25 ans d'efforts - Agence de l'Eau Seine Normandie
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HISTOIRE D’EAU ET CULTURE : l’acheminement du bois par voie fluviale<br />
1.Roger-Viollet/2.Traîne-bûches du Morvan<br />
1. En 1873, <strong>de</strong>s flotteurs <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt un cours d’eau sur <strong>de</strong>s trains <strong>de</strong> bois. 2. À partir <strong>de</strong> Clamecy, les troncs d’arbres, coupés et marqués aux initiales du marchand,<br />
sont constitués en véritables ra<strong>de</strong>aux et flottent vers la capitale.<br />
Quand le bois<br />
flottait jusqu’à Paris<br />
Le bois manque à Paris ! Le développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la capitale à partir du XVI e siècle<br />
impose la mise au point <strong>de</strong> nouveaux systèmes d’approvisionnement.<br />
La solution : acheminer le bois, gratuitement ou presque, en le faisant flotter sur la <strong>Seine</strong>.<br />
À partir du XVI e siècle, les<br />
parisiens manquent cruellement<br />
<strong>de</strong> bois <strong>de</strong> chauffage.<br />
La cause principale : leur population qui ne<br />
cesse d’augmenter. Ils passent en effet <strong>de</strong><br />
150 000 habitants en 1650 à plus <strong>de</strong> 600 000<br />
en 1780, puis 2,3 millions vers 1880 ! Leur<br />
consommation <strong>de</strong> bois connaît donc la même<br />
inflation. La solution : approvisionner la capitale<br />
grâce aux cours d’eau qui l’alimentent,<br />
par le flottage <strong>de</strong>s bois, une technique ancestrale<br />
érigée alors en système.<br />
Des marchands parisiens, Jean Rouvet,<br />
Charles Lecomte ou encore un certain Defroissiz<br />
seraient à l’origine, vers 1550, <strong>de</strong>s premières<br />
expéditions <strong>de</strong> bois sur la Cure, l’Yonne et la<br />
<strong>Seine</strong>… Mais la technique remonte en fait<br />
à l’Antiquité. Selon Jérôme Buridant, historien<br />
et maître <strong>de</strong> conférences à<br />
l’université <strong>de</strong> Reims Champagne-Ar<strong>de</strong>nne<br />
: « Le flottage est<br />
attesté au cœur du Moyen Âge<br />
d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreuses régions.<br />
On en a retrouvé la trace sur la<br />
<strong>Seine</strong> et ses affluents, sur <strong>de</strong>s<br />
28<br />
Grume<br />
Tronc d’arbre abattu<br />
dont on a coupé<br />
les branches mais<br />
qui est toujours<br />
recouvert<br />
<strong>de</strong> son écorce.<br />
tronçons très sectoriels <strong>de</strong> quelques kilomètres<br />
dès les XIII et XIV e siècles. Il ne s’agit pas<br />
alors, du fait <strong>de</strong> l’abondance du bois, d’un<br />
système aussi organisé que ce qui sera mis en<br />
œuvre d<strong>ans</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e d<strong>ans</strong> le<br />
bassin parisien. »<br />
Des aménagements<br />
conséquents<br />
Ce système, organisé par les marchands,<br />
qui se regroupent en compagnies à partir du<br />
XVIII e , est le suivant : achat <strong>de</strong>s bois sur pied,<br />
coupe, façonnage et marquage (les bois sont<br />
frappés d’un marteau portant l’empreinte<br />
ou les initiales du marchand) et tr<strong>ans</strong>port<br />
jusqu’au cours d’eau le plus proche. Vient<br />
alors le flottage proprement dit qui se fait<br />
selon <strong>de</strong>ux techniques, soit à « bûches<br />
perdues » (les bois sont jetés en<br />
vrac d<strong>ans</strong> la rivière ou le ruisseau), soit<br />
en « trains <strong>de</strong> bois » (il s’agit alors <strong>de</strong><br />
véritables ra<strong>de</strong>aux pouvant faire plus<br />
d’une trentaine <strong>de</strong> mètres et constitués<br />
<strong>de</strong> grumes liées entre elles).<br />
Pour économiser le coût du tr<strong>ans</strong>port,<br />
tous les cours d’eau, même les plus minces,<br />
sont mis à contribution. Cela implique <strong>de</strong>s<br />
aménagements conséquents : réalisation<br />
« d’étangs <strong>de</strong> flottage » en amont, qui serviront<br />
à être vidés pour pousser le flot <strong>de</strong> bois,<br />
<strong>de</strong> barrages partiels, les pertuis qui maintiennent<br />
le niveau d’eau mais laissent passer les<br />
bûches, aménagement <strong>de</strong> chemins sur les<br />
berges pour pousser le bois, suppression <strong>de</strong><br />
méandres, effacement <strong>de</strong>s obstacles, etc.<br />
De nombreux conflits opposent alors les<br />
flotteurs <strong>de</strong> bois aux autres usagers <strong>de</strong>s rivières<br />
: pêcheurs, bateliers, riverains ou industriels.<br />
Redoutant les dégâts que peuvent infliger<br />
les bûches à leurs roues, les propriétaires<br />
<strong>de</strong> moulins sont particulièrment mécontents,<br />
eux pour qui les jours <strong>de</strong> flottage sont <strong>de</strong>s<br />
jours <strong>de</strong> chômage. Ces litiges donnent lieu à<br />
<strong>de</strong> nombreuses plaintes qui font le bonheur<br />
<strong>de</strong> l’historien : associées aux comptabilités<br />
minutieuses <strong>de</strong>s marchands, elles permettent<br />
<strong>de</strong> dresser un tableau très précis du flottage.<br />
À Clamecy-sur-Yonne, un musée et<br />
<strong>de</strong>ux associations défen<strong>de</strong>nt l’héritage <strong>de</strong>s