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Miro dans le texte - Ville de Pont-Audemer

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Estampes origina<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Joan Miró, <strong>texte</strong>s <strong>de</strong> Jacques Prévert et <strong>de</strong> Robert Desnos<br />

18<br />

MOTS ET IMAGES<br />

Texte d’Eurydice Trichon-Milsani<br />

Miró utilise <strong>le</strong>ttres et signes comme <strong>le</strong> faisaient <strong>le</strong>s<br />

maîtres chinois. Assemb<strong>le</strong>r mots et images donne une<br />

nouvel<strong>le</strong> dimension à son œuvre et produit un impact<br />

plus fort.<br />

Miró est toujours resté fidè<strong>le</strong> à la culture catalane,<br />

très singulière au cœur <strong>de</strong> l’Espagne. Tout <strong>dans</strong> son<br />

art témoigne <strong>de</strong> son attachement aux figures <strong>de</strong>s<br />

grottes préhistoriques, à l’art populaire majorquin,<br />

aux vertiges <strong>de</strong> Gaudí, à la mer <strong>de</strong> Majorque, à la<br />

faune et la flore <strong>de</strong> Montroig. Malgré ce lien<br />

incontestab<strong>le</strong> et ses séjours réguliers en Catalogne,<br />

<strong>dans</strong> sa création, Miró donne progressivement une<br />

large place à la langue française. Ce sont ses amis<br />

poètes – Max Jacob, Michel Leiris, Benjamin Peret,<br />

Paul Éluard mais aussi Antonin Artaud et Tristan<br />

Tzara, Robert Desnos et tant d’autres – qui lui font<br />

aimer <strong>le</strong> français, dont <strong>le</strong>s mots sonnent en parfait<br />

accord avec ses formes : un grand nombre<br />

d’écritures – <strong>texte</strong>s divers, titres élaborés, poèmes,<br />

correspondance – jalonnent son œuvre et<br />

enrichissent son langage plastique. Car, pour<br />

<strong>de</strong>ssiner, peindre ou écrire, on recourt au même<br />

geste, surtout chez Miró qui aime brouil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s<br />

pistes et passer d’un genre à l’autre.<br />

Le caractère plastique <strong>de</strong> l’écriture<br />

L’intérêt <strong>de</strong> Miró pour l’écriture est très ancien. En<br />

1917, avec Nord-Sud, il intègre délibérément <strong>le</strong> mot<br />

pour la première fois <strong>dans</strong> un tab<strong>le</strong>au. Avant lui,<br />

<strong>le</strong>s cubistes ont utilisé <strong>de</strong>s mots typographiques ou<br />

manuscrits pour créer <strong>de</strong>s plans verticaux face au<br />

regard réinventant ainsi la perspective. Miró<br />

semb<strong>le</strong> surtout s’intéresser à la ligne et à la qualité<br />

plastique <strong>de</strong> l’écriture. En 1924, il écrit à son ami<br />

Michel Leiris qu’en feuil<strong>le</strong>tant son carnet <strong>de</strong> travail<br />

il a remarqué « <strong>le</strong> caractère extrêmement<br />

troublant » <strong>de</strong>s petites notes ou remarques<br />

monosyllabiques qu’il inscrit sur <strong>le</strong>s pages.<br />

Considérant que ce « troub<strong>le</strong> » est d’ordre<br />

poétique, il se met à utiliser <strong>le</strong>ttres, mots, éclats<br />

<strong>de</strong>s phrases qui jaillissent et s’instal<strong>le</strong>nt <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

champ d’un nouveau type <strong>de</strong> peinture dite<br />

« onirique ».<br />

C’est ici que commence <strong>le</strong> rapport toujours plus<br />

ambitieux <strong>de</strong> Miró avec une production poétique<br />

qui, au début, s’inscrit au cœur du <strong>de</strong>ssin et <strong>de</strong> la<br />

toi<strong>le</strong>. Car l’artiste hésite à entreprendre une<br />

véritab<strong>le</strong> œuvre poétique en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> sa peinture,<br />

se cachant longtemps <strong>de</strong>rrière <strong>le</strong>s titres. Il publiera<br />

<strong>de</strong>s recueils qui, <strong>dans</strong> son esprit, sont <strong>de</strong>s<br />

prolongements <strong>de</strong> ses tab<strong>le</strong>aux. Un autre type <strong>de</strong><br />

poésie émerge aussi quand Miró se met à l’écoute<br />

<strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> ses amis. Sa peinture ouvre un champ<br />

parallè<strong>le</strong>, unique en son genre, une vraie poétique<br />

plastique qui fonctionne en duo avec l’écriture.<br />

Des tab<strong>le</strong>aux-poèmes<br />

D’une image peinte à une image verba<strong>le</strong> ou écrite,<br />

Miró trace un itinéraire d’écritures qui traverse<br />

toute son œuvre. Les « tab<strong>le</strong>aux-poèmes » sont<br />

une dizaine <strong>de</strong> toi<strong>le</strong>s réalisées entre 1924 et 1927.<br />

À cette époque, Miró ressent probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

besoin <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s vibrations mystérieuses <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

champ pictural <strong>de</strong> son tab<strong>le</strong>au qui vient <strong>de</strong> se vi<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> nombreux détails <strong>de</strong>venus désuets. Partageant

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