LE REGARD DE L'AUTRE - Académie de Limoges

LE REGARD DE L’AUTRE
Académie de Limoges
Collège de Seilhac 6 av. Jean Vinatier 19700 Seilhac
ZEP : non
Tél. : 05 55 27 01 60
Fax : 05 55 27 09 37
Mel : College.Seilhac1.19@wanadoo.fr
Adresse du site du collège :
Personne contact : Mme Lacroix-Afonso Hélène 3 bis rue du capitaine Desvignes 19000 Tulle
05 55 26 78 86
Classe concernée : 3 ème
Disciplines concernées : Arts plastiques
Français
Histoire
Le projet a pris corps dans une classe suivie de la 4 ème à la 3 ème , avec des élèves sans
grandes difficultés, plutôt scolaires, au sein d’un collège calme d’environ 350 élèves, situé en
moyenne campagne. C’est dans ce contexte que l’émergence de constats communs à des
disciplines différentes a engendré les premières ébauches. Grâce à la convivialité de la salle
des professeurs les premières propositions ont vu le jour. Au fil du temps et avec
l’expérience, le projet a été remanié et repensé en fonction des personnes impliquées.
Avant de pouvoir prendre conscience des difficultés communes d’une discipline à
l’autre, les premiers constats étaient disciplinaires : dévalorisation des arts plastiques dans
un milieu où les élèves, très suivis (la plupart du temps) par les parents, partent avec l’idée
préconçue qu’il s’agit d’une discipline mineure. Le savoir n’est pas pris en compte pour luimême
mais pour la note qu’il permettra d’obtenir. Ainsi, les élèves n’ont aucun recul sur
l’utilité de ce qui est enseigné et ne font aucun lien ni avec leur vie de tous les jours, ni entre
les disciplines. Le transfert des connaissances ne se fait que très rarement, les ponts d’une
discipline à une autre ne sont pas perçus. Même les meilleurs élèves ont des difficultés à
synthétiser les connaissances acquises. Cette attitude consumériste face à l’école se manifeste
également dans un comportement de plus en plus attentiste de la part des élèves qui manquent
d’implication, de curiosité et d’ouverture d’esprit. Ils prennent ce qu’on leur donne en cours,
comme à la télé, sans regard critique, le plus souvent sans prendre le temps de la réflexion
pour se forger un avis personnel. Pour les bons élèves, la difficulté réside dans le manque de
distance face à ce qu’ils absorbent ; pour les élèves en difficultés, dans l’absence d’intérêt
pour ce que nous leur proposons.
Susciter plus de curiosité et d’implication afin d’amener les élèves trop scolaires à
développer leur personnalité ou redonner le goût du savoir aux élèves qui ont abandonné
relève du même objectif : la motivation de chacun qui est à redéfinir ou à retrouver.
Les premières expériences réussies qui nous ont amenés au projet actuel furent : la
réalisation d’expositions, la correspondance avec d’autres élèves et les cours à deux voix
(profs). La remotivation se faisait par l’implication dans un projet et non dans l’évaluation qui
n’était plus chiffrée. L’intérêt était suscité par une façon de travailler différente,
responsabilisant les élèves par plus d’autonomie et d’auto-évaluation. Le plus flagrant reste
LE REGARD DE L’AUTRE comme moteur d’une vraie prise de conscience sur ce que l’on
est, ce que l’on produit.
C’est principalement au sein des cours d’Arts Plastiques et de français que les
échanges ont eu lieu, une organisation particulière des emplois du temps ayant été nécessaires.
Nous avons tout d’abord tenté de faire comprendre aux élèves qu’il n’y avait pas différentes
connaissances dans différentes matières mais une connaissance permettant d’appréhender
une culture. Pour cela, au début de l’année, la professeure de français a mis les élèves face à
des textes de types différents et de différentes fonctions (narrative, descriptive, informative,
argumentative). Une fois ces notions assimilées, dans le cadre du cours d’arts plastiques, les
élèves ont été mis face à des publicités de voitures dans lesquelles les images étaient de

fonctions différentes. Par groupes, les élèves devaient alors repérer parmi un grand nombre de
publicités celles dont l’image équivalait aux différentes fonctions du texte. Puis, ils devaient
transmettre oralement les raisons de leurs choix. Le but était, bien évidemment qu’ils se
rendent compte que, de la même façon que l’on peut parler de texte narratif ou argumentatif,
on peut parler d’image narrative ou argumentative. L’objectif a été relativement satisfaisant
puisqu’une grande majorité d’élèves a su transférer les connaissances d’une matière à une
autre.
Dans le même ordre d’esprit et en vue du même objectif, nous avons travaillé sur la
relation entre l’œuvre – qu’elle soit écrite ou iconographique – et l’artiste et sur le fait que,
quel que soit le résultat, il découle toujours d’une implication, d’une volonté de son auteur.
Ainsi a été abordée la notion de point de vue. Les élèves l’ont d’abord vue en français à
travers divers textes présentant points de vue externe, interne, omniscient. Dans un cours où
nous étions, professeures d’arts plastiques et de français, présentes toutes les deux, nous avons
demandé aux élèves de réfléchir sur la photographie de Nick Ut montrant Kim Phuc. Elle a
été tout d’abord comparée à la photo non recadrée puis à celle de David Burnett, prise sous un
autre angle. Cette analyse permettait de prendre conscience que la photo est un langage
donnant le point de vue du photographe. Un double objectif était visé alors : le transfert des
connaissances d’une discipline à une autre mais aussi l’acquisition d’un regard critique face à
ce qui nous est présenté parfois comme la réalité. La fin de la séance a porté sur la relation
entre l’image et un extrait de l’oeuvre autobiographique écrite par la jeune femme ayant subi
le bombardement. Ces cours à 2 voix, du fait de leur caractère inhabituel, ont semblé susciter
une attention accrue des élèves.
Lors d’un premier projet innovant, nous avions déjà expérimenté ce type de cours ainsi
que des travaux en commun avec une autre classe, par courrier. L’efficacité des cours à deux
voix, par leur caractère exceptionnel, nous a amené à les maintenir. Par contre la lenteur du
courrier nous a amenés à adopter un système d’échanges via Internet entre les élèves du
collège de Seilhac et ceux du collège d’Arsonval (Brive).Pendant le cours d‘arts plastiques,
chacun devait mettre sa production (travaux d’arts plastiques accompagnés de commentaires
argumentés) sur le site de la classe. La professeure de français était présente et aidait les
élèves à formuler leurs arguments. L’objectif était essentiellement de remotiver les élèves
pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes en arts plastiques puisque leur production était
vue et jugée par d’autres personnes. De la même manière, ils avaient face à eux les œuvres
des élèves de Brive et devaient donner leur avis sur ce qu’ils voyaient.
Tout ceci n’est pas allé sans quelques problèmes. En effet, la première difficulté a été
que les élèves avec lesquels nous avions commencé à travailler l’année dernière en 4 ème pour
préparer le site n’étaient pas tous dans la même classe de 3ème. Ensuite, malgré un
équipement neuf d’ordinateurs, les connexions à Internet avaient parfois du mal à aboutir
.Enfin, la professeure de français a eu du mal à insérer le projet dans le programme officiel
devant préparer les élèves au brevet des collèges et le cours d’arts plastiques a semblé bien
court pour faire face à le fois à la gestion du site et aux projets des élèves.
Nous projetons donc de demander le maintien des mêmes élèves de la 4 ème à la 3 ème
dans une même classe afin de permettre un travail suivi.
Techniquement, l’arrivée de l’ADSL nous permettra un gain de temps non
négligeable. La formation des enseignants et l’expérience de chacun devrait également porter
ses fruits .Ainsi l’an prochain, nous espérons rendre plus réguliers et plus efficaces les
échanges avec d’Arsonval. L’idéal serait de parvenir à des travaux communs, en temps réel,
sorte de « chat pictural » et d’améliorer encore la gestion du temps pour permettre aux élèves
une implication plus directe dans l’élaboration du site.
Nous espérons étendre le plus possible l’ouverture sur l’extérieur en cassant la
structure habituelle de la classe. A cette fin, d’autres activités sont donc en cours
d’élaboration pour l’an prochain.