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Je me souviens… - Mennonite Central Committee Canada

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<strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens…<br />

Dimanche de la Paix 2010<br />

Comité<br />

central<br />

<strong>me</strong>nnonite<br />

®


À propos du thè<strong>me</strong>, <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens!<br />

L’année 2010 vient de marquer le 65è<strong>me</strong> anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale dont le bilan est extrê<strong>me</strong><strong>me</strong>nt<br />

lourd : pertes en vies humaines et potentiel économique quasi détruit. Ce conflit militaire global a impliqué une cinquantaine<br />

de pays. Les estimations du nombre total de morts sont de 40 millions de civils et 20 millions de soldats. Pour la première<br />

fois dans l’histoire, l’ar<strong>me</strong> atomique a été utilisée.<br />

La fin de la Deuxiè<strong>me</strong> Guerre mondiale avait ouvert la voie à un nouvel espoir, qui s’est concrétisé par la création de<br />

l’Organisation des Nations Unies. Celle-ci fut fondée sur l’engage<strong>me</strong>nt de préserver les générations futures du fléau de la<br />

guerre et destinée à garantir la paix et la sécurité dans le monde afin que des affronte<strong>me</strong>nts com<strong>me</strong> la Première et la Seconde<br />

Guerres mondiales ne se reproduisent plus jamais.<br />

«Se souvenir du passé, pour mieux préparer l’avenir», a insisté le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans<br />

son intervention devant l’Assemblée générale de l’ONU le 7 mai dernier à New York où les États <strong>me</strong>mbres ont rendu un<br />

hommage solennel aux victi<strong>me</strong>s tant militaires que civiles. C’est aussi dans la mê<strong>me</strong> logique du souvenir que nous avons<br />

choisi le thè<strong>me</strong> de «JE ME SOUVIENS» pour célébrer le dimanche de la paix 2010.<br />

En effet, <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens est une courte phrase large<strong>me</strong>nt utilisée et désignée qui figure sur les plaques d’immatriculation de la<br />

province de Québec depuis 1978. Depuis des décennies, ces trois mots sont gravés au fronton des monu<strong>me</strong>nts et des édifices<br />

publics com<strong>me</strong> la devise de la Belle Province. Nous nous som<strong>me</strong>s inspirés du <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens pour la simple raison que nous<br />

le trouvons ouvert, il ne peut pas être lié à un souvenir particulier et, surtout, il ne comporte pas de juge<strong>me</strong>nt de valeur.<br />

Imaginé par Eugène-Étienne Taché, dont les raisons profondes, les circonstances, la nature, la signification et les intentions<br />

de cette formulation ne font pas l’objet de question dans le présent docu<strong>me</strong>nt, <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens n’a pas de complé<strong>me</strong>nt précis.<br />

Il apparaît com<strong>me</strong> une invitation à se souvenir que chacun peut interpréter à sa guise et en toute liberté, raison pour laquelle<br />

plusieurs auteurs donnent d’ailleurs à <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens diverses interprétations dont, avouons-le, le senti<strong>me</strong>nt nostalgique ou<br />

encore le senti<strong>me</strong>nt revanchard qu’on lui associe parfois.<br />

<strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens comporte un caractère qui peut évoquer si éloquem<strong>me</strong>nt en trois mots, le passé com<strong>me</strong> le présent et le futur.<br />

Oui, nous devons « nous souvenir du passé et de ses leçons, du passé et de ses tragédies, du passé et de ses espoirs perdus».<br />

Alors que nous dénonçons les idéologies basées sur la haine, l’intolérance, le racis<strong>me</strong> et l’antisémitis<strong>me</strong> et plus générale<strong>me</strong>nt<br />

contre toutes les for<strong>me</strong>s d’exclusion, le devoir de mémoire nous place devant l’obligation de nous rappeler qu’il existe<br />

toujours des dizaines d’autres conflits armés qui continuent d’ensanglanter la planète et que les populations civiles en paient<br />

toujours le plus lourd tribut.<br />

En célébrant le dimanche de la paix 2010, nous voudrions, en tant que communauté humaine, insister sur notre devoir de<br />

mémoire d’honorer les victi<strong>me</strong>s des diverses tragédies et faire en sorte qu’elles n’aient pas donné leurs vies en vain. <strong>Je</strong> <strong>me</strong><br />

souviens est donc porteur d’un <strong>me</strong>ssage de solidarité envers les hom<strong>me</strong>s, les fem<strong>me</strong>s et les enfants de partout dans le monde<br />

qui sont victi<strong>me</strong>s de barbarie. Cette année nous avons eu à cœur de porter un regard particulier aux groupes frappés de<br />

plein fouet par la violence arbitraire et qui endurent de grandes souffrances. Il s’agit, entre autres, des réfugiés de guerre, des<br />

enfants orphelins de la guerre, des fem<strong>me</strong>s et jeunes filles violées et abusées sexuelle<strong>me</strong>nt pendant les conflits, des populations<br />

émotionnelle<strong>me</strong>nt traumatisées par des luttes armées, des familles séparées par la guerre, des populations affamées à cause de<br />

la guerre ainsi que de tous ceux qui ont perdu l’espoir en un monde de justice et de paix.<br />

Som<strong>me</strong> toute, les commémorations sont des mo<strong>me</strong>nts privilégiés, non en ce qu’elles renseignent sur l’histoire; mais surtout,<br />

en ce qu’elles manifestent forte<strong>me</strong>nt à la face du monde la façon dont le passé est perçu et les usages de ce passé. Un acte de<br />

souvenir est un acte d’honneur envers ceux qui subissent ou qui portent en eux les stigmates de la guerre; mais aussi un acte<br />

d’honneur envers ceux qui luttent contre le militaris<strong>me</strong> et le bellicis<strong>me</strong>. Alors que les Églises et artisans de la paix s’unissent<br />

dans la prière, l’action éducative et le plaidoyer pour la paix dans le monde dans l’esprit de Jésus-Christ, gardons vivant<br />

notre idéal de faire du monde un lieu bien <strong>me</strong>illeur à vivre. Bon dimanche de la paix 2010!<br />

<strong>Je</strong>an-Calvin KM Kitata<br />

Coordonnateur du program<strong>me</strong> Justice et Paix<br />

MCC Québec<br />

1


Textes proposés pour le service<br />

1. Prière<br />

La suite été écrite par Muriel Queval.<br />

Seigneur, tu te souviens<br />

Seigneur, toi le Dieu Créateur de la mémoire et de l’histoire…<br />

Tu te souviens… d’un jardin…<br />

Nous, les êtres humains, nous nous souvenons de ce lieu commun…<br />

Nous y avions été placés pour y vivre en toute quiétude… en toute liberté…<br />

Nous n’avons pas tenu compte de la seule restriction qui nous ait été donnée…<br />

Depuis nous errons, nous tenant à la porte, tout contre la porte…<br />

Dans l’espoir de la voir s’ouvrir, pour ne plus jamais se refer<strong>me</strong>r.<br />

Seigneur, nous nous souvenons des conséquences…<br />

Et du prix qu’il t’a fallu payer…<br />

Loin de nous abandonner, tu as ainsi pris part à notre tragédie<br />

Seigneur, toi le Dieu Sauveur de la race humaine…<br />

Tu te souviens… De notre condition… Des guerres et des combats… de l’injustice<br />

et de la haine…<br />

Seigneur, toi le Dieu compatissant…<br />

Tu te souviens… De cet enfant blessé qui a perdu la faculté de rire et de jouer…<br />

Tu te souviens de ce jeune hom<strong>me</strong> enrôlé de force dans l’armée<br />

Tu te souviens de cette fem<strong>me</strong> humiliée<br />

Tu te souviens de ces familles séparées, déplacées, affamées, traumatisées en quête<br />

de liberté<br />

Seigneur, toi le Dieu Rédempteur…<br />

Donne-nous la faculté de savoir tirer des leçons du passé<br />

Que nous sachions bâtir un avenir <strong>me</strong>illeur<br />

Donne-nous de savoir éradiquer la violence<br />

Et que dans un élan de solidarité<br />

nous nous reconnaissions frères et sœurs sur un mê<strong>me</strong> pied d’égalité<br />

Toi, Seigneur Dieu … Tu te souviens… Combien tu nous ai<strong>me</strong>s…<br />

Que nous sachions nous en souvenir aussi…<br />

Donne-nous de revenir vers toi et de vivre de ta paix.<br />

Paix que tu as toujours voulu nous accorder si généreuse<strong>me</strong>nt<br />

Garde-nous de l’indifférence ou pire… de la cruauté…<br />

Fais de nous, ton peuple racheté, des artisans de paix…<br />

Que partout, dans le monde, nous répandions cette bonne Nouvelle : Christ est<br />

ressuscité, l’espoir nous est redonné<br />

Et qu’à l’unisson, tous ensemble, des quatre coins de l’horizon, à l’exemple de<br />

Jésus,<br />

Ton fils bien-aimé, nous puissions dire d’un mê<strong>me</strong> cœur :<br />

Notre Père, toi qui es aux cieux,<br />

Que ton nom soit respecté.<br />

Que ton règne s’établisse<br />

et que ta volonté s’accomplisse<br />

sur la terre,<br />

com<strong>me</strong> elle s’accomplit dans le ciel.<br />

Donne-nous aujourd’hui la nourriture<br />

dont nous avons besoin.<br />

Pardonne-nous nos torts envers toi,<br />

com<strong>me</strong> nous avons nous-mê<strong>me</strong>s pardonné<br />

à ceux qui avaient des torts envers nous.<br />

Et ne nous sou<strong>me</strong>ts pas à l’épreuve,<br />

mais au contraire, délivre-nous du Tentateur.<br />

Car c’est à toi qu’appartiennent pour toujours<br />

le règne, la puissance et la gloire.<br />

A<strong>me</strong>n. (Parole vivante)<br />

Le rétablisse<strong>me</strong>nt de la paix<br />

repose sur le fait que nous<br />

som<strong>me</strong>s tous enfants de Dieu,<br />

tous frères et sœurs égaux au<br />

mê<strong>me</strong> titre, tous fils et filles de<br />

Dieu. De cette vision du monde<br />

et de cette perspective découlent<br />

tous nos gestes en faveur de la<br />

paix et de la justice. Se souvenir<br />

de notre filiation constitue la<br />

pierre angulaire de notre identité<br />

et de nos actions subséquentes.<br />

Nous pouvons ainsi nous tourner<br />

constam<strong>me</strong>nt vers Dieu, Lui<br />

per<strong>me</strong>ttre de désar<strong>me</strong>r notre<br />

cœur et d’accepter la paix<br />

intérieure qu’Il nous offre.<br />

Ce faisant, nous devenons de plus<br />

en plus confor<strong>me</strong>s à ce que nous<br />

som<strong>me</strong>s déjà : les fils et filles<br />

bien-aimés de Dieu. Le réaliser<br />

jour après jour nous per<strong>me</strong>t de<br />

vivre dans l’esprit de Dieu et<br />

de sentir à chaque instant la<br />

présence active de Dieu en nous,<br />

dans la famille humaine, dans le<br />

monde entier.<br />

En nous rappelant qui nous<br />

som<strong>me</strong>s, nous réalisons que nous<br />

ne pourrions jamais faire du mal<br />

et encore moins tuer quelqu’un.<br />

Nous ne pourrions jamais faire<br />

la guerre, rester indifférent<br />

alors que la famine déci<strong>me</strong> des<br />

millions de gens ou participer à la<br />

violence systémique qui conduit<br />

2


2. Lecture bibliques<br />

Zacharie 8:4-5, 12, 16-17<br />

Michée 6:8<br />

Matthieu 5:8-10<br />

3. Suggestion de prédication<br />

La suite été écrite par Claude Queval.<br />

Tout com<strong>me</strong> nous, Zacharie, Michée, et Jésus vivaient dans un monde violent<br />

et injuste. Les décisions politiques des dirigeants, motivées par des facteurs<br />

divers, qu’ils soient économiques, idéologiques ou autre ont eu de tous temps des<br />

répercussions dévastatrices sur les populations civiles et en particulier sur leurs<br />

<strong>me</strong>mbres les plus vulnérables.<br />

Zacharie et d’autres prophètes à sa suite nous invitent à rêver d’un monde<br />

<strong>me</strong>illeur où les <strong>me</strong>mbres de la communauté pourront jouir d’un « Shalom » qui<br />

est plus, dans la compréhension du peuple juif de l’Ancien Testa<strong>me</strong>nt, qu’une<br />

absence de conflits. Une vraie paix dans la cité, en som<strong>me</strong>, où chacun peut aller<br />

et venir libre<strong>me</strong>nt sans peur d’être agressé ni violenté et où chacun est traité avec<br />

respect, bienveillance et dignité. Une société où chacun a accès aux ressources<br />

nécessaires à sa subsistance (Zacharie 8 :12). Une société où les plus âgés com<strong>me</strong><br />

les plus jeunes goûtent ensemble le cal<strong>me</strong> et la stabilité qui leur donnent accès<br />

au rire, au jeu et à la fête, important élé<strong>me</strong>nt de l’équilibre humain (Zacharie 8 :<br />

4-5).<br />

à la pauvreté et à la course aux<br />

ar<strong>me</strong><strong>me</strong>nts. Ce souvenir constant<br />

de l’unité de toute vie nous<br />

appelle à renoncer à la violence,<br />

mê<strong>me</strong> si la cause nous en parait<br />

noble.<br />

– John Dear, Disarming the Heart:<br />

Toward a Vow of Nonviolence,<br />

revised edition (Waterloo, ON:<br />

Herald Press, 1993)<br />

Cette vision n’a pourtant rien de romantique ni de magique. Zacharie, tout<br />

com<strong>me</strong> Michée et Jésus invitent à l’action. « Voici ce que vous devez faire.»<br />

La béatitude de Matthieu ne dit pas de vivre en paix mais de faire la paix. Dans<br />

ce sens, on pourrait considérer les « artisans de paix » com<strong>me</strong> des « pacificateurs<br />

». Mais les pacificateurs sont des gens qui ont un certain pouvoir pour imposer<br />

aux autres de vivre dans la paix. Au temps de Jésus, le monde romain vivait en<br />

paix (c’est ce qu’on appelle la pax romana, la paix romaine) parce que quelques<br />

décennies auparavant l’empereur Auguste l’avait imposée par la force des ar<strong>me</strong>s.<br />

L’artisan de paix ou le « travailleur de la paix », pourrait-on dire, dispose bien<br />

souvent de peu de moyens autre que son engage<strong>me</strong>nt, sa présence aimante auprès<br />

de ceux qui souffrent, auprès des victi<strong>me</strong>s. Il se tient « debout avec », ce qui<br />

amène le plus naturelle<strong>me</strong>nt qui soit à la prochaine béatitude : « Persécuté pour la<br />

justice… »<br />

L’artisan de paix qui favorise la réconciliation entre les gens se modèle lui-mê<strong>me</strong><br />

sur Dieu qui réalise par Jésus la paix entre les hom<strong>me</strong>s. C’est une démarche<br />

quotidienne et humble (Michée 6 : 8) « Au nom du Christ ».<br />

Questions pour accompagner le <strong>me</strong>ssage:<br />

Faites un inventaire des solutions, des interventions et des moyens proposés par la<br />

société en général pour établir la paix ou la maintenir, et répondre à la souffrance<br />

des victi<strong>me</strong>s. Qu’en pensez-vous?<br />

Quel est le degré d’efficacité de chacune de ces réponses?<br />

A votre niveau, de quelle manière contribuez-vous à redonner aux victi<strong>me</strong>s des<br />

conflits leur capacité d’espérer, de rire et jouer?<br />

Dans quelle <strong>me</strong>sure votre style de vie favorise-t-il la paix (selon la définition du «<br />

Shalom ») dans votre environne<strong>me</strong>nt immédiat et dans le monde?<br />

Dans quelle <strong>me</strong>sure avez-vous trouvé le rôle d’artisan de paix exigeant?<br />

Dans quelle <strong>me</strong>sure avez-vous trouvé votre rôle d’artisan de paix gratifiant?<br />

3


4. Histoires pour enfants<br />

La suite été écrite par Muriel Queval.<br />

Option A : 2 Rois 5, 2<br />

Contexte historique<br />

Lors d’une incursion de l’armée ennemie dans son pays, cette petite fille, jeune fille selon d’autres écrits, est capturée et<br />

déportée. Dans un pays étranger, elle se retrouve au service d’une fem<strong>me</strong>, dont le mari, Naaman, général en chef de l’armée<br />

(qui a em<strong>me</strong>née captive cette jeune fille,) est très malade. Il a la lèpre. Une maladie pour laquelle, à l’époque, il n’y avait<br />

aucun remède. Pour ne pas contaminer les autres, cet hom<strong>me</strong> doit se tenir loin de chacun. Il doit vivre isolé et reclus.<br />

Cette jeune fille esclave se souvient que dans son pays d’origine, il y a un hom<strong>me</strong>, Élisée, qui pourrait apporter la guérison à<br />

son maître. N’écoutant que son grand cœur, sans considération pour tout le mal qui lui a été donné de vivre, elle en parle à<br />

sa maîtresse.<br />

Ce général ira rendre visite à ce prophète et rentrera guéri.<br />

Elle aurait pu garder cette information pour elle et jamais Naaman n’aurait été guéri. Elle a préféré la partager. Cette jeune<br />

fille se souvient du principe de bénir ses ennemis et faire du bien à ceux qui nous persécutent.<br />

Récit romancé<br />

Mê<strong>me</strong> si je suis encore très jeune, je suis toujours bien occupée. Pas de place pour le jeu ou les distractions com<strong>me</strong> pour les<br />

autres jeunes de mon âge. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> dois de travailler. <strong>Je</strong> suis au service de ma maîtresse. Gare à moi si je ne lui obéis pas en tous<br />

points. <strong>Je</strong> dois <strong>me</strong> lever tôt pour aller chercher de l’eau fraîche et puis le bois pour le feu, préparer le déjeuner, prendre soin<br />

des vête<strong>me</strong>nts et des bijoux de ma maîtresse, lui apporter ses onguents, lui faire couler son bain, veiller à ce que tout soit en<br />

place, etc. etc. C’est com<strong>me</strong> ça toute la journée et c’est bien épuisée que je <strong>me</strong> couche tard le soir pour recom<strong>me</strong>ncer la mê<strong>me</strong><br />

routine le lendemain.<br />

Quand il m’arrive d’avoir quelques minutes, je dis bien quelques minutes de repos, je rêve à mon pays. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens de <strong>me</strong>s<br />

parents, <strong>me</strong>s frères et <strong>me</strong>s sœurs, <strong>me</strong>s amis. Oh com<strong>me</strong> ils <strong>me</strong> manquent! Com<strong>me</strong> j’ai<strong>me</strong>rais les revoir. Les serrer dans <strong>me</strong>s<br />

bras. Savent-ils au moins que je suis vivante? Rien que d’y penser j’en ai les lar<strong>me</strong>s aux yeux. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des confiseries<br />

que maman nous préparait en cachette et des blagues de mon frère; je <strong>me</strong> souviens des rigolades autour de la table; je <strong>me</strong><br />

souviens des récits que papa nous faisait à la veillée; je <strong>me</strong> souviens de la célébration des fêtes en famille avec <strong>me</strong>s tantes, <strong>me</strong>s<br />

oncles et <strong>me</strong>s cousins et la montée au temple chaque année avec tous ces chants de louange à notre Dieu que nous entonnions<br />

en chœur.<br />

Et puis il y eut ce jour sombre où la guerre est arrivée dans notre village. <strong>Je</strong> préfère ne plus penser aux détails bien que<br />

souvent, la nuit, ils viennent habiter <strong>me</strong>s rêves au point de <strong>me</strong> réveiller prématuré<strong>me</strong>nt en <strong>me</strong> laissant tremblante de peur. <strong>Je</strong><br />

<strong>me</strong> souviens d’avoir été capturée et em<strong>me</strong>née de force. Nous avons dû marcher pendant des jours et des jours sans presque<br />

rien manger et boire. Il faisait si chaud…<br />

Mon maître Naaman, le mari de ma maîtresse, a été très malade. C’est le général en chef de l’armée qui a attaqué mon pays.<br />

Il avait la lèpre. Une maladie pour laquelle il n’y a pas de remède. Et com<strong>me</strong> il était contagieux, il devait se tenir loin de tous.<br />

Il avait des plaies sur les mains, sur les pieds, sur le visage, qui ne guérissaient pas. Avec le temps cette maladie l’aurait fait<br />

mourir. Tout le monde en était bien triste ici.<br />

Alors j’ai pris mon courage à deux mains, je suis allée voir ma maîtresse et je lui ai dit à peu près ceci : « <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens<br />

que dans mon pays, il y a un hom<strong>me</strong>, Élisée, un prophète, un hom<strong>me</strong> de Dieu com<strong>me</strong> on dit chez nous. Lui seul pourrait<br />

apporter la guérison à notre maître Naaman. » Elle m’a écouté. Son mari est allé dans mon pays (oh! Mon pays!) voir cet<br />

hom<strong>me</strong> et il en est revenu guéri.<br />

<strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens que papa et maman m’ont appris à ne pas rendre le mal pour le mal mais plutôt de bénir <strong>me</strong>s ennemis et de<br />

leur faire du bien.<br />

Pensées<br />

Se souvenir que peu importe la situation dans laquelle on se trouve, il y a toujours possibilité de faire du bien et d’être des<br />

artisans de paix.<br />

4


Option B: 2 Samuel 4:4, 2 Samuel 9<br />

Contexte historique<br />

Il n’avait que cinq ans quand soudain toute sa vie a basculé. En une seule<br />

échauffourée, il perd son père, son grand-père et ses deux oncles à la guerre. Un<br />

peu plus tard, conséquence d’un acte violent résultant de ce mê<strong>me</strong> événe<strong>me</strong>nt, il<br />

perdra le dernier <strong>me</strong>mbre de sa famille.<br />

En apprenant la nouvelle, pensant avec raison la vie de Mephibocheth <strong>me</strong>nacée,<br />

dans sa précipitation pour fuir et <strong>me</strong>ttre à l’abri cet enfant, sa nourrice le fait<br />

tomber. Ce qui a pour conséquences de le laisser estropié des deux jambes.<br />

Mephibocheth vivra caché pendant de nombreuses années, craignant toujours<br />

pour sa vie. Croyant personnelle<strong>me</strong>nt qu’il n’a pas plus de valeur qu’un chien<br />

mort.<br />

Quand David, le roi en place, va le faire chercher et l’a<strong>me</strong>ner à la cour royale,<br />

Mephibocheth, a de nouveau toutes les raisons de craindre pour sa vie.<br />

Pourtant, David veut honorer la pro<strong>me</strong>sse qu’il a faite à Jonathan, le père de<br />

Mephibocheth. Il prendra donc son fils sous sa protection, le fera manger à sa<br />

table et lui restituera tous les biens de ses pères. Mephibocheth pourra enfin vivre<br />

en paix.<br />

Se souvenir qu’on peut utiliser son<br />

pouvoir pour faire du bien, pour<br />

libérer, pour bénir et redonner la<br />

joie à ceux qui l’ont perdue. Se<br />

souvenir qu’on peut utiliser ses<br />

capacités pour être des artisans<br />

de paix.<br />

David se souvient :<br />

• qu’une pro<strong>me</strong>sse se doit d’être honorée;<br />

• qu’un roi peut utiliser son pouvoir pour faire du bien, libérer, restituer,<br />

apporter la paix. (Il a tant souffert lui-mê<strong>me</strong> d’avoir à fuir à maintes et<br />

maintes reprises et vivre caché pour sauver sa vie, qu’il peut comprendre<br />

la situation.)<br />

Récit romancé<br />

Assis à l’ombre sur la terrasse, <strong>me</strong>s béquilles tout près de moi, j’observe les<br />

enfants qui jouent, courent, crient et rient en contrebas. Leurs joyeux ébats <strong>me</strong><br />

rappellent cruelle<strong>me</strong>nt que je n’ai jamais eu ce bonheur d’être libre et de courir à<br />

ma guise.<br />

<strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens : C’est arrivé quand j’avais cinq ans. En un seul jour, mon père,<br />

mon grand-père et <strong>me</strong>s deux oncles ont été tués à la guerre. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> suis donc<br />

retrouvé orphelin. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> suis aussi retrouvé handicapé parce que ma nourrice,<br />

fuyant avec moi dans ses bras pour <strong>me</strong> protéger, m’a laissé tomber par accident,<br />

ce qui a eu pour conséquences de <strong>me</strong> laisser estropié des deux jambes. Il faut dire<br />

que dans ce temps là, quand un roi venait à perdre son trône, on exterminait<br />

souvent tous les <strong>me</strong>mbres de sa famille pour être bien sûr que personne de<br />

proche ne lui succède. C’est pour cette raison que mon oncle, qui lui, n’était pas<br />

à la guerre ce jour-là, a été assassiné un peu plus tard dans son lit. <strong>Je</strong> suis donc<br />

le seul survivant de ma famille et c’est pour cela que je suis resté caché, vivant<br />

constam<strong>me</strong>nt dans la peur qu’on <strong>me</strong> découvre, jusqu’au jour où le nouveau roi,<br />

David, ayant appris mon existence, m’a convoqué au palais royal. Pendant le<br />

voyage, des tas de questions et d’émotions <strong>me</strong> perturbaient. Mê<strong>me</strong> si je n’avais<br />

jamais voulu faire de politique ou revendiquer quoi que ce soit. Mê<strong>me</strong> si je<br />

ne désirais en rien <strong>me</strong>ttre en place un complot pour faire valoir <strong>me</strong>s droits, je<br />

de<strong>me</strong>urais, malgré mon handicap, une <strong>me</strong>nace pour la royauté. <strong>Je</strong> craignais, avec<br />

raison, d’être la prochaine victi<strong>me</strong>.<br />

Quand on m’a a<strong>me</strong>né devant le roi, je <strong>me</strong> suis prosterné pour le saluer. J’étais<br />

secoué par des tremble<strong>me</strong>nts de peur que j’avais du mal à contrôler. On m’a aidé<br />

à <strong>me</strong> relever. Le roi a prononcé mon nom avec gentillesse et m’a affirmé que je<br />

n’avais aucune raison de craindre pour ma sécurité. Il m’a dit avec émotion: «<strong>Je</strong><br />

<strong>me</strong> souviens de ma profonde amitié avec ton père et la pro<strong>me</strong>sse que je lui ai faite<br />

5


de prendre soin des siens. <strong>Je</strong> désire agir avec bienveillance envers toi.» Il m’a invité à manger avec lui et depuis ce jour-là, je<br />

vis paisible<strong>me</strong>nt et libre<strong>me</strong>nt sous sa protection. Enfin, pour la première fois de ma vie, je suis libéré de la peur.<br />

Pensées<br />

Se souvenir qu’on peut utiliser son pouvoir pour faire du bien, pour libérer, pour bénir et redonner la joie à ceux qui l’ont<br />

perdue. Se souvenir qu’on peut utiliser ses capacités pour être des artisans de paix.<br />

6


<strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens: État des lieux de notre<br />

mémoire collective<br />

La suite été écrite par <strong>Je</strong>an-Calvin Kitata.<br />

«Plus jamais de guerre »! Voici un slogan évocateur apparu à la suite de<br />

la Première guerre mondiale qui a profondé<strong>me</strong>nt marqué les populations<br />

européennes. Entre cette <strong>me</strong>rveilleuse intention et sa mise en œuvre, la réalité est<br />

de<strong>me</strong>urée toute autre sur la planète. L’histoire nous démontre à bien des égards<br />

que l’apaise<strong>me</strong>nt généralisé que l’on avait espéré à travers l’expression «Plus<br />

jamais ça!» ou encore «Plus jamais de guerre!» est devenu un vœu pieux et vide<br />

de sens.<br />

En effet, les dépenses militaires à travers le monde n’ont jamais été aussi<br />

importantes. Malgré la crise financière qui vient de frapper la planète au cours des<br />

dernières années, au nom de la nouvelle guerre contre le terroris<strong>me</strong>, l’enveloppe<br />

consacrée aux dépenses militaires a aug<strong>me</strong>nté de 4% en un an, atteignant, en<br />

2008, le niveau record de 1 464 milliard de dollars à travers le monde. L’afflux<br />

massif d’ar<strong>me</strong>s (classiques, nucléaires et biologiques), encore ali<strong>me</strong>nté par les<br />

stocks considérables constitués pendant la guerre froide, a notam<strong>me</strong>nt ali<strong>me</strong>nté<br />

des groupuscules de toutes tendances.<br />

Malgré la crise financière qui<br />

vient de frapper la planète au<br />

cours des dernières années,<br />

au nom de la nouvelle guerre<br />

contre le terroris<strong>me</strong>, l’enveloppe<br />

consacrée aux dépenses militaires<br />

a aug<strong>me</strong>nté de 4% en un an,<br />

atteignant, en 2008, le niveau<br />

record de 1 464 milliard de dollars<br />

à travers le monde.<br />

Le com<strong>me</strong>rce des ar<strong>me</strong>s a connu une expansion gigantesque. Les ressources<br />

générées par le trafic d’ar<strong>me</strong>s sont aussi régulière<strong>me</strong>nt utilisées pour déstabiliser<br />

d’autres régions. Dans diverses parties du monde, des affronte<strong>me</strong>nts armés<br />

continuent d’infliger à l’humanité d’indicibles souffrances. Bref, l’évolution de<br />

l’ar<strong>me</strong><strong>me</strong>nt, des techniques et des stratégies s’est naturelle<strong>me</strong>nt traduite par une<br />

hausse substantielle du nombre de victi<strong>me</strong>s civiles. Globale<strong>me</strong>nt, on peut donc<br />

considérer qu’il y a aujourd’hui une multiplication des conflits et une croissance<br />

de la guerre. Plusieurs théories et expressions ont mê<strong>me</strong> été mises de l’avant pour<br />

justifier les interventions armées. Pour justifier le recours à la force, les stratèges<br />

militaires <strong>me</strong>ttent de l’avant les diverses notions et théories sur la guerre à savoir<br />

: guerre juste, guerre préventive, guerre préemptive, guerre d’agression, guerre<br />

défensive, guerres propres, frappes chirurgicales, etc. Quelle qu’elle soit et en<br />

quelque endroit qu’elle se passe, la guerre laisse dans son sillage, horreurs et<br />

désolations.<br />

Dans notre propre cour, le <strong>Canada</strong> est toujours en guerre en Afghanistan. Les<br />

efforts du gouverne<strong>me</strong>nt canadien visant à susciter un soutien public à la guerre<br />

<strong>me</strong>née en Afghanistan en invoquant entre autres l’atrocité des attentats terroristes<br />

du 11 septembre 2001 sont loin de convaincre. La plupart des canadiens n’ont<br />

jamais compris le bien-fondé de cette guerre qui s’est transformée au fil des ans<br />

en guerre contre les talibans, ces fanatiques religieux qui dirigeaient le pays et<br />

qu’on dépeint com<strong>me</strong> étant des monstres qui martyrisaient le peuple afghan,<br />

d’où la fer<strong>me</strong> détermination de les combattre en vue d’instaurer la démocratie.<br />

Malheureuse<strong>me</strong>nt, depuis le début de la mission en 2002, le nombre de soldats<br />

canadiens morts en Afghanistan a triste<strong>me</strong>nt atteint 151 le 20 juillet dernier.<br />

Par ailleurs, en marge des conflits forte<strong>me</strong>nt médiatisés et qui se déroulent<br />

sous le feu des projecteurs nationaux ou internationaux, la majorité d’entre<br />

eux s’éternisent malheureuse<strong>me</strong>nt dans l’indifférence de la communauté<br />

internationale. Pendant que l’opinion publique se concentre un temps sur un<br />

petit nombre de conflits et ignore les autres, dans plusieurs zones de désintérêt<br />

international, la population civile paie dans sa chair le tribut de la haine et de<br />

l’intolérance dans la plus totale indifférence. Les conflits civils dans ces pays du<br />

Sud ont redoublé d’intensité.<br />

7


La guerre civile qui se déroule majoritaire<strong>me</strong>nt dans les pays du Tiers Monde<br />

fait corps avec la criminalité la plus abjecte. Le nombre de victi<strong>me</strong>s provoqué<br />

par les conflits s’est accru considérable<strong>me</strong>nt. Des massacres de civils, des viols<br />

de fem<strong>me</strong>s et jeunes filles, la paupérisation des populations civiles dont les<br />

orphelins de guerre, le désespoir des réfugiés, les assassinats politiques, la torture,<br />

les traite<strong>me</strong>nts dégradants ainsi que la détention arbitraire, souvent dans des<br />

conditions d’extrê<strong>me</strong> dénue<strong>me</strong>nt, sont le lot d’innombrables victi<strong>me</strong>s dans les<br />

zones de conflits.<br />

Il convient aussi de souligner que la plupart des guerres civiles qui ravagent de<br />

vastes contrées tombées dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité la plus totale, sont<br />

livrées non pas pour satisfaire des motifs idéologiques, mais plutôt pour obtenir la<br />

maîtrise de la richesse économique d’un pays. La bénédiction de Dieu que sont les<br />

ressources minérales d’un pays devient alors une malédiction pour la population<br />

innocente. Des cri<strong>me</strong>s contre l’humanité sont commis à longueur de journée et les<br />

personnes présumées responsables de ces cri<strong>me</strong>s ne seront probable<strong>me</strong>nt jamais<br />

traduites en justice.<br />

Les causes et circonstances<br />

du déclenche<strong>me</strong>nt des guerres<br />

sont certes nombreuses,<br />

variables et parfois<br />

contradictoires. Mais les<br />

dommages des guerres ne<br />

s’arrêtent pas avec la fin<br />

des conflits.<br />

Les causes et circonstances du déclenche<strong>me</strong>nt des guerres sont certes nombreuses,<br />

variables et parfois contradictoires. Mais les dommages des guerres ne s’arrêtent<br />

pas avec la fin des conflits. Alors que les dégâts matériels semblent réparables,<br />

par contre, le coût humain ainsi que les séquelles sur les survivants perdurent<br />

après plusieurs générations, bien après que les ar<strong>me</strong>s se sont tues. Voilà pourquoi<br />

nous voulons nous attarder sur l’impact de la guerre, particulière<strong>me</strong>nt en ce qui<br />

concerne les victi<strong>me</strong>s civiles sans ar<strong>me</strong>s et sans défense.<br />

8


1. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des réfugiés de guerre.<br />

Qu’est-ce qu’un réfugié?<br />

Selon la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, «un réfugié est une personne qui, craignant avec raison d’être<br />

persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses<br />

opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se<br />

récla<strong>me</strong>r de la protection de ce pays ».<br />

Com<strong>me</strong>nt devient-on réfugié?<br />

Chaque année, des millions de personnes sont forcées de quitter leurs foyers pour échapper aux persécutions, aux conflits<br />

armés ou à des violences politiques et chercher refuge ailleurs. Au cours de l’histoire, les événe<strong>me</strong>nts guerriers, les désastres<br />

écologiques, la faim, les régi<strong>me</strong>s totalitaires, l’intolérance idéologique, les répressions et les persécutions ont contraint les<br />

gens à se déplacer pour sauvegarder leur vie ou leur liberté. Chassés de leurs terres, éloignés de leurs êtres chers, les réfugiés<br />

errant se voient accrochés à des lambeaux d’espérance, à la recherche d’un refuge pour se refaire une vie.<br />

Les réfugiés de guerre sont des personnes dépourvues de moyens de subsistance et de droits. Chargés de souffrances et<br />

d’exigences immédiates dans des situations de malheur inimaginables, avec des problè<strong>me</strong>s de tout genre, les réfugiés se<br />

retrouvent générale<strong>me</strong>nt dans une situation de grande vulnérabilité. Leur dignité et la valeur de la personne humaine<br />

sont offensées et mortifiées. Bref, les réfugiés sont les êtres les plus faibles et sans défense assujettis à une existence sombre<br />

et intolérable.<br />

Les réfugiés dans le monde<br />

Selon le rapport annuel Global Trends du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) rendu public le<br />

16 juin 2009, le nombre de personnes dans le monde contraintes de quitter leur foyer et leur pays, à la suite des conflits et<br />

des persécutions atteignait 42 millions à la fin 2008. Ce chiffre comprend 16 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile et<br />

26 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, précise le rapport. 80% des réfugiés dans le monde se<br />

trouvent dans les pays en voie de développe<strong>me</strong>nt, de mê<strong>me</strong> que la grande majorité des personnes déplacées à l’intérieur de<br />

leur propre pays.<br />

Les besoins des réfugiés<br />

Les personnes réfugiées ont besoin d’un havre de paix pour se re<strong>me</strong>ttre de leurs traumatis<strong>me</strong>s et pour que renaisse en eux<br />

l’espoir en un monde <strong>me</strong>illeur. Leur accueil est non seule<strong>me</strong>nt un devoir moral évident, mais une obligation internationale<br />

reconnue par la convention de Genève du 28 juillet 1951 ratifiée par la quasi-totalité des pays industrialisés (dont le <strong>Canada</strong>)<br />

sur le Statut de réfugié. La Journée mondiale des réfugiés est célébrée le 20 juin de chaque année.<br />

La réponse de l’Église à cette tragédie<br />

Le Pape <strong>Je</strong>an-Paul II a exhorté l’Église en ces ter<strong>me</strong>s: « Partout où un hom<strong>me</strong> souffre, là se trouve le Christ qui souffre à<br />

sa place. Partout où un hom<strong>me</strong> souffre, l’Église doit se trouver là à son côté. L’hom<strong>me</strong> considéré dans son unité et dans sa<br />

totalité, l’hom<strong>me</strong> corps et â<strong>me</strong> est le but principal de la sollicitude pastorale de l’Église. Lorsque l’étranger frappe à la porte<br />

de notre société, l’Église est concernée. Au nom de l’évangile du Christ, elle ne peut se taire lorsque la dignité de tant d’êtres<br />

humains se trouve bafouée par des procédures et des régle<strong>me</strong>ntations qui perdent de vue le sens de la personne. L’Église doit<br />

continuer à faire entendre sa voix pour défendre la dignité humaine des réfugiés partout où ils se trouvent. Les chrétiens<br />

doivent s’engager au service des réfugiés et voir en eux des frères et des sœurs victi<strong>me</strong>s des inégalités et des injustices.»<br />

9


2. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des enfants orphelins<br />

de la guerre.<br />

Les enfants et la guerre<br />

La guerre est une réalité quotidienne pour des millions d’enfants dans le monde.<br />

Des milliers de civils sont tués ou blessés chaque jour dans le cadre de conflits<br />

armés et la majorité de ces victi<strong>me</strong>s innocentes sont des enfants. Vulnérables aux<br />

ravages de la guerre et souvent séparés de leurs familles, les enfants sont rendus<br />

orphelins ou handicapés à vie. De nombreux enfants restent traumatisés par le<br />

spectacle de morts brutales et de violences inouïes, par la terreur et les difficultés.<br />

Nombreux sont ceux qui <strong>me</strong>urent aussi de faim, de malnutrition ou de l’absence<br />

de soins médicaux.<br />

ils sont au moins 300 000 à<br />

participer aux hostilités dans<br />

le cadre d’une trentaine de<br />

conflits différents.<br />

État de la situation des orphelins de guerre<br />

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) rapporte que deux millions<br />

d’enfants ont été tués, six millions ont perdu leur foyer, douze millions ont été<br />

blessés ou mutilés au cours des dix dernières années. Les violences physiques,<br />

sexuelles et émotionnelles auxquelles ils sont exposés ébranlent les fonde<strong>me</strong>nts<br />

de leur univers. La guerre détruit leurs foyers, désintègre leurs communautés et<br />

mine leur confiance dans les adultes. Actuelle<strong>me</strong>nt, ils sont au moins 300 000 à<br />

participer aux hostilités dans le cadre d’une trentaine de conflits différents.<br />

Conditions de vie des orphelins de guerre<br />

On retrouve dans ces enfants-là ceux qui ont choisi d’aller se battre, et, pour<br />

la plupart, ceux qui ont été recrutés de force et qui n’ont pas le choix : absence<br />

de travail, famille disparue. « Il ne reste plus que le “choix” du combat au sein<br />

d’une unité, avec un unifor<strong>me</strong> pour se vêtir et de quoi manger. Une fois recrutés,<br />

les enfants deviennent des élé<strong>me</strong>nts essentiels dans la guerre. Ils apprennent vite<br />

à combattre, à tuer, sont violés et utilisés com<strong>me</strong> esclaves sexuels. Un enfant<br />

est un outil plus maniable, il ne se rend pas bien compte de ses actes, il est<br />

facile à façonner. On peut lui faire faire ce que l’on veut. Très vite, il devient un<br />

instru<strong>me</strong>nt de guerre parfait qui ne se pose plus de questions et fait ce qu’on<br />

lui dit de faire. Pour mieux contrôler la population, on ordonne aux enfants de<br />

terroriser, de torturer ou de massacrer leur propre famille dans le village où ils ont<br />

grandi. Ensuite les enfants coupables, salis, maudis par leurs parents deviennent<br />

des parias, sont exclus de leur communauté et sont condamnés à rester avec leur<br />

groupe politique. Les orphelins de guerre sont toujours hantés par les violences<br />

du passé » souligne une étude des Nations Unies dirigées par Graça Machel.<br />

Confession d’une orpheline de guerre<br />

Theresa, une adolescente de 16 ans pleine d’entrain, a vu ses parents pour la<br />

dernière fois le jour où ils ont été emportés loin d’elle, dans la cohue, alors qu’ils<br />

fuyaient pour se réfugier en Guinée voisine à la suite d’une attaque <strong>me</strong>née par<br />

les rebelles dans leur ville, pendant la guerre civile (1991-2000). La jeune fille,<br />

qui n’a jamais retrouvé ses parents, a vécu la guerre et ses conséquences dans<br />

des camps de réfugiés, <strong>me</strong>ndiant et vendant son corps à des soldats et à d’autres<br />

contre un peu de nourriture ou un peu d’argent. Aujourd’hui, la paix est revenue<br />

en Sierra Leone et Theresa vit avec sa tante à Koindu, une ville du sud-est de la<br />

Sierra Leone, ancien bastion principal des rebelles, pendant la guerre civile. La<br />

jeune fille est mère d’un enfant de deux ans, dont elle ne connaît pas le père, car<br />

elle a eu de nombreux partenaires sexuels depuis qu’elle est rentrée chez elle.<br />

Il lui a rare<strong>me</strong>nt semblé, dit-elle, que sa vie valait la peine d’être vécue. «J’ai<br />

l’impression de ne servir à rien, que ma vie n’a pas de sens », a-t-elle expliqué.<br />

«<strong>Je</strong> n’ai aucune idée de l’identité du père de l’enfant. <strong>Je</strong> dois lutter rien que pour<br />

nous trouver des vête<strong>me</strong>nts. <strong>Je</strong> <strong>me</strong>ndie pour avoir de quoi manger».<br />

10


3. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens de la douleur des fem<strong>me</strong>s<br />

et jeunes filles violées et abusées pendant<br />

la guerre.<br />

«Nos corps…leur champ de bataille!»<br />

Un des élé<strong>me</strong>nts horrifiant des conflits est l’utilisation de la violence sexuelle<br />

com<strong>me</strong> ar<strong>me</strong> de guerre. Les fem<strong>me</strong>s vivent un véritable dra<strong>me</strong>. Elles voient la<br />

violence physique et morale des seigneurs de guerre s’exercer sur elle en ter<strong>me</strong>s<br />

de viol, de massacre, d’assassinat, d’arrestation arbitraire et de détention illégale,<br />

de coups et blessures, de prostitution forcée, d’esclavage sexuel. Des milliers de<br />

fem<strong>me</strong>s sont abusées, humiliées, agressées, violées, battues, exploitées et tuées.<br />

Les mutilations génitales, l’infanticide, les mariages forcés, le proxénétis<strong>me</strong>,<br />

le cri<strong>me</strong> d’honneur, le femicide [<strong>me</strong>urtre des fem<strong>me</strong>s], le viol collectif, les viols<br />

systématiques, le trafic sexuel, la pornographie, le proxénétis<strong>me</strong> organisé,<br />

l’esclavage, etc.<br />

Dans un grand nombre de conflits, des filles sont enlevées par des soldats<br />

qui les forcent à devenir leur « épouse ». En plus de devoir faire la cuisine, le<br />

ménage, la lessive et de transporter des munitions, ces filles sont égale<strong>me</strong>nt<br />

victi<strong>me</strong>s d’esclavage sexuel. En effet, un des élé<strong>me</strong>nts horrifiants de ce<br />

conflit est l’utilisation de la violence sexuelle com<strong>me</strong> stratégie de guerre par<br />

pratique<strong>me</strong>nt toutes les parties. Le viol des fem<strong>me</strong>s et des filles congolaises par<br />

des soldats durant la guerre est horrifiant à la fois par l’étendue et la brutalité<br />

extraordinaires de ces cri<strong>me</strong>s. Les viols ont souvent lieu en public et les fem<strong>me</strong>s<br />

sont habituelle<strong>me</strong>nt battues, fouettées ou autre<strong>me</strong>nt abusées physique<strong>me</strong>nt par les<br />

violeurs, avant, pendant et après le conflit. Dans plusieurs cas, les fem<strong>me</strong>s ont été<br />

violées de multiples fois par une multitude d’assaillants.<br />

Le viol des fem<strong>me</strong>s et des filles<br />

congolaises par des soldats<br />

durant la guerre est horrifiant à<br />

la fois par l’étendue et la brutalité<br />

extraordinaires de ces cri<strong>me</strong>s.<br />

Les viols ont souvent lieu<br />

en public et les fem<strong>me</strong>s<br />

sont habituelle<strong>me</strong>nt battues,<br />

fouettées ou autre<strong>me</strong>nt abusées<br />

physique<strong>me</strong>nt par les violeurs,<br />

avant, pendant et après le conflit.<br />

Dans plusieurs cas, les fem<strong>me</strong>s<br />

ont été violées de multiples fois<br />

par une multitude d’assaillants.<br />

État de la situation en République Démocratique du Congo<br />

Bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres exacts, les organisations non<br />

gouverne<strong>me</strong>ntales et les institutions des Nations Unies présentent à l’Est de<br />

la RDC esti<strong>me</strong>nt à 14 000 le nombre de viols en 2005 et à 13 000 en 2006.<br />

Récem<strong>me</strong>nt, en 2007, le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, John<br />

Hol<strong>me</strong>s, a évoqué la situation des victi<strong>me</strong>s de viol d’un hôpital de la province<br />

du Sud-Kivu (République Démocratique du Congo); il a affirmé avoir vu les<br />

preuves et entendu les témoignages des victi<strong>me</strong>s décrivant une “violence sexuelle<br />

si brutale que cela dépasse l’imagination”. Il a déclaré que plus de 32 000 cas de<br />

viol et de violence sexuelle ont été enregistrés pour la seule province du Sud-Kivu<br />

depuis 2005 — et que cela ne représente qu’une fraction du nombre total de<br />

fem<strong>me</strong>s victi<strong>me</strong>s de souffrances aussi extrê<strong>me</strong>s. [John Hol<strong>me</strong>s, Secrétaire général<br />

adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, ONU.<br />

Congo’s Rape War. Los Angeles Ti<strong>me</strong>s,<br />

11 octobre 2007]<br />

Témoignage de première ligne<br />

Justine Masika Bihamba de la Synergie des fem<strong>me</strong>s pour les victi<strong>me</strong>s des violences<br />

sexuelles dans la région du Nord-Kivu décrit la situation: « De la guerre qui se<br />

déroule dans les brousses congolaises, la fem<strong>me</strong> en porte des cicatrices encore<br />

saignantes. Si elle n’est pas violée, elle est séparée de son mari, qui a fui ou s’est<br />

engagé dans les bandes armées. La pauvre fem<strong>me</strong> est aussi séparée de ses fils<br />

qui, emportés égale<strong>me</strong>nt par les bandes armées ne reviendront peut-être plus<br />

jamais à la maison. Ses filles sont obligées de contracter des mariages précoces<br />

pour que leurs ignobles tortionnaires n’aillent pas jouir de leur virginité car,<br />

pour les mères, mieux vaut cela que de voir leurs filles enlevées vers les brousses<br />

inconnues. Les filles, en plus de tout cela sont une main d’œuvre facile pour les<br />

11


travaux serviles et viles: elles sont enlevées pour tamiser les minerais en faveur<br />

des exploitants illégaux, pour le transport des munitions, pour faire la cuisine<br />

pour des bourreaux qui finissent par abuser d’elles, pour servir d’espionne... Non<br />

préparée au rôle de chef de ménage, la fem<strong>me</strong> abandonnée perd patience et se<br />

remarie pour s’assurer une protection physique. D’autres encore pour une sécurité<br />

économique se vendent, se prostituent pour nourrir les enfants ou subvenir à l’un<br />

ou l’autre besoin de la famille ... Bon nombre de fem<strong>me</strong>s abandonnées finissent<br />

par développer des maladies psychosomatiques (estomac, cardiaque) à cause de<br />

la persistance du stress de la guerre... Ces viols sont pratiqués systématique<strong>me</strong>nt<br />

village par village. Les fem<strong>me</strong>s n’osent pas porter plainte par peur de représailles.<br />

La guerre a induit une dépravation des mœurs de l’ensemble de la société. Les<br />

violeurs sont devenus telle<strong>me</strong>nt nombreux que la sanction traditionnelle par<br />

le chef du village n’est plus possible. Les hom<strong>me</strong>s violent parce que l’impunité<br />

est totale. La justice est corrompue et les fem<strong>me</strong>s n’osent pas porter plainte par<br />

crainte de représailles. <strong>Je</strong> connais une jeune fille de 18 ans à qui on a coupé les<br />

lèvres parce qu’elle avait raconté son agression à un policier.”<br />

« Ce sont des fem<strong>me</strong>s qui ont vécu l’enfer, des fem<strong>me</strong>s aux traits creusés qui<br />

semblent vieillies avant l’âge. Elles ont le regard perdu et s’épuisent à tenter<br />

d’évacuer leur effroi. Mê<strong>me</strong> si la guerre civile est officielle<strong>me</strong>nt terminée, le<br />

temps n’a rien effacé, ni la mauvaise intention, ni la peur, ni la souffrance, ni la<br />

honte. Des viols répétés accompagnés de terribles violences. Bébés, filles, jeunes<br />

filles, mères et grands-mères, rien ne pouvait arrêter la fureur et le sadis<strong>me</strong> des<br />

bourreaux. Bon nombre d’entre elles n’y ont pas survécu. Les autres vivent<br />

aujourd’hui encore <strong>me</strong>urtries, et hantées par le spectre de l’horreur. Il y a,<br />

com<strong>me</strong> ça, des blessures qui saignent à jamais. Les conséquences physiques et<br />

psychologiques de la violence sexuelle sont entre autres, des blessures internes,<br />

des grossesses non voulues, des maladies transmises sexuelle<strong>me</strong>nt (MTS), le VIH/<br />

sida, le syndro<strong>me</strong> de stress post-traumatique, et le risque accru de suicide. Il faut<br />

parfois jusqu’à quatre interventions chirurgicales pour guérir les survivantes de<br />

blessures physiques et les services médicaux nécessaires sont souvent inaccessibles.<br />

Ces traite<strong>me</strong>nts offrent une chance de reprendre le contrôle de leur vie aux braves<br />

fem<strong>me</strong>s qui réussissent à les recevoir.<br />

« Si les fem<strong>me</strong>s continuent de<br />

subir des violences sexuelles,<br />

ce n’est pas parce que la loi<br />

n’est pas en <strong>me</strong>sure de les<br />

protéger, mais parce qu’elle<br />

est insuffisam<strong>me</strong>nt appliquée.<br />

Les fem<strong>me</strong>s n’ont pas de droits<br />

si ceux qui violent leurs droits<br />

de<strong>me</strong>urent impunis. »<br />

- Margot Wallstrom, l’envoyée<br />

spéciale de l’ONN par les<br />

violences dons les conflits<br />

Protection légale des fem<strong>me</strong>s et des jeunes filles en zones<br />

de guerre<br />

Le viol est une horrible pratique qui a infligé la souffrance à beaucoup de fem<strong>me</strong>s<br />

et filles dans les zones de conflit. Dans sa résolution adoptée à l’unanimité le 19<br />

juin 2008, le Conseil de sécurité des Nations Unies a finale<strong>me</strong>nt reconnu le viol<br />

com<strong>me</strong> une ar<strong>me</strong> de guerre, parce que non seule<strong>me</strong>nt l’acte laisse les fem<strong>me</strong>s<br />

traumatisées, il les <strong>me</strong>t dans une plus grande situation de risque de contracter<br />

le VIH et le sida. Cette résolution exclut les cri<strong>me</strong>s de violences sexuelles des<br />

accords d’amnistie dans le cadre des négociations de paix et <strong>me</strong>t l’accent sur<br />

l’importance de <strong>me</strong>ttre fin à l’impunité pour les cri<strong>me</strong>s de violences sexuelles. Le<br />

Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu’au premier<br />

tri<strong>me</strong>stre de 2010, 1244 fem<strong>me</strong>s avaient rapporté à l’ONU avoir été violées en<br />

RDC, soit “près de 14 viols par jour en moyenne”. C’est à peu près autant que<br />

pendant la mê<strong>me</strong> période en 2009.<br />

Dans sa déclaration faite le 30 avril 2010 devant les 15 <strong>me</strong>mbres du Conseil<br />

de sécurité à l’issue de sa visite en RDC, Margot Wallström, l’envoyée spéciale<br />

de l’ONU pour les violences faites aux fem<strong>me</strong>s et aux enfants dans les conflits<br />

affir<strong>me</strong> : « Si les fem<strong>me</strong>s continuent de subir des violences sexuelles, ce n’est<br />

pas parce que la loi n’est pas en <strong>me</strong>sure de les protéger, mais parce qu’elle est<br />

insuffisam<strong>me</strong>nt appliquée. Les fem<strong>me</strong>s n’ont pas de droits si ceux qui violent leurs<br />

droits de<strong>me</strong>urent impunis. »<br />

12


Prière en faveur des fem<strong>me</strong>s et des jeunes filles<br />

(Tirée de la Déclaration du Conseil œcuménique des Églises sur la violence sexuelle à l’égard des fem<strong>me</strong>s en République<br />

Démocratique du Congo, le 2 septembre 2009) :<br />

Dieu, créateur, rédempteur et soutien de la vie dans sa plénitude,<br />

Nous t’apportons les fem<strong>me</strong>s et les jeunes filles privées de la joie et de l’abondance de la vie à cause des violences qu’elles<br />

ont subies. La violence contre les fem<strong>me</strong>s et les jeunes filles est un péché, qui les exclut de la justice et de l’amour humain.<br />

Pourtant, au cœur de ces souffrances et de ces humiliations, nous croyons que tu tiens dans le creux de ta main chaque jeune<br />

fille et chaque fem<strong>me</strong> maltraitée; tu l’appelles par son nom, tu l’entoures de ta compassion, tu lui donnes l’amour que ta mère<br />

bénie t’a donné dans ton humanité.<br />

Pardonne-nous pour toutes les fois où nous som<strong>me</strong>s restés muets face à de telles souffrances. Pardonne-nous pour toutes<br />

les fois où nous n’avons pas su dire que la violence est un péché et une offense à ton égard. Pardonne-nous lorsque nous<br />

perpétuons des pratiques culturelles, sociales et ecclésiales qui <strong>me</strong>ttent en danger la vie des fem<strong>me</strong>s et des jeunes filles. En<br />

nous accordant ton pardon, donne-nous la force d’être solidaires des fem<strong>me</strong>s et des jeunes filles prises au piège de la violence<br />

et de la souffrance. Fais de nous des avocats de la justice transformatrice, à la recherche de la vérité et de la réconciliation des<br />

personnes et des communautés. Suscite en nous le désir d’œuvrer en faveur d’une communauté accueillante aux fem<strong>me</strong>s et<br />

aux hom<strong>me</strong>s, créés à ton image et partenaires de ta mission. A<strong>me</strong>n!<br />

13


4. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des populations<br />

émotionnelle<strong>me</strong>nt traumatisées par la guerre.<br />

Qu’est-ce qu’un traumatis<strong>me</strong>?<br />

Le traumatis<strong>me</strong> est « l’ensemble des troubles occasionnés par une plaie, une<br />

blessure ». Cela peut aussi signifier un choc a<strong>me</strong>nant une perturbation de<br />

l’appareil psychique ; d’où le traumatis<strong>me</strong> psychique.<br />

Selon Larousse, Grand Dictionnaire de la psychologie, le traumatis<strong>me</strong> psychique<br />

est « un événe<strong>me</strong>nt subi par un sujet qui en ressent une très vive atteinte affective<br />

et émotionnelle, <strong>me</strong>ttant en jeu son équilibre psychologique et entraînant souvent<br />

une décompensation de type psychotique ou névrotique ou diverses somatisations<br />

».<br />

Personne n’ignore qu’en cas de conflits armés, c’est la population civile qui est la<br />

principale victi<strong>me</strong>. Ce sont les fem<strong>me</strong>s et les enfants qui souffrent le plus quand<br />

les écoles sont fermées, les dispensaires détruits, les champs truffés de mines<br />

et les marchés vides. En effet, les événe<strong>me</strong>nts traumatiques sont inattendus,<br />

incontrôlables et accompagnés d’une forte <strong>me</strong>nace pour soi-mê<strong>me</strong> ou pour ses<br />

proches. Des enfants sont tués ou mutilés, d’autres deviennent orphelins ou<br />

sont séparés de leurs familles ; les garçons sont contraints de porter des ar<strong>me</strong>s<br />

dans certains pays et de com<strong>me</strong>ttre des actes de violence. Ceux qui survivent<br />

aux combats peuvent être traumatisés pour longtemps par les mutilations, les<br />

incendies et les pillages dont ils ont été témoins ou par une séparation prolongée<br />

d’avec leurs familles. Des millions de gens ont été témoins directs ou indirects de<br />

choses atroces tels que les massacres des leurs, souvent dans des conditions d’une<br />

violence délirante dans<br />

sa déshumanisation.<br />

Ceux qui survivent aux combats<br />

peuvent être traumatisés pour<br />

longtemps par les mutilations,<br />

les incendies et les pillages dont<br />

ils ont été témoins ou par une<br />

séparation prolongée d’avec leurs<br />

familles. Des millions de gens<br />

ont été témoins directs ou<br />

indirects de choses atroces tels<br />

que les massacres des leurs,<br />

souvent dans des conditions<br />

d’une violence délirante dans<br />

sa déshumanisation.<br />

Quelques symptô<strong>me</strong>s observés<br />

Les symptô<strong>me</strong>s se caractérisent souvent par des souvenirs répétitifs et<br />

envahissants de l’événe<strong>me</strong>nt provoquant un senti<strong>me</strong>nt de détresse et comprenant<br />

des images, des pensées ou des perceptions, des rêves répétitifs de l’événe<strong>me</strong>nt<br />

provoquant un senti<strong>me</strong>nt de détresse (rêves effrayants chez les enfants),<br />

impressions ou agisse<strong>me</strong>nt soudains « com<strong>me</strong> si » l’événe<strong>me</strong>nt traumatique allait<br />

se reproduire (illusions, hallucinations), senti<strong>me</strong>nt intense de détresse psychique<br />

lors de l’exposition à des indices externes ou internes évoquant ou ressemblant à<br />

un aspect de l’événe<strong>me</strong>nt traumatique en cause.<br />

• Manifestations du traumatis<strong>me</strong> psychologique chez des enfants rwandais<br />

après le génocide de 1994 (rapportées dans une enquête de Florence DA<br />

SILVA, en février 1996)<br />

• Altération du som<strong>me</strong>il, terreurs nocturnes, cauchemars, hallucinations sont<br />

les signes de réminiscence de la souffrance sous for<strong>me</strong> obsessionnelle et<br />

nuisent au travail de deuil ;<br />

• Désordres ali<strong>me</strong>ntaires : refus des ali<strong>me</strong>nts, perte de poids, dénutrition<br />

d’origine psychologique, anorexie (plus les lésions cérébrales dues à la<br />

malnutrition sévère) ;<br />

• Désordres gastro-intestinaux d’origine psychosomatique, coliques,<br />

vomisse<strong>me</strong>nts, diarrhées mais aussi migraines, maux d’estomac, chute des<br />

cheveux et allergies d’origine psychosomatique ;<br />

• Altérations du langage jusqu’à l’adolescence : bégaie<strong>me</strong>nts ;<br />

• Désordres du développe<strong>me</strong>nt : régression à des étapes antérieures, oubli du<br />

langage parlé, de la lecture et de l’écriture, énurésie (perte de contrôle du<br />

sphincter urinaire), encoprésie (problè<strong>me</strong> du contrôle du sphincter anal),<br />

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difficultés d’apprentissage, désorientation spatio-temporelle, difficultés à poser une frontière entre l’imaginaire et la<br />

réalité ;<br />

• Altération et désordres de type affectif : inhibition, indifférence, tristesse, besoin pathologique d’affection, dépendance,<br />

irritabilité, agressivité, inquiétude, peurs intenses liées à des stimulations du milieu ambiant (exemple : sirènes, bruits de<br />

véhicules…), fer<strong>me</strong>ture à la communication, manque de concentration, attitudes psychotiques, cas de schizophrénie et<br />

attitudes autistifor<strong>me</strong>s;<br />

• Troubles du comporte<strong>me</strong>nt des adolescents directe<strong>me</strong>nt liés au traumatis<strong>me</strong> : vols, bagarres, alcoolis<strong>me</strong>, prostitution,<br />

suicides.<br />

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5. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des familles séparées par la guerre.<br />

Multiples causes de séparation des familles<br />

Outre les pertes de vies humaines, la guerre déclenche un processus de déplace<strong>me</strong>nt massif de population et bouleverse les<br />

structures démographiques d’un certain nombre de régions. La population civile se trouve de plus en plus souvent au cœur<br />

mê<strong>me</strong> d’attaques et prise sous un déluge de feu. Les civils sont bien souvent devenus des objectifs militaires prioritaires, au<br />

mê<strong>me</strong> titre que les combattants. Des actes de guerre sont dirigés contre des civils, soit directe<strong>me</strong>nt, soit à titre de représailles.<br />

La population doit se terrer dans des abris de fortune. Les assiégeants visent essentielle<strong>me</strong>nt à créer un climat de panique, à<br />

répandre la terreur et à user de la famine com<strong>me</strong> d’une ar<strong>me</strong> déterminante. Quant aux forces assiégées, elles embrigadent la<br />

population, ou l’empêchent de fuir lorsque c’est encore possible, afin de disposer d’un bouclier face à l’ennemi.<br />

Une réponse humanitaire<br />

Il existe une agence centrale de recherches du Comité International de la Croix Rouge (CICR) qui fournit différents services<br />

de recherche de personnes dans le monde entier, afin de per<strong>me</strong>ttre aux détenus et aux civils touchés par des conflits, des<br />

catastrophes ou d’autres situations telles que les migrations, de rétablir le contact avec des <strong>me</strong>mbres de leur famille. Dans une<br />

interview accordée à l’occasion du 50e anniversaire de l’Agence, le conseiller historique du CICR (<strong>Je</strong>an-François Pitteloud) et<br />

la directrice adjointe des opérations (Angela Gussing) expliquent le processus de réunification des familles :<br />

« Rétablir les liens familiaux, c’est conduire dans ces situations des activités qui ont pour but d’éviter les séparations et<br />

les disparitions, de rétablir et maintenir les contacts familiaux, et de clarifier le sort des personnes portées disparues. Cela<br />

implique la collecte d’information sur les personnes portées disparues ou qui sont décédées, ainsi que sur les personnes<br />

vulnérables com<strong>me</strong> les enfants séparés de leurs familles ou les personnes privées de liberté. Cela implique aussi la recherche<br />

des personnes disparues, l’échange de nouvelles familiales et la transmission de docu<strong>me</strong>nts lorsque les moyens normaux<br />

de communication ne fonctionnent plus, et l’émission de titres de voyage et d’attestations. Ces activités sont <strong>me</strong>nées par<br />

le réseau mondial des liens familiaux constitué par le CICR et les services de recherche des sociétés nationales de la Croix<br />

Rouge et du Croissant Rouge. Le respect de l’unité familiale est essentiel au respect de la dignité humaine. Chaque année,<br />

le CICR et les sociétés nationales de la Croix Rouge et du Croissant Rouge aident des centaines de milliers de personnes<br />

(déplacées, réfugiées, détenues et disparues) à rétablir le lien avec leurs familles et à clarifier le sort de leurs proches<br />

portés disparus. »<br />

En 2009, le CICR a visité des lieux de détention avec une population totale de 479 669 détenus. Plus de 28 000 d’entre eux<br />

ont bénéficié des program<strong>me</strong>s de visites familiales du CICR. Durant cette année, le CICR a :<br />

• recueilli et distribué plus de 253 000 <strong>me</strong>ssages Croix-Rouge ;<br />

• publié plus de 83 000 noms sur son site de restauration des liens familiaux (FamilyLinks.icrc.org);<br />

• facilité plus de 12 000 appels téléphoniques qui ont permis à des personnes séparées de leur famille de reprendre contact;<br />

• procédé à 1 063 réunions de familles ;<br />

• et travaillé sur 45 605 cas de demandes de recherche, dont les demandes reçues en 2009.<br />

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6. <strong>Je</strong> <strong>me</strong> souviens des populations affamées et<br />

qui ont perdu l’espoir à cause de la guerre.<br />

État de la situation<br />

Toute guerre engendre la pénurie et, le plus souvent, la famine en plus de perdre<br />

l’espoir d’un monde <strong>me</strong>illeur. En dépit des dispositions précises et impératives<br />

du droit international humanitaire - qui vise à protéger l’ensemble des noncombattants<br />

et, en particulier, les populations civiles contre les effets des hostilités<br />

et contre leurs conséquences -, la famine est trop souvent la conséquence des<br />

conflits armés, soit que les belligérants l’aient délibéré<strong>me</strong>nt provoquée, en<br />

violation de leurs obligations, soit qu’elle apparaisse com<strong>me</strong> la conséquence<br />

indirecte des destructions provoquées par la guerre.<br />

Toute guerre engendre la pénurie<br />

et, le plus souvent, la famine<br />

en plus de perdre l’espoir d’un<br />

monde <strong>me</strong>illeur.<br />

Les facteurs causals de la famine<br />

Les causes qui conduisent à des famines en période de conflit armé sont , entre<br />

autres : - les déplace<strong>me</strong>nts de population, qu’il s’agisse de déplace<strong>me</strong>nts forcés<br />

ou provoqués par l’approche des combats; - les restrictions mises aux activités<br />

de production, notam<strong>me</strong>nt l’interne<strong>me</strong>nt, les restrictions de déplace<strong>me</strong>nt ou<br />

l’usage indiscriminé des mines qui empêchent les agriculteurs de cultiver la terre;<br />

- la destruction des ouvrages d’irrigation et des récoltes; la rupture des voies de<br />

communication; - le pillage et la destruction des réserves; - les entraves mises<br />

aux opérations de secours d’urgence destinées à enrayer les effets des pénuries<br />

ali<strong>me</strong>ntaires. De plus, il arrive que les paysans soient empêchés de cultiver leurs<br />

terres, les cultures sont dévastées par les combats et par le passage des armées,<br />

les moyens d’irrigation sont ravagés, les systè<strong>me</strong>s de transport et de distribution<br />

paralysés, les populations déracinées, les réserves pillées ou détruites. Il y a<br />

égale<strong>me</strong>nt lieu de souligner qu’il est rare que les belligérants autorisent le libre<br />

passage des envois de secours en faveur des populations civiles, amies com<strong>me</strong><br />

ennemies, lorsque celles-ci manquent des biens essentiels à leur survie.<br />

Dispositions légales internationales<br />

(Extrait de “La protection des populations civiles en période de conflit armé;<br />

XXVIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge” du<br />

15-09-1995)<br />

La Convention de Genève, en ce qui concerne les conflits armés internationaux,<br />

de mê<strong>me</strong> qu’aux articles 13-17 du Protocole II, applicable aux conflits armés<br />

non internationaux stipulent ceci : « Il est interdit d’utiliser contre les civils la<br />

famine com<strong>me</strong> méthode de guerre (Protocole additionnel I’article 54 (1 et 2); - il<br />

est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de <strong>me</strong>ttre hors d’usage des biens<br />

indispensables à la survie de la population civile, tels que des denrées ali<strong>me</strong>ntaires<br />

et les zones agricoles qui les produisent, les récoltes, le bétail, les installations et<br />

réserves d’eau potable et les ouvrages d’irrigation, en vue d’en priver, à raison<br />

de leur valeur de subsistance, la population civile ou la Partie adverse, quel que<br />

soit le motif dont on s’inspire, que ce soit pour affa<strong>me</strong>r des personnes civiles,<br />

provoquer leur déplace<strong>me</strong>nt ou pour toute autre raison.<br />

La Cour internationale de Justice l’a rappelé dans son arrêt du 27 juin 1986, “la<br />

fourniture d’une aide stricte<strong>me</strong>nt humanitaire à des personnes ou à des forces se<br />

trouvant dans un autre pays, quels que soient leurs affiliations politiques<br />

ou leurs objectifs, ne saurait être considérée com<strong>me</strong> une intervention illicite ou à<br />

tout autre point de vue contraire au<br />

droit international.”<br />

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Comité<br />

central<br />

<strong>me</strong>nnonite<br />

®<br />

MCC Alberta<br />

Suite #210, 2946-32 Street NE, Calgary, AB T1Y 1Z2<br />

403-275-6935<br />

MCC British Columbia<br />

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604-850-6639<br />

MCC <strong>Canada</strong><br />

134 Plaza Drive, Winnipeg, MB R3T 5K9<br />

204-261-6381<br />

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600-45th St. West, Saskatoon, SK S7L 5W9<br />

306-665-2555<br />

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134 Plaza Drive, Winnipeg, MB R3T 5K9<br />

204-261-6381<br />

MCC Mariti<strong>me</strong>s<br />

27 John Street, Moncton, NB E1C 2G7<br />

506-383-9339<br />

MCC Newfoundland and Labrador<br />

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514-278-3008<br />

Numéro sans frais 1-888-622-6337<br />

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