Lettre n°40_2504.indd - Semaine de la Critique
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semaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> critique<br />
HEUREUSES<br />
PRÉSENCES<br />
par Charles Tesson<br />
Indépendamment <strong>de</strong>s discussions sur chaque film,<br />
avancer dans une sélection revient à s’interroger sur<br />
<strong>la</strong> construction d’une programmation qui <strong>de</strong>ssine<br />
c<strong>la</strong>irement quels sont les enjeux du cinéma (sujets traités,<br />
tonalité, choix esthétiques) pour <strong>la</strong> <strong>Semaine</strong> aujourd’hui.<br />
Quel visage a <strong>la</strong> sélection <strong>de</strong> cette année ? Celui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
continuité <strong>de</strong> «50 ans <strong>de</strong> première fois», puisqu’on dénombre<br />
neuf premiers films sur dix, alors que le second long métrage,<br />
J’enrage <strong>de</strong> son absence <strong>de</strong> Sandrine Bonnaire, est un<br />
nouveau départ, puisqu’il fait le pari <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiction, après Elle<br />
s’appelle Sabine.<br />
Que <strong>la</strong> réalité du mon<strong>de</strong> soit présente dans les films est une<br />
évi<strong>de</strong>nce (<strong>de</strong>s fondamentalistes religieux en Israël dans Les<br />
Voisins <strong>de</strong> Dieu, une famille disloquée par l’immigration<br />
dans Aquí y allá, un quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> banlieue <strong>de</strong> Londres aux<br />
vies déréglées dans Broken, notre film d’ouverture) mais le<br />
traitement, sur trois registres différents, entraîne ces films<br />
dans <strong>de</strong>s directions et <strong>de</strong>s rythmes opposés. L’amour aussi<br />
est très présent dans les films. Amour <strong>de</strong> son métier, observé<br />
sans relâche (le conducteur d’une ambu<strong>la</strong>nce, une infirmière<br />
et un mé<strong>de</strong>cin dans Sofia’s Last Ambu<strong>la</strong>nce), ou objet d’une<br />
passion sans limite (Charcot et sa patiente préférée, dans<br />
Augustine d’Alice Winocour). Amour <strong>de</strong> l’amour, en dépit<br />
<strong>de</strong>s obstacles <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie (Hors les murs), <strong>de</strong>uil impossible d’un<br />
amour ravivé (J’enrage <strong>de</strong> son absence) ou amour comme<br />
fuite en avant par contrecoup d’un <strong>de</strong>uil (Au galop). Deux films<br />
en revanche, aux frontières du genre, dialoguent à distance<br />
par leur ambition, leur talent. L’un est un stupéfiant po<strong>la</strong>r<br />
urbain indien dans les rues <strong>de</strong> Bombay (Peddlers) qui oppose<br />
un traficant <strong>de</strong> drogues à un flic étrange, sexuellement<br />
impuissant. L’autre, Los salvajes, s’ouvre aux grands espaces<br />
célébrés par le western, où <strong>de</strong>s individus «sauvages» sont<br />
confrontés à une autre forme <strong>de</strong> sauvagerie.<br />
En réponse au titre du beau film <strong>de</strong> Sandrine Bonnaire, on a<br />
envie <strong>de</strong> dire aux films sélectionnés : nous sommes heureux<br />
<strong>de</strong> votre présence !!<br />
Le Comité <strong>de</strong> sélection longs métrages : Xavier Leherpeur, Charles Tesson, Fabien Gaffez,<br />
Pame<strong>la</strong> Pianezza, Christine Haas, Charlotte Lipinska et Alex Masson.<br />
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