Sacramentaire Drogon fiche - Académie de Nancy-Metz

HISTOIRE DES ARTS
PÉRIODE : LE MOYEN ÂGE
40 000 476 1492 1789 1900
De la Préhistoire à
l’Antiquité gallo-romaine Le Moyen Âge Les Temps Modernes Le XIX e siècle Du XX e siècle à nos jours
823
Drogon
Œuvre : Verso du « Sacramentaire de Drogon », manuscrit, Bibliothèque Nationale de France
9 ème siècle (début de l’épiscopat de l’évêque Drogon)
Auteur inconnu
- Formes : verso de la couverture du manuscrit, format : 26,6 cm x 21,4 cm
- Techniques : reliure en cuir décorée de neuf plaques d’ivoire sculpté de chaque côté (recto et verso)
- Significations : les scènes sculptées au verso représentent différents moments d’une messe (le nouveau rituel romano franc voulu par les
Carolingiens)
- Usages : le Sacramentaire est le livre des récitatifs du célébrant (voir détails ci-dessous), c’est aussi un témoignage de la musique
religieuse du Moyen Age
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Contexte artistique, historique et social :
Drogon, fils de Charlemagne et de sa concubine Regina, fut évêque de Metz de 823 à 855. Son sacramentaire fut sans doute réalisé au début
de son épiscopat, dans les ateliers de calligraphie, d’enluminure, d’orfèvrerie et de sculpture de l’ivoire qu’il favorisa à Metz. Joyau du Trésor
conservé par le Chapitre de la Cathédrale, le Sacramentaire resta à Metz pendant dix siècles.
En 1567, pour financer la guerre contre les Huguenots, le cardinal de Lorraine exigea les ors en filigrane, les perles et les gemmes qui encadraient
les 18 plaquettes d’ivoire de la reliure. Par chance, l’ivoire n’était pas monnayable. Deux siècles plus tard, la Convention décida de réquisitionner
le manuscrit : ce qui fut fait par Napoléon en 1802. Aujourd’hui, le Sacramentaire de Drogon enrichit la réserve précieuse de la Bibliothèque
Nationale de France.
Ce manuscrit présente 9 plaques d’ivoire sculpté sur le plat supérieur de sa reliure (le recto) et 9 autres plaques en ivoire sculpté sur le plat
inférieur (le verso) de sa reliure. Le livre compte 130 folios ornés d’une quarantaine d’initiales historiées (les premières lettres majuscules des
prières richement décorées). Rassemblant les oraisons et les bénédictions chantées par l’évêque, gardien des paroles les plus vénérables du rituel
chrétien, le Sacramentaire offre aussi en ses dernières pages une liste des évêques de Metz et le jour où il convient de les fêter. On retrouve ainsi
le nom de saint Clément, connu de tous les messins, premier évêque de la ville qui précipite le Graoully, monstre redoutable, dans la Seille,
affluent de la Moselle.
Le Sacramentaire est aussi un livre de chant, qui donne la partie du célébrant, c'est-à-dire les récitatifs qu’il doit chanter pendant la messe. Les
textes apparaissent sans leur musique, car les neumes (signes musicaux) aide-mémoire se développent après le IX e siècle.
Plus largement le Sacramentaire renvoie à l’ensemble des textes et des chants pour une fête particulière, de la messe et de l’office.
Le chant dit « grégorien » est né au milieu du VIII ème siècle à Metz, sous l’impulsion de Chrodegang, évêque de Metz, proche de Pépin le Bref.
Ce dernier, nouveau roi des Francs, appuyé par le pape, a décidé de réformer la liturgie et le chant qui l’accompagne. Le premier manuscrit de
chant liturgique apparaît au milieu du IX ème siècle. Jusqu’alors le chant se transmettait par tradition orale, de bouche à oreille. Après Chrodegang,
Drogon favorise aussi le développement du chant religieux : on parle de Cantilena Metensis, le chant messin qu’on appellera plus tard chant
grégorien. Aujourd’hui, l’ensemble vocal Scola Metensis renoue avec ce patrimoine et se produit régulièrement dans la saison de Musique
ancienne à l’Arsenal de Metz (www.arsenal-metz.fr). (concerts programmés en 2009/2010, 31/01/10 : « Chants sacrés de l’Espagne médiévale et
Renaissante » et 28/03/10 : « La madone au bleu mantel »)
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Pistes pédagogiques :
A) Lecture d’images :
Les plaques d’ivoire du Sacramentaire
Plat inférieur de la reliure
1 2 3
4 5 6
7 8 9
- Observation générale du plat inférieur du livre :
- L’aspect extérieur ? couverture en cuir ornée par des dessins.
- Combien de dessins ? quel matériau ? quelle technique ? (9 dessins ou scénettes sculptées à l’intérieur d’un cadre)
- Description des scènes :
De façon globale : Un même personnage se retrouve sur toutes les scènes : habillé d’une chasuble, il semble prier (c’est l’évêque).
Le lieu : des colonnes, des tentures : c’est une église (la cathédrale St Etienne de Metz).
- Description des différentes scènes :
1. L’évêque, assis, semble écouter, d’autres personnages sont assis. Que font-ils ? C’est la première lecture ou le chant du
psaume
2. L’évêque s’incline devant l’autel avec d’autres personnages (ses assistants)
3. Le personnage de droite (l’évêque) semble embrasser ses assistants (pourquoi ? il échange le baiser de paix avec les clercs)
4. L’évêque embrasse un livre : quel est ce livre ? (le livre des prières, le Sacramentaire)
5. Le personnage de droite (l’évêque) semble prier (il se tourne vers l’orient pour entonner le « Gloria »)
D’autres personnages sont derrière lui : que font ils ? Un premier groupe de sept (les diacres, ses assistants). D’autres encore
sont encore plus à l’arrière (la scola qui est composée des chanteurs).
6. L’évêque se retrouve à gauche. Il semble discuter avec d’autres personnages. Quel moment cette scène décrit-elle ?
(l’évêque est accueilli à l’entrée de la cathédrale)
7. Deux scènes sur cette plaque : à gauche, l’évêque reçoit les offrandes d’une femme (voile), à droite de l’archidiacre.
8. L’évêque bénit le pain et le vin.
9. Il distribue la communion. À l’arrière, les chanteurs de la scola, bouche ouverte et de profil, sont dirigés par un chef, de face
(geste de la main)
Remarque : c’est le déroulement d’une messe, mais dans le désordre (les scènes 1 et 6 sont inversées). L’évêque est sans doute Drogon
qui célèbre la messe dans la cathédrale St-Étienne (on reconnaît le mobilier liturgique messin, dont le trône épiscopal taillé dans le fût
d’une colonne romaine)
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B) Autres pistes pédagogiques :
Distribuer une représentation de scène par groupe de 2 élèves : décrire puis retrouver l’image sur le document complet.
Reconstituer l’ensemble de la scène avec les différentes pièces du puzzle (voir découpage du document en plusieurs images)
Relier une scène et un commentaire écrit.
Mimer une ou plusieurs scènes.
Remettre les scènes dans l’ordre (6 2 3 4 5 1 7 8 9) de la messe.
C) Aborder le chant grégorien : A partir des scènes 1, 5 et 9 du Sacramentaire (liées au chant)
A partir de l’extrait : « Omnes gentes » : (chant d’entrée ou introït)
1. Première écoute (enregistrement N°1 : Interprétation Marie-Reine Démollière, Scola Metensis )
Remarques : les paroles sont en latin / c’est une chanteuse soliste / elle chante sans accompagnement instrumental (a cappella)
2. Donner les premières phrases : « Omnes gentes plaudite manibus / Iubilate Deo in voce exultatio»
Prononcer, traduire (certains mots ressemblent au Français : gentes, deo, voce, …) :
« Tous les peuples, battez des mains / Acclamez Dieu dans la voix de l’exultation »
C’est un chant religieux à gloire du Dieu des chrétiens, voir point sur le chant grégorien.
Deuxième écoute : comment cette partie est elle chantée ? est ce qu’on la retrouve dans l’extrait ?
Remarques : certaines syllabes (O / De) sont chantées sur plusieurs notes : des mélismes.
Cette première partie est chantée au début et reprise à la fin
3. Troisième écoute : comparer cet extrait avec un deuxième enregistrement (N°2 : Interprétation chœur d’hommes / Scola Metensis))
Remarques : on retrouve le même texte / mais ce sont des voix d’hommes / chant à l’unisson
Alternance d’un chœur et d’un soliste :
Chœur : première partie (voir les phrases données en 2) / soliste / chœur : reprise de la même partie qu’au début
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4. Production vocale :
- Jeu vocal : chanter son prénom avec des mélismes (produire plusieurs notes sur une même syllabe)
Par exemple : I LAS
NI I CO
- Alternance soliste / groupe : la proposition du soliste est reprise par l’ensemble de la classe.
- Reproduire une partie du chant. Par exemple le motif : « Omnes gentes » (voir partition, point sur la notation)
Prolongements :
En arts du son :
Autres extraits : « Kyrie eleison » (Se reporter au dossier « Kirie Eleison »)
La notation musicale :
- L’évolution de la notation : comparer trois notations du chant travaillé « Omnes gentes » (les premiers signes ou neumes au Xème siècle,
l’origine des notes de musiques avec Guido d’Arezzo au XIème siècle, la notation carrée ou en losanges sur une portée de 4 lignes à partir
du XIIème siècle, la notation moderne).
- L’historique de la notation (voir document de Marie Reine Démollière / Scola Metensis) : des premières traces à l’Antiquité à la notation
moderne
En arts visuels : Travailler sur le bas relief : savon, métal ou papier alu à repousser.
Créer une couverture avec des techniques telles que : collage, pâte à modeler…
Réaliser une BD en plusieurs scénettes.
L’enluminure : Une lettrine du Sacramentaire : comparer cette représentation avec celle de l’image 5 du Sacramentaire
Reproduire ou créer des enluminures
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En arts de l’espace
Le Chancel (Musées de Metz) :
la mise en espace du lieu où chantait la scola.
On pourra accompagner la visite d’une écoute
de chant grégorien et/ou d’une activité
de production vocale (résonance de la salle)
Faire le lien avec la cathédrale de Metz
et le mobilier liturgique
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En instruction civique : Comparer le rite chrétien avec d’autres rites : le lieu, l’officiant…
Bibliographie et sitographie :
Livre : « L’art du chantre carolingien », Editions Serpenoise
CD : « Quand le chant grégorien s’appelait chant messin », Un florilège de l’école messine au IX ème siècle, Scola Metensis
Site : http://www.mairie-metz.fr:8080/METZ/GREGORIEN/LeSite.html
Trace écrite : en lien avec les frises collective et individuelle
Notions de musique religieuse (opposée à celle de musique profane : voir chanson « Or est Bayard »), chant grégorien, un manuscrit enluminé
(le Sacramentaire de Drogon), le règne des Carolingiens (Charlemagne et ses descendants), la cathédrale de Metz, le chancel reconstitué aux
musées de Metz
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