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dossier artistique - Galerie Anton Weller / Isabelle Suret

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

JULIE LEGRAND<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

www.antonweller.com


GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Julie Legrand est née en 1973 à Suresnes. Elle vit et travaille à Vendeuil et à Paris.<br />

Expositions personnelles<br />

Juin 2008 Commande d’installations par la Ville de Saint Quentin (02) pour le hall<br />

d’entrée et le parvis du Théâtre de la Manufacture.<br />

Mars 2008 <strong>Galerie</strong> du collège de Noyon (60).<br />

2007 Faire et défaire, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

Les liens coupés, La Maison Rouge, Fondation Antoine de Galbert. Paris.<br />

Invitation par Gérard Wajcman dans La Suite.<br />

Tendre, Carte Blanche à Julie Legrand. Exposition personnelle et carte<br />

blanche pour inviter trois artistes (Sophie Brossais, Laurence Nicola, Marc<br />

Vander-Stucken). Château de Saint Ouen, Mairie de Saint Ouen (92).<br />

2006 Vents Contraires, Exposition de fin de résidence au collège de Marseillan en<br />

collaboration avec le Conseil Général de l’Hérault<br />

2004 C’est le Bouquet! Association Avis de Vent Fort/Le Grand Wazoo, Hors Bord,<br />

Amiens.<br />

2002 Dénouement, Home <strong>Galerie</strong>, Paris<br />

Court Circuit, Commande Marc Larivière, Lille<br />

2001 Passe Passera, CAC Cimaise et Portique et Cité Scolaire Bellevue, Albi<br />

2000 Maison des Arts et Loisirs de Gauchy, Picardie<br />

1996 1541 Mouches, Alain Monvoisin, Paris<br />

Expositions collectives (sélection)<br />

2008 Subtil Textile, La <strong>Galerie</strong> des <strong>Galerie</strong>s, <strong>Galerie</strong>s Lafayette, Paris. Curatrice :<br />

Alexandra FAU.<br />

L’Art et la Mode - Vitrine des <strong>Galerie</strong>s Lafayette, coproduction « Les Prairies<br />

de Paris ».<br />

2007 Sans titre, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris. Avec <strong>Isabelle</strong> Lévénez et Lionel<br />

Sabatté.<br />

Bruit d’image, Absence de marquage ADM, Bois-Colombes (92).<br />

2006 Architecture au corps, Commissaire : Alexandra FAU, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong><br />

Liens passagers, Jagna Ciutta et Julie Legrand à la <strong>Galerie</strong> d'O à Montpellier,<br />

Centre d'art contemporain du Conseil Général de l'Hérault<br />

Lieux Communs, 994m2, Les Instants Chavirés, organisés par G. Constantin<br />

en partenariat avec l’exposition Grandeur nature » (Emilie Renard et Maison<br />

Populaire de Montreuil)<br />

Portes Ouvertes des Ateliers d'Artistes de Picardie Invitée par M. Géranton<br />

Festival d’art contemporain de Castelnau Magnoac. Parrainée par le<br />

Centre d’Art Contemporain La chapelle Saint Jacques, Saint Gaudens. Midi-<br />

Pyrénées.<br />

Wyn Geleynse, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

2005 Scènes de Ménage, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

Entre Là, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

Absence de Marquage <strong>Galerie</strong>-Atelier ADM, Bois-Colombes.<br />

2004 FIAC, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

Art Brussels, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris.<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

www.antonweller.com


GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Julie Legrand & Vincent Mauger, Association Pollen, Résidences d’artistes à<br />

Monflanquin (47).<br />

2003 « Chambrée 28, portes ouvertes » in «Finir en beauté», La Caserne, Pontoise.<br />

Corpuscule/Ondulation, avec P. Baltazar, Centre d’Art Cimaise et Portique,<br />

Albi.<br />

2002 D’un bout à l’Autre/Pièce rapportée, Centre d’art de Pougues-les-Eaux.<br />

2001 Rapport entre ça et ça, Maison de la Laïcité, Charleroi, Belgique.<br />

2000 L’apparition des rayures colorées à la surface du dentifrice en milieu intime,<br />

performance au CHU du Kremlin Bicètre, exposition Le Grand réservoir.<br />

1999 Animal, De Arman à Zeimert, l’animal dans l’art contemporain, Musée<br />

Bourdelle, Paris.<br />

Bourses et résidences :<br />

2006 Résidence au collège de Marseillan à Sète, Conseil Général de l’Hérault<br />

2003- Résidences de Monflanquin / association Pollen<br />

2004<br />

2001- Atelier à La Caserne, Pontoise<br />

2003<br />

2000 Résidence pour le Centre d’Art Contemporain de Pougues les Eaux<br />

à Nannay, Nièvre.<br />

2001- Résidence pour le Centre d’Art Contemporain Cimaise et Portique, à Albi, à la<br />

2002 cité scolaire Bellevue<br />

Textes et publications - sélection :<br />

2005 Revue Archistorm / décembre 2005, article d’Alexandra Fau.<br />

Retour Aux Sources, Texte de Didier Arnaudet pour le catalogue de l’exposition<br />

de Pollen / Résidences de Monflanquin.<br />

2004 En apparence, Texte de Léonor Nurisdany, sur Chambrée 28, La Caserne,<br />

Pontoise.<br />

2002 Les oiseaux aussi, volent un jour de leurs propres ailes, Article + couverture,<br />

La Revue D’Esthétique, N° spécial Art et Animalité, éd. Jean Michel Place.<br />

2001 Passe Passera, Catalogue de l’exposition, Centre d’Art Contemporain d’Albi.<br />

2000 Beaux-Arts magazine à propos de Animal, au musée Bourdelle<br />

Télérama, à propos de Animal, au musée Bourdelle.<br />

1999 Animal, Catalogue de l’exposition au Musée Bourdelle<br />

1996 1537 Mouches Alain Monvoisin.Paris VIII.<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Protée emmuré [ou les murs de la résidence] par Corinne Rondeau<br />

Le travail de Julie Legrand a la simplicité d’un corps et la complexité d’une organicité.<br />

Les oeuvres sont modestes : les effets sont réfléchis, non spectaculaires. Il faut<br />

avancer lentement à travers des formes simples aux contours discrets mais clairement<br />

dessinés et des matériaux pauvres, accumulés parfois mais évidés de leur (a)pesanteur.<br />

Passer de l’une à l’autre s’éprouve comme un rite initiatique: épreuve du passage. Passer<br />

l’une dans l’autre évoque la figure subtile de l’architecte du labyrinthe, Dédale.<br />

Il ne s’agit point d’observer simplement un enchevêtrement, mais de se risquer à une<br />

traversée et de s’abandonner au sensible.<br />

Mouvement continu entre extériorité et intériorité et puissance du geste traversent le<br />

corps dans toutes ses épaisseurs.<br />

[Passe, passera] se déploie dans trois espaces : un appartement, un atelier, une salle<br />

d’exposition…<br />

[Passe, passera] se dissémine en verre, plumes, confettis, meubles, cheveux, lamelles de<br />

tuyaux d’arrosage…<br />

[Passe, passera] expose volumes, photographies, dessins et projets, installations…<br />

Entre des espaces, des matériaux et des formes, Julie Legrand opère les passages entre<br />

réalisations et esquisses.<br />

Les oeuvres présentées dans le cadre de la résidence d’artiste font ensemble : leur<br />

cohérence est à l’image d’un corps qui se dilate, se répand dans les espaces de vie, de<br />

création, d’exposition. C’est dire si la différence entre vivre et créer est ténue.<br />

Création entre vie et corps. Corps entre sensations et territoires.<br />

Non-visible mais vivant, le corps hante tous les espaces de la résidence. Il circule ici,<br />

là, ailleurs. Il apparaît et disparaît sans jamais pouvoir être le même, portant au monde des<br />

visibilités, les naïves et lucides vérités du sensible.<br />

La résidence est un corps. Chaque espace est un organe complexe. La vie passe, coule,<br />

irrigue les interstices les plus arides, les plus fins, les plus improbables.<br />

Mais pour qu’un corps cède à la complexité des organes, pour que l’unique devienne<br />

multiple, pour que le dedans devienne un dehors, pour que la vie suive les méandres du<br />

labyrinthe, il faut un passeur : l’artiste.<br />

Corps, organe, sensation : artiste passeur.<br />

Avec l’installation de verre Echappée belle, deux pièces de l'appartement sont mises<br />

en jeu : la cuisine et le salon. Du verre s’accumule en forme de transparence et de vide. De<br />

l’autre côté du mur, deux coulures de verres sortent des prises électriques. Le contenant<br />

devient le contenu : les verres objets deviennent l’image d’un fluide qu’ils sont sensés<br />

contenir. Le passage tient de la transsubstantiation. Ce qu’il évoque ne tient pas du miracle<br />

mais d’une problématique des arts plastiques : comment capturer des forces ? Cette<br />

question, Deleuze l’avait relevée comme la recomposition et la décomposition des effets<br />

(des couleurs dans l’impressionnisme, du mouvement dans le cubisme…). Comment<br />

capturer la force du verre et en manifester les effets? En recomposant par l’accumulation<br />

l’effet d’un plein constitué par des vides et en décomposant la quantité en deux simples filets<br />

de verre, le vide en fluide pétrifié tels des vaisseaux de verre.<br />

La transsubstantiation est l’image d’un désir qui cherche à donner une image de la<br />

transformation. Celle-ci est comme tenue secrète par son passage dans le mur : le verre<br />

solide prend forme fluide, le contenant devient contenu. Rien qu’un mur qui contiendrait le<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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ISABELLE SURET<br />

mystère de l’opération et nous impliquerait d’autant plus dans le passage. Dans ce mur,<br />

séparation opaque et architecturale, la matière verre est modifiée : le vide devient plein, la<br />

quantité devient qualité. Le mur détient le secret de la métamorphose.<br />

Ce changement rend visibles les forces de la mutation : un amas de verre en<br />

capillarité, la capillarité en corps de verre. Ce que l’on voit donne à voir le corps et son<br />

intériorité, et s’inversant l’intériorité donne corps à l’extériorité. Voilà donc ce qui nous habite<br />

! L’intériorité du corps, et par renversement, elle donne au corps la mesure de ce qu’il habite<br />

à son tour : un espace. L’impossible devient possible par modification de la matière.<br />

Dans le salon, une deuxième installation : une Chappe de plomb en plumes. Du<br />

plafond pèse une énorme masse de plumes de pigeon, rémiges et duvets, grises, blanches<br />

et noires. De la terrasse, à l’extérieur, une petite fenêtre est visible, et derrière elle,<br />

l’accumulation de plumes et son épaisseur.<br />

Ce que nous voyons au dessus de nos têtes n’a pas la légèreté que nous connaissons de la<br />

plume mais le poids désormais de ce que nous percevons. La transformation a lieu<br />

désormais au coeur de nos sens, l’affect s’en trouve dès lors modifié : la légèreté se<br />

convertit en attraction, quelque chose nous fixe au sol. Le corps change d’attitude, la masse<br />

qui surgit du plafond ne cesse de modifier notre rapport au matériau. L’illusion joue<br />

pleinement. Ce n’est pas le matériau qui crée la masse mais son agencement. Ce n’est pas<br />

dire que l’accumulation fait masse mais qu’elle est le moyen par lequel des perceptions<br />

viennent à modifier une réalité (pauvrement illusoire) de la légèreté. Qu’est ce qui pèse le<br />

plus entre 1kg de plomb et 1kg de plumes? La question piège de notre enfance ne cesse de<br />

resurgir ici. L’image de la plume plus légère que le plomb pouvait nous induire en erreur : la<br />

sensation de masse ou de légèreté a donné une image à nos esprits. Pourquoi ne pas tenter<br />

de poursuivre l’erreur mathématique et la vérité sensible?<br />

Voilà donc ce qui nous affecte ! Nos yeux aveugles voient pour ne point ressentir les<br />

pressions qui agissent sur notre corps et en lui. Cette fois-ci, la transformation a lieu en<br />

nous. Ce qui affecte n’est point la masse de plumes mais que la légèreté puisse être d’une<br />

épaisseur terrifiante, d’une lourdeur asphyxiante. La légèreté toute en sensation sans que<br />

jamais plafond de plumes ne nous étouffe pourtant.<br />

Avec les oeuvres de Passe passera, il faut suivre le sensible du plus loin pour qu’il<br />

puisse venir nous toucher au plus près. Des accumulations sont en jeu, toutes ont leur<br />

singularité. Des meubles entassés ou des confettis collés entre eux défigurent les objets<br />

eux-même dans leur unité propre, dans leur fonction propre, pour se constituer en un tout.<br />

L’un s’annule quand le tout s’agence. Le tout n’est pas une addition parce qu’en perdant<br />

unité et fonction les objets changent de forme, le tout fait ensemble comme un corps<br />

constitué de membres, d’épaisseurs et de stratifications. De collecteur, l’artiste devient agent<br />

: Julie Legrand prend acte de leur présence et contribue au temps d’une lente recompositiondécomposition<br />

de la métamorphose de l’objet. L’accumulation liée à la consommation et au<br />

recyclage n’a pas droit de citer, cette raison est désormais insuffisante. Ce qui s’impose c’est<br />

la qualité organique que peuvent acquérir ces objets, c’est-à-dire de fonctionner comme un<br />

tout agencé, comme un corps qui tient et se meut. Les objets s’élèvent ou s’abaissent, se<br />

compressent et se fragmentent, se ramifient et s’individualisent… Ils entrent en résonance<br />

avec d’autres éléments (murs, espace…), d’autres objets (bureau, casier…).<br />

Dans l’atelier, un pilier trouve sa fondation dans un tiroir de bureau à moins qu’il n’en<br />

surgisse et s’enfonce dans le plafond. Inversion et retournement de l’architecture : qu’est ce<br />

qui soutient ce qui doit soutenir ? La porte d’un casier s’ouvre sur un mur. Le mur pousse,<br />

remplit, existe comme un contenu alors qu’il contient, retient, circonscrit l’espace.<br />

Surgissement des entrailles du mur à l’intérieur du casier qui, devenu obsolète dans sa<br />

fonction de rangement, ouvre le mur à une planéité et à un débordement physique. Le casier<br />

est devenu mur, sa peau (la peinture qui le recouvre) est celle des murs de l’atelier. Le fond<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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ISABELLE SURET<br />

inerte pris d’une poussée de vie vient au devant de nous et le plus enfoui, le plus caché<br />

exulte dans sa réalité et sa matérialité brute : briques rouges.<br />

Dans la salle d’exposition. Choses fines, pauvres, légères en amas comme ces deux<br />

boules de cheveux sans têtes en Face à face à l’allure de gigantesques sphères<br />

excrémentielles de bousier. Le matériau est pauvre parce qu’il est souvent fragile, infime<br />

mais aussi parce qu’il ne joue jamais en faveur de sa propre nature, il est à l’abandon de<br />

toute reconnaissance pour mieux se redéfinir, se ressaisir, se refaire une beauté : le cheveu<br />

devient excrément.<br />

Lanières de tuyau d’arrosage en geste exclamatoire et secret. Lianes et réseau,<br />

fragment du labyrinthe ou fil d’Ariane.<br />

Retour à l’appartement. Lignes de fuite légèrement posées au plafond, la fenêtre<br />

ouverte, le corps connaît alors la lévitation, Sortie de corps. Le signe à peine insistant des<br />

sandales abîmées au sol nous donne les qualités aériennes d’Hermès. Nos pieds ne<br />

peuvent chausser les sandales du dieu messager, mais la fenêtre a déjà pris possession de<br />

nous. Dehors et ici. Levons les yeux. Des lignes de fuite partent du point central, qui<br />

virtuellement nous stigmatisent au sol en redoublant notre position dans la pièce, et nous<br />

convient à prolonger au-delà des murs notre regard à l’horizon.<br />

Les murs de la résidence sont habités d’un corps de métamorphoses, celui de<br />

Protée, le dieu marin, qui gardait si bien les troupeaux de son père Océan que celui-ci lui<br />

donna le don de connaître le passé, le présent et le futur. Mais il n’est pas simple de<br />

l’aborder, ni d’obtenir la vérité. Protée devait être surpris dans son sommeil et tenu<br />

solidement entre la force des bras de ceux qui venaient l’interroger. La raison en était que<br />

Protée pour se défendre de ce don se métamorphosait en figures terribles (lion, sanglier,<br />

dragon, léopard) ou en matières non préhensibles (eau, feu). Protée n’est pas seulement un<br />

être de métamorphoses, il est celui par qui la pensée n’arrive que contrainte et forcée par le<br />

sensible. Protée [passe, passera] la muraille en y laissant toujours la trace de son passage,<br />

de sa métamorphose. Mur vivant, insaisissable. Entité duelle : impossible de retenir ce mur<br />

débordant et débordé, clé des secrets, impossible corps à contenir jusqu’au moment où le<br />

sensible surgit et où l’on embrasse les oeuvres dans un ensemble comme un corps dans<br />

nos bras. Protée [passe, passera] où on ne l’attend pas.<br />

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ISABELLE SURET<br />

Bottes de trois lieues par <strong>Isabelle</strong> Girettes<br />

Loin des contes à dormir debout, on rêve éveillé et on se pince pour être sûr que tout<br />

cela existe.<br />

Conte, comptine, décompte, compte à rebours. Tous ces ingrédients sont présents<br />

dans le travail de Julie Legrand et pourtant il ne s’agit pas de recette. Son travail est le fruit<br />

d’une confection minutieuse où l’infra-mince prend des allures titanesques.<br />

Organisme, métabolisme, métamorphisme : si les -ismes renvoient à l’idée de la<br />

règle, à l’instar d’une application logique et systématique d’objets et matériaux en mutation,<br />

leur état évolutif résonne sur fond de métaphysique. En effet, les pièces de l’artiste<br />

proposent moins leur propre métamorphose matérielle que l’image d’une réalité déplacée. La<br />

nature intrinsèque des substances visibles devient matière à mise en scène d’une activité<br />

humaine aux consonances démesurées et fantastiques. Et l’artiste s’y attelle et s’y mesure.<br />

Alors, l’expérience <strong>artistique</strong> rencontre celle du laboureur qui ouvre et retourne la matière<br />

(Digue) et celle des minimalistes quand il s’agit de se jouer des statures des objets affrontés<br />

à l’individu (Internat ). Et si le processus s’affranchit des obstacles concrets, il donne envie<br />

de franchir le pas d’une rencontre impressionnante.<br />

Le partage de l‘expérience s’opère par la sensation du danger suggéré par l’envahissement<br />

potentiel des plumes ou celle du verre, par la chute probable des corps matériels et par la<br />

correction sensorielle et kinesthésique des espaces.<br />

La question du danger est propre au fondement des contes. «Pour qu’il y ait conte de<br />

fée, il faut qu’il y ait menace dirigée contre l’existence physique du héros» dit Bruno<br />

Bettelheim dans Psychanalyse du conte de fée. Les signes d’avertissement dans les<br />

oeuvres de Julie Legrand prennent la forme de coulées, de poids, d’équilibre fragile, d’usure,<br />

d’inversion de situation qui mettent en péril l’existence même des oeuvres et bien sûr de leur<br />

éxécutant. Comment ne pas craindre l’ensevelissement possible sous les 75 kg de confettis<br />

d’Administrative Panique, les coupures latentes des verres qui se déversent d’Echappée<br />

belle, les frottements et les contacts tremblants avec le mobilier simplement empilé<br />

d’Internat, ou les plumes en suspension tragico-magique de Chappe de plomb. L’architecture<br />

peut s’écrouler si on s’avise de déplacer le bureau de In and out 2. Bureau-pilier, bureausocle,<br />

bureau-fondement, bureau déviant.<br />

Pourtant l’artiste résiste au monde des «grands» par des subterfuges propres à sa<br />

dimension, comme le Petit Poucet franchit les obstacles de sa perdition dans la forêt ou de<br />

sa rencontre avec l’Ogre. Elle déjoue la question du temps qui n’a plus de mesure pour<br />

assembler des milliers de plumes, coller des confettis un à un, et décortiquer patiemment la<br />

toile de ses espadrilles. Elle défie les lois de la pesanteur quand elle installe et déverse des<br />

milliers de bouteilles, entasse des meubles trop lourds à porter. La fourmi a rejoint le titan.<br />

Par ce dépassement de soi, les limites physiques reculent et la mise en scène<br />

transfigure une condition humaine forcément fragile. De Platon à Nietzsche, la philosophie<br />

interroge la question du mythe dans sa capacité à recomposer un idéal aux images<br />

déstabilisantes ou au contraire rassurantes.<br />

Devinette : de quel côté se situe la pratique de Julie Legrand?<br />

Les confettis pris à contre-pied de leur aspect festif, les cheveux anonymes évoquant<br />

la maladie ou la beauté, les bouteilles vides de leur contenu mais qui remplissent l’espace<br />

sont autant d’éléments qui pourraient rejoindre la liste non-exhaustive des petites<br />

mythologies de Roland Barthes. De l’individuel au collectif, le soubassement réflexif de la<br />

démarche de Julie Legrand prend appui sur une pratique de l’objet atomisé, mais repose sur<br />

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ISABELLE SURET<br />

un glissement sémantique : de la particule au particulier, composant au décomposé, c’est<br />

une histoire commune qui se trame sous nos yeux.<br />

L’artiste en découd donc avec la matière des objets, et affronte une difficulté<br />

technique qui frôle l’acharnement. Le triomphe matériel n’occulte cependant pas la peur de<br />

la mort. Eloquence du titre de l’exposition que l’on peut fredonner en osant parfois aller<br />

jusqu’au bout : « passe, passera, la dernièreu, la dernièèèreuuuuu.....» Les travaux de Julie<br />

Legrand sont éloignés malgré tout de toute connotation religieuse. Ils restent tout de même<br />

empreints d’un sérieux qui frôle le tragique et s’accoquinent en même temps avec la légèreté<br />

apparente des contes car on s’amuse, à les regarder. Et les images, ici, parlent d’ellesmêmes<br />

comme dans les légendes. Comment ne pas penser à Icare ou Hermès en face des<br />

ailes de tissu détérioré des espadrilles de Sortie de corps ? Et pourtant le contact terrestre<br />

marqué par les empreintes des pieds nus dans les espadrilles, la faible épaisseur des<br />

semelles se fondant dans le sol sont les signes d’une condition humaine contrebalancée par<br />

l’échappée de la fenêtre qui ouvre la cage des tracés prolongeant le papier peint de la<br />

chambre. Ces lignes convergent au plafond en un point de fuite, stigmate de l’accrochage<br />

d’une épée de Damoclès invisible.<br />

Sans aucun doute plus proches des fables extraites d’un fondement personnel, les<br />

récits évoqués par les oeuvres de l’artiste emploient l’artifice et le leurre, comme un miroir<br />

aux alouettes inversé. Pas question de séduire pour séduire, mais osciller entre charme et<br />

maléfice, ingrédients fondamentaux d’une magie maîtrisée. Et faire réagir. En déroutant tout<br />

simplement. Et l’absurde, en regard de notre réalité physique, est un paramètre essentiel de<br />

la démarche de Julie Legrand. Le corps en pâte à modeler qui se délasse, les plumes au<br />

plafond, le mur qui sort de lui-même, le pilier qui repose sur si peu de chose...<br />

En immisçant le doute par la confrontation des composants et leur traitement, le<br />

corps des oeuvres engage une partie dont la disparition est l’enjeu.<br />

Disparition, absence, vide.<br />

Le vide est parfois plus essentiel que la matière elle-même, quand celle-ci engage<br />

l’espace retenu ou investi. Paradoxe des éléments étroitement liés comme dans un filet de<br />

pêcheur : qu’est-ce qui est plus le important? Les trous ou les noeuds? Question de Julian<br />

Barnes dans Le perroquet de Flaubert. Qui fait sourire et dérange. La matière joue avec le<br />

vide. Le vide n’échappe plus à la perception. Il devient l’essence qui met en route le moteur<br />

de la réflexion. La métaphore fait image aussi. La substance invisible de Sortie de corps<br />

remplit la chambre.<br />

Le corps s’est volatilisé.<br />

Être ici et ailleurs en même temps.<br />

Bon voyage, Julie.<br />

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ISABELLE SURET<br />

Petite et Grande Envolée<br />

2007<br />

Tubes de verre soufflés, incrustés dans des luminaires néon, 80 x 80 x 75 cm<br />

Vue de l!exposition Julie Legrand met la Manu en ébullition, Théâtre de la Manufacture, St<br />

Quentin en Yvelines<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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ISABELLE SURET<br />

Grande Envolée<br />

2008<br />

Plexiglas et matériaux divers.<br />

Vue de l!exposition « l!Art et la mode »,<br />

Vitrine des <strong>Galerie</strong>s Lafayette, Paris.<br />

Coproduction « Les Prairies de Paris ».<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Rose<br />

Gisant<br />

2007<br />

Fil à coudre polyester sur parallélépipède en miroir, 1,90 x 0,82 m<br />

Coproduction château d’Ô, Domaine d’art du Conseil Général de l’Hérault, Montpellier<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Rose V<br />

Gisant<br />

2008<br />

Fil à coudre polyester sur parallélépipède en miroir, 1,90 x 0,82 m<br />

Vue de l’exposition Subtil Textile, la <strong>Galerie</strong> des <strong>Galerie</strong>s, <strong>Galerie</strong>s Lafayette, Paris<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Rose IV<br />

Gisant<br />

2007<br />

Fil à coudre polyester sur parallélépipède en miroir, 1,90 x 0,82 m<br />

Vue de l’atelier du boulevard Brune, Paris 14 e<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

www.antonweller.com


GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Tralalarme (vue d’ensemble et détail)<br />

2007<br />

Installation autonome in situ<br />

Gouttes transparentes de verre filé en pyrex et en cristal, de 8 à 3 cm de long environ<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Projections croisées I<br />

2007<br />

Aiguilles à coudre, fil de pêche 35 centième jaune fluo, cimaises.<br />

Vue de l!exposition Projections croisées I, château de Saint-Ouen<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Projections croisées I<br />

2007<br />

Détail des aiguilles à coudre d!arrivée, plantées dans les cimaises, et du fil de pêche<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Chut<br />

2007<br />

Bois, peinture prolongeant les cimaises d’origine,<br />

dimensions variables<br />

Vue de l’exposition Tendre, Carte Blanche à Julie<br />

Legrand au Château de Saint-Ouen<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Chut<br />

2007<br />

Bois, peinture prolongeant les cimaises d’origine, dimensions variables<br />

Vue de l’exposition Tendre, Carte Blanche à Julie Legrand au Château de Saint-Ouen<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Solipsisme<br />

2006<br />

Branche d’épineux et câble électrique<br />

<strong>Galerie</strong> dÔ, Conseil Général de l’Hérault et galerie <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Solipsisme (détail)<br />

2006<br />

Branche d’épineux et câble électrique<br />

<strong>Galerie</strong> dÔ, Conseil Général de l’Hérault et galerie <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, Paris<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Les Liens coupés<br />

2005<br />

Liens de plastiques servant à sertir les caisses de marchandises, lit, chambre<br />

Diamètre : 2 m<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

<strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong><br />

Les Liens coupés (détails)<br />

2005<br />

Liens de plastiques servant à sertir les caisses de<br />

marchandises, lit, chambre<br />

Diamètre : 2 m<br />

<strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong><br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Qu!on leur coupe la tête !<br />

2005<br />

Installation in situ, <strong>Galerie</strong> <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong>, 5 rue des Ursulines, Paris.<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Retour aux sources (vue d’ensemble et détails)<br />

2004<br />

Silicone coloré sortant des trous laissés par l’accrochage de l’exposition précédente<br />

Résidence de Montflaquin, association Pollen<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Sans titre<br />

2004<br />

Silicone et colorant<br />

Atelier-galerie Absence de marquage<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Sans titre (détails)<br />

2004<br />

Silicone et colorant<br />

Atelier-galerie Absence de marquage<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Chappe de plomb<br />

2001<br />

Plumes de pigeon et structure. 500 x 500 cm<br />

CAC Cimaise et Portique, Albi<br />

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ISABELLE SURET<br />

Sortie de corps<br />

2001<br />

Dessin au crayon de couleur continuant au plafond les rayures du papier peint mural ;<br />

espadrilles dé-tissées au sol<br />

CAC Cimaise et Portique, Albi<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

Sans titre<br />

2000-2004<br />

Série de photographies retravaillées aux stylos bic gel irisé<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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GALERIE ANTON WELLER<br />

ISABELLE SURET<br />

« Julie Legrand à la galerie <strong>Anton</strong> <strong>Weller</strong> », Alexandra Fau, Archistorm n°16, 2005<br />

9 rue Christine 75006 Paris<br />

+33(0)1 43 54 56 32 – info@anton-weller.com<br />

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