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A la radio, on entend maintenant le grand air de Violetta de la<br />
“Traviata”.<br />
ALEXANDRA<br />
“La Traviata”. Violetta... (elle fredonne l’air) Je l’ai<br />
chantée. J’avais 25 ans…<br />
Chant de Violetta : “Teneste la promessa... Addio del passato...” Les<br />
dialogues qui suivent seront entrecoupés de courts passages de “La<br />
Traviata”, fredonnés mezzo voce par <strong>Alexandra</strong>...<br />
ALEXANDRA<br />
J’ai été chanteuse lyrique. Les tournées,<br />
l’Indochine, l’opéra de Saigon, Hanoï, Faust,<br />
Rigoletto, Carmen… Salles combles, moiteur des<br />
colonies, l’orchestre qui étouffe dans la fosse,<br />
murmure des ventilateurs, miracle du maquillage<br />
qui tient malgré la fournaise, malgré le poids des<br />
étoffes chamarrées de perles et d’or... Une vie<br />
d’illusion.<br />
Elle sort des costumes d’une malle fermée à clé.<br />
ALEXANDRA<br />
Mes costumes...<br />
Elle choisit un costume, celui de la “Traviata” et vient le plaquer<br />
contre sa poitrine. Elle n’est plus là, elle est à l’opéra d’Hanoï...<br />
ALEXANDRA<br />
La musique, le voyage encore, le cœur qui<br />
chemine dans la gamme, l’émotion qui se faufile<br />
de croches en triolets, et, par moments, ces<br />
passages de col à des hauteurs de voix<br />
téméraires, ces points d’orgue célestes, ces<br />
sommets vocaux... Je me perdais dans le regard<br />
du public, j’étais une autre, je n’étais pas encore<br />
moi-même. C’est mon secret…