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FONCTIONS DE LYAPUNOV : APPLICATION - Laboratoire de ...

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<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> : <strong>APPLICATION</strong><br />

À L’ÉTU<strong>DE</strong> <strong>DE</strong> DIFFUSIONS<br />

par<br />

Philippe Carmona<br />

Résumé. — Cette note fait la synthèse <strong>de</strong> plusieurs papiers <strong>de</strong> Luc<br />

Rey-Bellet, et Lawrence Thomas [2, 4, 3, 7, 6, 5, 1]. Elle montre<br />

comment utiliser une fonction <strong>de</strong> Lyapunov pour:<br />

– Montrer qu’une diffusion n’explose pas (est définie pour tout temps)<br />

– Montrer l’existence d’une mesure <strong>de</strong> probabilité invariante<br />

– Montrer l’unicité d’une mesure <strong>de</strong> probabilité invariante<br />

– Montrer la convergence exponentielle du semi groupe vers la mesure<br />

invariante.<br />

Nous utilisons les critères obtenus pour montrer l’existence, l’unicité <strong>de</strong><br />

la mesure <strong>de</strong> probabilité invariante pour une chaîne d’oscillateurs en<br />

communication avec <strong>de</strong>ux réservoirs <strong>de</strong> température. Nous obtenons<br />

également la convergence exponentielle du semi-groupe vers la mesure<br />

invariante.<br />

1. Critère <strong>de</strong> non explosion d’une équation différentielle<br />

stochastique<br />

Etant donnée l’équation différentielle stochastique<br />

(1) dX t = b(X t ) dt + σ(X t ) dB t<br />

avec X t ∈ R n , B t un mouvement Brownien m dimensionnel. On suppose<br />

les coefficients b : R n → R n , σ : R n → M n×m localement Lipschitziens.<br />

Alors on sait que pour tout point <strong>de</strong> départ x 0 , il y a existence (locale)<br />

sur un intervalle aléatoire [0, ζ[, avec ζ > 0 presque sûrement.<br />

Classification mathématique par sujets (2000). — .


2 PHILIPPE CARMONA<br />

Il y a existence globale, i.e. ζ = +∞ presque sûrement, si b et σ ont une<br />

croissance sous linéaire<br />

Exemple 1. — On considère une particule dans un potentiel V , ie dont<br />

la dynamique est déterminée par le Hamiltonien H(p, q) = 1 2 p2 + V (q).<br />

Celle ci est placée dans un bain <strong>de</strong> chaleur à la température T > 0, i.e.<br />

aux équations ˙q = ∂ p H, ṗ = −∂ q H, on rajoute un bruit <strong>de</strong> type Ornstein-<br />

Uhlenbeck (ou Langevin):<br />

(2)<br />

(3)<br />

dq t = dp t dt<br />

dp t = (−γp − ∇V (q t )) dt + √ 2γT dB t .<br />

γ > 0 est un paramètre <strong>de</strong> scaling et V est supposé C 2 . En conséquence<br />

(4) |V (q)| ≤ C(1 + |q|) ⇒ existence globale<br />

Que faire si V (q) = q 4 ?<br />

Définition .1. — Une fonction <strong>de</strong> Lyapunov est une fonction continue<br />

W : R n → R + telle que W(x) ≥ 1 et limW(x) |x|to∞ = +∞. En particulier<br />

les ensembles <strong>de</strong> niveau {x : W(x) ≤ a} sont compacts.<br />

Théorème .2. — Si les coefficients b, σ sont localement lipschitziens,<br />

s’il existe une constante c et une fonction <strong>de</strong> Lyapunov W telles que<br />

LW ≤ cW<br />

Alors il y a existence globale <strong>de</strong>s solutions, pour tout point <strong>de</strong> départ, et<br />

E x [W(X t )] ≤ e ct W(x).<br />

Application à l’exemple 1. — Ici L = A + L 0 + L 1 , avec Af =<br />

∂ p H∂ q f − ∂ q H∂ p f le générateur du hamiltonien H = p2<br />

2 + V (q),<br />

On a<br />

Donc<br />

L 0 f = −γp∂ p f ,<br />

L 1 f = γT∂ 2 p 2f<br />

AH = 0, L 1 H = γT , L 0 H = −γp 2<br />

LH = γ(T − p 2 ) ≤ γT<br />

Comme H est minoré, par exemple si V ≥ 0, il existe C telle que W =<br />

H + C ≥ 1 et LW ≤ γT ≤ γTW.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 3<br />

Preuve du théorème .2. — Étant donné x 0, soit X(t) la solution issue <strong>de</strong><br />

x 0 <strong>de</strong> l’équation différentielle stochastique, définie sur [0, ζ[. Soit<br />

τ n = inf {t > 0 : W(X t ) > n}<br />

le temps <strong>de</strong> sortie du compact {W ≤ n}. Si n > W(x 0 ), alors l’équation<br />

différentielle stochastique avec coefficients ¯b(x) = b(x)1 (W(x)≤n) et ¯σ(x) =<br />

σ(x)1 (W(x)≤n) globalement lipschitziens admet une unique solution ¯X t<br />

issu <strong>de</strong> x 0 : donc ζ > τ n et X t = ¯X t sur t ≤ τ n . On peut appliquer la<br />

formule d’Itô à M t = W(X t )e −ct sur l’intervalle [0, t ∧ τ n ]:<br />

(5)<br />

M t∧τn = M 0 +<br />

∫ t∧τn<br />

0<br />

e −cs ∇W(X s ) dB s +<br />

∫ t∧τn<br />

0<br />

e −cs (LW − cW)(X s ) ds .<br />

Le terme N t∧τn = M 0 + ∫ t∧τ n<br />

e −cs ∇W(X<br />

0 s ) dB s est une martingale locale<br />

continue positive car M t ≥ 0 et LW ≤ cW, c’est donc une vraie<br />

surmartingale et E x0 [M t∧τn ] ≤ E x0 [M 0 ] c’est à dire:<br />

W(x 0 ) ≥ E x0<br />

[<br />

W(Xt∧τn )e −ct∧τn] ≥ E x0<br />

[<br />

W(Xτn )1 (τn≤t)]<br />

= nPx0 (τ n ≤ t) .<br />

Donc pour tout t > 0, P x0 (τ n ≤ t) → 0 donc τ n → +∞ P x0 presque<br />

sûrement, et ζ ≥ lim sup τ n = +∞ presque sûrement.<br />

Maintenant, en faisant n → +∞, il vient , par Fatou,<br />

W(x 0 ) ≥ E x0<br />

[<br />

lim inf W(Xt∧τn )e −ct∧τn] = E x0<br />

[<br />

W(Xt )e −ct] .<br />

2. Existence d’une mesure invariante<br />

On introduit le semi groupe <strong>de</strong> la diffusion<br />

P t f(x) = E x [f(X t )]<br />

Une mesure <strong>de</strong> probabilité π est dite invariante si<br />

∫<br />

∫<br />

∀t, f P t f(x) dxπ(dx) = f(x)π(dx)<br />

ou <strong>de</strong> façon équivalente (en dérivant l’équation précé<strong>de</strong>nte)<br />

∫<br />

∀f ∈ D(L) , π(dx)Lf(x) = 0<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> notre exemple 1, il est facile <strong>de</strong> vérifier que π(dx) =<br />

e −βH(p,q) dpdq est une mesure invariante, avec β = 1 . Si V (q) ∼ (const)|q|k<br />

T


4 PHILIPPE CARMONA<br />

avec k ≥ 1 ,alors il est facile <strong>de</strong> normaliser π pour en faire une probabilité.<br />

Les résultats <strong>de</strong> la section suivante pourront même s’appliquer<br />

et dire que π est l’unique mesure <strong>de</strong> probabilité invariante : nous aurons<br />

donc ainsi construit un modèle <strong>de</strong> réservoir à température T, car le<br />

bruit à permi <strong>de</strong> choisir parmi une infinité <strong>de</strong> mesures invariantes <strong>de</strong> la<br />

dynamique Hamiltonienne la mesure <strong>de</strong> Gibbs π = π β .<br />

Comme on ne peut pas toujours exhiber une solution proba à L ∗ π = 0,<br />

avec L ∗ l’adjoint au sens <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> L, on va utiliser la compacité.<br />

Rappelons le<br />

Théorème <strong>de</strong> Prokhorov. — Une famille <strong>de</strong> probabilités (µ i ) i∈I définie<br />

sur un espace métrique séparable complet (E, d) est relativement compacte<br />

pour la convergence faible ssi elle est tendue, i.e.<br />

∀ǫ > 0, ∃ K compact ,<br />

sup µ i (K C ) ≤ ǫ.<br />

i<br />

Lemme .3. — La famille (µ i ) i∈I est tendue s’il existe une fonction positive<br />

W tendant vers +∞ à l’infini telle que<br />

sup µ i (W) < +∞ .<br />

i<br />

Démonstration. — En effet, par l’inégalité <strong>de</strong> Markov,<br />

µ i (W > a) ≤ 1 A µ i(W) ≤ 1 A sup µ i (W) ≤ ǫ<br />

i<br />

si A = A 0 assez grand. Soit K un compact tel que W(x) > A sur K C ,<br />

alors sup i µ i (K C ) ≤ ǫ.<br />

La réciproque est vraie si E est en outre localement compact, car il<br />

existe une suite croissante <strong>de</strong> compacts K p telle que sup i µ i (Kp C) ≤ 2−2p ,<br />

et<br />

∑<br />

on peut , quitte à les grossir, imposer E = ∪K p : alors W(x) =<br />

p 2p 1 (Kp\K p−1 )(x) convient.<br />

Lemme .4. — Si le semi groupe est Fellérien et s’il existe une fonction<br />

<strong>de</strong> Lyapunov W et x 0 ∈ E tels que sup t P t W(x 0 ) < +∞, alors il existe<br />

une probabilité invariante.<br />

Démonstration. — Considérons la famille <strong>de</strong> probabilités<br />

µ t (f) = 1 t<br />

∫ ∞<br />

0<br />

P s f(x 0 ) ds<br />

ALors sup t µ t (W) ≤ sup t P t W(x 0 ) < +∞, donc d’après le Lemme <strong>de</strong><br />

Prokhorov, la suite µ t est tendue et admet une sous suite µ tn t n ↑ +∞


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 5<br />

convergeant faiblement vers une probabilité ν : si f continue bornée,<br />

µ tn (f) → ν(f).<br />

Donc si r > 0 et f est continue bornée, alors le semi groupe étant<br />

Fellérien, P r f est continue bornée et µ tn (P r f) → ν(P r f). Or,<br />

µ tn (P r f) = 1 ∫ r+tn<br />

P s f(x 0 ) ds = 1 ((r + t n )µ r+tn (f) − rµ r (f)) → ν(f)<br />

t n t n<br />

r<br />

Donc ν(P r f) = ν(f), d’où l’invariance <strong>de</strong> ν.<br />

Voici une condition suffisante sur la fonction <strong>de</strong> Lyapunov pour obtenir<br />

l’existence d’une proba invariante.<br />

Théorème .5. — S’il existe <strong>de</strong>s constantes c > 0, b < +∞, 0 < κ <<br />

1, t 0 > 0 et une fonction <strong>de</strong> Lyapunov W telles que:<br />

1. LW ≤ cW<br />

2. P t0 W(x) ≤ κW(x) + b1 K (x)<br />

Alors il existe une probabilité invariante.<br />

Remarque .6. — Les conditions 1 et 2 sont entraînées par l’unique<br />

inégalité LW(x) ≤ −αW(x) + β pour <strong>de</strong>ux constantes α > 0 et 0 ≤<br />

β < +∞, car alors LW ≤ β ≤ βW et<br />

d<br />

dt P tW(x) = P t LW(x) ≤ −αP t W(x) + β<br />

donc en intégrant cette inégalité<br />

P t W(x) ≤ e −αt (W(x)+<br />

∫ t<br />

0<br />

βe αs ds) = e −αt W(x)+β 1 − e−αt<br />

α<br />

≤ e −αt W(x)+β/α<br />

Donc, à t > 0 fixé, si l’on considère le compact K = {W(x) ≤ A} avec<br />

A grand, pour que κ = e −αt + β<br />

αA < 1, alors si x ∈ KC , W(x) > A donc<br />

donc,<br />

P t W(x) ≤ e −αt W(x) + β/α ≤ (e −αt + β<br />

αA )W(x)<br />

P t W(x) ≤ κW(x) + β/α.<br />

Observons que l’exemple 1 ne s’applique pas directement ici, en utilisant<br />

la caractérisation avec le générateur, même en utilisant la fonction<br />

<strong>de</strong> Lyapunov W = e θH . En effet, en utilisant le fait que si X est


6 PHILIPPE CARMONA<br />

un opérateur différentiel du premier ordre, alors X(e f ) = e f X(f) et<br />

X 2 (e f ) = e f ((Xf) 2 + X 2 f), on obtient<br />

AW = θW A(H) = 0 , L 0 W = −θγp 2 W L 1 W = γTθW(1 + θp 2 )<br />

et donc<br />

LW = γθW(T − p 2 (1 − Tθ))<br />

ce qui ne convient pas, même si 0 < θT < 1, car {p 2 ≤ A} n’est pas un<br />

compact !<br />

Démonstration. — On a<br />

P 2t0 W(x) ≤ κP t0 W(x) + bP t0 1 K (x) ≤ κ 2 W(x) + b + κb1 K (x)<br />

et par une récurrence immédiate:<br />

P nt0 W(x) ≤ κ n W(x) + b + κb + · · · + κ n−2 b + κ n−1 b1 K (x)<br />

donc<br />

P nt0 W(x ≤ κ n W(x) +<br />

b<br />

1 − κ<br />

N’oublions pas que comme LW ≤ cW on a P s W(x) ≤ e cs W(x), donc, si<br />

nt 0 ≤ t < (n + 1)t 0 , alors<br />

P t W(x) = P nt0 (P t−nt0 W)(x) ≤ e c(t−nt 0) P nt0 W(x)<br />

≤ e ct 0<br />

(κ n W(x) +<br />

b<br />

1 − κ ) → b<br />

ect 0<br />

1 − κ<br />

C’est une suite convergente, donc une suite bornée, et on peut appliquer<br />

le critère précé<strong>de</strong>nt (Lemme .4).<br />

On peut sous les mêmes hypothèses établir une propriété <strong>de</strong> récurrence:<br />

Proposition .7. — Sous les hypothèses précé<strong>de</strong>ntes, si<br />

τ K = inf {t > 0 : X t ∈ K}<br />

désigne le premier temps <strong>de</strong> passage en K, alors il existe δ > 0 tel que<br />

∀x, E x<br />

[<br />

e<br />

δτ K<br />

]<br />

< +∞<br />

En particulier, pour tout point <strong>de</strong> départ x, on atteint le compact K en<br />

un temps fini presque sûrement.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 7<br />

Démonstration. — Quitte à grossir K, on peut supposer que K = {W ≤ A}.<br />

Montrons par récurrence que τ = τ K satisfait:<br />

∀x ∉ K , P x (τ > nt 0 ) ≤ κn<br />

A W(x)<br />

Alors, par Markov, comme sur τ > t 0 , on a X t0 ∉ K,<br />

P x (τ > (n + 1)t 0 ) = P x (τ > t 0 , (τ > nt 0 ) ◦ θ t0 )<br />

= E x<br />

[<br />

1(τ>t0 )P Xt0 (τ > nt 0 ) ]<br />

κ<br />

≤ E x<br />

[1 n<br />

(τ>t0 )<br />

A W(X t 0<br />

)<br />

[ ]<br />

≤ κn κ<br />

n<br />

A E x<br />

A W(X t 0<br />

)<br />

≤ κn<br />

A P t 0<br />

W(x) ≤ κn+1<br />

A W(x) .<br />

On en déduit aisément l’existence d’un moment exponentiel pour la variable<br />

aléatoire τ K , en encadrant nt 0 ≤ t ≤ (n + 1)t 0 et obtenir la majoration<br />

avec γ > 0,<br />

P x (τ > t) ≤ e −γt<br />

.<br />

]<br />

3. Unicité <strong>de</strong> la mesure invariante<br />

La première hypothèse supplémentaire que nous <strong>de</strong>vrons faire est une<br />

hypothèse <strong>de</strong> régularité. Rappelons qu’un semi groupe (P t ) t≥0 est dit<br />

Fellerien s’il envoie l’espace <strong>de</strong>s fonctions continues bornées sur lui même<br />

; on peut le démontrer en utilisant la continuité <strong>de</strong> la solution d’une<br />

équation différentielle stochastique par rapport aux paramètres. Il est<br />

dit fortement Fellerien si pour t > 0, P t envoie les fonctions essentiellement<br />

bornées (<strong>de</strong> L ∞ ) dans les fonctions continues bornées. Il est dit<br />

régularisant (smooth) si pour t > 0, il admet une <strong>de</strong>nsité C ∞ et s’il<br />

envoie les fonctions essentiellement bornées dans les fonctions <strong>de</strong> classe<br />

C ∞ . On établit cette propriété en utilisant le critère <strong>de</strong> Hörman<strong>de</strong>r.<br />

La secon<strong>de</strong> hypothèse que nous ferons est l’hypothèse d’irréductibilité :<br />

il existe t 0 > 0, tel que pour tous x ∈ R n et tout 0 ouvert, P t0 (x, 0) > 0.<br />

Grâce aux équations <strong>de</strong> Chapman Kolmogorov, alors cette propriété est<br />

vérifiée pour tout t ≥ t 0 .


8 PHILIPPE CARMONA<br />

Cette secon<strong>de</strong> hypothèse peut être établie en utilisant le théorème <strong>de</strong> support<br />

<strong>de</strong> Stroock et Varadhan : si X t est solution <strong>de</strong> l’équation différentielle<br />

stochastique au sens <strong>de</strong> Stratonovitch<br />

alors<br />

dX t = b(X t ) ∂t + σ(X t )∂B t ,<br />

suppP t0 (x, .) = A t0 (x)<br />

Le support <strong>de</strong> la mesure P t0 (x, .) est la fermeture <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s points<br />

y atteignables en t 0 , c’est à dire <strong>de</strong>s points y tels qu’il existe un contrôle u<br />

constant par morceaux (ou C 1 ) tel que l’équation différentielle ordinaire<br />

ẋ(t) = b(x(t)) + σ(x(t))u(t) ,<br />

x(0) = x, x(t 0 ) = y<br />

admette une solution.<br />

Pour l’exemple 1, étant donné x 0 = (p 0 , q 0 ) et x 1 = (p 1 , q 1 ), soit φ(s)<br />

chemin <strong>de</strong> classe C 2 tel que φ(0) = q 0 , φ ′ (0) = p 0 , et φ(t 0 ) = q 1 , φ ′ (t 0 ) =<br />

p 1 . Alors le contrôle suivant convient :<br />

u(t) = √ 1 ( )<br />

˙φ + ∇V (φ) + γ ˙φ<br />

2γT<br />

Théorème .8. — On se place sous les hypothèses du Théorème .2. On<br />

suppose en outre que le semi-groupe est irréductible et fortement Fellerien.<br />

Alors, il existe une unique mesure <strong>de</strong> probabilité invariante.<br />

La preuve <strong>de</strong> ce théorème, i.e. la preuve <strong>de</strong> l’unicité <strong>de</strong> la mesure invariante,<br />

va utiliser essentiellement les notions <strong>de</strong> récurrence et d’ergodicité.<br />

Rappelons tout d’abord le<br />

Théorème ergodique <strong>de</strong> Birkhoff. — Soit (X, F, µ) un espace <strong>de</strong> probabilité.<br />

SOit (φ t ) t≥0 un semigroupe <strong>de</strong> transformations <strong>de</strong> X qui préserve<br />

la mesure µ, c’est à dire φ t : X → X est mesurable, φ t ◦ φ s = φ t+s et<br />

µ(φ −1<br />

t (A)) = µ(A). Alors, pour toute fonction f ∈ L 1 (µ),<br />

lim 1 t<br />

∫ t<br />

0<br />

f(φ s (x)) ds = E [f | I]<br />

dµ(x)pp<br />

où E [f | I] désigne l’espérance conditionnelle, par rapport à µ et à la<br />

tribu <strong>de</strong>s invariants : I = {A ∈ F : φ 1 t(A) = A}.<br />

La probabilité µ, ou le semigroupe (φ t ) t≥0 sont dits ergodiques si I est<br />

presque sûrement triviale, c’est à dire que pour tout A ∈ I, µ(A) = 0<br />

ou 1, ou encore que les fonctions I mesurables sont µ presque partout


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 9<br />

constantes. Dans ce cas, si f ∈ L 1 (µ), alors E [f | I] = ∫ fdµ, µ presque<br />

partout.<br />

Étant donnée une mesure invariante π pour le semigroupe (P t ) t≥0 on considère<br />

P π la loi du processus <strong>de</strong> loi initiale π. C’est à dire que l’on se place<br />

sur l’espace canonique (Ω = E R +<br />

, E ⊗R +<br />

, P x , x ∈ E) avec les applications<br />

coordonnées X t (ω) = ω(t) et le semigroupe du shift θ t (ω)(s) = ω(t + s)<br />

; alors,<br />

∫<br />

P π (A) = P x (A) π(dx) = P π (X . ∈ A)<br />

Le shift préserve la mesure P π car sous P π , X 0 a pour loi π, donc X t a<br />

pour loi πP t = π et par la propriété <strong>de</strong> Markov,<br />

∫<br />

E π [f(θ t (ω))] = E π [E Xt [f(ω)]] = P π (X t ∈ dx)E x [f] = E π [f]<br />

Lemme .9. — Si le semi-groupe (P t ) t≥0 admet <strong>de</strong>ux probabilités invariantes<br />

distinctes π 1 ≠ π 2 , alors pour tout α ∈ (0, 1), si π = aπ 1 +(1−a)π 2 ,<br />

la probabilité P π n’est pas ergodique et il existe une fonction h positive<br />

bornée, invariante pour le semi groupe, non constante.<br />

Démonstration. — Raisonnons par l’absur<strong>de</strong> et supposons P π ergodique.<br />

Soit A ∈ I, alors P π (A) = 0, 1, donc si P π (A) = 0 , alors P π1 (A) =<br />

P π2 (A) = 0 et si P π (A) = 1, alors P π1 (A) = P π2 (A) = 1. Soit f mesurable<br />

bornée. Par le théorème ergodique <strong>de</strong> Birkhoff, appliqué à la fonction<br />

F(ω) = f(X 0 (ω)), il existe A tel que P π (A) = 1, et<br />

∀ω ∈ A ,<br />

1<br />

t<br />

∫ t<br />

0<br />

∫<br />

f(ω(s)) ds → m =<br />

fdπ<br />

On a P π1 (A) = P π2 (A) = 1, donc par convergence dominée,<br />

m = lim 1 ∫ t<br />

∫<br />

E πi [f(ω(s))] ds = fdπ i<br />

t<br />

0<br />

et on a donc ∫ f dπ 1 = ∫ f dπ 2 pour toute fonction f mesurable bornée,<br />

d’où π 1 = π 2 , ce qui est contradictoire.<br />

Il existe donc A ∈ I tel que 0 < P π (A) < 1. Soit h(x) = P x (A), alors<br />

par propriété <strong>de</strong> Markov,<br />

h(x) = P x (θt<br />

−1 (A)) = E x [P Xt (A)] = E x [h(X t )] = P t h(x)<br />

Donc (h(X t ) t≥0 est une martingale positive, qui converge presque sûrement:<br />

h(X t ) = P Xt (A) = E [1 A ◦ θ t | F t ] = E [1 A | F t ] → 1 A (ω) ∈ {0, 1}<br />

p.s.


10 PHILIPPE CARMONA<br />

Si la fonction h était constante, alors cette constante ne pourrait être que<br />

0 ou 1 et cela entraînerait que P π (A) ∈ {0, 1}, ce qui est contradictoire.<br />

Nous allons voir maintenant que l’hypothèse d’irréductibilité entraîne la<br />

récurrence <strong>de</strong>s ouverts.<br />

Lemme .10. — Sous les hypothèses du théorème, tout ouvert non vi<strong>de</strong><br />

est récurrent pour la chaîne <strong>de</strong> Markov (X nt0 ) n≥0 . En conséquence, toute<br />

fonction f mesurable bornée ou positive, qui est invariante pour la chaîne,<br />

P t0 f = f, est constante presque partout.<br />

Démonstration. — Soit A un ouvert non vi<strong>de</strong>. La fonction 1 A est bornée,<br />

donc la fonction x → P t0 1 A (x) est continue, et on a par irréductibilité<br />

δ = inf x∈K P t0 1 A (x) > 0, car K est compact. On considère la chaîne <strong>de</strong><br />

Markov Y n = X nt0 <strong>de</strong> matrice <strong>de</strong> transition Q = P t0 , et le schéma <strong>de</strong><br />

succès échec suivant τ 0 = 0,<br />

τ p =∈ {n > 1 + τ p−1 : Y n ∈ K} ,<br />

ξ p = 1 (Y1+τp ∈A)<br />

Alors, d’après la Proposition .7, pour tout p, τ p est fin presque sûrement,<br />

P x (ξ 1 = 0) = P x (Y 1+τK ∉A) = E x<br />

[<br />

PYτK (Y 1 ∉ A) ] ≤ 1 − c<br />

et donc, par récurrence et la propriété <strong>de</strong> Markov,<br />

]<br />

P x (ξ 1 = 0, . . ., ξ p = 0) = E x<br />

[1 (Y1+τK ∉A)P Y1+τK (ξ 1 = 0, . . ., ξ p−1 = 0) ≤ (1−c) p<br />

ce qui entraîne que P (∀p, ξ p = 0) = 0, et A est récurrent.<br />

Soit alors f mesurable, bornée ou positive, invariante pour la chaîne.<br />

Le semi-groupe est fortement Fellerien donc f = P t0 f est continue.<br />

Si f est non constante alors il existe α < β tels que les ensembles<br />

A = {x : f(x) < α} et B = {x : f(x) > β} soient ouverts non vi<strong>de</strong>s donc<br />

récurrents. Comme P t0 f = f, M n = f(Y n ) = f(X net0 ) est une martingale,<br />

positive ou bornée, donc convergeant vers une variable aléatoire<br />

intégrable Z. Comme A et B sont récurrents on obtient que presque<br />

sûrement, Z ≤ α et Z ≥ β ce qui est absur<strong>de</strong>.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 11<br />

4. Convergence exponentielle vers la mesure invariante<br />

Pour une chaîne <strong>de</strong> Markov sur un espace d’états fini, l’irréductibilité <strong>de</strong><br />

sa matrice <strong>de</strong> transition assure la convergence exponentielle vers l’unique<br />

mesure <strong>de</strong> probabilité invariante, par le<br />

Théorème <strong>de</strong> Perron-Frobenius. — Soit P une matrice stochastique<br />

sur un espace d’états fini telle que il existe k, tel que pour tout n ≥ k la<br />

matrice P n soit à coefficients strictement positifs:<br />

∀n ≥ k , ∀i, j ,<br />

P n<br />

i,j > 0<br />

Alors P admet une unique mesure invariante π et il existe γ, c > 0 tels<br />

que<br />

sup ∣ P<br />

n<br />

x,y − π(y) ∣ ≤ Ce −γn .<br />

x,y<br />

L’analogue en théorie <strong>de</strong>s semigroupes existe, si l’on considère <strong>de</strong>s semigroupes<br />

compacts. L’espace <strong>de</strong> Banach considéré dépend <strong>de</strong> la fonction<br />

<strong>de</strong> Lyapunov W:<br />

H W = {f : E → Rborelienne : ‖f‖ W<br />

< +∞},<br />

avec ‖f‖ W<br />

= sup |f(x)|W(x)<br />

x∈E<br />

Théorème .11. — On suppose que le semi-groupe est irréductible et<br />

régularisant sur E = R n , que pour une constante c > 0, LW ≤ cW<br />

et qu’il existe une suite <strong>de</strong> compacts K n , <strong>de</strong>s constantes b n ∈ (0, +∞),<br />

o < κ n < 1, telles que κ n → 0 et pour un t 0 > 0,<br />

P t0 W(x) ≤ κ n W(x) + b n 1 Kn (x)<br />

Alors, (P t ) t≥0 définit un semigroupe d’opérateurs sur H W , compacts pour<br />

t ≥ t 0 . Le processus admet une unique mesure invariante π et pour <strong>de</strong>s<br />

constantes γ, C > 0 on a<br />

‖P t − π‖ W<br />

≤ Ce −γt<br />

c’est à dire que pour toute f ∈ H W ,<br />

∫<br />

∣ P tf(x) − f dπ<br />

∣ ≤ Ce−γt W(x) .<br />

Démonstration. — Comme LW ≤ cW on a P t W(x) ≤ e ct W(x) et donc<br />

P t est un opérateur linéaire sur H W <strong>de</strong> norme ‖P t ‖ ≤ e ct .<br />

Étape 1 Montrons que P 2t0 est compact.


12 PHILIPPE CARMONA<br />

Observons que pour toute f ∈ H W ,<br />

∣ 1K c n<br />

(x)P t0 f(x) ∣ ∣ &le1K c n<br />

(x)P t0 |f|(x)<br />

≤ 1 K c n<br />

(x)‖f‖ W<br />

P t0 W(x)<br />

≤ 1 K c n<br />

(x)‖f‖ W<br />

κ n W(x)<br />

et donc<br />

∥ 1K c n<br />

P t0<br />

∥<br />

∥W ≤ κ n → 0 .<br />

Montrons que Λ = 1 Kn P t0 1 Kn est compact. On va montrer que <strong>de</strong> toute<br />

famille (f i ) i∈I <strong>de</strong> H W telle que ‖f i ‖ W<br />

≤ 1, on peut extraire une sous<br />

suite f p telle que Λf p converge dans H W . Remarquons tout d’abord<br />

que comme e semi groupe est fortement Fellerien, et 1 Kn f i est bornée, la<br />

fonction P t0 1 Kn f i est continue, et (Λf i ) i∈I est une familles <strong>de</strong> fonctions <strong>de</strong><br />

C Kn , fonctions continues sur le compact K n . Cet ensemble est équiborné<br />

car pour tout x ∈ K n ,<br />

|Λf i (x)| ≤ ‖f i ‖ W<br />

P t0 W(x) ≤ κ n W(x) ≤ κ n sup<br />

y∈K n<br />

W(y)<br />

Cet ensemble est également équicontinue, car le semi-groupe étant régularisant,<br />

pour tous x, y ∈ K n ,<br />

∫<br />

|Λf i (x) − Λf i (y)| ≤ |p t0 (y, z) − p t0 (x, z)||f i (z)|dz<br />

z∈K n<br />

∫<br />

≤ |y − z| sup |∂ u p t0 (u, v)|‖f i ‖ W<br />

W(z) dz ≤ C n |y − x| .<br />

u,v∈K n K n<br />

Par le théorème d’Arzela-Ascoli, il contient une sous suite (f p ) p≥0 telle<br />

que Λf p converge dans C(K n ) vers f, ce qui entraîne comme W ≥ 1, que<br />

Λf p converge dans H W vers f1 Kn .<br />

Maintenant il suffit d’écrire<br />

P 2t0 = 1 K c n<br />

P t0 ◦ P t0 + 1 Kn P t0 ◦ 1 K c n<br />

P t0 + 1 Kn P t0 1 Kn<br />

Les <strong>de</strong>ux premiers opérateurs convergent vers 0 dans H W , et le <strong>de</strong>rnier<br />

opérateur est compact, donc P 2t0 est compact. Quitte à remplacer P t0<br />

Étape 2 P t0 n’admet que 1 comme valeur propre <strong>de</strong> module 1, et 1 est<br />

valeur propre simple.<br />

Supposons que 1 n’est pas valeur propre simple. Alors il existe f ∈ H W ,<br />

non constante, telle que P t0 f = f. Quitte à diviser f par sa norme,


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 13<br />

on suppose ‖f‖ W<br />

≤ 1. Alors, g = |f| est sous harmonique: g ≥ 0 et<br />

g = |P t0 f| ≤ P t0 |f| = P t0 g. On en déduit que<br />

g(x) ≤ P nt0 g(x) ≤ P nt0 W(x) ≤ κ n W(x) +<br />

b<br />

1 − κ<br />

et donc que g(x) ≤<br />

b est bornée. Donc f est P 1−κ t 0<br />

-invariante bornée,<br />

donc constante d’après le Lemme .10.<br />

Maintenant supposons que f ∈ H W soit un vecteur propre <strong>de</strong> P t0 associé<br />

à la valeur propre λ <strong>de</strong> module 1. Si on note χ = E λ (P t0 ) l’espace propre,<br />

<strong>de</strong> dimension finie car P t0 est compact, associé à la valeur propre λ, alors<br />

pour tout t ≥ 0, P t P t0 = P t0 P t entraîne que χ est stable par P t , et donc,<br />

sur ce sev <strong>de</strong> dimension finie, P t = e tL ; En conséquence, si λ = e it 0α<br />

sur χ on a P t f = e itα f et donc, pour t = 2φkα > t 0 , P t f = f. Ceci<br />

est contradictoire avec l’hypothèse d’irréductibilité (appliquée ici en t au<br />

lieu <strong>de</strong> t 0 ) et le Lemme .10.<br />

Étape 3 Établissons la convergence exponentielle.<br />

Comme P t0 est un opérateur compact, son spectre σ(P t0 ) est au plus<br />

dénombrable, avec 0 comme seul point d’accumulation possible : en outre<br />

toute valeur non nulle du spectre est une valeur propre avec une multiplicité<br />

finie. En conséquence on peut décomposer l’espace H W en somme<br />

directe H W = H 1 ⊕H 2 , avec H 1 sous espace propre associé à la valeur propre<br />

1, <strong>de</strong> module maximal, constitué <strong>de</strong>s fonctions constantes, et H 2 sur<br />

lequel le rayon spectral <strong>de</strong> P t0 est strictement inférieur à 1 : Rad(P t0 ) < 1<br />

sur H 2 .<br />

Comme P t = P t−t0 P t0 est compact pour t ≥ t 0 , il est clair( voir par<br />

exemple Davies Theorem 3.19) que σ(P t ) = {0} ∪e tσ(L) et donc pour <strong>de</strong>s<br />

constantes γ, C > 0,<br />

‖P t ‖ H2<br />

≤ Ce −γt<br />

ce qui est exactement la convergence désirée, car f → ∫ fdπ est la projection<br />

sur H 1 , ie f − ∫ f dπ ∈ H 2 .<br />

5. Étu<strong>de</strong> d’une particule en communication avec un réservoir<br />

La dynamique <strong>de</strong> la particule a la position q <strong>de</strong> moment p est déterminée<br />

par le Hamiltonien<br />

H(p, q) = p2<br />

2<br />

+ V (q) (p, q ∈ R)


14 PHILIPPE CARMONA<br />

avec V : R → R potentiel <strong>de</strong> classe C 2 tel que pour <strong>de</strong>s constantes<br />

a > 0, k ≥ 2:<br />

V (λq) ∼ aλ k |q| k (λ → +∞)<br />

Cette particule est en contact avec un réservoir <strong>de</strong> chaleur à la température<br />

T, modélisé par un processus d’Ornstein-Uhlenbeck agissant comme un<br />

bruit sur le moment p, c’est à dire que pour une constante γ > 0,<br />

(6)<br />

(7)<br />

dq t = p t dt<br />

dp t = (−γp − ∇V (q t )) dt + √ 2γT dB t .<br />

Le but <strong>de</strong> cette section est d’utiliser les résultats généraux sur les fonctions<br />

<strong>de</strong> Lyapunov pour montrer qu’il existe une unique mesure <strong>de</strong> probabilité<br />

invariante vers laquelle le semi groupe converge exponentiellement<br />

vite.<br />

Nous avons déjà traité le problème d’irréductibilité, via le théorème <strong>de</strong><br />

support, et il est aisé d’appliquer ici le théorème <strong>de</strong> Hörman<strong>de</strong>r qui prouve<br />

que le semi-groupe est régularisant. En effet, le générateur s’écrit<br />

L = X 0 + X 2 1 , X 1 = √ γT∂ p , X 0 = (−γp − V ′ (q))∂ p + p∂ q<br />

En conséquence, [X 1 , X 0 ] = −γ √ γT∂ p + √ γT∂ q et {X 1 , [X 1 , X 0 ]} est <strong>de</strong><br />

rang maximal 2 en tout point (p, q).<br />

Nous avons vu que LH = γ(T − p 2 ) ≤ γT et si W = e θH ,<br />

LW = γθW(T − p 2 (1 − Tθ)) ≤ γθTW .<br />

La solution <strong>de</strong> l’eds existe pour tout temps, mais on n’a pas LW ≤<br />

−αW +β. Il nous reste à montrer qu’il existe une suite <strong>de</strong> compacts K n ,<br />

<strong>de</strong>s constantes b n < +∞ et 0 < κ n < 1, κ n → 0 telle que pour un t 0 > 0,<br />

P t0 W(x) ≤ κ n W(x) + b n 1 Kn (x)<br />

En prenant K n = {x : W(x) ≤ a n } avec a n → +∞, il nous suffit <strong>de</strong><br />

montrer que<br />

lim sup P t0 W(x)<br />

= 0<br />

W(x)<br />

a→+∞ {x:W(x)>a}<br />

.<br />

Supposons que cela n’est pas le cas, alors il existe ǫ > 0, a n ↑ +∞ et x n<br />

tel que W(x n ) = a n , vérifiant<br />

Nous aurons besoin du<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

≥ ǫ.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 15<br />

Lemme .12. — Il existe <strong>de</strong>s constantes C > 0, β > 1 ne dépendant que<br />

<strong>de</strong> γ, T, θ telle que C > 0 si 0 < θ < 1 T , et<br />

P t W(x)<br />

W(x)<br />

[ ]<br />

≤ e γTθt E x e −CR t 1/β<br />

0 p(s)2 ds<br />

Démonstration. — Il suffit d’appliquer la formule d’ito au Hamiltonien<br />

H(X t ) − H(x) = √ 2γT<br />

∫ t<br />

0<br />

p s dB s +<br />

∫ t<br />

0<br />

γ(T − p(s) 2 ) ds .<br />

Étant donné <strong>de</strong>ux exposants conjugués, 1 α + 1 β<br />

= 1, on a<br />

P t W(x)<br />

W(x)<br />

[<br />

= E ]<br />

x e<br />

θ(H(X t)−H(x))<br />

(<br />

= e θTγt E x<br />

[exp θ √ 2γT<br />

= e θTγt E x [UV ]<br />

∫ t<br />

≤ e θTγt E x [U α ] 1/α E x<br />

[<br />

V<br />

β ] 1/β<br />

0<br />

p s dB s − γθ<br />

∫ t<br />

0<br />

)]<br />

γp(s) 2 ds<br />

avec<br />

∫ t<br />

U = exp(θ √ ∫ t<br />

(8) 2γT p s dB s − αγTθ 2 p 2 s ds)<br />

0<br />

0<br />

∫ t<br />

(9)<br />

V = exp(−γθ(1 − Tθα) p 2 s ds)<br />

Nous avons E x [U α ] = 1 puisque c’est la martingale exponentielle, d’où le<br />

résultat si α est choisi suffisamment proche <strong>de</strong> 1 pour que 1 − Tθα > 0.<br />

0<br />

5.1. Le scaling. — Nous allons utiliser la forme du potentiel V (q) en<br />

observant que lorsque l’énergie W(x) est forte, alors le bruit gaussien<br />

n’a pratiquement plus d’influence, et la particule cherche à re<strong>de</strong>scendre<br />

au plus vite la montagne potentielle, elle accumule donc pendant un<br />

intervalle <strong>de</strong> temps constant, une vitesse p minimum.<br />

Étant donné E > 0, on pose<br />

p E (t) = E −1 2 p(E<br />

1<br />

k −1 2 t), qE (t) = E − 1 k q(E<br />

1<br />

k −1 2 t) .


16 PHILIPPE CARMONA<br />

Alors X E = (p E , q E ) est solution <strong>de</strong> l’équation différentielle stochastique<br />

(S E ) { dqE (t) = p E (t) dt<br />

dp E (t) = (−E 1 2 − 1 k γpE (t) − ∇V E (q E (t))) dt + √ 2γTE 1<br />

2k −3/4 dB E (t)<br />

avec B E (t) = E − 1<br />

2k +1 4B(E 1 k −1 2t) un mouvement Brownien standard, V E (q) =<br />

1<br />

E V (E 1 kq). C’est une dynamique Hamiltonienne, perturbée par un petit<br />

bruit (quand E est grand) et associée au hamiltonien<br />

H E (p E , q E ) = p 2 E /2 + V E(q E ) = 1 H(p, q)<br />

E<br />

En d’autres termes, si X t est solution du système initial (S) avec X 0 = x<br />

et énergie initiale H(x) = E, alors X E (t) est solution du système (S E )<br />

avec, X E (0) = x E = (E −1 2p, E − kq) 1 et H E (x E ) = 1. Pour E = +∞ on a<br />

la disparition du bruit stochastique<br />

(S ∞ )<br />

{ dq∞ (t) = p ∞ (t) dt<br />

dp ∞ (t) = (−ǫγp ∞ (t) − ∇V ∞ (q ∞ (t))) dt<br />

avec ǫ = 1 (k=2) , et le potentiel est V ∞ (q) = a|q| k .<br />

5.2. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dynamique à l’infini. — En haut <strong>de</strong> la montagne<br />

on n’entend pas <strong>de</strong> bruit, et donc on ne cherche qu’une chose, c’est <strong>de</strong><br />

re<strong>de</strong>scendre la pente <strong>de</strong> potentiel : en conséquence il y a acquisition <strong>de</strong><br />

vitesse.<br />

Lemme .13. — Étant donné τ > 0, il existe c τ > 0 telle que<br />

inf<br />

{x:H ∞(x)=1}<br />

∫ τ<br />

0<br />

p ∞ (s) 2 ds ≥ c τ .<br />

Démonstration. — Soit en effet x(t) une solution <strong>de</strong> S ∞ , issue <strong>de</strong> x ≠<br />

(0, 0) et supposons que<br />

∫ τ<br />

0<br />

p(s) 2 ds = 0<br />

Alors, p(s) = 0, donc q(s) = C est constante sur [0, τ], et donc sur cet<br />

intervalle<br />

0 = ṗ = −ǫγp − ∇V ∞ (C) = −∇V ∞ (C)<br />

Vu la forme <strong>de</strong> V ∞ (q) = a|q| k cela impose C = 0 et donc x = (0, 0) ce<br />

qui est contradictoire.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 17<br />

Par continuité par rapport aux conditions initiales, l’application x →<br />

∫ τ<br />

0 p(s)2 ds est continue sur le compact K = {x : H ∞ (x) = 1}. Elle est<br />

strictement positive sur K car il ne contient pas 0, donc elle y atteint<br />

son minimum c τ , qui est donc strictement positif.<br />

5.3. Preuve <strong>de</strong> l’existence et l’unicité <strong>de</strong> la mesure invariante.<br />

— Rappelons que nous raisonnons par l’absur<strong>de</strong> et donc qu’ il existe<br />

ǫ > 0 et x n tel que H(x n ) = E n ↑ +∞, vérifiant<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

≥ ǫ.<br />

A la solution (X t ) t≥0 issue <strong>de</strong> x n , on associe le processus changé d’échelle<br />

(X En (t)) t≥0 , issu <strong>de</strong> ¯x n tel que<br />

H En (¯x n ) = 1 = ¯p2 n<br />

2 + 1 E n<br />

V (E 1 k n ¯q n )<br />

Vu les propriétés <strong>de</strong> croissance à l’infini du potentiel V , la suite ¯x n reste<br />

dans un compact et admet donc une sous suite convergente, que nous<br />

noterons encore ¯x n → ¯x ∞ . Par continuité H ∞ (¯x ∞ ) = 1 et par continuité<br />

<strong>de</strong> la solution d’une équation différentielle stochastique par rapport aux<br />

conditions initiales, et aux paramètres, ceux ci restant dans un compact,<br />

on en déduit que, si on réalise ces solutions par rapport au même mouvement<br />

Brownien,<br />

[<br />

]<br />

E sup(X En (t) − X ∞ (t)) 2 −−−−→ 0 .<br />

t≤τ<br />

n→+∞<br />

Supposons k = 2. Alors, on prend τ = t 0 , et comme<br />

∫ t0<br />

on a, en vertu du Lemme .12,<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

0<br />

∫ τ<br />

p(s) 2 ds = E n p En (s) 2 ds<br />

≤ e γθTt 0<br />

E¯xn<br />

[<br />

exp(−CE n<br />

∫ τ<br />

Or, pour tout α > 0, par le Lemme .13,<br />

∫ τ<br />

] [<br />

E¯xn<br />

[exp(−α p En (s) 2 ds) → E¯x∞ exp(−α<br />

0<br />

0<br />

0<br />

] 1/β<br />

p En (s) 2 ds)<br />

∫ τ<br />

0<br />

]<br />

p ∞ (s) 2 ds) ≤ e −αcτ


18 PHILIPPE CARMONA<br />

et donc, comme E n → +∞,<br />

E¯xn<br />

[<br />

exp(−CE n<br />

∫ τ<br />

0<br />

]<br />

p En (s) 2 ds) → 0 .<br />

Supposons maintenant k > 2. On prend n ≥ n 0 suffisamment grand pour<br />

que t 0 E 1 2 − 1 k<br />

n<br />

≥ τ. Alors,<br />

∫ t0<br />

0<br />

p(s) 2 ds = E 1 k +1 2<br />

n<br />

En conséquence, on a <strong>de</strong> même,<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

∫ t0 E<br />

1<br />

2<br />

− 1 k<br />

n<br />

≤ e γθTt 0<br />

E¯xn<br />

[exp(−CE 1 k +1 2<br />

n<br />

0<br />

p En (s) 2 ds ≥<br />

∫ τ<br />

0<br />

∫ τ<br />

0<br />

p En (s) 2 ds .<br />

p En (s) 2 ds)] 1/β<br />

→ 0.<br />

5.4. Conclusion. — Nous avons obtenu dans les <strong>de</strong>ux cas une contradiction,<br />

donc nous pouvons conclure à la convergence exponentielle<br />

vers une unique mesure <strong>de</strong> probabilité invariante. Comme nous connaissons<br />

une mesure invariante, la mesure <strong>de</strong> Gibbs µ β (dx) = 1 Z eβH dx à la<br />

température T = 1 , nous avons donc un bon modèle <strong>de</strong> réservoir, c’est à<br />

β<br />

dire un système Markovien composé d’un système Hamiltonien perturbé<br />

par un bruit qui choisit, parmi l’infinité <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> probabilité invariantes,<br />

la mesure µ β , et dont le semigroupe converge exponentiellement<br />

vite vers la mesure µ β .<br />

6. Étu<strong>de</strong> d’une chaîne d’oscillateurs en communication avec<br />

<strong>de</strong>ux réservoirs à <strong>de</strong>s températures différentes<br />

La dynamique <strong>de</strong> la particule a la position q ∈ R n <strong>de</strong> moment p est<br />

déterminée par le Hamiltonien<br />

H(p, q) = ∑ p 2 i<br />

+ V (q) (p, q ∈ R)<br />

2<br />

1≤i≤n<br />

avec V : R → R potentiel <strong>de</strong> la forme<br />

(10)<br />

∑<br />

1≤i≤n<br />

U (1) (q i ) +<br />

∑<br />

1≤i≤n−1<br />

qui satisfait les <strong>de</strong>ux hypothèses suivantes<br />

U (2) (q i − q i+1 ) ,


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 19<br />

(H1) : Hypothèse <strong>de</strong> croissance à l’infini. Les <strong>de</strong>ux fonctions U (i)<br />

sont <strong>de</strong> classe C ∞ , et pour <strong>de</strong>s constantes a (i) > 0 on a:<br />

(11) lim<br />

λto+∞ λ−k i<br />

U (i) (λx) = a (i) |x| k i<br />

(i = 1, 2)<br />

et<br />

(12) k 2 ≥ k 1 ≥ 2 .<br />

(H2) : Hypothèse <strong>de</strong> non dégénérescence.<br />

– la fonction q → ∂ q U (2) est inversible sur R ∗<br />

– L’équation ∇V ∞ (q) = 0 admet pour unique solution dans R n , q = 0,<br />

avec<br />

(13) V ∞ (q) = 1 (k=2) a (1) ∑ |q i | k 1<br />

+ a (2) ∑ |q i − q i+1 | k 2<br />

.<br />

– Pour tut q ∈ R il existe un entier m = m(q) ≥ 2 tel que ∂ m U (2) (q) ≠<br />

0.<br />

Les réservoirs <strong>de</strong> chaleurs <strong>de</strong> températures T 1 et T n agissent sur les moments<br />

<strong>de</strong>s particules 1 et n comme <strong>de</strong>s processus d’Ornstein-Uhlenbeck,<br />

c’est à dire que pour une constante γ > 0,<br />

(14)<br />

(15)<br />

(16)<br />

(17)<br />

dq j (t) = p j (t) dt (1 ≤ j ≤ n)<br />

dp 1 (t) = (−γp 1 (t) − ∂ q1 V (q t )) dt + √ 2γT 1 dB 1 (t)<br />

dp j (t) = (−∂ qj V (q t )) dt (2 ≤ j ≤ n)<br />

dp n (t) = (−γp n (t) − ∂ qn V (q t )) dt + √ 2γT n dB n (t)<br />

On écrit ce système d’équation différentielle stochastique sous la forme<br />

con<strong>de</strong>nsée<br />

{ dq(t) = p(t) dt<br />

(S)<br />

dp(t) = (−γΛp(t) − ∇ q V (q(t))) dt + √ 2γTdB(t)<br />

avec Λ : R n → R 2 la projection λ(x 1 , . . .,x n ) = (x 1 , x n ) et T : (x 1 , x n ) →<br />

(T 1 x 1 , T n x n ), et B(t) = (B 1 (t), B 2 (t)) un mouvement Brownien <strong>de</strong> R 2 .<br />

Le but <strong>de</strong> cette section est d’utiliser les résultats généraux sur les fonctions<br />

<strong>de</strong> Lyapunov pour montrer qu’il existe une unique mesure <strong>de</strong> probabilité<br />

invariante vers laquelle le semi groupe converge exponentiellement<br />

vite.


20 PHILIPPE CARMONA<br />

6.1. Existence, Irréductibilité et Régularité du semi groupe. —<br />

Nous supposons déjà traité le problème d’irréductibilité, via le théorème<br />

<strong>de</strong> support, et il est aisé d’appliquer ici le théorème <strong>de</strong> Hörman<strong>de</strong>r qui<br />

prouve que le semi-groupe est régularisant. En effet, le générateur s’écrit<br />

L = X 0 + X 2 1 + X 2 n, X 1 = √ γT 1 ∂ p1 , X n = √ γT 1 ∂ pn<br />

X 0 = A − γ(p 1 ∂ p1 + p n ∂ pn ) A = ∑ i<br />

p i ∂ qi − ∂ qi V (q) ∂ pi<br />

En conséquence, [X 1 , X 0 ] = √ γT 1 (−γ∂ p1 +∂ q1 ) et [X n , X 0 ] = √ γT n (−γ∂ pn +<br />

∂ qn ). L’algèbre <strong>de</strong> lie <strong>de</strong>s crochets itérés contient donc déja ∂ p1 , ∂ pn , ∂ q1 ,<br />

∂ qn et<br />

[∂ q1 , X 0 ] = (∂ 2 U (1) (q 1 ) + ∂ 2 U (2) (q 1 − q 2 ))∂ p1 − ∂ 2 U (2) (q 1 − q 2 )∂ p2<br />

On considère le crochet <strong>de</strong> Lie<br />

[<br />

∂q1 , . . ., [ ∂ q1 , ∂ 2 U (2) (q 1 − q 2 ) ]] = ∂ m U (2) (q 1 −q 2 ) ≠ 0 pour m = m(q 1 −q 2 )<br />

Il s’ensuit que l’algèbre contient ∂ p2 et on arrive <strong>de</strong> proche en proche à<br />

une algèbre <strong>de</strong> rang maximum.<br />

La fonction <strong>de</strong> Lyapunov choisie est W = e θH . Compte tenu <strong>de</strong> AH = 0,<br />

X i H = √ γT i p i , X 2 i H = γT i, on a<br />

LW = θWX 0 H + W((θX 1 H) 2 + θX 2 1H) + W((θX n H) 2 + θX 2 nH)<br />

= γθW((T 1 + T n ) − (p 2 1 + p2 n ) + θ(T 1p 2 1 + T np 2 n )) ≤ cW<br />

La solution <strong>de</strong> l’eds existe pour tout temps, mais on n’a pas LW ≤<br />

−αW + β.<br />

Il nous reste à montrer qu’il existe une suite <strong>de</strong> compacts K n , <strong>de</strong>s constantes<br />

b n < +∞ et 0 < κ n < 1, κ n → 0 telle que pour un t 0 > 0,<br />

P t0 W(x) ≤ κ n W(x) + b n 1 Kn (x)<br />

En prenant K n = {x : W(x) ≤ a n } avec a n → +∞, il nous suffit <strong>de</strong><br />

montrer que<br />

.<br />

lim<br />

sup<br />

a→+∞ {x:W(x)>a}<br />

P t0 W(x)<br />

W(x)<br />

= 0


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 21<br />

Supposons que cela n’est pas le cas, alors il existe ǫ > 0, a n ↑ +∞ et x n<br />

tel que W(x n ) = a n , vérifiant<br />

Nous aurons besoin du<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

≥ ǫ.<br />

Lemme .14. — Il existe <strong>de</strong>s constantes C > 0, β > 1 ne dépendant que<br />

<strong>de</strong> γ, T, θ telle que C > 0 si 0 < θ < 1<br />

T max<br />

, et<br />

P t W(x)<br />

W(x)<br />

≤ e γ(T 1+T n)θt E x<br />

[<br />

e −CR t<br />

0 ‖Λp(s)‖2 ds<br />

Démonstration. — I<strong>de</strong>ntique à celle du Lemme .12.<br />

] 1/β<br />

6.2. Le scaling. — Nous allons utiliser la forme du potentiel V (q) en<br />

observant que lorsque l’énergie W(x) est forte, alors le bruit gaussien<br />

n’a pratiquement plus d’influence, et la particule cherche à re<strong>de</strong>scendre<br />

au plus vite la montagne potentielle, elle accumule donc pendant un<br />

intervalle <strong>de</strong> temps constant, une vitesse p minimum.<br />

Étant donné E > 0, on pose<br />

p E (t) = E −1 2 p(E<br />

1<br />

k 2<br />

− 1 2<br />

t), q E (t) = E − 1<br />

k 2 q(E 1<br />

k 2<br />

− 1 2<br />

t) .<br />

Alors X E = (p E , q E ) est solution <strong>de</strong> l’équation différentielle stochastique<br />

(S E )<br />

{ dq(t) = p(t) dt<br />

dp(t) = (−E 1 2 − 1 k γΛp(t) − ∇q V E (q(t))) dt + E 1<br />

2k 2<br />

− 3 4√<br />

2γTdB(t)<br />

avec B E (t) = E − 1<br />

2k +1 4B(E 1 k −1 2t) un mouvement Brownien standard <strong>de</strong><br />

R 2 , V E (q) = 1 V (E 1<br />

k 2 q). C’est une dynamique Hamiltonienne, perturbée<br />

E<br />

par un petit bruit (quand E est grand) et associée au hamiltonien<br />

H E (p E , q E ) = p 2 E/2 + V E (q E ) = 1 E<br />

H(p, q)<br />

En d’autres termes, si X t est solution du système initial (S) avec X 0 = x<br />

et énergie initiale H(x) = E, alors X E (t) est solution du système (S E )<br />

avec, X E (0) = x E = (E −1 2p, E − 1 kq) et H E (x E ) = 1. Pour E = +∞ on a<br />

la disparition du bruit stochastique


22 PHILIPPE CARMONA<br />

(S ∞ )<br />

{ dq(t) = p(t) dt<br />

dp(t) = (−1 (k2 =2)γΛp(t) − ∇ q V ∞ (q(t))) dt<br />

6.3. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dynamique à l’infini. — En haut <strong>de</strong> la montagne<br />

on n’entend pas <strong>de</strong> bruit, et donc on ne cherche qu’une chose, c’est <strong>de</strong><br />

re<strong>de</strong>scendre la pente <strong>de</strong> potentiel : en conséquence il y a acquisition <strong>de</strong><br />

vitesse.<br />

Lemme .15. — Etant donné τ > 0, il existe c τ > 0 telle que<br />

inf<br />

{x:H ∞(x)=1}<br />

∫ τ<br />

0<br />

‖Λp ∞ (s)‖ 2 ds ≥ c τ .<br />

Démonstration. — Soit en effet x(t) une solution <strong>de</strong> S ∞ , issue <strong>de</strong> x ≠<br />

(0, 0) et supposons que<br />

∫ τ<br />

0<br />

∥ Λp(s)<br />

2 ∥ ∥ ds = 0<br />

Alors, pour i = 1, 2, p i (s) = 0, donc q i (s) = C i est constante sur [0, τ],<br />

et donc sur cet intervalle<br />

c’est à dire, pour i = 1,<br />

0 = p˙<br />

i = −ǫγp i − ∂ qi V ∞ (q) = −∂ qi V ∞ (q)<br />

∂U (2)<br />

∞ (C 1 − q(t)) = −∂U (1)<br />

∞ (C 1 ) .<br />

En vertu <strong>de</strong> l’hypothèse <strong>de</strong> non dégénérescence cela entraîne que soit<br />

q 2 (t) = C 1 soit on peut inverser et obtenir q 2 (t) = C 2 sur cet intervalle.<br />

Donc p 2 = 0 et <strong>de</strong> proche en proche on montre que les q i sont constantes<br />

sur cet intervalle. Toujours en vertu <strong>de</strong> l’hypothèse <strong>de</strong> non dégérescence,<br />

ce la entraîne que sur [0, τ], q(t) = C ∈ R n et ∇V ∞ (C) = 0 donc C = 0<br />

ce qui est contradictoire.<br />

Par continuité par rapport aux conditions initiales, l’application x →<br />

∫ τ<br />

0 ‖Λp(s)‖2 ds est continue et strictement positive sur le compact K =<br />

{x : H ∞ (x) = 1}, puisque K ne contient pas 0. Elle y atteint donc son<br />

minimum c τ , qui est donc strictement positif.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 23<br />

6.4. Preuve <strong>de</strong> l’existence et l’unicité <strong>de</strong> la mesure invariante.<br />

— Celle ci est mutatis mutandis i<strong>de</strong>ntique à la preuve dans le cas d’une<br />

particule et d’un réservoir.<br />

Rappelons que nous raisonnons par l’absur<strong>de</strong> et donc qu’ il existe ǫ > 0<br />

et x n tel que H(x n ) = E n ↑ +∞, vérifiant<br />

P t0 W(x n )<br />

W(x n )<br />

≥ ǫ.<br />

A la solution (X t ) t≥0 issue <strong>de</strong> x n , on associe le processus changé d’échelle<br />

(X En (t)) t≥0 , issu <strong>de</strong> ¯x n tel que<br />

H En (¯x n ) = 1 = ¯p2 n<br />

2 + 1 V (E 1 k n ¯q n )<br />

E n<br />

Vu les propriétés <strong>de</strong> croissance à l’infini du potentiel V , la suite ¯x n reste<br />

dans un compact et admet donc une sous suite convergente, que nous<br />

noterons encore ¯x n → ¯x ∞ . Par continuité H ∞ (¯x ∞ ) = 1 et par continuité<br />

<strong>de</strong> la solution d’une équation différentielle stochastique par rapport aux<br />

conditions initiales, et aux paramètres, ceux ci restant dans un compact,<br />

on en déduit que, si on réalise ces solutions par rapport au même mouvement<br />

Brownien,<br />

[<br />

]<br />

E sup(X En (t) − X ∞ (t)) 2 −−−−→ 0 .<br />

t≤τ<br />

n→+∞<br />

6.5. Conclusion. — Nous avons obtenu dans les <strong>de</strong>ux cas une contradiction,<br />

donc nous pouvons conclure à la convergence exponentielle vers<br />

une unique mesure <strong>de</strong> probabilité invariante.<br />

6.6. Analyse <strong>de</strong>s hypothèses H1 et H2. —<br />

Interaction sans “pinning”. — Si par exemple U ∞ (1) = 0 et U ∞ (2) (q) =<br />

1<br />

2 q2 . Alors on ne peut pas appliquer les techniques précé<strong>de</strong>ntes car la<br />

dynamique est dégénérée et l’équation ∇V ∞ (C) = 0 admet <strong>de</strong>s solutions<br />

non nulles q i = C, ∀i.<br />

6.7. Interactions quadratiques. — On suppose que U (1) (q) = q 2 et<br />

U (2) (q) = αq 2 pour un α > 0. C’est le potentiel le plus petit que l’on<br />

peut considérer. Alors, k 1 = k 2 = 2 et<br />

V E (t) = V ∞ (t) = V (t) = ∑ i<br />

q 2 i + α ∑ i<br />

(q i − q i+1 ) 2 .


24 PHILIPPE CARMONA<br />

La fonction q → ∂U (2) (q) = 2αq est bien inversible, et ∂ 2 U (2) = 2α > 0.<br />

Il nous reste à vérifier que l’équation ∇V (q) = 0 admet comme unique<br />

solution q = 0. On obtient,<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

0 = ∂ q1 V = 2q 1 + 2α(q 1 − q 2 )<br />

(18) 0 = ∂ qj V = 2q j + 2α(2q j − q j+1 − q j−1 ) (2 ≤ j ≤ n − 1)<br />

⎪⎩<br />

0 = ∂ qn V = 2q n + 2α(q n − q n−1 )<br />

C’est une équation récurrente linéaire dont la solution générale est q j =<br />

ar j 1 + brj 2 , avec r 1 et r 2 les <strong>de</strong>ux solutions, distinctes, <strong>de</strong> l’équation caractéristique<br />

:<br />

(19) x 2 − (2 + 1 α )x + 1 = 0 ,<br />

(le discriminant est strictement positif).<br />

Les <strong>de</strong>ux équations extrêmes nous donnent alors un système linéaire <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux équations à <strong>de</strong>ux inconnues a, b:<br />

dont le déterminant est<br />

a(r 2 1 − 2r 1) + b(r 2 2 − 2r 2) = 0<br />

a(r n 1 − 1 2 rn−1 1 ) + b(r n 2 − 1 2 rn−1 2 ) = 0<br />

∆ = (r 2 1 − 2r 1 )(r n 2 − 1 2 rn−1 2 ) − (r 2 2 − 2r 2 )(r n 1 − 1 2 rn−1 1 )<br />

En utilisant l’équation caractéristique (19), l’équation ∆ = 0 est équivalente<br />

à<br />

r 1 − 1<br />

ur 1 + v = r 2 − 1<br />

ur 2 + v<br />

Donc l’équation r−1 = cte a <strong>de</strong>ux solutions distinctes r ur+v 1, r 2 ce qui est<br />

absur<strong>de</strong>. Don ∆ ≠ 0 et l’unique solution du système est a = b = 0 ce qui<br />

impose q j = 0 pour tout j.<br />

Références<br />

[1] J.-P. Eckmann, C.-A. Pillet, and L. Rey-Bellet, Non-equilibrium<br />

statistical mechanics of anharmonic chains coupled to two heat baths at<br />

different temperatures, Comm. Math. Phys., 201 (1999), pp. 657–697.<br />

[2] L. Rey-Bellet, Statistical mechanics of anharmonic lattices,<br />

arXiv:math-ph/0303021.


<strong>FONCTIONS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LYAPUNOV</strong> ET DIFFUSIONS 25<br />

[3] L. Rey-Bellet, Statistical mechanics of anharmonic lattices, in Advances<br />

in differential equations and mathematical physics (Birmingham,<br />

AL, 2002), vol. 327 of Contemp. Math., Amer. Math. Soc., Provi<strong>de</strong>nce,<br />

RI, 2003, pp. 283–298.<br />

[4] L. Rey-Bellet and L. E. Thomas, Exponential Convergence to<br />

Non-Equilibrium Stationary States in Classical Statistical Mechanics,<br />

arXiv:math-ph/0110024.<br />

[5] L. Rey-Bellet and L. E. Thomas, Asymptotic behavior of thermal<br />

nonequilibrium steady states for a driven chain of anharmonic oscillators,<br />

Comm. Math. Phys., 215 (2000), pp. 1–24.<br />

[6] , Exponential convergence to non-equilibrium stationary states in classical<br />

statistical mechanics, Comm. Math. Phys., 225 (2002), pp. 305–329.<br />

[7] L. Rey-Bellet and L. E. Thomas, Fluctuations of the entropy production<br />

in anharmonic chains, Ann. Henri Poincaré, 3 (2002), pp. 483–502.<br />

January 6, 2006<br />

Philippe Carmona, Philippe Carmona, <strong>Laboratoire</strong> Jean Leray, UMR<br />

6629, Université <strong>de</strong> Nantes, BP 92208, F-44322 Nantes Ce<strong>de</strong>x 03 BP<br />

E-mail : philippe.carmona@math.univ-nantes.fr

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