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pdf 280ko - Eau et rivières de Bretagne

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1<br />

Délégation Finistère-sud<br />

13 rue Louis <strong>de</strong> Montcalm - 29000 QUIMPER<br />

02.98.95.96.33<br />

<strong>de</strong>legation-29sud@eau-<strong>et</strong>-rivieres.asso.fr<br />

Quimper, le 19 janv. 2012<br />

Monsieur le Commissaire enquêteur<br />

Mairie 29710 PLOGASTEL ST-GERMAIN<br />

Obj<strong>et</strong> : <strong>de</strong>man<strong>de</strong> formulée par la SARL DE LA VALLEE en vue d'obtenir l'autorisation <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à<br />

une extension d'un élevage <strong>de</strong> porcs sur le site <strong>de</strong> Ker<strong>de</strong>urnel en PLOGASTEL SAINT GERMAIN<br />

Enquête publique 19 décembre 2011 au 19 janvier 2012<br />

Monsieur le Commissaire enquêteur,<br />

Le dossier soumis à enquête publique du 19 décembre 2011 au 19 janvier 2012, qui<br />

concerne le proj<strong>et</strong> d’extension d'un élevage <strong>de</strong> porcs appelle <strong>de</strong> notre part un certain nombre <strong>de</strong><br />

remarques :<br />

Restructuration externe :<br />

Après proj<strong>et</strong>, l'effectif comprendrait 7 466 animaux équivalents ainsi répartis : 920 porcs<br />

reproducteurs, 3 840 porcel<strong>et</strong>s en post-sevrage <strong>et</strong> 3 938 porcs charcutiers <strong>et</strong> coch<strong>et</strong>tes non saillies.<br />

Sous l’expression « restructuration externe » se cache en fait une extension avec regroupement<br />

d’élevages <strong>et</strong> la reprise, conformément à la législation, <strong>de</strong> 80% d’un élevage avec augmentation <strong>de</strong>s<br />

déjections.<br />

Lisier produit :<br />

La quantité <strong>de</strong> lisier passerait <strong>de</strong> 15 344 m 3 à 17 340 m 3 .<br />

Le lisier est un mauvais fertilisant.<br />

Comme les éléments fertilisants sont sous forme soluble, ils ne se lient que faiblement à la matière<br />

organique <strong>et</strong> ne sont donc disponibles pour les plantes que sur une courte pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> temps, avant<br />

d’être lessivés par les précipitations.<br />

Le lisier est un plutôt un déch<strong>et</strong> qu’un fertilisant. Au lieu d’investir dans les traitements <strong>de</strong> lisier ou<br />

autres solutions coûteuses, il serait préférable <strong>de</strong> penser le problème <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />

globalement.<br />

Il ne faut pas régler les problèmes en aval, en masquant les symptômes, mais bien les régler en<br />

amont, à la source.


2<br />

Eff<strong>et</strong>s sur le paysage :<br />

La spécialisation en production porcine fait que seules les parcelles cultivables en blé/maïs<br />

sont exploitées. Les fonds <strong>de</strong> vallées <strong>et</strong> bords <strong>de</strong> cours d’eau ne sont plus entr<strong>et</strong>enus <strong>et</strong> se<br />

transforment en friches. Par contre les zones humi<strong>de</strong>s en tête <strong>de</strong> bassin versant sont remblayées<br />

<strong>et</strong> exploitées <strong>et</strong> contribuent largement à une pollution diffuse.<br />

La trame bocagère est sérieusement mise à mal sur les parcelles en épandage <strong>et</strong> les talus en<br />

rupture <strong>de</strong> pente <strong>de</strong>vraient absolument être conservés voire reconstruits.<br />

Sol <strong>et</strong> qualité <strong>de</strong>s eaux :<br />

Les risques <strong>de</strong> pollution directe par rupture du système d’irrigation ne sont pas à négliger.<br />

Les <strong>de</strong>ux ruisseaux affluents <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong> Pont-l’Abbé pourraient être affectés en cas <strong>de</strong><br />

ruissellement d’eau sur les parcelles <strong>de</strong>stinées à l’irrigation, via les fossés existants. Les mesures<br />

prises en cas <strong>de</strong> fuite ne sont pas détaillées (p. 89), sauf arrêt <strong>de</strong> la pompe en cas <strong>de</strong> rupture d’un<br />

tuyau (p. 139).<br />

On ne peut parler d’assolement quant il y a seulement rotation <strong>de</strong> cultures blé/maïs (page 93).<br />

Ces <strong>de</strong>ux cultures sont <strong>de</strong>s graminées, <strong>de</strong> plus soumises à <strong>de</strong>s traitements aux pestici<strong>de</strong>s qui<br />

nuisent sérieusement à la biologie <strong>de</strong>s sols <strong>et</strong> à leur texture, favorisant la battance <strong>et</strong> le lessivage.<br />

Pollutions indirectes :<br />

Alors que la zone d’épandage n’entre pas dans le périmètre <strong>de</strong> protection du captage <strong>de</strong> la<br />

réserve du Moulin-Neuf, localement appelée « Toull-Dour (Bénard) », elle est située en tête <strong>de</strong><br />

bassin versant. Comme le faisait remarquer notre association en décembre 2008, lors <strong>de</strong> l’enquête<br />

pour l’installation du périmètre <strong>de</strong> protection, le risque <strong>de</strong> pollutions diffuses est réel :<br />

Azote :<br />

Nitrates :<br />

Dans le diagnostic du SAGE Ouest-Cornouaille 2011, « La rivière <strong>de</strong> Pont l’Abbé montre une<br />

tendance à l’augmentation <strong>de</strong>s teneurs en nitrates <strong>de</strong> 2006 à 2010 », malgré la présentation d’un<br />

sol<strong>de</strong> négatif <strong>de</strong> -22 kgN/haSAU/an dans le bilan d’exportation d’azote.<br />

Ammoniac :<br />

Le dossier est peu explicite quant aux émissions d’ammoniac, notamment pendant la phase<br />

<strong>de</strong> compostage <strong>de</strong>s soli<strong>de</strong>s du lisier.<br />

D’après l’annexe du dossier, 21 137 kg <strong>de</strong> NH 3 seraient émis par l’élevage après proj<strong>et</strong> !<br />

L’ammoniac proprement dit a un court temps <strong>de</strong> séjour dans l’air : il peut revenir au sol sous forme<br />

<strong>de</strong> dépôts secs <strong>de</strong> NH 3 près <strong>de</strong> la source d’émission (6-14 %) ou être transformé en NO (


3<br />

eaux <strong>de</strong> surface <strong>et</strong> <strong>de</strong>s écosystèmes terrestres. L’ammoniac est un polluant localisé qui n’est pas<br />

susceptible d’agir comme une toxine atmosphérique; toutefois, c’est un précurseur pour les<br />

particules ou les aérosols d’ammonium, qui sont <strong>de</strong>s polluants non localisés. Les aérosols <strong>de</strong><br />

nitrate d’ammonium <strong>et</strong> <strong>de</strong> sulfate d’ammonium sont <strong>de</strong>s particules <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 2,5 µm <strong>de</strong><br />

diamètre. Il semble que ces particules présentent un risque important pour la santé humaine avec<br />

l’augmentation <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong> particules dans l’atmosphère : les particules <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te taille<br />

passent au travers <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> défenses naturels du système respiratoire.<br />

Phosphore :<br />

La disposition 3B-2 du SDAGE Loire-Br<strong>et</strong>agne se décompose en <strong>de</strong>ux paragraphes, le premier<br />

pour les nouvelles activités (notion <strong>de</strong> compatibilité), le second pour les activités existantes (notion<br />

<strong>de</strong> rendre compatible) :<br />

« Les arrêtés préfectoraux pour les nouveaux élevages <strong>et</strong> autres nouveaux épandages sont fondés<br />

sur la règle <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong> la fertilisation phosphorée conformément à l’article 18 <strong>de</strong> l’arrêté du 7<br />

février 2005. »<br />

« Pour les élevages <strong>et</strong> autres épandages existants, à la première modification apportée par le<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur entraînant un changement notable <strong>de</strong> l’installation (extension, restructuration…), la<br />

révision <strong>de</strong> l’arrêté préfectoral d’autorisation en application <strong>de</strong> l’article R.512-33 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’environnement est fondée sur la règle <strong>de</strong> l’équilibre <strong>de</strong> la fertilisation phosphorée. L’arrêté peut<br />

accor<strong>de</strong>r un délai <strong>de</strong> cinq ans pour la mise en conformité sous réserve <strong>de</strong> la mise en place à titre<br />

conservatoire <strong>de</strong> mesures compensatoires évitant tout risque <strong>de</strong> transfert. »<br />

Dans le diagnostic du SAGE Ouest-Cornouaille 2011 :<br />

« Le suivi <strong>de</strong>s concentrations en phosphore total sur le Lanvern montre <strong>de</strong>s pics <strong>de</strong> concentration en<br />

pério<strong>de</strong> hivernale (pluviométrie importante) mais également en été. Les pics hivernaux illustrent<br />

une pollution diffuse d'origine agricole.<br />

Les pics observés en pério<strong>de</strong> estivale ont bien souvent lieu après une augmentation <strong>de</strong> débits (liée à<br />

une pluie importante), relativisant l’éventuelle origine domestique <strong>de</strong> ces pollutions. »<br />

« Le phosphore stocké <strong>et</strong>/ou épandu sur les sols agricoles se déplace majoritairement sous forme<br />

particulaire via l’érosion <strong>et</strong> le ruissellement. Ceux-ci sont liés à :<br />

• la pente <strong>de</strong>s terrains dont l’inclinaison <strong>et</strong> la forme conditionne l’intensité du ruissellement <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’érosion ;<br />

• la structure paysagère / bocagère <strong>de</strong>s zones considérées qui peut représenter une barrière aux<br />

ruissellements <strong>et</strong> aux déplacements <strong>de</strong> sol. »<br />

« A noter : la future station <strong>de</strong> Plogastel Saint Germain perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> réduire les apports <strong>de</strong><br />

phosphore au milieu : infiltration <strong>de</strong>s eaux traitées en étiage <strong>et</strong> norme <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> plus sévère (2mg/l<br />

contre 5 mg/l actuellement). »<br />

L’ensemble <strong>de</strong>s sols du territoire s’est enrichi en phosphore <strong>de</strong>puis 1990.<br />

Médiane <strong>de</strong>s teneurs 1990-1994 1995-1999 2000-2004<br />

(mg/kg <strong>de</strong> sol)<br />

PLOGASTEL-SAINT-<br />

371 369 390<br />

GERMAIN<br />

Source : BDAT, GIS Sol<br />

Il n’y a aucune étu<strong>de</strong> dans le dossier.<strong>de</strong> la teneur <strong>de</strong>s sols en phosphore <strong>de</strong>s parcelles épandues.


4<br />

Potassium :<br />

Comme le démontre le dossier, il y a également excès <strong>de</strong> potasse dans les sols. C<strong>et</strong> élément<br />

va contrarier l’absorption <strong>de</strong> l’azote, du calcium <strong>et</strong> du magnésium. On ne peut plus parler <strong>de</strong><br />

fertilisation !<br />

Carbone :<br />

Comme indiqué en page 94, le lisier ne contient presque aucune matière organique, il ne<br />

régénère pas les sols. Or la matière organique est la base <strong>de</strong> la fertilité <strong>de</strong> sols. Elle perm<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

stimule l’essentielle activité biologique <strong>de</strong>s sols, améliore la structure <strong>de</strong>s sols <strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

mieux résister à la sécheresse.<br />

La matière organique <strong>de</strong>s sols perm<strong>et</strong> à ceux-ci <strong>de</strong> « stocker » les éléments nutritifs <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> une<br />

accessibilité graduelle <strong>de</strong> ces éléments aux cultures.<br />

Sans matière organique, les sols meurent.<br />

Si les « cannes » <strong>de</strong> maïs grain contribuent à la régénération <strong>de</strong> l’humus, il n’est fait aucune<br />

mention <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> la paille <strong>de</strong>s cultures <strong>de</strong> blé.<br />

Cuivre <strong>et</strong> zinc :<br />

Le dossier n’abor<strong>de</strong> pas l’apport <strong>de</strong> cuivre, zinc <strong>et</strong> autres éléments, notamment les métaux<br />

lourds apportés par les lisiers <strong>et</strong> liés à l’alimentation <strong>de</strong>s porcs.<br />

Or l’accumulation <strong>de</strong> ces éléments est toxique pour les sols.<br />

Médicaments vétérinaires :<br />

La diffusion dans l'environnent <strong>de</strong> résidus <strong>de</strong> médicaments vétérinaires via les urines <strong>et</strong><br />

excréments est un problème émergent, qui semble déjà avoir <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s importants <strong>et</strong> fait<br />

actuellement l’obj<strong>et</strong> d’une évaluation <strong>de</strong>s risques environnementaux <strong>et</strong> sanitaires. Il est nécessaire<br />

d’établir un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> la contamination <strong>de</strong>s eaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sols avant d’autoriser toute<br />

extension.<br />

Pour le manque <strong>de</strong> précisions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> les risques encourus par l’augmentation<br />

<strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> lisier produite <strong>et</strong> épandue, nous vous <strong>de</strong>mandons, Monsieur le Commissaire<br />

enquêteur, d’ém<strong>et</strong>tre un avis défavorable au proj<strong>et</strong>.<br />

Nous vous remercions <strong>de</strong> l’intérêt que vous porterez à notre déposition <strong>et</strong> vous présentons,<br />

Monsieur le Commissaire enquêteur nos plus sincères salutations.<br />

Pour <strong>Eau</strong> <strong>et</strong> Rivières <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne<br />

André Kerdranvat

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