qu'en reste-t-il exactement ? - Vistra
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P R O F I L<br />
Secret bancaire<br />
qu’en <strong>reste</strong>-t-<strong>il</strong><br />
<strong>exactement</strong> ?<br />
P R O F I L<br />
Alors que le nouveau système autour des<br />
conventions de double imposition (CDI)<br />
révisées se met en place, beaucoup de<br />
clients des banques suisses hésitent sur la<br />
conduite à tenir.<br />
Mohammad Farrokh<br />
S’<strong>il</strong> était initialement question de quelque 200<br />
m<strong>il</strong>liards d’euros détenus par des ressortissants<br />
allemands dans les banques suisses, ce<br />
chiffre doit certainement être révisé à la baisse.<br />
La presse allemande évoque en effet le chiffre<br />
de 20 m<strong>il</strong>liards d’euros régularisés en 2010,<br />
alors même que la République fédérale a accepté<br />
d’entrer en matière sur la proposition<br />
suisse d’impôt libératoire à la source, parfois désigné sous le<br />
vocable de « Rubik ». Tout se passe comme si les déposants<br />
allemands ne croyaient plus à la possib<strong>il</strong>ité de conserver l’anonymat,<br />
Rubik ou pas, préférant anticiper sur l’inévitable, à des<br />
conditions encore relativement favorables.<br />
Pourtant, d’autres éléments sont favorables à la place financière<br />
suisse, notamment l’afflux net de nouveaux fonds dans<br />
les banques, en particulier les banques privées qui échappent<br />
à la méfiance dont sont entourées les grandes enseignes européennes.<br />
Derrière ces mouvements apparemment contradictoires,<br />
un changement structurel se dessine. D’une part, la<br />
Suisse a cessé d’être ce qu’elle était pour toute une « petite »<br />
clientèle européenne dont les avoirs n’excèdent guère le m<strong>il</strong>lion.<br />
A ce niveau, le maintien de l’anonymat est problématique<br />
à moins de renoncer à tout transfert, voire à tout acte<br />
de gestion. Passer par une compagnie d’assurances <strong>reste</strong> une<br />
option à ce stade, mais dont la précarité vient d’être soulignée<br />
par la réglementation sur les « insurance wrappers », entrée en<br />
vigueur le 1 er janvier. Au niveau supérieur, celui des fortunes<br />
se comptant au moins en dizaines de m<strong>il</strong>lions, des solutions<br />
existent : ut<strong>il</strong>isation de structures offshore permettant d’effectuer<br />
des transferts en évitant de donner l’identité du donneur<br />
d’ordre, expatriation ou délocalisation temporaire ou définitive,<br />
souvent accompagnée de la création de trusts. Parfois<br />
évoqué, le départ pour Singapour n’est pas la panacée, car les<br />
pays d’Extrême-Orient se soumettent eux aussi au modèle<br />
de CDI de l’OCDE, celui-là même que la Suisse a accepté le<br />
13 mars 2009, mettant fin à la distinction traditionnelle entre<br />
fraude et évasion fiscale. Mais s’<strong>il</strong> y a les règles, <strong>il</strong> y a aussi leur<br />
application et, à ce niveau, des signes encourageants montrent<br />
qu’<strong>il</strong> sera possible, à condition de disposer d’une fortune<br />
conséquente, de vivre sous le régime des CDI révisées. Toutefois,<br />
ce régime pourrait bien ne représenter qu’un répit d’assez<br />
courte durée. D’une part, le Groupe d’action financière<br />
(GAFI) projette d’inscrire l’évasion fiscale comme préalable<br />
au délit de blanchiment, ce qui rendrait les CDI révisées sans<br />
objet. D’autre part, l’Union européenne (UE) n’a pas renoncé<br />
à la mise en œuvre de l’échange automatique d’informations,<br />
qui signifierait la fin pure et simple de ce qu’<strong>il</strong> <strong>reste</strong> du secret<br />
bancaire. Mais le pire n’est pas certain à un moment où<br />
Bruxelles a d’autres soucis que la mise sous surve<strong>il</strong>lance totale<br />
de l’ensemble de ses citoyens et, à cet égard, on se prend à<br />
penser que les difficultés de l’UE ne sont pas nécessairement<br />
une mauvaise chose. Bien sûr, <strong>il</strong> ne faut pas le dire…<br />
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Pour les petits clients, <strong>il</strong> ne<br />
<strong>reste</strong> que la régularisation<br />
Walter Stresemann est administrateur-délégué<br />
de <strong>Vistra</strong> SA à Genève, une société qui a des<br />
bureaux dans 19 pays et dont le quartier général<br />
se trouve en Suisse. Dès 1989, <strong>il</strong> a dirigé le<br />
bureau de Genève de Holland Intertrust, rachetée<br />
ensuite par Mees Pierson, donc le groupe Fortis.<br />
En 2006, <strong>il</strong> est parti avec certains collaborateurs<br />
pour créer <strong>Vistra</strong>.<br />
le client gagnera du temps, mais pas beaucoup plus. <strong>il</strong> <strong>reste</strong><br />
que les dispositions concernant l’entraide sont avant tout<br />
dissuasives, destinées à faire peur au client dans son pays de<br />
résidence. si celui-ci dispose déjà de toutes les informations<br />
nécessaires pour faire une demande d’entraide, <strong>il</strong> peut s’adresser<br />
immédiatement à la personne concernée sans passer par la<br />
suisse. autrefois, le client pouvait garder le s<strong>il</strong>ence, fort de la<br />
connaissance que la suisse n’allait pas communiquer de données<br />
à son sujet. cette assurance, maintenant, <strong>il</strong> ne l’a plus.<br />
Malgré cela, on observe un afflux de fonds dans les<br />
banques suisses…<br />
Oui, <strong>il</strong> y a un afflux de fonds, également déclarés, du fait notamment<br />
de la crise de l’euro. <strong>il</strong> y a aussi des fonds qui proviennent<br />
d’europe orientale, d’amérique latine et des pays arabes, pour<br />
qui le débat autour de l’article 26 du modèle de l’OcDe compte<br />
peu. ces clients extra-européens mettent leur argent en suisse par<br />
souci de diversification et pour parer à l’instab<strong>il</strong>ité politique dans<br />
leur pays d’origine. même si le secret bancaire peut être considéré<br />
comme affaibli, le client qui ne laisse pas traîner de documents, ne<br />
téléphone pas à son banquier sur son portable et n’ut<strong>il</strong>ise pas le<br />
courrier électronique peut conserver l’anonymat.<br />
© Magali Girardin<br />
© Magali Girardin<br />
Comment caractériser la situation du secret<br />
bancaire à l’heure actuelle ?<br />
<strong>il</strong> existe deux approches. la première<br />
est technique et se base sur la situation<br />
qui s’instaure depuis l’annonce par le gouvernement<br />
suisse, le 13 mars 2009, de<br />
l’acceptation de l’article 26 du modèle de<br />
convention de double imposition (cDi) de<br />
l’OcDe. celle-ci a également demandé à la<br />
suisse de conclure au moins douze cDi prévoyant l’entraide administrative.<br />
la suisse a donc approuvé la fin de la distinction entre<br />
fraude et évasion fiscale et s’est retrouvée sur la « liste blanche » à<br />
partir de septembre 2009. a l’heure actuelle, Berne a signé, ratifié<br />
ou simplement paraphé un total de 31 cDi conformes au modèle<br />
de l’OcDe, qui ne sont pas encore en vigueur, sauf celles conclues<br />
avec la France et les etats-unis, applicables dès la date de la signature.<br />
Vo<strong>il</strong>à pour l’approche technique. mais <strong>il</strong> manque l’expérience<br />
tirée de cas concrets pour dire, et c’est la seconde approche, si ces<br />
nouvelles cDi vont vraiment représenter une brèche importante<br />
dans le secret bancaire. car une demande de renseignements doit<br />
être motivée et comporter toute une série de données, notamment<br />
la banque concernée. ces conditions ont été définies dans une ordonnance,<br />
dont le texte a été publié le 1 er octobre.<br />
Cette ordonnance, qui semble refléter un certain<br />
raffermissement de la position suisse, ne constitue-t-elle pas<br />
une bonne surprise ?<br />
elle va effectivement assez loin, et spécifie aussi les droits du<br />
client qui peut faire appel. <strong>il</strong> est important de préciser qu’une transmission<br />
de données ne peut pas se faire dans son dos. mais <strong>il</strong> ne<br />
faut pas non plus s’<strong>il</strong>lusionner sur les chances de succès d’une telle<br />
démarche. si la demande d’entraide est formulée dans les règles,<br />
L’anonymat a cependant un coût de plus en plus lourd<br />
depuis que les transferts internationaux doivent obligatoirement<br />
comporter la mention du donneur d’ordre…<br />
si le client ne veut pas que son nom apparaisse, <strong>il</strong> a besoin<br />
d’une structure qui est très ut<strong>il</strong>e pour les comptes actifs, notamment<br />
les paiements à l’étranger. c’est un motif important<br />
d’ut<strong>il</strong>isation de sociétés, souvent offshore, dont l’adresse sera<br />
mentionnée en cas de transfert.<br />
Le nom du client n’est-<strong>il</strong> pas connu de la juridiction de<br />
domic<strong>il</strong>e de la société ?<br />
le nom de l’ayant-droit économique ne figure pas nécessairement<br />
au siège de la société, par exemple au Panama. <strong>il</strong> y a<br />
des pays où l’identité doit être communiquée, mais pas partout.<br />
certaines juridictions se contentent d’une lettre de l’introducteur,<br />
par exemple une société en suisse qui confirme que le<br />
nom de l’ayant-droit est connu et l’origine des avoirs, vérifiée.<br />
Bien entendu une telle société doit être dûment régulée.<br />
L’identification de l’ayant-droit économique est-elle de<br />
rigueur au niveau suisse, même dans le cas d’un trust ?<br />
Pour un trust, <strong>il</strong> faut remplir le « formulaire t », si bien que le<br />
nom du client est connu de la banque. mais le trust permet tout de<br />
même un désistement de la propriété des avoirs concernés, et <strong>il</strong> est<br />
toujours d’actualité. son ut<strong>il</strong>isation est en hausse, de l’ordre de 20 à<br />
25% par rapport aux années précédentes. mais est-ce que ce regain<br />
d’intérêt est lié à l’affaiblissement du secret bancaire, je ne le sais pas.<br />
Le trust n’est-<strong>il</strong> pas réservé à des fortunes déjà très<br />
conséquentes, au-delà de 5 m<strong>il</strong>lions ?<br />
Pour un trust relativement simple, <strong>il</strong> faut compter au moins<br />
1,5 m<strong>il</strong>lion de francs ou 1 m<strong>il</strong>lion d’euros. en général, <strong>il</strong> est vrai<br />
que les montants sont plus élevés, à partir de 3 ou 4 m<strong>il</strong>lions<br />
de francs. le trust bénéficie désormais du fait qu’<strong>il</strong> est assez<br />
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largement reconnu, beaucoup de pays ayant ratifié la convention<br />
de la Haye. le trust est aussi fréquemment ut<strong>il</strong>isé dans le cadre<br />
d’expatriations temporaires. certains investisseurs se délocalisent<br />
le temps de mettre leur compte suisse dans un trust, et ce de façon<br />
tout à fait légale, parfois après un passage dans un pays tiers<br />
dont <strong>il</strong>s ne sont pas résidents. a cet égard, on note un intérêt pour<br />
la Belgique — qui n’a pas d’impôt sur la fortune et pas de droits<br />
de donation si le versement s’effectue de main à main — malte,<br />
la Grande-Bretagne, un peu moins le canada. suite à ce parcours,<br />
les investisseurs concernés retournent dans leur pays, mais l’argent<br />
n’est plus à leur nom, bien que la création du trust ait été effectuée<br />
alors qu’<strong>il</strong>s n’étaient plus résidents. la possib<strong>il</strong>ité existe ensuite de<br />
bénéficier de versements du trust qui seront considérés comme<br />
des revenus. ce genre de dispositif n’est pas encore fréquent, mais<br />
pourrait le devenir.<br />
Il y a tout de même beaucoup de relocations définitives. La<br />
Suisse est-elle vraiment attractive ?<br />
<strong>il</strong> y a passablement de relocations, et le nombre augmente. mais<br />
la Grande-Bretagne <strong>reste</strong> très attractive, avec la possib<strong>il</strong>ité de payer<br />
un impôt forfaitaire n’excédant parfois pas 30’000 livres par an,<br />
sans être taxé sur sa fortune mondiale. a Genève, en comparaison,<br />
l’assiette fiscale du contribuable à forfait est fixée à au moins<br />
450’000 francs, imposée aux environs de 40%. cela fait donc nettement<br />
plus que la Grande-Bretagne où l’expatrié a en outre le droit<br />
de trava<strong>il</strong>ler. mais les éléments fiscaux ne sont pas les seuls à devoir<br />
être pris en considération.<br />
Une ordonnance<br />
bien accue<strong>il</strong>lie<br />
La publication de « l’Ordonnance relative à l’assistance administrative<br />
d’après les conventions contre les doubles impositions » (OACDI)<br />
a été relativement bien accue<strong>il</strong>lie par les intermédiaires financiers<br />
qui y voient non seulement une clarification bienvenue des conditions<br />
d’application des conventions de double imposition (CDI), mais<br />
aussi le signe d’un certain raffermissement de la position helvétique.<br />
L’ordonnance pose huit conditions à l’ouverture d’une procédure d’assistance<br />
administrative par l’Administration fédérale des contributions<br />
(AFC). On peut citer l’identification « indubitable » du détenteur des<br />
renseignements, le plus souvent une banque, mais aussi « le but<br />
fiscal et les raisons de supposer que les renseignements demandés<br />
sont vraisemblablement pertinents pour l’atteindre ». L’Etat demandeur<br />
doit aussi donner « les raisons de supposer que les renseignements<br />
demandés sont en possession du détenteur présumé desdits<br />
renseignements ». En d’autres termes, l’Etat d’origine du client doit<br />
s’expliquer sur la provenance des informations qu’<strong>il</strong> détient. Ce n’est<br />
pas un déta<strong>il</strong> car, comme <strong>il</strong> est précisé à l’article 6, « pour se procurer<br />
les renseignements, seules peuvent être prises les mesures qui<br />
respectent le droit suisse ». Or, le droit suisse est très clair à ce sujet,<br />
plus encore depuis l’avis de droit rendu le 23 février 2010 par l’Office<br />
fédéral de la Justice (OFJ). Dans ce texte, l’OFJ exclut clairement la<br />
possib<strong>il</strong>ité pour un Etat étranger de déposer une demande d’entraide<br />
administrative fondée sur des données volées. Un autre signe du<br />
raffermissement de la position suisse n’échappe pas non plus aux<br />
spécialistes de l’application des CDI. En son article 6 (al. 4), l’OACDI<br />
précise que « les représentants de l’autorité étrangère ne disposent<br />
pas du droit de participer aux actes de procédure entrepris sur le territoire<br />
suisse. » Or, cette précision significative ne figurait pas dans la<br />
version provisoire de l’OACDI et n’y aurait été ajoutée que peu avant<br />
la publication du texte définitif.<br />
La relocation est-elle vraiment recommandable ?<br />
cela dépend de chaque cas. <strong>il</strong> y a des gens qui ont des attaches professionnelles<br />
et fam<strong>il</strong>iales ne leur permettant pas de se délocaliser. le prof<strong>il</strong><br />
typique du bénéficiaire du forfait fiscal est celui d’un homme dont la fortune<br />
est déjà faite et dont l’activité se résume à la gérer. certes, dans la<br />
mesure où une telle activité s’exerce à l’étranger, certains bénéficiaires du<br />
forfait fiscal helvétique ont toujours la possib<strong>il</strong>ité d’être administrateurs<br />
de sociétés. mais pas question d’être employé en suisse !<br />
A partir de quel niveau de fortune le forfait fiscal est-<strong>il</strong><br />
envisageable ?<br />
les gens qui s’y intéressent ont typiquement 50 m<strong>il</strong>lions et plus.<br />
mais ce n’est qu’une simple estimation, et certains bénéficiaires<br />
n’ont peut-être que la moitié de cette somme. s’<strong>il</strong> est vrai que 70%<br />
des forfaits fiscaux concernent Genève et Vaud, <strong>il</strong> est possible d’obtenir<br />
des conditions plus abordables en Valais où certains ne paient<br />
qu’environ 60’000 francs par an. mais la décision a été prise d’augmenter<br />
les minimas et d’harmoniser la pratique des forfaits entre<br />
les différents cantons.<br />
Que <strong>reste</strong>-<strong>il</strong> à faire au « petit » client, celui dont les avoirs<br />
n’excèdent guère le m<strong>il</strong>lion ?<br />
c’est précisément le type de client qui a tendance à se faire régulariser<br />
parce que conserver un compte non déclaré en suisse ne lui<br />
sert pratiquement plus à rien. la lourdeur des peines fait que profiter<br />
d’une amnistie apparaît vraiment comme la me<strong>il</strong>leure solution.<br />
les clients plus importants ont, quant à eux, des moyens d’optimiser<br />
leur fiscalité et n’ont pas besoin de recourir à la stratégie de la<br />
mallette. le petit client, typiquement le dentiste belge qui dépose<br />
son argent en suisse, c’est terminé. <strong>il</strong> <strong>reste</strong> que la fin de ce segment<br />
de clientèle affecte plus encore le luxembourg. Dans les années 90,<br />
Français, Belges et allemands faisaient la queue devant les banques<br />
du Grand-Duché. c’est la fin d’une époque d’autant plus fortement<br />
ressentie qu’<strong>il</strong> n’y a pas de gens très fortunés, les high net worth<br />
individuals, qui auraient des comptes au luxembourg mais pas en<br />
suisse. Bien sûr, les luxembourgeois ne seront pas d’accord avec<br />
cette affirmation.<br />
Le petit client n’a-t-<strong>il</strong> pas la possib<strong>il</strong>ité de garder l’anonymat<br />
par le biais d’une compagnie d’assurances ?<br />
Je n’en fais pas et je n’y crois pas. c’est une solution à court terme<br />
car les assurances seront également mises sous pression. les « emballages<br />
d’assurance » ou « insurance wrappers » qui permettent à<br />
une compagnie d’ouvrir un compte à son nom ont été dénoncés<br />
par la Finma. D’a<strong>il</strong>leurs, même si le wrapper est une façon de<br />
conserver l’anonymat, les données concernant le client existent<br />
tout de même quelque part. a la fin du contrat, celui qui touche,<br />
par exemple, 3 m<strong>il</strong>lions d’une assurance située au luxembourg<br />
risque aussi de devoir fournir des explications. Pour le moment, les<br />
assurances bénéficient d’une lacune dans la législation, mais cela ne<br />
durera pas.<br />
Pour l’instant, on peut tout de même avoir l’impression qu’une<br />
solution permettant de conserver l’anonymat existe pour tous<br />
les cas…<br />
tout se fait sur mesure, mais parfois on ne trouve pas de solution<br />
et le client garde l’ensemble de ses avoirs à son nom. car les<br />
structures juridiques ont aussi leur coût, également en termes de<br />
fiscalité qui sera payée, mais plus tard. On observe tout de même<br />
une tendance à recourir à des méthodes peu ordinaires, les choses<br />
devenant plus occultes.<br />
Une dernière ligne de défense<br />
pour le secret bancaire<br />
« Rubik » est, depuis 2009, la dernière ligne de défense de la Suisse<br />
face à l’UE qui, à terme, exige le passage à « l’échange automatique<br />
d’informations », donc la fin pure et simple du secret bancaire. Car<br />
Rubik, qui propose un impôt libératoire à la source, cherche à satisfaire<br />
les exigences des Européens en termes de prélèvements fiscaux, tout<br />
en garantissant la confidentialité des clients. Les banquiers suisses se<br />
proposent de devenir les « agents payeurs » des Etats européens, avec<br />
toute la logistique que cela comporte dans la mesure où les prélèvements<br />
effectués devront être conformes aux exigences spécifiques<br />
de chaque pays. L’idée s’inspire clairement du « substitut d’impôt »,<br />
une particularité de la réglementation fiscale italienne qui permet aux<br />
intermédiaires financiers de payer les impôts dus par leurs clients<br />
sans dévo<strong>il</strong>er leurs noms à l’administration. Au niveau suisse, l’idée<br />
d’un tel prélèvement a été relayée par certains banquiers tessinois, et<br />
c’est aussi Fulvio Pelli, le président du PLR, qui l’a faite adopter par son<br />
parti en juin 2009. En octobre 2010, au moment de la signature de la<br />
convention de double imposition révisée (CDI) avec la Suisse, l’Allemagne<br />
acceptait officiellement d’entrer en matière sur l’idée, désormais<br />
helvétique, d’un prélèvement fiscal anonymisé à la source. Mais<br />
cela ne signifie pas que l’UE ait renoncé à imposer, à la Suisse également,<br />
son système d’échange automatique d’informations. L’avenir de<br />
ce qui <strong>reste</strong> du secret bancaire paraît donc bien incertain, à moins que<br />
l’UE, affaiblie par la crise, n’ait plus les moyens de ses ambitions.<br />
Pourtant, la dissuasion est de plus en plus forte, alors qu’<strong>il</strong> est<br />
sérieusement question de faire de la seule évasion fiscale un<br />
préalable au délit de blanchiment…<br />
la tentative du GaFi de criminaliser l’évasion fiscale est préoccupante.<br />
c’est un véritable défi. certes, l’évasion est déjà considérée<br />
comme un préalable au blanchiment dans certains pays. mais les<br />
autres conservent la liberté de l’ajouter à la liste des délits ou non.<br />
si le projet du GaFi aboutit, les cDi ne seront plus nécessaires,<br />
puisque tout passera par l’entraide pénale.<br />
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