielle<br />

de 2007, sa marque de<br />

fabrique. <strong>Le</strong> 15 novembre 2008, au<br />

congrès de Reims, elle avait défini<br />

«le vrai combat» du PS : «Créer les<br />

conditions pour que le droit de<br />

réussir sa vie et de construire son<br />

bonheur ne soit pas réservé à quelques-uns<br />

mais soit garanti à<br />

tous.» La présidente de la région<br />

Poitou-Charentes avait invité son<br />

parti, suscitant huées et applaudissements,<br />

à s’ouvrir à tous ceux<br />

qui «veulent participer à la France,<br />

à sa quête d’une société meilleure,<br />

à ses efforts pour être plus fraternelle<br />

au monde, et pourquoi ne<br />

pas oser le dire, plus maternelle<br />

aux plus démunis».<br />

M me Royal, qui aime parler de<br />

droits et de devoirs nouveaux,<br />

n’en était pas restée, à Reims, au<br />

registre du réformisme compassionnel.<br />

Se livrant à une violente<br />

charge contre le «système capitaliste»<br />

et l’arrogance de «la secte<br />

dorée des intégristes du marché»,<br />

elle avait invité le PS à construire<br />

«une alternative radicale et crédible».<br />

Un réformisme radical?<br />

Au lendemain du 21 avril 2002,<br />

et de la défaite de M. Jospin, Dominique<br />

Strauss-Kahn a prôné un<br />

«réformisme radical», de préférence<br />

au «réformisme de transformation»<br />

de Laurent Fabius. En<br />

juillet2004, dans une note de la<br />

Fondation Jean-Jaurès, «DSK » invitait<br />

la social-démocratie à «changer<br />

de paradigme»: «Elle ne doit<br />

plus se limiter à la correction a posteriori<br />

des effets pervers engendrés<br />

par le jeu des libertés humaines:<br />

elle doit empêcher l’apparition de<br />

ces effets pervers. Pour cela, elle doit<br />

attaquer les inégalités à la racine,<br />

prévenir avant de guérir, s’intéresser<br />

aux préventions autant qu’aux<br />

protections.» L’idée de M. Strauss-<br />

Kahn, développée ensuite dans<br />

son livre 365jours (Grasset, 2006),<br />

était de doter le socialisme d’un<br />

nouveau trépied : «Redistribution,<br />

production et émancipation.»<br />

Ni compassionnel ni radical,<br />

M. Hollande plaide plutôt pour un<br />

réformisme de la rigueur, jugeant,<br />

dans <strong>Le</strong> <strong>Monde</strong> (daté 18-19 avril),<br />

que «nous hériterons en 2012 d’une<br />

situation comme jamais la gauche<br />

n’en a connue: faible croissance,<br />

endettement record et compétitivité<br />

dégradée». Adoptant une posture<br />

à la Pierre Mendès France – «àla<br />

Raymond Barre», disent ses détracteurs<br />

–, le député de Corrèze souligne<br />

que «c’est un quinquennat de<br />

redressement qu’il nous faut préparer».<br />

«Nous devons donner du<br />

La crédibilité du projet<br />

socialiste dépend d’un<br />

savant dosage entre<br />

radicalité, société<br />

du «care» et rigueur<br />

sens, ajoute-t-il, annoncer trois ou<br />

quatre priorités et surtout dire comment<br />

nous les financerons.» La<br />

réforme fiscale en mère de toutes<br />

les réformes.<br />

M me Aubry, qui défendait en<br />

1997, la «rupture» avec le libéralisme,<br />

conjugue son «care»avec la<br />

radicalité. «L’heure n’est plus à proposer<br />

quelques adaptations au système<br />

actuel, affirmait-elle le<br />

2 décembre 2009, il faut en changer.»<br />

<strong>Le</strong> texte de M. Moscovici, qui<br />

sera amendé d’ici le 29 mai, met<br />

clairement le cap à gauche. Il porte<br />

d’abord la marque d’un réformisme<br />

radical. «Si la gauche de gouvernement,<br />

lit-on dans le document, a<br />

apporté des avancées économiques,<br />

sociales ou sociétales majeures<br />

(…), elle n’a pas suffisamment<br />

engagé le changement profond de<br />

modèle de société qui était nécessaire<br />

(…). Elle doit construire un nouveau<br />

projet de transformation de<br />

la société.» M. Moscovici reprend<br />

mot à mot la thématique « aubryste<br />

» sur l’ardente obligation de<br />

«changer de modèle».<br />

La touche compassionnelle<br />

–qui devrait être développée lors<br />

de la convention sur «l’égalité réelle»<br />

– est présente avec la «société<br />

du bien-être», l’Etat-providence ou<br />

encore un «Etat plus juste qui fasse<br />

contribuer tout le monde équitablement<br />

à l’effort de solidarité et qui<br />

apporte des réponses plus individualisées».<br />

<strong>Le</strong> réformisme de la<br />

rigueur, avec le «nécessaire redressement<br />

des comptes publics»,est<br />

plus elliptique. «Notre politique<br />

permettra, lit-on, le retour de la<br />

croissance, qui améliorera mécaniquement<br />

la situation des finances<br />

publiques.» Un plan de désendettement<br />

suivra. Pour le PS, la crédibilité<br />

de son réformisme dépend d’un<br />

savant dosage entre radicalité,<br />

société du «care»et rigueur.p<br />

Courriel: noblecourt@lemonde.fr<br />

Vie moderne Sandrine Blanchard<br />

Trop, c’est trop<br />

On n’en fait jamais trop<br />

pour la santé publique»,a<br />

répliqué Roselyne Bachelot,<br />

ministre de la santé et des<br />

sports, pour défendre la gestion<br />

de la grippe A. «Onn’enfait<br />

jamais trop en matière de sécurité<br />

aérienne», affirme aujourd’hui<br />

Dominique Bussereau, secrétaire<br />

d’Etat aux transports, face à la<br />

polémique déclenchée par la quasi-paralysie<br />

du transport aérien<br />

provoquée par le nuage de cendres<br />

émis par le volcan islandais<br />

Eyjafjöll.<br />

«On n’en fait jamais trop quand il<br />

s’agit de la vie des gens», résume<br />

Luc Chatel, ministre de l’éducation<br />

nationale et porte-parole du<br />

gouvernement. L’expression est<br />

bien trouvée : le « jamais » pour<br />

couper court aux critiques, le<br />

« trop » pour ne pas être accusé de<br />

ne pas en faire assez.<br />

On devrait se réjouir de tant d’attention<br />

et pourtant on doute et on<br />

râle face à ces excès de précaution.<br />

Tant qu’on y est, déclinons ce nouveau<br />

leitmotiv : bridons les<br />

moteurs des voitures et des<br />

motos «parce qu’on n’en fait<br />

jamais trop en matière de sécurité<br />

routière»; fermons les bureaux<br />

de tabac «parce qu’on n’en fait<br />

jamais trop en matière de prévention<br />

des cancers », etc.<br />

Démagogique ?<br />

Mais peut-être râle-t-on parce<br />

qu’on aimerait que cette petite<br />

phrase – «on n’en fait jamais<br />

trop» – qui fait florès dans le discours<br />

politique, ne soit pas seulement<br />

utilisée face aux virus, aux<br />

tempêtes ou aux cendres volcaniques.<br />

Peut-être que flotte le sentiment<br />

qu’on en fait trop pour nous<br />

protéger de dangers incertains et<br />

pas assez pour améliorer la vie<br />

quotidienne.<br />

Peut-être qu’on aimerait entendre,<br />

par exemple, qu’on n’en fait<br />

jamais trop pour la petite enfance,<br />

pour la justice, pour les personnes<br />

handicapées, pour la formation,<br />

pour l’égalité des chances.<br />

On pourrait, par exemple, imaginer<br />

un ministre de l’économie<br />

dire qu’on n’en fait jamais trop<br />

pour le pouvoir d’achat.<br />

C’est drôle comme certains ministres<br />

se lâchent… lorsqu’ils ne sont<br />

plus aux commandes et qu’ils<br />

n’ont plus aucune envie d’y<br />

retourner.<br />

Prenez Luc Ferry, ancien locataire<br />

de la Rue de Grenelle. L’entretien<br />

qu’il a accordé au « <strong>Monde</strong> de<br />

l’éducation », daté du 14 avril, était<br />

détonant.<br />

Que disait l’ancien ministre de<br />

l’éducation nationale de Jacques<br />

Chirac sur la rigueur ? Que «çane<br />

rapporte pas grand-chose par rapport<br />

aux problèmes que ça pose ».<br />

Ainsi, expliquait Luc Ferry : «Avec<br />

On devrait se réjouir<br />

de tant d’attention<br />

et pourtant on doute<br />

et on râle face à ces<br />

excès de précaution<br />

les actuelles suppressions de postes,<br />

on économise 500millions<br />

[d’euros] par an. Cela empêche les<br />

réformes audacieuses et les économies<br />

sont annulées dans la seconde<br />

par d’autres décisions, comme<br />

la suppression de la publicité à la<br />

télévision publique ou la baisse de<br />

la TVA pour les restaurateurs, qui<br />

font perdre environ huit à dix fois<br />

plus que ce qu’on a économisé à<br />

l’éducation! Ça vaut la peine?»<br />

Bonne question.<br />

Mais pourquoi Luc Ferry n’a-t-il<br />

pas dit, lorsqu’il était ministre de<br />

la jeunesse, de l’éducation nationale<br />

et de la recherche, dans le gouvernement<br />

de Jean-Pierre Raffarin,<br />

de mai 2002 à mars 2004, que<br />

cela n’avait pas de sens de suivre,<br />

suivant l’appellation qu’il leur<br />

donne aujourd’hui, «des idées de<br />

gestionnaire au petit pied», en faisant<br />

valoir, là encore, au diapason<br />

de la petite musique qu’on entend<br />

aujourd’hui, qu’«on n’en fait<br />

jamais trop pour l’école» ?p<br />

Courriel: blanchard@lemonde.fr<br />

© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française<br />

Films : © INA / Comédie-Française - Dvd : © Editions Montparnasse<br />

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