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Oeuvres complètes. Tome 2

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IU Montpellier<br />

---y----<br />

ŒUVRES COIPLÈTES<br />

DE<br />

E.-F. BOUISSON.<br />

11ROFESSEUR DE CLINIQUE CII!RURGICALE<br />

00\EN OR LA l'11Cl1LTÉ OB MitOECINP.lll! MO'ITPf'I,I.IER,<br />

A!!SOCIK NATIOi'iL OR . 1 .'11CIIDKMIB DE MKOBCINE, LA!111Îlll1' gr 1:01\RI·:SPONDA'l'<br />

OB L'lliTITUT,<br />

Ill CTF.tlll I:>THAIMAIRE DE L'ACADÉMIE DE MONTI'KLLIBII,<br />

OH'It:llil\ liE LA l,i,CION u'UOliiUlUII, COMMAIIDI!UI\ OR SIIIN'r-Gttl'lOOIIti!·LB•OIIASII,<br />

DIÜ>UTR A L',\SSBMOLKB MTIONALil (1871-1875)<br />

ETC,, IHC.<br />

NOUVELLE ÉDITION<br />

PUBLIÉE<br />

PAR LE DOCTEUR FÉLIX CHAVERNAC<br />

tU'AlX)<br />

Faire bien, s'estiJOer pru.<br />

(Dni:< tft lk•iu.m.)<br />

TRTUUT A L.\ CliiRUHGIE<br />

II<br />

MALADIES D l LA TftTE ET DU COU<br />

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1<br />

/<br />

TO:\JE DEUXIÈME<br />

PARIS<br />

.MASSOX ET en:, LJBRAIRE8 ÉDITF.UR8<br />

Boule\'arll Saint-Germnio 10.<br />

1903


IU Montpellier<br />

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IU Montpellier


IU Montpellier<br />

ŒUVRES COMPLÈTES<br />

DE<br />

E.- F. BOUISSON<br />

•<br />

TOJE DEUXIÈIE<br />

•<br />

..


IU Montpellier<br />

.IIONTPI!LLIBR. - UIPIII.IIIlRIE OB JBA IAIITI>L AI:.K<br />

•<br />


IU Montpellier<br />

--------<br />

ŒUVRES COIPLÈTES<br />

IlE<br />

E.-F. BOUISSON<br />

Pl\OFESSEUI\ DE CLIfQUE Cllll\üRGICAf,E<br />

DOI'EN OR LA l'ACllLTÉ DE MliDECINB DE MOl'Tl'ELLIER,<br />

ASSOCIÉ NATIONAL llll L'ACADhiiE DE liÉDBCINil, LAURi;AT ET COI\RE$1'0/ID/IN1'<br />

DE L'I:FICIIlll DE LA I.IÎGI0/1 o'uONEUR, COMMA:\OBUil DE SAll'l'•GIIf;COilll.-LU-Gli•INO,<br />

llÉI'UTf: ,\ L' ASSEl!BLÉB :


IU Montpellier


IU Montpellier<br />

TRIBUT<br />

A LA CHIRURGIE<br />

ou<br />

fÉ:\lOIRES SUR DIVERS SUJETS DE CETTE SCIENCE<br />

TONlE DEUXIÈME<br />

( A \"&C I'LA.'iCUES}<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU


IU Montpellier


IU Montpellier<br />

LÈVRES<br />

1. - ANATOMIE.<br />

I.n bouche est limitée en avant par des prolongements t(•gumentaircs<br />

et musculeux, parallèles au rebord alvéolaire dos<br />

mùchoircs, jutaposés à l'état de repos, mais pouvant s'écarter<br />

en formant un orifice de forme ct de grandeur· variables. Ces<br />

prolongements constituent les lèvTes. Le même nom est appliqué<br />

aux. rcbor·ds de quelques omertures naturelles, telles que celles<br />

du méat urinaire ci1C'1. l'homme, de la dépression vu haire chez<br />

la femme. En pathologie, on désigne aussi sous cc nom les<br />

bords d'une plaieà réunir. 'ous ne nous occuperons que d


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Lèvre supérieure.- Elle a une dir·e ctiou a peu près \cr'Licale<br />

ou légèrement inclinée en a,·ant, suiv ant la saillie des de nts PL<br />

du rebord alvéolaire. Sa face antér·ieurc, un peu convc>.c entre<br />

le s sillons naso-labiaux , présente à la partie mo en ne la dépresion<br />

sous-nasale , sorte de gouttière terminée en bas par un<br />

tubercule qui s' accuse sur le bord libre de la lè' re , avec une<br />

saillie variable suivant le s suje ts. Elle est limitée sur le s cotés<br />

par des rebords raphéaux correspondant a la sou dure des bourgeons<br />

formateurs de la lèvre , pendant la période primitive de la<br />

vic intra-u tél'ine. Ce s rebords sont marqu és chez l' adulte par la<br />

saillie du bord interne du muscle élévateur· commun de la lèvre<br />

supérieure ct de l' aile du ne z qui finit à cc nÏ\' Cêlu. A parLir· de<br />

ces rebords, la surface labiale forme à droite ct à gauche un plan<br />

convexe un peu incliné en deh ors, jusqu'au point où elle sc<br />

confond a\'ec la joue . En arrière , la lèvre, de forme conca\'C et<br />

limitant le vestibule de la bouche , est humide ct r·ccou\e Jtc par<br />

la muqueuse, qui l' attache aux os sus-maxillaires et qui forme<br />

sur la ligne médiane un repli triangulaire connu sous le nom c.le<br />

frein de la lèvre supérieu1·e. Le bord adhérent de la lè' r·c se<br />

continue au milieu avec l'extrémité postérieu r·c ch' ln souscloison,<br />

sur les cotés avec la ligne de circonscription de l'orifice<br />

des narines, puis avec l' aile du nez et le s parties constituan L


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 5<br />

Lèvre inférieure. - Elle n'a pas la disposition verticale précédemment<br />

indiquée; un peu cntratnée par on propre poid ,<br />

surtout chez certains sujets, sa face antérieure regarde en bas ct<br />

se termine nu sillon trans,•erse qui la sépare du menton. Sa face<br />

postérieure est revêtue par· la muqueuse qui la fixe à l'os maxillaire<br />

inf6r·icur, en ne formant qu'un frein médian triangulaire<br />

plus court que celui de la lèvre supérieure. Le bord libre de la<br />

1


IU Montpellier<br />

6 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

éléments communs des organes , vaisseaux, n


IU Montpellier<br />

!.\LADIES DE L.\ TeTE ET DU COU 7<br />

indiquant les dépressions où sont reçus les sommets de cône<br />

papillaires.<br />

Les muscles des lèvres constituent la char· pen tc de ces or·ganes;<br />

ils en déterminent l'épaisseur· et la forme, ct y représentent un<br />

appareil assez compliqué , destiné au ressencment de l'orifice<br />

huccal ct il sa dilatation dans LOLlS les sens.<br />

Ces muscles sont au nombre de dix-neuf. Ils appartiennent à<br />

l'onlr·c des peaussiers ct ont ce C


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

sont très arquées, tandis que les premières se rapprochent de la<br />

direction horizontale. Elles sont assez serr·ées ct n'admettent pas<br />

flulaot de tissu adipeux que les muscles rayonn6s. La face antérieure<br />

de l'orbiculaire est recouverte par la peau qui lui adhère<br />

fortement, la face postérieure est plus làchement unie à la muqueuse,<br />

dont elle est séparée par les glandules labiales. La grande<br />

circonférence est en rapport avec l'extréruiLé buccale des muscles<br />

diducteurs, dont quelques fibres s'insinuent entre leurs couches<br />

!'upcrposées , avant d'aboutir à la peau. La petite circonférence<br />

est libre et sc termine, pour chaque deroi-orhiculflire, aux commissures.<br />

Dans cc point, les fibres du muscle buccinateur ct<br />

particulièrement celles du plan profond, s'entre-croisent do manière<br />

à cc que celles d'en bas passent dans le plan !Jrofond du<br />

demi-orbiculaire supér·ieur, et celles d'on haut dans la couche<br />

correspondante du demi-orbiculaire inférieur·, en sorte que buccinateur<br />

ct orbiculaire ont des éléments communs ct peu,•cnt ètre<br />

considérés comme un seul et mème muscle , opinion soutenue<br />

par M. Cruveilhier.<br />

Les lèvres comprennent encore une couche de glandes en<br />

grappe, ayant une complète analogie de structure ct de fonctions<br />

avec les glandes salivaires. Ces glandules , de fonnc sphéro"rdalc<br />

irrégulière , constituent une couche interpo ·ée entre le plan<br />

musculeux et la muqueuse , qu'elles soulèvent ct otr elles aboutissent<br />

par un conduit excr6teur que termine un orifice distinct<br />

il la loupe et m


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU<br />

Vm:çseaux. La vascul arité de la région est trè s prononcée.<br />

ées de plusicu r:; sources. mais surtout de la faciale, les artres<br />

coa·onaires ou labiales. tantot pro\Ïennent d' un seul tronc qui sc<br />

bifurque pour donner une branche il chaque lèHC , tan tot se<br />

détachent isolément au nombre d' une ou cleu pour chacune.<br />

Du brueil assure que la dualité est plus fréquente pour la lh re<br />

inférieure que pour hl sup éa·icme.<br />

AaTivée s au niveau de s lè\TeS, ces branche s travc•·scnt la couche<br />

muscul aire ct rampent sinucnscmcnt au-dessous de celles-ci, au<br />

niveau de s glandulcs ct plus prè s par conséquent de la face muqncusc<br />

de la lèvre, circ onstance utile à conna nre quand il s'agit<br />

d'obtcni•·, à l'occasion de s plaies de cette région, un affrontement<br />

qui soit à la fois unissant ct hémostatique. Les co ronaires<br />

s'a nasto mosent entre elles, sur la ligne médiane , ct donnent des<br />


IU Montpellier<br />

10 TfiiBUT A Lt\ CHIRUfiGIE<br />

rn cle,.;iner la disposition. Les lymphatiqm•-S de la 1{·, re commencent<br />

au..;,..i par un réseau très délicat au-dessous des couche..;<br />

tégumentaires ct notamment au niveau 1lu hord libre ct tl


IU Montpellier<br />

MALAOIES DE LA TTE ET DU COU 11<br />

s'c\pliqne d'ailleurs pnr l'absence des dents, d'oir réc;ulte la diminution<br />

dt> hauteur 'crticale des mùchoircs. Chez l'adulte, les<br />

lè, res prennent une disposition harmonique avec la


IU Montpellier<br />

12 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

rhl'>le une disposition aux scrofules. La lh-rc infi·ricur


IU Montpellier<br />

IALAOIF.S DE LA TTE ET OU COU<br />

connu sous le nom de trompe ; la tlisposition iuliùc ùc ia le' re<br />

supérieure qu'on rencontre chez diYer-s mammifères , tels que<br />

de-. chéiroptères. des rongeur'S (lihre:-) , de, ruminant (brebi ,<br />

chameau\.. etc.). Cette fente, normale chez ces animaux, sc<br />

présente chez l'homme. eomme vice de conformation, désignée<br />

ou<br />

le nom tic bec-de-lièvre. Citons enfin l'a1>!>ence de lè' res<br />

proprement dites chez l'ornithol'l1 nque, oir l'on nt' retrouve<br />

qu'une por'lion tégumentaire indurée ou cornée. marquant la<br />

transition au bec des oiscauÀ qui sont déponn us de lè, r·es, oinsi<br />

que les Yertéhrés inf(·ricurs. - Dans les )nsectes, la bouche sc<br />

compose d'un grond nombre de pi1!.ces : l'une d'elles porte le nom<br />

de lab1·e ; on a r·cstitué tl tme autre pièce le nom cio lflvre; mais<br />

l'oqanisation buccale des articulés. établie d'aprrs un type<br />

particulier, cos:-.c de ressembler à celle olr la présence des lèvre<br />

peut re Yéritablemenl admise.<br />

Us age de. lèvres. - Les fonctions de ces or·ganes sont comple,es<br />

ct d tr·i, ent de leur organisation musculaire et de leur sen­<br />

:-.ibilité. Les lè\'l'es fonctionnent comme or·ganesde préhension des<br />

aliments .


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

absence ou son renversement paralytique, en supprimant cette<br />

fonction, apportent quelquefois un trouble dan la nutrition. Le<br />

•·ejet des aliments dans le \Omissement s'accompagne aussi d'un<br />

mou,cment labial qui agrandit l'orilice de la bouche en ren,ersant<br />

en debo•·s le bord libre, comme pour le soustraire au<br />

contact des matières expulsées.<br />

Divers actes liés à la respiration exigent le concours des<br />

mouvements labiaux. L'action de sou filer, de si filer, de chanter,<br />

a pour condition le changement de l'orifice buccal qui sc<br />

rétrécit ou s'allonge pou•· participer la vibration que le ('Ourant<br />

aérien détermine, 011 qui s'élart)it pour aiclt•r la propagation<br />

Ùo':i sons. On sait que la parai ysie du nerf facial , que \.harles<br />

Bell considérait comme le nerf respiratoire cie la face , rend impossibles<br />

certains actes , notamment celui de siffler , qui cxig


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE :T DU t;OU 15<br />

trac tions, qui peuvent se loca liser dans de:; wu::,clcl> i::.o lc:. , ainl>i<br />

que dan ... des portions de muscle, comme l'on t prolné les expériences<br />

de 1. Duchcnne (de Bou logne) sur l' élcct•·isation localisée,<br />

réalil>ent, p


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16 TRIBOT A LA CIIIRURGIE<br />

Occlusion congénitale tk la bouche. - Ce 'ice originel de conformation<br />

est extrêmement rare. La cicnce n'en possède qu'un<br />

petit nombre d'exemples, ujets à di cusion. C'est donc une<br />

assertion émise sans examen approfondi que celle de A. Bérard,<br />

qui déclare assez commune une pareille anomalie. D'une manière<br />

générale, il est reconnu en tératoloic que loR impel'forations des<br />

ouvertures naturelles des parties inférieures du corps sont beaucoup<br />

plus communes que celles des parties supérieures. Ainsi,<br />

on obscn e assez fréquemment les imperforations de l'anus ct du<br />

rectum , colles du vagin , celles mt1me du canal de l'urèthre,<br />

surtout lorsfJu'il y a des embouchures anomales. Mais les occlusions<br />

congénitales sont absolument ra res aux ou verturrs naturelles<br />

de la region céphalique ' et parmi cc genre d'anomalies on n'a<br />

gurre noté que les occlusions des ouvertures rorrepondant aux<br />

orgnnes des sens, telles que celles du conduit auditif, l'adhérence<br />

congénitaledoo paupières. On a vu moins sou,·cnt les oblitérations<br />

des narines qui servent en même temps à une fonction organique,<br />

la respiration. Quant à l'imperforation de la bouche, elle est essentiellement<br />

rare. Il faut, du moins, distinguer deux cas, celui où,<br />

la bouche ne s'étant pas formée, il y a plutot absence des éléments<br />

antérieurs de la cavité buccale qu'imperforation véritable<br />

de l'orifice buccal organisé, et celui où le lh re formées sont<br />

devenue:. adhérentes pendant la Yie intra-utérine par exci·s de<br />

cloionnement antérieur de la bouche ou par un acte pathologique<br />

ayant clos, par cicatrisation ou par tout autre mécanisme,<br />

une partie de l ' orifice buccal. La première catégorie compr·end les<br />

cas où un arrêt de développement général a atteint l'extr·émit6<br />

supérieure de l'intestin oral : aussi ne l'a-t-on observé que dans<br />

les cas de monstruosité complexe, incompatible avec la vie. Les<br />

auteurs s'expliquent très brièvement sur co point. 1. Geoffroy<br />

Saint-Hilaire ne cite aucune observation qui lui soit per·sonnelle<br />

et constate simplement la rareté de l'anomalie. Cruvcilhier se<br />

conten te dedire qu'elle coïncide avec la cyclopic. Les observations<br />

de Haller, de Verdier, de Schenck se 1·éduisent à de simples assertions.<br />

Dans la seconde catégorie, où il y a véritablement occlusion<br />

do l'orifice buccal, la bouche étant d'ailleurs bien constituée,<br />

l'imperforation tient à la présence accidentelle d'une membrane<br />

obturatrice ou à une adhérence des lèvres. L'existence de cette


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 17<br />

sorte d'hymen buccal r·ent•·e dans le domaine de la chirurgie.<br />

L'une de l >•·cmiè•·e obsen·ations authentiques qu'aiL recueillies<br />

la -.tiencc est clue à LitLre 1• L'opercule cutané fermait à la fois<br />

l'orific


IU Montpellier<br />

18 TRIBCT A LA ClllliURGIE<br />

a' cc rétraction des fibre<br />

le plus c:-. téricurcs de l' orbi


IU Montpellier<br />

IALAOIES 0: L.\ TTE ET OU COU<br />

Hl<br />

facilement dans cc but. La profondeur ' laquelle il faut porle1·<br />

l'action de l'instrument peuL Ya1·ie•·· Si la ba e du bourrelet était<br />

indu rée, il:-.eraiL nécessain• de dépasser les limites de l'indUI·ation,<br />

a1wès a\oir con' cnahlement renversé la lè, re pour agir a wc plus<br />

de pr·éC'ision. Ln cicatrisation du tissu muqueux s'opèr-e tl'ord i­<br />

nai•·e ;nec une grande promptitude. Jl y alll·ait avantage à accél(m••·<br />

CP résultat par l'application de quelques points de suture.<br />

P1.An:s. - Le:-. piqlf)·cs simples des lèvres ne présentent ric•n<br />

de particulier dans cette région. Lorsqu'elles sont compliquées<br />

de ln pr(sence d'nn venin (piqùres d'abeilles), elles donnent lieu<br />

à un gon flcmcnt rapide et considérable. - Elles s'accom pngucn t<br />

asse:. fr(•qucmmcnL do la présence d'un corps étranger métulliquc<br />

ou de toute autre nature, comme on l'observe it lu suite des<br />

sutures néc·essitécs par diverses opérations. Dans cc cas, pClnent<br />

·c produire, quoique rarement, des accidents inflammntoires.<br />

Les r·ontusions ct les plaies contuses de la 1111mc région sc pmduisent<br />

moins fr{•qucmment que dans d'autres parties , ù cause<br />

de la mobilité des lèvres. Toutefois , le point d'appui qu


IU Montpellier<br />

20 TRIBUT A LA (.;IIIRORGIE<br />

ou moins étendue de l'organe soit perfon!c ou emportée par un<br />

projectile, comme Dupuytren en a cité clcs exemples, oit que<br />

l'action de la poudre ayant agi en mème tempi-, ait fait subir au'<br />

tissus une distension ct un écrasement qui di, isc la ll•vrc en<br />

larnbcoux_ irréguliers , déchirés ct ne tcllt\nt aux parties respectées<br />

que par des pédicules plus ou moins étendus ; des ll•sions<br />

de cc genre s'obscn·ent principalement chez les sujets qui nttcnlcnt<br />

11 leurs jours en se tirant un coup de pistolet tlam., la bouC'hc.<br />

J'ai observé cc genre de lésion sur un malheur·ctL\ sourd-muet<br />

ttui, ùégoùté de l'existence, avait voulu s'en délnll·r·asscr· par cc<br />

moyen. Les lèvres avaient ccmé le bout de l'nr·nH• ct la déllagration<br />

de la poudre avaiL déchiré ct brù16 leur tissu en le divisant<br />

en éclats ct le souillant des débris noinl.trcs de la subslnnr


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET OU COU 21<br />

que la diduction des bonis de la plaie labiale :;'accompagne d'une<br />

douleur as cz ,i,c. Cne hémorrbagic quelquefois abondante<br />

accompcgne ces plaies; la perte de sang est d'autant plus grande<br />

que ln di\i ion est pins rapproché!.) des commissures ct par<br />


IU Montpellier<br />

2.2<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

caractérise le bec-de-lihre congénital ; enfin les hord de la<br />

olution de continuité ont cicatriciels eL ne p1·é entent rien qui<br />

re semble au bourrelet muqueux des fissures congénitale.<br />

Le traitement des plaies des lèvres repose en général ur dc:-o<br />

indication préci es. Les piqùres et les contusions n'exigent que<br />

le genre de soins qui conYicnL en g{•néra au' lesions de ceLte<br />

na Lu re. Quant aux plaies parinstrumen ts tranchnn ts, elles e:\igen t<br />

}, titre particulier eL d'une manière prédominante l'emploi de la<br />

réunion. 1c pouyant éluder l'écartement des bords que l'organisation<br />

musculaire compliquée des lèvres l'end très considérable.<br />

lo chi1·urgicn doit lutter contre la contraction des muscks ct<br />

assujettir les parties dans des rappol'ts Îtxcs pcndunt touL \p<br />

temps nécessaire à la réunion. Les cmplàtrcs adhésifs, dispos(s<br />

en bandelettes, le collodion, peuvent rendre des sen iccs suffisants<br />

dans les plaies superficielles qui ne vont guère au delil<br />

de la peau. Comme les muscles faciau:\ qui conYcrgcnt ver:-o les<br />

lèvres \Ont 'insérer par hon nombre do leurs fibres i1 la facl'<br />

profonde du derme, les agglutinatifs peuvent suffi re pour annuler<br />

leur contraction. Dans ces cas aussi, le bandage uni »ant des<br />

plaies en tra' crs, modifié pour les bcsoinl- de la l'tgion, peuL<br />

as ·ut'CI' des rapports convenables entre l


IU Montpellier<br />

)JALADIES DE LA TTf: cou 23<br />

cptclqucfoi:; rcmédicr pardcsopérations ultérieures complicJllécs.<br />

La condition récente de:- plaies. leu•· abstcrsion régulihc, l'enlè­<br />

'emcnt de tout rorp::; étmnger. préparent le succès de l'alft·ontcmcnt.<br />

ct dans ces cas la cicatrisation par première intention<br />

Ci>t un l'(sultat prCSfJue constant. Si les bords de la plaie ont<br />

d{•j ll subi une atteinte inllammatoirc, s'ils sont mc\mc suppurants,<br />

ntuis qu'ils soient d'ailleurs nets ct exempts de déso•·ganisation,<br />

on peut tenter encore la réunion. Elle L moins st) re sans clou tc,<br />

r11ais on JH'ut t·(·ur,sir, ct cette chance doit c\trc rcchNchéc . En<br />

cas d'(•ch


IU Montpellier<br />

TRIBUT .\ LA CIIIRURGIE<br />

Le mode d'emploi de cette 5uturc, quoique très vulgarisé.<br />

exige de précautions ct des soins. Les règles de son emploi ne<br />

pouvant ètt·c reproduites à toute occasion, nous f'Cil\0 ons Ir<br />

lecteur aux articles BEC-DE- LtËvnt-: cL UTl'liE ' .<br />

AFFECTIONS IFLAllliATOIRES nilS tË\'1\E.';. - Jlicn que C'CLLC ré-gion<br />

ne présente pas d'aptitude morbide spéciale au:- in, asions inflammatoires,<br />

nous ne pourTioos omcLLrc certaines particulariti•s. Les<br />

manifestations pathologiques de ceLLe nntorc ont lieu sur la peau<br />

ou sur l'épaisseur même des lèvres, cL se traduisent par· des ri•­<br />

sultats différents.<br />

Los phlegmasies cutanées des lèvres sc manifcstcrH fréquernm('nt<br />

avec la forme herpétique, et prennent le car-rrctcre aigu on<br />

chronique. A la première forme se rapporte l'herpe . ., lrzbialis , si<br />

fréquent au rebord même des lèvres ct dont l'apparition est<br />

souvent sollicitée par· une affection catnrrhalc, un embarras<br />

gastrique dont elle marque la terminaison. De courte durée ct<br />

absolument exempLe de gr·a,iLé , ceLte petite éruption d·dc il<br />

l'emploi d'émollients au début ct d'asLI'ingcnls légers il la fin ,<br />

sous forme de lotions ou de pommades. Les phlegmasie chroniques<br />

des lhrc affectent de préfércnre la J(., rc inférieure ou la<br />

portion de la lèvre supérieure qui correspond à la gouttii-rc de<br />

la sous-cloison. L'impétigo , le s rosis sont les 'ariétés les plu<br />

fréquentes. Cette dernière forme s'obscn·c surtout chez l'adultc<br />

ct sc cantonne dans les follicules pileux ct les glandes sébacées<br />

qui leur correspondent. Des produiLs parasitiquc , de nature<br />

animale, comme le deltWclex folliculonnn ou vC:•gétalc, eommc<br />

l'achorion Schœnleinii ct l'oidiwn albicans du côté de la muqueuse,<br />

peuvent compliquer nt entretenir· les dermatites dont la<br />

r·égion est le siège. Le psoriasis n'épargne point les lèHcs. Dans<br />

une de ses formes les plus rebelles ct les plus cl6agréa bles, il<br />

s'occompagnc de fissures rayonnées, spécialement fh(•ü!'atL\ courmi:-;sur·cs<br />

ou à la partie moyenne de la lèvre supérieure, fissures<br />

qui sc déchirent pendant l'action musculaire des diducteurs, ou<br />

qui, occosionnant une contraction réflexe des fibres de l'orhiculairc,<br />

donnent à l'ou\'Cl'Lurc buccalc un apccl froncé particulier.


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TtTE ET OU COU 25<br />

:\"ous


IU Montpellier<br />

•<br />

2()<br />

TIHBUT A 1-.\ CllllHJJI(;JE<br />

flll·onclc c t surtout très commun pendant l'adolcl'Ccnc


IU Montpellier<br />

MALADIES DF: LA 1'ÈTE ET DU COU<br />

:1.7<br />

que l'on a signalée aussi sous le nom d'œdème<br />

hidc si gra ,·e,<br />

malin, de r·lua·bon, est au Ihres ce que le noma est la ra' ité<br />

buccale. Elle atteint spécialement la lènc inférieure , d'oir elle<br />

:-c propage ' cr·:- la région<br />

us-hyoïdienne qui s'œdématie promptement<br />

cL s'infiltr·c d'un liquide jaunâtre citrin ou opalin, ll) arlL<br />

une véritable ëlnalogie d'apect a,·ec celui qui infiltre les ti us<br />

autour d'unp pus tu le maligne. A l'inocula ti on près, c'est la nHmo<br />

rna lad ie. l\ous l'in ons ohserYée deuÀ fois, ct r·éccrn men L sur u rw<br />

jcunr darne qui fut •·npidcment emportée , rnalgté le' tt·aitcmcnt<br />

Il' plus énergique , ayant consisté en<br />

débl'idcmcnts profonds<br />

Slli\ is de ('llutérisations a\ CC le chlorure d'anlimoinc. Les lèvres,<br />

en raison de leur position cxtél'icurc , sorlL au reste sujettes i1 la<br />

putulc mah[Jne. Boyer· a cité l'histoire d'un boucher qui , dépouillant<br />

une b


IU Montpellier<br />

28 TIUBUT A LA CIIIRUHGIE<br />

ct change la disposition normale de l'orifice buccal. Les plaies<br />

par armes il feu surtout occasionnent de pareils désordres, soit<br />

qu'une partie des lhres cède \ leur action, ct sc détache directement,<br />

ainsi que je l'ai obserYé tu· un blessé de la campagne de<br />

Crimée, soit qu'en agissant comme le agents contondants orclinaircs,<br />

les projectiles produisent un écras


IU Montpellier<br />

lALADIES DE LA TeTE ET DU COU<br />

mités complexe. Telle bnllur-e profonde ùe la joue peuL, après<br />

ln guéri--on. entralner simultanément vers le noyau de rétraclion<br />

la pnupihe, la narine cL la commissure labiale. Des in liam mations<br />

phll·gmoneuses , sui' ies de brides inodulaircs, prod uisenL des<br />

l'fiels semblables. Il en est de mème des per·te<br />

de substance•<br />

gangréneuse:-. ou autres, des suites de la variole, des ulcérationioo<br />

di,cr·scs qui détruisent les Li sus à de grandes profondeurs ct<br />

sur des sur·faces étendues. Les hopitaux présentent de tels ioopé··<br />

C'inwns aux obscnatcurs ; nous en avons SOtl\ent constat(• des<br />

exemples chez de!' infirmiers, profession qu'adoptent nvec une<br />

cer·taine préférence les sujets ainsi tl isgraciL'S. Des ulcérations<br />

syphilitiques, scrofuleuses, lupeuscs, aprè-s une dnrl•c très chronique<br />

cL guéries à grnnd'peino par des remèdes internes ou aprè•s<br />

tic; cautérisations plus ou moins énergiques, sc reconnaissent<br />

encore (!près leur guérison, non-seulement à des cicatrices déformantes<br />

qui détruisent le parallélisme des lè, ros, mais il des<br />

nuances cie coloration ré,élatrices du caractc'•rc primiLif de la<br />

lésion.<br />

Comnw conséquence del' cic


IU Montpellier<br />

:30<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

tantôt indurées ou calleuses. Elle n'occasionnent qu'une douleur<br />

médiocre, mais la gène fonctionnelle qu'elles produisent<br />

d


IU Montpellier<br />

MALADIES 1>1


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGŒ<br />

en re\ ue. Xous IC$ examinerons succcssi ,emcnL en Lantqu'ils ont<br />

pour· huL pr·édominant de combattre l'aLré ic, de corr·igrr les<br />

dé\ in Lion ou de déLruire les adhérences anormale" ; quant ;, cc<br />

qui concerne l'indication plus spéciale de réparer Ir:- perte" de<br />

substances, inùicaLion qui peuL se combiner a\CC les t>réC'édc•ntcs,<br />

il en sera question plus opportunément propos de la chéiloplastic.<br />

Le Lraitcment de l'atrie de l'ou\'erturc buccale est tantot<br />

palliatif ct Lantot curatif. Si le rétrécissement de l'orifice ne fa it<br />

que gt\ner l'inLrocluction des alimcnLs eL que le malade sc' refuse<br />

à toute opération proprement dite, on peut se cont


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU<br />

pour ol)\·icr it C des annraux métalliques, cL que les trajets sc rev


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34 TRffiUT A LA CIHRURGIE<br />

dan le second, on incise la partie cornpri:w Pntn• l'orifice huccal<br />

rétréci et le trajet artificiel cicatt·isé. L'e"écution du prl'micr<br />

temps e fait en perforant à la hauteur Pt ;, ln di ... LatH'l' oit<br />

doi,enl sc trou,·cr les commissures. l'épai ...


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU ÇQU 35<br />

lof!:ul's ;, celle qui noul' occupe , préYit'nt la coarctation ultéricurt'<br />

t'Il -.opprimant , par la réunion immédiate . les i>UrfaC


IU Montpellier<br />

36 TRIBUT A LA ClllRURGIE<br />

Le traitement des déviati


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TtTE ET DU COU 37<br />

t'ns oppoé de la cause prirniti,·e de la déYiaticm. On peut concc,oi•·<br />

telle complication donnant lieu \ de indications plus<br />

délicates ct cigeant des procédés plus ou moins analogue i1 ceux<br />

qui ont pour but de rem6dicr à cc grnre de difformité sur la<br />

région des paupièt·es. Dans tous les cas Otl l'on aura li déga1-;er<br />

l,•s lh res dé' i(•es de l'assujellissement où les maintiennent des<br />

cicatrices 'icicuses, il importera, an.1nt d'attaquer ces dcmirt·cs<br />

par des incisions . de les modifier par la malaxation , par des<br />

tractions parallt•lcs ou pe!·pendiculaircs à leur direction prédominante<br />

, enfi n, pa•· l'rnscmblc des procédés qui appartiennent<br />

il c·t• qu'on nomme la gymnastique suédoise. Le docteur Bourguet<br />

(d'Aix) 'ient cie publier ' quelques faits en fa veur de<br />

rnanœuvrr, spécialement appliquée aux cicatrices de la llC' lfiN/ÏCOI 1 186\J.


IU Montpellier<br />

38 TRIBUT A LA CIIIRUllGIE<br />

ct des couche:-. cxtél'ieures des 1


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IAL\OIES DE LA 'nTE ET Dr COU<br />

pt•llier. pour e faire gué l'ir des suite:- d'un coup de feu qui a' ait<br />

fractun'• la màchoire , emporté la commissure labiale gauche ,<br />

détruit la joue Pt créé. apr(·.; la cicatrisation, unc·c.J illormité trè::<br />

(• tend tH'. ayc•r adhérence labiogénicnne. La perte de substance<br />

fut régulari:-.t'C' . cl un lambCàu pris sur la r·gion supét·ieut·e CL<br />

lat{•rale clu cou . ayant sa base adhérente au ni\ cau du boni<br />

ant{•rieur du masétcr. fut ramené sur le ,·ide cie la pc•·tc tic<br />

suhstanc·p l't con,enablcment hé par des points multipli{•s de<br />

:-.uttll't'. Ln l'i•union fut trè>s cacte , k•s formes furent COII\cnahlc•mell<br />

t re!' Li tuc'•cs ct la mo bi 1 ité do la m;\choi re fut rôc:u pérée.<br />

k c·onsN\'l' le dessin photog•·aphique de ce rôsultat opératoire.<br />

La ml.·thod


IU Montpellier<br />

1·0<br />

TRIBUT A LA CIIIHURGI:<br />

tant que sur les particularilé:" qui les caractérisent d;1ns la région<br />

labiale , l'hypcrtl·ophic, les tumcms ércciles, les tumeurs<br />

prop1·cs des glandule labiale (kystes ct adénomes ), les aflcctions<br />

syphilitiques ct le cancer. Pour ne pas nou C.\poscr i1 des<br />

redites, nous examinerons simultanément les uk


IU Montpellier<br />

)1.\LAI)Is UE L.\ TÊTE ET DU COl: 1<br />

la lè' 1·c ct :-.'étendant d'une commissure ' l'autre, en in tér


IU Montpellier<br />

TniBUT A. LA CHIRURGIE<br />

pCll\CilL rcdres:-t•t· l'organc qui est sou,rnL ait


IU Montpellier<br />

mn


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TRIBUT A<br />

LA CHIRURGIE<br />

de par·oil:- des vaisseaux dilaté..::. ait abouti i1 une pcrfon\lion qui<br />

crée un pas:.:age au sang dans un C!'pace latéral par rapport au<br />

Yai5:scau, soit qu'un autre mécanisme formateur· ait orgnni( C'C:<br />

Ioculc· appendiculaires, où ::c prolonge l'endothélium ,·a:.:rulaire.<br />

Billroth a rcpré enté, à un grossissement de :J:)O diamètres . un<br />

lacis de trahéculcs pro,enant d'une tumeur


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA ren: J


IU Montpellier<br />

TRIBUT .\ LA CIIIRURGIE<br />

d


IU Montpellier<br />

\IALA.DIES DE LA. TeTE ET DU COU<br />

la JWrll' ck c:ub,-lant·e qu'il faul inlliger au:\. li" , suiHli1L lt•<br />

sihc pécial ella forme de la brèche qui en r(•:::ullt', 1


IU Montpellier<br />

48 'l'RIBUT A LA CIIIHURGIE<br />

ain ·i a' cc le plu:=: grand succ


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MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

1<br />

cométlons des follicules pileux, ont en général des dimensions<br />

supéricuJ'C!- \ celles de cc<br />

petites élevures ct nous paraissent<br />


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50 TRIBUT A LA CIIIRURGJE<br />

L'adénome ou hypertrophie des gland utes , l;Cnre de tumeurs<br />

établi par les tra,au" des anatomo-pathologistes modernes ct<br />

urtout pat· cou:\ de )1. Broca, est moins •·arc 11 ln région la hia le<br />

que les kystes proprement dits , et a été SOII\cnt confondu a\cC<br />

les va•·iétés de tumeurs cancéreuse qui affectent les lh re:-.<br />

Mais, malgré des ressemblances extérieures U\'CC les tunH'lli'S<br />

comprises dans cc groupe, les adénomes labiaux rcp•·é:;cntcnt<br />

une lésion spéciale dont on •·etrou,·c les analogues dans les<br />

hypcrt•·ophies circonscrites des glandes. Ils appnrticnncnt tl l'espèce<br />

connue sous le nom d'adénome acineux. l.enr disposition<br />

intime sc révi•lc par des culs-de-sac solides h) pertrophiés cL<br />

parfois indurés, accolés ensemble ct unis pa1· 11ne fa ible quantité<br />

de tissu fibreux. Comparables d'une mani(•rc générale aux<br />

tumeurs adénoïdes des glandes en grappes, elles ont une nnalogie<br />

plus prochaine , comme l'ont établi DL Cornil ct Hnm ier, avec<br />

les hypertrophies circonscrites de ln parotide on a\'C(' celles que<br />

.M. I.cbert a indiquées dans la glande lacr) male. Les éléments<br />

glnndulaircs en s'hypertrophiant acqui(·rcnt non-seulement plus<br />

de 'olume, mais plus de con istancc. Le l'e\('tcmcnt épithélial<br />

paYimenteux de la surface interne de' ient en mt\me lrmps plus<br />

épais ct rep•·é cnte , à une certaine période du dé,cloppcment<br />

de ces tumeurs , la partie principale de leur mase :


IU Montpellier<br />

MALADIES OE LA TeTE ET DU COU<br />

tiellcnwnl locale, sans s'infiltrer dans les li:'sus voisins, ni sc<br />

propager au' ganglions ous-maxillaircs. Dans l'adénome un pru<br />

ancien. le· cellules qui remplissent la ca,·ité de la glandulc hypertrophiée<br />

peU\ cnl 'infillrer de substance graisseuse. D'autres fo is,<br />

les culs-dc-:-ac s'imlurent ct certains peuvent subir la dégénércsrcncc<br />

")l'tique. Pendant l'accomplissement de ces modifications<br />

nutriti' cs , le malade éprou,-c clans la région affectée une<br />

doult-ur sourde. La lè, re se gonfle, subit des atteintes inllammatoires<br />

, dC\ icnt douloureusc, l'épithélium de son bord libre sc<br />

desquame ou P ùétachc complètement ct laissr la surfac


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52 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

sirgc de cc geme de tumcut·s. on met le malade i1 l'abt·i de récidiH•s.<br />

Il suffit de rapprocher les surfaces entre IC!--CJU


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET OU COU<br />

tions ct des statistiques dressées par )01. Foul'llicr· ct Bu zen cL.<br />

Cc ch anne est plu fréquent chez la femme que chez. l'homme.<br />

Dans lcsdcu\. sces, à l'ù;;e adulte , on l'observe beaucoup plus<br />

rarement que !echancre des organes génitaux. D'après les r·ete,és<br />

fait.; par 1. Ca nier, à l'ho pice de l'Antiquaille, dans '" sen icc<br />

de )1. Bonnaric, de Lyon , sur 130 femmes alfectécs de chancres<br />

inuurés, on tl noté 10 cas de chancres !abiam. . Les statistictucs<br />

dressées 11 Paris par ){. Fournier, chez l'homme, donnent 1.2<br />

chanrrcs des lèvres su•· -7 1 siégeant dan<br />

di' e•·ses parties du<br />

C'orps; I. Clerc ne signale aussi, pour l'homme , que ) chancres<br />

labinu sur ld)ft. obsernltions relatives it la même lésion clans<br />

divers points de l'organisme. On peut en induire la moindre<br />

proportion de ft·{·quence chez l'homme que chnz la femme.<br />

L'enfance est l'époque de la vie oiJ , toute proportion gardée ,<br />

le rhanrrc des lh·rcs e-;t le plus fréqucnl. Cc fait est {•tahli par<br />

les ohscn ations de J. Hollct, et il s'explique lorsqu'on prend en<br />

ronsiclération la non-acti' ité des organes f;énitaux<br />

chez lc5<br />

enfants ct ks caucs particulières qui les exposent i1 recc,oir<br />

des carm;cs sur la région labiale , ou i1 contracter la s phi li<br />

pendan t 1 'a liai tc men L.<br />

Les cnucs des chancres labiaux ·ont assez 'ariécs. Leur<br />

source la plus commune consiste en de:. baisers impur'" entre une<br />

personne saine et une personne contaminée. Des


IU Montpellier<br />

"<br />

iH!.<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

pout· le nourrisson, que l'allaitement par une nourrice mercenaire.<br />

L'habitude ob sont les nourrices d'échanger. m1;mc<br />

temponürement, les enfants qu'elles allaitent . !'OÏL dnns le<br />

hopi tau:\. soit dans la Yic ci Yi le, multiplie les occn!-ions d'infection<br />

qu'un choi).. attentif de la prcmihl• nourrice tendrait it<br />

écarter. Le nounis on contracte ainsi un chanerc labial qui peu1<br />

sc communiquer à son LOtll' à la nourrice saine cL c·récr des<br />

obscurités de diagnostic qu'on ne débrouille ttue pat· une enc l 'u\tc<br />

d'origine. La question de ht syphilis hér(•ditnire , J)OII\OnL<br />

donne1· lieu h des ulcérations non primiti,•es mnis con lagicuscs<br />

du nouveau-né, explique d'ailleurs, d'nprès le ohsl'l'\ïttions de<br />

MM. Colle ct Diday, pourquoi la S)·philis se propage pins souvent<br />

de l'enfant à la nourrice que de celle-ci au nourrison.<br />

Les chancres labiaux résultent assez frt•qucmment de l'usl3l'<br />

com111un d'objets usuels. Ainsi le bord sonillé d'nn vC'rrr , tl'unr<br />

c·uillcr , d'une écuelle dont s'est sen·i un S) philitique peut trnnsmettre<br />

la syphilis en pro,oquantl'npparition d'un C'hnnct·c sur ln<br />

lè' re; les pipes , les cigares jouent le mème rule de 'éhi


IU Montpellier<br />

"ALADIES DE LA TTE ET DU COU 55<br />

nois 1• Cette origine a été longtemps méconnue , ct cc n'est qu'en<br />

18:>R que )J . RollcL a signalé le premict· cas de syphilis transmise<br />

pat· le sou filage du 'erre. Depui<br />

lors , les faits sc :.ont assez<br />

muiLiplit ' " pour qu'on soit autorisé à considérct· les \Crrcrics<br />

c·om11te de H!ritables fo crs de syphilis, d'autant plusdangercu<br />

qu'ils tte sont l'objet d'aucune méfiance. Si l'on remarque, U\CC<br />

notre sa' ::t nt confrère de L on, que les usines consacrées à la<br />

t'nhrieat.ion cks bouteilles, ,itrcs , gobelets , etc., sont très nombreuses<br />

, non· seulement chez nous. mais tl ans les pays producteurs<br />

de 'ins comme l' ltalic eL l'Espagne, ou industriels comme<br />

la lll'lgiquc ct l' Anlctcrt·e ou certaines régions de l' 1\ llo magne ;<br />

qu'en France seulement il se fabrique üO millions de kilogt·ammes<br />

de· vpn·c à bouteilles ct que la gobclettcric seule occupe zO,OOO<br />

ou\l·iers, on comprcndt·a la multiplicité des occasions de proplgation<br />

S) philitique. La cause effective de cette pt·opagation cntrr<br />

les CHI\ riens qui soufflent le verre est l'usage commun de la cwow<br />

ou tulle;, sou filer. Cc tube en fer, dont l'embouchure peut roce­<br />

' oi ,. la 111atihe contagieuse, passe succes:::;i, cment, sans rctat·d<br />

èl sans qu'on prenne le soin d'essucr son embouchure quelquefois<br />

i r. . C:·gulit•rc ct pou' a nt, indépendamment du dépôt du 'it·us,<br />

fac-iliter a pénétration par les excoriations qu'elle occasionne<br />

pendant la rotnciclcncc du sou filage "' cc une impulsion rott toi re<br />

que doit ubir l'instrument.<br />

Signalon enfin comme cause ùc communication du chancre<br />

lahial , le· morut·cs des lèvres d'un sujet sain par un sujet contaminé.<br />

Lol'dat t a signalé cette cause , que )1. llollct compat·c ,<br />

pour la syphilis, au mode Ot'dinail'c de l'inoculation de la rage.<br />

()ucl que soit le mode d'origine du chancre labial , celui-ci<br />

peut rcvètir sur ce point les caractèt-cs connns de co genre


IU Montpellier<br />

56 TRIBUT A LA CIIIHURGIE<br />

a moitié de la lè•vrc inféricUI·e eL s'était i•tendu0 il la moitié de<br />

la hauteur de la joue. )1. Rollet signale ,comml' l'une de forme<br />

les plus fréquentes, le chancre induré bombé , c'est-à-dire i1<br />

fond plus aillant que les bords.<br />

Souvent \'Ïsible du coté de la peau . il est cependant plus fréquent<br />

du coté de la bouche Otl ln LÔnuité de la courlw épithélinlt•<br />

1·end l'innoculalion plu facile. Rendu douloureux par ..;on cxpo­<br />

ition Lwbitucllc à l'air, au contact des liquides buccaux . ü celui<br />

des aliment!', des boissons ou des instrunwnLs qui scn·cnt 1t leur<br />

ingestion , le chancre bucco-labial est assez doulourcu\ ct suj et h<br />

s'i nitcr. Il détcnnine parfois une stomatite \'O'itihulaire OII IH


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)IALADIES DE LA Ti5TE ET DU COU<br />

ct l'ulcération fait quelquefois de. pr·ogrès inattend u, oit ur<br />

phlcc :-;oit cu égard am. con5équences générale de l'inoculation<br />

) philitiquc. Cne autrccircon lance ajoute à la gra\it


IU Montpellier<br />

58 TIUBUT A LA CllllWRGIE<br />

la lt'' re inférieure . . J'ai conlaté si:\ fois leur précnc·c :-ur Cl'lle<br />

partie de la houche ct une seule fois i1 ln !1\' r·c ... upt'·r·it•urc. Dan5<br />

cette région , comme dans la plnpar't des orgam•s musculain•s , la<br />

Ltrrncur· syphilitique<br />

e présente lantùt sou" la fo rme dure ct<br />

circonscrite appelée nodus ct ocrupt• soit la couclH• ccllulcusc .<br />

:.oit l'épaisseur rnt\rne de la lèHe : lan tot


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)IALAOIES OR LA TÈTE ET DU COU<br />

que administrés imultanément fit disparaltre la tumeur a tel<br />

point que la lè' re diminua d'épais5cur . s'amincit graduellement,<br />

perdit -;a résis tance naturelle comme ùans J'atrophie mu"culairc<br />

progressive. Dans cet état, 1'01·ganc ne pou' ait micu' t'·tn• c·ompnré<br />

qu'i1 l'aspect que prennent dans cette dcrniè1·c maladie• le<br />

tissus ùu premier espace intcrmétacarpicn Olt on \Oit les muscles<br />

de la parti


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60 TRIBCT A LA CIIIIWRGIE<br />

représentant . ont vu leur intérèl s'affaiblir , lorsqu'une obser­<br />

' ation plus précise a démontré que la bénignité att1·ibuée au eancroide<br />

par opposition à la malignité attribuée au autres formes<br />

de cancer, n'était pas un caractère absolu cl que


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 61<br />

caract(•ri!'er·ce genre


IU Montpellier<br />

ti2<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

ont r:.posés au llHme mal. Lassus t cite l'c•:.cmplc d'un homme<br />

dont la profc:-sion consistait à c•ngt·ai.;.;e,· de la Yolaille ct qui ,<br />

:-ou filant de;-. gmins dans le I)('C de ces rlllimau\ .<br />

"l' mordait<br />

conti!wcllcmcnt au mc\me endroit. Vn niche rebelle de la lh n•<br />

inférieure fut la suitr de cet exercice. .\ 1. Comin • attribue<br />

Capuron une ohscrn1lion du llllmc gcni'C. rn cas plus commun<br />

c•st celui des incliYidus qui, ayant des dents gùté, ii•cs ct irrégulières, sont exposés i1 ressentir dans un point<br />

constamment le mème du contour de l'orifice buccal , une initution<br />

qui produit d'abord un ulche simple ct plus tard un<br />

cancc•r épithélial. Higal ( de Gaillac ) ü<br />

rclc,{• ct l'ait connaître<br />

bon nombre de cas de cc genre, que tout prnticien rst it nH1mo de<br />

v(JI'ifirr ct que j'ai sou,·ent constatés dans les h


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

G3<br />

(tilllcltrs, fJUi a cau. é un certain émoi au intéressés. Ausi<br />

qtwlquc-. contestations sesont éle,·écs sur cette origine de l'épitht'•lionw<br />

labial. l. Fleury . de l.lermon t, ent1·c auti\!S , a nié<br />

toutl' inOut•nce de l'habitude de fumer, et r. Turgan , l'auteur<br />

du Traité cie. !Jralldc::J w;ùle de France , aurait cru nuire i1 la<br />

eaus


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

·cience, tels que lleister, Bell, Richter, lontcggia, n'attachent<br />

non plus aucune idée de pr·édominancc au cancer labial , Pt tous<br />

;.;ardent le silence au ujet de sa pro,·ocation par· l'action du tabac<br />

i1 fumer qui. de leur temps, était rél(lti,·ement peu répandue .<br />

. \lais si en reg(lrd de ces écrits muets ur la maladie cL "" st<br />

cause, on place les cas nombrcu.\. qui sc pn!scntcnt aujourd'hui<br />

ct l'extension immodérée d'une hahitlltlc propre it prO\ oqucr la<br />

maladie, on con' icndra que cette corrélation doit c\tre élevée it<br />

la hauteur d'une cause.<br />

L'épithéliome des fumeurs aLLaq uc prin ci palemon L la lèvre<br />

inférieure. CeLLe prédominance est établie par dpondcntil l'épithélionlt'. CNte usure<br />

constitue, pour la r·éception du tuyau de la pipe. un point plus<br />

commo1le que tout autre ct que le fumeur finit par adopter<br />

im nriabl


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TtTE ET DU COU 65<br />

J>roportion ultérieure de l'épithéliome. Les sujets des classes<br />

inférieures , qui fument la pipe à tube cou1't et du tabac de<br />

maunti:;e qualité. pré entent des épithéliomes labiaux à un ùge<br />

moins a' ancé q uc les t·iches el les raffinés, qui fument des dgarc<br />

déliC"at , h•s lonues pipes et qui neutralisent du reste pa•· des<br />

soins h)l;iéniqnes les effets locaux de la combustion du tabac.<br />

Le mode de consommation de cette substance est loin , en effet,<br />

d'l\trc indiflët·cnt aux résulLats morbides locaux qui lui sont<br />

i m pu 1.


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66 TRIBUT A LA CliiRURGlE<br />

repose le tuyau de la pipe, il peut sc manifester dan tous les<br />

points de la ca' ité buccale, ct il affecte principalement les partie<br />

sur le quelles sc porte plus directement le pt·emier jet de futn(;C<br />

que l'aspiration fait sortir du tuyau , c'cst-à-dit·e la langue ct<br />

les joues. Si l'on associe à cette cause locale très nccentnéc.<br />

l'initation que la déviation des dents occasionnée pllt' la pression<br />

tm\me de la pipe peut ajouter à l'échauffement du tuyau,<br />

comme l'a indiqué Rigal , ct les excoriations qtt(' 1


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 67<br />

<br />

1<br />

action que sur· très peu d'entre eux. En pathologie, le cnuscs<br />

étant multiple , i l'on ne tient compte que d'un cul fnetcur ,<br />

on n'n pn!' k prod uit. liai i on tient compte de tous les éléments<br />

pr·od uctcurs. on rentre dans la vér·ité ct on peut attr·ihucr à chacun<br />

!•• part n•


IU Montpellier<br />

68<br />

TRIBUT A LA COIRURGIE<br />

entre ccL él.aL eL la production épidermique pathologique. Sous<br />

ceLLe forme diffuse CL superficielle, il reste sou,cnt st.aLionnairc.<br />

CeLLe variété est é,ideroment la plus bénigne cL n'aboutit pns<br />

néccssai re ment à l' ulcération.<br />

:2° Une autre forme qui présente aussi une bénignité rclatiœ<br />

consiste dans l'épithélioma corné. 11 sc produit danti le bord<br />

labial une véritable excroissance dure cL résistante comme la<br />

come ct qui peuL acquérir des dimensions n.1riablcs. On sail que<br />

des productions cornées de cette nnture peuvent tiC mtwifestcr<br />

sur divers points du corps, cc qui a donné lieu il des descriptions<br />

singulières recueillies par Pngensteschcr (de comilms et<br />

CO'I"n'ttUs) ; mais par·mi celles qui naissent sur· des muqueuses ou n<br />

leur voisinage , les cornes des lèvres sont les plus remarquables.<br />

J'en ai observé une de forme cylindrique ct recourbée en mnnièr·e<br />

d'ergot sm· un sujet àgé de :38 ans. Elle tl\ ait un ccntim(•trc<br />

d'épaisseur à sa base et une longueur ùe :3 centimètres. J'en<br />

pratiquai l'ablation aYec succès. Les produits COI'I\és lahiau<br />

semblent parfois n'être que l'eO\eloppe des papilles h pcrtr·ophiécs<br />

analogues à celles qui bordent le pourtour des ulcùrcs<br />

connus sous le nom de mal perforant. Ces lésion:' , nommée<br />

aussi papillomes cornés et bien décrites par mt. Cornil et Ran­<br />

\Ïcr, qui leur assimilent les cors , les \CrTuC ct d'autres productionsdu<br />

même genre, sont loin d'ètrc rares it la tè, r·e. Tan tot<br />

elles déterminent une ulcération autour du point oü elles sont<br />

implantées, d'autres fois elles cernent une ulcération \ cr·s hu1uelle<br />

semblent dirigées des aiguilles cor·nées con\'crg


IU Montpellier<br />

L'état corné rcpt·ésenlc un déta.il particulier ct pour ainsi dire<br />

accilh•ntel de tasemcntdc la sub::;tance épidermique. lais on les<br />

'oit sc fo rmer dans les mt: mes ci rconslanccs , et tl leur dé hu t<br />

elles rescmblcnt au:.. C).croissances ordinaires dont elles ne c<br />

di tinguent que par un peu plus de densité. Sur l'un de nos<br />

opérés, il e:..istait simultanément un épituéliomcdiffus de la 1(-, re,<br />

de· exnoissanecs 'erruqucuses , dont quelque -unes , passées 11<br />

l'état d'ulcération , indiquaient le cancroïdc, ct une tumeur cornée<br />

plact•e près de la commissure complétait l'ensemble de la<br />

lésion é\'idemment produite par la mème couse.<br />

:3" La forme la plus ordinaire du cancer labial des fumeurs est<br />

caruc-Lorisée i1 son début par une excroissance venuqucuse ou<br />

pur une fissure dont les bords sont plus ou moins indurés. Dans<br />

MALADIES DE L.\ TeTE ET Dt: COU<br />

, 1<br />

le premict· ca, une saillie anormale plus ou moins résistunte sc<br />

manif('ste sur un point limité de la lèvre inférieure ct spécialement<br />

sur CPiui qui set'l d'appui à la pipe ou au cigare : le fumeur<br />

néglige cette e:..croissance ou l'altribuc à une autre cause ct<br />

donne cours à ses habitudes a\'CC d'autant moins de défiance<br />

qu'aucune douleur ne ra,·c•·tiL de la nature du mal qui fait sa<br />

pt·rmil•rc apparition. Dans le second cas , c'est une gct'\tH"C du<br />

rebord labial prise pour une creva::;sc épidermique ordinaire qui<br />

marque le début du cancroïde. Loin de sc cicatriser , cette gcrr.-ure.<br />

entretenue par une cause habituelle d'itTitation , s'agrandit<br />

ou crcuc le tissu de la lèvre , ct cette apparence est d'autant<br />

plus marquêc que ses bords sc relèvent ct s'hypertrophient en<br />

reH'tant une apparence grisùtre.<br />

Cettl' période initiale de la maladie fait bien tot place h un état<br />

plus cnractéris6. La production morbide dépasse alors !'ïcnsiblemont<br />

\('niveau de la lèvre. La base ou la circonférence en est<br />

dure cL un pou douloureuse , la surface est d'un aspect particulier,<br />

clio para tt rugueuse ct chagrinée ; des papilles mamelonnées<br />

ou coniques hérissent la par-Lie saillante de la tumeur ct s' y<br />

dessinent avec des apparences diverses. L'aspect ct le contact<br />

des papilles hérissées de la langue peuvent jusqu'à un certain<br />

point en donner l'idée , ct cette assimilation est d'autant plus<br />

acceptable, qu'il s'agit en effet d'une organisation analogue. Les<br />

aillics du corps papillaire de la muqueuse labiale subissent une<br />

h) pcrtrophie qui leur donne isolément du relief. L'examen à la


IU Montpellier<br />

70 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

loupe fait encore mieux rcconnaltrc la gaine épithéliale qui enveloppe<br />

chaque papille ct qui, en lui communiquant plus de<br />

réi tance , lui impt·ime aussi une forme plus accentuée. Don<br />

nombre cie malades offn•nt les caractl>rc:. que nous \Cnons<br />

d'énoncer au plus haut degré ct U\'CC des Yilriété. p;u·titulihcs<br />

qui ont pu fher l'attention des obscn·atcut". r. Eckcl a décrit<br />

trois fo rmes de tumeurs épith61ialcs des lè' n•s qu'il


IU Montpellier<br />

lAL.\DŒS UE LA TÈTE ET DU COU 'i 1<br />

relie-ci ou l'un de$ cotés de la langue olfl·ir simultanément un<br />

no) nu tlistinct d'ulcère cane•·oïdc. Pendant cette période de<br />

prod·s, le mal envahit la lèvre inférieure dans le sens de sa<br />

hauteur. Si on palpe cette partie, on la trouve indurée; l'induration<br />

e-.;t tantot circonsc•·ite, tan tot diffuse. Elle est uniforme ou<br />

lobulée ct, ui\i.tnt son étendue , elle gène plus ou moins le<br />

fonc!ion" de la partie pour l'exercice de la parole , pour la<br />

préhension buccale clcs aliments eL des boissons cL pou•· retenir<br />

la sali\e. Si la maladie csL un pou avancée , la lèv•·c no peut<br />

emp


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TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

limi'tre avec un ou plusieurs noyaux , tantot d'une fo r·mc as cz<br />

régulière, d'autres fois déformée. Ces cellules , dont la description<br />

détaillée ne saurait actuellement nous occuper ct qui ,<br />

d'ailleurs, n'out rien de caractérisLiquc par rapport il l't•pithéliome<br />

des fumeur·s, sont parfois agminécs de manière il former<br />

des corpuscules assez \Olumineu pour (Lre a percevables sans le<br />

secours tlu micro cope et désignés sous le nom tic globes épidermiques.<br />

Ce sont des coqls sphéroïdaux , c lindriques ou en<br />

polyèdre eL dont la partie centrale amorph0 ou ··anuleuse est<br />

entourée de cellules pavimenteuses imbriquées cornnH• les<br />

écailles d'un bulbe ou même soudérs ; plusieur·s globes épidermiques<br />

réunis repr·éscntcnt quelquefois des granulations blanchàtres<br />

très évidentes.<br />

Les fumeurs atteints de l'ôpithéliomc pancnu à cc degré<br />

s'aperçoivent alors du caractère suspect de la maladie qui les<br />

affecte. L'ulcération s'empare de la tumeur et la détruit inégalement,<br />

pendant qu'une formation nouvelle la propage dans un .<br />

autre sens. La matièr·e èpidermique infiltre alors les Lis us voisins<br />

qu'elle détruit par sub titution. Le tissu musculaire de la lhrc,<br />

le tissu muqueu jusqu'au l'ebord gingi\ al , la peau dans une<br />

étendue plus ou moin grande, sont le i·gc principal de cc pr·ogrè<br />

; mai cet en\ ahissement par substitution connaît peu<br />

d'ob taclcs si la maladie est abandonnée à ellc-ml\mc. L'o<br />

maxillaire inflriem· n'échappe pas à la destruction, ct si la maladie<br />

atteint la langue, les joues ou le voile du pa lai,, des ulcérations<br />

affreuses ct incessamment augmentées signalent les<br />

progr·ès du mal.<br />

Le cancroïde de la lè\'re inférieure n'atteint pas des pr·oportionsaussi<br />

menaçantes, sans mettr·e en évidcnre tou ses car·actèr·cs.<br />

Mais lors mème qu'il est borné tl la lbnc qui est son siège<br />

de prédilection, il est en général facile à ùiagnostiqtJCr. Son<br />

modo de développement, la considération de ln cause qui lui a<br />

donné naissance, la force initiale, les démangeaisons auxquelles<br />

il donne lieu d'abord ct auxquelles succèdent des sensations<br />

plus pénibles, celles d'élancements douloureux, la dureté inégale<br />

de la tumeur qu'il représente . l'aspect de l'ulcération suffisent<br />

pour dévoiler la nature du mal au chirurgien excr·ré. Toutefois,<br />

il est des cas douteux où une obserraüon attentive c t d'nu tant


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!IALAOIES DE LA TeTE ET DU COU 73<br />

plus néccsaire qu'il en découle une conséquence Lh(rapeutiquc<br />

heureuse ou préjudi(·iablc pour le malade. Tl n'est pa inutile de<br />

rappeler que les ulcères des lèncs ou les tumeurs qui les accompagnent<br />

pcu,ent rcYtir la naLurc cancéreuse, s philitique ,<br />

scrofuleuse ou darll'euhe. Le cancer 'rai, ou héléroplastique ,<br />

cra dilfércnrié du eancroïde par son sii·gc indifféremment établi<br />

sur tou


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74 TRIIHJT .\ LA Cllf!WRGIE<br />

cctc oriinc locale une limitation nbsolul' nu\ partie!'- oit il '-C<br />

dé' cloppc. S' i 1 sc généra lise plus ra rem en t que le 'rai cancer,<br />

on ne doit pas oublier qu'il relè'c lui-m1me d'une rau'-C diathéiquc<br />

qui a été mise en jeu par une excitation inœ-.smnment<br />

portée sur le même point, ct qu'en conséquence il offre les dangers<br />

inhérents au concours simuhan(• d'une cauc interne et<br />

d'une cause locale. Ces dangers consistent tbns lu dill ' u:-ion des<br />

produits mo•·biùcs qui constituent la lésion au delit des points<br />

primiti,emcnL atteints. llc\tons-nous de dire que, d'npri·s notre<br />

statistique aussi hien que d'après l'ohsct 'a ti on commune, l'épi ·<br />

théliornc sc propage facilement aux ganglions 1) mphatiquesvoisins<br />

ct rt·noLI\elle dans ces loyers des lôsions comparnhles, pnr leu•·<br />

nature cL par leurs résultnts, i1 la lésion primiti,c. ki sc reprod uit<br />

naLurellcrncnt la question cl inique si débattue do nos jours, de<br />

différences du cancroïde cL elu cancer au point de 'uc de la localisation.<br />

On aYaiL d'abord pensé que k rancroïdo ou épithéliome<br />

ulcéré ne s'accroissait que de proclto en pi'Ochc, en gagnant les<br />

tissus voisins cL los détruisant pa1· substitution, tandis que le<br />


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)L\LAJ)JES u; LA TTE ET DU COll 75<br />

chirurgicale a' ait permis it la lésion de s'étend re. Tous les fumeurs<br />

que nou..: ide des ganglions 1) rnphntiques sc<br />

produit il\ CC une rapidité 'ariahle. Chez certain" sujets, la propa<br />

a ti on ca ne roide marche tri•<br />

promptcmen t ; c-hez d'an t1·es, elle<br />

est un ri•sultat ta1·dif. Le développement de l'nflèC"tion dans les<br />

ganlions est quelquefois insidieux. et il est toujours utile, quand<br />

on doit opérer un de ccs canrroïdes, d'c.\aminPr tl·rs attenti,cmcnt<br />

la rl•gion sous-ma;\.illaire , soit dans la partie moyenne,<br />

soit Surtout SUl' les cotés , pour déCOU\Tir des gnnglions quelquefois<br />

très petits qui sont mas'lués par les glancks sousma,illaires<br />


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i6<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

r·omorphc ou 'rai cancer ne puisse Lrr IWO\ ocpré par la lll


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU 77<br />

Le cancc1· des lè, re n'est justiciable que du chinll'gicn ; on<br />

doit le détruire. La dcstmclion par la cautérisation ou l'instrument<br />

tranchant peut Col1\enir sui,ant les cas; mais le bistouri<br />

est infiniment préférable aux caustiques. Les cancroldes cutan(•s<br />

éloinés de:. Oll\ crture n.Hurelles sont facilement et m anta-;euscmcnL<br />

at.taqués par la pùtc arsenicale ou par celle de chlo•·ure<br />

de zinc ; muis le maniement de ces sub ta nce:-; cau..;tiqucs n'est<br />

ni aussi facile ni aussi sûr lorsqu'il s'agit du cancer placé i1 l'ou­<br />

' c•·tu•·e de la Louche, ct à plus forte raison !


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i8<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

opposée dans l'épaiscur des tisu. On obtient cnsuitr• urw cicatr·ice<br />

linéaire en réuni sant la peau ct la muqucus


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MAI.ADI ES DE LA TÈTE ET DU t;OU 79<br />

dctl·uire la lhrc en hauteur. )lais pour peu que ln léi'ion (•xigc<br />

un sncrilicP du tis u dans cc dcmier sens, cl qu'en cons{•qucnce<br />

l'oq;;anc soit raccourci dan son encmble. la ranée dentai1·c<br />

re• tc i1 décoU\ crt, la bouche perd sa régularité, l'abs


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80 TRrBUT A LA CHIRURGIE<br />

nicrs ou su -hyoïdiens. La suture cut.anéo-muqucus


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RECHERCHES<br />

sun<br />

LES FISSURES CONGÉNITALES DES LÈVRES<br />

Description de quelques variétés nouvelles du Bec-de-Lièvre.<br />

Pendant qtH' j'occupais la chaire de physiologie i1 St1·asbourg ,<br />

t•n 1 X:lX ct 18:HI, j'ai d tl il l'obligeance de mon !':avnn t col !t'gue<br />

)1. Elll'lnann •, di1·eeteu1· du Musée d'anatomie pathologique de<br />

la Fac·ulté. l\1\anlar de pou\'oir étudier 3\ee détail et en m'cn­<br />

\il·onnantde Lous les renseignements nécessaires , les pièce. qui<br />

compo. cnt cette grande collection, où j'ai retrouvé bon nombre<br />

dr C'H:>


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82 TRIBUT A LA CJIIRUI\GJF;<br />

médian de la lh re r-;upérieure. J'ai pcns(• , en conéqucncc, qu'il<br />

ne serait pas sa ns utilité de décrire les formes de c-Cltroduit ou au Lraitrmt•nt qui leur<br />

convient.<br />

Les nssurcs congénitales des lhrc:- ont ét(· ignal(•e-, d< ' puis<br />

longtemps, cc que l'on s'explique par leur l'n'•quenrr. Lc•ur<br />

prclllihc mention positi\C n'est repondnnt (, iden tt• qut• dnns<br />

Calirn •, qui désigne sous le no111 de tavoclicilos l'indi' idu qui en<br />

est anccté. Je n'ai rien vu dans llippocratc• qui dôf;ignùt ceLLe<br />

;no•ualic, bion que M. La•·oclte 2 veuille la n•connait•·c dans le·<br />

li,•·c intitulé : Nocltlicu:;. Hippocrate indique seulcnn•nt les c·onséquences<br />

d'une lésion physique des os du pnlnis , et d'nillcurr-; il<br />

ne s'otcupe dans le li\ re cité crue des déplacements d> 5• La douleur ct l' (·coulcmcn t tl u san;.; qui<br />

survien L dans l'écartement des bo•·ds do la fente, ne peu\ ont sc<br />

rapporter qu'à la division accidentelle.<br />

t lotroduct., cap. Ill, et in definit , ex Castello.<br />

2 l)isse1·t. sur les monstruosités de la {ace ; Pnris , 182:;.<br />

a 1l•;moiJ•cs clc /'.lc,1démie de clti.·ttr{Ji, t. V. in-1".<br />

t A. -C. Celsi u1edicina , lib. \'If, en p. IX.<br />

$ Loc. cit., lib. \'Il. en p. XII. de labris.


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MALADIES DE LA TÊTE ET DU CO(j<br />

C'e-.t donc h Galien qu'il fa ut an·i,er pour trouver la premic'.rc<br />

mention rclati'e au sujet qui nou occupe, ct c'est à lui<br />

CflH' nous dC\On!-> l'e.\pression bizarre de bet-df-lièl're. l)epuis<br />

lor:-, prc,.,quc tous lcl' auteurs d'ou' r·ages de chirurgie en ont<br />

parlé a' cc plu ou moins de détails , mais leur attention s'c•st<br />

pc,r·téc, par une préférence légitime, sur les mo) ens de remédier<br />

il ia difformité, plu tot que sur l'examen des formes di,er·ses<br />

qu't•llc peut affecter. Au si ne trouve-t-on que des indications<br />

hien vngucs su t' les conditions qui sc ra Ltachcn t la formation du<br />

h


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TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

monsL•·ueu>., chez lequel la lèYre supérieure cL l'inférieure<br />

étaient divisée à la foi . Cet étal se présente donc chez les<br />

animaux, LanloL comme disposition normale, tantôt comme anomalie;<br />

dans l'homme, c'est toujours à ce dernier Litre qu'on<br />

obscne la fissure congénitale des 1(•, res.<br />

Ccllc-


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MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

so<br />

•<br />

logic,


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86 TRJBUT A LA CIIIIIURGIF<br />

de cc sujet e L comme découpée en lan:;ul'ttcs qui attestent que<br />

Ir lra,ail de sa formation a été i1Tégulicr. La fio::nrc mt•dianc<br />

inférieure comprend toute l'épaisseur du honl lilwe de la Il·' re ,<br />

mais sc prolonge à peine 'ur les faces de cN orane , qui a<br />

d'ailleurs peu de hauteur Yerticalc. Le fœtus sur lequel j'ai<br />

rencontré ceLte anomalie esL à Lel'me PL bien conformé ..;ous les<br />

autres rapports.<br />

Nous pou,ons donc conclure à la possihilitô d'une fissurr<br />

congénitale ou bec-de-liène de la lèvre inférieure , ct , d ' aprt·<br />

les fa its jusqu'ici observés, établi1· que le sil>ge en est à la partie<br />

moyenne de ccL organe, ct que celui-ci n'est pas int(•ress6 tians<br />

Lou Le son (•tendue. Ces caractc'·l'cs Lien non L i1 des causes particulièi'OS<br />

ct surtout au mode de dévcloppomonL dont nou:; déterminerons<br />

ultérieurement l'influence. Qu'il nous suffise de dire<br />

pour le moment que la lèvre inférieure , nu-dessous de laquelle<br />

il n'existe point d'ou,·erturcs natut·cllcs, ne sc trouve pas dans<br />

les m


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:UALADIES DE LA TeTE ET OU COU<br />

8'7<br />

le point ci-dc::-su déigné: t.anLoL la !issu re sc rapproche de la<br />

ligne médiane au'\ dépens du lobule . ous-nasal ; plus sOli\CnL<br />

t>lle


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88 TRJBUT A LA CIIIRURGIE<br />

'érité , je ne distingue pas bien le motif c1ui empêche d'arri,cr<br />

jusqu'il elle : car elle ne contredit aucun


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IALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

réduit tl un illon profond , rr


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00 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

a' ion déjà faite en HH-1 . njonle qu'.\mmon ol LcucknrL ont<br />

rccu


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'IALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

!li<br />

dchori', étaient (·pais, arronclis ct coloré.; comme le:-; 1(•, •·cc;cllt•smt\mc".<br />

Ln 'ot'ile p·tlatinc ct le \'Oilc du palais ne part.icipaic•nt<br />

pa:- i1 la séparation médiane. Cet cxcmpiP , par· le:- détails ruc\nw<br />

qu'il renferme. est loin de nous paraitr·c inéprochal>l


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92 TRIBUT A LA CIIIHURGIC<br />

disposition n'est pas con::-tantc. - Î.ooper 1<br />

les a 'us ondulcu"X<br />

sur un sujet. el j'ai moi-tnlmc rencontr(• de" dispoc;ition.., \ariables<br />

: tantôt un des bords, pat·ticulièremcnt l'e,tet·ne, est un peu<br />

CM'a'é it sa partie moyenne : tan lot l'un el l'autre offrent celte<br />

disposition. Sur un fœtus monstrucu:\, j'


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F!g.V<br />

Fig .VI.<br />

<br />

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Bec-de·hèvre gér.:er ..<br />

Abset . .:e r-artie1':t de la ievre supél'teure<br />

Tll'.r· Dl< rd·!:!net.t\.ll.arll


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JALAOJES DE LA TÈTE ET OU COU<br />

l>an quelques cas a.-sez rares, une seule fissure de Jè, res conduit<br />

dnns un écartement des os ma).illaires et palatins,


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TRIBUT A J,A C.lllllURGIF.<br />

grnndc partie de l'arcade dent..1irc, cL con,.Lituait une diflill'mit


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I<br />

ALAOIES DE LA TÈTE ET Hl<br />

COU<br />

pn\._ de l'e\Lrémit(• antérieur


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TRIBUT A LA C\111\URGIF.<br />

qui les indiqua clairement le premier •: dcpui Goi'the, qui. en<br />

i'i86, rappela sur ce point l'attention des anatomiste ', jusqu'à<br />

)(eckel ct aux ol>serYatcurs moderne!'i. le plus grand nombre de<br />

ecu" qui ont voulu y regarde•· de prrs n'ont pas mis en doute<br />

l'e\.istcnce normale de l'inter-mailhlit·ncttcment<br />

leur portion na


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!tfALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

ct du ma,illairC', mais sur l'épais:;eur du premier, en sor·t(' que<br />

(jliChJlrc.; I;CI'II1CS de dents incisiyes Ont été ohscnés SUl J e Coté<br />

111


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98 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

labiale pénètre dans la narine conespondante: le nez est apla ti .<br />

sc" ailes sont élargies : la màchoirc supérieure semble


IU Montpellier<br />

( •'./., . -:---:; .<br />

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·-·-_;,<br />

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TOU•" IT


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MALADIES DR LA TTE ET OU COU<br />

parlé, qu'il fauclt·ait rappot·ter les ob er\'ations relatées par quelque-..<br />

autcu•·::.. ct dc:-.quelles il •·ésultet·ait que la Jè, re supét·ieure<br />

peut 1\Lt't' di' i..,(.l' par trois sci:::sures, l'une placée sur la ligne<br />

tuédiatH'. C'l le:- dcu' autres ur les rebords de la dét>rc ion<br />

sous-nao::alc. Doit-on ajouter foi à un paragraphe du mémoire de<br />

Lafa)C1 , qui aurait \Il nn sillon médian ct dl'ux latéraux sur un<br />

fœtus aflcct(· dt• hcc-de-liè\Te compliqué? Cette interprétation a<br />

l·té contestée par 'DL Houx cl Bérard '. Sandifort sc montre plus<br />

C\plit'itt• :;ur Il' nH\nw sujet ; 'oici les C).pressions de cet au tcu r:<br />

a<br />

Srr•pè 111/Ù·o Îlt lrtlcrc (ù;sum labium, fuit, quandoque duplcJ; uut<br />

, ct triplc.r lio1·t·e ritiwn existt:t, rtbsque ut tamen palatum multt­<br />

>> fio,wm ;wbil'rit » 3 • Il est ü t'cgrcttcr que Sandifort n'ait pas<br />

donnt'· d'aHtrt•s détails sur cc point intéressa nt de l'histoire du<br />

bcc-d


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100 TRIBUT A LA CIIJRURGIE<br />

exprimée sous quelques rapports dans l'obscn ation de Srhenlius<br />

; elle cesse d'être équivoque dans la variétt'• du bee-dc-lih re<br />

double caractérisée par l'absence du bouton mt:•dian. La tléprc<br />

·ion sous-nasale et le bord alvéolaire qui lui ron'l'"pond . manquaient<br />

sut· un sujet cité par )leckcl. Yrolik t'n a donné deu:\<br />

e:..cmples dans sa Collection des nwnstre.'J : )f. Laroche a


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 101<br />

anomalies il constater. LI en est une plus rare, plus générale ct plus<br />

-.ignificati'e pour témoigner du Jésordrr fot·matcut·, c'est la<br />

tran!:>position des 'iscères SJ>Ianchniques. Le cœur rst dévié à<br />

droite, le:. \ai:-seau qui en partent ou qui s'y rendent sont<br />

dans une disposition inYet·se de celle de l'état naturel ; le foie<br />

occupe l'h) pochondrcgauchc, la rate l'hypochondre d•·oi t; il y<br />

a, en un rnot, une inversion générale des viscèt·es. Les membres<br />

seuls présentent une conformation normale.<br />

Les nombn•uses 'a ri étés de fissures labiales que nous venons<br />

de passer rn re\ uc nous rérèlcnt ' peu pr(•s tous les degrés cL<br />

toutes les périodes du dl-vcloppement de la monstruosité qu'elles<br />

e' priment.<br />

Lorsque la face se constitue , si une cnu!:'e qurlconqnc vient<br />

trouhl


IU Montpellier<br />

102 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

TT<br />

DES CAUSES DU BEC-DE-LIÈVRE.<br />

L'étiologie des monstruosités a toujours paru 1111 -.uj('t for"t.<br />

ohcur , ct a exercé la sagacité d'un rnncl nomhr


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'IAI,AOŒS DE LA TTE ET DU COU 103<br />

rau.;c:- , que dans les recherches propres à le réd ui1·c à l'unité.<br />

La thi•orie de la fo rmation elu bec-dc-liè' re conénital a subi le:­<br />

o-.t'illation..; de..; idées que di,crs auteurs s'étaient faite.; Mu· l'étiologit•<br />

de monsLI'tH>sités , ct nom. pourrons nous COll\ a in cre qu' i 1<br />

n '1•:-t pa..; de th{·orie générale rclatiYe cette matit.· re dont on n'ait<br />

fa it l'application au fissures labiale. Le:- Ln" au modemcs<br />

sur l'clllllr) Og(•nic a ant t'épandu une chHLé 'éritablc sut· cc<br />

prnhl1\mc lontcmpc; obscur , nous rendrons sa solution pl us<br />

fncilc ct plus acceptable en ccluant le cxplicntions erronées.<br />

llans l'emploi dl' coLLe méthode d'eclusion , faisons d'abord<br />

ju;.;tic·c des opinions les plus hasardées ct qui n'ont pas même le<br />

mérite d'un.<br />

l" Causes nu:Ntnir,uesdiredes. - Elles produisent, comme on<br />

le sait, le bcc-dl•-li


IU Montpellier<br />

104 TRIBUT A LA CIIJRURGIE<br />

leur opinion. Tenon • se montre aussi p


IU Montpellier<br />

MALADIES OE LA TeTE ET OU COU 105<br />

Dan!- cc:-. cas, la pointe de la langue s'engage pour ainsi dirt•<br />

nccidcntcllcment dans l'inlcr,·nlle normal des lè' rcc:;


IU Montpellier<br />

106 TRIBUT A LA ClliRURGIE<br />

C


IU Montpellier<br />

IALAI)IES OE LA TTE ET OU COU 107<br />

de l'arrèt de dt\ cloppcmenl. de l'artion du :-t


IU Montpellier<br />

108 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

an téricu1·e la fOI'Illation du ph1cen ta. (• poque pend an L laquelle<br />

lt• fœltl'- n'ecrcc aucun tiraillement pM son poitk l'l ou par<br />

('Onst'•qucnt il est impossible C]U'il ait pu ,..ubir la difformité<br />

·inalée par une cause indil'


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TitTE ET DU COU 109<br />

l'a,cni1·, dit '1. k Geoffroy Saint-Hilaire •, il en est cent qui e<br />

trou,enl fnussc . rt l'on s'empresse de déduire des conséquence..,<br />

PL cl


IU Montpellier<br />

110 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

fort nuoe. Xiéc par I. ls. Geoffro Saint-Hilaire, cil


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

Il l<br />


IU Montpellier<br />

112 TRIBUT A LA CIIIRUI\GIE<br />

auriculmn hians cernitur : buceœ enim et labùt ultimo proficilmtur,<br />

utpotè partes cutaneœ. In Ontllibus ÙUJiffun ((1•/ibns {clùun<br />

lwmano) puulo antè parttun, oris rù·tus , !-iÏne labiù.; f•t butt is, ad<br />

utraiiUJilf- cwre1,, protcnsus cemitw·. Rwmlemqtu· ob f'Wt.sam.<br />

nù;i fa/lor, mulli uascunlur cum labro supcriori fisso. quia in<br />

(wtils lmmani formatione superiora labm fardissimè f·oalrscwd.<br />

Il est étonnant que les partisans cie l'inlluencc du d{•,cloppcment<br />

irnparfnit comme cau:;e du bec-de-lihre n'aient pas te'otnellcment<br />

irH'oquéces expmssions si claires de Harvey. Autenrieth 4•<br />

pur exemple , est moins exact ct moinR préciR: il sc horne i1<br />

U\'anccr· q uc les di \Ïsions labiale ct palatine résultent du dé fant<br />

de rnppr·ochement des os inter-mnÀillaircs U\C'C l


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 113<br />

leur a fa it croit·c que la lè\l'e upériem·c était seulement trifide<br />

clan ... l'oriinc. )) .\insi . pour )feckcl et Blandin , dont l'opinion a<br />

étt'• appu él' de l'autorité de \[. Is. Geoffro Saint-llilairc,<br />

la lè' t'e sc dé,cloppc par plusieut·s point· dont la réunion peut<br />

ma!HJIICr, l'L alors le bec-dc-üè, t·e e constitue simple ou<br />

double, :o.UÏ\'Unt le COté Olt le défaut d'union Se fa it remarquer.<br />

Cette opinion a pant él\CC faveur dans la science, ct s'est intimement<br />

associt•e it celle qui veut établir un pat·allélismc de<br />

dé, cloppctucnt entre les di, er points de la lhrc supét·icurc cL<br />

CCli\ du rebord tna;.illairc qu'elle recouvre.


IU Montpellier<br />

Il<br />

TRIBUT A LA CIIIRUL\GIE<br />

parois latérales du capuchon céphalique. Elles s\Hanccnt \er·s<br />

la ligne médiane de la mème manière qtH' les prolonements<br />

costaux. La bouche ct ses dépendances, le nez , les deux. mù­<br />


IU Montpellier<br />

f:' 1,9" .... VHf<br />

. :.<br />

/ /"'"<br />

l ', . . 1 1 :· \<br />

l <br />

\ -· : .<br />

'-... ·r '<br />

•• , , )<br />

.. _._<br />

""<br />

Développement ae 1a face.


IU Montpellier


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MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 115<br />

..,'ophc par la saillie graduelle de deu dcmi-\oùtcs qui . c rapprochcut<br />

\Ct'S la line médiane! en constituant la \Ot)Lc palatine<br />

ct lt' 'oilc du mr'me nom ; il en résullc la séparation de la bouche<br />

ct ùc la C


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116 TRJBUT A LA CHIRURGIE<br />

m;ncillairc supérieur aœc le:=; bords C;\tcmcs de bourt·ons incisifs.<br />

réduits par leur coalescence en une pi(•rc unique fo rmant le<br />

lobule ous-nasal et les o inter-maxillait·c..;. Si le défaut de soudure<br />

n'a lieu que J'un coté, il en ré::.ulte le bcc-tle-lih re simple.<br />

i la réunion manque ùes Jeu;\ cotés. il en résulte le hec de lih n·<br />

double. Tantot ceLLe scissure ne comprend que la portion des<br />

uourgcons destinés à la formation ùc la lè\ re: tantotellc ,(' prolonge<br />

dans toute leur épaisseur, cc qui produit l'isolement des os<br />

incisifs ou intcr-mn:..illaires. Des abct·r·n Lions secondai n.•s tic l'acte<br />

f'ormatcurentr·alnentla déYiation des os incisifs , leur inclinaison.<br />

leur ron,ersement, leur connexion a\'CC le \Omer· ou leur isolement,<br />

la variabilité de leur épaissPur trans,·ersale; d'otr rl-sulte<br />

la ùirlërcnce du nombre des dents incisi\'es qu'ils supportent.<br />

Lorsque ln fo rmation s'arrête i1 la production du bourgeon<br />

frontal, eltque de son bord ar'l'ondi ne naissent pas les hourg


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA Tn ET DU COU 1 1 7<br />

C\ prcsion lu plus é' id en le du d évcloppcmcn t imparfait dt•:­<br />

partic .. Lent, comme on 'icnt<br />

de lt• \Oir, d'une manii•re satisfai·antc par l'admission d 'nn


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118 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

moins, ces lésious sont d'une date postérieure a la production<br />

du bec-do-lièvre. Sur un fœ tus que nou!; aYons dis{·qué


IU Montpellier<br />

MALADIES OF. LA TeTE ET OU COU<br />

Ill.<br />

DÉDUCTIONS OPÉRATOIRES.<br />

•<br />

ï.ommr il tH' peuL entrer dans notre intention cie rcprod ni t·c ici<br />

tou lt <br />

pn'·cL•dcnts. tant nu sujet des vari{Ms térnLologiqucs qno clef.\<br />

donnl•es do t'cmhr) ogénie.<br />

l" Xalnrr dr la sot11lion rie continuilf. - jlforlxistc cntrc le bec-dc-lihre congénital cL<br />

lt> lwc-dP-Iic'., t'


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120 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

de ubstancc dans le bec-de-Liè' re, cL par conséquent s'il fallait<br />

agir é-nergiquement pour r·approd1cr· des tissus (•loigné.:; en proportion<br />

de la cruantité qui leur manque, ou s'il :::uffisait de<br />

\'aincrc par un impie affrontement les cffch de la n:•tractilitt'<br />

musculaire. Jusqu'à Louis, on admeLtait la per·tc de substance .<br />

cL l'on sui\'aiL la pratique de Gu) de Chauliac ct de Paré, i1 qui<br />

l'on doit la suture entortillée, c'c, t-à-dir·e le mo en le plus cf{jcace<br />

pour affronter les bords avi,·és du hcc-dc-liè\'r'C. Loni' regarda<br />

ceLLe opinion comme erronée; il s'efforç-a de prou,·cr· crue l'(·car·­<br />

Lcrncnt des bords, dans une U•vre fendue, n'était que J'pffeL de la<br />

rétraction des muscles, ct que la pi'(}Lcndtw perte de substanCl'<br />

n'était pour r·ion dans la diduction des cotés do la fe nte. Conséquent<br />

il ses idées théoriques, cc chinrrgicu soul


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU 121<br />

dcmièrc action ajou tc ü la sécurité de la prcmih


IU Montpellier<br />

12'2<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

nagui·re n\!-nluc d'une mani{•re générale dan le crt:-; de 1'1'\­<br />

pectation jusqu'à l'


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•<br />

MALADIES DE LA TËTE ET Ul' COU 123<br />

;, déclarer·. malgré le· nscrLions contraire, que c'cl une époque<br />

\t•r·itahlcrncnL ingrate pour l'opération . Des motifs d'urw auln•<br />

nature nous emp


IU Montpellier<br />

•<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

pa1· des résultats atisfaisants . la Yalcur de cc:- di,crse:-. a:-scrtions.<br />

Tl y a environ trente ans que Dclmas(de )[ontpellier) ;\\ait<br />

recueilli de nou,·caux fa its en fa,cur de l'opération préc·ore .<br />

lor, que )f. Paul Duboi est ,·enu élwan(e,· un peu plu:- fortement<br />

les habitudes des opél'éltcur . ct pt·ou,


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 125<br />

générale• , que les elfetscompressifs exercés par la lè, re ramenée<br />

re in, ariablc, ct conserve c·hcz l'adulte le cnrhct<br />

de la nronstruositi! , lorsque l'opération a {•té faite d'uru• mani


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126 TRIBUT A LA ClllRURGIE<br />

ciseaux droits. et a\·ec la précaution d'


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÉTE ET DU COU 127<br />

C ' l'ns dc,oir c·cpcnclant soutenir les moitié!': affron tées de la J è , l'l'<br />

par l'application d'une lwndelette chargée cie collodion, en<br />

pn•nant un point d'appui sur chaque joue il une a::c;cz grande<br />

di tarH'


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12S<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

narine gauche, qui était béante et épnt{·


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MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 129<br />

Nou n'ajouterons que peu de réllexions aux trois observations<br />


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130 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

bords ct<br />

h l'affrontement exact des surfaces que la section<br />

représente, que sont dues les meilleures conditions du uccl-.<br />

13on nombre de modifications ont étë proposée. surtout depuis<br />

181.0, pou•· é' itcr b dépression ou encochu•·c qu


IU Montpellier<br />

\IALAJ)Jf:S DE LA TÊTE ET DU COU 131<br />

J\<br />

1.<br />

détails n'intt·oduisent aucune modification impot·tante dans les<br />

proc(•dés de<br />

commune.<br />

nth(•se chit·urgicale consacrés par l'expérience<br />

Il n'en c"t pas aini dans le btX-de-lièrre compliqu; les formes<br />

di,cr,.;es qu'il peut présenter, exigent des modifications opératoii'CS<br />

dont il impot'tc cie déterminer la comenancc pour chnf!UC<br />

en:-.<br />

Lr h(•c -ùe-lih re clonblc est poun u d'un lobule médian dont<br />

la po:-ition ct le clé,eloppcment sont ,·ariablcs. On no saurait, à<br />

l'c\ernplc de quelques aulcur·s, conseiller indifféremment un<br />

nwd1• op{•,·atoirc identique. Trois cas peuvent sc présenter, ct<br />

c:h;H·uu a ses indirations.<br />

Si c·c lobule est hien nourri , s'il présente autant de hautcut'<br />

IJllC le r·cstc de la l1'vrc, si son Lord infél'ieur offre une certaine<br />

étcudue ct consene une direction horizontale, les indications<br />

naturelle,. consistent h a' Ï\Ct' ses deux bords ct à les unir par la<br />

SUtllr(' CllLOrti liée


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

na al e l ramené ,-crs l'cxtrémilé antér·icure du nez. on peul<br />

imiter Du pu) trcn qui a cor.scillé de ne plu s'en sen ir pour<br />

fo rmer la partie moyenne de la lènc, mai-; de l'utili!:'cr pour la<br />

rcst..:'luration de la sou5-cloison qui sépare le narine;.. On l'i!;ole<br />

par la


IU Montpellier<br />

IALAOIES DE L.\ TÈTE ET OU COU<br />

1:33<br />

ct -.outcnue. cL m• pratiquait l'opération qu'apn'. a' oit· ramené<br />

le pit•C't"' oc;:-enH•s an ni,·eau désiré.<br />

Cc réuiLat , long i1 ohtenir , a paru immffisnnt it quelques<br />

chirurgien..; modernes, qui , tout en désiranL il\ CC Dcsnult la<br />

consern\lion des os inter-maxillaires , ont voulu produire


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TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

QDATRIÈŒ ÛBSER\' ATION.<br />

Bec-de-Lièvre double avec saillie des os inter-maxillaires. Fissure<br />

de la voûte et du voile du palais. Sectio11 verticale du vome)·.<br />

Refotllement des os. Opé1·ation du bec-de-lii•v1·e double. Béunio)<br />

en Y. - Gué1·ison.<br />

Le jeune Constant, de Montpellier, était né avec un bec-delièvre<br />

compliqué, constituant la plus pénible difformité que puisse<br />

occasionner cc vice de conformation. La Üsi'ure labiale était<br />

double, avec écartement considérable des tissus. Nez aplati ;<br />

lobule cutané sous-nasal court et atrophié ; os incisifs très-::;oillants<br />

on avant, appendus à la cloison des fosses nnsnlcs, séparés<br />

de ChtlC J UC Coté des OS maxillaires par 11110 fente très-apparente;<br />

largo fissure entre les apophyses palatines de la mùchoirc supérieure<br />

établissant une libre communication entre les Ctl\ ités huc·­<br />

cale ct nusalc ; di\i ion congénitale du \ Oilc elu palai : tt>llcs<br />

étaient les traces tl' un arrèt de dé\·cloppcment des él{•mcnts de<br />

la face qui concourent à la formation de la bouche. li en rt•sulluit<br />

néce saircmcnt une dilformité très pénible il \Oir ct di,erscs<br />

incapacités fonctionnelles liées à une pareille disposition. L'enfant,<br />

élevé a\eC le<br />

précautions comportées par son état, put<br />

néanmoin échapper aux premiers ùangers d'une C\i:acnce précaire<br />

cl sc d6\cloppa en uitc réguliè•·cment. Il tl\ ait près de huit<br />

an::; lorsqu'on mc consuha su•· l'opportunité de l'opénltion ..<br />

le<br />

jugeai qu'elle était indiquée autant pa•· la nature de ln difformité<br />

que par l'ùgc auquel élait pan'cnu le sujet, etjc la prutiquoi, le<br />

15 mai 18-l9, en présence de mon collt'gue l. 1\ibC'!'.<br />

Le malade 6tant convenablement plaré , la tèLP •noMrémcn t<br />

6lov(•c ct soutenue pa•· la poitrine d'un aide, je mc sen is de fo rts<br />

ciscanx de Dubois pouraviYcr les bords du double hrc dc-lièHe<br />

ot jo terminai par nno section fnile nvec le tnl\rne instnunent il<br />

la partie antéricu •·e de la base du \omer ct du rii)J·o-ca•-tilnge de<br />

la cloison , de maniè•·c à diminncr la résistance de ln partie non<br />

entamée ct à permettre le refoulement du tubercule osseux qni<br />

supportait les dents incisives saillantes en avant. Cette •·étropulsion<br />

'opé•·a sans difficulté par le chc\auchcmcnt de!- bords de


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 135<br />

l'incision faite il la cloison , ct il en résulta en ml\mc tcmp, un<br />

changement de direction des os inter-maxillaires, dont la face<br />

antérieure qui r


IU Montpellier<br />

136 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

il d'adopter· dan les opérations succcssi,cs qui doi\'C•nt d•parc>r<br />

ces di\ crs segments de la grande fiurc bncco-naalc '?<br />

M. Rou.\. • , l'un des chirur·gicns qui ont posé cL C'-amiJH'> ecLlc<br />

question . est d'a,is qu'il faut tcmpori..;cr . C'L qu'avant cl'op(·rcr<br />

le hcc-de-lihrc , il faut fa ire la staph loraphic. Il JWnsc que<br />

celle-ci s'e;\écutc alors aYec facilité , parce que la cli, ision ln biopalatine<br />

, en Jgrandissant l'omcrturc buccale . pcrnwL de rnanccnv•·cr<br />

assez librement cL d'atteindre le \oilc du palais mec<br />

moins de laheu•· pour le chit·urgicn cL de peine pour l'op{·n:•. S'il<br />

ne s'agissait que de la fissure labiale ct de la lisstii'C :;taph) li ne<br />

cnvi:-agécs isolément, nous inclinerions 'olonticrs dans le sens<br />

de )J. Roux. Mais quand il existe une fente buccale complète ,<br />

nous pensons qu'il est plus convenable do COIItlltenccr pnr l'opération<br />

Ju bec-dc-lièYt'e , parce que la réunion précoce des hon!:;<br />

d'un bec-de-lièHe inlluc·sur le rapprochcmcn des côtés de la<br />

{issurc m6dio-palatinc : il convient nH\mecle fa ire ceLLe opérntion<br />

il un ùge peu a\nncé. S'il y a lieu plus !.ard dt' pratiquer la<br />

palatoplastic ou la staphylorapltie, on trou' e lrs parties plus<br />

rapprochées cL dans des conditions qui rendent l'ac·tion opéra­<br />

Loire plus sùre dans son exécution ct clans :-oc!:' résullats.<br />

Lorsqu'il existe un défaut de formation plu.; marqué que dan ...<br />

les cas précédents , qu'il y a par C:\emple une ah!'a•nce compli-tc<br />

du tubercule osseux médian ct du lobule soul.--n ct de la f


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"'<br />

MALADIES DE LA TtTE ET DU COU 137<br />

presentent i1 titre d'anomalies . sont pr·c!'que toujour!' lié!' il<br />

un t•tat mon..,tr·ueu" comple\e, incompatible a'ec l'c;\i..,tcn


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138 TRIBUT A LA CliiRURGlE<br />

d'abo•·d snpposé, ct qu'elle a des racines dans des sciences dont<br />

l'importance est trop négligée en médecine opératoire. Les di' i­<br />

sions des connaissances humaine sont destinées à faciliter leur<br />

étude, mais une sépamtion ab olne est contraire it leur propre<br />

but, car à la connaissance des faits il faut ajouter celle de leurs<br />

rapports. L


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BEC-DE-LIÈVRE<br />

On cl(·signe sous ce nom la d ivision permanente cL rongénitale<br />

des lc'v res. Cttw c:-.p rcssion s'appliq ue surtout tl la fen te ' erticnlc<br />

de la lh•rc sup(·rit•ur


IU Montpellier<br />

140 THIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

molcsliam. quod liermo prohibe! ur, qui su binde Cfls rimn!l f'llm<br />

dolore dirluNmdo snnguinem r-itnt. » La doulcu r cL l' écoulcruen L<br />

du san produit par l'écartement des bords de la plnic ne pNn


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU 141<br />

bec-dr-lièvrr aN:ùlcnfct, repré:'entcnt u ne lésion de toute autre<br />

natun· ..\ous nous en occuperon h l'article LEYnEs '.<br />

I.e ht·c·dc·liè, re congénit;!l le plus commun occupe ln lh re<br />

::npt•ril'ut·c : il la di Yi e jusqu'au YOisinae de la naritH'. Son<br />

sii•ge ct il gauche. au ni\cau du rebord ol.t la goutLit\re de la<br />

sous-cloison ·unit an reste de l'organe. Les bords dt• la di' ision<br />

sont plus ou moins éca!·tés, ils circonscri, ent un cspacc trianulait'('<br />

il base inférieun·. Ces bords ::ont tl'une couleur rosé1'. ils<br />

sont organis(•s comme le bord naturel des lèYres. La fente qui lp:o:<br />

éparr augmcn le pat· la con traction des muscles du ces parties ,<br />

clh•


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U2<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

molles qui composent la lèHe, la seconde int(•rcssant des ti sus<br />

plus profonds, c'est-à-dire la cloison osseuse bucco na ale.<br />

1 o F1ssen: t \Ill \tF. or nEC-DE-LIE' nt: SIIIPt.F.. - Cc ' icr de confo<br />

rmation peuL atteindre lcs di\'ers points du contour de l'oll\cr­<br />

Lurc huccale . .\on:- avons déjit signal(• !'Oil sihc ordinain• ft la<br />

1(·, I'C . upérieure ; m;lis les progr(•s de l ' ohsel'\ation ct partiruliè­<br />

I' C'm


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU 143<br />

note f)tt' il (t eu OCéa.sion de voir une div ision congénitale de la tè, l'l'<br />

infi·ricurc. Il est a rerctter que cet obscrrateu r ail été aui laconique<br />

dnns l'ex pres ion de ce fait. )lais on ne aurait l'accu:;enluflisants. .\lai:' comme la collection t\ laquelle il a été emprunté<br />

renferme un gr·and nombr·e d'obsenations qui ne sorn pas<br />

auLiwnLiqncs, on n r·éc.:usé sa valeur, quoique rien ne prou,·c<br />

qu'il dtit .trc• compris dans une proscription générale. En consentant<br />

tl partng('r lt• doute qu'il a inspiré, on n'était pas autorisé it<br />

111etLre au mc\mc r·ang l'obsen al.ion que NicaLi a insérée dans une<br />

dissertation spéciale ;;ut· le bcc-clc-lièvt·c. L'autour de cc tr·avail<br />

rcnrnt'quahle, que .\1 . Ccofl'roy Saint-Jlilair·e phe a fait connallre<br />

en Francion développé.<br />

Ln diü .. ion de la Il\ re était placée ur ln ligne médiane cl la<br />

sépamit l' Il d(•ux portionc; distinctes, sans mesurer cependant<br />

toute .a hauteur.<br />

J'ni o1Bt•n0 une di .. position analogue sur un des fœtus du<br />

muée nn


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14<br />

TRIBUT A LA CIHRURGIE<br />

intô1·essé dan.:; toute son étendue . ce qui tient il cie· cause:. d'organi.;;Hion<br />

dont nous aurons ultérieurl'mcnl à étohlir l'inOucnce.<br />

Faions remarquer aussi que la lh re inférieure, au-dessous de<br />

laquelle il n'e::--iste pas d'oU\erturc naturelle, ne sc Lrou'e pas<br />

dan-. le· m1mes conditiom• que la supérieure, ct que c·clle-ri<br />

doit au 'oiinage des n


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MALADIES DE LA T€TE ET DU COU<br />

145<br />

de l'obsel'\ation, nous admettrons pour la lèvre supérieure le<br />

bec-dc-liè, re médian, le latéral ct celui de la commis ure.<br />

Bec-de-lièvre médian. -<br />

La division médiane naturelle existe<br />

chez bon nombr·e d'animaux dont elle est mème un caracti>rc. On<br />

l'olren·c chez les rongeurs, chez quelques chciroplère (noctylions),<br />

chez certains ruminants (chameaux, lama ). Parmi les<br />

c;.u·nassicr:;, il est une race de chiens qui ont la lèvre supérieure<br />

contamment fendue. J'ai rencontré l'existence de la iL ure<br />

médiane de la lè\'rC supérieure chez plusieurs chats. Hummel a<br />

obervé la même disposition chez de jeunes pachydermes d'une<br />

m.iste la fissure médiane congénitale de la lèvre<br />

sup{·r·icurc. Elle y est fort r·ar·c. Il fa ut au moins considérer· comme<br />

le résultat d'une observation peu attcnti\·e J'asser·tion de nertmndi<br />

qui a sure que la fente du bec-de-liè\Tc est ordinairement ' isi•-vis<br />

la s mphysc de l'une et de l'autre màchoire. C'e t aussi<br />

d'une manière gratuite qu'Osiander a reproduit plus Lard la même<br />

a ertion.<br />

Bon nombre de ühir·ur·giens, sans citer de fa its particulicr·s,<br />

considèr·cnt le bcc-dc-liè, re médian comme possible. A la manièr-e<br />

dont llo cr· s'c:\prime, on serait porté à croire qu'il a observé ceLLe<br />

var·iété. « Le bcc-dc-lièn·e congenital, dit-il, occupe tantot la<br />

partie moyenne de la lèvre, Lantot un de ses cotés. » D'autres<br />

chirurgiens ou anatomistes e sont, au contraire, montr·és fort<br />

incrédules sur cc point. Chaussier, Dupuytr·cn ct Cr·uveilhier,<br />

notamment, ont nié cette espèce de fissure. M. J. Geoffroy Saintllilairc,<br />

tl qui l'on ne peut contester d'avoir beaucoup observé<br />

en tératologie, n'hésite pas à avancer que la fissure labiale a<br />

toujours lieu au niveau de l'intervalle qui sépare la canine de<br />

1 'incisive exteme ; ct pour expliquer les faits rebtif . c; à une scission<br />

médiane, il suppose que celle-ci correspondait à l'intcnallc des<br />

alvéoles de detn. incisives, de maniè1·e que trois dents de cet ordre<br />

étaient placées d'un coté de la fissure et la quatrième du coté<br />

oppo é. Quand on a fait cc pas vers la vérité, je ne di ·tinguc pas<br />

bien le motif qui empêche d'arriver jusqu'à elle, car elle ne<br />

u 10


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H6<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

conLredit aucune théorie, pas mème celle qui consiste à admettre<br />

que le développement de la lèVI'C upéricurc c t en harmonie<br />

avec celui des os maxillaires et inter-maxillaires. Au surplus,<br />

c'est à l'observation qu'il faut demander la solution de- point<br />

conte tés.<br />

Nicati, qu'il faut citer en première ligne lo•·squ'il s'agit de<br />

répondre aux doutes qui ont été soulevés à ce sujeL, a rapporté<br />

l'exemple d'un enfant de deux ans qui était alfccté d'un bec-delièvre<br />

exactement situé sur la ligne médiane, ct chez lequel il<br />

existait aussi une di,·ision du bord alvéolaire, ou plutùt un écartement<br />

dos os incisifs. Blandin assure, de son côté, a voir disséqué<br />

un embryon dont la lèv•·e supérieure était bifide sur la ligne<br />

médiane . .J'ai pu aussi constater l'existence d'un cas du mC·mc<br />

genre au musée de StrasboUJ·g. J'ai •·ctrou' é cette fissure sur· un<br />

jeune sujet dont le tronc est assez développé, tandis que les<br />

membres semblent atteints de brièYeté congénitnle, quoique<br />

complets dans leurs parties. Cc sujet, ùgé do quelques mois ct<br />

conservé dans l'alcool, porte un bec-de-li('' re placé u•· lc milieu<br />

de la lè' re supé•·ieure ct étendu Jepui:; la sous-cloison du nez<br />

jusqu'à la bouche. li ne comprend cependant toute l'épaisseur<br />

de la lèvre que \"Crs la pa•·tic inférieure ; le re tc de la fissu•·c se<br />

réduit à un sillon profond, creusé aux dépens de la face anté•·ieure •<br />

de l'organe. \'cr<br />

le bas de cc dernier, l'écartement est d'un<br />

demi-centimètrc emiroo, et laisse \Oiren anièr-c le bord ahéolaire.<br />

La lè\TC inférieure, au lieu d'offrir il la partie moyenne de<br />

son bord libre la lég&re dépression qu'on y ob cne habituellement,<br />

pr·ésente au contraire un relief destiné à èt•·e reu dans la<br />

fente super·ieure. Les os maxillaiJ·es n'ont subi ni éca•'lcmcnt ni .<br />

dh iation. Aucune t•·ace de dents n'existe sur· le l'(' bord al' éohli•·c.<br />

La voùtc palatine est rcguli1\rcmcnt conformée. Le voile du<br />

palais est aussi l'état d'intégrité. L'examen spécial des bonis<br />

de la flssurc indique une organisation comparable à celle du<br />

bo•·d libre de la lèvre et exclut toute idée d'état pathologique ou<br />

de lésion physique accidentelle. Le sujet atteint de cette dilformité<br />

portait en m0me temps une hydrocèle congénitale . .J'ai<br />

re trou' é, il y a peu de temps, un cas<br />

emblublc parmi les pièces<br />

tératologiques du musée de Tübingen. Il est probable qu'en<br />

explorant à cc point de Yuc les grandes collections anatomiques


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MALADIES DE LA 'ffiTE ET DU COU<br />

H7<br />

ou les descriptions qui en ont été publiées, on retr·ouver·ait<br />

d'autres exemples sur le quels l'attention ne s'est pas suffisamment<br />

port{•e ..\insi on lit dans la Description du musée de Brcslaw<br />

par Otto, la relation d'un autre cas qui constate l'ei tence du<br />

bcc-de-liè,·r·e méd ian. Il s'agit d'un fœtu<br />

alfccté de cliver cs<br />

mon tnrosités, ct CJUi portait une diYision médiane Je la lè\'l'e<br />

sup(•rieurc. L'état par·ticulier de la face est résuméen ces mots :<br />

Frons cl glabella latet, oculi a,cl11wdum e:âgui, nasus complanatu.


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us<br />

TRIBUT A LA CRffiURGIE<br />

o inter-maxillaires. La dispal"ition de ces par·tics, en opér·ant la<br />

fu ion des deux fissures latérales, les a néce sair·emc•nt réduites<br />

en une fissure unique médiane.<br />

L'interprétation des cas de cette natur·c, en r·édui a nt le nombre<br />

de exemples arérès de bec-de-lii•vrc médian, donne plus de prix<br />

aux fa its qu'il nous a été permis d'obsen·cr. Dans les deux cas<br />

que nous avons décou,·erts en étudiant les pièces des musée de<br />

Strasbourg et de Tübingen, il s'agit incontestablement de la fissure<br />

médinne dela lèvrc:;upérieure. Ici, la lèHc scule est fendue, il y<br />

a intégrité du rebord alvéolair·e de la voùtc palatine ct des fosses<br />

nnsalcs. Rien ne per·met d'admettre la malformation ou l'absence<br />

elu lobule sous-nasal et des os inter-maxillaires. Aur:si pouvonsnous<br />

les présenter comme les types de l'anomalie que nous<br />

ùécr·ivons.<br />

Bee-de-liè1>re latéral. -C'est celui qu'on obsenc communément.<br />

li peuL


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MALADIES DE LA TETE ET DU COU<br />

con:;iclérnhle, on \Oit les deux bo•·ds se continuer inl'ensiblement,<br />

circon tance défél\orablc pour l'opération ct qui, plus que toute<br />

autre. C\pOse i1 la permanence d'une encoche à l'extrémité inférieure<br />

de la cicatrice.<br />

La hauteur ou la profondeur de la fissure labiale ofl'l·e à on<br />

tour des différences notables, suiYant que la lè' re est affectee<br />

partiellement ou en tolalit6, ou suirant qu'elle s'accompagne do<br />

l'érartemcnt des os correspondants. Comme dans le bec-de-lièwe<br />

inférieur, la fissure est quelquefois bornée au bord lib•·e de la<br />

lè' re, témoignage incomplet du vice de conformation qui en constate<br />

pour uinsi di•·o le mode d'origine ; d'autres fois elle atteint<br />

le milieu ou la hauteur de la lèvre ; plus souvent enfin elle en<br />

occupe la totalité, ct dans ce cas l'angle supérieur n'est séparé<br />

de la narine que par un t1·ès faible intervalle. A cc degré, la<br />

nsure présente un écartement assez marqué, ftui augmente par<br />

tous les mou,erncntsdc la face, notamment par le rire, les cris ct<br />

les pleurs, ct qui a,·ait fait admettre pa•· les anciens chirurgiens<br />

une perte de substance. Un demicr degré consiste dan· le prolongement<br />

de la fi sure jusque dans la narine correspondante ,<br />

cc qui change la forme du nez, l'élargit ct lui donne l'aspect<br />

épnté : plus rarement. comme dans un cas signalé par M. Droca,<br />

la fissu•·c de' ie en dehors et gagne le sillon naso-labial.<br />

Le hec-de-lièvre bilatéral est celui dans lequel la ll•v•·c supérieure<br />

prô cnte dcu:. fis ures, l'une à droite. l'autre à gauche. Il<br />

reste encore dans les conditions de la simplicité, quand les pièces<br />

o:::scusc sous-jacentes consonent leur intégrite. ous préféron<br />

cette expression il celle de bt::c-de-lièvrc double, qui, dans les<br />

ela sifications de quelques auteurs (Demarquay), oflrc l'inconvénient<br />

d'associer des qualifications contradictoires lorsqu'ils<br />

décrivent par exemple le hec-de-lièvre double-simple. La fissure<br />

bilatérulc décompose la lè\'re supérieure en trois languettes,<br />

deux extcmcs, qui sc continuent vers les jours, et une moyenne<br />

dont la face anté•·ieurc cutanée offre la trace de la dépression<br />

sous-nasale, dont la postérieure muqueuse montre les ''cstiges<br />

du frein médian de la lèvre. Sa base adhère à la sous-cloison du<br />

ucz, ct 'incèrc ordinairement assez en avant de cette saillie.<br />

Dupuytren a m


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150 TRIBUT A LA CUJRURGIE<br />

d'lm procédé particulier, qui consi le à c sen ir de cet appendice<br />

pour refaire la sous-cloison. Le bord c.xtcrne est assez long<br />

et oblique ; l'interne, plus cou rt que dan.; le bec-de-li' re unilatéral,<br />

sc réunit l celui du coté opposé par un angle mou sc qui<br />

forme le coté inf6rieur de la dépression sous-nasale. Cc mamelon<br />

médian n'a pas tou jour la mèmc forme. )1. BO) micr· le signale<br />

comme pou,ant être sphéroïdal, conique ct allongé ; mais il c t<br />

le plus souvent court, à demi atrophié, ct ne recouvr·e pa<br />

suffisamment<br />

l'arcade dentaire. Il en résulte pour le sujet aflccté une<br />

dillormilé beaucoup plus considérable que dan-; le bcc-dc-lih..-c<br />

unilatéral. Les mouvements sont plus dif(icilcs cL la succion peut<br />

ètro cmp(\chée, ce quiconsütue pour l'enfant une condition compromettante<br />

pour la nutrition.<br />

L;l fo rme générale de l'ouverture buccale est rnodiûéc dans le<br />

bcc-dc-lièvr·c bilatéral. Cet ol'ificc est généralcrne ' nt plus large<br />

dans le sens transver-sal, par suite ùc la traction de. corn missurcs·<br />

La l(•vrc inférieure remonte légèrenrent ct fa iL une saillie plus<br />

pr·ononcée, ainsi que l'a noté .\l. Oernarquay. Certains de ses<br />

éléments ct notamment les follicule qu'elle porte peu\Crtt s'h)­<br />

pcrtroph icr·. Elandin et d'autres obscr,atcurs contemporain.<br />

)Dl. Dcnoll\ illiers, Béraud, Richet, ont signalé chez CJUClqucs<br />

enfants affectés de bcc-dc-lièHe un double pertuis situé pr'l'>s de<br />

la ligne médiane, lais anL écouler un mucus limpide cl aboutissant<br />

à la ca,·ité de follicules labiau.x. dilatés en forme de k)stc.<br />

Cette lésion n'est ni toujours congénitale, ni • J>l'


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MALADIES DE LA TTE ET DO COU 151<br />

cale, )1. fiouycr a remarqué que les fibres mu culaircs de l'orbiculaire<br />

de lf.\l'e s'arn\tcnt à quelque distance de la di\'ision<br />

congénitale. Leur extrémité est arrondie; elle forme une rouche<br />

mince. Les arthes e ter·minenL à quelque distance de la fente ct<br />

foumisen• de r·ameaux pénicillés qui c répandent dan le tissu<br />

de la l<br />

La SP,conde \nriété a été décr·ite par Klein ct Xicali. l'L plus<br />

tard par 1. Lar·oche. sous le nom de fissure cong6nitale des joues.<br />

ki, la fen le, par'lanL de l'angle des lè' res. se dirige ver· la pommette,<br />

en lais:::anL une large ou,·erLure par laquelle on découvre<br />

l'intérieur· de la bouc·he. Cette malfor·mation coïncide or-dinairement<br />

avec des anomalies profonde qui intér·esscnL la plupart des<br />

parties constituantes de la face. )lais on l'a observée aussi comme<br />

lésion unique cL l'un des exemples les plus démonstr·atifs de cc<br />

genre a 6té ignalé par Ammon. Le savant chir·urgien de Dresde<br />

a r·cpr·(•scnté ct décrit ceLLe fissure génicnne sous le nom do<br />

:il1cterostoma vet hirttns buccctlis congenitus. Dans co cas, la bouche,<br />

d'une grnnùcur anormale, se prolongeait il gaucho en une fente<br />

oblique ct recourbée, terminée par un sommet aigu qui s'étendait<br />

jusqu'il l'angle externe de l'œil. La lésion, non incompatible avec<br />

la vic, laissait à décou,·er'l une grandepartic de l'arcade dentaire<br />

ct constituait une dilformiLé très désagréable ; mais elle admoLLaiL<br />

les re sources de la chirur·gie, et Langenbcck put heureusement<br />

remédier par une opér·ation tl cette disposition anormale.


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15'2<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

Nous avons été des premier·s à rcconnaiLr·c ct à signaler l'nl1lllogic<br />

do ces fentes bucco-géniennes H\OC le bec-de-lièvre dont<br />

elles no sont en réalité qu'une sorte de tmn ·position. Leur formation,<br />

plus rare que celle des fissures de la lèvre supér·icuro,<br />

appm'Lient i1 la mème série des phénom(·nes or·ganiqucs, ct représente<br />

une altération identique dan· sa nature. Leur description<br />

mérite en consequence de figurer il coté du bec-de-lièvr·c ct<br />

doit être distr·aite de lésions propres des joues, où }1. Laroche<br />

les avait classées. De nou,·eaux fa its sont venus d'ailleur fournir<br />

une ba c plus assurée à leur étude. }f. Debout les a rés1.1mécs<br />

dans un tnl\ ail spécial où l'on trou' era tr·ois observations détaillées,<br />

dont l'une appartient à Fcrgusson, la seconde à M. F. Ryal'fl<br />

et la plus récente à M. Colson. Dans ces trois cas, l'opénuion<br />

ordinaire du bec-de-lièvre fut appliquée avec succès à la guérison<br />

de la difformité . .J'ai aussi appliqué le même moyen et a,·cc le<br />

même résultat it une jeune fille àgée de ''ingt ans, et qui pré entait<br />

un bcc-de-liè' re commissural du coté gauche. CeLLe malade,<br />

dont le traits étaient d'ailleurs réguliers, acquit après sa guérison<br />

les apparences d'une véritable beauté.<br />

Le hec-dc-lihrc génicn ou commissural, ainsi que les autres<br />

fissures la hia les, peut présenter plusicur·sdcgrés, depuis le simple<br />

élargissement de la bouche jusqu'à son extension la région<br />

auriculaire dans le sens transversal, ou i1 la région palpébrale<br />

dans le sens oblique. L'anomalie pont


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MALADŒS DE LA TBTE ET DU COU 153<br />

re le, que dans plusieurs des cas obser\'és, l'art a pu intervenir<br />

erticaccment pour corriger le bec-de-lièvre génien.<br />

· FtSSUI\F. l..\BIHF. ou BEC-DE-LIÈVRE COliPl.EXE. - nan cene<br />

csp(•cc de 'icc de conformation, la lésion ne se horne pns nu<br />

parties molles ; elle atteint plus profondément les élément de la<br />

face qui sont atrophiés, séparés ou dé,iés à des degrés divers, de<br />

manière à Lémoignet· d'une pet·turbalion plus génét·ale dans<br />

l'acte fo rmateur.<br />

C'est ii peu pt·è-s exclusi,•ement aux fissures labiales supérieures<br />

que sont liés ces développements imparfaits de la cloison<br />

osseuse bucco-nasalc, ou les becs-de-lièvre unilatéral ou bilatérHI<br />

concspondcnL parfois à des fissures intéressant les pi(•ccs<br />

osseuses ct s'étendent à des profondeurs val'iablcs, depuis le<br />

rebord ah éolnire jusqu'au voile du palais, compris lui-monnements,<br />

lor que la conformation est normale.<br />

Pour apprécier ln nature aussi hien que les détnils


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liH<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

cloison est con tiLuée au milieu par les apophy t'l' palatines des<br />

o. maxillair·cs supérieur·, en arrière par le· portions horizon­<br />

Laies des os palatins cl en a,·ant par les os incisifs ou inlcrmaillaircs,<br />

qui sont à certains égards des palatins anLéricur .<br />

J.c rebord alvéolair·c de la cloison bucco-nasalc donne at tache i:t<br />

la. Ir, r·c supérieure qui for·me dans cc sens la clotur·e ùc la<br />

bouche, ct le rebord palatin erL de support au -.oilc du palais,<br />

qui n'ost qu'une lèvre postérieure ; en sorte quo lè,•r·c, cloison<br />

o>scusc ct voile staphylin font système eL peuvent participer au:-.<br />

malform;Hions ou aux anèts de déYcloppemcnt dorH cette région<br />

est accidcn tellemcn t aflèctée.<br />

Le hec-de-lièvre ou fissure labiale complexe n'est donc il<br />

vmi dire que la coexistence de la fe nte de cette partie musculo­<br />

IIIOmhrancuse avec la séparation congénitale dos pi(•ccs composantes<br />

de la voùtc palatine, depuis le r·cbord alvéolaire<br />

jusqu'au rebord palatin. Or, dans cet espace, la sépanJLion liée<br />

au développement impal'faiL pendant la ,·ic intra-utérinc peut sc<br />

présenter avec des caractèl'cs différents.<br />

TantoL il n'c,istc qn'uneseule fe nte labiale ;nec fisurc ahéolairc<br />

a hou tissant au canal p:1latin antérieur·: tanloL la lissurc sc<br />

prolonge en arrière entre los apoph) e horizontales des maxillaires<br />

cL des palatins ct peul intér·esser aus i le \Oile staphylin.<br />

Celte disposition s'obsen·c le plus souvent à gauche. D'autre·<br />

fois, il y a fissure labiale bilatérale a\'CC épanltion, tt droite,<br />

des mêmes éléments que dans le cas précédent. Cette disposition<br />

a pour eliot d'i oler en a'ant lcs os incisifs sou forme d'un<br />

tubercule dont la dir·cction, le ,·olumc cL la mobilité pctl\cnL<br />

subir do nombreuses variations et représenter des ca C'hinll'gicanx<br />

qu'il est important de préciser. La connaissance exacte de<br />

ces pièces osseuses est en conséquence indispensable dans<br />

l'étude théorique ct pratique du bec-de-lièvre comple.,c.<br />

On sait quo les os inter-maxillaires, incisifs ou ad nasaux existent<br />

chez tous les vertébrés, et que chez certains d'cntr·c eux , ils<br />

acquièrent un développement relatif considérable. Leur existence<br />

chez l'homme n'a pas paru aussi évidente tl plusicur · anatomistes.<br />

Par·mi les modernes, Scull' affir·mc les a,oir· cherchés<br />

sans succès. )Dl. Cruveilhier· et Yclpeau sont arriH''s aussi à la<br />

négation do leur· existence. )1. Pégné a été plus loin, ct par


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l'anai)C des fa its ou de<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 155<br />

opinions invoquées on fa, cur do leur<br />

cil'Lcncc chez l'homme, il s'est efforcé de démont•·c•· théoriquemont<br />

quo celui-ci n'avait pas d'inte•·-ma:\illaires. Plus récemment,<br />

)J. E. 1\ousseau a soutenu la même thè c de,ant l'Institut, ct<br />

s'est avancé jusqu'à traiter leur existence de chimérique. Si cette<br />

que. tion de\'ait . e ré oudre par des autorités, nul doute que<br />

l'existence des os incisifs ou inter-maxillaires normaux no ftH un<br />

fa it acquis it la sienne. Depuis pige!, qui les indiqua clairement<br />

le prcmie•·, depuis Gœthe, qui en 1786, rappela stll' cc point<br />

l'attention des anatomistes, jusqu'à Ieckel, Authenrieth ct nu<br />

observateurs modcmcs, le plus grand nomb1·c de ceux r1ui ont<br />

voulu y regarder cie près n'ont pas mis en doute l'existence d


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TRIBUT A LA CntRURGIE<br />

raine des premiers progrès de l'ossification. Ils sc soudent d'une<br />

manière moins précoce du coté de la volltc palatine. oit une<br />

suture oblique qui, du bord ah·éolaire ,·a aboutir au tt·ou palatin<br />

antérieur, ré,èle leur existence primiti\'C.<br />

Quant à leur existence anormale dans le bcc-de-lih re double,<br />

elle est d'une incontestable é,·iJence ; ici. les conditions témtologiques<br />

achèvent d'écarter les doutes déjà amoindris par ll's<br />

données de l'anatomie comparati\C des ùgcs ct des cspces animales.<br />

Seulement, l'état des os incisifs dans les fissures labiopalatines<br />

se présente avec les modifications imprimées par les<br />

conditions de la monstruosité. Ils sont tantot atrophiés, tantot<br />

d'un volume considérable par rappot'L à l'étroitesse du reste de<br />

la votHe palatine. Les germes des dents qu'ils portent ne sont<br />

pas invai'Îables; la direction que prennent les dents n'ont pas<br />

non plus une direction normale. Cc ostéides :-:ont plus fréc)ltemment<br />

dé, iés qu'implantés perpendiculairement, di position qui<br />

tient it celle des os eux-mèmcs. qui sont à demi-ren\'crsés, de<br />

manière que leur face palatine regarde un peu en


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MALADIES DE LA TtTE ET DU COU 157<br />

dégagés de leur adhérence au maxillaire supérieur, ils<br />

d{•forrné ct proéminent en a,·ant ainsi que les dents auxquclle<br />

ont<br />

ils servent de support. Parfois l'état que nous venon de décrire<br />

c corn1>liquc d'un défaut d'ossification de la voùle palatine qui<br />

n'e:.l plus repré entée que par· les muqueuses ado sées complétant<br />

le cloisonnement. On y reconnaît la Lr·ansition au degr·é suivant.<br />

Fissure labio-palatine. - Comme la précédente, elle peul Nr·e<br />

unique ou multiple, ctchaque variété mérite d'ètre examinée en<br />

particulier.<br />

La prornirrc, qui est la plus commune, existe ordinairement à<br />

gauche ct rt>préscntc une brèche antéro-postérieut·o qui cornprend<br />

la lhrC' ct la voùtc palatine de manière à établir une communication<br />

longitudinale entre la bouche ct la fosse nasale du<br />

rôté affecté. Dans ce cas, les os incisifs sont soudés au maxillaire<br />

droit dont ils augmentent la masse cl cntraincnt par cela m< ' mc<br />

un défaut de symétrie tt·ès prononcé dans les cleu;\ moitiés de<br />

la face. Par le fait de ceLte inégalité , l'arcade dcntait·c gauche<br />

e:-L moins saillante, la portion palatine est plus petite qu'à droite,<br />

la fente antéro-postérieure est légèrement transportéc tl gauche.<br />

Le rebord al,éolaire app;wticnt \ une circonférence d'un r'::l ) On<br />

plus court qu'à droite. Dans ce dernier· sens, au contraire, il<br />

sc l'ail, par une sor·te de compensation, un développrmcnt plus<br />

marqué, cl le rebord ah-éolairc qui ne subit aucune pt·es ion<br />

tend a c rcrncrser co dehors, de manière à ce que les dent qu'il<br />

supporte sont aillantes dans ce dernier sens. Ces différences ne<br />

sont pa<br />

san intér


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158 TRIBUT A LA. CHIRURGTE<br />

Dans la seconde variété ou Gs ure labio-palatine double, la<br />

di po iLion que nous Yeoons de décr·ire se répète du coté oppo é,<br />

ct il résulle une complication plus gr·a, e encore qui a pour· effeL<br />

d'agrandir<br />

la communication de la bouche avec les fosse<br />

nasales et qui enLralne plus habituellement comme conséquence<br />

la fente du voile du palais. Dans ce ca , le bor-d infér·ieur· du<br />

vomer est libre eL paralL isolé au milieu cle la br·èche antéropostérieure<br />

; il toucbe la face supérieure de la langue où l'on<br />

remarque un sillon plus ou moin profond, destiné i1 le r·ecc\oir·.<br />

Si la brèche est tr+s large par suite du non-développement des<br />

apophyses palatines, la difformité est très considén1blo N comprornottantc<br />

pour la vic. JI existe un véritable clo


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 159<br />

de gr·imacc , en sorte que le facies, déjl repoussant dan<br />

repos des mu.clc:-;, 'allkre davantage encore par· leur· contraction.<br />

Les os incisifs peu' ont-ils, en outre, ètre éparés par une fissure<br />

médiane on fai.ant suire à celle de la lhre upérieur·c, en même<br />

lemps que des brèches latérales les isolent à droite ct à gauche<br />

des os ma:\illaires? Cette disposition est cncor·e à l'état de contestation.<br />

La tr·ifidité de la lèvre supérieure rcbor·d alvéolaire<br />

n'est pa<br />

théor·iquement impossible, mais les faits sur lesquels<br />

on a Youlu l'établir· ne sont pa assez explicites. Doit-on ajouter·<br />

foi à un passage du mémoire de Lafaye, où il dit succinctement<br />

qu'il aurait vu un sillon médian cL deux latéraux sur· un fœtus<br />

allcctéde bec-de-lièvre compliqué? Cette interprétation a été contestée<br />

par· i\J[. Roux et Uér·ard. Sandifor'L ne pa raiL pas douter de<br />

la r·éalitode cette fiRsurc multiple, au moins pour la lcHe, si11on<br />

pour la pur tic osseuse. Voici les expressions de cet auteur : ccScepe<br />

wdco ù taterc (issum labium fa it; quandoque duplex aut ln]Jlcx<br />

hocce labium exil il, absque ut ta men palatwn mutatioucm subierit. »<br />

Il est tl regretter que Sandifort n'ait pas donné d'autres détails<br />

sur· cc point intéres ant de l'histoire du bec-dc-liè' r·e. li e


IU Montpellier<br />

160 MALADIES DE LA TtTE ET DU COU<br />

marquée par un sillon lingual. Il · avait chez cc sujet fissure<br />

staph) li ne. lcckel et Roux ont observé des ca analogues.<br />

Fü;sure avec absence des éléments de la {ace. - L'étude complète<br />

du bec-de-lièvre conduit nécessairement à signaler des<br />

dé ordres plus profonds, mai qui relhcnL dt> la mèmc influence<br />

ct qui achè,·ent la érie des malformations dont le bec-dc-liè' re<br />

simple e L le premier degré. lei, à la vérité, la limite chirurgicale<br />

est dépassée et nous entrons totalement dans le domaine ùe<br />

la tératologie ; mais la transition est naturelle, soit qu'on examine<br />

le caractère des lésions, soit qu'on en recherche la cause<br />

qui se résout pour tous les cas en un al'l'èt Je développement.<br />

On s'est souvent posé la question de savoir si dans les d ilfércntcs<br />

variétés de bec-de-lièvre il y avait perte do substance. Ces mots<br />

traduisent mal l'idée qu'il faut sc faire de la lôsion. 11 est plus<br />

exact de dire qu'il y a absence que perte de substance. Les tissus<br />

ne sc détruisent pas, ils manquent par·ce qu'ils ne sont pos formé<br />

; il n'y a pas atrophie, il ) a anN d'évolution nutritive; le<br />

r·ésultat est équivalent, quoique produit par un mécanisme<br />

dilfér·ent.<br />

·<br />

Cette non-for·mation qui dépasse le proportions d'une fissure<br />

propt·ement dite et qui s'exprime par l'ab ence mtme des par·­<br />

ties, peut se manifester sur les lhres, sur les pièces incisives ou<br />

su•· les os maxillaires eux-mèmes. L'état le plus avancé du morcellement<br />

de la lèvre supérieure est celui qui consiste ùans la<br />

non-existence des éléments primitifs qui la composent. L'absence<br />

ùc la lè\'re supérieure en particulier constitue, suivant on degré,<br />

l'ctttJlochélie ou \'achélie décriles par i\1. Laroche. Fridm·ici a<br />

ol>scr\'é l'achélie complète sur un sujet qui e faigait remarquer<br />

pa•· d'autres imperfections. Scbcnkius connaisait une femme<br />

dont la lèvre supérieure était si courte qu'elle ne couvrait pa<br />

les dents lo•·sque la bouche était fermée. L'absence partielle de<br />

la ll•vrc s'observe plus souvent que l'achélic totale. La forme la<br />

moins rare est colle qui consiste dans la \ariét6 du hec-de-lièvre<br />

double avec absence du bouton médian. Dans cc cas, la lèvre ct<br />

les os intcr·-maxillaires manquent à la foi ; cc n'est plus une<br />

fissure , c'est une large excavation qui existe alors au niveau Je<br />

la lè"·e ct du rebord alvéolaire. )fockel a cité des cas de cc<br />

genre. Vrolik en a donné deux exemples dans a Collectùm des


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 161<br />

mon.tre.


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

de cc genre ne nous a paru plus rcmar·quablc que celui d'un<br />

fœ tus dont nou a\·ons donné ailleurs la description cL qui présentait,<br />

en même temps qu'un bec-de-lièvre double U\CC fissure<br />

palatine et staph·line, une transposition générale des vi5cères.<br />

En résumant les nombreuses variétés de fissures labiales ou<br />

maxillaires que nous venons de passer en r·c, uc, nous pou von<br />

fixer tous les degrés ct toutes les pér·iodes du déVl1loppcmcnL de<br />

la monstruosité qu'elles expr·iment. Lorsque la face sc constitue,<br />

si une cause quelconque vient troubler le traYail de sa fo rmation,<br />

il survient dans l'appareil labial ou naso-palatin le!> irrégularités<br />

progressives suiYantes :<br />

La première déformation consiste dans ces becs-de-lièvre incomplets<br />

observéfo; à craque lèvre et qui ne dépassent pas les<br />

limites de leur bord libre.<br />

Le second degré s'x prime par· la scissur·e de la lèvre jusqu'au<br />

millieu de sa hauteur, ou par l'établissement d'un sillon creusé<br />

dans l'épaisseur de l'organe sans le diviser en entier.<br />

Un troisième degré est repr·ésenté par une seule fissure di' i­<br />

sant la Jè, re en deux moitiés égales ou inégales. suivant qu'elle<br />

a son siège au milieu ou sur les cotés de l'organe.<br />

Au quatrième degré, il existe une di' i ion multiple de la<br />

lèvre sa ns déformation notable du bord alvéolaire.<br />

L'écartement des os maxillaires ct incisifs, leur saillie ct leur·<br />

volume variable coexistant avec une ou plusieur- fis ures 'tu·iables<br />

et avec la fente du palais osseux ct du ,·oile staphylin, constituent<br />

le cinquième degré.<br />

Si l'intervalle des fissures disparall, si le boulOn médian du<br />

bec-de-lièvre complexe n'existe pas, si la \OÙLC palatine manque<br />

en totalité ou en partie, on s'élève à un degré de plus.<br />

Enfin le dernier terme de la monstruosit6 consiste dans la<br />

d ispar·ition partielle et totale des lbvrcs, dans l'absence complète<br />

de la cloison bucco-nasalc et dans la confusion dos cavités de<br />

la fa ce, coexistant avec des désordres dans le système ncr·veux<br />

et des déviations organiques générales.


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA 'ffiTE ET OU COU<br />

Hi3<br />

DES CAUSES DU BEC-DE-LIÈVRE CONGtNITAL.<br />

Cc suj


IU Montpellier<br />

164 TRlBUT A LA CHIRURGIE<br />

moins inadmi<br />

iblc. Selon cet anatomi:-.Lc, une membrane e L<br />

tendue au-denmt des màchoires ct un liquide qui, du c·•·ùn


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TBTE ET !Hl COU 165<br />

mètre tran\Ct'Sal ; mais il y a loin de cet élargis


IU Montpellier<br />

166 TRffiUT A LA CHIRURGIE<br />

on poids et ne peut, par conséquent, subir de lésion imputable<br />

à cette cause.<br />

3° I:nfluence de l'ùnagination de la mère. - On n'a pa été<br />

plus heureux quand on a voulu expliquer le bcc.


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TtTE ET DU COU 167<br />

}o Altération primitive du g erme ; hérédité. - Le champ des<br />

explications s'épuise difficilement sur un sujet qui n'est pas du<br />

res ort de l'observati:>n journalière et dont on ne peut suivre pas<br />

à po Lous les détails. Réduit à combler l'intervalle par des suppo!'itions,<br />

l'esprit s'efforce de le111· donner la forme la plus rationnelle<br />

par l'analyse ct la coordination des détails qu'il est possible<br />

de saisir. [ne opinion ancienne et qui n'a jamais entièrement<br />

perJu son crédit faisait dépendre les fissures labiales ct d'autres<br />

monstruositôs d'une altération primitive des germes. Cotte idée,<br />

liée 1\ la théorie physiologique de l'évolution. n'est pas indigne<br />

de toute considération, ct l'on ne saurait nie•· qu'il n'existe, nu<br />

moment do la fécondation, une impression qui retentit quelquefois<br />

ur le développement anormal du pl'oduit, comme sur ses<br />

caracthes normaux d'espèce, do race et de tempérament.<br />

Ainsi, l'influence hét·éditaire, et spécialement la ressemblance<br />

do enfants fi\'OC le père, qui, après la consommation de l'acte<br />

féconda tour, doYien L étrange•· au produit de cet acte, fot·cer·ont<br />

toujours h admettre, sinon des altérations, du moins des dispositions<br />

Jll'imordialcs \ tolle ou telle difformité. fais là se bornent<br />

le inductions légitime .<br />

Dans l'c pècc particulière d'anomalie dont il 'agit. les preuves<br />

d'hérédité doi,cnt ètrc •·echerchées a\'CC intérêt. M. Dcmarquay<br />

a r·éccmmcnt cité le cas de trois enfants atteints de bec-de-liè\'J'C<br />

dans une famille oit le père présentait la même anomalie. :tl. Trélat<br />

a signalé un exemple oit l'influence de l'hérédité sur la production<br />

du bcc-de-lièvt·c s'est manifestée sur plusieurs générations.<br />

Cc faits, auxquels on pourrait en joindre d'autres, ne sont<br />

cependant pa nombreux eL sont loin de représenter la règle.<br />

Aussi l'influence héréditaire n'est-elle pas admise par bon nombre<br />

d'auteu1· qui veulent plutôt voir dans ces cas des coïncidences<br />

que des successions. Même en les acceptant, une entière obscurité<br />

enveloppe la partie phénoménale eu égard à l'étaL du germe dont<br />

l'altération initiale est insaisissable, si tant est qu'elle existe. Au<br />

reste, la théorie de l'épig6nèse, que l'observation a substitu6c à<br />

celle de l'évolution, nous montre que la région oi.1 sc fot·ment les<br />

fis ures labiales s'organise à une époque déterminée après la con­<br />

C


IU Montpellier<br />

168 TRIBUT A LA ClliRURGJE<br />

colle-ci une altération antérieure relati,·o au bec-de-liè' re. Les<br />

traces matérielles de l'hérédité font défaut sur le germe lui-même,<br />

ct la disposiLion qui la constitue y est virtuelle, mais non objecti' c.<br />

;)• liatadies infra-utérines. - Le bec-de-lièvre e ·t-il l'effet<br />

d'une maladie du produit de la conception? li serait difficile de<br />

croire qu'une difformité comparable cc qui est l'état normal<br />

chez ce•·tains animaux méritàt, chez l'homme, le nom de maladie.<br />

Il fa udn.1it, pour être en droit d'imputer à cette cause les fissures<br />

labiales, que des maladies bien avérées nous rendissent témoins<br />

de pareils effets après la naissance; or cet appui manque /1 l'opinion<br />

que je signale. Les bords du brc-dc-libvrc simple ou multiple<br />

ressemblent parfaitement au bord labial sain ct no1·mal, ct<br />

l'un ct l'autre révèlent l'influence d'un mécanisme identique.<br />

Une inflammation, une ulcération ne peuvent pas produi re cr<br />

résultnt. Ces altérations sont, en effet, suivies de lu formation de<br />

parties Ol'ganiqucs cicatl'.iciellcs qui n'ont pas les caractcres du<br />

bord libre des lè\'l'CS et qui ne sauraient disparaltrc entihernent.<br />

Je ne saurais donc, à l'exemple de i\Dl. Cruveilhicr ct \"elpean ,<br />

admettre comme cause particulière du bec-dc-liè' •·o une maladie<br />

intra-utérine agis ant comme cause locale de destruction. lais<br />

le •·ojot d'une influence pathologique ne saurait être absolu, ct<br />

l'état de la science auto1·i c l'admission de maladie intra-utérines<br />

pour certaines monstruosüés, ainsi que l'ont démontré<br />

)lorgagni, Chaussier, Proschaska, 13éclard et surtout Ougès.<br />

()" .Arret dedé11eloppement.- Dans l'étiologie du bec-dc-lihTc,<br />

il est une explication qui jouit depuis longtemps d'une faveur<br />

spéciale : je veux parler de la théorie de l'arrêt do dé, cloppcmenL<br />

invof(uéc par les premiers anatomistes de l'époque, tan L en Frunce<br />

qu'en Allemagne. Rien ne parait plus naturel, en eliot, quo do<br />

consid6rcr· les scissu res labiales comme un état permanent d'une<br />

époque déterminée et peu avancée de la vic intra-utérine. Mais<br />

l'accepta tion de ceLLe manière de voir implique la nécessité préalable<br />

do constater que l'état réputé monstrueux est une fo rme<br />

prolongée de la période normale ; elle cigc d'une autre part la<br />

démonstmtion de l'anèt même de développement. Or, sous l'un<br />

ct l'autre •·appo1'L, il est remarquable que la théori


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 169<br />

les fa its. L'idée de cette influence existait depuis longtemps clans<br />

la science, mais la démonstt·ation expérimentale du rupporL qui<br />

existe entre les diYcr:;es variétés du bec-de-lièvre ct le:: phases du<br />

déYeloppemcnt cmbt·yonnairc est une conqtu'te récente. C'est à<br />

11. Coste (de l'Institut) qu'elle est due. Quelque mots sut· l'historique<br />

de cette question.<br />

L'influence de l'anèt de développement dans la fot·mation du<br />

bec-de-lièvre a éLé présentée avec des modifications 'ariécs. Oéjà<br />

Paré, guidé par une sot·te de pressentiment de la vérité, regardait<br />

ceLte monstruosité comme un défaut de la force fo rmatrice.<br />

Harvey s'exprime ainsi : c< Os ad utrarnquc attricularn hians rernitu<br />

r: bu,ocœ enùn et labia uUimo profuimtu r, ubpolc pm· tes<br />

catczncce. ln omnibus , inquam, fœtibws (eticmt hmnano) pnulô<br />

ante partum, orù; ?'ictus, sine labiis et buccis) cul utmmque rmrem<br />

prolensus, cf'mitur. Eamdemque ob cau.sam, nisi (atlor, mutti<br />

IUt.w:untur cum labro superiore fisso, rp.ia in fœtus lwnwni (ormatione<br />

super iom labm taulissimè caolescwtl. »<br />

Il est étonnant<br />

que les partisans de l'influence du dé,·cloppcmcnL imparfait,<br />

conunr ('anse uu bcc-de-liè, re, n'aient pas textuellement in,oqué<br />

cc· expr·essions si claires de Han·ey. Autenrietb, par exemple,<br />

est moin exact ct moins précis; il c bomc à a'ancer· que les<br />

di\isions labiale et palatine résultent du défaut de rapprochement<br />

des o inter-maxillaires avec les sus-maxillaires, cc qui est<br />

une ""·iantu dt' l'idée de Haller appliquée à la théorie de l'arrèt<br />

de développement.<br />

Blumenbach, pcut-ttre inspiré par Harvey, a n'ancé que la<br />

lhrc supér·icu re sc développait par trois points ; de Il\ à la thôoric<br />

étiologique du bcc-dc-lièvrè, il n'y avait qu'un pas: les anatontistes<br />

modem cs l'on L exécuté. [eckel s'exprime ainsi : « L'état anormal<br />

le plus remarquable de la cavité orale est celui qui arrive quand<br />

elle persiste dans sa conÎlguration primitive, cL C[UC les fissures<br />

primot·dialcs no s'oblit.èrent point: cet état est désigné à lu ll'vro<br />

supérieure sous le nom de bec-de-lièvre. »<br />

Blandin revendique la priorité pour l'application de l'ohscnation<br />

de 131um'cnbach ; il r·enchériL mèmo sur les détails que l'on<br />

doit uu ph) siologistc de Gœttingue cL prétend que la lh re<br />

supérieure sc d(l\eloppc par quatre points.


IU Montpellier<br />

1170 TUJBUT A LA CIIIRURGIE<br />

à constituer un noyau qui devient impair, bien que formé dans<br />

lcprincipc dedeux moiLiés symétl'iquemcntdispo éc . C'e L ceLLe<br />

prompte réunion qui a ici abusé J3lumenbach, leck.el, Béclard ct<br />

quelque autres, etleura faitcroire quela lèvrc supéricureétait<br />

culemenL bifide dans l'origine. L'évolution par quatre poinL5 est<br />

patente à la partie osseuse de laquelle procède la lèvre supé1·icure.»<br />

Le mode d'holution formulé par Blandin ct accepté par<br />

Is. G. Saint-Hilaire, était cependant plutot la pt·évision que la<br />

démonstration du véritable mode de formation du bec-dc-lièvt·c<br />

ct de ses t'apports avec les développements de la face. La constitution<br />

scientifique de ce point d'embryogénie n'a acquis de la<br />

précision et de la clarté que depuis les beaux travaux de Coste,<br />

guido fidèle anquel nous emprunterons les détails dont l'importation<br />

en chirurgie éclaire un des sujets les plus intéressants de<br />

cette science.<br />

Les parties constituantes de la face ct spécialement colles qui<br />

doivent former la bouche, se dessinent chez l'embryon humain<br />

des le vingtième jour. Leur développement sc fa it pa1· des productions<br />

ou lamelles isolées qui, parties de l'extrémité supét·icurc<br />

de la colonne ,.e,·tébralc rudimentaire, c réunissent \Crs la ligne<br />

médiane. Ces lamelles, au nombre de quatre, et les fentes qui<br />

les séparent, ont été découvertes par Hahtke, qui, par une analogie<br />

superficielle, les avait assimilées aux branchies des pois ons.<br />

Elles ont été plus Lard mieux étudiées pat· Reirhcrt. Cet anatomiste,<br />

les rapportant à leur véritable destination ultérieure, les<br />

a désignées sous les noms d'arcs viscéraux, de fente.'! viscérales.<br />

Les trois premières lamelles col'l'espondent au renflements céré<br />

braux ct commencent sous forme de prolongements appliqués<br />

contre la faccintcmedes pat·ois latérales du capuchon céphalique.<br />

Elles s'avnncent VCI'S la ligne médiane de la mèmc maniè1·c quo<br />

les prolongements costaux. La bouche ct sos dépendances, le<br />

nez, los deux màchoires, le palais ct son voile, sc produisent<br />

aux dépens du premier arc viscéral. De la cellule cérébrale<br />

supportée par cet arc descendent un bourgeon médian ou frontal<br />

ct deux bourgeons latét·aux et maxillaires. Ces bourgeons convergent<br />

vers un point de la ligne médiane ct laissent entre eux<br />

un intervalle qui doitètre l'ouverture buccale. Celle-ci est complétée<br />

inférieurement par deux autres appendices latéraux qui


IU Montpellier<br />

ltfALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 171<br />

sc portent en avant \ers la ligne médiane, ct représentent les<br />

deux moitiés de la màchoire inférieure. Ces bourgeons ou appendices<br />

du premier arc viscéral offrent quelques particularité bien<br />

étudiées par Co te. Le bourgeon frontal ou médian donne naisance<br />

à deux bourgeons plus petits, qui sont d'abord assrz distant<br />

du coté de la lign


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172 TRIBUT A. LA CIIIRURGIE<br />

Les données qui précèdent suffisent, en cflèt, pour sc rendre<br />

compte des variétés du bec-de-lièvre, co admettant que le d(•\'eloppement<br />

dont nou avons indiqué les degrés s'arrête a,·ant la<br />

réunion de tel ou tel des bourgeons con,·e•·gcnts qui fo rment<br />

l'ouvct·ture ou la voùte buccale. Chacune de cc difformités<br />

correspond à un état tmnsiLoirc do l'embryon, comme nous<br />

espérons le démontret· en parcourant la double série des \iccsde<br />

conformation congénitaux ct des acLes organo-plastiqucs de<br />

l'ouverture buccale.<br />

Le bec-de-lièvre intérieur, par exemple, qu'on obset'\'O si<br />

•·aremcnt, n'est autre chos quo le défaut de coalescence des<br />

bourgeons cha rn us destinés à fo rmer la màchoi re inférieure. Cette<br />

coalcscenco étant colle qui sc fa it le plus promptement, lu dilf'ormité<br />

résultant de l'arrêt de dé,•cloppcment doit correspondre au<br />

prcmict· L


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 173<br />

Le bec-de-lièvre génien ou la fissure congénitale de la joue,<br />

qui peut ètr·c simple ou double, dépend de la persistance do la<br />

fente Lr


IU Montpellier<br />

174 TRIBUT A LA CllfRURGIE<br />

ment des organes, en demandant aux lois les plus élc,ées de<br />

l'embryogénie les causes de cette dérogation. Pout· arriver à la<br />

olution de cc problème, ll. Senes a combiné sc<br />

idée relatives<br />

au développement excentrique des organes avec l'influence que<br />

le yst.èmc artériel préformé exerce ur la nutt·ition des partie<br />

oit il sc rend.<br />

Dans l'application spéciale de cette doctrine l'étiologie du<br />

bec-de-lièvre, les artères destinées à noutTir les h'vt·cs ct les au tres<br />

éléments buccaux, devaient ètre insuffisantes pour leur nutrition<br />

et leur accroissement régulier. Mais les tra,·aux embryogéniques<br />

modernes ayant démontré qu'à l'époque oit les éléments de la<br />

face paraissent, l'embryon présente encore la première circulalion,<br />

ou circulation blastodermique, ct que pcnrlant cette période<br />

les arLrres se forment en mème temps que les tissus Ott elles<br />

paraissent, sans les précéder, il en résulte quo la fJUCstion<br />

d'antériorité ne peut être posée, ni à plus forte t•aison acceptée,<br />

comme moyen d'explication.<br />

L'imperfection du système nerveux a été invoquée pard'autt·cs<br />

comme une cause d'arrêt de développement. Béclarcl, Ticdcmann,<br />

Dugrs, ont fa it jouer aux nerfs le mèmc role que 1. Serres aux<br />

vaisseaux at·tériels; mais cette théot·ic peul être combatLuc par<br />

les mtmcs


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

plus haut que l'ar·rtt de dé, elopperuent, et acceptons celui-ci<br />

comme le fait initial établi par l'observation. Vouloir· aller au<br />

delà pour l'explication d'un certain nombre de monstruosités,<br />

erait souleYer des difficultés actuellement insolubles ; car· i1<br />

mcsur·c qu'on avance dans l'analyse des causes, la vérification<br />

del< phénomènes qui les révèlentde,-ient de plus en plus trompeuse,<br />

ct l'imagination ne doit pas se charger du rule des sens. Ce qu'on<br />

ne saurait du moins contester· dans la question spéciale de l'étiologie<br />

du bcc-dc-lièvr·e, c'est que les progrès des études embryogéniques<br />

ont jeté une vive lumière dans le mode de formation<br />

tic cette anomalie en la rattachant à la permanence cJ'un état<br />

transitoir·p du nouvel ttre.<br />

TRAITEMENT DU BEC-DE-LIÈVRE.<br />


IU Montpellier<br />

176 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

multipliés. enfin la détermination de l'ùge le plus convrnablr h<br />

l'opération a soulevé des discussions intére,-santcs qui ont agrandi<br />

l'histoire chinu·gicale du bec-de-lièvre, ct cet ensemble conduit<br />

i1 plus juste titre cc degré de clat·Lé ct de cet·titudc qui est le<br />

cachet de la science fa ite ou très a' ancéc.<br />

Indications de l'opération. - Les motifs d'agit· pout' obtenir la<br />

guérison du bec-de-lihre sont de plusieurs ordres. Dlns la<br />

majorité des cas, le fait seul de la diffot·mité est suffisant pour<br />

justifier l'opération. Les enfants affectés de bcc-dc-liè' re, surtout<br />

lorsqu'il est complexe, :;ont très malheureux. Le si


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

1'i7<br />

epres ifs de la face ont impossibles. Enfin la néccsité ùe l'opération<br />

sc


IU Montpellier<br />

178 TRIBUT A LA CIIIRURGIÈ!<br />

di parition entière de la 6surc. Cette méthode CJ·ait une îrnîta.<br />

Lion d'un procédé naturel de gué1·ison, ob. ervé dans quelques<br />

cas exceptionnels ct pendant la vic intra-utérinc. On doit i\<br />

)[. Hennes (de Bergerac) la connaissance de quelques cas dans<br />

le quels des cnfaniS ont ,·enns au monde a\CC de bec -de-lièvre<br />

guél'is, c'est-à-di1·e préscnLant à la place d(' la fissu1·c une cicatl·ice<br />

orgnnisée, indiquant le travail de n'paration naturelle.<br />

Tout fait présume•· que, dans ces cas, une ulcération existant aux<br />

bords de la fissure s'est graduellement cicatrisée de l'ungle vers<br />

l'ouverture buccale, en ent1·atnant chaque bord de la fissure,<br />

comrre on voit l'adhérence des doigts sc reformer après la section<br />

d'une palmure. On sait que M. J. Cloquct a proposé de<br />

traite1· de cette manière la division congénitale uu 'oilo tlu palais<br />

ct qu'il a obtenu des succès par la caut6dsation i'ucccssi'c de<br />

l'nnglc. Notre collègue, M . .Benoit, a obtenu la guéri on du mt\ mc<br />

vice do conformation pa1· un moyen analogue. On ne ÙC\'rait<br />

donc pas la déclarer inapplicable au traitement du bcc-de-lihre:<br />

mais la lenteur du moyen, la l'om1ation d'nue cicatrice irrégu­<br />

Ji(•rc ct Yisiblc et la nature mèmc du ti su inodulairc dont la<br />

•·étractilité raccourcirait la ligne de réunion ct no saurait en dissimuler<br />

l'encoche, eront toujours de motifs suffi ants pour<br />

mettre hors de cause une pareille méthode. Le meilleur mo) en<br />

tiedi po et· les bords de la fissure à SC réunir con:,i tc a les tt·an ­<br />

fo 1·meren une plaie saignante, puis à les affronter par un artifice<br />

qui doit durer jusqu'à la soudure cicatricielle.<br />

TnAITErEl'iT nn DEC-DE-LIÈ\-nE st l!PLE. - Dirigée tl'apl'


IU Montpellier<br />

MALADIE' DE LA TÈTE ET DU COU<br />

cale pe•·mct de sc dispon.er de l'anesthésiP, mais on ne doit pas<br />

rnonror au bénéfice de ce moyen si l'opération doit


IU Montpellier<br />

·1 80 TRIBUT A LA CliiRURGIE<br />

lcmcnt disposée pour l'alfrontcmcnt, et dans de maU\ aises conditions<br />

pour· la réunion. Celle-ci échoue pr·csquc toujours , ct elle<br />

est inégulièrc lo1·squ'clle réussit. Aussi la saine pratique a-t-elle<br />

définitivement fait justice d'une méthode contraire aux \éritahlcs<br />

conditions de la réunion immédiate , qu'il fa ut toujour<br />

rechercher pour cette opération.<br />

L';\\ i,·c:11::)nt doit produire des plaies fralches opérées par la<br />

section nette et complète des tissus, ct peut sc pratiquer "' cc le<br />

bistouri ou les ciseaux. Les deux instruments sc Yalcnt. Ils 11 'occasionnent<br />

pas plus de doulcu1· l'un que l'autre, comme l'a prou,·é<br />

une cxpé1·icncc tle Bell faite sur le m(\mc sujet avec les cleu:\<br />

inst1·umunts. Tous les dcu:\ font une section également ncttu.<br />

On a objecté tou tefois que les ciseaux , quelque bien const1·nits<br />

qu'ils soient, font subir, en raison du mécanisme de ,leurs ln mes<br />

c1·oisées, une sorte tle froissement au.x. tissus qu'ils coupent dans<br />

la direction de deux plans unis à angles obtus dans l'épaisseur<br />

de la l(•vrc. )lais l'appui réciproque que sc prtcnt les dcu:\<br />

lames compense cet incom·énicnt et aboutit h une section suffisamment<br />

nette. Si l'on choist le bistouri , il doit être droit,<br />

pointu, tranchant sur ses deux bords . d' une médiOCI'(' dimension.<br />

Ainsi disposé , il pénètre mieux les tissus t't sc pn\Lc plus<br />

hcu1·cuscment à la manœuvre. Les ciseaux doivent


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TlSTE ET DU COU 181<br />

ou en li(·t· ..<br />

1. Fabrice cL )1. .\ . sc, crin employaient dans le<br />

même lwt des pinces appelées morailles, dont la branche posLéricurc<br />

(• largie foumi sai le point d'appui désir·é, tandis CJUC la<br />

branche antérieure fixait la lhre. Ces mo ens auxiliair·cs sont<br />

génér-alement abandonné" aujourd'hui. Quant il la manihc<br />

cl'allaquer lt ' s t;ssus a\eC le bistouri, elle a aussi \arié sui\'ant<br />

le caprice du chirur·gien. Guillemcau ct Lcdran attaquaient la<br />

lh r·c i1 sa face postérieure ct par transfhion , en commrnç:ant<br />

prbs du sonunct de l'angle, et en suivaient le hord en coupant<br />

perpendiculairement de haut on bas cL d'arTi0rc en i<br />

les horeb de la fisc;;ur·c ont la mèmc longucut·. l'cx.ci·ion doit tlrc<br />

égale des deux. cotés. lais si leur longueur· est diflërcntc '<br />

il<br />

COil\ient que la portion enlc,ée au bord le plus cour'L soit plus<br />

large i1 sa base que celle de l'autre bord. L'attention du chirurgien<br />

doit se porter sur l'angle curviligne saillant qui joint le hord<br />

cie la (issu re au bord naturel do la lè, re ct le comprend re dans<br />

l'excision , de telle sorte que la partie resciséc présente dans<br />

son ensemble un tr·iangle isocèle base inférieure. Sans cette<br />

pr·écauLion , les angles inférieurs n'étant que partiellement retranché,<br />

il reste une encoche après la réunion. ()uant i1 l'angle<br />

superieur , il doit t\tre cnle\'é complètement; les deux incisions<br />

latérales en sc réunissant à angle aigu au-dessus de la fente<br />

emportent ainsi cc petit pont labial ; elles doivent pénétrer dans<br />

les nar-in


IU Montpellier<br />

TRrBUT A LA Cllll\URGlf.<br />

tl' action est d'ailleur-s résen,ée à l'opérateur qui , à la condition<br />

de bien faire l'excision , peut Yarier l'emploi de c in tr·umcnts.<br />

ct achever a' cc le bistouri ce qu'il a commencé avec les ciseaux.<br />

Ceux-ci corn-iennent mieux . en effet, pour l'cxci ion de:-; bords,<br />

et le bistouri agit mieux pour l'excision d(' l'angle supérieur·. Cc<br />

dernier instrument serait d'un maniement général plus facile<br />

pour le bec-de-lièvre inférieur, tandis que le:-; ciseaux conviendraient<br />

mieux pour le bec-de-lièvre supérieur· ct commissural.<br />

Apn's la section des tissus, le sang jaillit parfois avec as ez<br />

de for·cc de l'artère cor·onaire divisée. Une compression plus<br />

exacte de l'aide sur le tronc de la faciale , en avant du masséter,<br />

ou la pr·ession dir·ecte de la lèvre entre le. doigts , suffisent parfaitement<br />

à l'al'l'ût du sang jusqu'à l'affrontement des parties CJUi<br />

s'oppose définitivement à la perte de ce fluide.<br />

Rnion. - Les bords rescisés doivent être affrontés non par<br />

un contact pr·csquc linéaire de la partie cutanée, comme on le<br />

fait trop sou,·cnt dans la réunion des plaies , mais par la juxtaposition<br />

de toute l'épaisseur des parties avivée ct par le maintient<br />

exact de cet affrontement, cc qui explique la supérior·ité<br />

ordinair·c de cc mode de synthèse ct l'obtention de la réunion<br />

immédiate. Cc dernier résultat, qui est l'idéal du traitcmcn t<br />

chir·ur-gical des plaies r·écentes, ne fait guèr·e déf;HJt tl l'opérateur<br />

lor·squ'il r·echcrchc arec soin toutes les condition nécessaires<br />

pour atteindre le but. Le moyen le plus sûr est la suture. Les<br />

c sais auxquels on 'est lin·é à di,·er-scs époque pour exonérer<br />

la Jllaic labiale de la suture, n'ont pas donné de résultat sur·<br />

lequel on puisse compter. Quelle espérance fonder ur les<br />

agglutinatifs préconisés par Sylvius , Iuys ct quelques autr·cs?<br />

Le sparadrap le plus adhésif pourrait faire defaut au moment otr<br />

son action seraiL le plus nécessaire, cL alors même qu'on cmploierait<br />

le collodion , qui est d'un eliot plus sùr , il pourrnit<br />

aussi trahir la con fiance du chirurgien. Ces moyens agisscn t<br />

d'ailleurs trop superficiellement , ils ne réunissent à vroi dire<br />

que la peau, n'agissent point sur la muqueuse , ne résistent pa'<br />

à l'action musculaire, ct l'adhésion fùt-elle complète à la sul'lhcc<br />

tégumentaire , l'écartcmenl permanent des par·tics profonde'<br />

sufr.r·ait pour· compromettre le succès définitif de la réunion.<br />

On peut adl't. SCI' le mème 1·eproche à l'emploi des bandages


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MALADIES DF. LA TeTf: ET DU COU 183<br />

unissan t" , malgré l'exemple de Franco, qui sc contentait d'une<br />

orle de suture sèche appliquée à l'aide d'emplàtrcs triangulaires<br />

fixés sur· les joue. ct dont le sommet tronqué , Lou rné cl u côté<br />

de· Jè,·rc , supportait dans ce sens des cor·donncl<br />

destinés à<br />

ramener l'un \'Cr l'autre chaque bord labial a vi\ é ct à en assur·er·<br />

la coaptation par un nœud. Vainement Loui , invoquant<br />

l'exemple de Fr·anco et de Purmann , a-t-il soutenu lui-m


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181. TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

qu'on leur a fait subit· se rapportent it leur matière, il leur forme<br />

ou il leur mécanisme. Le


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\IALADlEs Or; LA TÊTE ET OU COU 185<br />

Pour cela, il saisit entre le pouce ct l'index de la main gauche la<br />

partie infl•rieurc du bord gauche Ile la lhTe, pendant qu'a, cc la<br />

main dr·oitc il pique la lhre à l'aide d'une épingle ou d'une<br />

aiguille dont la pointe peut tLre légèrement graissée. Le point de<br />

pént'·tnttion c-.t Lrt'-:5 important ; c'est au ni,cau de l'nngle labial ,<br />

h


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1 86 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

ment, de mani(•r·c à cc qu'étant paralUlcs l l'inférieure, elles<br />

soient aussi paml lèlcs entre elles.<br />

Toutes les aiguilles étant placées, le chiru rgien pose le milieu<br />

du fil à plusieurS brins 5111' J 'épingle inférieure, Ct l'entortille Ur'<br />

elle, en croisant les chefs de manière à former des buitdc chill'rc.<br />

La J)l'ession doit être modérée, afin ùc ne pas étrangler les tissus<br />

sous la pre sion de la tige qui cr·ait aLLirée trop fortement en<br />

avant. Les chefs ont ensuite croisé en .r dans l'intervalle qui<br />

sépare l'épingle inférieure de celle qui la surmonte , el vont for·­<br />

mer· de nouvc:1ux huit sur l'épingle supérieure , d'où on les<br />

ram(·ne encore au-dessous, pour recommencer le croisement<br />

en .z: cl faire de nou,·eaux huit. En remontan t sur· la troisième CL<br />

la quntri(•rne épingle, on manœuvre de la même manü\rc dans<br />

l'intervalle ct autour d'elles jusqn'h épuisement du fil , qui doit<br />

avoir été choisi assez long pour bien fn ire la réunion, ct dont on<br />

arrêt


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MALADIES DE LA TtTE ET DU COU<br />

1R7<br />

que si l'intervalle à combler a été considér·ablc , ct que si les<br />

moitiés oppo!'écs cie la lèvre tiraillée douloureusement font<br />

craindre l'ulcération des ti sus. Le chirurgien sera juge de l'opportunité<br />

des moyens au:\iliaires. S'il r·econnatt que le bandage<br />

est néccssair·e, il emploiera ce moyen sous la for·mc la plus<br />

simple ct en sc ronfonnant aux règles suiYanles : Posez le plein<br />

d'une bande sur le front du malade préalablement coiOë d'un<br />

bonnet. Portez les chef en arrière en les cr·oisant ct les fixant kr<br />

ln nuque. Conduisez horizontalement ces chefs vers les joues.<br />

Ramenez celles-ci en :na nt au moyen de petites pelotes ou compt'Cl'ISO'<br />

gt·aduécs CJUO los chef poussent dans co sens. Engngoz<br />

l'un de; chefs déconp6 en lanières dans des boutonnières corresponclan<br />

tes du roté opposé, de fa\on à ce CJUe le bandage so croise<br />

sur la lèvt'C1 ct gat·antissez l'action de celui-ci , en ramenant los<br />

chefs sur la Ll'le pour le!' y G x cr. Une fronde assujetti ra le 1 out ct<br />

donnct·a plus de solidité à l'appareil, qu'on pou na régulnriscr,<br />

au ni,cau de ln lè\'1'('. en retranchant sur la largeur de la bande<br />

tout cc qui prut gl\ncr, sans trop diminuer la force de l'appareil.<br />

Il mc paralL qu'on pourrait à cet égard tit·er bon prolit des<br />

bandes élastiques en caoutchouc vulcanisé, dont on nlt'ie c.Je plus<br />

en plus les cn•ices dans la pt·atiquc.<br />

Soins oonsécuti(s . - Pour que la réunion réussisse. le malade<br />

doit


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18R<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

ct au bl'..;oin (H'O\(>qucr rhcz


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TETE ET DU COU 18\l<br />

dwz l'adulte : en cxtmire une autre le lendemain


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190 TRIBUT A LA CIIIRUHGIK<br />

pas toujours ;, une excision apte i1 I'JmcneJ· in,ariablcrncnt sur<br />

un même plan les moitiés labiales qui doi,·cnt constituer après<br />

leur 1·éunion le 1·ebord supérieur de la bouc·hc. Une ll•gi•rc<br />

dépresion existe sur cc point apr(•s lu cicat1·i


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ALAJ)JES DE LA TitTE ET DU COU<br />

à la place de l'encoche une saillie faite aux dépens des tissus<br />

excisés, qu'on lai!'SC adhérents à la lèvre par leur partie inféricur·e.<br />

Les motifs développés par· :\lalgaigne sont spécieux.<br />

Puisque le bec-de-lièvre ronsistc en une diminution desubstnnce<br />

ct que cc déchet est particulièrement sensible pd·s du bord<br />

labial, au lieu de l ' accroitrc comme le fa it le procédé ordinaire,<br />

il faut garder le plu, do Lis u possible, en emprunter au besoin<br />

aux parties Yoisincs ; ct i cet emprunt peut sc fa ire sur la portion<br />

même que l'avi,·cmcnt oblige à retr·ancher·, le bénéfice sera<br />

d'autant plus gmnd qu'il scr·a recueilli sans ri que ct U\'CC l'utilisation<br />

des ror.;n urcs pcrducr,. Le mode d'exécution est tr(·s simple<br />

: il consiste à conserver aux lambeaux d'avivement un pédicule<br />

près du bord lnbial. Les lambeaux, taillés de haut en bas<br />

avec les ciseaux, comme le veut .Malgaignc, ou de bas en haut<br />

par· transfixion nrcc un bistouri, sont abaiss(•s ct r·cnvcrsé, de<br />

mnnièrc à cc que leurs cùtés avivés, continuant pour ainsi dire<br />

les bords de la fissure, soient oppo dS CL confrontés par· la surface<br />

saignante. La réunion que l'opérateur· fait alors n'est plus<br />

une simple chciloraphic, son œu\Te tient de la chirurgie plastique,<br />

car il y a déplacement et gr·cffe de lambeaux pour remplir<br />

un vide que lais c l'opér·ation ordinaire ; pour matérialiser sa<br />

pensée, l'auteur du procédé dit qu't la place d'une couture on<br />

met une pièce. En fait, le:; lambeaux ren\'crs6s et unis dépassent<br />

le niveau labial, l'encoche est évitée, elle est mèmc quelquefois<br />

remplacée par une saillie trop pr·ononcéc. Il reste au<br />

chirurgien, si cc r·é ultat dépasse le but, la ressource d'une<br />

excision ultérieur·e Ùt; l'appendice créé par l'opération.<br />

11. llirault a \Oulu dissimuler l'encoche san rcnvcr er· les<br />

lambeauÀ et sans s'e:\poscr· à la nécessité de leur excision ultérielll'e.<br />

L'un des lambeaux seul sert à la r·éparation du petit<br />

angle rentr·ant que laisse l'opér·ation ordinaire. Cc lambeau,<br />

adhérant par son pédicule, est dirigé horizontalement dans le<br />

sens général de la lèvre supérieure et va se greffer sur un a\'ivcment<br />

correspondant pratiqué sur le bord opposé au niveau de<br />

l'angle mou se infér·icur ; on assure la greffe par un point de<br />

sutur·e !!pécial. :\Dl. Denon villiers ct Gosselin font ir cet inénieux<br />

procédé le reproche d '


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192 THIIJUT A LA CIIIHUHt:IE<br />

dépens du bord de la lène sur laquelle 1


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU 193<br />

lnflwnmation et .ses conséquences. - une inflammation peut<br />

s\•mparcr de la Je'., re aprl-g l'opéra Lion ct en compr·omcltre les<br />

ré" ulLa l. Tan tdl elle a ffcctc la forme érysi péla Leu se en s'étcndan t<br />

au reste de la face, ou gagne !a cavité buccale ct sc change en<br />

stomatite, comme je l'ai observé dans un cas. Tantôt elle aboutit<br />

Îl la formation d'abci·s dans l'épaisseur· de la lè\TC, spécialement<br />

dans le trajet des épingle>- ; plus sou,·cnt, on voit l'inflammation<br />

ramollir les tissus, les r·endrc promptement sécables par· la pression<br />

dPs épingll's cL, lorsqu'on retire celles-ci, on constate des<br />

sillons ulcérou \ sur· ln su l'face de la lhr·c, parfois mc'rno des gangr


IU Montpellier<br />

191 TRfBUT A LA CIIIRURGIE<br />

Ùoublc pince aplatie CL rapprochant Je,; deux cotés de la plaît•<br />

au lllO)cn d'une pièce t•·ans\ersalc ct d'une \is. lonlain (dl'<br />

Lon) en a proposé une peu diflërcnlc tic la pr(•céùcntl' . ct<br />

dont i 1 a, au commencement de cc siècle , 'an té les hon..; effets.<br />

D'autres in,entcurs ont donné aussi cours it leUJ' imagination su•·<br />

le mème sujet. La pratique a peu profité de ces lcnt;lti\·cs qui,<br />

ans dont


IU Montpellier<br />

)lALAIIIEs 0: LA TTE ET DU COU<br />

,\f. Giraldès adopte ausi la suture entrecoupée ; mnis sc plaçant<br />

i1 un au tru point de ' ue, il l'nit porter sa modilirntion sur le choix<br />

d


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196 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

inflammatoire. il en résulte pour les faibles adhérences cr·éécs par<br />

l'opér·ation une dangereuse éprCLI\e. Chez certains sujet:;, une<br />

autre cause s'ajoute à ces influences. La langue, ince,sammcnt<br />

portée \Crs le point d'union des ùeu moitiés labiales. attaque la<br />

cicatrice du coté de la muqueuse, surtout si la Jè, r·... Cette ressource, faible en apparence, peut Nrc sufflsantc<br />

pour rapprocher ultér·ieurcmcnt les parties.<br />

La possibilité de la t·uptur·c de lo cicatrice doit tenir· en é\'eil<br />

l'attention du chirurgien. La mcillcur·e proph) laxic d'uu pareil<br />

accident est assurément une opération bien faite, sni\ ie d'une<br />

ablation de l'appareil en Lemps opportun. )lais cette action pré­<br />

\enti' c n'étant pas toujours sufflsanle, on a chcr·ché il lutter<br />

d'une manière plus directe contre le:; cau:-;cs pr·o,ocatriccs d'un<br />

semblable accident.<br />

Il faut ranger parmi les précautions proph) lactiques


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"<br />

MALADIES DE LA TeTE ET OU COU 1 07<br />

diguer, sut·tout chez les enfanLS, oit il peut de,enit· la cause<br />

occasionnelle d'hémorrhagies d'autant plu dangereues qu'elles<br />

sont inapel'(;ues.<br />

Au lieu de remédier i1 la tension des tissu!- par leur délwidemcn!.<br />

cl'antt·es chimrgiens ont préféré rapprocher par des<br />

appareils spécimn. les tissus les pins éloiués de la ligne de réunion,<br />

n(in que ll's bot·ds de celle-ci n't •pl'OU\Clll '<br />

aucun tiraillement.<br />

.\ cetle catégorie de moyens appartiuncnt les nppar0ils<br />

m(•cnniques plus on moins


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198 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

ni enrayé clans son développement, ni déformé, lorsqu'il descend<br />

aussi bas que le reste de la lènc : qu'il est souple, libre ct assez<br />

épais, il con,·ient d'agir comme dans le cas dont nous a\ on· tracé<br />

les r


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MALADIRS DE LA TÈTE ET DU COU 199<br />

exactement la outtière sous-nasale. ct !'i l'on n'a pu é,itcr les<br />

dt


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200 TRIBUT A LA Cllll\URGIE<br />

au lieu d'encla,er cet appendice dans la réunion labiale, ou de<br />

le retmncher. le ramena hol·izonlalcmcnt en arrihc pour le fa ire<br />

sen ir it reconstituer la sous-cloisou na ale qui manquait, cL termina<br />

l'opération en réunissant sur la ligne médiane le:. deu<br />

moitiés externes de la Jè, re supérieu1·e.<br />

'fnAJTE\IE:'\T nu BEC-DE-Lif:\'ltE C


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MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 201<br />

On a cherché à ) remédier en interposant entre la lèvre cL le<br />

rebord uhéolaire des plaqncs de protection et de support dc!itinéc<br />

à reproduire les conditions naturelles. A cc but répondent<br />

les compresses de LaYauguyon ct d'IIeuermann, la plaque de<br />

plomb indiquée par Eckholdt et que cc chirurgien ca·o) ait aussi<br />

propre à pré,enir ùes adhérences de la lèHe au bord alvéolaire .<br />

.\1. Broca a pensé qu'on substituerait 3\CC


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202 TJUBUT A LA CHIRURGIE<br />

bourgeons maxillai1·es, ct qu'il existe h la fois fente labiale,<br />

fiUI'C médio-palatinc eL écartement sLaph lin. quelle conduite<br />

doit tenir l'opérateur ct quel ordre con,icnt-il d'adopter dans<br />

les opé1·ations successin.'s que réclament cc di,·crs cgmcnls de<br />

la fissure générale ? Roux. l'un des chirurgiens qui ont posé<br />

ct examiné cette question , est d'ayis qu'il faut temporiser ct<br />

qu'a,ant d'opérer le bec-de-lièvre il faut faire la staphyloraphie.<br />

Il pense que celle-ci s'exécute alo1·s tt\ CC facilité, ptli'C


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MALADIE DE LA TÊTE ET DU COU 203<br />

impot'Lune ct il ne fuut pas oublier que s'ils agi sent prématut·émcnt,<br />

alot·s qu'un de côtés de la t·égion maxillaire moins développé<br />

que l'autre représente une courbe d'un ra on plus rourt,<br />

une trop fot'le pt·ession peut, sui,·aot la remarque de )Dl. Girald&s<br />

ct Thé' cnin, enci


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204 TRIBUT A LA CllJRURGIE<br />

tanulairc adhércnL par· son coté c:xtcrnc, ct qui, cntralné en<br />

dedans, 'iendra rcncontr·er sur la ligne médiane celui du ccllé<br />

opposé. Les bords lib,·c a,·ivés pourront alors s'affronter ans<br />

difHcuiLé. Tantc.H cc sera dans une direction 'crticale que le chirurgien<br />

fera .on emprunt réparateur, il la c.·ondiion de rcrncrscr<br />

c.-e lambeau sur sa base adhérente, pour changer sa direction<br />

verticale en direction horizontale, et pour reformer it son aide la<br />

lt•' re upérieure . .\Dl. Sédillot cl Friedlwrg ont agi ainsi. Le<br />

dernier, dans un cas d'achélie incomplète aflcctant le coté droit,<br />

tailla dans l'épaisseur de la joue correspondante un lambeau sur·<br />

le Coté du nez, le circonscrivit par deux incisions \Crticalcs<br />

pnrnllt•lcs, compléta son isolement par une section supérieure<br />

trans\crsale, disséqua sa fnre profonde ct le renversa sur sa base<br />

restée adherente pour le ramener dans le ' ide labial, de manière<br />

tt Cü f( ue le coté supérieur devenu in Leme ptH 1'tre su tu ré


IU Montpellier<br />

IALADIES DE LA T.itTE ET DU COC 205<br />

gauche U\ ivé dans un :>CilS uii!Ürcnt doit r0::-ter tH.Jhér


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206 TRIBUT A LA CIIIRURGJE<br />

ujct i\ une disràcc non moins pénible il suppot'Lcr que :-;'il !''agis:·miL<br />

d'une malndic sét·icu c. Tt·aitcr la ::;aillic anot·male conHne<br />

urw Ln meur


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MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU<br />

20i<br />

rnaticnlion CL qui donne


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208 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

Lion précic, on ne peut sc dissimuler qut> la mnni


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MALADIES DE LA TitTE ET DU COU 209<br />

par M. Deb1·ou a' a la cc fragment. Enfin, le but peut être dépassé<br />

par l'cntralnemcnt des os incisifs en arrière, comme Blandin l'a<br />

remarqué lui-mtme, ou par leur trop grande mobili ation.<br />

M. Dl'brou a cherché à remédier à ce dernier résultat en avhant<br />

les rebo1·ds des os incisifs et les rebords correspondants des<br />

maxillaires, afin de fournir à ces pièces, mises en contact après<br />

l'opération, la chance de se réunir, et a Yu cette chance sc ,·éaliscr.<br />

!ais on ne peuL méconnaitre, dans cette précaution, une<br />

complication opé•ratoi1·e qui, en multipliant les chances d'inflammation,<br />

peut compromeLLre la réunion de la lôv,·e clle-mûmc.<br />

Tout en adoptant l'idée commune de Gensoul ct de Blandin,<br />

qui remédie à la difformité par la rétropulsion des os intermaxillaires<br />

ct qui conserve au squeleLLc de la face les éléments<br />

qui lui sont naLul'els, j'ai pensé qu'on pourrait, comme dans le<br />

procédé de Gcnsoul, obtenir le redressement sans den sacrifier<br />

et, comme dans le procédé de Blandin, s'abstcni1· d'une fracture<br />

violente. Pour cela, il m'a suffi de ubstituet·l'inwùm simple de<br />

l'extrémité antérieu1·e du vome1· à son exci:Jion cunéifonne. Cette<br />

simplification, qui annule les dangers des deux opérations précédentes.<br />

m'a très bien réussi chez un enfant de huit ans, atteint<br />

de bec-dc-liè' re double ayec saillie de o inter-maxillaires ct<br />

fissure de la voùte eL tlu voile du palais. Après a'oir avivé les<br />

bords du bec-de-lièvre double a,·ec les ciseaux de Dubois, je Gs<br />

avec le mt'me instrument une section verticale à la partie antérieure<br />

de la ba e du vomer et du fibro-cartilage de la cloison, de<br />

manil-re il diminuer la résistance du support vomérien ct à pei·­<br />

mcttre le refoulement du tubercule osseux qui supportait les dents<br />

incisives saillantes en a,·ant. Cette rétropulsion s'opéra sans difliculté<br />

par le chevauchement des bords de l'incision fa ite à la<br />

cloison, ct il en J'ésulta en même temps un changement de direction<br />

des os inter-maxillaires, dont la face anté1·ieure qui regardait<br />

en haut devint pP;rpendiculaire. L'opération , complétée<br />

d'après les rgle!l ordinai1·es, eut un entiel' succès ct no fut com­<br />

PI'Omise ni par une hémorrhagie ni par aucun autre accident. Les<br />

résultnts secondaires do l'opération ont été satisfaisants : I'CSLitution<br />

do la fo r·me nonnale de 1'01·ificc buccal, redressement permanent<br />

des os incisifs et changement favorable de la forme du<br />

nez, qui a perdu son aspect épaté et disgracieux. L'opéré résidant<br />

T. Il )4


IU Montpellier<br />

210 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

à Montpellier, je l'ai examiné plusieurs fois, afin de consLater<br />

les changements définitifs. Les os incisifs redressés sont restés<br />

mobiles, par conséquent ils ervent peu à la mastication. Ils soutiennent<br />

la lèvre à la partie antér·ieure et contribuent à la r·égularité<br />

du conto01· de l'arcade alvéolaire, ainsi qu'aux parties normales<br />

de la face. Il y a actuellement dix-neuf ans que l'opération<br />

a été pratiquée.<br />

DE L'AGE FAVORABLE A L'OPÉRATION DU BEC-DE-LitiVRE.<br />

Nous avons à dessein rejeté l'examen de cette question à la fin<br />

de l'article, afin que le lecteur pùL apprécier avec connaissance<br />

do cause les conseils contradictoires qui ont été donnés sur la<br />

conduite ù tenir concernant l'opération dans ses rapports avec<br />

l'ùge du sujet. Cc point limité de la science chin11·gicalc, loin<br />

cl'avoir pnssé inaper·ç:n, a suscité en cn'et des opinions opposées,<br />

soutenues à di,·erses époques et dans diverses contrées. L'ot·igine<br />

de la controverse remonte à la lin du dix-septième jècle. Oionis<br />

('L plus tard Garengeot, pen aient qu'il ne convient d'opér·cr<br />

le bec-de-liè\'r·e qu'entre la quatri&rne cL la siième année. li<br />

fa ut, suivant Dionis, que l'enfant qui doit être opéré<br />

oit dan<br />

un âge où il puisse réfléchir et se montrer sensible au malheur<br />

d'avoir ceLLe incommodité, afin que , la connaissant , il en<br />

souhaite la guérison et se résolve à tout endurer pour y par·venir.<br />

Si le chirut·gien voulait l'entreprendre plus tot, il ne pourraiL<br />

réus ir, vu que les lè,·r·es de l'enfant ne sont ni assez solides ni<br />

ossez épaisses pour soulenit· les aiguilles. Garcngcot fait valoir<br />

des at·guments analogues et compte sur l'effet mor·al des promesses<br />

de guérison qui flattent l'enfant ou de la cmintc qu'on leur<br />

inspire de rester toujour·s avec ceLte difformité.<br />

Led rnn oppose à ces raisons sa propre cxpét·icnce ct prétend<br />

qu'il a toujours réussi en opérant des enfants même à la rnamelle.<br />

Pareille opinion a été soutenue par les chirurgiens hollandai!'l,<br />

surtout par· Roonhuysen el Heisler, qui opéraient les jeunes sujets<br />

de deux à six mois. )luys approuvait aussi l'opérntion hàtive,<br />

mais la différait jusqu'à dix mois, à cause du peu de résistance<br />

des tissus. Busch (de Strasbourg), dout Louis a surtout invoqué


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET OU COU<br />

1<br />

.. ,<br />

l'auto1·ité, a él.é 1·egardé comme le principal 1·eprésentant de cette<br />

conduite p1·atique. Il a opéré avec :mccès des nouveau-nés dont<br />

l'un a'ait i1 peine quatre jours et l'aut1·e huit. Ce chirurgien<br />

s'appuyait surtout sur cette considé1·ation que les lèv1·es sont<br />

poun·ues, au moment de la naissance, de vaisseaux sanguins dont<br />

une pa1·tie s'oblitè-re en peu de Lemps, cc qui rend la cicatrisation<br />

plu!> r·apide qu'tl une époque plus éloignée. D'ailleuJ'S les<br />

enfants n'ont pas encore l'habitude du mouvement de succion,<br />

le rire leur est inconnu. L'habitude de pleurer n'est pas encore<br />

acquise cL le!> tissus sont moins tiraillés. 1cdran ct Busch cntroinèrcnL<br />

peu d'imitateurs. 11 faut al'l'iver jusqu'à ·1826 pour voir<br />

leur opinion défendue cL mise en p1·atique. Delmas père (de<br />

Montpellier) a préconisé l'opération faite immédiatement après<br />

la naissance, ct a obtenu des succès dans Lous les cas qui sc sont<br />

pr·ésentés. Le plus intéressant de ces cas a été publié par son lils.<br />

Il concerne un enfant atteint d'une division labio-palatine, mais<br />

6Lonùuc depuis la lèvre jusqu'au voile du palais, avec un écartement<br />

considérable des maxillaires. Delmas l'opéra deua.; heures<br />

apr·è<br />

la naissance. excisa avec le bistouri les bords de la fente<br />

labiale ct les maintint à l'aide de deux épingles et d'une suture<br />

entortillée; les épingles furent enle,·ées le troisième jour et la<br />

réunion fut protégée par un bandage spécial. Le succès fut complet<br />

ct, six mois apr·ès, le •·approchement des rnaxilla:res était<br />

déjà cnsiblc.<br />

Bon61s (de Nancy) plaidaiL aussi la cause de l'opération hàtivc,<br />

à laquelle Roux se lai!' ait gagner; mais l'autorité de Boyer et<br />

celle do Dupuytren luttaient contre cette tendance, en invoquant<br />

surtout la mollesse dos tissus, la faiblesse de l'opéré, la possibilité<br />

d'hémotThagics dangereuses. L'un ne consentait à conseiller<br />

l'opération qu'à l'àge de trois ans; l'autre voulait qu'on diffé1·ât<br />

mûmo au delà de cc terme, ct leur voix autorisée était généralement<br />

écoutée. L'opinion<br />

commune, dont .ils per·sonnifiaiont<br />

l'expression, ne fut réellement ébranlée que par les arguments<br />

et les faits que P. Dubois porta devant l'Académie de médecine<br />

en 845. Sept exemples de succès obtenus dans autant d'opérations<br />

du bec-de-lièvre, telle était la statistique cou1·te, mais<br />

significative, présentée par l'opérateur. Dubois l'étayait des<br />

considérations suivantes : les petits opérés ont à peine conscience


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

do la douleur, ils n'en gardent aucun souvenit·, et le sommeil<br />

s'empare d'eux après l'opération : point d'hémorrhagie ni d'autre<br />

accident. La sensibilité des tissus est atténuée pat· la promptitude<br />

de l'adhésion. 11 n'est pas nécessaire c..le suspendre l'alimentation,<br />

l'allaitement par le biberon ou le sein de la nourrice étant<br />

également possible. L'opération est facile, prompte, sùre, l'encoche<br />

qui la suit est moindre à cet âge. L'opération facilite le<br />

rapprochement des os, s'il y a fissure profonde, et l'éducation<br />

générale de l'enfant est heureusement influencée. Enfin la gué·<br />

rison des enfants répond à un vœu ardent dos parents. On ne<br />

peut méconnattt·e avec Dubois que la naissance d'un enfant<br />

affligé d'un bec-de-lièvre est un grand malheur, surtout pour<br />

une famille qui occupe par ses lumièi-es ou sa fortune une<br />

certaine position sociale et que le chirurgien peut aussi s'inspirer<br />

de cette considération pour tenter une guérison hàtive.<br />

La Société de chit·u•·gie a repris la même que. Lion dix ans<br />

après, et en a fa it la base d'une discussion intéressante. il laquelle<br />

ont pris part contraJictoirement ses membres les plus éminents.<br />

Lenoir, Dauyau et )Jatjolin partageaient l'opinion de t>nui Dubois;<br />

Denom·illiers et ichon combattirent l'opét·ation hàti,•e ; Gner·­<br />

sant posa une opinion éclcctiqae. L'at·gumcntation qui battait en<br />

brèche l'opération hàtive obtint le plus de nccès et réunit le<br />

plus d'adhérents, quoiqu'elle soit évidemment empreinte d'exagération.<br />

On s'appuyait surtout de nouveaux faits malheureux.<br />

Les moindres inconvénients étaient, aux yeux dos adversaires de<br />

l'opération hâtive, l'indocilité des sujets, la mollesse des tissus,<br />

la douleur, l'impossibilité de la succion. Le tort majeur attribué<br />

à coLLe manière d'agir consistait dans les dangcr·s qu'elle suscite<br />

pour la vie de l'enfant. Dupuytren avait déjà dit qu'en opérant<br />

des enfants très jeunes, on augmente leschancos de mor talité qui<br />

pèsent sur eux. M. Denon villiers signale spécialement les maladies<br />

qui menacent les enfants affectés de bec-de-lièvre, tolles quo la<br />

scarlatine, les affections intestinales, et on déduit leur viabilité<br />

restt·ointe, que l'opération restreint davantage. Michon n'hésite<br />

pas tlirc que si on opère un bec-de-lièvre compliqué immédiatement<br />

après la naissance, l'enfant peut être considér·é comme<br />

ac ri fié, et Mirault (d'Angers), venant à la l'escou se, vante l'abstention<br />

comme gage de la sécurité du petit ètre affecté de bect<br />

l


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 213<br />

t<br />

1<br />

de-lièvre. Nous voilà bien loin des beaux succès annoncés par<br />

Paul Dubois. Le jeune praticien pourrait voir dans ces résultats<br />

contradictoires une cause sérieuse de doute et d'embarras. Mais<br />

voilà qu'une statistique très détaillée, publiée par )1. Périat, ct<br />

reproduite par M. Demarqua y, démontre par un relevé de cent<br />

soixnntc-neuf opérations, extrait des publications contcmpot·aincs,<br />

que l'opération du bec-de·lièvre donne des résultats<br />

généralement satisfaisants, quel que soit l'àgc auquel on opère.<br />

Cc n'était peut-être pas la peine de citer tant d'opinions ct t.ant<br />

de faits pour anivct· aux conclusions que suggèrent à la fois le<br />

bon sens ct l'expét·ience ot·dinaire. lais on est moins étonné cl cs<br />

incet·titurles démontrées par l'historique. que nous avons tracé<br />

sur une matière où il semblerait que les leçons de l'expérience<br />

sont faciles à recuei llir, lot·squ'en parcourant les annales de 1\u·t,<br />

on voit tant de sujets simples en apparence, embarrassés por la<br />

variété des résultats et par les discussions auxquelles ils ont<br />

rlonné lieu. La notion des controverses sus-énoncées n du moins<br />

cet avantage, qu'elle met plus en relief les points délicats rclotifs<br />

à la détet·minntion de l'àge le plus convenable pout· l'opération<br />

du bec-de-lièvre. On y trou\'e aussi l'occasion de s'assurer que<br />

le contingent des raison fortes ou faibles apportées par I1'S partisans<br />

des diver cs opinions a été plus souvent ba é sur les<br />

éventualités et les pr·emières impt·cssions de l'expérience personnelle,<br />

que sur une appr·éciation rigoureuse des éléments de la<br />

question ; aus i ne tiendrons-nous pas compte des divergences<br />

sus-énoncées, et nous nous contenterons de résumer, en dehors<br />

du point de vue historique, les raisons sur lesquelles doit être<br />

fondée la conduite de l'opérateur.<br />

La théorie de l'arrêt de développement est de nature à éclairer<br />

cette que lion. En eflèt, il est utile de remarquer quo l'arrêt<br />

pout n'Nrc pas terminé au moment de la naissance. Pendant que<br />

les parties voisines s'accroissent el prennent les pr·oportions régulières<br />

quo comporte le développement naturel, les lèvres Cl la<br />

voùtc palatine , où existent les fissures , n'acquièrent qu'une<br />

augmentation proportionnelle moindre, ct se trouvent plus tard<br />

dans un état d'atrophie relative qui rend· plus sensible la difformité<br />

locale. Cette considération, qui nous parait justifiée par<br />

plusieurs faits, a été entièrement passée sous silence par les


IU Montpellier<br />

2H<br />

TRmUT A LA CRIRURGlE<br />

chirurgiens et milite en faveur de l'opération pratiquée de bonne<br />

heure. La réunion opératoire des portion· labiales séparées par<br />

la fente anormale assure leur participation à la nutrition collective<br />

et fa\'orise leUJ·développement ultér·ieur dans des proportions<br />

convenables.<br />

Nous avons vu qu'on peut réussir à tout ùge ; mai<br />

il s'agit<br />

moins de mettre en regard des possibilités de succès depui le<br />

moment de la naissance jusqu'à l'adolescence, que de détenniner<br />

parmi les précautions qui peuvent aboutir au succès , colle qui ,<br />

au point de vue de l'âge, y conduit avec le moins d'inconvénient.<br />

Pour simplifier cette question, il convient de classer les principales<br />

époques de l'opération. Celle-ci peut être l'ai tc immédiatement<br />

après la naissance, pendant la première année de la vic,<br />

à l'àge de trois ou quatr·e ans, et dans les annees qui suivent<br />

jusqu'il l'adolescence. En d'autres termes, l'opération peut être<br />

hâtive, différée ou tardive.<br />

Ramenée en ces termes, la question nous parait pouvoir sc<br />

résoudre en faveur de l'opération hùtiYe, c'est-à-dire de celle<br />

qu'on pratique immédiatement après la nais ance ou dans le<br />

premières semaines qui la suivent. L'opération différée ou celle<br />

qui s'étend depuis le commencement de la dentition ju que vers<br />

la quatrième année, prépare plus d'embarras ct de danger<br />

toute autre. A cette époque de la vic, en effet, il n'existe pa<br />

que<br />

assez de r·aison chez ces enfants pour supporter patiemment l'eécution<br />

ou le suites. Les cris, les pleurs, les éternuements, les<br />

impatiences, ne peuvent ètr·e maitrisés par la raison; ct en supposant.<br />

que le bénéfice du sommeil anesthésique ait permis de<br />

fa ire sans douleur l'avivement des bords et la suture du bec-delièvre,<br />

les effets immédiats de l'opération sont compromis par<br />

l'indocilité dos enfants qui, par des contractions intempestives<br />

des muscles de la face, doués alors d'énergie, déchirent la cicatrice<br />

au moment de l'ablation des épingles. Le non-succès de<br />

l'opération arrive presque toujours à cet âge par une pareille<br />

cause, ct nous nous croyons fondé à déclarer, malgré des asscr·­<br />

tions contraires , que c'est une époque véritablement ingrate<br />

pour· l'opération. Des motifs d'une autre nature nous empêchent<br />

de proposer d'une manière générale l'epoque de l'adolescence<br />

ou de l'àge adulte. Si cet àge se prête, en raison de l'état des


IU Montpellier<br />

MA.LADIES DE LA. TlSTE ET DU COU 215<br />

ti sus cL de la résignation des opérés, au succès le plu complet,<br />

ces avantages sont achetés par une attente si pénible, que celleci<br />

c transforme en ar·gumcnt sérieux contre l'adoption de cette<br />

époque de la 'ic à titre d'àge d'élection.<br />

Les partisans de la temporisation ont basé leur conduite plutôt<br />

sur· les inconvénients attr·ibués à l'opération précoce que sur les<br />

a'antages absolus de l'opération tardive. Ils e sont con tent.és<br />

de rcconna!lrc que, dans ce dernier cas, les lèvre développées<br />

permettaient une section exacte et un affrontement facile; que<br />

lem tissu, Joué de consistance, supportait le séjour des aiguilles<br />

sans s'ulcérer, ct que les sujets à opérer, devenus raisonnables<br />

ct décidés it touL, supportaient avec r·ésignation l'exécution<br />

chirurgicale ct ses suites. Plus sévèr·es pour PoplmHion non<br />

ndopLéc qu'élogieux pour l'opération pr6féréc, ils ont accumulé<br />

contre la première de arguments qui commencent à Dionis cL<br />

llni!'scnt à Michon, sans acquérir d'autre valeur que celle de sc<br />

renforcer par la répétition. Le très jeune enfant, a-t-on dit, ne<br />

peut sc pr·ètcr aux précautions qu'exigent la section des tissus et<br />

l'emploi de la suture. li cric, il s'agite, se livr·e à toute l'énergie<br />

de se mou,·cments lor·squ'on l'aborde. Le peu de consistance<br />

des tissus les rend pr·omptcment divisibles par la pression ulcérati\'C<br />

des épingles qui les traversent ; la langue obéis ant à des<br />

efforts in. tinclifs de succion, engage sa pointe entr·c les lèvres de<br />

la plaie et gène ou détruit la réunion. La nécessité de faire 0ardcr<br />

la diète ct de pri,er les enfants de l'allaitement apporte un<br />

trouble pr·ofond à la nutrition générale et produit un amaigrissement<br />

pr·éjudiciablc à la réunion. L'opération elle-même est<br />

dangereuse pour la vie, lorsqu'on la pnüique à un àge oi.t la tolér·ancc<br />

vitale est presque nulle.<br />

L'observation pratique s'est chargée de répondre à tous ces<br />

arguments accumulés plutôt par l'habitude que par une vérification<br />

expérimentale. On peut soutenir, en effet, contr·airemcnt aux<br />

assertions qui précédent, que le nouveau-né se montre par sa<br />

faiblesse mùme docile à l'opération opératoire, que non-seulement<br />

la succion n'est pas impossible après l'opération, mais qu'il<br />

y a a van tage il laisser téter le jeune enfant avec sa lèvre su tu r·éc.<br />

On s'c t convaincu qu'en fa isant usage d'épingles déliées, les<br />

tissus, malgré leur mollesse , r·ésistaienL suffisamment pour que


BIU Montpellier<br />

216 TRIBUT A LA CliiRURGIE<br />

leur reunion n'échouàt pas ; enfin, que los on fan·ts ne recevant<br />

qu'une fa ible impression d'une action·chimrgicale aussi simple<br />

ct aussi limitée, les chances ùe mortalit6 dans le premier àge de<br />

la vic n'{•taient pas augmentées. 11 faut bien distinguer, en effet,<br />

entre la léthalité de l'opération, qui est presque nulle, ct la léthalité<br />

attachée' à l'anomalie, surtout quand celle-ci est considérable<br />

et que les enfants sont dans de fâcheuses conditions, t.elles qu'elles<br />

peuvent cÀister dans les hopitaux ou dans les ménages néccssiteuÀ.<br />

L'opération ne saurait assumer pour le compte de son<br />

influence pr·opre ce qui tient à des causes plus générales, augmentant<br />

la léthalité absolue aussi bien chez los enfants opérés que<br />

chez coux qu'on laisse avec leur· anomalie.<br />

En somme, l'opération précoce, quand le chintrgien est consulté<br />

opportunément, obtiendrait notr·e préférence. Lorsque le<br />

bec-de-lièvre est simple, les sur·faccs à nvi,·er et \ réunir sont<br />

trè<br />

peu étendues, l'implantation des épingles n'exige ni temps,<br />

ni efforts. DcuÀ coups de ciseaux, deux piqùres, deux tours dC'<br />

fil, ct l'opération est terminée. L'épatement du nez, qu'on rencontre<br />

souvent chez les adultes lor·squc le bec-de-lièvre remonte<br />

haut, l'écar·temont et la résistance des cartillages sont presque<br />

nuls chez les jeunes enfants. L'angle curviligne qui se trouve au<br />

point de ,·éunion du bord verticnl avec le bord horizontal de la<br />

lèvre fendue étant faonné d'apr·ès une courbe plus court rayon,<br />

l'excision proportionnelle qui doit Nre faite au dépens de la<br />

lèvre permet d'é, iter plus facilemcnl l'angle r·entrant qui se<br />

produit souvent à l'extrémiLé libre de la cicatrice à la suite de.<br />

opérations faite chez les adultes. S'il 'agit d'un bec-de-li{', 1·e<br />

double ou compliqué, l'opération fa ite immédiatement apr·ès la<br />

naissance rencontre des circonstances plus simples que celles qui<br />

existeront ultél'icuremcnL chez l'adulte, puisque le non-développement<br />

des gormesdentair·es exclut néccss


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TitTE ET OU COU 2·17<br />

\<br />

maxillaires, dont les connexions sont ainsi régularisées. Cet<br />

avantage compense la plus grande importance opératoit·e du becde-lièvre<br />

double immédiatement aprè la naissance. Nous n'hési­<br />

LOns pas à reconnaltt·c que si la complication était trop grande et<br />

qu'il falhH une opération chciloplastiquc importante, il vaudrait<br />

mieux différer jusqu'il l'âge de raison.<br />

Nous croyons pouvoir ajouter que, dans tous les cas où l'opération<br />

précoce est rationnellement exécutable, le développement<br />

normal de la lènc sc complète plus régulièt·cment, et que la<br />

coalescence artificielle, rapprochée de l'époque de la coalescence<br />

naturelle, influe sur· la nutrition de la lèvre ct des parLie<br />

voisines, ct les rapproche, cu égard à leur forme ou à leur<br />

volume, du l) pc normal de la physionomie, type qni s'altère<br />

d'une manière invariable ct conserve chez l'adulte le cachet de la<br />

monstruosité lorsque l'opération a (• té fai Le d'une manière ta rd i vc.<br />

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IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 219<br />

la possibilité de la<br />

guérison du bec-de-liêt>re dans le sein clc la mère.<br />

ln Re11ue méd. chir., 1848 -CosTE. Hist. génér. et pat·t. du détclopp.,<br />

l. 1, fasc. 2. 1848.- VROLtli.. Tabulœ ad ill•tstrandame mbryogenesim.<br />

-AlntON. Die chirurg. Pa th. in Abbildungen, t. IV, fig. 69.-LESUEUR.<br />

Bec-de-liè11re. Emploi du collodion . ln Journ. de méd. et de cltir.pt•at.,<br />

18:>(). - RtCIIARD (A.). Sttr la twaie nature de la (tssto·e labio-palat. ln<br />

Arch. gén. de méd., t. XXV, p. 419, 185\.-BtTOT. Considérations sur<br />

le bec-de-liih,re. Bordeaux, 18:j 1 . -<br />

J:liontAND. Du bec-de-liètJt ' e et de<br />

son t·ait. Thèos de Pari, 1852. - Ou même. Appat·eils compress . pour<br />

remédier li la saillie du t1'be1·c. médian. ln Bull. de thé1·apeut., t. XLIV.<br />

1835. - HERMAN FmEDBERG. Cas de bec-de-lièvre comrJiiqtd; procédé<br />

autoplastiquc. ln B1·istish andForeign. Med.-Ch. Review , t. XVIII,<br />

1856. - RICHARD RuTCHER. On Operative Measu1·e of Hase-Lip. In the<br />

Dubl. Qum·t., 1856.- SEDI!,LOT. Nouveau procédé permettant d'cu,gmenter<br />

la hauteu1· de la lètn·e dans les opénttions de bec-de-lièvre et de<br />

cheiloplastie. lu Compt. 1·encJ. Acad. des Sciences, t. XLIII, 1856, ote.;<br />

Jom· ., t. XXI, 1856, ûg. col. ln Bulletin de la Société de chiru1·gie,<br />

18)û-:'>7 ; Voir los mémoires ot communications de Denon villiers, Micbon,<br />

Guorsant, Verneuil, Chassaigoac, 1856-57-59. - MIRAULT (d'Angers). Sur<br />

la suture entrecoupée stbstituée à la suture entortillée. ln Bulletin de<br />

thér., t. Lll, 1857. - PÉRIAT . Recherches historiquessur l'opb-ationdu<br />

bec-d.:-liètt·e. Th. de Paril!, 1857. - FERGUSSOK. A system of Pratical<br />

1Jerge1·y London, 1858 {Holmes) .- ScBULTZE. Mort subite apn;s une<br />

opéra tion de bec-de-lièvre. ln Ga.:. he bd. de méd. et de chir., 181XS. -<br />

Vol.li.MANN{de H!llle). Jlfo;·t subite après une opération, de bec-de-lièvre.<br />

ln Jlfonatschr. (. Gebut·tsJ,., t. Xl, 1858 et Ga:;. helJd., 1858. - OICKE.<br />

Nouveau proo:édé pour é11iter les ciC3trices des aig•tilles sut· la peat' ii la<br />

suite de l'opérat. elu bec-de-lièvre. ln the lancet, t. 1, 1858.- BonliER.<br />

Du 1Jec-de-l1ètJre, son anut. path. et son étiol. Th. de Paris, 1859. ­<br />

MURRAY (do Brigtoo) . Bl'c-de-lièvt·e hùédit. etpertuis de la lèv1·e infét·ie"re.<br />

Iu Brit. and For. Med . Chir. Review, t. XXVI, 1860.- RtCIIET·<br />

Bec-de-lièvre double et perttûs de la lèv;·e infériem·e . ln Bullet. de la<br />

Soriété de chi?·., 1861. - HEKIU (de Nantes). Nouveau procédtf d'avivement<br />

dans l'opération . ln Bulletin de la Soc . de chir., 1 8ûl . - DEPAUL.<br />

Bec-de-lièv;·e avec anomalie de la lèv1·e inférieu,·e. ln Btlletin de la<br />

Soc. de chir ., 1861 .- RANVIER . Bec-de-lièv1·e bi-1-ztél·,,l. ln Ga:;. métJ.,<br />

1861. - DEBOUT. Coup d'œil sur une des fo ,·mes les plus rares du becde-lièvJ·e.<br />

ln Bulletin g éné1·al de thérap ., 1862.- GuERSAN'l'. Notices sur<br />

la chirurgie des enfants, 1863, in-so. - GtRALDÈS.<br />

Leçons sur les maladies<br />

chirtwgicales des enfants, 186&. - DELORE (de Lyon). Opù·ation<br />

tin<br />

bec-de-liè11re avec staphylot·aphie et ouranoplastie . ln Bull. d la<br />

Soc. de chir., 1865. - TnÈVENtN. Considérations su;· le traitement du<br />

bec-de-lièvre compliqué. Th. de Paris, 1866. Voyez, en outre, les Trllités<br />

généraux de chirurgis ou de médecine opératoire, notamment ceux de<br />

Boyer, Velpeau, Nélaton, Sédillot, et les articles BEC-DE-LIÈVRE de l'En-


IU Montpellier<br />

220 TRIBUT A LA CHTRURGIE<br />

cyclopédie méthodique, du Grand dictiotmairc des sciences mécl•calcs,<br />

du Dictio1maiJ·e de chirurgie de S. Cooper, du Dictionnaire Cll30 volumes<br />

; !"article récemment publié par M. Demarqua y da os le Dict. de<br />

mJdecinc et de chirurgie pratique; le System of Sv.1·gery, de Holmcs, etc.<br />

Voyez aussi pour !"historique ('t la bibliographie, l'Histoire de la méddcine<br />

Je Sprengel, t. VIl, la Chirut·gie de Cbe:ius, la tho•o rlo J'li. Perint<br />

(Paris, 1857).


IU Montpellier<br />

DU CANCER BUCCAL<br />

CHEZ LES FUMEURS<br />

l.<br />

Le Cancer des (wneu1·s est presque une maladie nouvelle. 11 se<br />

rattache dans son origine aux habitudes de la sociétc mode1·no ;<br />

il n du moins acquis une prédominance qui permet de le compte1·<br />

parmi les alfection prop1·es à noue époque. CeLte Yariété morbide<br />

attaque la bouche, et particuliè1·ement la lèvre inférieu1·o.<br />

Quoique ,.e, ètant la forme cancé1·eusc réputée la plus bénigne,<br />

elle occa_ionne des tumeui'S ou des ulcères d'un fùchcux cnr-acu\re<br />

ct dont la mo1·t peut èt1'e la suite, si la chirurgie n'intel ' \ icnt<br />

pas i1 propos. La po ibilité d'une terminaison au:osi gra,e, pour<br />

une maladie contractée dans des circonstance<br />

qui tendent à<br />

procurer une distraction eL qui, par conséquent, cachent une<br />

menace sous l'apparence du plaisir, est sans doute de nature <br />

p1·ovoquer l'attention des<br />

pathologistes ; aussi a-L-on déjà<br />

recueil! i sut· cc po in L quelques données utiles. Nous venons ajou ter<br />

des faits ct des observations à un sujet qui a pou1· ainsi dire<br />

p1·ovoqué notre étude. Un très grand nombre do cas de cette<br />

espèce se sont, en effet, présentés dans notre pratique, et il nous<br />

eût été difficile de n'ètre pas frappé de leur multiplicité ou de<br />

leur importance.<br />

Le cancer de la bouche est tellement fréquent à l'hôpital Saint­<br />

Eloi de Montpellier, qu'on ne sau1·ait êt1·e taxé d'exagération<br />

en affh·mant que c'e:o:t une des maladies qui donnent lieu au plus<br />

grand nombre d'opérations chirurgicales. Cctasile est fréquenté,<br />

non-seulement par les malades de la ville et du département, mais<br />

plus encore pa1· les malades des contrées voisine qui , dépourvues<br />

d'hôpitaux importants, déversent SUl' la Cité medicale les indi-


IU Montpellier<br />

222 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

gent auxquels les secours de la chirurgie sont néce sair·es. Les<br />

département de l'A ,·eyron, de la Lozère, de l'Ardèche fourni scnL<br />

par'liculi


IU Montpellier<br />

MALADŒS OF. LA TÊTE ET DU COU 223<br />

f<br />

Que le tabac, devenu la source d'un revenu public, sc soit<br />

répandu graduellement et pa1· une SOI'te de puis ance i1Tésistible,<br />

dès l'époque de on introduction en Europe, au xv1' siècle, jusqu'à<br />

nos jours, où l'on en fait usage chez Lous les peuples, depuis<br />

l'Européen laborieux jusqu'à l'Oriental indolent ou au sauvage<br />

abruti, ct dans toutes les classes de la société, depuis les habitants<br />

des palais jusqu'à celui du plus humble asile ; que cette<br />

plante, dont les effets ne répondent à aucun besoin naturel, qui,<br />

dès les premiers essais, provoque des nausées, du ùégoùt ct<br />

d'autres sensations désagréables, entre promptement dnns les<br />

habitudes de celui qui a surmonté la répugnance initiale ; qu'elle<br />

soit prisée, fumée, màchée ; que les sensations f!u'clle donne<br />

acquièrent par leur réitération une puissance qui en rend le<br />

besoin assez impérieux pour que sa privation soit une souffrance ;<br />

que le marin, le p1·isonnier, l'ouvrier indigent préfèrent parfois<br />

le tabac au pain lui-même : que tous les fumcu1·s s'accordcnt pour<br />

attribue1· tl ses effets un charme indéfinissable OtJ ils I'et1·ouvent<br />

l'oubli de leurs maux, nous con\'iendrons a surément qu'il y n<br />

là quelque admi1·able mcn'eille, et nous n'entreprendrons pas la<br />

tentative stérile de modifier sur cc point des habitudes que nos<br />

page ignorées ne sauraient combattre. Apr·(·s tout, le succès du<br />

t.abac a san doute sa rai on d'être. Ne fùt-il qu'une conséquence<br />

de l'art de 'iHe plus heureusement, art dont un des problèmes<br />

consiste à se créer des besoins qu'on puis e sa ti faire ; 1.hH-il en<br />

partie sa propagation à la mode, que la 1·aison reconnan si souvent<br />

comme sa sou,erainc, cet usage répond à un instinct qui, pour<br />

être mal défini, n'en parait pas moins puis ant. S'il faut en croire<br />

la béate annulation intellectuelle des fumeu1·s, le tabac sernit,<br />

par les effets qu'il produit, un des rares concctifs de la nature<br />

tourmentée de l'homme. S'il en est ainsi, que le philosophe en<br />

pe1·1nettc ou en conseille l'usage. i\Iais cette tolérance ou cette<br />

prescri ption ne doit pas fe,·mer les yeux au médecin observateur·,<br />

ct celui-ci a le devoir· de faire connattre les faits qu'il r·ccucillc ct<br />

qu'il vérifie.<br />

En t1·e autres incon,·énients que la consommation immod61·6e<br />

ùu tabac peut occasionner, nous nous bomerons à signaler la<br />

production du cancer ou du cancroïde de la bouche. Comme<br />

notre intention n'est pas de faire une étude complète


IU Montpellier<br />

22<br />

TRIBUT A LA CIIIRURCIE<br />

physiologiques du tabac, ni de lui adresser une accusation en<br />

forme, mais de limiter ceLte étude à l'action qu'il exerce comme<br />

cause pathogénique du cancer buccal, nous restreindrons ce<br />

tra' ail au point de vue que nou signalons, ct sur lequel nous<br />

cspét·ons rendre la vérité évidente non moins qu'utile.<br />

Il serait hot· de propos de reproduire pour nos lecteurs la<br />

description du tabac au point de vue botanique ct chimique. Tl<br />

nous suffit-a de rappeler que cette plante, remarquée par les<br />

Espagnols dans l'ile de Tabago aux Antilles, et introduite en<br />

Europe en 060 par Nicot, est connue sous les noms de Nicotiana<br />

tabacum, expressions qui désignent it la fois son origine ct son<br />

importation ; qu'elle appartient à la famille des solanées; que<br />

d'un emploi tt·ès t·cstreint en thérapeutique, elle est en revanche<br />

très répandue pour un usage ft·ivole, eL que tians cc dcmicr but<br />

les fouilles de la plante sont soumises à une préparation spéciale.<br />

Cette pr6pat·aLion, consisLnnL principalement it les arroser avec<br />

de l'eau salée eL de la méta se, a pour résultat de J)I"Ovoqucr<br />

une fermentation pendant laquelle se produit de l'ammoniaque ;<br />

l'alcali met en liberté la nicotine, ou principe actif du tabac, qui<br />

lui doit c propriétés itTitantcs, son odeur àcre ct sLernutatoire ;<br />

enfin, cette nicotine isolée eL à l'état de pureté de,ienL une substan


IU Montpellier<br />

MA.LA.DIES DE LA. TÊTE ET DU COU 225<br />

parties de la bouche ne soit devenu plus fréquent depuis que<br />

l'habitude de fumer s'est non-seulement répandue d'une manière<br />

générale, mais qu'clio s'est accr·ue chez les individus qui l'ont<br />

contractée. Si l'on compare à cet égard les tableaux de consommation<br />

du tabac en France au commencement de ce siècle avec<br />

ceux de l'époque actuelle, on se convaincra que c'est surtout<br />

depuis la fin de l'Empire , et spécialement depuis 1830 , que<br />

l'u age de ceLle substance s'est généra li é d'une maniè-re vraiment<br />

extraordinaire '. Or, il c t à rcmar·querquc le nornbr·e des cancers<br />

des lèvres est devenu plus considér·ablc mesure que l'invasion<br />

de l'habitude qui pou\ait provoquer cette maladie fa isait ellem!mc<br />

des progr(•s. Cette lésion était assez rare avant l'époque<br />

contemporaine. Si l'on consulte les auteur•s de chirUJ·gie du dernier·<br />

siècle, ct mfome ceux du commencement du siècle actuel, on<br />

r·cconnait que le cancer des lèvres n'est pas notk dans leurs<br />

ouvrages comme arfcct.anL une prédominance marrruée sur· celui<br />

des autr·es régions, ct nul d'entre eux ne par·a!L U\'Oir souponné<br />

que l'influence du tabac à fumer pùL jouer un rolc comme cause<br />

détcr·minanlc de la maladie.<br />

On peut s'en convaincre en parcourant les articles consacrés à<br />

l'étude du cancer buccal dans les traités généraux de Sabatier,<br />

Lévei\16, Boyer, Del pech, Richerand, etc. Les chir·ur·giens étranger·s<br />

à qui l'on doit aussi une exposition générale do la science ,<br />

tels que lleistcr, Bell , Hichter, M.onteggiu , gardent le même<br />

silence sur· cc point d'étiologie, qu'on ne trouve pas signalé non<br />

plus dans les auteur· d'ouvrages spéciaux sur les maladies de la<br />

bouche, tel que Jourdain ct Gariot. On n'enfreint pas les règles<br />

d'une induction r·ationnelle en admettant que si des obscrvatcur·s<br />

que leur expérience rnettail à même de recueillir· ct de juger les<br />

faits de cet ordre , n'ont pas rema1·qué la fréquence du cancer<br />

labial dans la proportion Oll nous le constatons aujourd'hui, c'est<br />

que la cause occasionnelle de ceLLe maladie était moins com-<br />

1 Les décrets impériaux de 1810 et de 1811 nynnt restiué Il l'lhRt le monopole<br />

des t.'\bacs et créé ln t-éyie, on n constaté, pnr les documents officiels de cette<br />

Administrntion, •tue ln vente des tabacs procurait i1 celle épotrue un bénéfice<br />

annuel de 25 millions pour le Trésor ; depuis, ce prod•1it n'a fnitque s'augmenter,<br />

et dans de telles proportion,, IJU"il donne aujourd'hui à l'tnt un revenu de près<br />

de 200 millions.<br />

T. Il 15


IU Montpellier<br />

226 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

muno qu'elle ne l'est de nos jout·s, et que le nombre des fumeurs<br />

étant beaucoup moindre , le nombre des maladies que cette<br />

habitude engendre était aussi bien moins considérable. En<br />

revanche , l'accroissement du nombre des fumeurs ;, outrance,<br />

qui se rendent esclaves de cette pernicieuse habitude depuis leur<br />

adolescence , ct qui cèdent ;, l'empire qu'elle exerce jusqu'à<br />

fumer presque ans interruption, à ce point que pour certains<br />

d'entre eux le sommeil lui-même n'est pas un temps ùe •·epos ct<br />

n'afl'ranchit pas l'ouverture buccale du contact de la pipe ou du<br />

cigare, cet accroissement, disons-nous, a fait nalLre , dans une<br />

proportion évidemment inconnue autrefois, le nombre ues<br />

maladies cancéreuses de la bouche exigeant dos opérations chirurgicales.<br />

Jamais il n'a été autant question, ·Jans les hopitaux<br />

ou dans la pratique civile, des cautérisations , des excisions des<br />

lèvres ou de la cheiloplastie. CeLLe dernière opératiou , dont on<br />

ne trouve que quelques traces historiques dans Celso et dans<br />

l•'ranco, mais qui dans la pratique commune était à peu près<br />

inconnue, a surgi de nos jours non-seulement comme une manifestation<br />

des progrès gênéraux de la médecine opératoire, mais<br />

comme une pt·euve des occasions plus fréquentes qu'ont eues les<br />

chirurgiens de recourir à des procédés dont les ravages du cancer<br />

labial ont accru la nécessité.<br />

Les professeurs Roux, à l'hùtel-Dieu de PaJ"is, et Lallemand ,<br />

à l'bopital Saint-Éloi de l1ootpellier, ,·appelaient sou\'ent dans<br />

leut' enseignement clinique la réalité de cette nou,cllc influence<br />

étiologique. M. Let·oy d' É tiolles, à qui l'on doit une statistique<br />

de l'artcction cancéreuse, a fait aussi une part importante à l'habitude<br />

de fumer, pour la production do l'afl'ection cancéreuse<br />

des lèvres, ct cette ct·oyance s'est encore fortifiée par les observations<br />

que l'on doit à M. Riga! (de Gaillac). Depuis lors , cc<br />

détail d'étiologie est au moins succinctement mentionné dans les<br />

L•·aités d'hygiène • ou dans les traités récents de chirurgie. Nous<br />

avons recueilli su•· le même sujet d'autres t émoignages consécutifs,<br />

soit de la part des chirurgiens militaires , soit de la part<br />

de praticiens établis dans des contrées où l'usage du tabac a p•·is<br />

1 lichcl Lëvy, ll!lgienc publique et priuëe.<br />

2 Oenoovilliers et Gosselio, Compendium de chirurgie.


IU Montpellier<br />

4.<br />

MALADIES DE LA TitTE ET DU COU 227<br />

('il sc peut) des propor-tions encor·e plus fort.cs qu'en France :<br />

11ous \Oulon,; parler de l'Algérie. On consultera a\eC fruit, sur<br />

cette que. Lion , les observations récemment publiées par M. le<br />

docteur Pa) n 1, médecin colonial à lluvsein-Ocy. Les micrographcs<br />

ou le chiruqicn!j modemes qui se sont occupés de la<br />

distinction du cancroïdc ct du cancer, )L Lcbert entre autres,<br />

acceptent la réalité de l'influence locale que nous signalons pour<br />

le cancroïde buccal ; ct si nous insistons sur cc point, si nous<br />

apportons une liste noU\elle d'observtions , c'est qu'il existe<br />

cncor•e des chirurgiens incrédules (ce sont peut-(•trecles fumeur·s<br />

qui cherchent\ sc fair·e illusion), disposes à absoudre le tabac<br />

de toute charge) , ct qui prétendent que si cette substance jouait<br />

un rùle étiologique danger·eux, le cancer· serait encor·e plus fréquent,<br />

quo tous les anciens fumeur·s devraient en présenter des<br />

traces, cc qui n'est pas confirmé par· l'observation, ct quo d'ailleurs<br />

cc ne sont pas les individus qui fument le plus et dans<br />

les plus mau\'aiscs conditions, qui sont le plus nécessair·ement<br />

atteints de cancer buccal.<br />

En bonne logique médicale, ces ar·gumcnts n'ont pas une<br />

;;r·ande 'aleur. De cc que tous les fumeurs ne sont pas atteints<br />

de cancer, il ne s'ensuit pas que l'usage du tabac n'est pour<br />

rien dans la pr·oduction de cette maladie. Il faut sans doute quolqu('<br />

chos


IU Montpellier<br />

228 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

vation médicale proprement dite ; nous pourrions au besoin<br />

imoqucr l'affirmation de personnes lrs autorisées il émettre<br />

une opinion sur ce point, celle de fonctionnaire supérieurs de<br />

l' Aùrninistration des tabacs.<br />

l h ablissons d'abord que l'affection cancét·cu e des lè' re peuL<br />

sc présenter sous les deux formes généralement admises aujourd'hui,<br />

sa, oit· : lccancroïde et le cancer propl'cmcnt dit. La premièl'e<br />

forme de la maladie , nommée aussi épithélioma , est<br />

bc:wcoup plus ft·équente que la seconde ; c'est elle qui constitue<br />

principalement le cancer des ftttmeurs. L'obson·ation micrographique<br />

démontre qu'elle a pour· élément historique la cellule<br />

épidennique, et l'on peut suivre par l'observation les progrès tic<br />

la maladie chez les fumeurs, depuis lo simple épaississement do<br />

la couche épithéliale naturelle, jusqu'à l'infiltr·a ti on épidermique<br />

des tissus auxquels cet élément est primitivement étranger. Le<br />

cancer proprement dit relève plus exclusivement d'une cause<br />

générale; à cc titre, il n'affecte aucune prédilection dominante<br />

pour les lè,•rcs, et lorsqu'on l'y retrouve, il s'y montre sans<br />

relation nécessail-e a\ec l'action locale de la pipe ou le contact<br />

direct dn tabac. Il atteint presque indifféremment tous les points<br />

du contour ou de la cavité de la bouche ; il sc dé,cloppe a' ec<br />

une égale fréquence chez ceux qui ne fument pas cL chez les<br />

fumeur·, quoiqu'on puisse ètre fondé à affirmer que ceux-ci y<br />

sont un peu plus exposés. On le retrouve l peu pr- indifféremment<br />

chez les femmes el chez l'homme. Nous l'a' ons ob crvé il<br />

l'étal d'encéphaloïdc ou de fongus hématode , c'est-h-dir·r de<br />

tumeur érectile dégénérée , chez de tr·


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU '229<br />

le point altéré ; et comme contre-épreuve de cett.e ré,·élation, si<br />

l'on examine l'ét.at des arcades dentaires inférieures ou supérieures,<br />

on constate chez les vieux fumeurs une dépression, une<br />

usure \éritable sur le bord des dents qui corre pondent h l'épithélioma.<br />

Cette usure est produite par le contact prolongé de la<br />

pipe, qui est re:ue dans une échancrure oit elle est retenue plus<br />

facilement, ce qui engage le fumeur à lui donner invariablement<br />

cette place. Il en résulte que le tuyau de l'instrument est LOujours<br />

en contact avec l1s mêmes points de la lèvre, ct que celleci<br />

subit nécessairement une excitation lente ct continue. La lèvre<br />

supérieure , nffroncbie d'un contact aussi r·éitér6 , est beaucoup<br />

moins sou, ont le si('gc do la maladie ; la commissure labiale ost<br />

clle-mèmc hnbituellcmcnt épargnée , et lorsqu'on observe l'épithélioma<br />

Jans ces dernier·s points , c'est ordinairement par la<br />

propagation de la maladie dont la lèvre inférieure a été le siège<br />

primitif.<br />

Le cancroidc de cette demièrc région étant dù généralement<br />

i• la cause que nous signalons, on s'explique pourquoi cetto maladie<br />

est •·are chez le!\ enfant!\ et les femmes, ct pourquoi,<br />

lorsque l'alfection cancéreuse se développe chez eux , elle<br />

revêt aussi bien les formes gra,·e du squirrhc ct de l'encéphaloïde,<br />

que la forme de l'épithélioma. L'immunité de l'àgc ct du<br />

sexe ne scr·ait cependant pas ab oluc cu égard à la maladie<br />

dont nous donnons l'étiologie, si nous nous en rapportion it<br />

quelque· renseignements accusateurs, d'après lesquels l'invasion<br />

de l'habitude du tabac menacerait les enfants et les femmes.<br />

On peut craindre que le cancroïde labial cesse d'ètt·c aus i r·arc<br />

chez les enfants, si l'usage du tabac à fumer s'établit graduellement<br />

tl un àgc où il était naguère universellement proscrit. Le<br />

nombre des adolescents ct, qu'on nous passo le mot, des gamins<br />

qui croient sc donner· un air de virilité en se permettant la pipe<br />

ou le cigare, va croissant. l'ions apprenons que la France, déjà<br />

assez avancée dans cette voie, est surpassée par l' Anglotonc, Otl,<br />

d'après un rapport du docteur Seymour, des enfants de dix ans<br />

consomment jusqu'à i-0 ct 50 cigares par jour, ct o\1 l'on tolère<br />

que des collégiens fument depuis cinq heures de l'après-midi<br />

jusqu'à trois ou quatre heures du matin. A l'hébétude prém:tturée<br />

()llO promet un pareil progrès, nous ajouterons, dùt-on nous


IU Montpellier<br />

230 TRIBuT A LA CIIIRURGIE<br />

accuser de fair·e au tabac un procès de tendance, la probabilité<br />

du développement du cancer labial dans le jeune ùge. En dehors<br />

de conditions moins influentes que celle, qu'on nou signale<br />

pour l'Angleterre, nous aYons déjà obl'en·é l'Ur des adolescents<br />

des cas d'épithélioma labial qui ne reconnaissaient pa d'autre<br />

cause.<br />

Quant à l'existence de la même maladie chez les fe mmes.<br />

nous devons reconnallre qu'elle est rare. )lais l'habitude qui la<br />

pr·odnit sc répand déjà chez les femmes des clas cs laborieuse.<br />

au moins dnns certaines contrées du nord ; ct si la mode de<br />

fumer, qui naguère semblait acquérir en France nu'me le droit<br />

d'adoption chez l'autre moitié de l'esp(•ce humaine, tÙIVait pas<br />

résisté au patronage des élégantes connues !iOns le nom de<br />

lionnes,<br />

le cancer labial aurait assur·émont trouvé un ordr·c<br />

nouveau de victimes. Un de nos confrères, appelé auprès d'une<br />

demoiselle affligée d'11n canc1·oïde de la lèvre iilférieurc, s'étonnait<br />

de l'existence d'un mal qu'il n'avait encore oben·é que<br />

sur des hommes, lor·squ'il se hasarda il adresser timidement<br />

une question relative aux habitudes do la malade. Celle-ci dùcla1·a<br />

qu'elle fumait en cacheLte, mais qu'elle consacrait il cc<br />

plaisir tout le temps où il lui était permis d'être cule.<br />

Espérons que les raYages de ce mal r·estcront le lot de l'espèce<br />

ma culine, à qui il fa ut, à tout prix, les distractions que le tabac<br />

procure. Toujours est-il qu'on obsened'aulant plus le cancroïùe<br />

labial chez l'homme, que l'habitude du tabac est plus invétérée:<br />

aussi est-cc surtout à une certaine période de la vic que la maladie<br />

sc ma nife tc. Le plus g1·and nombre des sujets que nous avons<br />

vus atteint de cc mal avaient dépassé quarante ans. Chez les<br />

individus des classes inférieures qui fument la pipe il tu he court<br />

et du tabac de mauvaise qualité, la maladie sc développe plus<br />

tot. Che7. les l'iches CL les raffinés, qui fument les cigar·cs délicats,<br />

les longues pipes, et qui neutralisent, du reste, par des soins<br />

hygiéniques, les effets locaux de la combustion du tabaC', Jo cancer<br />

est éludé ou se développe d'une manière plus tardive. C'est<br />

sul' des pe1·sonnes de cette condition


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 231<br />

celLe maladie exclusivement à l'action du tabac et de la nicotine<br />

qu'il contient, ou si les circonstances acce soires de l'emploi de<br />

cette substance favorisent le développement de la maladie. L'cxpé•·icnce<br />

apporte un élément à la solution de cette question. Les<br />

indi' id us qui fument la pipe à tube court, que l'énergie du langage<br />

populaire a qualifiée du nom de brûle-gueule, sont plus<br />

sotnent affectés d'épithélioma labial que ceux qui fument les<br />

longues pipes en terre ou les pipes pou•·vues d'un conduit à la<br />

fois allongé ct composé de substances non-conductrices du calorique.<br />

JI y a donc lieu de présumer que la chaleur Lr·ansmise au<br />

tuyau dans SH partie la plus rapprochée de la pipe, ou celle que<br />

présente le cigare que l'on consommejusqn'au bout, agissen t<br />

pour produire l'irritation locale dont la réiLération ou la continuité<br />

excitent le tissu de la lèvre, accroissent et plus tard pervertissent<br />

la sécrétion épithéliale. Les Ü•·ientaux, qui fument le<br />

narghilé, semblent avoir pressenti les inconvénients de la chaleur<br />

loca le : la fumée, partant du foumeau où hnîle leur tabac,<br />

s'élimine par un long tuyau traversant de l'eau parfumée, oit<br />

elle sc refroidit ; et peut-êtr·e doivent-ils à cette précaution<br />

d'être moins sujet au cancer buccal, malgré tout le temps qu'ils<br />

passent se narcotiser. La pipe de nos fumeurs vulgaires agisantdans<br />

de tout autres conditions, expose évidemment les tissus<br />

qu'elle touche à une élé,'ation locale de température propre à<br />

épaissir la couche épithéliale des lèvres, de m(\me que le contact<br />

de corp échauffé accroit la :-écrétion épidermique des mains<br />

chez les sujets qui exercen t certaines professions. La nature<br />

défend, pour ainsi dire, le tissu labial par une sécrétion plus<br />

active de la matièr-e épider m ique, qui forme d'abord un revl'­<br />

tcment épais; mais plus tard cene couche épidermique surajoutée<br />

dé3énè•·e, infilt•·e les tissus voisins et forme des tumeurs qui<br />

suivent une marche fàcheuse.<br />

Si l'irritation provoquéepa1· la chaleu•· locale sur la substance<br />

des lèvres peut


IU Montpellier<br />

232 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

fummu·, ajoute une nouvelle cause d'initation ct concourt<br />

directement à la provocation de l'épithélioma. Celle influence<br />

est d'autant plus acceptable que l'analyse chimique a démontré<br />

une énorme proportion rle nicotine dans le dépôt qui éjournr<br />

au fond de vieilles pipes. M. lelsens, i1 qui l'on doit d'intéressante·<br />

recherches sur cet alcali , l'a signalé dans les produits<br />

condensés de la fumée de tabac. Quand on fume dans des pipes<br />

allemandes , d'après I. Gerhardt 1 , il s'accumule an fond des<br />

pompes dont elles sont munies un liquide brunàtre, d'une saveur<br />

fo rt àcro, d'une odeur empyreumatique ct rcpoussonte au plus<br />

haut degré. C(\ liquide est extrêmement v6néneux et renferme<br />

beaucoup de nicotine. Quelques gouttes versées Jans le bec d'un<br />

oiseau le frappent d'une mort instantanée. Le cancer buccal<br />

n'affecte pas d'ailleurs d'une manièr·o exclusive la l(·vro infi•­<br />

ricurc, dans le point en contact avec le tuyau de la pipe ou le<br />

bout du cigare ; l'action irritante de la fumée, qui est le véhicule<br />

de la nicotine, s'exerce sur une surface plus 6tenduc , ct le mal<br />

peut sc dé' elopper, quoique moins fl'équemment, dans d'autres<br />

points du contour de l'ouvertui'C buccale. li ne respecte ni la<br />

cavité de cc nom ni les ol'ganes qu'elle contient: la langue , les<br />

joue , les gcnci,cs, le yoile du palais, les amygdales , sont des<br />

or·gancs sujets au cance1· épithélial chez le fumcur·s , ct la fréquence<br />

de cette arrection, surtout en tant qu'elle envahit la<br />

langue et les joues, est beaucoup plus commune qu'on ne le croit<br />

généralement.<br />

L'influence ir·ritante de la fumée de tabac sul' la muqueue<br />

buccale ct pharyngienne , est un fait avéré pour tout chirurgien<br />

qui sc donne la peine d'examiner attenti\'emcnt ces organes.<br />

Beaucoup d'angines érythémateuses ou granuleuses , dont on<br />

recherche laborieusement le mode producteur, ne reconnaissent<br />

pas d'autre cause, et il suffit de conscillct· aux malades de fa ire<br />

trève ' leur habitude, pour voir s'amender ou dispara1Lre dos<br />

irritations que les émollients ct les révulsifs, los rautél'Îsations ,<br />

les gar·garismes de toute espèce , sans compter les traitements<br />

spécifiques, n'avaient pu atténuer. L'exercice qui consiste à faire<br />

1 Traité de chimie O>"!Janique, t. IV. p. ISC.


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 233<br />

franchir l'il'thme du gosier par· la fumée de Labac ct à la r·amener<br />

dan<br />

les fosses nasales, étend jusqu'à cette région la sphère de<br />

son action initante. Xous avons opéré, il ) a quelques année ,<br />

un de nos confrère de Barcelone, atLcint de végétations épithéliale<br />

des nar·ines, réputées polypeuses, et que le malade , très<br />

capable d'apprécier cette influence étiologique , n'hésitait pas à<br />

attribuer lui-mème il cette frivole habitude, si répandue chez les<br />

Espagnols, d'éliminer par les narines la fumée des cigarettes.<br />

Le contact de la fumée de tabac sur les sur-faces muqueuses,<br />

en excitant toutes les écrétions et en augmentant la production<br />

épithéliale, peut donc (\tre considéré, chez les sujets prédisposés,<br />

comme une des causes pr·ovocatriccs les plus actives du cancer<br />

buccal. Mai la rnômc substance peut sous d'autres fo rmes produire<br />

les rm'mcs effets. Le tabac à màcher ct le tabac à priser<br />

sont loin d'


IU Montpellier<br />

234 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

évidemment joué le principal role, eL dernièrement l'un de nos<br />

confrères de Lyon nous communiquait un exemple de cancer<br />

staphylin oit la lésion éLait imputée au contact habituel du tabac,<br />

reniflé avec a sez de force pour ètre aLLi ré dans l'arri(•r-c-bouche.<br />

Cette série de maladies chirurgicales imputables à l'abus du<br />

tabac sous diverses formes, ne doit rien à l'exagération ni il des<br />

vues théoriques, non plus qu'à des souyenir·s vague ou infidèles<br />

concernant les effets de cette substance. Dans le cours de notre<br />

pratique civile ou nosocomiale, nous avons recueilli un gr·and<br />

nombre de faits très précis, que nous avons même cu le soin de<br />

séparer de beaucoup d'autres cas qu'une analyse moins sévère<br />

eùt pu ajouter· à la liste de ceux que nous regardons comme<br />

démonstr·atifs. Le lecteur partagera, nous l'espérons, nos convictions<br />

à ce sujet, en parcourant le tableau suivant, qui contient<br />

la relation abrégée des cas qui se sont présentés à notre observation.<br />

n eùt été fastidieux de repr·oduir·e ici les faits détaillés<br />

tels qu'ils sont contenus dans nos r·cgistres de clinique. li nous<br />

suffira d'indiquer le nom, la condition, l'àge des malades, l'habitude<br />

à laquelle leur lésion est attribu(·e, lt• siQge, le degré ct<br />

l'issue de cette lésion.<br />

OnSI:!IlVATIO 1. Escallier (Antoine), cultivateur, oO an· , né i•<br />

Tuyot, Ardèche(habitude de fumer); admis à l'hùpitai Saint- l loi<br />

on 18-l:.>. - Cancer de la lèvre inférieure. Choiloplastio par le<br />

procédé de Chopart et réunion cuLanéo-mnqueuse. Guérison.<br />

Ons. 2. Villaret (Louis), ancien cuisinier, ü5 ans, né à Paulhan.<br />

Hérault (habitude de fumer). -Tumeur cancéreuse du rebord<br />

gingival. Ablation. Guérison (-184·5).<br />

Ous. 3. Gastal (Laurent), cultivateur, :)7 ans, n6 i1 Salles­<br />

Curan, Aveyron (habitude de fumer la pipe à tube court). ­<br />

Cancroïde limité de la lèvre inférietu·o. Excision on V. Guerison<br />

(if 846).<br />

Ons. 4. Roques (É tienne), maçon, oO ans, né dans l'Aveyron<br />

(habitude de fume1·). - Tumeut· ulcérée de la lèvre inférieure.<br />

Excision en V. Guérison tempor·aire ; récidive (186).<br />

Ons. 5. Astié (Baptiste), culti,·ateur, 69 ans, né i1 lontpczat,<br />

Ardrche (habitude invétérée de fumer). - Cancer de la lèvre


IU Montpellier<br />

MALADfES DE LA TTE ET DU COU 235<br />

inférieure. Opération faite à l'Hôtel-Dieu de Lyon ; recidive avec<br />

en' a his emcnt de la commissure. ou velle opération faite à l'hôpital<br />

Saint-lloi en 18


IU Montpellier<br />

236 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Cancer de la lèvre inférieure, consécutif à l'abu<br />

de l'habitude<br />

de fumer ; engorgement sous-maxillaire. Traitement médicochir·uq;ical<br />

infructueux ( 184.9).<br />

Oos. H. 11. B ... , d'Olargues, Hérault, 76 ans (ancien fumeur).<br />

- Tumeur cancéreuse épithéliale du bord gauche de la langue.<br />

Ablation. Guérison (1849).<br />

Ons. 15. Ar·naud (Antoine ): cultivateur, 7Z ans, né à Roquemaure,<br />

Gard (ancien fumeur).- CancCI·de la lèvre inférieure.<br />

Excision en V. Guérison ( 4 850 ).<br />

Ons. Hi. Roustid, chiffonnier, 60 ans, né dans le département<br />

de l'Hérault (ancien militaire, ayant depuis sa jcnnessc l'habitude<br />

de fumer· ). - Tumeur cancroïde de la lrvre inférieure.<br />

Excision en V. Guérison (-! 850 ).<br />

Ons. 17. Iar·courel (Antoine ), cafetier à lontpellier, lt-8 ani'<br />

(fumeur de profession ) . - l paississement épidermique de la<br />

lèvre inférieure; épithélioma de la lèvr·e supérieure. Ablation de<br />

la tumeur et réparation cheiloplastique; récidive aprè six mois :<br />

destruction lente et très douloureuse de la moitié de la face<br />

( 1 8i>O).<br />

Ons. 18. Guillaume (Jacques), ex-militaire. :JO ans (ayant<br />

fu mé avec excès). -Cancer de la joue; emahissement graduel<br />

de la ca' ité buccale, d'une moitié de la face, de ganglions sousmaxillaires;<br />

bémorrbagies répétées, qui font succomber le malade<br />

( 1850 ).<br />

Ons. 19. Pons (Eugène), propriétaire, :>6 ans, né à Nîmes,<br />

Gard (vaste ulcère cancéreux de la langue, occasionné par l'habitude<br />

de fumer). Cachexie cancét·euse . M01'L inopinée, sans<br />

op6raLion, par concrétion polypiforme du cœur ( '1851 ).<br />

Ous. 20. Barre, pr·opriétaire à Mireval, Hérault, Mz ans (ancienne<br />

habiLude de fumer). - Cancroïde de la lèvre inférieure.<br />

Opér6 en 184.9 ; récidive un an après. Nouvelle op6ration ; propagation<br />

morbide aux ganglions sous-maxillaires. lort en '1851.<br />

Oos. :21. Arlige ( François ), laboureur, 6o ans, né tl Darbus,<br />

.Ar·dècbe (ancien fumeur). Cancer ulcéré de la lèvre inférieure ;


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU<br />

23'7<br />

engorgement des ganglions de la région sons-mentale. Opération<br />

complexe ayant pour but l'ablation de la lèvre ct celle des ganglions<br />

dégénér·és ; ér·ysipèlc consécutif. )Jort. A l'autopsie , on<br />

trou' c des végétations venuqueuses sur la face interne de l'c. ­<br />

tomac ( 185 ).<br />

Ons . .Zî. M. Coularou, négociant, 50 ans, domicilié à Ganges,<br />

llér·ault (habitude ancienne de la pipe). - Cancroïde Ile la lèvre<br />

inférieure. Excision. Guérison ( 1852 ).<br />

Ons . .2:3. M. N . ... . , ùgé de G5 ans, propriétaire à Saint­<br />

Gir·on , Ariège ( habitude de fumer la pipe ). - Cancer de la<br />

joue gauche lltendu jusqu'aux gencives ct à l'os maxillaire ;<br />

engorgement ganglionnaire du côté corTcspondant. Opération<br />

inrpo si ble. Mort ( '1852 ).<br />

Ons. ;U .. Nayrac (Guillaume), 4-5 ans, né à Clermont-l'Hérault,<br />

admis t\ l'hopiLal de Montpellier en décembre '1853. - Avait un<br />

cancroïdc de la lè, re inférieure, produit par· le contact réit6ré<br />

de la pipe. Opération ; récidive après sept mois ; seconde<br />

opér·ation par incision en V et mobilisation des lambeaux. Guérison.<br />

Ons . .25. Vincent G ... , chef de baLaillon au me régiment de la<br />

légion étrangère, i-5 ans, né \ \'arsovie, Pologne. -Cancer très<br />

étendu de la lèvre inférieure, consécutif à l'habitude de fumer·.<br />

Trois opérations à di,·ers intervalles; une dernière récidive dans<br />

les ganglions sou -maxillaires fit périr le malade ( 1853 ).<br />

Ons. 2G. Astruc, cultivateur, 56 ans, né à Loupian (Hérault).<br />

- Cancer de la lèvre inférieure sous l'influence de la double<br />

habitude invétérée de fumer et de chiquer. Examen mici'Oscopiquc<br />

; tissu épithélial. Excision en V. Guérison ( 1853 ).<br />

Ons. 2.7. I.<br />

N .... , voyageur de commerce , 34 ans , né it<br />

Privas, Ardèche (fumeur obstiné). - Cancer de l'or·ifice buccal,<br />

des deux commissures et d'une portion de la joue droite ; engorgement<br />

des ganglions sous-maxillaires ; admis dans la divisi,ln<br />

des payants à l'hôpiLal Saint-Éloi. N'a pu tre opér·é ( 183:..1 ).<br />

Ons. 28. Bouat (Pierre), garde-col.es à Villeneuve , llcrault ,


IU Montpellier<br />

238 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

t> 1 ans (habitude de la pipe à tube court). - Cancroïde limité<br />

de la lèvre inférieure. Vérification micro copiquc : excision<br />

en \'. Guérison ( ·1853 ).<br />

Ons. 9. M. D .... . propriétaire à Avignon, -i-4 ans (fumeur).<br />

- Ulcère cancéreux de l'amygdale droite ct de la portion att.enante<br />

du \Oile du palais. Caut.érisation par le fer rouge ; guérison<br />

temporaire ( 1853 ).<br />

Ons. :.30. Rounet , de Saint-Paul, Lozère , L>cq:;er, ()7 ans<br />

(ayant l'habitude de la pipe depuis sa jeunesse). - A flee té d'une<br />

tumeur épithéliale ulcérée de la lèvre inférieure. Excision en \'.<br />

Guérison ( •1 85/t- ).<br />

Ons. 31. Pech (Joseph), de Fontiers-Cabardès, Aude, musicien<br />

ambulant, 62 ans (fumeur et joueur de clarinette, faisan t appu y cr<br />

alternativement sa pipe et son instrument sur le mèmo point do<br />

la lèvre inférieure). - Canct·oïde. Ablation ct guérison par<br />

l'excision en V ( 1854 ).<br />

Ons. 3î. Pcnier (Thomas ), cultivateur, 3:3 ans, né tt lazan,<br />

Vaucluse (ancien fumeur). - Cancroïde de la lhre inférieure.<br />

Excision en V. Guérison ( 1855 ).<br />

Ons. m. )l. Ferrier, négociant à Avignon , -\.1 ans (poussant<br />

ju qu'à l'excès l'habitude de fumer), fut atteint d'un cancer à la<br />

partie latérale gauche de la langue. - Opémtion consistant dans<br />

l'ablation de la moitié de cet organe ; cautérisation avec le fer<br />

incandescent ; récidive trois mois après ; engorgement des ganglions<br />

sous-maxillaires ; impossibilité d'une seconde opération.<br />

Le malade a succombé ( 1855).<br />

Ons. :34·. Charais (Joseph), des Vans, Ardèche , cultivateur<br />

(ayant l'habitude de chiquer). - Tumeu•· épihéliale ulcérée de<br />

la lèvre inférieure. - Admis à l'hùpital Saint-Eloi en ·1 5ti, il fut<br />

opéré et guëri par l'excision des parties affectées.<br />

Ons. 35. M .... (Prosper), employé dans les forges de llessrges,<br />

Gard, 4-4 ans. -<br />

Induration hypertt·ophiquc des amygdales,<br />

produite pat· l'habitude de fumer. Section d'une glande avec le<br />

bistouri boutonné ct de l'autre avec le sécateur de Fahnestock ;<br />

l'une des glandes présente l'aspect cancroïde ( 18()6).


IU Montpellier<br />

lALADIES OE LA TitTE ET DU COU 239<br />

Ons. 36. Curveillé (Jean), berger, oO ans , de Saint-Juéry ,<br />

Ave ron (fumant la pipe à tube court). - Cancroïde de la lèvre<br />

inférieut·e. Excission. Guérison (1856).<br />

Ons. 37. V ... (Joseph), sergent dans un régiment de ligne,<br />

:li ans(habitude de fumer et de chiquer) ; admis à l'hopital Saint­<br />

Eloi pour un cancer de la langue. - Cautérisation actuelle ;<br />

•·écidive; marche prompte ; hémonhagie ; fiè\'l'c hectique.<br />

Mort ( 1 856).<br />

Ons. 38. M ... (Antoine), àgé de 60 ans, propriétaire à Alais<br />

(usage habituel et invétéré de la pipe).- Induration squinhcuso<br />

ùc la base de la langue ; eugorgemcnt ùes ganglions sous-maxillaires.<br />

Inopérable ( 856) .<br />

Ons. 39. Huc, ùgc de 60 ans, distillateu•· à Mauguio, Hérault<br />

( habitude ancienne de fumer).- Tumeur épithéliale de la langue.<br />

Excision. Guérison (·1856 ).<br />

Ons. 0. 1. de .\1..., ancien général, 8 ans (habitude invétérée<br />

du cigare). - Tumeur épithéliale ulcérée de la partie<br />

moyenne de la lèvre inférieure. Excision en\'. Guérison ( 1856).<br />

Ons. 4-1. lligounen (J)., cultivateur, 27 ans, de Villeveyrac,<br />

llét·ault. -Tumeur cancroïde de la lèvt·e infét·ienro in·itéc par<br />

des cautérisations insuffisantes. Récidive immédiate apt·ès une<br />

excision ; ·econde opération consistant en une cheiloplastie composée,<br />

avec ablation des ganglions à la région sous-mentale ;<br />

récidive après trois mois ; accidents divers qui ont entrainé la<br />

IOOI't ('1 8\.>ü ).<br />

Oos. h-. !lessac (Piene), domicilié près des Vans, Ardècho,<br />

oü ans (habitude de fume•· la pipe à tube court). - Cancr·oïde<br />

Je la lèvr·c inférieure. Opération ; récidive; seconde opération à<br />

Montpellier ( l:456 ). Guérison.<br />

Ons. 4:3. Nautre (.Baptiste), cultivateur, àgé de 4.5 ans, n6 à la<br />

Trinité, Cantal ; fut admis le


IU Montpellier<br />

24.0<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Oos. -\-4-. Ragot (François), tourneur, .\-1 :ms, né à Tours, lodrcct-l.oire<br />

(habitude invétérée de fumer ct de placet· la pipe i1 tube<br />

court du coté affecté). - Cancer de la commi:- ure de lh·rcs.<br />

Yérification de la nature cancéreuse de l'ulcération par le<br />

microscope ; engorgement considérable des ganglions sousmaxillaires<br />

; non opéré (l857).<br />

Oos. 4.5. Faujus (Laurent) , voiturier , :.>:3 nos, de Salon,<br />

Houches-du-Rhone. - Cancro·tdc de la lhrc infér-ieure et de la<br />

commissure gauche, par suite de la pi po à tube court. Opéré à<br />

Aix en '1857; entré à l'hopital Saint-lloi on mars •18!H) ; récidive;<br />

indut·ation non limitée ; engorgement considérable des ganglions<br />

sous-maxi liai ros. Refus d'opération.<br />

Ons. 4-(i. Jean-.Joscpb, cultivateut·, 4-8 ans, né it Gallargues,<br />

Gard. - Tumeur épidermique diffuse du bord libre de la lè-vre,<br />

déterminée par \'habitude de fumet· poussée ü l'exci's ( 1857).<br />

Ons. -\.7. Cabanis, propriétaire, 72 ans, né i1 Cournonterral<br />

Hérault, ancien militaire (ayant l'habitude de fumer avec excès).<br />

Cancer des am)·gdales. Opération impo iblc. )fort( 18;)7).<br />

Ons . .\.8. Roux, commissionnaire à )lat·seille, i-8 ans (fumant<br />

presque constamment). - lnduration squirrheusc de la face<br />

interne de la joue gauche ; engorgement diffusdesganglions 1 Illphatiques<br />

du mème coté. Opération impossible (18:>7).<br />

Oos . • 9. M. N . .., ancien militaire, domicilié Bcaucairt'.<br />

Gard, &.8 ans (habitude de fumer avec excès). - Cancer de<br />

l'amygdale dt·oite et du voile du palais; cngorgctn('nt ganglionnaire<br />

consécutif. Opération impossible ( 1857).<br />

Ons. 50. M. B .. . , ancien magistrat, 513 ans (habitude de fumer).<br />

- Cancer de la face interne de la joue dt·oitc ; engorgement des<br />

ganglions sous-maxillaires correspondants. Opération impossible<br />

(•1 57).<br />

Oos. l)l. Aubery, voyageur de commerce, 58 ans, né à<br />

Orange, Vaucluse (ancienne habitude de fumer). - Induration<br />

squirrheusc de la lèvre infét·ieut·c ; participation morbide diffuse<br />

ùes gang\ ions sous -maxillaires. Non opérable ( 1 858).


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET OU COU 241<br />

Ons. :u. Docteur Y ... . , i-i ans (fumeur déterminé). - Epithélioma<br />

diffus ct rnembraniforme du hord libre de la lèvre infér·icure.<br />

Etat stationnaire ( 1838).<br />

Ons :):L )1. G .... , directeur uu gymnase ti .\Iontpellier·. liO ans,<br />

ancien militaire (ayant contracté l'habitudl' de fumer). -<br />

Epithélioma diffus cL mcmbranifor·mc ùu bord libre de la lèvre<br />

inférieure. itat stationnaire.<br />

Ons. r)1<br />

. . Domergue, coiflcur i1 Cette, llémult, . ans (fumant<br />

prP!'quc constamment). - Tumeur épithéliale ulcérée de la<br />

langue. Délnis dans l'opération, ;, cause du peu d'énergie morale<br />

du malade; excision ct cautérisation actuelle. Non-guér·ison ;<br />

progr< ' s incessants. )fort ( 1 58).<br />

Ons. :);). Hiller·a, de Pia, Pyréoées-Oricntnles, 42 ans (habitude<br />

ùe fumer oxce si,·ement). -<br />

Ulcère cancéreux à bords<br />

intlur{•s, atteignant à la fois la base de la langue, les piliers<br />

cl le voile du palais. aiusi que l'amygdale droite. Op(muion<br />

impossible ( 18::>8).<br />

Ons. :)li. Jérornc. ancien militaire, t;z ans. domicilié i1 .\ries.<br />

-Ca ncrorde de• l'intér·icur· de la joue pr·o,·oqué par· l'action de<br />

funH'r' Jll'esqucrontinuellcment; tumeur vcrr·uqucuse ùe la lèvre<br />

inférieure : engorgement ùc ganglion, ::ou -maxillaires ( 1 x:>8).<br />

Ons. :n. Radier·. cultivateur Mauguio, llét·ault, üli ans (habitud8).<br />

Ons.<br />

:)H. Gcr·main, culti\ateur, ïO ans, né il Eygalières,<br />

Bouchos-du-Hhone (habitude de fumer la pipe). - Cancer de la<br />

lèvre• inférieure. Opér·ation ; récid ivcapt·ès huit mois (·18:>!>).<br />

Ons.<br />

;j\). .louve , de Chùteauncuf-de-Gauagnc , Vaucluse,<br />

iH ans (fumeur depuis sa jeunesse). - Cancr·oïde do la lt\vrc<br />

infc'•rienrc. Opc'ration ; récid ive; seconde opér·atiou. Guér·ion<br />

( 18!i!l).<br />

Oos. liO. Hrun, cultiva tour· à Mauguio, 56 ans (habitude de<br />

fumer· depuis sa jeunesse) . - ipithéliomadiffusdu bord libre de<br />

If'! lhre : e:-cr·oi. sanccs verruqueuses ct tumeur comée pr< ' s de<br />

T. Il<br />

16


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA C.HIRURGIF.<br />

la commissure gauche : excision cunéifonm dr ln lvrc. Gué­<br />

•·ison ( 1839}.<br />

Ons. li 1 . Lazutte (Antoine), cantonnier, \.li ans, né h Saint­<br />

André, llér,wlt (fumeur detcrminé). - .\dmi::- i1 l'hùpital Saint­<br />

Èioi pour un cannoïde ùe la lb re inféri!•ure. E'>9).<br />

Ons. 63. Roussy (Jean-Baptiste), .li ans, homme de peine,<br />

né à .\jaccio, Corse (ancienne habitude de la pipe). - i pithélioma<br />

commenant su•· la moitié droite du bord lih•·e de ln lèvre<br />

inférieure ; usure tlcs dents par le tuyau de la pipe dans le point<br />

Col'l'cspondant à l'épithélioma ( 18:)9 ).<br />

Ons. 6-\.. \orel (Gaspard ), \.i an. propriétaire it lédéah.<br />

Aft·ique (habitude invétérée de la pipe ). - Petite tumeur épithéliale<br />

du bord libre de la lhrc. Exci. ion cunuiforme sur<br />

l'épaisseur tle la lt•He ; t•éunion cutanéo-muqucuse d'aHHtt en<br />

arriè-re. Guérison ( 1839 ).<br />

Ons. G:). Courtasse ( Jacques ), :n tns, de lérindol, \'aucluse<br />

t habitude de fumer). - Cancer de la face interne de la joue<br />

gauche, étendu au rebord gingi"al du mnxillaire inférieu•·· Opération<br />

consisant en une excision de parties saillantes ct accessibles<br />

à l'action tics ciseaux courbes; rnutérisation aH'C fer rouf!e<br />

( IH:>9 ).<br />

On:;. üü. Vidal (Jean), cultivtteur, :lü ans, ne ;, Mayres,<br />

At'dèchc (abus de la pipe i1 tube court) ; usure des dents sut· lcs­<br />

L1uelles appuyait le tuyau. - Cancroïde tic la 1


IU Montpellier<br />

.\LADIES DE LA TH: ET DU COU<br />

2


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

de l'hygiène buccale. ous n'inisLcrons pas sur ces particularités.<br />

Mjà suffisamment déYeloppécs dans les considérations qui pr('­<br />

crdcnt cL que nous a,·ons étayées de prcuYCS cliniques : mais<br />

nous C\Lrairons de ceLLe statistique quelques npel'f;us qui, r(•unis<br />

li des obscn·ations analogues, permettront d'établit· la 'érité ur<br />

la double base de l'expérience ordinaire cl des chiffres, dont on<br />

ne snurnit, :.lU moins en matière d'étiologie, contester la 'aleur.<br />

ur les 7 2 observations qui composent notre tablcnu statistique,<br />

nous trouYons un malade seulement dont l'ù3c {•tait au-dessous<br />

de 20 il :Hl ans: 7 de :0 li .o : 22 de 4.0 il :>O: 1 \) de :;o à üO :<br />

H> de üO à 70 : lj. de 70 à 80 : nn a,·ait dépas!-\é 80 ans. Ainsi le<br />

mini111um de l'effel produit correspond à l'tige auquel la cause<br />

n'il pas cu le temps d'agir, c'est-i1-din• i1 l'adoll•scCIICC cL h la<br />

jeunesse. Le nombre de::: cancers s'accroit i1 ln période de la virilitt•,<br />

Pl c'est surtout apr0s l'ùge ch- \.0 ans qu'on voit la malndic<br />

SI' tnanifester le plus fréqucnunenl. Celle-ci ('St encore tri'-s<br />

commutw entre :;o clliO ans: mais t•llc diminue toul d'un coup<br />

ct tr


IU Montpellier<br />

MALAOJ;s OE LA TTE ET OU COU<br />

21·n<br />

l'eprime e:-t presque double de celai


IU Montpellier<br />

26<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

étiologique du cancer, on fait i:)énéralement un


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 247<br />

li<br />

Le cancer Iles fumeu rs atteignant la 1(•, 1\' infuricur·e dans un


IU Montpellier<br />

248 TRfBljT A LA CHIRURGIE<br />

durent toul en consenant une adhérence très prononcée. Ces<br />

tumeurs no participent pas ;, la vie commune ; l'Iles ei tcnl au<br />

mèmc titre que les ongles cl les che,eux. Si on les incise, la<br />

surface de ection présente l'aspect réel de la come; cl, pour<br />

que l'assimilation soit complète, si on en fait bnHer une partie,<br />

comme nous l'avons expér·imcnt.é, elles répandent l'odeur caractér·istiquc<br />

de la corne bnilée. Leur mode de fo rmation explique<br />

pourquoi elles sont insensibles et dépourvues de "aisseaux ; mais<br />

comme olle sc continuent pat· leur poiut d'implantation avec la<br />

couche épider·mique naturelle, les mouvements ou le; lrnctions<br />

qu'on lonr imprime développent une certaine douleur au niveau<br />

de la lèvre. Les rapports des tumeurs cornées des lt•vrcs avec<br />

les productions épithéliales ordinair·es ne sauraient


IU Montpellier<br />

)IALAOIES m; LA TÈTE ET OU COl"<br />

que le:-. bords sc relè,cnL cL s'hypertrophient en r·c,·


IU Montpellier<br />

.250<br />

TRIBUT A I.A ClllliURGIE<br />

mais ceLLe manœuvre n'esL qu'une nouvelle cause d'irTit.aLion et<br />

n'ahoulliL qu'à l'accrois emenL de la lésion, qui s'agrandit dans<br />

tous les sens cl gagne les tissus ,·oisins.<br />

Ln tumeur pr·nd alors les caract(·res vr·aimunl propres au<br />

cancroïdc : elle acquiert un Yolume CL de dinwn-.ions tri•::: marqués:<br />

la muqueuse labiale d'nbord souJc,ée s'ulc-1-n:. cL le mal<br />

s'(•tcnd du cùLé de la ca,·ité buccale. La face cutanée u'ct pas<br />

plus respectée ; l'épiderme sc fend ille, (•chllc. lais:o:P 1


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA nn: t::T DU COU<br />

tumeur ;, la pre· ion ct en lui fa isant subir· une orle d'écrasement,<br />

on obtient une matière gr·isùtre, qui n'a a\eC la matière<br />

l'quirrhcusc ou cncéphaloïdc qu'une fan sc<br />

ressemblance dr<br />

couleur, ct qui par a consistance a été comparée au matie des<br />

'itrit•r::. Ell


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRUt\GIF:<br />

pas il la destruction, eLsi la maladie alleinL la langue, lm. joues<br />

ou le \Oilc du palais, des destruction affreuses t•L inccs ummenl<br />

augmentée:" signalent les progr(· elu mal.<br />

Le cancroïde de la li•, re infér·ieurc n'atteint pa:- des proportions<br />

aussi menaçantes. ans meLLn• en évidence tous ses caractères.<br />

Mais lor:" mème qn'il €'SL borné it la lè\l'c, qui t•stson si(•ge<br />

de prédilection, il est, en général , facile diagnostiquer. Son<br />

mode de dé\'eloppemenL, la considération de la C'


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET OU COU 253<br />

tubercules ukérés, i olt'S ou agminés qui formrnt cette maladie ,<br />

cl au\ plaques ct·ustacécs qui recouHcnt les ulcérations. L'exci:-ion<br />

explomtrice ct la \'érification microscopique re ·teront<br />

toujours pour le chirut·ien comme une •·essource précieuse•, ct,<br />

dans le cas douteux, la Lem pori ation ct l'épt·cu' o thérnpcutiquc<br />

pourront asseoir le diagnostic sur des ba es po iti,·cs. Dans utt<br />

ca:; 1111 peu obscur il son début ct considéré cottHne un cancer<br />

labial pat· plusieurs chirurgiens qui avaient examiné l'un de nos<br />

malades , nous aYons administré , à titt·e d'essai , des remèdes<br />

antisyphilitiques, qui or.t cu le double a\antagP d'eelait·cr assez<br />

promptement lcdiugnostic ct de transformer cet essai en traitement<br />

rationnel bien tùtsuivi de guérison.<br />

L'epithélioma consecutif à l'habitude de· fumer ne doit pas i1<br />

cette odgine locale une limitation absolue aux partic•s ol1 il sc<br />

dh·cloppc. 'il sc généralise plus rarement que le Hai cancer, on<br />

rw doit pas oublier· qu'il relève lui-même d'une cause· diathésit<br />

J UC qui a été mise en jeu par une excitation incessamnwnt por'lét•<br />

sur le nltmc point, ct qu'en conséqucace il ofl'rc les dangers<br />

inhérents au concour simultané d'une cau c interne ct J'une<br />

cause locall•. Ccsdani:Scrs consistent dans la dill'usion des produits<br />

morbide:; qui étendent la lésion au-delà du point fWiruitivemcnt<br />

atteint. llùton:;-nous de dire que. d'après notrcstatistiqtH'. aussi<br />

bien CJlH' d'apn\s l'obscnation commune. l'épithélioma sc propage<br />

f.1cilemcnt au ganglions lymphatiques 'oisins, ct rcnou­<br />

'cllc dans ces foyer·:; des lésions compambles par· leur nntur


IU Montpellier<br />

2iH<br />

THIBUT A LA CIIII\UHGIE<br />

0an1-;lions voisin : cl elc nouveaux fa ii.S recuei llis par -'Dl . \'cl peau,<br />

\'ircho" , Ollicr. tendent à établir que l'(•pithélioma peut c rcprodui•·c<br />

ou récidiYcr sur des points (·loiné ct :;ans aucune<br />

liaison :nec son lieu primitif d'apparition . C


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU<br />

.255<br />

l'épithélioma labial. Ellt•s progressent tantôt du coté de la houehe<br />


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRlii\GIE<br />

Ill<br />

I.e traitement de la maladie qui a fait le ujt•l de cette étudn<br />

de' rait ltre es:;cntiellcment prophyh.lctiqut•. Si no!'; conjccturt•s<br />

ur ln cause de la maladie sont fondées. la conclusion nnLUrelle<br />

serait de concillcr ln suppression de fumer. Le médecin peut à<br />

eN {•gan\ inte•·vcnir aYCC le genre d'autorité que lui donne son<br />

exp{•rience, ct fnire ses recommandations en cons(·quonce. Cci'<br />

conseils n'auront chance d'ltrc cflicaccs qu'autant qu'ils seront<br />

inùi' iducls et basés sur des motifs appré(·.iables par le fu meu•·<br />

ùùjit IIH\Iadc ou menacé de le devenir. Prétendre h ln suppression<br />

ou uHIIIC i1 la diminution générale de l'cntralncmont qu'éprouve<br />

le public, nous paraitrait actuellement une chimère. On objecterai•<br />

ilU médecin rigoriste le peu ùe chances qu'ont les fun10urs<br />

ù't'tre alfectés ùe cancer si l'on compare le nombre des victimes<br />

::nec celui des indi,•iùus qui 1\uncnt impunément. La rt'·pliquc<br />

serait, il est 'rai, permise ct non san ,a\eur. Ainsi, on peut<br />

faire ··cm:ll'quer que la supputation des chances ne reposant sur<br />

l'appréciation d'aucune di position pe•·sonnelle qui permette ue<br />

s:woi•· ri priori quel sera le fumeur épargné ct le fum


IU Montpellier<br />

MALADiES DE LA TÈTE ET OU COU .257<br />

abc;odw le tra,ail de plus de onrmation du tabac a r·emarquahlement au:•mcnté .<br />

. \ujourd'hui on obtiendrait en Yiandc ct en blé, a\eC la dépense<br />

annuelle qui sr fa it pour· le tabac, de quoi noul'l'ir la population<br />

de plusieurs départements. Quand on voit une nation cntibrc<br />

le tabac encndi'C. JI peut, à la vérité, se consoler de son<br />

impuissance ct de la stérilité de se.; vŒux, en sc r·appelant que<br />

los édits des sou\'crains ont cu encore moins de succès que les<br />

préCPptCS tirés de J'hygiène . .\murat fV avait pris \'ainorncnt ln<br />

résoln tiorr de fn irc couper le nez à ceux de sos sujets qui feraient<br />

usage du tnbnc. Pierre l"' l'avait interdit aux Busses sous des<br />

peines tr·ès sévères, mais inutiles. Les foudres du Vatican n'ont<br />

pas fa it Ll'l'mbl('l'(la,·antagc les fumeur'S. Turcs, Hus e ct Homains<br />

fument comme les Fr·ançais, qui payent gaimont l'impôt. Le<br />

sou,cnir d'une pareille r·é!:'istance n'est pas de nature it fa ire<br />

pré' oir· une intcrrenlion alutaire de la ciencc médicale, à moins<br />

que les con!'ïeils Msintéresés et naimenl philanthropiques des<br />

mi•clcrinl' ne touchent plus le peuple que les or·dres des souvemins,<br />

ur'lout quand ces ordres sont donnés a\·ec lee; manières<br />

du Czar· ou du (;rand-Turc.<br />

Les conseils prophylactiques utiles aux fumeur·s se restreignent<br />

en conséquence, ct p:n la force des choses, dans une sphère<br />

modeste. \'oici quelques recommandations qu'on peut leur fa ir·e ,<br />

dans le but de prévenir· le développementdu cancer buccal:<br />

Fumer le tabac de la meilleure qualité, c'est-à-dire celui qui<br />

est le moins êicrc, ct qui par conséquent contient le moins de<br />

nicotine.<br />

Hostreindrc ln consommation à un degré modéré. La plupart<br />

des sujets


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRUI\GŒ<br />

jlter le cigare lorsque la coJOuustion est a5scz ;l\ ancée pour que<br />

le bout soit échauffé, ct ùc ne pas ronc;erycr entre \cg li-\I'C Cl'<br />

bout éteint, en le soumeuant h une orle de mastiction.<br />

Si la pipe est adoptée de préférence , rejeter celll• qui e:-t ;,<br />

tube court ct tuyau irrégulier. Les pipes en tet-re culottée& :-;ont<br />

plus irritantes que le:' pipes neu,es. Les pipes it long tu)nu<br />

tet·minécl' par un bout aplati en ambre ou d'un.- autre matière<br />

peu conductrice du calorique, s'échauffent moins et n'itnprimcnt<br />

pas autant d'irritation au contour ct ;, la C


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 259<br />

Le cancer des lè-vres n'est justiciable que du chirurgien : on<br />

doit le dt'•tf'llire. La destruction par la caur.érisation ou par l'in­<br />

:.trumt•nt tranchant peut con,·enir sui,ant les ca!' ; mais le bistouri<br />

c:-t infiniment prélërable aux caustiques. Les cancroldes cutanés<br />

éloigné,; de,; OU\CJtures naturelles sont facilement ct a,·antageu­<br />

:>emcnt attaqués par la pùte arsenicale ou par la pâte de chlorure<br />

dt• zinc ; mais le maniement de ces substances caustique!' n'est<br />

ni ans...,i facile ni aussi ,;ùr lorsqu'il s'agit du cancer des fumeurs<br />

plue& i1 l'oun.lrtu•·e buccale, ct à plus forte raison s'il a son sirgc<br />

dans la ca' ité mt\me de la bouche. Les caustiques plus fa ibles ct<br />

d'une action pins rapide et plus superficielle, tels que le nitrate<br />

d' argent, le sulfate de enivre, le nitrate acide hydrargyriquc,<br />

sont fonncllcment contr·c-inùiqués, et entre des mains inoxpél'imontécs<br />

ils ont mt\mc l'incon\'énicnt d'ajouter à l'épithélioma<br />

ulcéré une nouvelle cause d'irritation qui accélère ses progrrs.<br />

Quant i1 l'action du feu , elle est douloureuse, répugne liLL\<br />

malndes, ct ne produit de destructions compiLes qu'il la condition<br />

de donner lieu, après la chu tc des escarres, il de. cic;Hr·ices<br />

irl'i·guli(·rcs,<br />

quïl s'agit précisérüeol d'é,iter lorsqu'on opè•·e<br />

sur l'ouYcrturc buccale. Le fer rouge ne con' ient que pour les<br />

cancc•rs profondément situés dans l'intérieur de la bouche,<br />

dif'lirilement arcc:;sib!es au bistouri. el lorsqu'il fa ut exer·cer<br />

pcnc.Jant l'opération une action hémostatique. Ainsi, certains<br />

cancers de la langue, des amygdales ou des joues doivent seuls<br />

ètre détruits pa•· le feu, soit seul, soit comme auxiliaire ct complément<br />

de l'instrument tranchant.<br />

Le cancer de la lè\Te inférieure est attaqué aYcc beaucoup<br />

d'tl\ an tage par· le bistouri, ce qui permet de cerner le mal par des<br />

incisions régulières convenablement dirigées au-delà de ses<br />

limites, et de fa ire suivre cette ablation d'une réunion exacte et<br />

do cicatrices linéaires qui laissent à peine des traces visibles<br />

de l'op(•nlLion. L'excision cunéiforme, l'excision en V, l'excision<br />

horizontale du bord labial, ct l'opération composée cL réparatrice<br />

connue sous le nom de cheilopla,r;tie , conviennent spécialement<br />

pour le traitement des cancers labiaux.<br />

L'excision cun6i(orme nous a paru utile dans les cas où l'épi­<br />

Lhélioma. disposé p


IU Montpellier<br />

260 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

dépa::sait pas l'épaisseu•· de ce uorJ, ct respectait à la fois la<br />

peau et la muqueuse de la face postérieure de la lèH


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 261<br />

L'ablation horizontale du bord labial était le procédé préféré<br />

par Du pu) trcn ct par les chirurgiens formés à son exemple. Elle<br />

convient lorsque le cancer a envahi tout le bord libre sans détt·uirc<br />

la lè' re on hauteur. )Jais pour peu que la lésion exige un sacrifice<br />

des tisu dans cc dernier ens, et qu'en conséquence la lèvre<br />

soit raccourcie dans son ensemble, la rangée dentaire infét·icure<br />

reste à découvct·t, la bouche perd sa régularité, ct l'abscncede la<br />

partie mobile de la lèvre inférieure est cause d'une gène marquée<br />

dans la prononciation des mots ; elle a surtout pour résultat do<br />

ne plus fa ire obstacle à l'écoulement àe la salive, ce qui est<br />

ponr l'opéré une sorte d'infirmité désagréable.<br />

C'est aux procédés complexes de la cheilopla$tie fJu'il faut<br />

recourir, lor·squc le cnnce•· des fumeurs a produit dos ravages<br />


IU Montpellier<br />

262 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

plus satisfaisants en taillant ct mobilisant de:; lambeau). génicns.<br />

après la section des commissures, qu'en taillant cie lambcmn<br />

mentonniers ou sus-hyoïdienc;. La sutur·c eutanéo-mnqueuse. :-i<br />

nécessaire comme complément de l'opération ct pour la restauration<br />

de l'orifice buccal. s'acc·omplit, dans le premier ra.;, a\CC<br />

des ressour·ccs bien plus grandes, la réunion s'ophe mÎCll\, cl<br />

l'on n'a pas à redouter après l'opération les déformations qui<br />

rsultentdc la difficulté de maintenir les lambeaux mt•ntonnien;<br />

ou us-hyoïdiens, qui tendent, malgré toutes les précaution", il<br />

s'abaisser et pa1· conséquent à dén uder l'arcade t!Pntaire inférieure,<br />

sinon l'os maxillaire lui-mème .<br />

L'épithélioma, qni représente la forme habituelle du cancer<br />

des fumeurs; 1


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ALADIES DE LA TTE ET DU COU 263<br />

par une prcmibrc optration. exécutée UYCC autant de soin que<br />

d'habilt•té par un de nos confrl>rcs, et qui a\·ait ùù la récidi,cde<br />

. on mal il la reprise de son habitude. Les exemples pourr·aicnt<br />

t;Lrc multipli(•s : bornons-nousr1 en tirer lu conséquence qu'il ne<br />

fa ut pas lai-.ser ignorer à ropéré le retour probable du cancer,<br />

-;'il n.'eornmcncc l fumer.<br />

ous restreignons


IU Montpellier<br />

2Gi.<br />

TRillUT A LA CHIRURGIE<br />

oriinaliti· ct profondeur. puise ses élémenl' de 'érité dans<br />

l'appréciation de Loutes les influences qui s'exercent su1· les<br />

hommes une époque donnée. M. Michelet observe cL prévoit le:<br />

ravages actuels ét futurs dont le cer·vcau, l'instrument de l'ùmc,<br />

est menacé, eL il n'hésite pas ;, signaler l'abus dl.'s alcooliques cL<br />

des r.arcotiques, comme une des causes de ceLte décadence.<br />

L'observation médicale ne saurajt contredire une pa1·cillc appréhension.<br />

i'iot1·e société recherche a,·cc ardeur ces pro, ocateurs<br />

de l'ivresse et du na1·cotismc, sans s'apcrcc,oi1· qu'elle CSL ramenée<br />

par une autre voie aux mœurs qu'elle reproche au nations<br />

orientales. Les liqueu1·s fo rtes, ct spécialement la liqueur cvnnuc<br />

sous le nom d'absinthe, le tabac, les excès vén6ricns, altèrent ct<br />

dénaturent l'action nerveuse ct enge:ldrent dans des proportion:-;<br />

de plus en plus fortes diverses névropathies ct surtout cette<br />

paralysie générale, le plus triste symptùmc d'ubrutisscmcnt, ct<br />

qui fait aujourd'hui tant de victime .<br />

Les alcooliques tiennent sans doute le premier rang dans cet<br />

ordre de causes morbides, mais ils ont au moins le tabae p0u1·<br />

auxiliaire, ct on peut considérc1· comm.! an)ré, qu0 si certaines<br />

organi ations résistent, les faibles succombent. Encore si lt• tabac<br />

rachetait par un effet alutaire le incon,énienLs qui lui sont<br />

inhérents ! On a\ ait affirmé que le ouvrier qui travaillent dans<br />

les ma11ufaçtun.:s ùe tabac, éli.lient ·oustraits tl la phthisic pulmonaire<br />

: mais les recherches cL ics rclcn!s de )Dl. llurtcaux cL<br />

)!élier n'ont pas confirmé cette assertion consolante, eL il s'est<br />

trouvé en fin de compte que les personnes qui vivent dans l'atmosphhe<br />

chargée des principes du tabac, loin d'éprouver une<br />

immunité morbide quelconque, sont tlltcintcs d'une ,·ariét(· d'anémie,<br />

cL qu'en outre el!es sont exposées à une ophthalmic spéciale.<br />

La production du Ci'lncer buccal, on s'ajoutant il des<br />

résultats pareils, ne doit pas recommander cette subst:mcc<br />

auprès des gens sensés. L' !le do Tabago a été la boite de Pandore<br />

d'oi1 nous est venu un funeste présent, ct, pour pa1·ler le langage<br />

de notre ami Jichcl Lévy, « une herbe fé tide a conqui" le<br />

monde. » Ceux qui recherchent le vain plaisi , . de fumer s'exposent<br />

il trouver, au terme de leurs jouissances, une dot- maladie!'<br />

les plus redoutées : le cancer, ct le cancer atLartuant la bouche.


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TMEUR ÉPITI1FLIALE DE LA LÈVRE INF8HIEUHE<br />

Excision du bord libre de la levr. -<br />

Réunion cutanéo-muqueuse.<br />

Guérison rapide '.<br />

Le malnde dont il va 0tr·e question est un officier· iupérieur<br />

de l'urmée d'Afrique. JI est àgé de i)O ans ; sn constitution est<br />

bonne , sa C'ompleion robuste. La tumeur qu'il portait ;\ la lèvr·c<br />

inférieure se111hle s'ètr·e développée d'une manière insensible ct<br />

spontanée; elle a déiJUté par une ulcénüion sur la ligne médiane,<br />

dont lm; bords se sont bientot indurés. L'ulcération


IU Montpellier<br />

266 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />


IU Montpellier<br />

MALADII


IU Montpellier<br />

268 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

traitement est tout diCfé•·enL. Aussi doit-on a,·cc soin étudier les<br />

antécédents, savoir s'il a existé des chancre. il une époque<br />

ant/'ricu•·c , apprécier enfin la valcu•· du traitement ct le temps<br />

écoulé depuis la manifestation de la maladie. Dans le cas qui<br />

nous occupe , on t•·ouvait bien la syphilis pa•·mi les antécédents,<br />

mais elle avait existé dE>puis longtemps ; le trailcrn


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TltTE ET DU COU 269<br />

progrès ; le tissu de nouYellc fonnation sc substitue ;, l'ancien.<br />

Du reste , l'cngor·gement des ganglions sous-maxillair·cscst moins<br />

fréquent que dans le \rai cancer, et s'il ar-ri,e , il est beaucoup<br />

plus tardif. Chez notre malade , comme nous 1'


IU Montpellier<br />

.270<br />

TRIBUT \ L.\ CIIIRUHGIE<br />

)lais il faut prendn•garde . car soll\cnt le mo.ci:-ion<br />

impie tlu bord libre de la lh re? C'c•st e


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE F.T OU COU 271<br />

ration t·ricundnc de ln dégénérescence la réclame. Quant i1 la chciloplastic,<br />

d'aprè::- le plan proposé par Chopait, elle est plus brillautc<br />

L'Il théorie que dans la pratique : elle consi.;t


IU Montpellier<br />

27'2<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIF.<br />

l'


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA nTE ET DU COU<br />

273<br />

2• P::u· asphy-xie , gcnr·e d'accident bien moins fréquent aussi<br />

qu'on ne l'a pensé,


IU Montpellier<br />

'274<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

l'épui ement des forces peut lui fairecraindrc un accident de la<br />

nature deceuxdont nous venon:' de parler. Tels sont les principes<br />

qui guident sa pratique: ct, quel que soit pour lui le poids de la<br />

déciion de 1'.\cadémie des sciences, qai, tout en rhompen ant<br />

par l'un des prix )lon th yon son Traité de la méthode anesthésique,<br />

a maintenu la supériorité absolue du chlot·ofot·tne sur l'éther, le<br />

professeur de lontpellier per·iste dans les préfùrencct- pour cc<br />

demicr agent dans des cas ùétet·minés. Les nombreux accidents<br />

imputables au chloroforme, récemment publiés dHns les recueils<br />

périodiques, ain i qL•e l'adhésion de chirurgiens éminents, ct<br />

entt·c autres ceux de Lyon, ' l'emploi de_l'éther, viennent donner<br />

une nouvelle autor·ité à la praLiquc que nous préconisons.<br />

Dans le cas particulier dont nous vous entretenons, ajoute<br />

:\1. J3ouisson, l'emploi des anesthésiques n'était pas exigé par la<br />

gravité et le caractère trop douloureux de l'opération. Il y avait<br />

convenance d'opét·er le malade dans la position assise, qui contreindique,<br />

ainsi que nous l'avons dit, l'emploi de ces agents. Nous<br />

nous sommes abstenu, en conséquence, de le plonger dans le<br />

sommeil artificiel, et nous n'a,·ons eu recour qu'aux précautions<br />

ot·dinaires pour ces sortes d'opérations.<br />

Le ma la de élan t assis, la tète IPgèl'cmen t rCJl\'Crsée en arrière<br />

ct maintenue contre la poitrine d'un aide qui était C'n même<br />

temp chargé de comp1·imer les artères maxillaires externes, le<br />

chirurgien a d'abord marqué à l'encre la partie qui de,·ait être<br />

retranchée: précaution utile lorsqu'on 'eut obtenir de<br />

sections<br />

nettes ct régulières, car la contt·action des tissus peut, pendant<br />

l'opération, ,·cnir détl'llire les rappm'Ls des parties ct par cela<br />

mtme faire suivt·e au bistouri une ligne un peu différente de celle<br />

que l'œil aumit pu d'abord mesurer. Puis, un aide comprimant<br />

les maxillaires, l'autre écat·lant les lèvres, l'opérateur a emporté<br />

transversalement avec un bistouri le tissu suspect. Le malade,<br />

très coumgeux, a admirablement supporté l'opération ; deux ou<br />

trois at·tèrc:=; qui donnaient ont ensuite été liées ; pui!' , la<br />

muqueuse, ayant été renversée en dehot·, a 6té réunie à la peau<br />

pat· un nombre assez considémble de points de suture entrecoupée.<br />

Dans ces cas, :\1. Lallemand bannissait les points de<br />

suture ct laissait suppurer; mais la réunion immediate présente<br />

c.le grands avantages. Le malade se tt·ouva ainsi avoir une nou-


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 275<br />

velle lhre, qui s'élevait assez haut pour venir •·ejoindre la lèvre<br />

supérieure. Le pan ement consista dan!' l'application d'une petite<br />

compr" · c enduite de cérat, et l'opéré voulut lui-même revenir<br />

dan!:> sa chambre san yètre porté.<br />

Eaminée au mic•·oscope, la tumeur ne présenta aucune trace<br />

de cellule cancéreuses, mais bien une agglomération de cellules<br />

épithéliales. Ou reste, l'inspection du lambeau à l'œil nu avait<br />

permis de \OÏr que les limites du mal avaientété fmnchies.<br />

Le jour Otl M. Bouisson nous entretenait de cc malade dans<br />

!:-C leçons cliniques, c'est-à-dire quarante-huit heures environ<br />

après l'opémtion, le résultat était déjà très satisfaisant. L'opéré<br />

o,·ait


IU Montpellier


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CHEILOPLASTIE<br />

Sous cc nom (xetÀoc;, lèvre, 1tÀaacwv, fa ire), on désigne<br />

une opénllion qui consiste à restaurer totalement ou partiellement<br />

les lèvres dont la substanc{l a été détruite ou d6forméo par<br />

une cause quelconque. Tantot c'est une anomalie qui ayant<br />

empêché le développement complet des lèvres, exige l'application<br />

do l'autoplastie. Tan tot il y a véritablement porto do substnncc<br />

des lèvr·es à la suite d'ulcérations do diverse nature,<br />

cancéreuses, syphilitiques, lupouses, etc., ou de gangrènes localis(•cs,<br />

snhorJonnées elles-mèmes à différentes causes ; tantot<br />

enfin la perte de substance labiale est d'or·igine traumatique, soit<br />

qu'elle ait succédé à l'action d'un instrument tranchant, à un<br />

coup de feu, soit qu'elle résulte du tr·aumatisme<br />

réglé qui<br />

r·c1wé:-ente une opér-ation chirurgicale impliquant la nécessité<br />

de sacrifier de Lis us au delà des limites d'une li-sion organique<br />

(ulcération ou tumeur·). Dans ces divers cas, l'opération qui consi<br />

tc dans l'ablation des parties affectées, n'est que le premier<br />

temps de l'opér-ation qui a pour but de combler la brèche<br />

U\euglément ouver·to par le mal et doctement agr·andie par le<br />

chirurgien. Enfin, des cicatr·ices vicieuses de l'orifice buccal<br />

réclament dos opérations réparatrices.<br />

La choiloplastio serait mieux désignée sous le nom de chiloplast·ie:<br />

la tliphtongue ei se traduisant, suivant la remarque do<br />

M. Littré, par la letll'e i.<br />

Cette opération est l'une des plus heureuses applications de<br />

l'anaplastie. IWo est fréquemment exécutée, elle réussit généralement,,<br />

et ses résultats relatifs à la restitution des for·mes sont<br />

quelquefois !iatisfaisants. éanrnoins les opérateurs se contentent<br />

de peu tl cc dernier point de vue et prodiguent des éloges trop


IU Montpellier<br />

278 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

grands au:-. conséquences définiti,·es de leur œunc. Le figure<br />

qui accompagnent les observations publiées plaident un peu trop<br />

la cause du chi1·urgien. Il importerait que la phntographic, qui<br />

ne saurait tromper, substituàt ordinairement son témoignage i1<br />

celui de la lithographie, qui est souYenL employée pou•· trad uire<br />

la pensée du chirurgien et qui trace complaisamment les portraits<br />

des opérés.<br />

La question de configut·ation est, en eifeL, un


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET OU COU<br />

27!)<br />

aH>ir· assez fa it,<br />

'il r·éussit tl conserver cet orifice ll\CC des<br />

dimen!:'iong passables. ans s'inquiéter suffisamment de la forme<br />

de l'orifice, ct de la part qu'il doit prendre, non-scnlomcnt


IU Montpellier<br />

280 TRIBUT A LA CIIIRURGŒ<br />

états morbides auxquels il s'agit de remédier, ct aussi par<br />

l'étendue de la séparation o•·ganique qu'on peut t Lrc appelé à<br />

tenter. lais revenons à la cheiloplastic.<br />

Le plus impor·tant pt·écepte pour a sure•· la régularité de<br />

l'orifice buccal dans les restaurations de la face, a été de ménager<br />

des revêtements muqueux pour border les lambeaux labiau:\ de<br />

nouvelle fo rmation. lais ce conseil, sur lequel erre ct Dieffenbach<br />

ont particulièrement insisté , est loin do ré umct· tout ce<br />

qu'il convient de fai re. Nous aurons, on cons(•qucncc , tl rcproduit·c<br />

ct h apprécier les ùi,·crses idées qui ont guidé les opératcut·s<br />

dans les cas qui sc sont présentés , en évitant toutefois do<br />

tomber dans l'analyse trop minutieuse des observations particulières.<br />

Car les pt·oc6ués ainsi fondés sur une op6ration unique<br />

surchargent la science ct fatiguent ln mémoire, sans profit<br />

suffisant pour ceux qui ne demandent que des rglcs pratiques.<br />

La chir·urgic réparatrice des lèvres· doit èL!·c précédée de la<br />

chirurgie conservatrice qni est souvent applicable , ct qui simplifie<br />

singulièt·ement la situation du malade ct les obligations de<br />

l'opérateur. Cc caractère est urlout assumé par l'art modcl'llc.<br />

Nos dc,ancict·s faisaient trop sou,ent précéder la séparation de<br />

l'organe d'un sacrifice préalable et réputé nécessaire des tissu<br />

qui supportaient la lésion organique. Cc sacrifice n'est indiqué<br />

que pat· la limite du mal, eL l'on peut dire gén(•ralemcnt que<br />

tout co qui peut (Lre conservé doit l'ètrc. De cette faon on<br />

utilise tout cc que la lésion a re!'pecté . et certaine:; in(•galité de<br />

contour s'effacent dans le travail d


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 281<br />

Des c:rcisions de surface._:_ Elles s'exécutent du coté de la peau<br />

ou de la muqueuse . rt conviennent notamment au;\ cas oi1 les<br />

lé!'ion :.ont superficielles. Généralement, on doit traitcrdeccttc<br />

façon les l>roductions verruqueuses ' les u lcéi·ations peu etend nes<br />

qui ont résistl• aux pansements locaux , à la c-autérisation , etc.<br />

Les e.rcisions du bord libre. - Ces excisions, qui ne dépassent<br />

que d'une faible 6tenduc la marge cutanéo-muqueuse de l'oriÎicc<br />

hucC'al, 1wuvcnt porter sm· le rebord labial : sup(·rieur, angulaire<br />

ou inférieur. La pratique démontre que c'est surtout sur cc<br />

d'rnier que le sacrifice est souYent exig{• , notamment par les<br />

productions ôpith{•lialcs ü leur début ou par des fo rmations<br />

(•t·ccti lcs i1 r(·scau (• tai(•. Leur cxt'•cution très simple répond aux<br />

procédés qui portent le nom de Dupuytren ou de Hichennd ,<br />

mais qui nppat'Licnnent en réalité à touL le monde1 pareo qu'ils<br />

s'imposent par leur simplicité même, eL que tout chirurgien les<br />

met i1 C;\t•cution par une ligne de conduite naturelle.<br />

Le.'l rxcisions cunéiforme. -Cc sont celles qui enlc,ant dans<br />

l'


IU Montpellier<br />

282 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

lièHc accident e l ct, dans les autres, \ lai scr la nature le<br />

tra,·ail ultérieur de réparation. Si h1 perte de subtancc est peu<br />

(·tend ue , la nature sc suffit à elle-m


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MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 283<br />

J(., l'Cs fendue!' ou tronquées (labia curtata), qu'on doit) rcconna!Lrc<br />

non-seulement l'énoncé de l'opération mais l'origine nH\mc<br />

d'une méthode. Voici comment Cel e s'exp1·imc au sujet des<br />

troi:- orga nes qu'on peut ramene1· à leur forme, ne. lè, l'CS ou<br />

oreille": 1cOurlct igitur his tribus) .i qua parva sunl, curaripossunl<br />

: si qua majorrz sant, aut non reci'pùmt curalionem aul ila<br />

]Jer haw ipsam de(onnantur. ut minus irulecom ante (ucrint.<br />

Rctlio cumtionis lwju . ., modi est: Id quod Ntrfum est ùt IJIWrlrctlum<br />

rcd(gcrc ; ab inl('rioribus<br />

ejus angulis linf'as transrersct.<br />

ilϝlerf', fJIUC cileriorem par lem ab ulteriore e.r loto dcdum11t. Si<br />

non .wttù; jun.IJiütlur ullm lineas quas mte (ecimus, alias dua.


IU Montpellier<br />

281-<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

une certaine épaisseur. Le chirurgien pro,cnça l appliqua cc<br />

procédé à la réparation d'une perte de sub!';tance de la joue<br />

occa ion née pat· la gangrè-ne; puis, il en Clt l'application il la<br />

cure des lèvres fe>?.due.s. \' oici son texte, qui est très explicite:


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MALADIES DE LA TTR ET DU COU 285<br />

La méthode de Tagliaeozzi appliquée à la 1·e tauration des<br />

}(\, res fut i1 peine remarquée au milieu de . uccè rclcntissants<br />

de la rhinoplastie. La méthode de Franco ellc-mème ne fut pas<br />

appréciée. Elle eut cependant quelques imitateut·s, ct de, int<br />

l'occasion des procédé::;<br />

proposés par Guillcmeau, Thé,cnin ct<br />

llarhctlc. Le premiers t·enouYelèrent les incisions auiliaire. do<br />

Celse ; le demicr voulut assut·ct· le non-recollement p•·ofond clos<br />

lambeaux par l'interposition d'une plaque de plomb. Puis le<br />

silence sc fit sur les restaurations labiales jusqu'il la fln elu dixhuitième<br />

siècle.<br />

Jusqu'/\ Cllopart, on sc contentait d'appliq uer des moyens p•·othôtiques<br />

plus ou moins perfectionnés pour masquer les mutilations<br />

des régions labiale et mentonnihe. Les plus cossu:; portaient<br />

un menton d'argent. Mais ce bijou chirurgical n'était ni<br />

commode, ni bien utile. Chopa1t ayant à traiter un cancer étendu<br />

tic ln th re inférieure, eut l'idée de recourir à la prothèse orgnniquc,<br />

ct forma un ,·aste lambeau labial aux dépens de la peau<br />

du cou. Cc fut le signal d'un retour aux procédés autoplns•.iqucs.<br />

l'n cer'lain temps s'écoula encore cependant ;1\ant que la<br />

chirurgie pla tique appliquée au répar


IU Montpellier<br />

286 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

bulicati()ns et contre-in!lications. - La cheiloplastic• con' icnt<br />

toutes les fois que la réunion<br />

impie des J(-, re. di' isécs ou<br />

tronquées, n'est pas pos ible, et qu'il résulte d'aillcu rs tic l'état<br />

des Jè, res une difformité insupportable pour le malade ou un<br />

trouble majeur dan<br />

le role fonctionnel dont ces organes sont<br />

chargés. Il est utile de rappeler ici que la chciloplastie peut<br />

répondre à d'autres indications, que l'atrésie de l'orifice buccal.<br />

que des cicatrices vicieuses qui compromettent la fo rme ct la<br />

mobilité du mème orifice, que diverses lésions de 'oisinae, des<br />

déviations, des adhérences anm·males, que des malformations<br />

congénitales liées aux degrés compliqués du bec-dc-lit'vrc, etc.,<br />

peuvent exiger des opérations dans lnt leur<br />

in..,uffisancc, soit qu'il s'agi se de fcr·mcr directement. la br(•che .<br />

..<br />

soit qu'il faille faire précéder cette clùturc de l'ablation du mal.<br />

San doute. dans le plan adopté pour ceLLe ablation. on fa it<br />

entre•· la pen ée de faciliter la séparation de la perte de ::ubsLnncc.<br />

Ainsi, on n·empo•·tc pas une tumeur cancét·cusc. l• rcctilc<br />

ou autre, sans réparti •· le tra,ail initial d'c,éri•sc


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MALADIES DE LA TltTE ET DU COU 287<br />

op{•ration d


IU Montpellier<br />

288 TRIBUT A I,A Cliii\URGIE<br />

femmes , suppo.rtent sans se plaindre de opér·ations chciloplastiques<br />

très compliquées ct, par suite, très longues.<br />

Prtcautùms préliminaires. - La chciloplastie, t•\igc a'ant<br />

d''agit de la lèvre supéricur·c, les opération.., it pratiquer<br />

pour la saillie du bouton ossen médian, ct lorscpr'il s'agit li


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fALADIES DE LA Tlt'fE ET DU COU 289<br />

:;yphilitiqucs qui ont fait brèche dan la substance des lèvre ,<br />

la r·éunion sera nécessairement compromise par· la possibilité de<br />

la rénppa rition d'une ulcération spéci(iquc sur le snl'faC'cs d'affrontement.<br />

De nHme dans les cas de noma gangréneu on<br />

dt> tout autre processus morbide entraînant la destruction des<br />

tissus, tels que les in\ a ions antbracoïde , les ravages de l'csthiorn('nc,<br />

etc., la première préparation aux nécessités pr·évucs<br />

de la chciloplastie sera le traitement tendant il ia rcstiturion des<br />

tissus ü leur état natur·el. Quant aux cicatrices vicieuses qui<br />

rentrent dans le domaine thérapeutique de la choiloplastic, elles<br />

exigeront aussi une préparation particulière ct quelquefois clos<br />

op(•rations préalables pour· r·amener à des conditions meilleures<br />

cl ;'t dos rapports plus naturels des tissus déviés par des rétractions<br />

plus ou moins étendues , comme on le voit i1 la suite des<br />

lmllurcs ou de portes de substances consécuti,·cs à toute aul!·o<br />

cause. Le traitement des lésions physiques ou autr·es qui exposcrH<br />

au cicatr·iccs ,jcieuses entrera dans le plan opér·atoirc dont<br />

le chirurgien pressentira la nécessité ultérieure. La direction du<br />

tr·avail de cicatrisation, l'ablation des tissus gangrenés, de caut('risations<br />

f


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290 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

empruntés à la peau du bras ; le partisan de la greffe hétéroplastiqnc<br />

le recommandaient aussi pour les cas ol• ils y nu raient<br />

recours. D'aprè ces idées, on e).citait le. surface au:\quclles<br />

l'emprunt devait ètre fait au moyen de rubéfiant , d'applications<br />

initantcs ou d'une sorte de flagellation locale. lais l'e:\periencc<br />

a appris depuis que ces précautions n'étaient l >as nércs aires, el<br />

que la prétendue exaltation de leur vitalitt'· pa•· cet artifice pouvait<br />

avoir pour effet éventuel de ùispo cr le lambeau:\ ü une<br />

inflammation accidentelle toujours nuisible.<br />

La natUJ·e des opérations cheiloplastiq ucs indique le genre de<br />

précautions préliminaires qui conviennent au point do 'uo du<br />

choix des instruments et des moyens auxi li aires. L'opération est<br />

double; elle sc compose d'une diérèse initiale ct d'une synth(•se<br />

ultime. Le chirurgien dc\'l'a se mnnir en conséquence de tous les<br />

instnnncnts nécessaires pour le double but. En vue du premier,<br />

il sera pounu de plusieurs bistouris droits ct cornexcs, de<br />

ciseaux droits ct courbes d'une force différente. Les ciscnux de<br />

Dubois sont sou,·ent de mise. li complètcra son petit ars('nal<br />

par des pinces ordinaires, des é•·ignes, des pa tu les en bois, des<br />

gorg01·cts récurrents pom· écarter les angles labiau:\, de éponges,<br />

des fils à ligature, des tampon de cha•·pic liés . .\u besoin. des<br />

rugi nes, des scies à main ou à chalnettc:o: articulées, ct tels autres<br />

moyens répondant l des situation va•·iables mais pré' ues pour<br />

chaque cas particulier, devront (\trc à la disposition de l'opérateur.<br />

Des précautions analogues oront prises pour la seconde<br />

action opératoire cl consisteront en des aiguilles de tl iv erse forme,<br />

des tiges métalliques cnninées en fer de lance, des fils en soie<br />

de diflcrente couleur pour la suture des muqueuses, des anses<br />

do précaution cl un grand fil ciré pour la suture entortillée, des<br />

serre-fines pour les points où la suture ne se•·a pas jugée nécessai,·e.<br />

Enfin divers moyens unissants, tels quo des lanières do<br />

sparadrap, du coll?dion, des bandelettes de taflètas d' Angleter·r·e<br />

ou de baud ruche gommée, etc., seront d isponiblcs pour répondre<br />

il certaines indications par·ticulièrcs ; et l'on devra compi6Ler ces<br />

armes chirurgicales par l'ensemble ortlinairc des moyens de<br />

pansement, tels que charpie, compresses simples ou g•·aduées,<br />

frondes, bandes, bonnet d'appui, épingles, le tout soigneusement<br />

cL méthodiquement disposé sur une table à portée du chi•·urgien


IU Montpellier<br />

MALADIES OF. LA TtTE ET DU COU 291<br />

cL hien connu de l'aide foumisseur pour évit.er du rck'lrd ou de<br />

la confusion.<br />

QuelqlH'S mcsur·es complémcnLaires ou spéciales se raLLarhcnL<br />

au" P''éliminairc de l'opération. Le malade scr·a soigneusement<br />

rasé. li M'J'a assis sur un sirge plus ou moin élevé selon la commoditt''<br />

du chirurgien, eL dont le dossier permeLLe qu'il puisse<br />

repost'r· sa LlLC sur la poitrine de l'aide qni sera en même temps<br />

c-hargé de contenir les mouvements ct de comprimer les arl.èr·cs<br />

m:l\illaircs cxLcmes. Si l'on prévoit que l'opér·ation ser·a longue<br />

et qu'on ait nlf'nirc i1 un sujet disposé à la syncope, par sa constitution,<br />

il sera plus pr·uclent de l'opérer dans la position horizontale,<br />

la t


IU Montpellier<br />

292 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

mento-labiale. On peut qualifier celle-ci de région auLoplastique<br />

par excellence. Les tissus disponibles pour réparer le:' brèches<br />

labiales y sont étendus, épais, souples, vasculaire , médiocrement<br />

sensibles. Lem· voisinage aYec la joue cL le cou permet des<br />

empiètements cL des emprunts sur cc domaine anatomique, el<br />

l'on conoit qucde pareilles conditions aient suscité de créations<br />

très nombreuses de procédés. On n'en compte pas, en<br />

effet, moins de trente inscrits sur les registres Je l'art. Mais<br />

celle insct·iption ne leue donne pas les mèmes droits à la considération<br />

de l'histoire ct de la pratique. Certains n'ont été appliqués<br />

qu'une fois. d'autt·es diffèrent si peu entre eux qu'on peut<br />

les réduire à l'identité, et en somme ln science gagnerait it ce<br />

que le tenain fùt déblayé. Au surplus, ces proc{•dés no !'Ont euxmêmes<br />

que l'application de méthodes plus générales qui relèvent<br />

elles-mêmes d'un principe.<br />

Quand une partie ou la totalité de la lèvre manque, il faut<br />

snbstituer un lambeau charnu qui t·eproduise le plus possible les<br />

conditions de la pot'lion qui fait défaut.<br />

Celle substitution ne peut se réaliser que pat· un emprunt à<br />

une région saine pos édanl les éléments néces aires. Le choix de<br />

cette région sert à la distinction des méthode .<br />

La fortune de la science sur ce point a voulu que le tentative<br />

opératoit·es prédominantes aient été faites dans des contrées<br />

différentes, dont le sou,·enir s'est attaché ces méthodes, et a<br />

sen i 1t le qualifiet·. Comme nous l'avons yu dans l'historique,<br />

l'idée la plus éloignée de nous, par le temps comme pat· la dis­<br />

Lance, au sujet de la réparation organique, s'est produite dans<br />

l'lndc, d'où le nom de méthode indienne ; à la fin du moyen âge,<br />

une autre idée tendant au même but, s'est montrée en Halic, ct<br />

justifie le nom de métlwde italienne; enfin, un chit·urgicn français<br />

du seizième siècle ct ceux d'une époque plus récente, ont tellement<br />

fécondé et généralisé une manière d'opérer, qu'elle a<br />

mérité le nom de méthode (1·ançaise, bien que !'CS premiers<br />

linéaments se r·etrouvent dans Celse. Dans cotte dernière méthode<br />

, l'emprunt se fait dans les parties qui confinent immédiatement<br />

à la pet·te de substance à ré pa ret·; dans la méthode<br />

indienne, l'emprunt se fait un peu plus loin, mais do manière<br />

à ce que le lambeau y touche au moins par une extr·émiL6, ct dans


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 293<br />

la méthode italienne, le lambeau d'cmpt·unt est pris à grande<br />

distance.<br />

C.e trois méthodes pratiques, qui ont été examinées aux articles<br />

autoplastie ct anaplastie ' , rC\ ienncn L na tu rellemcn t à<br />

l'occasion de l'opération que nous avons actuellement l.l décrire ,<br />

mais elles présentent dnns lcUI· application une ,•aleu r tellement<br />

inégale, que c'est à peine si nous auron<br />

à parler de la méthode<br />

italienne , qui joue au contraire un role saillant dan la rhinoplastie.<br />

Les méthodes franç-aise et indienne, isolées ou combinées,<br />

remplissent les indications d'une manière assez complète pout·<br />

a sumer un rolc peu près exclusif. Dans leur application , ces<br />

méthodes permettent aux lambeaux d'emprunt d'occuper le vide<br />

à COillbler, au moyen du glissement direct des ti:;sus (méthode<br />

française) on de leur rotation sut· un pédicule (méthode indienne).<br />

Nous vct·rons que sut· ces principes on peut réalise•· une combinai::;on<br />

qui , >ous le nom de méthode m ixte on frcmco-indienne,<br />

permet d'utilicr les a,•antages des deux méthodes. Examinonsles<br />

SUCCeSSi\Cmcnt .<br />

. Méthode fran{'ai


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294 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

conserver ou r·cccvoir· un revêtement muqueux sur· leur· face<br />

profonde ou sur leur bord libr·e du coté de l'orifke buccal. Les<br />

chirurgiens qui ont tenl.é la cheiloplastie par ceLte méthode , ont<br />

atteint di ver ement leur but; ils y ont intr·où uit du moins une<br />

idée prédominante relati,·e à la coupe, à la direction, à ln mobilisation<br />

ou à la cor1stitutioo définiLive des lambeau'\ en opcr·­<br />

culcs. On rcconnanra ces intentions dans la description successive<br />

des procédés que nous avons à mentionner.<br />

Procédés anciens. ---'- Cc sont ceux dont nous avons fait mention<br />

dans l'historique et sur lesquels nous n'insisterons pas.<br />

Tels sont les procédés de Celse et de Franco. Le laconisme de<br />

leur· exposé los rond eneor·e l'objet de cornrnent:1ir·es ; mais l'inter·prétation<br />

rationnelle qui doit combler les lacunes de lu<br />

description , suffit pour fa ire ad meLLrc que Cebe a cu l'idée de<br />

tailler des lambeaux réguliers de forme can{•e autour de la h'vro<br />

à r·omplacer, et que Franco a ou l'idée de Je.; mobiliser par une<br />

dissection profonde.<br />

Procédés de (fuillemeau et de Tltéi'Ntùt. -<br />

ont propo é les incision<br />

Ces chinll'gions<br />

dites auxiliaires ou lihémtri


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

laisser une surface comprise entre les deux bord, écar·tés de<br />

l'incision qui doit nécessairement suppurer cL former plus Lard<br />

une ci


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296 TRIBUT A LA CIIIRURGJE<br />

peut sc modifiet· ùe diYet· cs maniè-re , suivant la forme ou la<br />

position de la lé ion à laquelle il s'agit de remédier. Si elle c<br />

propage vers une commissure, un trait de hi.:;toui'Ï peut di' iser<br />

celle-ci horizontalement en 'ajoutant à l'une dt•s houches du \"<br />

ct représenter le V- de racine canée. Sicics reliefs multiples de<br />

la tumeur qui a envahi inégalement la lèvre inférieure permettent<br />

d'utiliser des tissus sains interlobaires , on peut établir des<br />

incisions en V composées, comprenant les lobes dan<br />

l'intervalle<br />

des branches .f> à sinus re"ardant l'ouverture buccale CL avant<br />

v •<br />

suivant les cas, de · cotés inégaux. Pour épargner plus de tissus<br />

dans les tentatives conservatrices qui incombent un chirurgien ,<br />

il est possible de donner une direction plus ou moins courbe aux<br />

lignes de circonscription des lobes, J, ces lignes devant sc<br />

redresser ct se com·ertir en cicatrices •·ecl.iligues par le fait de<br />

leur coaptation. On ne m6connaltra pas que ces incisions composées<br />

ne donnent pas toujours leF- résultats qu'on sc promet ,<br />

CJUC l'adoption de ces procédés ex po c à ne pns trouver toujont·s<br />

des ti sus bien sainsùans l'intervalle des lohe!', et que lorsque la<br />

réunion définitiYc est faite, le points réunis ne concordent pa><br />

d'une manière bien régulière. Plus le nombre de \' aboutissant<br />

par la réunion de leurs b•·anches à des lil:;nes ci('éHricielles convergentes<br />

est considérable, plus la régularité cL la<br />

olidité de la<br />

réunion sont compromises. Aussi , dans le" cas oi• la lhre<br />

inférieure atteinte par une lésion organique est dét•·uitc d'une<br />

comrni sure à l'autre ct dans une hauteur plus ou moin considérable,<br />

vaut-il mieux recourir au débr·idcmcnt hori:r.ontnl de<br />

commissures 'ajoutant à la ::.ection en V qui n comp•·is la lé ion<br />

dans l'écartement de ses branches.<br />

Procédé de Serre (de Montpellier). - L'opérateur circonscrit<br />

la lèvre inférieure atteinte, dans toute son ét('IHiuc par une<br />

double incision en V; les deux branches du \' partant de chaque<br />

commissure, sc dirigent vers la symphyse du menton en convergeant.<br />

Le mal cnlcYé, il reste une perte de substance triangulaire.<br />

Les cotés elu triangle ne pouvant ('trc réunis par !'impie<br />

attraction sm· la ligne médiane ct no pou,ant d'ail!eurs dans ces<br />

conditions fournir un bord labial, le chirurl!,icn déh•·idc ho•·izontalemeut<br />

les commi::surcs jusqu'au voisinal!,c de<br />

masséters ct


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTJ:: ET DU COU<br />

2û7<br />

obtient ain!'i dcu épais lambeaux triangulaire5 qu'il détache de<br />

leur· adh(·r


IU Montpellier<br />

2CJ8<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGlE<br />

Il atlaqunit le mal pur la formation ct l'adaptation sur cette lh r·e.<br />

par· une inci ion en r, dont le ::-ommct était dirigé \Cr:> le<br />

men lon . ainsi quo dans le procédé do Horn : puis aLLaquant<br />

chaque commissure par une inl'i ion horizontale, il prolongeait<br />

celle-ci en dehors jusqu'à une ùislance suffisante : de l'c,.trémité<br />

C'-.ternc de cette incision partait une ineision 'cr·ticalc sc<br />

rapprochant de l'angle ou de la base de la mùchoirc. li résultait<br />

do cette coupe un lambeau disponible it d roi tc ct;, gauche, ()ui<br />

attirô sur la ligne médiane et uni pur suture il celui du coté<br />

opposé, remplaçait la nouvelle lrvrc. Di


IU Montpellier<br />

1\IALADIES DE LA TtTE ET DU COU<br />

sus utllac!t-s, ct ec<br />

bord


IU Montpellier<br />

300 TRIBUT A LA CIIJRURGIE<br />

hauteur, l la fa,·cur de la mobilisation du lambeau quaurilat(•rc<br />

;, ha:'c rnenlonn . ièrc ou cenicale qu'on d6La


IU Montpellier<br />

MALADIES Of: LA TTE ET OU COU :1o 1<br />

on disquc largement la peau du cou dan toute l'étendue du<br />

hord inf(•ricur. On sépare ain«i une large mcntonni!'·re de peau<br />

dans laquelle on place la màchoire inférieure jusqu'à la hauteur<br />

des dent.s. » Le malade doit fléchir fortement la tète sur la poitl·inc<br />

ct garder suffisamment cette position. Dans un cas, la guérison<br />

fut complète le douzième jour; dans un autre, il fallut<br />

allcnd1·e nu quarante-cinquième jour. Ce procédé , malgré les<br />

sucd•s publiés par son auteur, a l'inconvénient de crée1· un<br />

réceptacle pour les humidiLôs buccales , pour le sang ct le pus ,<br />

ct d'c>.poscr au:\ hûmonhagies profondes par la diff1rult(• de lier<br />

les vai seau>. dans le sinus qui résulte cl u décollement de la peau;<br />

il ne ga rnntit pas d'ailleurs la régularité du rebord labial , il<br />

cause de l'enroulement du bord supérieur du lambe


IU Montpellier<br />

302 TIHBUT A LA CllffiURGIF.<br />

Viguerie el lforgan ont agi d'apr(•s CCLl' idée. \'oici u•s deux<br />

prorl•d(•s, dont la dccription a été dénaturé


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 303<br />

leurs cleu\ ctr{•rnités. Les pr:océdés du premier gr-oupe sc d istinguent<br />

l'ntrr cu.x. d'nprès la mani(•rc dont ils marchent \C'r-s la<br />

lm\chc combler ; dans un cas, les opercules s'a,anccnt par<br />

glisernenl lntéral ct 'icnnent se réunir par leur bord interne sur<br />

la ligne rn(•d ianc: dan un ccond cas, ils é\\anccnt par un glis­<br />

·cnrent \Crtical, ct leur bord supérieur 'ient fo rmer le bord<br />

libre de la nouvi'IIC lhre. La pratique s'c t pr·ononci•c en fa,eur<br />

des procédés lambeaux lntérauÀ : ils obéissent mieux ir l'action<br />

chirurgicale ct restent plus fixes dans l


IU Montpellier<br />

30 i. TRIBUT A LA CIIIRURGI:<br />

dans la cheiloplastie la formation de la lb, re nOU\l'llc doit comprend<br />

re autanL que possible Lous les éléments anatotniques. notamment<br />

la couche musculai1·e. C'est une des cau,.cs de :;upériorité<br />

de la méthode franc;aisc sur la mNhodc indienne , en tant<br />

du moins que celle-ci emprunte ses opercules i1 la rl•gion du cou,<br />

Otl la peau manque d'épais_cur suffisante, ct qui sc trou\c dépourvue<br />

des éléments anatomiques tels que ceux que la chiruq:)iC<br />

peut utilise•· dans le voisinage immédiat de l'ouvcrtu•·e buccale.<br />

Méthode ùulienne. -<br />

)foins fréquemment utilisée que la méthode<br />

précédente, lorsqu'il s'agit exclusi,ement de la répa ration<br />

autoplastiquc ùe la lèvre inférieure, elle est cependant avantageuse<br />

ct fait encore bonne ûgnre dans les cas o11 los pertes de<br />

substances de la lèvre s'étendent jusqu'it la joue , au delà de<br />

l'ou' cr ture buccale. Cette méthode, appliquée il la clwi loplastie<br />

infé,·icure, est pou•· ainsi dire née à )fontpellier ; elle y a succcssi<br />

vement défrayé l'esprit in' en tif de Del pech ct de Lallemand.<br />

Ces ùeu \ opérateUI's ont emprunté le lambeau autopla:'tiquc la<br />

peau du cou , le premier en dis équanL les t{•gumcnts de la<br />

partie médiane de cette région, le second en taillant un lambeau<br />

su•· le côté. La tentative de Del pech offre un intén\t particulier,<br />

parc


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 305<br />

homme Ile :_H. an!', d'une maU\·aise constitution , était affecté<br />

d'un cancer qui aH\it enYahi toute la lèvre inférieur·e, excepté<br />

au nin•au des commissures. Le cancer de cendail jusqu'au menton<br />

: les genci\ e::- ellcs-mèmc::. participaient à la dégénérescence,<br />

mais l'os ma,illairc était sain , ainsi qu'une partie de l'orbiculaire<br />

de:- lh re . Pour combler cette per·te de substance amenée<br />

par l'ablation de!' parties affectée à un état favorable à la cicatrisation<br />

, Del pech cerna par des incisions au devant du cou un<br />

losnn0e cutané ou deux triangles adossés sc confondant par leur<br />

base. Le sommet du triangle supérieur qui devait rester adhérent<br />

corrcpondait au dessous du men ton. Le sommet du triangle<br />

inférieur s'abaissait jusqu'au ni\"Cau du sternum. A partir de ce<br />

point, le lambeau fut disséqué ùc bas en haut jusqu'au point<br />

d'adhérence au-dcsous du menton. Ce long lambeau losangique<br />

fut reb ô, replié sur lui-mèmc de manièr·c à cc que les faces<br />

!=ai:.;nantcs fussent mies en contact , et ce contact fut rendu<br />

p


IU Montpellier<br />

306 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

ration de Del pech n'aboutit pa!' à t'(' dernier ré!'ultat. Une autre<br />

tcntatiYC du même opérateur n'eut pas plus de succès. L'idée est<br />

cependant bonne à garder; elle est restée neuve dans sa hardiesse<br />

logique.<br />

Procédé de Lallemand (lambeau cervical simple). - Lallemand<br />

fut plus heureux en taillant un lambeau aux dépcn de la peau<br />

de la pa t'lie latérale du cou pour préparer une moitié de ln 1(.•, re<br />

inférieure ct de la joue cotTcspondantc. Le pédicule étnit plus<br />

large, la rotation du lambeau sur la partie adhérente n'étant<br />

que J'un quart de cercle, le résultat fut plus facile b obtenir. Cc<br />

procédé est souvent usité dans la pratique, oi.J il est connu aussi<br />

sous le nom de Dupuytren , bien que cc chirurgien l'tlit mif' en<br />

usage plus tard que Lallemand. Il olfrc des ressourcPs réelles.<br />

J'ai enregistré, pour ma part, plusieurs cas de réussite. Je noterai<br />

toutefois, que la dis cction du lambeau n'est pas sans<br />

difliculi.Cs , et que l'opérateur doit se défendre cont•·c le danger<br />

d'intét·esset· ou de dénuder dans une trop grande étendue la<br />

veine jugulaire extcme qui se présen tc sous le bist.ou ri, penùan t<br />

les moll\cments de respiration tr·oubléc de l'opéré.<br />

L'a•·t est depuis quelque temps en progrès dans l'application<br />

de la méthode indienne aux réparation antopla tiques de la<br />

lèHc inférieure. Sédillot. Buchanan et quelques autre!' opéra­<br />

Leurs sont enLrés dans une ' oie de simplification CJUi . dans Sl'S<br />

derniers es ais, a pris les prétentions d'une méthode nou' elle.<br />

Ces progrès consistent surtout l rechercher les lambeaux d'emprunt<br />

h la région mt:me de la face eL il les découpet· par divers<br />

artifircs, de faon à ce qu'ils conservent une base l


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 307<br />

détaché de l'os ct mobili éjusqu'à la partie adhérente. Pratiquée<br />

des den x cotés, cette coupe donne deux lambeaux libres et pendant<br />

qui doi,cnt (tre ramenés par un quart de rotation sur·<br />

leur· base tl la place de la lè' re absente , de façon à ce que leur<br />

coté intcme de\ icnne horizontal à la hauteur du bord labial ct '<br />

qu


IU Montpellier<br />

308 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

surtout modifier la coup wrs la ha ... c, la r(•trécir, incur·,er les<br />

lignes de section, leur donner une longueur inégale qui facilite Ir<br />

red res ement du lambeau. Toutes ces modifications, qui ne sont<br />

que l'imitation d'une pratique admise qu;wd on Laille sur· le<br />

front de lambeaux rbinoplastiqucs, LrouYcnt leurs applications<br />

dans la cheiloplastie par 1: méthode indienne. I. Landr·cau a<br />

ainsi essayé cc qu'il nomme le procédé en crochet, dans lequel le<br />

pédicule limité par· deux incisions concentriques pcrnwt 11 ces<br />

lignes courbes d'(\trc ramenées à la ligne droite en r·aison de<br />

l'élasticité des tissus, et de chercher plus loin un lambeau qui<br />

sc r·edresse sans elfort sur son point d'adhi·rence.<br />

La méthode indienne appliquée à la chciloplastic s'est, comme<br />

on vient de le voir, successi,•ement perfectionnée par· la substitution<br />

des lambeaux fasciaux aux 'lambeaux ccr' icaux, ct par<br />

leur taille à laq5e adhérence. Cette dernière condition , bien<br />

préférable à la réscn·e d'un pédicule, réa 1 ise un pel'fectionnemcn t<br />

incontestable, en permettant de remplacer la torsion par la<br />

rotation. Le principe de la métbode conserYatricc import(• dans<br />

la pratique cheiloplastiquc tend de plu, en plus ü rapprocher la<br />

méthode indienne de la méthode franaisc. à réunir leur" aHtntagc<br />

, ct à permettre une méthode mixte dont les a\'antages :-ont<br />

de plus en plus appréciés et offrent au chirurgien d'incontestables<br />

res oui·ccs. Buchanan et ymc, en .\ngletcrrc, ont entrés<br />

les premier·s dans cette ,·oie, que )1. "\lphonse Guérin a fait connaltre<br />

en France. Syme a d'abord bénéficié du mérite de cette<br />

innovation chirurgicale, mais des renseignement plus C:\aCts la<br />

rendent à Buchanan, ct nous la décriYons sous son nom.<br />

Procédé de Buchanan ott en X.- Pour· le mettre h ex écu ti on,<br />

lorsqu'il s'agit d'enlever· ct de restaurer une lèvre inférieure<br />

affcct6c à sa partie moyenne ct dans une étendue en hauteur· qui<br />

ne soit pas trop considérable, on fait partir de chaque commissure<br />

une incision qui sc dirige obliquement en bus, du coté<br />

opposé au point de départ. Les deux incisions sc croisent<br />

nécessairement en un point donné de la ligne m6diauc du<br />

menton etformentainsi un X ou deux Y opposés par leursommet.<br />

I.e V supér·ieur ouYert en haut comprend la partie affectée ou la<br />

perte de sub tance qui est à sa place , et le V inférieur ou,ert


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

en ha, c'egt-it-dire ren,ersé , comprend 01ntre ses branches une<br />

portion elu ti;.su sain du menton. De l'extr·émité inférieure de<br />

chacune des lwanehe!' du Y renveré. le chirurgien fait partir· une<br />

in


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340 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

la lèvre inférieure , en supprimant une des branches inférieure<br />

do l'X ainsi que l'incision complémentaire, et a obtenu une restauration<br />

L1·ès<br />

uffisante de l'organe. )J. Beau , de Toulon , a<br />

aussi avantageu ement modifié le procédé du chirurgien anglais,<br />

en substituant à des incisions rectilignes et brisées des incision<br />

qui deviennent curvilignes à partir du point de croisement , e1,<br />

qui tendent à supprime1· les petites dépression<br />

triangulaires<br />

inhérentes à ce procédé, ou tout au moins à lm; réd uire à une<br />

seule d'une moindre étendue ve1·s la ligne médiane. DI. )Jou tet<br />

ct Beau ont ajouté à leur opé•·ation la précaution si néce sain•<br />

du •·cvôtement muqueux de la lèvre. lis ont augmenté ln précision<br />

op6•·atoirc en adoptant les règles de leur eÀécution à la<br />

vai'Ïét6 des cas qui peuvent se présenter, comme on peut le voir<br />

dans los excellentes thèses soutenues it Montpellier par MM. les<br />

docteu•·s P. Thomas (18ÎO) et IL Ser•·c (•187 1). Enfin )1. lo professeur<br />

]\[outet a p•·is texte de la simplification générale que<br />

représente la méthode indienne appliquée d'après le procédé de<br />

Buchanan ct ses dérivés , pour y démontrer des avantages analogues<br />

l ceux de la méthode franaisc, ct c'est en 'appu)ant sur<br />

cette a similation, ou plu tot su•· la •·éunion des caractères<br />

auachés aux deux méthodes , qu'il a proposé do réunir l'ensemble<br />

des procédés autoplasLiques de cc genre sous le nolll de<br />

méthode franco-indienne. On ne saurait méconnaltre du moins<br />

que la base élargie des lambeaux, leur emprunt fait aux tis u:.<br />

le plus YOisins, et le déplacement par rotation substitué au<br />

déplacement par la Lorsion d'un pédicule, ne soicnL un incontestable<br />

progrès, qui lie les deux méthodes, non-seulcmcn t pa1· la<br />

communauté du but, mais par la presque identité des moyens.<br />

JI n'est pas moins utile de démontrer les analogies quo les principes<br />

do distinction entre les modes opératoires. Cotte appréciation<br />

61ev6o forLiûc le chirurgien dans lu connaissance ct le choiÀ<br />

dos rcssou•·ccs thérapeutiques qui sont à sa disposition.<br />

lYiétltode italienne. - C'est la moins usitée des méthodes<br />

opératoires applicables à la répara tion des pertes de substance:-:<br />

labiales. La chciloplastie n'a pas cu, sous cc rapport, les chances<br />

favorables ct la renommée reten tissante de la rhinoplastie , ct<br />

hien que Tagliacozzi ait compris l'art de refaire le,; Jè, ros dans


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA 'f€TE E'f DU COU<br />

3H<br />

les applications de :-.a méthoded'empi'Unt de lambeaux à g•·andc<br />

di tance, il a laissé h peine dans la science quelques traces de<br />

sc cflorts pour celle partie de la chiru•·gie plastique. Dans<br />

l'operation que décrit Tagliacozzi , au dix-neu,·ième chapitre de<br />

son li\'rc, il con cille de prend•·e le lambeau réparateur près du<br />

coude, de lui donner une forme corrélative à la partie à réparer,<br />

de le ficr par de points de suture exécutés au moyon d'une<br />

aiguille cout·be, ct séparés par des intervalles égau. Il recommande<br />

enfin de ne détacher le lambeau de la souche que lorsque<br />

la réunion est fc•rme ct complète, ce qui exige vingt-quatre jou•·s<br />

en été ct un temps plus long en hiver. Tagliacozzi a été le premio•·<br />

juge de l'infidélité de cotte opél'ation, dont il •·cconnalt que<br />

lu succès e:


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

EXTE:'\SIO:'\ oE LA CDEtLOPLASTIE.- Lcsdesct·iptions (]Ui préct•dcnt<br />

'i cnt principalement les réparations de la lh-rc inférieure ct<br />

leur exécution, conf01·mément aux méthodes classiques. C'est<br />

pour la facilité de l'étude que cc plan a été sui' i, mais il est<br />

é'idcnt que des opérations ayant le mèmc but peuvent s'appliquer·<br />

à la lèvre supérieure ct à l'angle des lè' res, ct que, dans<br />

certains cas, la mème opération comporte des rhangemcnts particulict·s<br />

que la nécessité impose ou que le caprice du chirurgien<br />

conseille.<br />

Clwiloplastiesupériettre. - Ce sujet est déjit amplomcntcxposé<br />

a l'article Bec-de-lièvre, notamment en tant que le chimrgicn<br />

intet·vient dans le traitement du bec-de-li(\\'re compliqué. On<br />

comprend que des lésions organiques ou traumatiques de la 11'-vre<br />

supérieure établissent les pertes de substance donnant lieu it<br />

des indications analogues, l'exéc!ttion des opérations destin(•es it<br />

les remplir reposent sur des principes identiques it reux qui<br />

régissent la cheiloplastie inférieure. Les méthode" française ct<br />

indienne lui sont surtout applicables a'ec quelques diffict;ltés<br />

qui proviennent de la briè\'eté \'Ctticalc de la lè\l'e supérieure ,<br />

de la saillie du nez, ct de la restriction des surfaces d'emprunt ,<br />

celui-ci ne pouYant guère s'effectuer que ur les joues. Les<br />

procédés tl tablier sont néccs airement supprimés cL cc sont<br />

surtout les procédés qui s'exécutent par des emprunts latéraux<br />

qui sont les plus appropriés au:.. conditions anntomi(]ucs de ln<br />

lèvre supérieure. Dans le bec-de-lièvre compliqué , la présence<br />

des os inter·-maxillaires donne lieu tl des indications déjit amplement<br />

exposées à propos des fissures labiales congénitales. C'est<br />

aussi pour cette lbvrc , que les combinaions artificielles des<br />

incisions qui tendent à mieux remplir les vides pat· le mpprochcment<br />

des tissus, à effacer les encoches, à cnclnvcr· les parties<br />

sous-nasales, que les procédés de clécloublcmen t ct cl i \'erses opérations<br />

sur lesquelles nous avons suffisamment appelé l'attention<br />

du lecteur ct qui appartiennent rigou•·cuscmcnL i1 la chciloplastic,<br />

trou\'cnL leut· application élective. Il suffira de rappeler<br />

(]llO le procédé de lalgaigne ct ses dérivés, ceux de lir·ault, dt•<br />

Henri (de :\"antes), ct tels autres modes dont la description fcr·ai


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TBTE ET OU COU<br />

:l13<br />

double emploi , pour achever le tableau des opér·ations répar·atr·i


IU Montpellier<br />

314.<br />

TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

plastic. Ces méthodes peuvent ruèmc t\lrc successivement<br />

emplo)ées SUJ'.lc •rèmc sujet , ain i que Houx en a donné<br />

l'e.\emplc, dans un cas mémorable où une JleJ'lC de sub Lance<br />

des joue exigea, pour combler le 'ide, sept. opé•·ations failcs à<br />

des JnLen·allcs \ariés. eL des emprunts opcrculai•·cs, soit au<br />

voisinage, oiL à distance.<br />

Gheiloptastie par échange d'une lèvre à t'autre. - .Nous<br />

devons une mention à cc mode opératoire, que divers esais<br />

avaient annoncé eL pou•· lequel ùes tentatives plus récentes senblcnl<br />

r·éclamcr une place dans la prtHique. 11 no s'agit au fond<br />

quo d'une application de la méthode indien no. Mois comme les<br />

lambeaux d'emp•·un l doiven L fra nchir une couve1'lure, i 1 on résulte<br />

une parlicul::u·ité qui justifie un examen spécial.<br />

Rigoureusement, les procédés de re Lau ration de la lh'l'o inférieure<br />

aux dépens de la lèvre supérieure, ct réciproquement,<br />

que nous avons déjà signalés, quelques essais antérieurs de<br />

Diclfenbach, pourraient être compris dans cette nou,clle série<br />

ù'opé•·ations au toplastiqucs . .\lais, comme dans ces procédés les<br />

lambeaux sont pris plutol sur la joue que su•· les lè, res, cL que<br />

dan leur translation ils contoumcnt la commis ure labiale plu­<br />

Lôl qu'ils ne f1·anchisseot l'orifice de la bouche, ils ditlèrenl<br />

notablement de ceux qui consistent à faire directement marcher<br />

l'opercule réparateur d'une lè,Te à l'autre, en ob Lruant temporairement<br />

une ·partie plus ou moins étendue de l'orifice buccal.<br />

Ce sont les essais de ce demier genre qui r·cpréscntent l'idée<br />

nouvelle. )Jais le lectcu r se demandera si la nou \'Cau té su ffi t à<br />

rccommilnder cette provenance de la patrie do \.allisen, ct si<br />

la fa,cur avec laquelle .\1. Fano la signala dans la deux.i(\mo<br />

i•dition du ' Traité de pathologie externe de Vidal, n'est pas plut.ôt<br />

inspirée par l'originalité de la tentative que par son utilité.<br />

l\1. Stein, de Ca pen hague, nomme sa méthode .Méthode indienne<br />

en plusieurs temps; mais c'est moins la succession des u•mps<br />

opératoires qui la di tingue que la voie suivir par les lambeaux<br />

;, doplaccr. Parlant de ceLLe idée, juste d'ai lieurs, que lorsqu'il<br />

fa ut réparer une breche par la cheiloplastie, on doit, autant que<br />

l'on peut, donner au lambeau répar·ateur le plus d'analogie<br />

possible a' cc la pa•·tieà reproduire, le chirurgien danois n'a rien


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MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 315<br />

vu ùc mieux que de prendre en plein dans la lèvre saine cc qui<br />

manque la Jè, t·e malade, sauf à ne pas infliger à la Jè, re qui<br />

tolère l'emprunt de trop fàcheuses conditions.<br />

Dans le cas où M. Stein a exécuté son projet opératoire. la l(·vrc<br />

inférieure était altérée dans ses trois cinquièmes moyens ; le<br />

mol s'étendait en hauteur jusqu'au sommet du menton, en rc l >résent.a!lt<br />

une surface triangulaire à base supérieure. La dégénérescence<br />

fut cemée par une double incision en Y, de manière il<br />

donner h la perte de substance produite par l'opét·ation une<br />

fo rme analogue à celle que représentait la lésion labiale, Pour<br />

cotubler cette perte de substance médiane, on sc contenta de r(•unit·<br />

seulcrncnt à leur partie inférieure les deux branches du V, do<br />

manière il atténuer, autant que possible, la perte de substance ct<br />

i1 la rcstr


IU Montpellier<br />

!316<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

cla,ant dan:-. l'angle rentrant de celle-ci, les bo1·d externe!'<br />

dc,cnus internes laissassent ent1·e eux un esp


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU<br />

31 'i<br />

du rebord ou du corps de l'os maxillaire pour un ostL·osarcomc.<br />

utw tumeur il myi•loplaxe , ou tout autre. La cheiloplastie n 'el't<br />

a lor:; qu'une opération finale ou complémcntait·c qui n'rst pour<br />

t·icn dans l'indication ü laquelle le chirurgien a obi·i en agiss


IU Montpellier<br />

318 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Pareille dispol'ition peut e montrer· pour la mùchoire inférieure,<br />

ct exiger le sacrifice d'une partie plu ou moin (• tendue<br />

de l'os. Les conditions faYorable sont celles qu'on n•ncontre<br />

chez les sujets jeunes dont l'os e t peu Jé,·eloppé, médiocrement<br />

saillant, etoüle dents, droites et bien implantées, .cncnt de<br />

support naturel aux lambeaux autoplastiques. L'inclinaison en<br />

avant du rebord mcuillaire ct des dents antér·icures peut impoer<br />

un sacr·ificc Je tissu portant sur la substance osseuse, ct r·éalisant<br />

les conditions de la cheiloplastic compos{·e. Mais il est un<br />

cas sur lequel l'attention s'est peu port{·e, ct que nous tlVons<br />

rcncontl't ' plusieurs fois dans notre pratique, c'est la saillie anormale<br />

do l'apophyse du menton ct du rebord inf(•ricur de l'os<br />

maxillaire : un véritable prognathisme transform(• en obstacle<br />

pou•· la migration des lambeau. Si on r·cncontrc imultan(•ment<br />

une disposition de cc genre ct des tissus plus ou moins rigides<br />

dépourvus de celte (•lasticité naturelle qui fa, orisc l'(•longation,<br />

on peut éprouver une difficulté très réelle à attin•r des lambeau<br />

m


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET Dt; COU 319<br />

taine importance. L'exactitude de l'affrontement sur les point<br />

par l


IU Montpellier<br />

320 TRIBUT A LA CIJIRURGIE<br />

diarcment, malgré l'influence auxiliaire d'une compre. !';ion mod(•r{•r<br />

cl de la . fixité de position qu'on chcrciH• i1 leu•· donn


IU Montpellier<br />

MALADIE DE LA TJSTE ET DU COU 321<br />

La surface qui a fourni l'emprunt reste ra•·emcnt exposée. Le<br />

de,oir du chirur·gicn étant de l'effacer par le I'approchcmcnt ct<br />

la réunion de bords au moyen des agglutinatifs, de la su•urc ou<br />

de serre-fines, la plaie s'efface à la fa, eur de l'élasticité propre<br />

de la peau ct de la laxité des tissus sous-jaccnts. li est des ca<br />

tou tefois où le chirurgien se résigne à laisser ces surfaces it l'état<br />

ÙoJ liberté, comme lorsqu'on pratique les incisions libératrices<br />

de Thévenin, ou lorsque la fo rme donnée au lambeau aussi bien<br />

que l'insuffisance des tissus attaqués pat· l'emprunt du lambeau,<br />

ne permettent pas de •·a pprocher les bords et laissent ;, l'état de<br />

plaie exposée, des surfaces triangulaires ou de forme indéterminée,<br />

comme rcla arrive dans les procédés cheiloplastiques<br />

appliqués par Dieffenbach, par Buchanan et autres à la lèvre<br />

inférieure. Dans ces cas, la surface est forcément livrée à la suppuration,<br />

elle se couvre bientôt de bourgeons charnus ct exige<br />

pour la guérison un temps proportionné à l'étendue de la perte<br />

ùc substance ou à la disposition du sujet . .\près la guérison , il<br />

reste une cicatrice permanente. L'habileté du chirurgien consiste<br />

à la faire conespondre autant que possible à l'un des sillons<br />

ou des ride naturelles de la face.<br />

La fo rme obtenue pour la hauteur de la lèvre ou pour l'aspect<br />

de l'orifice buccal ne reste pas constamment telle qu'on l'observe<br />

immédiatement après l'opération. C'est en cela surtout que la<br />

valeur rcspccti\'e des méthodes réparatrices s'accuse le mieux.<br />

Les lambeauil. mentonniers à migration latérale s'adaptent mieux<br />

ct plus sùremcnt que les lambeaux cervicaux ascendants. Ceuxci<br />

s'abaissent fréquemment, soit par leur propre poids , soit par<br />

l'infidélité des moyens d'adaptation , soit surtout par rétraction<br />

cicatricielle ultérieure. Les lambeaux mentonniers n'ayant<br />

aucune tendance à s'abaisser et étant généralement plus épais,<br />

I'Cstcnt mieux fixés et représentent mieux la lèvre naturelle qu'ils<br />

remplacent du reste par des tissus analogues , souvent pourvus<br />

de revêtement muqueux. A la longue, la lèvre nouvelle plaquôc<br />

sur· la surface arrondie de l'os maxillaire et de l'arcade dcnlai,·c<br />

s'harmonise avec les rapports et reproduit plus fidèlement la<br />

fo•·mc normale. La cicatrisation du bord libre rappelle aussi plus<br />

exactement l'oq:;anisation du contour de la bouche, surtout si<br />

l'ourlet muqueux a pu être effectué. JI survient de ces modifica-<br />

T. ll 21


IU Montpellier<br />

322 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Lions de tis::;us, qui sans atteindre à des transformations, équivalent<br />

à la cotisation des muqueuses ct aux mutations d'aspect<br />

de la peau dont l'épiderme se ebange èn épithélium ct dont la<br />

structure génél'ale se modifie à la surface profonde des lambeaux<br />

redoublés. Il suryient aussi des modifications notable<br />

dans<br />

l'aspect ct les rapports des parties conservées ct auxquels le<br />

tiraillement ou l'adaptation des lambeaux réparateur::: avait<br />

infligé telle ou tellc forme inéguljère. 11 est tr(•s fréquent, par<br />

exemple , ù la suite de l'emploi du procédé de llom ou de ses<br />

analogues, de voir l'orifice de la bouche fortement rétréci ,<br />

écourté surtout au niveau de la lèvre inférieure , de telle façon<br />

quo la lèvre supérieure restée avec son étendue normale , sc<br />

plisse ct surplombe désagréablement sa con g énrrc en sc portan t<br />

en avant. Cette forme disgracieuse n'est que temporaire; après<br />

un certain temps , la lèvre inférieure s'assouplit, s0 dilate ct<br />

acquiert de l'ampleur transversalement; la lèvre supérieure<br />

semble au contraire se rétracter, et peu à peu elle acquiert des<br />

proportions plus harmonieuses, redc' ient parallèle à la lèvre<br />

inférieure ct le contour· buccal pa rail \ peine avoir subi un changement<br />

dans la forme. Un tel résultat mérite d'autant plu· d'ètre<br />

signalé, que la réalité annule l'obligation oit se sont cru quelques<br />

chirurgiens d'attaquer préventivement ou après coup la<br />

lèvr·e supérieure et de lui infliger une excision de ti su , :-ous le<br />

vain préLexLe de ramener au parallélisme les rebords labiaux.<br />

Pendant que ces di,·ers phénomènes locau:\<br />

dans un délai qui , dans les cas les plus simples ct le<br />

'accomplissent,<br />

plus heureux,<br />

n'excède guère une semaine, ct qui reste encore dans les<br />

limites normales lorsqu'il exige vingt ou trente jours, l'organisme<br />

considéré dans son ensemble ne souffre pas notablcmen t. Malgré<br />

la douleur attachée à l'opération , malgré la lenteur de son<br />

exécution rendue néce::;saire par le désir de r·emplir avec exactitude<br />

les indications les plus minutieuses, ctd'appliquer h de tels<br />

cas la chir·ur·gie de précision, c'est à peine si dans la majorité<br />

des cas il survient de la céphalalgie, de l'agitation ct de la fièvre.<br />

13on nombre d'opérés ressentent à peine une perturbation notable,<br />

plusieurs peuvent mème se lever ct vaquer· 11 quelques<br />

occupations. Mais dans les cas un peu compliqués ct lorsque<br />

l'opération a été laborieuse, soit dans le Lemps d'ablation de la


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA T€TE ET DU COU 323<br />

lésion primiti\ e, soit dans le temps de la cheilopla tic proprement<br />

dite , les suite. , sans cesser d'être normales, sont moins bien<br />

olérécs et exigent tl la fois l'application t·igourcusc des diverses<br />

prl·cautions qui ont été signalées plus haut et le régime général<br />

des grandes opénllions. Xous pouvons terminer ce ch:tpitt·e en<br />

disant que le& suites ordinaires d'une cheilopla tic bien fa ite ont<br />

f


IU Montpellier<br />

321.<br />

TRfBUT A LA CHIRURGIE<br />

ct nuit par sa pt·ésence it l'adhion immédiate, en nH\mc tclllpl)<br />

que par son séjou·l' prolongé il peul rept·ésenler un corps étt·anger<br />

pro, ocateur d'une inflammation ultél'icurc. Xous


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 325<br />

phatique!' qui l'accompagnent, que cet accident c produit. Il<br />

t' n


IU Montpellier<br />

326 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

beaux. S'il est vrai que les liens de nature organique employé!'<br />

dans les sutures n se gonflant hygrométriqucmont dans les trajet<br />

qu'ils parcourent, en se pénét•·ant de substances optiques,<br />

dispo ent souvent les trajets et leurs is!'sues ' une inflammation<br />

destrUClÎYe, les 6Js métalliqueS eUX-m(mes ne SOnt pa inYariabJement<br />

tolérés, ct les rapports qu'ils ont pour but d'établir<br />

entre les bords oules surfaces des lambeaux ct les points conespondants<br />

choisis pour la greffe se désunissout ; les lambeaux<br />

tombent, s'écartent, et les lèvres déhiscentes ccsscut de pOti\OÎr<br />

Nre ramenées à un affrontement efficace. Une telle situation<br />

inflige parfois au chirurgien et au malade une longue perte de<br />

temps, ct l'obligation de recommencer quand les tissus sont<br />

absolument délivrés de l'atteinte inflammatoire.<br />

La gangrène du lambeau n'est pas moins à redoute•·· L'inflammation,<br />

la compression, une traction exagérée, une torsion trop<br />

complète du pédicule, l'insuffisance des vaisseaux nourriciers<br />

au point d'adhérence produisent également cc résultat, qui s'annonce<br />

par le refroidissement, la pàleur, l'insensibilité, le soulèvement<br />

phlycténoïde de l'épiderme, et plus ta•·d par une teinte<br />

livide et ,·iolacée, caractères trop significatifs aux yeux du chirurgien.<br />

Sous l'imminence que signalent ces changements, il n'y<br />

a point ùe temps à perdre : relàcher quelque. points de suture.<br />

r(•chauffer le lambeau, le lave•· avec du ,·in, l'affra n'hir do toute<br />

compre!'sion, telle est la conduite à teni•·· Quelquefois la gangrène<br />

s'arrète ct n'atteint qu'un point ou un liséré de l'opercule.<br />

Rien n'est à dédaigner de ce qui reste . .J'ai vu quelquefois la<br />

nature réaliser des obturations et des répa•·ations inattendues.<br />

Parmi les suites anormales ultimes aLLachécs il la chciloplastic.<br />

il faut signaler un manque partiel de réunion qui favorise la<br />

formation do (tstules donnant issue aux humidités buccales ; la<br />

brièveté on l'insuffisance définitive d'un lambeau mal taillé ou<br />

contrarié dans sa migration par l'action de la pesantCLu·, l'indocilité<br />

du malade ou toute autre cause. Mais ce sont surtout les<br />

adhérences a?wr-males et les 1·étractions qui dénntment le rote<br />

que l'intention du chir·urgicn avait attribué aux lambeaux, ct qui<br />

annulent la tentative cheiloplastique. Si les lambeaux n'ont pas<br />

primitivement affleuré au niveau normal de la lhre, des ac! hé-


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 327<br />

renees malencontreuses s'établissent entre leur marge ct la muqueuse<br />

coupée au niveau du bord gingival. Il n'y a alors ni lèvre<br />

véritable, ni sinus labial, disposition fàcheuse, surtout pour la<br />

lè\ re inférieure, qui plus que la supérieure retient le<br />

de la bou


IU Montpellier<br />

3.28<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

actes préliminaires des diverses fonctions ot·ganiques. Le but relatif<br />

à la re titution de la forme est d'autant mieux atteint par la<br />

cheiloplastie, qu'elle met à la place de la lht·c détruite une lè' re<br />

nouvelle, à l'aide de lambeaux épais, musclé , ayant une largeur<br />

ct une hauteur su fusantes. Pour se rappt·ochcr autant que possible<br />

de la structure normale des lèvres, le nou\ cl ot·ganc doit sc terminer<br />

au niveau de l'orifice buccal par des rebord muqueux, cachant<br />

les cicatrices dans les plis natu•·els qui entourent la bouche , cloturcr<br />

exactement celle-ci en conservant le sillon rétro-labial, ct<br />

tiC pas laisser au siège de l'emprunt des tmccs trop apparentes.<br />

Quand ces conditions sont remplies , il sc trouve que l'imitation<br />

de la fo rme normale est une garantie pour la restitution de la<br />

fonction. A cc dernier point do vue, le but est majeur : on<br />

nppréciora son importance en remarquant que chez les sujets<br />

auxquels la cheiloplastie est nécessaire, l'expression de la bouche<br />

est non-seulement annulée , mais dénaturée par l'entra1nemcnt<br />

quo les muscles restés sains impriment il des lèvres rendues<br />

déhiscentes par le mal ou par l'opération qui l'a cnlc'é; que la<br />

parole est ènée, indistincte ou imposiblc, que la C


IU Montpellier<br />

MALADIES DR LA T€TE ET OU COU<br />

32û<br />

lcl'ï adoucis cment de l'hygiène locale, elne fa it pas acheter par<br />

de trop grands risques les avantages qui lui sont attachés.<br />

Les ré uiLats généraux peuvent ètre qualifiés d'heu1·eu.<br />

Quelques chirurgiens n'hésisLent pas de\'ant l'hépithète de b1·illants.<br />

Xotre enthou iasme ne 'a pas jusque-là ; mais il faut<br />

con' en ir que si le bi ·tou ri du chirurgien n'a pas la puis ance du<br />

ci eau du sculpteur, que si l'artifice d'une restauration labiale ne<br />

peut prétendre à satisfaire les vues de l'esthétique, l'homme de<br />

l'art a néanmoins fait quelque chose pour l'honneur de celui-ci,<br />

lorsqu'en suivant les règles scientifiques ou les inspirations de<br />

sou propre génie , il a reproduit dans une mesure satisfaisante<br />

une forme normale, el rétabli des actes dont l'exc1·cice contribue<br />

doublement à la vie de 1·elation cL aux fonctions nut1·itives.<br />

BIBLIOGRAPHIE. -CELSE. De t·emedica, lib. VII. - FRANCO . De la<br />

ctue des lèl>res fcnrlues , in 1"raité des hernies, 1561 .-TAOLiACOZZI . De<br />

chinwgia curtorum per insitionen . Venetiis, 1597. - CnoPART. Œuvres<br />

chirurgicales . - DIEP'ENBACH (J.-F.). Chirurgische Et·(ahrungen, be·<br />

sonders i ber die \Viederherstellung ;;erst{Jrter Theile, etc. Berlin, 1829-<br />

1834, 46 Ab th., in-8o. - DELPECR. Chirurgie clinique de .lfontpellier,<br />

t. Il, 1828 - Roux DE SAtl\T-MAXDIIN. Revue médicale de Paris, 1828 .<br />

- Duoouno . Vices de conformation de la face. Th. de Paris, 1828, o045.<br />

- RosT. De Chilo et stomatoplastice. Berolini, 1838, in-8o. - BLAN-<br />

DIN (Pb.-F.). De l'autoplastie. Th. de cone., 1826. - VOISIN (de Limoges).<br />

Ga:;. méd. de Paris, p. 669; 1836. - BURIN. Du cancer de la lèl>re<br />

inférieure. Th. de Montpellier, 1836. - DuPUYTREN. Leçons orales de<br />

r.linique chirt,rgicale, t. 1.- ZEISS . Literatur und Géschichte der plastischen.<br />

Chirurgie. Leipzig, 1863, in-So, et No.chtrage, etc. Ibid., 1864.<br />

On trouvera là une bibliographie très complète de tout ce qui a été publié<br />

sur les différentes sortes ri' autoplastie ; nous ne pouvons qu'y renvoyer<br />

le lecteur. -AMMON. Art. Cheiloplastik. ln Encycl. W6rterbttch,<br />

t. VIl. Berlin, 1831 .- Diss. de cheloplo.stice et stomatoplastice. Lips.,<br />

1837. - 1\lunER. Cases on Autoplastia. Philadelph ., 1838. - PmLIPs.<br />

Lettre chiru,·gicale a Dieffer,bach. Bruxellei:l, 1839. - i11IOHON. Jlfémoires<br />

et obsP.rvations sur quelques cas d'autoplastie de la face. 1840, in-8o.<br />

- TENTOR. Bulletin de Férussac, t. XV, p. 2a6. -RIGAUD. De l'anaplastie<br />

des lèvres, des joues et des paupières. Th. de concours, in-8°,<br />

1841. - SERitE. Tt· ai té sur l'art de 1·estaurer les diffo,·mités de la fa ce,<br />

in-8o el atlas. Montpellier, 1842. - SËDILLOT. Ga::ette médicale de<br />

Paris; 1843. - Du même. Mémoire de la Société de chirut·gie, 1860, et<br />

Contl"ibutions à la chirurgie, t. 1. -JOBERT (de Lamballe). Traité de<br />

chirurgie plastique, t. 1, p. 119; 1849. - DESGRANGES. Mémoire su1· la


IU Montpellier<br />

330 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

cheflo-stomatoplastie. ln Ga;;. he bd., 1&54. - Bou•ssos. Du cancer<br />

buccal che;; les fumeurs . In-4o, Tribut à la chirurgie, l. 1, 1859 -<br />

VERiiAEOIIE. Essai de chirurgie plastique ( d'aprè les précc>ptes do<br />

LANGEI'm;:cK. Bruxelle, 18 ..). - Scliucu. Abhandlung aus dem Gebiete<br />

del' Chirw·gie, io-S•,p. 100. \Vien, 1867. - VERNEUIL. Dict. Encyclop.,<br />

art. Anoplastie. - Qyoux. Contt'ibution à l'éturle de la cheiloplastie,<br />

in-8•, 1862.- THOMAS . Examen des pl'incipattx procédés rie t·estaurativn<br />

de la lèvre inférieure. Thèe de i\lootpellier, 1870.- SERRE. Considé1·ations<br />

sur l'autoplastie en général et l'autoplastie labiable en particulier.<br />

ThÙ80 do Montpellier, 1871. -Voyez, eu outra, los Traités ou Manuels<br />

de médecine opératoire de VEJ PEA.U, MAWAIONE, A. ÛUEiliN, Rossn.


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OBSERVATION DE CHEILOPLASTIE<br />

Perle de substance considérable de la lèvre inférieure, avec adhérence<br />

de la joue aux deux mâchoires; - opération de cheiloplaslie;­<br />

guérison sans difformité. (Voir la figure ci-aprrs.)<br />

Cuchet (.lean), ùgé de 10 ans, est entrr à l'hôpital S:tint-lloi,<br />

lt' :l juillet 18.}8. Il présente une di[ormité considérable de la<br />

face, produite par une perte de substance de la par·ticgauche tl


IU Montpellier<br />

32<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

la mtichoirc inférieure. Bient.Ot, le même accident se cl(·,eloppa<br />

\!'I'S l':mgle des lèvres ct la face interne de jout's: il s'(•tendit<br />

imultanémcnl au rebord gingival des deux maxillaires.


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..<br />

Perte de Substance de la<br />

. ->'\<br />

lèvre inférieure .<br />

\·<br />

l>tlorL·Boen:..l•:.;rio t:,:.;:. ._.


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU :333<br />

s(•es par une anse de Iii dont les chefs furent entre-croisés en<br />

huit de chiffre.<br />

Pendant les premières heures qui sui,·irent l'op(·ration, on eut<br />

\ lutter contre l'inJocilit.é du malade, qui ne cessa de s'agiter<br />

cl d'opé1·cr un mou,emenl de la bouche, par lequel les bords de<br />

la plaie, tiraillée en sens contraire, furent disposl•s l'inflammation.<br />

Colle-ci sc ùùveloppa en effel, ct ne tarda pas h provoquer<br />

un


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334-<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

cieau \. L


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MALADIES DE LA T€TE ET DU COC<br />

35<br />

rapports des deux lèvres, dont l'infér·ieure, entrainéc à gauche<br />

ct plus courte que la supérieure, donnait \ la bouche une expression<br />

particulihe.<br />

L'ob.::cr·,·ation qui précède est digne d'attention , au point<br />

de 'uc du genre ct des conséquences de la lésion traumatique<br />

qui a occusionné la difformité, au si bien qu'en cc qui concerne<br />

les ressource de la chirurgie plnslique. ·Elle met en relief toute<br />

la différ·cncc qui existe entre les effets des plaies de la face abandonnées<br />

h la cicatrisation par seconde intention, ct ceux dPs<br />

pluies soumises aux procédés réguliers de la r·6union immédinto.<br />

Plus quo tout autre, l'exemple de notre malade démontre le<br />

modo d'inllucnco du tissu inodulaire qui sc constitue on nd héra nt<br />

aux parties contiguës, acquiert la consistance et la texture fibreuse,<br />

subit plus tard une rétraction plus ou moins forte, ct<br />

dans ses phases successives d'organisation ct de contracture,<br />

cntraine les parties mobiles, fixe dans des r·apports invariables<br />

celles qui étaient naguère indépendantes, occasionne des déformations<br />

considérable:; , change la direction et la ligure des ouvertures<br />

naturelles, en un mot produit et maintient les dispoitions<br />

les plus ,•icieuses. Par opposition, le même fait démontre<br />

avec non moins d'évidence l'efficacité dos opérations destinées<br />

remédier· aux difformit6s produites par le tissu inodulaire, la<br />

nécc sité de l'emporter comme un produit bétéroplastiquc, au<br />

lieu de ·e borner à l'inciser, enfin les a\'antages de la môthode<br />

par déplacement des lambeaux latéraux.<br />

A propos de ce procédé de cheiloplastie trop rarement appliqué<br />

à la r·cstnuration de la lèvre inférieure, nous fcr·ons r·cmarqucr<br />

que l'étendue ct la mobilité des lambeau.\c lateraux permettent<br />

do réparer des perLes de substance considérables. Lorsque l'intégrité<br />

des parties qui doivent les former est complète, il nous<br />

gcmhle préférable de s'en servir· pour combler les vides, que de<br />

recourir au proc6d6 de Chopart, qui consiste à tailler· un lan1benu<br />

chciloplastiquc infér·iour. Dans le cas particulier qui nouR est<br />

échu, cc demier pr·océdé avait déjà échoué à Lyon ; un nouveau<br />

lnmhcau, taillé dans cc dernier sens, eût exigé une opération<br />

plus compliquée, plus chanceuse, et n'eût pas d'aillcur·s présenté


IU Montpellier<br />

336 'tRIBUT A LA CIITRURGIE<br />

un


IU Montpellier<br />

LANGUE<br />

VICES DE CONFORMATION ET PATHOLOGIE CHIRURGICALE<br />

l. VICES DE CONFORlA.TION.<br />

La l


IU Montpellier<br />

'<br />

338 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Les cas d'absence accidentelle de la langue sont plu nombrOU\..<br />

On le observe notamment dans le jeune ùge , h la suite<br />

d'ulcérations dé di,·crse nature, et surtout dans le cours de la<br />

vm·iole. Louis en a consigné plusieurs dans les Minwires de<br />

l' .Académie de chirurg ie. Le docteur Banon a récemment communiqué<br />

la Société pathologique de Dublin ( lt> avril 18()-\. ),<br />

l'obervation d'un homme chez lequel le l )\ancher buccal pré entait<br />

une surface unie; la muqueuse était à peine plu épais.;e<br />

au-devant de l'épiglotte. La lésion ne fut constatée qu'au moment<br />

où l'on voulut examiner la langue du malade. Il résulta des renseignements<br />

incomplets qu'on put recueillir, que cet organe<br />

avait disparu graduellement dans le jeune >\ge , à la suite d'une<br />

ulcération attribuée à l'habitude qu'avait le malade de tenir<br />

dans la bouche des boutons ou d'autres objets do cuivre.<br />

L'absence de la langue peut ôtrc due h l'atrophie ct ne porter<br />

que sur la moitié de son épaisseu•·· Ainsi , Chollet • parle d'un<br />

sujet chez lequel une moitié de l'organe était formée seulement<br />

par l'adossement de la muqueuse i1 elle-mème.<br />

Quelle que soit leur étendue, de pareils vices de conformation<br />

congénit.au\. ou accidentels sont au-dessus des res ourccs de<br />

l'hrt. Le chimrgien lais e à la natu•·e le soin de uppléer à<br />

l'organe qui manque. La gène des fonctions diminue tous les<br />

jours , ct personne n'a encore songé \ mettre i1 profit l'c,périence<br />

du malade d'Ambroise Paré \ qui parvint proférer des<br />

paroles distinctes à l'aide d'une sorte d'écuelle de boi qu'il<br />

tenait entre les dents.<br />

Bifidité. - Cette dispo.;ition de la langue 1 qui est \'état<br />

normal de quelques mammifères (dromadaire , phoque), qu'on<br />

observe chez quelques oiseau ct d'une manière plus générale<br />

chez les reptiles, est une anomalie assez rare chez l'homme ct<br />

sc lie l d'autres difformités. Dans un cas relaté par Pigné , cleu<br />

langues latérales, ayant deux freins réunis sur la ligne médiane<br />

en un tronc court et résistant, existaient chez un monstre qui<br />

avait, de plus, quatre membres abdominau ct diverses lésions<br />

' Journal général de médecine, 1823.<br />

2 Œuvres <strong>complètes</strong>, t. Il, p. 608.<br />

• Bulletirt


IU Montpellier<br />

ALAOIES DE LA TTE ET DU COU 339<br />

incom1>ntibles a'cc ln 'ic. Parise (de Lille) a cité 1 un cas plus<br />

intércs-.ant . obcr·,·é chez un enfant de quinze jour". Il s'agissait,<br />

tians l'cspi•cc . d'un arrèt général de déYeloppemcnt de la<br />

partie inférieure de la face, ;wec ùi,ision du ma,illaire inférieur<br />

ct bifidit(• de la langue . Cc dernier organe présentait sur la<br />

ligne médiane une fe nte profonde il la partie antérieure, otr<br />

elle séparait les bords supérieurs des génio-glosscs : la division<br />

devenait de plu en plus supedlcielle en arrière, cl elle s'arrNait<br />

l1 la naissance du repli glosso·épiglottique médian. L'enfant succomba<br />

avant qu'on Mt pu tenter aucune opér·ation r·éparatricc.<br />

Prolrtpsw; congénital. - Hien étudiée depuis Lassus, ct r·cmar··<br />

quablcmcnt d(·critc par !. Gayr·aud \ cette anomalie linguale a<br />

étù d(•sin(·c sous lc!i noms de b:ngua vitulina, rJropendllta, maerO[Jlossin,<br />

glossoploc, prolongement hypertrophique, prolapsus,<br />

étranglcnrPnt chronique. C'est une maladie r·arc , malgré le<br />

nombre rclati,ement considérable des cas publiés dan les annales<br />

de la cicnce. Con14éniLaleou accidentelle, elle tH' doit pas<br />

Nr·c confondue à\ cc le onOement aigu de la langue, produit<br />

par une 14lossitc.'. L'Il pertrophic chronique, t·éaliséc, indépendantl'<br />

de la


IU Montpellier<br />

340 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

cette particularité. Les anencéphales nai sent souvent avec la<br />

langue pendante. L'excès relatif du volume de la langue nous<br />

parait lié, dans ces cas, à l'arrêt du développement d'autres<br />

parties, eL représente une des applications de la loi de Gcofl'roy<br />

Baint-LJilaire sur le balancement des organes ; quoi qu'il en soit,<br />

c'est de bonne heure que l'h)·pertrophie s'accentue pendant la<br />

vie intra-utérine. L'influence initiale échappe par cela nH\mc à<br />

l'observation directe. 1ous pouvons mieux apprécier 1eR influences<br />

qui fa vorisent le développement ultérieur tic la langue<br />

prolabéc en dehors de la cavité buccale.<br />

Le libre contact de l'air et des objets extérieurs, la pression<br />

continuodesdents et des gencives, les efforts incessants auxquels<br />

se livrent les malades, soit pour· opérer la succion, soit pour<br />

màcher ou avaler les aliments, soit enfin pour articuler quelques<br />

mots , sont tout autant de circonstances tendant à augmenter<br />

l'hypertrophie. Elles agissent toutes dans le même sens d'une<br />

manire lente, mais assurée.<br />

L'étiolQbrie du prolapsus congénital peut-elle Nro éclairée par<br />

celle du prolapsus accidentel ? lei du moins les corrélations de<br />

l'hypertrophie avec une influence antérieure ont été indiquées<br />

plus affirmaLi\'emenL. On a surtout not.é les sui\'antes : convulsions<br />

du jeune âge (Leblanc, d'Orléans), attaques épileptiformes.<br />

quintes de toux ()lun·ay Humphrey), etc. La plus fréquente<br />

est la glossite, qui agit habituellement sur tout l'organe, pour<br />

en produire l'hypertrophie momentanée, plutôt que la chute<br />

pet·ruanente. Quelquefois, son action est limitée ; ainsi, Graves a<br />

vu, chez un étudiant, une glossite de la moitié gauche de la<br />

langue donner lieu à une augmentation de volume persistant<br />

deux ans après la guérison. Mais ces faits ne sont plus comparables<br />

1.1 cou.). qui nous occupent. Du reste, les cas de prolapsus<br />

hypertrophique, consécutifs à une glossite, deviennent Lous les<br />

jours plus rares à mesure que. mieux connue, cotte demière<br />

maladie est soumise à un traitement plus m6thodiquo.<br />

..<br />

Symptôrnes. - L'hypertrophie congénitale s'accompagne au<br />

d6but d'une difformité qui échappe d'ordinaire à l'attention des<br />

parents. Aussi , les premiers syroptomes passent-ils aisément<br />

inaperçus. Les enfants tettent avec facilité ; ils ont seulement la


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MALADIES DE LA TitTE ET DU COU<br />

bouche entr'ouvert.e, et une certaine tendance à porter la langue<br />

entr'


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34-2<br />

TRIBUT A LA CHrRURGIE<br />

une espè-ce de recrudescence inflammatoire. ;nec tension rlcs<br />

tissus, coloration plus rouge, et sensibilité C\agérée.<br />

Quand l'hypertrophie est très considérable , on obsen <br />

entr·alnc d'autres difformité::- portant ur les parties qui entourent<br />

la langue ou sont en connexion a,·ec elle.<br />

Le maxillaire inférieur éprouœ le pr·cmicr des modifications<br />

caractéristiques ; si la maladie est conl:\énitalc . il subit ou un<br />

arrêt manifeste de développement, ou une vél'itable atrophie.<br />

Son épaisseur est moins grande , et la hauteur de :-;a IH·anchc<br />

horizontale sensiblement amoindrie. De plus, il éprouve une<br />

espèce de torsion sur lui-même f1Ui peut nller juqu'à un complet<br />

renversement. Alors les faces antérieure cL postéricnn de la<br />

hranch horizontale de,·iennent l'une inférieure' , l'autre supPrirurP,<br />

cl le rebord ah·éolaire rpgarde clircrLcmc•nt en :nant,


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MALADIES DE LA TTE ET OU COU<br />

33<br />

quelquefois mctme en avant eL en bas; il en ré ulte que le<br />

planclle•· de la bouche représente un plan fortement incliné en<br />

a\ant, dont la di-;po ition tend sans cesse n augmenter la lésion<br />

dont elle• ct l'effet. La portion qui supporte les dernières molaires<br />

ct qui corre pond au point de tension e t moins abaissée ; aussi<br />

celles-ci peu\'Cnt arriver au contact , tandis que les incisives<br />

éprOU\CnL un écartement permanent qui , chez notre malade ,<br />

me:mrait ;. centimètres. Si la difformité est moins grande , au<br />

lieu cie cette torsion de l'os, on note un simple ron\ ' CrsemenL du<br />

rebord alvéolaire. Los dents antérieures sont déviées en même<br />

temps que l'os qui les supporte ; lem· direction est horizontale ,<br />

ct 11 cause de l'exagération de la courbe que decrit le rehord<br />

al\'éolaire , elles ont toujours entre elles un écartement plus<br />

grand qu 'il<br />

l'état normal. En se déviant , elles se carient , se<br />

dt'·chausscnt, sont vacillantes et tombent ou s'usent rapidement;<br />

pre que toujours elles s'incrustent d'une couche de tartre<br />

qui, clans les cas les plus fa\ orables. comme celui de Sédillot et<br />

le notre , forme une plaque de revètemcnt lisse , arrondie ,<br />

recourb{•c en arcade, au si solide qu'une picne et protégeant la<br />

face inft'•rieurc de la langue.<br />

L;\ direction des grosses molaires et des dents de la màchoire<br />

supérieure e:>t }1 peine chan{·e : les unes et les autre=: sont seulcmrnl<br />

un peu saillantes. Dans les cas d'hyJ>ertrophie accidentelle<br />

!>UI'\'Cnue ap•1•s la première dentition, l'atrophie et la torsion du<br />

ma:\illaire manquent, les inci i\eS et les canines se rell\·cr ent<br />

ct s'(·cartenL un p


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3H<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Oc toute· ces alt.éraLions anatomiques résultent une hideuse<br />

difformité ct de désordres fonctionnels qu'il n'est pas permis<br />

de passer sous ·Silence.<br />

La préhension des aliments solides ct liquides n'e t plu possible<br />

pur le mécanisme ordinaire : les liquides sont déposés à<br />

l'aide d'un biberon ou d'une cuiller peu lare sur la surface<br />

suphicure de la langue, qui se creuse en gouttière imparfaite :<br />

les solides, intr·oduits sur les grosses molaires, sont sou mi ü une<br />

mastication laborieuse, pour laquelle les doits ram(•ncnt sans<br />

cesse les aliments sur les cotés de la tumeur. Les incisi,es ct les<br />

canines de l'une et l'autre mâchoire restant inactives, les 1-)rOssos<br />

molaires seules agissent, non sans exposer la langue it des morsures<br />

douloureuses, que l'attention la pins soutenue ne snffit pas<br />

toujours à éviter. Aussi beaucoup de malades sont récluiLs il<br />

l'usage des aliments liquides, des bouillons, etc.<br />

L'alimentation. et par suite la nutr·ition, sont forcément impar·faites<br />

; la santé reste chancelante ct le dt•\'eloppcment physique<br />

est incomplet.<br />

L'émaciation est encore augmentée par l'écoulement continuel<br />

et l'abondance insolite de la salive. De ceLLe dernière cause<br />

pro'vicntsansdoutc la soifincommodcqui tourmente les malades.<br />

La déglutition, quoique toujour<br />

possible, est rendue difficile<br />

par le déplacement de l'os h) oïdc el du lar) n:\, probablement<br />

aussi par l'aridité et la sècheresse habituelle de l'arrihc-gorgc.<br />

La respiration, presque normale, se fait ou par le<br />

fosses nasales<br />

ou par la bouche largement ouverte. Nous avons vu chez<br />

un malade survenir un commencement d'asphyxie tl la suite<br />

de tentatives de réduction de la langue.<br />

La phonation est altérée : dans les cas oir le prolapsus est très<br />

rnarqné, les sujets balbutient, non sans elforls, quelques mots<br />

inintelligibles, dont il fa ut deviner le sens. Pourtant ils parviennent<br />

peu à peu it articuler d'une manièr·c disLinctc; q uelques-uns<br />

m0mc ont la parole très nette et le chant facile ; rnais cc sont là<br />

des exceptions.<br />

Les autres fonctions s'exécutent d'une manière normale, ct<br />

sauf l'amaigrissement notable et la faiblesse de la con titutlon,<br />

rien n


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-----<br />

<br />

Prola p sus hypertrophique de la langue.<br />

1<br />

.<br />

\ 1<br />

1<br />

'<br />

'<br />

/<br />

'<br />

Avant 1 ·op ératlon Après l' opèration.<br />

<strong>Tome</strong> Il.


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MALADIES DE LA TltTE ET DU COU<br />

31.5<br />

dans les premières années de la vie, elle reçoit tot ou l


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H6<br />

TRIBUT A LA CnJRURGIE<br />

leur Weber • (de Bonn) a rn(\me noté . dan


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MALADIES DE LA TeTE ET OU COU<br />

le màchoires rapprochées ;, l'aide d'un bandae en fronde. On<br />

remplit ainsi une tri1>lc indication : l" empècher le déplacement<br />

de• la langue : 2• en réduire le ,·olume par une douce comprcs­<br />

!'ion : au enfin, pri•\enir OU effacer le altérations SCC'OndHires , SÎ<br />

promptes i1 !'C produire . ..,i . malgré ce traitement méthodique,<br />

l'hypertrophie suit sa marche progressive , ou si le médecin est<br />

appelé pendant la pt•riode d'état, faut-il recourir de suite aux<br />

1110) ens l'\ tn\mes '?<br />

On a conseillé l'usage des purgatifs fréCJuemment rép{•tt'•s ,<br />

aidés des lotions (•mollien tes ct des émissions anguincs localps<br />

(satlgsuc , scat·ification, saignée de la raninc). \.cs divers<br />

mO) eus, utiles as. urément dan!:> les cas d'in tumescence inflammatoire<br />

, sont le plus souvent inefficaces dans la Yéritablo h) pet·­<br />

trophie, ct on ne réussit qu'exceptionnellement à diminuer assez<br />

le volulll


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TRIBUT A J,A CAJRURGIE<br />

par Pibrac '. pour le traitement des plaies de la langue. O'une<br />

efficacité douteuse , il est difficilement support(• 11 cause det:.<br />

menaces s(·rieuses d'asphyxie qui résultent sou\'cnt de toute<br />

tcntatï,c de rétropulsion. Celui de Freteau serait plus facilement<br />

applicable dans la majorité des cas. :'{ous n


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MALADIES DE LA TBTE ET DU COU<br />

3.j9<br />

l'amputation est-elle, dans l'espèce, justifiée par la gravité de la<br />

maladie? Comme nous l'a, ons déjà dit à propos du pronostic, le<br />

prolapsus h) pcrtrophique congénital ou accidentel a une marche<br />

lentcet progrcs:-ivc; pancnu à sa période d'état, il est incurable<br />

par les seules forces de la nature ; le marasme ct la mort en<br />

sont la terminaison fatale , si on l'abandonne à lui-mtme. Ne<br />

sont-ce pas H1 des motifs suffi ants de nous prononcer en fa veur<br />

d'une opé1·ation relativement bénigne? tl est, du reste, de considérations<br />

d'un autre ordre qui doivent peser du plus grand<br />

poids sur la détermination du chirurgien. Tous les sujets atteints<br />

de l'hypertrophie linguale demandent à en t\trc débarrasséR. En<br />

préf'cnce de la dilformité hideuse et choquante dont elle !-l'accompagne<br />

, nous n'hésiterons jamais à conseiller l'usage du seul<br />

moyen héro1·quc, d'autant qu'il ne compromet pas d'une manière<br />

dirc


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350 TRIBUT A LA CIIIRURGIF.<br />

l'énorme saillie qu'elles présentent. On ·occupe ensuite de<br />

redresser le maxillaire infé•·ieur par l'application d'un bandage<br />

en fronde, dont l'action est lente . mais salutaire. La fronde a<br />

chefs élastiques, que j'ai proposée pour Il' traitement des fracturcs<br />

du maxillaire inférieur, aUJ·ait sans contredit des effets plus<br />

rapides. Je l'ai cssa)'ée a'ec un a,·antagc temporaire chez ma<br />

jeune malade ; mais la plupart des appareils sont difficilement<br />

supportés à cause de l'humidité constante entretenue au ni,eau<br />

de ln sympb) sc du menton par l'écoulement de la sali' c dans le<br />

godet de la fronde. Le but qu'on recherche par leur emploi est<br />

(•gaiement contrarié par les rapports irr6gulien; de la 1


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MALADIES DE LA TTE ET DG COU<br />

que ne pourrait donner une opération compli·mcntairc. Che7. ma<br />

malade, la lè' re 1·edressi•e s'est 1·aUèrmie , a n' pris sa toniciL(• ct<br />

a fini par clore la bouche en lui re tituant un certain arément<br />

de fo1·111e .<br />

... 1nkyloglosse. -<br />

ous décrirons sous le nom ù'an) loglossc<br />

toute adhérence anormale , congénitale ou acquise,<br />

tenant la<br />

langue fixée rn un point de la cavité buccale. Cc ' iec de conformation<br />

peut exister sur la ligne médiane qui ùivisc en den'\ ln<br />

face inférieure dl' ln langue, sur cette face infr


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352 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

lève la langue avec un ou deux doigts de la main gauche, de<br />

manière à tendre le frein ; puis, avec la main droite armée de<br />

CÎ$eau.\ mous e;i, il fa it rapidement une incision antéro-postérieure<br />

de il ou 4- millimètres au plus. De peur d'être gêné par<br />

le Yolume des doigts, on préfère généralemnt relever la langue<br />

avec la plaque fendue que J.-L. Petit a fa it ajouter pour cet<br />

usage à la sonde cannelée des trousses. Si le repli muqueux est<br />

bien tendu, l'incision la plus légère la divise suffisamment, ct<br />

en ayant soin de diriger en bas la pointe des ciseaux, on ne fait<br />

cour·ir aucun risque aux artèr·es ranines.<br />

La petite plaie n'exige aucune pr·écaution ; car la réunion est<br />

toujours empêchée par les mouvements de l'organe.<br />

Cotte opération très simple ct d'ordinaire sans gr·avité, sc<br />

complique quelquefois de deux accidents redoutables, sur lesquels<br />

J.-L. Petit a attiré l'attention, en exagérant leur fréquence.<br />

Je veux parler de l'hémorrhagie et du renvcr·semcnt de la lanue<br />

vers le pharynx.<br />

L'hémonhagie est due tan tot à la di,ision de artères ou des<br />

veines ranines, Lanlot à la présence anormale de quelque vaisseau<br />

dans le fr·ein. ou à la va cularité plu:; grande de cet organe.<br />

Elle peut, rarement il est wai,


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MALADIES DE LA TÊTE ET OU COU<br />

35<br />

ct li l'autop:oic, on put clll constater l..l cause réelle. li n'est donc<br />

pa-. permi-. de le ré,·oquer en doute. J.-1. Petit en donne l'explication<br />

:o-ui, ante : « Ce qui commence le mal, c'e t le sang qui<br />

coule du lilet coup


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354 TRIBUT A LA CHffiURGIE<br />

on n'a pas notf> l'cistence de cc s mptome pourtant si grave : la<br />

langue était fixée dans toute sa lar·geur à la mùchoire inférieure.<br />

n'ayant de libre, de l'adhérence au bout de la pointe, qu'cm iron<br />

deux lignes de longueur. Elle ne pouvait, dit l'ob cr·,·aLcur, ni<br />

s'allonger. ni se replier, ni faire aucun des moll\emcnts nécessaires<br />

pour la succion ou pour la pai'Olc : aussi le jeune sujet<br />

était-il tombé dans l'émaciation la plus profonde. L'opérMion fut<br />

pratiquée de la manière suivante: aprt'S a,oir introduit un<br />

bùillon entre les molaires , afin de tenir la bouche ltugernent<br />

ouverte, le chirurgien l'elcYa avec l'index ct le médius do la main<br />

gauche le petit bout de la langue ; il procéda ensuite à une dissection<br />

minutieuse, en ayant soin do ne pas ton mor le tranchant<br />

du scalpel vers le corps de l'organe. L'hémon·haic fut insinifiantc,<br />

ct l'enfant, mis au sein, pul téter sans difficulté aucune.<br />

Au lieu d'une adhél'ence uniforme, on l'encontre quelquefois<br />

une tumeur sub-linguale , obscnce d'abord par Faure , qui l'a<br />

comparée à une seconde langue. Elle consis t e en un boul'l'clct<br />

chal'nu, de dimension variable, dont la présence gênr beaucoup<br />

les mouvements de l'organe qui le smmontc. Dans le cas de<br />

prolapsus h) pertrophique cité par (aurin . la difficulté de la<br />

succion avait été atLribuée à ce que la langue adhérait au;\ gcnci,cs<br />

par une tumeur spongieuse gros::-c comme une nrlinc.<br />

\.'était c\ idem ment l'analogue du bounclct de Faure , qui n'est<br />

pcut-ètre lui-même qu'une variété de grenouillette. CeLle anomalie<br />

congénitale a été combattue a\antagcuscment par des<br />

scarifications, mais le dégorgement qui en résulte n'est pas toujours<br />

suffisant poul' rendre à la langue sa liberté d'action. On a<br />

recours alors à la section du boutTelct sous-lingual ; cette petite<br />

opél'ation ne doit pas ètrc faite sans précaution , il cause des<br />

hcmorrhagics fréquentes dont elle s'accompagne. Faure, pour sc<br />

•·endre maitre du sang , dut tenir pendant plus d'une heure , sur<br />

la surface incisée, des morceaux d'agaric d'in6galc grandeur. Si<br />

CC moyen ne reussissait pas, on aurait toujour·s la ressour·ce du<br />

fer rouge, d'une efficacité moins douteuse.<br />

Ou reste , la plaie qu'on vient de faire ne •·éclame aucun soin<br />

sp{,cial ; elle se cicatriserait même trop vite , si le doigt du chirurgien<br />

ct les mouvements de la langue n'empêchaient le recollement<br />

des surfaces divisées.


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MALAOJ ES DE LA TeTE ET DU COU 355<br />

L'ank) loIO!-SC inférieur peut ètre accidentel ct sc présenter<br />

dans la science ù'obscr,ation d'ani...) lo­<br />

loc de cc rn re plus r·emarquablc que celle de Sédillot '. A la<br />

!;uiw d ' une tcntati,·c de suicide . le maxillair·e inférieur avait été<br />

bric\ la langue au-dessous du menton. Il était<br />

dôsrspéré et voulait de nouveau attenter h sa vic. On détacha IPs<br />

frngmcnts du maxillaire, on disséqua la langue qui fut rumisc il<br />

sn placr. La plaie ccn·icalc fut réunie par des points de suture,<br />

la cons(llidation de b mùchoirc inférieure s'accomplit, ct le<br />

malad(•, retabli dans la plénitude dcscs fonctions, fut d(•bar'l'n sé<br />

de ecttc nffreusc diffo rmité.<br />

('. AllktJIO!Jl-asse latéral. - Les adhC:·renccs qui tiennent ln<br />

lan;.;uc fi,éc au\ parties latér·alcs des gcnci,cs ou i1 la face<br />

interne des joues , sont plus sou\cnl accidentelles que con;.;éni·<br />

talcs. La c:;tomatitc ulcéreuse et la lo site en sont les causes<br />

ordinaire:-. Parfois. la bride cicatricielle ou conénitalc cxitc<br />

de ... dc'll\ cotés, ct présenteit droite et il gauche hl même lon­<br />

lll'llr. Dans cc cas . les mou,·cments de la hwguc sont ç;t\nés<br />

commt• darh l'ank lolossc inférieur : mais sou,cnt, dans les ca<br />

d'udhércntc accidentelle double, une des deux brides est plus<br />


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35C<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

ct courtes de cintt millimètres, collant les parties latél'ale<br />

la langue à la face interne des joues dan l'étendue de plu d'un<br />

pouce. Si les brides avaient une certaine longueur, il pounait<br />

être utile de les ·couper en deux fois, d'abord au niveau de la<br />

joue, puis au niveau de la langue; en un mot, l'e'-cision serait<br />

préférable à l'incision , qui aurait l'inconvénient de laisser dans<br />

la cavité buccale deux lambeaux incommodes.<br />

d. Ankyloglosse supériew·. -Cette lésion est si rare , qu'elle<br />

est à peine mentionnée dans Ici' auteurs. D'après Ici' obscrn.ILions<br />

ùe La pie ct de llusscl , consignées dans les Mémoires de t' Académie<br />

de chint1·gie, elle consiste en une sorte d'application eMlCt('<br />

ùe la langue contre le palais , auquel elle semble collée. On<br />

comp•·cnd que cette ùisposition vicieuse gônc considéral>lemcnt<br />

les mouvements de succion , ct qu'elle puisse même exposer les<br />

jeunes sujets à périr faute de nounitu•·e. Heureusement qu'il est<br />

aussi facile de la reconnaltre que de la nui•rir. Le doigt ou le<br />

manche de la spatule ont Sllffi dans tous les cas, sans qu'il ait<br />

cu reproduction de l'adhé•·encc.<br />

de<br />

li. PLAIES ET CORPS eTUANGERS.<br />

fu Plaies. - Les plaies de la langue sont produite::- par des<br />

instruments piquants , tranchants ou contondants. Les prcmihes<br />

:;ont rare et ne présentent d'ordinaire aucune gn\\ité. Les<br />

astringcn ts, la g\ai)C, aidés du repos de l'organe, suffiscn t<br />

prcquc toujours à arrètcr le sang, et la cicat•·is


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IALADIES DE LA TeTE ET DU COU 357<br />

geant sont toujout·s peu graYes : simples contusions ou plaies<br />

superficielles, elles s'accompagnent d'une vive douleur instantanée<br />

, mais guérissent en peu de jours ; elles n'apportent ordinairement<br />

qu'une<br />

légère gène à la mastication. Les plaies<br />

produites à la suite d'un coup ou d'une chute sur le menton<br />

p sont. à tous égards, plus graves. La


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358 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

ehacun0 des faces de la lanuc . et le pcrchlorure cie fer, aidé<br />

de la compression des carotides, sont ù'e:\ccllcnts mo en au"­<br />

qucls on peut" oir recours : mais


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MALADIES DE LA TltTE ET DU COU 359<br />

de l'cau de mau,c, si l'on ,·eut éviter trop de mou,emcnt. Les<br />

mor ures des épileptiques sont très fréquentes ; cettains de ces<br />

malheureux ont la langue couturée de cicatrice , conespondant<br />

presque toutes à un mèmc point. Il en résulte parfois la formation<br />

d'un sillon d'une profondeur variable, ct par suite une<br />

gt'ne dans la circulation ,·cineuse , et une tuméfaction désagrcable.<br />

Un malade, observé padlaisonncuvcà l'asiledc llict\Lre,<br />

éprou\t\Ït une telle gt'ne dans les fonctions de la langue , qu'il<br />

demanda l'ablation de la partie tuméfiée, dont le volume égalait<br />

celui d'un œuf lie pigeon ; l'opétation fut faite par la ligature<br />

combiuéc avec l'cxci!>ion ; il n'y eut pas d'hémorrhagie, eL le lien<br />

(·tant tombé le cinquirme jour, la guérison sc trouva complète .<br />

.le ne puis tcrminc1· cc paragmphe sans dire un mot dos plaies<br />

par anncs tt feu. IWos sont assez -communes dans los tentatives<br />

de suicide. Co sont les plaies contuses par excellence ; elles<br />

occasionnent :::ou' e1H des pertes de substance plus ou moins<br />

consid(·rablcs, soit par l'ablation immédiate , soit par la mortification<br />

cons(•cuti,·e d'une partie de la langue. Le désord1·es ont<br />

quelquefois tellement graYes, que la lesion de la langue n'o{f,·c<br />

plus qu'un intt'· n't secondaire. Dans tous les cas, ces plaie guérh-sent<br />

difficilement cL apr(·s une suppuration abondante. li est<br />

rat·c qu'on trou'


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360 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

l'ensible ilia pression ; sut· la tumeur ou aupri·s d'elle, exi Lait un<br />

trajet fistulcu'l., par lequel on pouvait introduire un SI.) let, jusqu


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)IALAOIES DE LA TeTE ET OU COU 361<br />

Ill. ABCÈ<br />

Les abci•s de la langue sont une terminaion de la ;: do-.site<br />

aigui.•. Haros a cause de la structure presque exclttsi,cment<br />

musculaire de l'organe, ils reconnaissent les rn


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362 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

1 V. ULCÈRES.<br />

Les ulcl-res de la langue sont de cau e gùné1·ale ou de C'éHISt'<br />

locale.<br />

Parmi les premiers, il en est qu'on peut sc dispenser de dt'­<br />

crire d'une manière spéciale : cc sont les ulcères scorbutiqucs<br />

ou scrofuleux, toujours faciles \ reconnaiLre, 1\ cause de l'e,istcnC'C<br />

simultanée d'autre symptômes de l'afl'ection h laqul'llt• ils<br />

sont liôs. Les ulcères ùé,·eloppés sous l'influenr


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTF. ET DU COU 363<br />

tclui du chancre infectant. quelle que soit la région o\1 on l'ohsene.<br />

La hngue .--.t sujette une Yariété pat·ticuliè-rc de solution dt•<br />

continuité : on ) t•cmarqne les ulcères chronique>; lacau.c qui sont<br />

fli·L


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3


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MALADIES OE LA TÊTE ET DU COU<br />

l(•ger· cm·actér·istique. Les désordres fonctionnels dont elle s'accompagne<br />

n'offrent rien de spécial ; la r·cspiralion, la déglutition<br />

sont notablement g•\nées comme presque dans toutes les ma lad ics<br />

de la langue, avec tuméfaction de l'organe.<br />

L'a né' r·yme diffus sunienl presque instantanément, si la<br />

plaie profonde est le résultat de l'action d'un instrument tranchant;<br />

plus tord, ct d'une manière moins rapide, dans le ca tic<br />

bles ures par ar111e<br />

ü fe u. Un fa it intéressant, montionnt'• dans<br />

l'ob enation de )Jaisonneuve, c'est que. malgré son accumulation<br />

dans l'épaisseur de la langue, le sang, soulevant l


IU Montpellier<br />

366 THIBUT A LA CIIIHUHGIE<br />

tération du vais eau par un caillot solioc. En cas d'insucc


IU Montpellier<br />

IALADIES DF. LA T€TE ET DU COU<br />

:l67<br />

proportionnelle à l'intensité des -·mptomcs ct i1 la ravi té de:.:<br />

désord •·cs fonctionnels.<br />

b. Antvrysme circonscrit. - L'anéH) sme cirroncrit peut<br />

1\trc un des modes de terminaison de l'anévrysme diffus, ou bien<br />

rcnt•·cr dans la catéoric des anévrysmes ' rais ct sponti.lnés. Les<br />

C'-Cmples cie l'une ou l'autre de ces den variétés :-ont très •·arcs.<br />

Onns un cas cité par C:olomb, la tumeur était située il ia partie<br />

mo) en ne ct supé•·ieure de la langue ; elle était ci•:conscrite ct<br />

grosse comme une petite noisette ; en la touchant avec le doigt ,<br />

on sentait des pulsations eL des frémissements intérieurs. Le<br />

volnnw de la tumeur augmentait pendant les efforts , surtout<br />

qunnd le sujet parlait h haute voix.<br />

Ces c


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368 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

la lanl-;Ue les deux YariéLés ue par Billroth sous le nom de<br />

télangiectasic ct de tumeur sanguine caYei'IH'uc;c.<br />

La télangicctasie . composée de capillaires ct de très prtit<br />

\'aisseaux élastiques flexueu. for·mc le plus soU\·ent une tumeur<br />

d'une colomtion rouge cerise, d'un ,·olumc Hlriablt', ne dépassant<br />

pa,; le tissu conjonctif sou-muqucu\. ; il sc 'ide lentement<br />

sous la pression , pour sc remplir dès que lu pression a cessé :<br />

cependant, On \Oit quelquefois , it Coté do l'c\UbértlnCC \aSCU­<br />

Inire. une formation nouvelle de tisc;u conjonctif ct graisseux., de<br />

sorte que la pression ne fait pins disparaltro lu saillie.<br />

Le':.; tumeurs ;anguines ca\'erncuses sont constituéC's par un<br />

tissu réticulé, blanc, dense cl résistnrü , dans lequel on r'CC'Onnaît,<br />

aprrs l'extirpation , des caillots plus ou moins densC's on<br />

m(\rne de petites concrétions calcaires ronde;,


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU 369<br />

multiplicité des tumeur·s est ainsi notée dans une observation<br />

prise à l'hôpital aint-Geoq;es, par le docteur Johnson.<br />

Les tumeurs érectiles de la langue ne sont pas difficiles à<br />

reconnaitre , color·ation particulière , indolence , augmentation<br />

de volume dan l'aspiration et dans tout état de gène de circulation<br />

veineuse, réductibilité plus au moins complète, écoulement<br />

sanguin tt la suite de ponction exploratrice, sont des caractères<br />

distinctifs qui rendent l'eneur d'autant plus impossible quo la<br />

lésion est génér·alemen t superficielle. Un examen aLLen tif n'en est<br />

pas moins nécessaire, surtout si la coloration exceptionnellement<br />

livide d'une partie de la langue fait soupçonner le mal, que les<br />

malades n'accusent pas toujours eux-mêmes. Dans les deux cas<br />

de J3omar·d llolf et do Johnson, les tumeurs ne furent découvertes<br />

quo par hasar·d , les malades n'ayant pas mème mentionné leur<br />

existence.<br />

Dos nombreux moyens pt·éconisés contre les tumeur·s érectiles,<br />

il on est un cer·Lain nombre qui ne peuvent


IU Montpellier<br />

370 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

nombreuses, et quclqnt'"' ranulations moléculair..:s. Le sac dans<br />

lequel est rcnfcnné le liqo ide a des parois tan tôt trs épaisses .<br />

tan tot tt·ès minces, sa slll-face interne est lisse comme une éreusc,<br />

ct sou,·ent couvct"le d'une mince couche épithéliale, formée par<br />

des cellules pàles, constatées par Bill roth , ct qui forment la<br />

couche sécrétante. Ce rcvètement épithélial appat"licnt à ce que<br />

Thicrzell flppellc épithélium faux ou du tissu conjonctif. endothélium<br />

de llis. Il est donc probable que ces kystes éroux sont des<br />

hydropisies de cavités préexistantes ùu tissu conjonctif. Les kystes<br />

muqueux ont pour point de départ les éléments glandulaires.<br />

J'ai enlevé une tumeur de cc genre à un jeune officier ; elle<br />

contenait un liquide transparent, visqueux. L'analyse chimique<br />

fa ite par 1. Chancel, professeur à Monpcllicr, n'y llt rcconnaitre<br />

que du mucus absolument pur. Quand ces kystes sont uncicns,<br />

ils ont ordinairement des poches épaisses; leur liquide renferme<br />

degrandes cellules rondes, pùles, tt·ansformécs sou,·cnt en cellules<br />

granuleuses par suite d'une dégénération gt·aisscuse, et des<br />

corpuscules sanguins ; on y trouœ aussi des cristaux de cholestérine<br />

en grande quantité; leur paroi e:-.tcrne est formée de<br />

plusieurs couches épithéliales superposées ; le liquide qu'ils<br />

renferment augmente de consistance en raison de l'ancienneté ct<br />

ressemble parfois à une gelée épaisse. Quelle que soit leur nature,<br />

les kystes de la langue ont pom siège de prédilection la base<br />

de l'organe ou bien sa face inférieure, en un mot un des points<br />

où sc trouœnt de nombreuses glandules analogues tt celles qui<br />

tapissent la plupart des points de la cavité buccale. Ils sont<br />

prcsq ue toujours placés supcrficiellemen t, rarement dans l'épaisseur<br />

même des tissus. On les a rencontrés à tous les ùgcs ùc la<br />

vic, ct dans un fait très intéressant donné par P. Dubois comme<br />

un e:\.ernple de grenouillette congénitale, le sujet de l'observation<br />

était un nouveau-né, àgé de deux jours, pot·tant tl la portion<br />

inférieure et libre de la langue une tumeur considérable, que<br />

distendait un liquide séreux très abondant.<br />

Les tumeurs kystiques sont anondies, mollasses, légèrement<br />

élastiques; si elles sont supedlcielles ct ù parois minces, on )<br />

sen t aisément de la fluctuation. Rarement elles ont un volume as ez<br />

grand pour gènet· beaucoup les fonctions de l'organe ; pourk·wt,<br />

dans le cas de P. Dubois, la succion était absolument impossible.


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÈTE ET DU COU 371<br />

Le diagno tic ne peut ètre difficile que pour les k)'Stes profond,<br />

;, parois épaisses et à liquide muqueux ; l'absence de<br />

fluctuation pourrait alors les fait·e confondr·e avec quelqu'une<br />

des tumeur:; solide dont la langue est le siège : mais la mollesse,<br />

la gurc arrondie, le défaut de bosselures devraient au moins<br />

inspirer le doute ct conduire à une ponction exploratrice après laquelle<br />

il ne saurait plus rester d'incertitude.<br />

Les k)'stcs linguaux s'accompagnent rarement de<br />

troubles<br />

fonctionnels sérieux. lis appartiennent à la classe des tumeurs<br />

chroniques par excellence; leur pronostic n'est donc pas grave,<br />

ü moins que la gène de la succion n'expose le jeune sujet à<br />

mout·ir do fa im, comme cela<br />

P. Dubois.<br />

faillit anivet· au malade do<br />

Le tr·aitement des kystes est simple et généralement suivi de<br />

succès, surtout s'ils sont peu volumineux, supCJ·ficiels ct compris<br />

dans la partie libre de l'organe . .Mais ces sor·tos de tumeurs<br />

ont de la tendance i1 se reproduir·e.<br />

Dans les tumeurs à contenu séreux ou à minces parois, la<br />

ponction doit ètre tentée d'abord. P. Dubois lui a dù la guét·i on<br />

du nouYcau-né dont il a raconté l'histoire. Si la ponction est<br />

insuffisante, on peut lui substituer· une incision plus étendue ou<br />

bien faire dans le sac une injection iodée, d'après la formule en<br />

usage pour· le traitement de l'hydrocèle simple (teinture d'iode<br />

ct eau distillée, partie-; égales ; iodure de potassium, quantité<br />

suffi ante pour faciliter la dissolution).<br />

Ces mO) ens sont quelquefois efficaces, mais ils exposent plus<br />

que ceux que nous allons décrire à la reprod uction du liquide.<br />

Pour éviter cc résultat, il faut recourir à l'excision complète ou<br />

partielle de la tumeur.<br />

L'excision complète ou extirpation est difficile à cause des<br />

connexions intimes du kyste avec la muqueuse linguale ; il est<br />

plus avantageux de la remplacer par l'excision pnr·tiollc. Le meilleur<br />

pr·océd6 est celui quo recommandent les au Leurs du Compmulinrn<br />

dechirm·gie. Il consiste \ embrocher avec le Lenaculum<br />

la port.ion libr·e de la tumeur et à couper avec les ciseaux courbes<br />

dct·r·ière l'instrument, de manière à cnle\'or d'un seul coup toute<br />

la partie embrochée. On produit ainsi une perLe de substance<br />

par· laquelle s'écoule le contenu du sac et on fait immédiatement


IU Montpellier<br />

372 TRTBUT A LA CHffiURGIE<br />

avec la pierre infemalc une cautérisation qu'on a le soin de<br />

renouveler tous les jours. CeLte petite manœuvre a pour but<br />

d'empêcher la réunion des lèvres de la plaie avant que le fond<br />

ne soit cicatrisé eL que le kyste n'ait par conséquent dispal'll.<br />

L'indocilité du malade ou la négligence du médecin peuvent<br />

occasionner une récidive et rendre nécessai•·c une nouvelle opération.<br />

3° IlvoATIDES. - Dans la langue, comme dans presque tous les<br />

autres organes, les hydatides peuvent sc développer. On les a<br />

rencontrées surtout au milieu du tissu conjonctif sous-muqueux.<br />

E\lcs fo rment une tumeur indolente, molle, élastique, fluctuante,<br />

ne gènant que par son volume, p•·ésen tant tous les caractères<br />

connus des kystes séreux, dont il est impossible de los distingue•·,<br />

à moins qu'une sensation de collision sous la pression ne fasse<br />

soupçonner leur présence. J3illroth a vu exti•·per sur le nez el su•·<br />

la langue des cysticerques, qu'on avait pris pou•· des kystes<br />

séreux ordinaires. Au point de vue pratique, cette confusion n'a<br />

ancnn inconvénient, car le traitement des deux maladies est le<br />

m


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA Ti?.TE ET DU COU 373<br />

gnaicnt l'idée d'un kyste. L'opération fut pratiquée par énucléa­<br />

Lion, ct la guérison ne se fit pas attendre. L'examen de la pièce<br />

pathologique, fa it a,·ec le plus grand soin, démontra que la<br />

tumeur, enveloppée d'une espèce de poche kystique, était principalement<br />

fo rmée de tissu graisseux, mélangé avec une assez<br />

grande quantité de tissu fib1·eux. On retrouva, en quelques<br />

points, du tissu cartilagineux et mème des ostéides peu considérables,<br />

olfmnt tous les caractères microscopiques du tissu osseux.<br />

Follin a communiqué depuis à la Société de chimrgie 1, un<br />

fa it do lipome inséré par un la1·ge pédicule sur la partie latérale<br />

gaucho do la langue, un peu en arTièrede la pointe. La tumeur,<br />

du volume d'un œuf, était d'aspect jaunâtre, bosselée à droite,<br />

légèrement ulcéd:e à gauche. Développée depuis vingt-deux ans,<br />

elle rendait difficiles la mastication et la pa1·olc. Follin n)solut<br />

d'en faire l'ablation, cL se servit de l'appareil galvano-caustique<br />

do lliddeldorpf. En une minute, la tumeur fut enlevée sans<br />

hémonhagie. Le microscope fit reconnaitre l'existence d'un vrai<br />

lipome recouvert par quelques fibres longitudinales de la langue,<br />

et plus supedicicllement par la muquensc.<br />

J'ai ob en•é un lipome de la langue chez un adole cent àgé<br />

de 1 :.>an , ad mi en 186i à la clinique de lontpellicr. La tumeur<br />

ayant le ''olumc d'une petite noix, occupait l'extrémité de l'organe<br />

; elle était molle cL indolente. La muqueuse qui la recouvrait<br />

présentait une teinte grisàt1·e. J'attaquai cc lipome par<br />

uncinci ion en V, dont les cotés furent alfrontés et réunis par des<br />

points de suture. La guérison fut obtenue en quelques jours.<br />

L'examen microscopique de la tumeur confirma le diagnostic.<br />

Faut-il rapprocher de ces trois faits le suivant, observé par<br />

F. Masson, dans le King's College Hospital '? En voici l'analyse<br />

succinte : Une femme de 27 ans portait, depuis sa naissance,<br />

trois tumeurs situées sur la région dorsale de la langue, et d'un<br />

volume iuégal ; les tumeurs étaient pédiculées, indolentes au<br />

toucher, à surface déchiquetée, vasculaires, molles, dépour·vues<br />

de papilles ; elles n'occasionnaient de gêne ni dans la parole ni<br />

dans la mastication, et paraissaient indépendantes du tissu mus-<br />

1 Février 1866.<br />

2 T /tc Lancel, 1 novembre 1863.


IU Montpellier<br />

37'J.<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

culairc dont elles ne suiYaient pas les mouvement . La plu!'<br />

gr·os c des tr·ois, qui a''ait une circonférence de 7 centimè-tres,<br />

fut soumise à l'excision après ligature préalable de sa base. On<br />

respecta les deux autres. Le résultat de l'examen de la tumeur<br />

fut le suiYant : réseau fibro-cellulairc, contenant un fluide gélati<br />

ncux, jaunàtre, avec cellules nucléées ct sphéro·rdcs, ct beaucoup<br />

de globules graisseux. CeLLe observation diffère des précédentes,<br />

mais, dans l'incer·titude où nous étions de la plaie qui lui convenait<br />

le mieux, nous avons préféré la rapprocher des lipomes,<br />

avec lesquels elle a de nombreux points ùe ressemblance.<br />

li nous est possible maintenant de tracer en quelques mots les<br />

caractères de cc genre de lésion. Tout est obscuritü dans l'étiologie.<br />

Des f!Uatre faits que nous avons groupés, un étoit présenté<br />

pur un vieillard , les trois autres appartenuient à un ùgc peu<br />

avancé de la vie ; le der·nier· mùmc , le plus douteux il est vrai ,<br />

parai sait être congénital. Dans aucun d'eux, on n'avait pu noter<br />

de cause probable.<br />

Le diagnostic estgénémlemeot facile, car les lipomes constituent<br />

dos tumeurs indolentes , arrondies , sans changement de<br />

coloration à l'enveloppe. Chez notre sujet, toutefois, l'en,·eloppe<br />

muqueuse aYait pris un aspect gri:'àtr·e . ct l'élément papillaire<br />

était très saillant. Le lipome lingual donne la sen ation d'une<br />

mollesse particulière , caractéristique , qu'on dél:>ignc pour cela<br />

sous le nom de lipomateuse. Cette mollesse peut induire en cncur<br />

en faislnt croire à la présence d'un liquide, mai dans le doute,<br />

on doit a:surer· le diaguostic par le recours au mo en déci if de<br />

la ponction exploratrice. La marche de la maladie est très lente,<br />

ct sa graYité nulle, à moins que des ulcérations ne surviennent<br />

sur les points saillants, ou que le volume de la tumeur n'appottc<br />

des troubles plus ou moins sérieux aux diverses fonctions dont<br />

la langue ost le principal instrument. JI ne survient ni engorgement<br />

ganglionnaire , ni phénomène d'infection générale , ct la<br />

•·oprod uction n'est pas à craindre , quand on l'ait l'extirpation<br />

avec tout le soin désirable. La récidive ne sc prod uit que dans<br />

les cas composés qui ne sont plus des lipomes proprement dits,<br />

mais des tumeurs oll l'élément graisseux n'C.\Ciut pas l'aptitude<br />

infectieuse attachée au cancer . .Jamais le lipome ne sc termine<br />

spontanément d'une manière faYor·ablc , jamai::: on n'en obtient<br />

,..,


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TÊTE ET DU COU 375<br />

la disparition par l'emploi des résolutifs locaux ou généraux. Le<br />

;-cul remède c t l'extirpation. On peut la faire par· le bistouri,<br />

rommc Laugier·, par la ligature combinée avec l'c,cision, comme<br />

'Jason, ou par la galvano-caustique comme Follin; par l'excision<br />

suivie de réunion immédiate , comme dans notr·e obscnation.<br />

Chacun des procédés a réussi, mais la cau c en est plu tot dans<br />

la bénignité de la lésion que dans la nature du mo) en. C'est<br />

donc au chirurgien à choisir le mode opératoire qui lui paraltrn<br />

1


IU Montpellier<br />

376<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

sont, comme partout, constitués par un tissu conjonctif très<br />

dense , bien feutré, parsemé d'un grand nombre de noyaux ;<br />

souvent, ils sont compo és pl'incipalement de cellules fusiformes<br />

très serrées les unes contre les autres. Beaucoup d'entre eux<br />

rpontr·ent à la coupe une disposition concentrique régulièr·c des<br />

fibres autour de centres tr·ès distincts. Cette disposition provient,<br />

d'après Billr·oth, de ce que le tissu fibreux se for·me autour de<br />

vaisseaux ct de nerfs qui se trouvent ainsi au milieu de cm·taines<br />

couches.<br />

Le diagnostic est très difficile dans certains cas. La lenteur du<br />

développement, la rareté des douleurs , l'absence d'engorgement<br />

ganglionnaire et d'infection générale , le défaut d'ulcération ne<br />

sont pas toujout·s des caractères suf6sants pour· distinguer· le<br />

fibrome du cancer. Heureusement que l'erreur du chirurgien<br />

n'est pas préjudiciable au malade , car le traitement des deux<br />

lésions est le même. Le pronostic seul doit changet· : peu sérieux<br />

dans la tumeur fibreuse, il acquiert une gravité excessive dans<br />

le cancer.<br />

Le diagnostic di[érentiel a plus d'importance quand il s'agit<br />

de distinguer une tumeur fibreuse d'une tumeur· syphilitique.<br />

Aucun caractère bien tranché n'autorise d'abord une affir·mation<br />

trop ab olue. Aussi faut-il , dans presque tous los cas, avant do<br />

recourir à une opération , faire l'éprcuYe d'un traitement antisyphilitique.<br />

Les mercuriaux, l'iodure de potassium , les préparations<br />

d'or seront continués pendant quelque temps , ct suivant<br />

le résultat, on pourra se prononcer· sans crainte sur la nature de<br />

la maladie.<br />

Le seul traitement applicable au fibrome est l'extirpation par<br />

un des pr·océdés que nous aurons plus tard occasion do décrire.<br />

La guérison est généralement rapide, et si les limites du mal ont<br />

étê suffisamment dépassées, on peut presque assurer· qu'il n'y<br />

aura pas de récidive.<br />

6° 'fUMEURS SYPHILITIQUES. - La langue est \e siège fr6quontde<br />

tumeurs appar·tenant à des pér·iodes diff6rcntes do la syphilis.<br />

On peut les diviser en deux classes, suivant qu'elles appartiennent<br />

à la catégorie des accidents secondaires ou à celle des accideuts<br />

tertiaires. Comme il y aurait de notables inconvénients,


IU Montpellier<br />

MALADIES Dl': LA niTE ET DU COU 377<br />

dont les pt·incipaux seraient de morceler un Lableau d'ensemble,<br />

de nécessiter de nombreuses répétitions, à séparer les maladies<br />

vénériennes de la lan3ue e celles des lèvres, de la muqueuse<br />

buccale, du pharynx, l'étude déLaillée de ces diverses localisations<br />

a été renvoyée à l'article BocciŒ, et nous nous bornerons,<br />

pour ne pas rompre l'harmonie de cet article, à quelques considérations<br />

pratiques sur les tumeurs dont l'origine est imputable<br />

à la syphilis.<br />

Les tltmeurs syphilitiques proprement dites se développant soit<br />

dans los couches profondes du derme, soit dans la couche musculaire<br />

elle-même, appartiennent à la pét·iodo tertiaire de la<br />

syphilis, ct à ce Litre se manifesten t fort tard apt·ès l'accident<br />

primitif. Le pt·emier cas de ce genre que nous avons signalé avait<br />

pout· sujet une fe mme. Il n'en est pas moins établi par l'observation<br />

quo los femmes y sont moins<br />

sujettes que los hommes.<br />

Pounp1oi cotte immunité relative? On en a cherché la raison<br />

dans diverses habitudes prédominantes chez les hommes. 1. Costi<br />

they, dans son rapport sur le mémoit·e de Lagneau fils, cherche<br />

à s'en rendre compte en •·appelant quo celLe affection sc<br />

montt·o habituellement chez les individus qui font un us


IU Montpellier<br />

3ï8<br />

TI\IBUT A LA CIIIRURGIE<br />

dans les muscles. Pour peu qu'on examine avec attention l'a!'pect<br />

général, le mode de déformation de la langue, la dureté que son<br />

tissu ac:quiert dans les dilférents points aOèct.'•s, la profondeur<br />

ct la sensibilité insolite de la tumeur qui s') manifeste. la g


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COt; 379<br />

partie latérale gauche de la langue , une tumeur grosse comme<br />

une noi, blcuàtrc, de consistance spongieuse, bo sciée, a,·cc<br />

ulcé•·ation fongueuse au sommet. La salivation était fétide ct<br />

continuelle ; le ganglions ous-maxillaire étaient douloureux ct<br />

engorgés. On ossa) a sans succès les mercuriaux ct l'iodure de<br />

pota sium. Alors le chlorure d'or fu administré il la dose de<br />

0 gr. 01 matin ct soir: en même temps, l'ulcération fut touchée<br />

trois fo is par jour, au moyen d'un pinceau imbibé de solution<br />

aurifère : sous l'inlluence de ce traitement la guérison fut complète<br />

en six semaines. J. Cloquet a mentionné au si , dans une<br />

do ses observa tions, l'existence d'adénite sous-maxillaire paraissant<br />

dépendre évidemment de la lésion linguale.<br />

Le diagnostic de la tnmour linguale syphilitique est souvent<br />

difficile à établir immédiatement d'une maniè•·e précise : ulcères<br />

locaux, tumeurs fibreuses, cancers, sont trois maladies avcr.<br />

lesquelles on peut aisément la confondt·e ; aussi un chirurgien<br />

prudent met-il à profit toutes les circonstances prochaines ou<br />

éloignées, tous les symptomes objectifs ou subjectifs qui peuvent<br />

l'éclairer su•· la nature de l'affection dont la cure lui ost<br />

confiée. L'histoire du malade peut fournit· des signes précieux de<br />

pr·ésomption: on doit noter avec soin l'existence anté•·ieurc d'un<br />

choncr·c induré ou d'accidents secondaires,<br />

le dé,·cloppomcnt<br />

actuel d'autres lé·ions syphilitiques, telles que caries, cxo toscs,<br />

ulcération pharyngiennes, tumeurs gommeuses , musculaires<br />

ou 'iscérales. Ces coexistences morbides peu,·cnt éC'Iairer la<br />

que tion.<br />

Les caractères locaux ont aussi leu•· importance ; mais seuls ils<br />

sont rarement suffisants. C'est surtout au sujet des tumeur·s<br />

llbrouscs que la confusion peut ôtrc fa ite. Il n'existe ofl'cctivcmcn<br />

t aucun signe qui pennotle de d isti ngucr une<br />

tumeur<br />

fibreuse d'une Lu meur syphilitique. Au début, le sigc, la fo rme,<br />

le volume, l'indolence sont autant de car·acLères communs. Aussi<br />

l'étude des antécédents ct de la marche doit-elle Nre surtout<br />

fn itc avec une scrupuleuse attention. La tu meu•· syphilitique est<br />

toutefois moins dure eL moins circonsc•·itc. On arrive plus sùr·cmcnt<br />

à une détermination exacte quand il s'agit du cancer dont<br />

los ymptomcs ont un cachet particulier ct, si je pui ainsi dire,<br />

une physionomie propre qui les fa it mieux rcconnaitrc. Xous en


IU Montpellier<br />

380 TRIBUT A LA Cllll\URG!E<br />

ferons l'objet d'une étude spéciale qui nous rendra plus facile le<br />

diagnostic différ·entiel des deux affections. Insistons seulement<br />

ici sur la nécessité de recourir, dans les cas douteu, à un moyen<br />

de dingnostiç dont la valeur expérimentnle sc ju tine dans un<br />

grand nombre de cas. C'est au traitement spécifique que je fais<br />

allusion, lui seul peut nous donner une certitude surfisante et<br />

constitue cc qu'on peut nommer l'épreuve thér·apeutique. Celleci<br />

doit toujours précéder l'opération à laquelle on n'est que trop<br />

souvent porté à demander la guér·ison dans la plupart des cas<br />

de tumeurs de la langue. Rappelons aussi que l'arrachement<br />

d'une dent cariée a sufH quelquefois à débarTasscr le malade<br />

d'une ulcération d'apparence suspecte, contr·e laC(uellc on aurait<br />

peut-être employé un long traitement général tout au moins<br />

inutile.<br />

Le traitement des tumeurs syphilitiques de la langue est celui<br />

qui convient à la période tertiaire de la syphilis •. Nous dirons<br />

seulement que l'action du chlorure d'or tr·ouve surtout ici ses<br />

indications. Nous avons vu l'administration de cc médicament<br />

sui,ie d'un prompt succès dans des cas qui avaient résisté à l'iodure<br />

de potassium et aux mercuriaux. On peut aussi recourir à<br />

la liqueur de Donovan ou iodo-arsénitc de potns ·c, qu'on administre<br />

pendant un temps suffisant, à des doses graduées ct croissantes,<br />

sui,·ant la tolérance des sujets depuis 1 jusqu'à 20 gouttes,<br />

dcu fois par jour. Cet agent thérapeutique, d'une incontestable<br />

utilité, doit, à cause du caract.ère de son action, ètrc réservé<br />

pour les cas rebelles aux moyens ordinair·cs.<br />

7° CANCEl\.- Le cancer est à la fois la plus fréquente et la plus<br />

grave des a[ections qui peuvent attcindr·e la langue. li n'est pas<br />

une de ses variétés anatomiques qu'on n'ait observée dans cet<br />

organe. 1ais nous noterons l'excessive rareté des cancers mélané<br />

et colloïde, le développement assez commun du squirTho et de<br />

l'enc6phaloïde, et l'extr·ème fréquence du cancroïde ou épithélioma.<br />

a. Squin·he. Nous retrouvons ici cette variété de cancer· avec<br />

t Voir Dictionnaire<br />

suvl•ili&.<br />

cncuclopèdiqtu des sciences médicales, articles Langue et


BIU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 381<br />

les mêmes caractères anatomiques que dans les aurcs régions<br />

du corps ; aussi cr·oyons-nous inutile d'en donner la descr·iption,<br />

qui sera mieux placée à l'article CANCEl\. La seule chose intéressante<br />

pour· nous est l'étude des modifications que la lésion<br />

subit par le fait du siège spécial qu'elle occupe. A son début, le<br />

squjrrhe de la langue est circonscrit ou diffus. Circonscrit, il se<br />

présente sous la fo rme d'une tumeur al'l'ondie, résistante, développée<br />

dans l'épai seur de la muqueuse ou dans le tissu cellulaire<br />

sous-jacent. Diffus, il constitue tantôt des plaques dures,<br />

il'l'égulières et supcd1ciellcs; tan tot des masses d'une dureté<br />

très gr·ande, il limites indécises, envoyant des prolongements au<br />

milieu des parties saines. Cc fait n'est pas sans importance, car<br />

il scr·tà expliquer·· certains co.s de récid ive sur· place, après l'ablation<br />

apparente de tout le tissu morbide.<br />

A la ,·ariété que nous décrivons appar·ticnt le cancer· atrophique,<br />

dont lorel-Lavalléea communiqué une très remarquable<br />

obsen·ation à la ociéLé de chirurgie. Dans cc cas, la langue,<br />

moins volumineuse que de coutume, pré entait ur sa moitié<br />

droite une déprcs ion profonde recouverte d'innombrables petits<br />

mamelons ; le coté gauche, au contraire, offr·ait une surface inégale,<br />

duc à des mamelons rougeàtres plus volumineux que ceux<br />

de droite. Sa face inférieure n'existait plus, elle était confondue<br />

avec le planclwrdc la bouche largement induré. Le tissu de l'organe<br />

était fo rtement fr·oncé, rétracté sur· la partie moyenne de la<br />

base, comme si le derme, pincé en ce point sur la face profonde,<br />

a,·ait été déprimé. Enfin, la langue plissée, flétrie, avait à peine<br />

le volume de celle d'un noveau-né.<br />

La marche des tumeurs squirrheuses est ordinairement lente.<br />

Pendant un lemps très long, elles restentstationnaires, ne manifestant<br />

leur présence que par quelques douleurs lancinantes.<br />

AlOI'S elles ne gênent que par leur volume, qui n'est jamais très<br />

grand. - Après quelques mois, rarement après quelques années,<br />

leur marche reç-oi t de quelque cause occasionnelle, par·fois insignifiante,<br />

une impulsion inattendue ; leur volume s'accroit rapidement,<br />

elles deviennent adhérentes aux par·tics voisines, dont<br />

on ne peut plus les distinguer. En même temps les ganglions<br />

lymphatiques s'engorgent et deYiennent douloureux; la tumeur<br />

elle-même est le siège de douleurs lancinantes, que les malades


IU Montpellier<br />

382 TRIBUT A LA CHTRURGIE<br />

comparent à des coup J'aiguille. D'ordinaitc, pendant que CC!'<br />

phénomènes se pt·oduisent, on ob erve une diminution t·emarquablc<br />

de la consistance du tissu morbide, cc qui indique une<br />

nou,·clle pério.de de la maladie, le ramollissement. Alor une<br />

partie de la tu meut· se soulève : la muqueuse, de,·cnue de 1>lus<br />

c•n plu mince, pt·end une teinte ,·iolacée ct e COU\ re de rami fi··<br />

cations vasculaires ; enfin, il sc produit une crevasse on une<br />

vésicule sur cette pat·tic •·ouge ct ramollie jusqu'il donner une<br />

s


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TltTE ET DU COU 383<br />

d'un liquide. Alors les douleur-s lancinantes, ou térébrantes sc<br />

montrent a'ec une acuité qui rend tout sommeil impossible ;<br />

elle!' sc propagent ,-crs l'oreille ou sur· la ba c du crùnc. Au<br />

r·amolli!'. cm ont brusque succède une ulcénnion pa 1· laquelle<br />

s'écoule une !'anie fétide, à laqu


IU Montpellier<br />

384 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

que des sympt.Omes de la cachexie , beaucoup moins accentués<br />

que dans les deux autres variétés du cancer.<br />

Etwlogie. Les causes du cancer de la langue sont très<br />

obscures, comme celles de l'affection cancéreuse en gén6t·al. Le<br />

squinhe et l'épithéliome se développent d'ordinaire à l'àge<br />

adulte. Pourtant Billroth a vu surgit· un cancroïdc de la langue<br />

chez un jeune homme de ,18 ans ; il est très rare de les observer<br />

à un âge avancé, après 60 ans, par exemple. L'encéphaloïde, au<br />

contraire, est plutot une maladie du jeune ùge ct do l'adolescence.<br />

L'hérédité a été notée quelquefois.<br />

Les causes extét·ieures ne sont pas sans inOuence sut· le développement<br />

de la maladie ; mais elles no sauraient à elles seules<br />

c•·éer la prédisposition aux alfections cancéreuses. On comprend<br />

que tous les initants qui agissent su•· la langue , ct notamment<br />

la chaleur ùe la pipe, l'action irritante du tabac fumé ou chiqué,<br />

etc., favorisent l'apparition du cancer, ainsi que cela résulte<br />

des nombreuses observations que nous avons recueillies. Il faut<br />

y joindre l'action irritante des dents déviées; a us i les bords et<br />

les sommets de l'organe sont-ils , plus quo les autres points,<br />

exposés à cc genre de lésion. La base est cependant loin d'en<br />

être exemple, la lésion peut l'atteindre directement ou par 1o1<br />

propagaLion d'un cancer staphylin ou tonsillairc. tc chagt·in ou<br />

les soucis agissent sur la marche de l'affection qu'ils sont impuissants<br />

à produire.<br />

Symptômes. - En décrivant isolément le développement et<br />

la marche des principales variétés du cancet· lingual, nous avons<br />

tracé une partie importante de la symptomatologie de cette<br />

alfection. lais ce tableau resterait incomplet si nous n'y ajoutions<br />

quelques traits d'ensemble relatifs à la manière dont s'exécutent<br />

les diverses fonctions de l'organe atteint. Au début de la<br />

maladie, quand la Lumeur est encore; si je puis dire, à la pét·iode<br />

d'innocuité, elle ne trahit sa présence que par quelques douleurs<br />

rares et fugaces, à caractère indéterminé. A cc moment, la langue<br />

est exposée à; des morsures d'autant plus ft·équentcs que la<br />

tumeur sige habiLuellemenL sur la pa1'tie libre de l'organe.<br />

Ce sont là des causes d'irritation suffisantes pour hàte1· la mar-


IU Montpellier<br />

MALAOiiS DE LA TTE ET OU COU 385<br />

che elu canrca' ct en rendre l'é,·olution plus rapide. Plus La rd, le<br />


IU Montpellier<br />

386 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

marche, quoiqu'elle manque parfois, sut·Lout dans sa fo,·me ulcéreuse<br />

limitée à la face supérieure de l'organe. La gravité du<br />

pronostic est manifeste. )Jaladie fatalement mo,·tclle , le cunccr<br />

est incurable par les seuls efforts de la nature, ct trop souvent il<br />

échappe à l'action du chirurgien. Livré à lui-même, il am(•nc<br />

la mort dans un Lemps plus ou moins long. D'ordinaire, le malade<br />

succombe dans la cachexie cancéreuse ou dans le marasme que<br />

produisent la douleur, l'hémotThagie , le trouble des fonctions<br />

digestives et l'intoxication ichorcuse. Si la tumeur est pédiculée<br />

et siège à la base de la langue , elle peut, en s'appliquant sur<br />

l'ouverture du larynx, produire une asphp.ie mortelle (Velpeau).<br />

D'au tres fois, su rvicnt un accident noté par quelques observateurs<br />

(Morel-Lavallée, Lenoir, etc.), ct vérifié à l'autopsie : je veux<br />

parler de l'œdème de la glotte, des replis aryténo-épiglottiques<br />

ct des cordes vocales. Dans ce cas, les sujets sont pris d'une<br />

suffocation subite avec sifllcment de la gorge; l'atn. iété devient<br />

e trème, la face est injectée , violacée, la bouche ouvct·tc, les<br />

n::u·incs sont dilatées, les yeu hagards, etc. Les symptomcs<br />

s'aggravent a,·ec plus ou moins de pr·omptitudc, ct, après une<br />

dernière inspiration très sifflante, le malade succombe. En dehors<br />

de ces causes de mort presque subite, la terminaison fatale n'arrive<br />

qu'aprè des souffrances inouïes.<br />

De toutes les formes de cancer, l'cncéphaloïdc c t la plus<br />

grave, à cause de la rapidité de sa marche. L'épithéliome reste<br />

plus longtemps borné à sa superficie, ct s'accompagne d'une<br />

cachexie moins profonde. Le siège de la tumeur modifie sensiblement<br />

le pronO!';tic; en effet, toutes choses égales d'ailleurs, le<br />

cancer de la portion libre de la langue est moins grave que celui<br />

de la base de l'organe, car il gène moins les fonctions, et reste<br />

plus long t<br />

emps accessible à nos moyens d'action. Les chances<br />

déjà très faibles de guérison que donne l'intor·ven tion chirurgicale<br />

diminuent beaucoup par l'engorgement dos ganglions auxquels<br />

aboutissent les lymphatiques do la r(•gion. Quelquefois<br />

purement inflammatoire, l'adénite sous-maxillHirc est toujours<br />

d'un fàchcux pronostic, car· elle porte à croire que déjà CÀÎslent<br />

les éléments d'une reproduction. Le cancer lingual est grave ,<br />

mèmc quand il n'est pas hors d'atteinte. Velpeau le regardait<br />

comme plus dangereux que le cancer de l'œil. Un grand nombre


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 387<br />

d'c,cmples établissen t, en elfet, que les opérations sont fréquemmcut<br />

suivies de r·écidive. Nous avons toutefois obtenu des<br />

guérison:-: durables. Récemment, nous avons opéré un cancer<br />

récidivé culemcnt aprè huit ans. Jalgré les assertions affirmative<br />

sur les dangers du cancer lingual, l'éminent chirurgien de la<br />

Charité avouait a,•oir· opéré une femme depuis six ans , sans que<br />

la maladie sc fùt reproduite. li était quand mème portisan de<br />

l'intervention opératoire, et, vers la fin de sa carrière, dans une<br />

séance de la Société de chirur·gie , il conseillait encore d'enlever<br />

une tumeur· d'apparence cancéreuse, développée chez une jeune<br />

li Ile. On peut, à son ex cm pie, conserver encore quelque espoir, et<br />

faire bénéficier le malade de la seule chance de salut qui lui reste.<br />

Diagnostic. - Le diagnostic<br />

peut exposer le praticien b.<br />

quelques méprises. Que d'ulcérations réputées cancéreuses ont<br />

disparu sous l'influence d'un traitement antisyphilitique ou do la<br />

simple avulsion d'une dent carriée ! Que de fois aussi des tumeurs<br />

pr·ises pour· des manifestations tertiaires de la syphilis ont résisté<br />

au:\ traitements les plus rationnels et nécessité une opération<br />

par· laquelle on aurait dù commencer au lieu de perdre un temps<br />

précieu' dans des tt\tonncments sans fin ! Les exemples qui d6-<br />

montr·onl la possibilité de ces erTeurs sont nomb•·eux ; je ne<br />

citerai que le suivant, publié par le docteur Num, chirurgien de<br />

l'hôpital de lidd lesex, à Londres'. Une jeune fille de 14 ans, non<br />

réglée, avait eu, di.\ mois auparavant, la langue tuméfiée, douloureuse<br />

; di\or·s traitements étaient r·estés infmctueux. Au<br />

moment de son entrée à l'hopital ( 10 janvier 1867), elle présentait,<br />

sur· le coté droit de la langue, une ulcémtion excavée , de<br />

fo rme inégulièrc, à bords élevés, à détritus jaunàtres. La base<br />

do l'ulcère r·oposait sur une tumeur du volume d'un œuf de<br />

pigeon ; la malade n'avait pas eu d'autre affection mo•·bidc ; tout<br />

annonçait une lésion cancéreuse. Malgré ces apparences , lo chirurgien<br />

prescri vit, à l'intérieut·, un sirop composé de doutochlorure<br />

de mercur·e ct d'iodure de potassium, ot localement un<br />

gargarisme avec le chlorate de potasse. La guérison fut complète<br />

en un mois.<br />

1 Clullclin yénê>·,1/ de lluii'J7,CIItique, t. LX Xli. p. 378.


IU Montpellier<br />

388 TI\IIJUT A LA mplément.aire du produit. au microscope<br />

peuvent. apporter une lumière que le chirurgien doit. rechercher.<br />

L'appréciation des anamnestiques, des dispo it.ions héréditaires<br />

ct de toutes les circonstances étiologiques ou relatives à la marche,<br />

qui sont autant. d'éléments du diagnostic, seront recherchées<br />

avec non moins de soin. La question de nature présente clfcct.ivcment.<br />

une importance thérapeutique réelle, quand il s'agit. de<br />

distinguer, par cÀemple, une lésion syphilitique d'une lésion<br />

cancéreuse. Par quel moyen peut-on anivcr au diagnostic Jiffércnticl<br />

de ces deux affections ? L'étude des anamncstiqucs est.<br />

d'une grande valeur. Les tumeurs ou ulcérnt.ions S) philit.iques<br />

ne sc dé' cloppent.jamais sans avoi•· été préct•dées de l'appa•·ition<br />

do quelques-uns des symptomes de la S) phi lis; souvent même,<br />

des lésions de cette nature, faciles à rcconnalLrc. existent autre<br />

part ct éclairent. le chirurgien par leur p•·éscncc. Le cas les plus<br />

difficiles sont. ceux où le malade accuse, d'un coté, des maladies<br />

syphilitiques anté•·ieures, de l'atllre, des antécédents héréditaires<br />

cancéreu:\.. On n'a plus alors pour se guider que les symptômes<br />

coexistants de l'une ou l'autre diathèse, ct surtout les<br />

caractère prop•·es de la lésion linguale. Comme j'ai cherché ü<br />

l'établir dans mon mémoire sur les Tumeurs sypldliliqucs des<br />

mwscles, un ensemble de circonstances peut éclairer le chirurgien.<br />

Le cancer de la langue se distingue par les douleurs lancinante<br />

qui lui sont propres; son siège de prédilection est il la pointe et<br />

su•· les bords ; il est ordinairement unique. Au contraire, la<br />

tumeur syphilitique est à peu près indolente, multiple, développée<br />

su•"Lout. à la base. On a donné, comme corac t ère distinctif<br />

du cancer, la présence de l'adénite sous-maxillaire ; mais co<br />

fa it n'a pas une importance absolue ; ca•·, d'une par·t, on le<br />

retrouve dans quelques cas de lésion syphilitique, ct j'en ai cité<br />

plus haut des exemples ; de l'autre, il manque souvent. dans<br />

l'encéphaloïde. Il ne faut pourtant rien exagérer, ct un engorgement<br />

ganglionnaire doulou•·eu:\., sun·enu de bonne heure, doit.<br />

plu tot faire croire à une lésion cancéreuse. L'ulcère syphilitique


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE F.T DU COU 389<br />

s'(·tcnd en surface. Celui qui succèùe au ramollicmcnt du<br />

cancer· a plu de tendance à envahir le partie profondes, mais<br />

il faut avouer f l UC les différences de for·mes, d'aspect, etc., ne<br />

sont pas bien tr·anchécs. Ajoutons qu'à cette pér·iode de la maladie,<br />

les ymptomes cachectiques ont cu le temps de sc montrer<br />

de mani(·r·c à en dévoiler la nature. Du reste, répétons encore<br />

nnc fois que. dans les cas douteux, le tr·ni toment constitue un<br />

mo en précieux dcdiagnostic. Il est \Tai qu'avant d'en connaltro<br />

les réultats, on peut ,·oir la tumeur fa ire des progrrs qui diminuent<br />

les chances heureuses de l'opér·ation ; mais cet inconv(•nicnt<br />

n'ost rien


IU Montpellier<br />

390 TRIBUT A LA CHIRURGIR<br />

pas permise. Toute perte de temps est regrettable, carelle diminue<br />

les chances d'une extirpation complète et d'un succès durable.<br />

Tout au plus a-t-on le droit d'attendre, quand le rancer est h la<br />

période que j'ai appelée d'innocuité, dont la durée est quelquefois<br />

longue. Mais dès que la lésion prend de l'accroissement, il<br />

faut sc bàter d'agit·, avant que pat· son \'Olnmc ou par son étendue<br />

elle n'oblige à de très gmnds sacrifices. Lisfranc conseillait toujours<br />

de recourit· à une application locale do sangsues avant de<br />

tenter l'opération. Il se proposait, par cette émission sanguine ,<br />

de circonscrire la lésion en diminuant le mouvement OuÀionnairo<br />

ùont ollocst le point de départ. C'est un moyen d'une incontestable<br />

utilité, mais non d'une application g6nôt·alo. Dans un cas<br />

observé par Chassaignac i à l'hopital Lariboisière, une langue<br />

cancéreuse avait acquis un tel développement qu'elle dépassait<br />

presque les arcades dentait·es. L'opération était impossible, à<br />

cause de l'étendue probable de la maladie. Pendant la nuit survint<br />

une hémorrhagie considérable; la diminution de volume fut<br />

telle que l'écraseur linéaire put ètt·e appliqué avec succès. J'ai<br />

vu récemment moi-même à l'Hotel-Dicu (Saint- i loi) un fa it du<br />

même ordre se produit·c chez un homme àgé de 30 ans, admis<br />

à la clinique pout· un cancroïde ulcéré de la commissure gauche<br />

des lè\'l'es. La joue, l'angle de la màchoire, la région latérale ct<br />

supérieure du cou, étaient le sic\ge d'une tuméfaction telle, que<br />

l'opération mc pat·ut contre-indiquée. Plusieurs semaines furent<br />

employées à combattre cet engorgement, et le traitemen t fut<br />

couronné d'un succès inattendu ; gnlcc à lui, il m'a été possible<br />

do fa ire !>ablation de tout le tissu morbide ; la porto de substance<br />

a po ètre réparée par une opération autoplastique complémentaire,<br />

ct le malade est sorti complètement guéri (mars 1868).<br />

Ainsi, le précepte de Lisfranc doit ètre pris on considération,<br />

nwis il y aurait danger à trop généraliser son emploi. Une porte<br />

de sang, même légère, n'est pas indifférente, quand il s'agit d'une<br />

lésion exposant elle-même à des hémorrhngics don tl a t·épétition<br />

épuise los malades. D'une autre pat't, la rMnction de volume ne<br />

doit pas inspirer trop de sécurité, t::ar elle n'oxclut pas la possit<br />

Union médic.:le, t. IV, p. H3; 1860.


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MALADIES OE LA TTE ET OU COU<br />

3D1<br />

bilit.é d'une infiltration périphérique de cellules cancéreuses<br />

dont il importe de dépasser le rayonnement.<br />

ous avon dit que, dans les cas de tumeur limitée cl accc -<br />

siblc, il fallah toujours opérer. Tous les chinu·gicns ne sont pas<br />

aus i affirmatif." cl il en est qui ont pour principe de oc jamais<br />

Loucher à un cancer ct surtout à un cancc•· de la langue. D'après<br />

eux, l'opération est inutile parce qu'il y a des récidives dangereuses<br />

ct que si on opère dans ces circonstances on active la<br />

marche du mal. On ne peut nier que les récidives ne surviennent<br />

duns la grande majorité des cas ; mais elles se font attendre une<br />

ou plusieurs années, temps penclanllcquel le malade, sc c•·oyant<br />

guéri, reprend de nouvelles forces. Les troubles de la nutrition,<br />

los douleurs atroces, le chagrin profond, sont autant ùc causes<br />

d'épuisc111ent qui précipitent la marche du cancer ct rapprochent<br />

le terme fatal. Supprimer la lésion, cause de tout cc désordre,<br />

c'est donner au patient un répit précieux, et peut être plusencorc,<br />

puisqu'il est des exemples, rares il est vrai, de guérison compiNe<br />

sans récidive.<br />

Si la lésion est assez étendue pour que l'operation puisse sc<br />

termine•· par la mo1·t, ou du moins qu'elle présente autantde<br />

chances d'insucrè<br />

que de succès, la question est plus difficile à<br />

résoudre. Dans ces ci•·consLances, la nature du cas spécial cnt•·c<br />

en ligne de compte; il est impossible de sc guider d'après des<br />

\'UCS générales , car l'opinion sur le danger d'une operation dans<br />

un cas donné varie selon les chirurgiens ct l'individualité des<br />

malades. Cependant il faut admettre en principe de n'opérer quo<br />

lorsqu'on peul cnle\'cr toutes les parties altérées ; il ne fa ut<br />

jamais cnLt·cprcndrc une demi-opération, en laissant des restes<br />

de tumeur.<br />

Le progrès de l'art chirurgical, le perfectionnement des instruments<br />

, l'invention de nouvelles méthodes de dierèSl ' , ont<br />

rendu accessibles des tumeurs qu'on aurait dü respecter autrefois<br />

; mais les chirurgiens rnodcmes sont trop portés il ne reculer<br />

elevant aucune difliculté. Si, dans des cas désespércs, on peut,<br />

par une opôration très hardie, prolonger la vic de quelques<br />

malades, on voit aussi mourir benucoup plus d'opérés qu'on n'en<br />

voit sc rélablir.<br />

L'extension du cancer nu plancher bucc


IU Montpellier<br />

392<br />

TRJBUT il. Lil. CHIRURGIE<br />

indication absolue, de nos jours, où gt·àcc l la ré cction temporaire<br />

du maxillait·c inférieur, on peuL sc frayer une \Oie jusqu'à<br />

des parties autrefois hors d'atteinte ; mais il faut s'ab Lcnir lorsque<br />

les parties profondes sont altérées, quand le pilict·s du \Oilc<br />

du palais, l'isthme du gosier sont envahis par la dégénérc ccncc<br />

morbide, ou quanù une tumeur ganglionnaire, trop considérable<br />

pour êLrc enlevée, rend imminente une rept·od uction. Dans Lous<br />

ces cas, le médecin doit se borner à un traitement palliatif. Des<br />

ga rga ris mes au chlora te de potasse, des injections dé sin fcctan tes<br />

avec le coaltar saponiné, l'acide phénique étendu rendent des<br />

sc•·viccs réels en cntrainant la sanie infecte qui remplit la cnvité<br />

buccale et en neutralisant l'odeur repoussante qui s'en C,\hnle.<br />

Les narcotiques sont toujours utiles, celte période avanc6o,<br />

pour rendre supportables les douleurs atroces qu'éprouvent los<br />

malades ct leur procurer quelques instants de sommeil.<br />

On a, depuis peu, préconisé contre ce symptome une opération<br />

peu gra\'C par elle-même et qui a été spécialement essa) l·o on<br />

Angleterre : je veux parler de la section du nerf lingual, filite<br />

pou•· la première fois en ·1850, pnr le docteur Hilton.<br />

Cette opération, encore peu répandue, a été l >•·aLiquéc cinq fois<br />

en 1864-, par le docteur )loo re •, de l'hopi tai de lliddlcse.\, cL une<br />

fois en 186:.>, pat· le docteur Collin •. llilton coupait le netf sut·<br />

le plancher buccal immédiatement au-dessous de la muqucu c,<br />

à rùté de la glande sub-linguale . .'llooro cl Collin ont préféré en<br />

faire la section en arrière, contre la branche de la mùrhoirc.<br />

Voici quoi est le pr·océdé de Collin : une incision de 3 centimè-tres<br />

allant jusqu'à l'os, est dit·igée dans le sens de l'anf,;IC de la mù ·<br />

choin it 1 centimètre ·f/z de la derni(·t·e molaire, cl à 2 ccniJ<br />

mètres au-dessous de son niveau. Le nerf lingual est néccs. airement<br />

intéressé dans l'incision, sans danger do lésion d'aucun<br />

o•·gane important.<br />

L'opél'ation ost simple, ct dans un casd'ulcémtion linguale, si<br />

douloureuse qu'elle en était devenue inl'upportablc, Collin a<br />

obtenu, non-seulement la cessation des douleurs, mais cnro•·c<br />

la cicatrisation rapide de la plus grande partie de l'ulcération<br />

t llrcll. aiJn. de mée!., G• série, t. Ill, p. 88; 18GL<br />

2 Dulllin Quarter!. Jow·n. of med. sc., fé vrier 1 81;;·, ,


IU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 393<br />

qui surmontait une tumeur vel'l'uqueuse avec engorgement ganglionnaire.<br />

Dans le but de rend re l'opération plus efficace ct de<br />

la tmnsformcr en moyen curateur, Hilton avait. dès le début,<br />

con cillé de faire conjointement la ligatur·c de la linguale. Cette<br />

dcr·nièrc opération a été essa ée deux fois par ){or·rc, qui ne<br />

par·a!L pas On aYOir retiré de bien gr·ands avantages.<br />

Les chirur·gicns français ct allemands se sont montrés peu<br />

par-tisons de l'une cL de l'autre de ces deux méthodes. Personne<br />

en Franco n'a tlu moins recouru à la section du ncr·f lingual, qui<br />

ne supprime pas Lous les moyens d'inner·vation de la langue cL qui<br />

ne sa111·ait avoir· une efficacité réelle pour le t.-aitcmcnt du cancer.<br />

La ligature des ct1·tères linguales fa ite isolémcn t a été ton téc<br />

troif' fois par Dcmarquay. Dans le premier cas, il s'agissait d'un<br />

homme de 48 ans, ayant une tumeur· énor·mo à la langue, qui<br />

.-cndait presque impossible la phonation, la respi ration ct la<br />

déglutition. La santé générale avait beaucoup dépéri. Avant de<br />

recourir f\ la trachéotomie, le chirur·gicn tenta la ligatu.-c des<br />

deux linguales. Dès le lendemain, la tumeur avaitsubi un retrait<br />

ou un commencement d'atrophie, qui est allé toujours nois::ant.<br />

Au commencement de la communication faite à la SociéLé de<br />

chirurgie, il ) avait, sinon une guérison, du moins une amélioration<br />

notable, ct la anté était redevenue cccllentc. Dans les<br />

dcu'\ autt·cs cas, le résultat fut le mème (affaiblissement de la<br />

tumeur. atrophie et aplatissement de la langue). {.;n de deu<br />

malades a) ant succombé à une pneumonie , on constata il<br />

l'autopsie l'existence de caillots oblitérant les dcu linguales<br />

au-de sus ct au-dcs:ou!' des ligatures •.<br />

Si de nouveaux fa its viennent confit·mer ceux de Dcmarquay,<br />

on sera, jusqu'à un certain point, autorisé il faire cette ligature<br />

par un des procédés connus ; mais il ne fa udr·uit pas trop eomptcr<br />

sur· cc moyen, ni pour guérir·, ni même dans le but de mortifier<br />

le tissu morbide. Ce seraiL assez qu'on pùL soulager le malade<br />

cL prolonger ses jour·s, sans prétendre ob toni rune guérison impossible<br />

par cc genre d'action déjà employé sans succès dans le<br />

traitement de quelques cancers très limités, notamment dans le<br />

sarcocèle, pour lagu6ri:;on duquel Mayor avait préconisé la li15a-<br />

• Socilitê de chirurgie, t 0 mni 18&5.


IU Montpellier<br />

394 TRIBUT A LA CIIIRUHGIE<br />

turc isolée de l'a•·Lère spermatique. Cc moyen sct·niL beaucoup<br />

plus rationnellement applicable à l'hypct·trophic simple de la langur.<br />

ous l'avons signalé dans nos leç-ons cliniques ( 18


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MALADIES DE LA TeTE ET DU COU 395<br />

la gucrrson. Quelques points de suture alfronlent les rebor·ds<br />

muc1ueu\ de la plaie ct l'épaisseur de la couche dermique de la<br />

muqueuse linguale fournit au fil un ecellent point d'appui.<br />

La ligatur·e de la base de la tumeur a'ec un fil ciré, sa ection<br />

à l'aide de l'écrasement linéaire, ont été :.ur·tout préconi ées<br />

en 'ne des dangers de l'hémorrhagie. Dans les cas où la tumeur·<br />

est supedlcielle ct peu volumineuse, l'accès facile de· vaisseaux<br />

au crochet de Bromfield, ou à la pince conique do Cloquot favorise<br />

l'hérnostasie ct permet de l'enoncer au bistouri. Mais dans<br />

des conditions dillër·entes, la ligature a ses avantages . . J'ai cu<br />

souvent tl me louer do l'emploi de la ligature multiple de Rigal.<br />

On peut, du resto, varier les mode. Richet a atlaqu6 une tumeur<br />

non ulcérée de la langue en passant au-dessus d'olle deux<br />

aiguilles on croix, ct en l'entourant par un fil do sol'l'o-nœud<br />

porté en anirro des deux aiguilles. Il avait fait la même opération<br />

huit ou dix ans auparavant, chez une jeune dame guérie<br />

sans récidive . .Notons, pour expliquer cc résultat favorable, que<br />

d'après lui la tumeur était duc à une hypertrophie des glandes<br />

linguale . )[ème lorsqu'il s'agit d'un vrai cancer, cc procédé peut<br />

trou,·cr· son application dans los cas oir la lésion sirgc trop en<br />

arric\re pour qu'on puisc bien dirigct· l'action du bistouri. La<br />

ligatur·e n'a d'autre inconvénient que de ne pas donner la certitude<br />

d'une complNe éradication.<br />

La caut6risation est beaucoup moins en fa\'Cur que les deux<br />

moyens que je viens de mentionner. On l'a réserr(·o pour la destruction<br />

de canrcrs épithéliaux à leur début, ou des ulcération<br />

reposant sur· des tumeurs très supor6ciellcs. Les caustiques liquides,<br />

toi quo le beurre d'antimoine, les acides sulfurique ou<br />

nitrique, le nitrate acide de mercure, le chlorure d'or, sont les<br />

plus fnrilo i1 manier·; mais il faut bion essuyer· les parties cuutéri:;écs,<br />

ct fa ire gargariser ùe suite le malade, do pour quo le<br />

caustique ne sc r·épande et ne bn)\e plus ou moins profondément<br />

les or·ganes voisins. On peut aussi se sen ir du caustique de<br />

Vienne solidifié, ou caustique de Filhos, en usant dos rnèmes<br />

précautions. Mais cos agents de destruction ne sont guère usités<br />

pour· les tumeurs linguales ; on pr·éfèro recourir, dans le cas olr<br />

la rautér·isation est indiquée, au cautère actuel. Cc domier<br />

moyen n'a qu'un inconvénic>nt, c'est celui de produire des cs-


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396 THIBUT A LA CIIIRUI\GIE<br />

chares tr·op superficielles, et de rendre nécessaires plusiPurs<br />

cautér·isations successives. On a voulu ) remédier en fai ant<br />

usage de la flamme du gaz de l'éclairage, crui carbonise les tissus<br />

ct les détr·uit plus profondément que le fer rouge; mais le maniement<br />

du jet de flamme n'est pas sans difficulté ct sans danger·<br />

dans la ca,·it6 buccale. Les diYers modes de cautérisation peu ·<br />

'ent d'ailleurs être employés à titre d'hémostatiques dans le<br />

cours d'opérations faites par d'au tr·es proc(•dés.<br />

Les lésions étendues de la langue cessent d'ètrojusticiablcsdcs<br />

moyens simples que nous venons de passer rapidement en revue.<br />

Dans la plupart des cas de cancer à limites diffuses, il faut faire<br />

l'amputation d'une partie plus ou moins considémblc de l'organe,<br />

si on veut se mettre à l'abr·i des chances d'une recidive,<br />

on dépassant sùrement les limites du ma l . Les pr·océdés d'amputation<br />

que nous devons actuellement examiner sont nombreux<br />

Ct mcr·itent d'autant plus d'intérèt, que certains d'entre CU:\<br />

sont applicables à d'autres maladies chirurgicales, l'hypertrophie,<br />

par exemple, à pr·opos desquelles nous a,·ons, t\ dessein, négligé<br />

de les mentionner.<br />

Alii'UTATrox DE LA LAG{;E. - Les méthodes d'ablation de la<br />

langue, auxquelles se rattachent des pr·océdés \ariés , sont au<br />

nombre de cinq : l'amputation proprement dite a\CC le bistouri,<br />

la li:5ature, l'écrasement linéaire, la cautérisation en flt'ches ct<br />

la cautérisation électrique. Kous les exposcron d'abord isolément,<br />

réservant un paragraphe spécial pour· la discu ion do leur<br />

valeur respective.<br />

:\. iJ..mptttationsanglante.-Dans cette méthode sc rangent tous<br />

los procédés mis en us3ge pour opérer la section totale ou partielle<br />

de la langue, à l'aide de l'instrument tranchant, aidl- ou<br />

non do la cautérisa Lion hémostatique. Ils peuvent sc réduire à<br />

quatre pt·incipaux : ·1 o incision transversale; 2• incision en V à<br />

sommet postérieur ; 3• incision par la région sus-hyoïdienne ;<br />

4.• enfin incision composée intéressant le maxillaire inférieu r.<br />

1 o Incision transv&rsale. - Ce procl•dé. le plus ancien de<br />

tous, est celui nuque! on est obligé de r·ecourirchaquc fois qu'on<br />

vcutonlcver a\'CC l'instrument un


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;\IALADIES DE LA TeTE ET DU COU 397<br />

\'Oiumc. Il porto le nom de Louis. qui l'a propos6 pour le cancer<br />

de la pointe de la langue. On l'a depuis appliqué à des cas plus<br />

gra\CS, cu U)antsoin de bicn lier le:- vaisseaux. ou tout au moins<br />

de réprimer \'hémorrbagic par· la caulkr·isation au for rouge plusieurs<br />

foi répétée. Le procédé opér·atoirc est tr·ès simple : il<br />

suffit de cerner la tumeur· en arrière par une incision transversale<br />

portant sur la face dorsale de la langue, do l'isoler, si faire<br />

sc peut, de la partie saine, de la disséquer d'arriér·c en avant, ct<br />

do la séparer en dernier lieu du plancher buccal. Après cela, on<br />

éteint deuÀ ou trois cautères dans la plaie, puis on la remplit de<br />

bourdon nets de charpie destinés à rendre l'hémostasic plus complète.<br />

Comme il fa ut, pour faciliter la manœuvr·e , attirer fortement<br />

la langue on avant, et qu'elle glisse parfois entre les mains<br />

du chirurgien, il est bon de la tenir invariablement fhéc à l'oide<br />

d'érignes , do pinces de Museux , etc., ou mieux encore de la<br />

traverser avec un fil qui sert ensuite à la porter· au-dehors.<br />

J'ai pratiquô plusieurs fois cette opération pour des cancers<br />

limité à la pointede la langue, et me suis bien Lrou\é de réunir<br />

les doux lèvres de la plaie par quelques points de sutur


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398 TRIBUT A LA CIIIRURGIE<br />

mcLtre deux points de sutur·c entrecoupée it la partie supérieure<br />

dl' la di' ision ct un à la partie infér·icurc. Sédillot, agissant dans<br />

un cas d'hypertrophie linguale , dut appliquer troi<br />

points de<br />

suture coche\ illée dans l'étendue de l'incision, ct deu\. fils ordinaires<br />

à la pointe. Cc procédé , que j'ai mis pluicurs fois en<br />

usage·, sc prèle non-seulement à la réunion immédiate , mais il<br />

respecte, autant que le sacrifice des parties le permet, la for·me<br />

de l'organe, qui peut remplir encore h plupart de ses fonctions.<br />

Nous devons rapprocller de l'incision en V à sommet postérieur,<br />

l'excision cunéifo'rme, qui consisterait, sur·tout dans les cas<br />

d'hypertrophie, à tailler, aux dépens de l'épaissout de la langue,<br />

une sorte de coin à base antérieur·e ct qui respecterait en partie<br />

la face supérieure et la face inférieure de l'or·ganc, de façon à<br />

obtenir un lambeau supérieur tombant par son propre poids sur<br />

l'inférieur-. Indiqué par le docteur Pasture!, cc procédé, qui n'est<br />

ni sans difficulté ni sans inconvénient, n'a pas encoréété appliqué.<br />

Un autre mode de ,ection en V consistcr·ai t, à l'inverse du<br />

procedé de Boyer, à attaquer la langue par des incisions obliques<br />

en arrière cL en dehors qui, parLant de la saillie antérieure<br />

de l'organe, se dirigeraient en ar·rièrc cL en dehors vcr·s les arcades<br />

dcntair·cs, de roanièreà tailler une langue plus petite dans<br />

le sinus d'un Y ouvert en arrière. Ce procédé, auquel sc t'tiLLache<br />

le nom do Percy, a été abandonné par son pr·opr·c auteur on<br />

faveur de celui de Royer. Il aurait pomtanL l'ayantagc d'écarter<br />

la chance d'hémonhagie en épargnant les plus gro<br />

yais eaux<br />

rapprochés de la ligne médiane cL de ne pas exclure la réunion<br />

immédiate de la muqueuse à la par·Lic linguale.<br />

:Jo Incision par la réunion sus-hyoïdienne. - L'incision par<br />

un des procédés déjà décrits ne permet pas d'attaquer des<br />

tumour·s étendues jusqu'à la base de la langue cL d'amputer la<br />

totalité de la langue, surtout si la lésion a envahi déjà les par·tics<br />

voisines. Afin de sc frayer une large voie qui lui<br />

permit de<br />

dépasser Sllremcnt les limites du mal, llcgnoli (de Pise) conçut<br />

ct exécuta, en 1838, l'opération suivante: li fit d'abord une incision<br />

médiane de la symphyse du menton à l'os hyoïde; une autre<br />

incision s'étendit de l'angle de la màchoir·c l l'angle opposé,<br />

parallèlement à la lèvre interne du bord infér·icur du maxillaire ;<br />

il disséqua les angles supérieurs ct en for·ma dcu'= lambeaux


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MALADŒS DE LA TÈTE ET DU COU 399<br />

comprenant la peau, le pcaussiel' et le tissu cellulaire f;Ous-jaccnt;<br />

nlor:; il détacha rapidement toutes les insertions musculaires ct<br />

la muqueuse le long du corps de l'os jusqu'aux piliers du \Oilc<br />

ùu palais ; par celle lat·ge ou,·erture, la langue fut amenée au<br />

ùelh ct abai ·ée, de orle qu'il fut facile de fa ire l'ablation de<br />

toute la pat·tic dégénérée qu'on avait étreinte, par sul'ct·o1t de<br />

précaution, entre quelques fot·tes ligatures passées dans la substance<br />

même de l'ot·gane. Le pansement fut fort simple ; on s'abtint<br />

de réunir les lambeaux par la suture. En six semaines, la<br />

guét·ison fut parfaite, sans aucun accident. 1\Ialgr·é le succ


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00<br />

TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

Lion ntdianc; il contint les fragments au moyen d'un fil


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MALADIES DE LA TUE ET DU COU 401<br />

pies est de beaucoup plus préférable à celle qui ne s'exécuterait<br />

qu'avec une seule anse.<br />

Voici quel est le manuel opératoire :<br />

Après a,·oir bien déLerminé le point sur lequel doit porter la<br />

ligature, on traver·se de par·t en part la langue avec une aiguille<br />

armée d'un fil double. Cette !lremière ponction doit être faite à<br />

a ou 4 centimètres d'un des bords de l'organe; on la retire<br />

après avoir dégagé les deux r.ts, pour en enfoncer une seconde à<br />

3 centimètres en dedans de la premièr·e, et ainsi de suite, jusqu'à<br />

quelques centimètres de l'autr·e bor·d . Ce premier temps terminé,<br />

il y a, dans l'épaisseur de la langue, trois ou quatr paires de fils<br />

qu'on réunit pour en former des anses. Un des chefs supél'ieur·s<br />

de chaquo paire est attaché au chef correspondant do la paire<br />

voisine ; il doit rester deux fils impair·s, l'un à droite , l'autre à<br />

gauche ; ceux-Ill sont destinés à étreindre les bords , en fo rmant<br />

à eux seuls les anses latérales. Au moment de procédm· à la<br />

constl'iclion, il est bon d'administrer le chloroforme , afin de<br />

diminuer· les souffrances atr·oces que va endurer le malade ; on<br />

serre ensuite chaque anse isolément, en portant, dès le début,<br />

l'étranglement aussi loin que possible. A l'exemple do Récamier,<br />

on peut engager les deux bouts de chaque an!'e dans un serrenœud,<br />

qui doitservir à augmenter tous les jours la constriction,<br />

afin de rendr·e la mortification plus prompte. Pour éviter<br />

gène qu'occasionne au malade la présence dans la bouche de<br />

plusieurs serre-nœuds , je me suis servi , pour resserrer les<br />

anses , d'un moyen beaucoup plus simple , c'est-à-dire d'un<br />

garrot fait avèc un morceau de bois résistant, petit et assez<br />

court pour que son séjour dans la cavité buccale ne le rendit pas<br />

embarra!'sant.<br />

La plupart des chirur·giens ont conduit les fils à l'aide d'aiguilles<br />

courbes ordinaires. On peut leur préf6r·cr l'aiguille dr·oite,<br />

à manche, d'une longueur suffisante, recommandée par Vidal.<br />

Cet instrument, déjà signalé par· Cloquet, terminé en fer· de<br />

lance, ct ayant un œil près de la pointe, est tr·ès facile à manier.<br />

Il simplifie beaucoup le manuel opératoire. On obtiendrait<br />

aussi quelques avantages de l'aiguille de StarLio et de fils métalliques.<br />

Après la ligature, la langue devient turgide, violacée, puis noi-<br />

T. Il 26<br />

la


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402 TRffiUT A LA CHIRURGIE<br />

ràtre ; en tin, elle se mortifie plus ou moins rapidement, suivant<br />

le degré d'énergie de la constriction. La section est ordinairement<br />

complète en huit jours. Si elle tardait trop à s'opérer, on<br />

pourrait, ainsi que je l'ai indiqué, sencr la langue avec de petits<br />

garrots laissés dans l'intérieur de la bouche, ou poser une nouvelle<br />

et forte.ligature énergiquement nouée dans le sillon tracé<br />

par les premiers fils. On accélèrerait le résultat par la réunion<br />

immédiate de toute la partie à demi-fortifiée.<br />

2° Ligatu1·e combinée avec l'incision. -Ce procédé , proposé<br />

par Lisfranc en 4827 , employé plus tard par Mayor (de Lausanne),<br />

servit à l'amputation partielle de la langue. Il convient<br />

surtout à l'ablation d'une moitié de l'organe. Supposons un<br />

vaste cancer occupant tout un coté de l'organe, on porte le bistouri<br />

sous sa face inférieure , à la limite postéro-interne de la<br />

tumeur, on en fait saillir la pointe à la région dorsale , et on<br />

ramène l'instrument d'anière en avant, de manière à isoler<br />

complètement les parties saines des parties dégénérées. Après<br />

cette incision préliminaire, on porte , en arrière des limites du<br />

mal, un fil métallique qu'on serre graduellement , à l'aide d'un<br />

constricteur quelconque. Le serre-nœud de :\Jayor est celui dont<br />

s'est servi l'inventeur du procédé que je viens d'indiquer.<br />

3o Ligature par la 1·égion sus-hyoïdienne. - Ces deux premiers<br />

procédés de ligature ne permettent pas d'attaquer les<br />

tumeurs cancéreuses très étendues, et siégeant à la base de la<br />

langue. Afin de pouYoir arriver à des profondeurs plus considérables,<br />

J. Cloquet eut, en 1827 , l'idée de porter la ligature à<br />

travot·s une plaie faite à ln région sus-hyoïdienne. Quelques<br />

années plus tard, la même opération fut pratiquée par Mirault<br />

(d'Angers) et par J. Arnott, chirurgien de l'hopital de l\liddlesex,<br />

qui supprimèrent l'incision antéro-postérieur·e de la langue.<br />

Il nous suffira, pour donner une idée du manuel opératoire , de<br />

décrire le procédé de Cloquet. Il s'agissait d'un cancer occupant<br />

la moitié droite de la langue. Une incision de 3 ou 4 centimètres<br />

d'étendue, fut d'abord pratiquée sur la ligne médiane, immédiatement<br />

au-dessus de l'os hyoïde. Une double ligature en<br />

ruban fut portée par cette ouverture dans la boucho , à travers la


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MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />

4-03<br />

base de la langue. Ce temps de l'opération fut exécuté au moyen<br />

d'une aiguille à manche, percée près de la pointe. Alors le chirurgien<br />

divisa la langue , d'avant en arrière, en den,_ parties<br />

égales, et après avoir placé l'un des fils entre la base des deux<br />

lambeaux, il le renversa en dehors et en arrière, pour le ramener<br />

à l'extérieur avec le même instrument , ct par l'ouverture sushyoïdienne.<br />

L'autre ligature , séparée de la première , ct renversée<br />

en avant , fut aussi ramenée à l'extérieur de la même<br />

manièt·e. Il y eut alors quatre fils pendant au-devant du cou ;<br />

en les r6unissant deux à deux, on en forma deux anses, qui furent<br />

engagées dans l'ouverture d'un serre-nœud ; leut· constriction,<br />

portée aussi loin que possible, amena la mot·tification de tout un<br />

coté de la langue.<br />

L'opération ne réussit pas dans ce p•·emier essai ; mais le<br />

pr·océdé do Cloquet est resté dans la pt·atiquc , modifié selon la<br />

forme et l'étendue de la lésion par chacun de coux qui l'ont<br />

mis en usage.<br />

La modification la plus importante est celle qu'a proposée<br />

Vidal (de Cassis). Elle consiste à enfoncer au-dessus de l'os<br />

hyoïde la grande aiguille à manche, en fer de lance, at·mée p•·éalablement<br />

de deux fils, l'un blanc et l'autre noir. La pointe vient<br />

rcssor·tir au milieu de la base de la langue , et on tire dans la<br />

bouche deux bouts de fil , laissant pendre les deux autres à la<br />

région sus-hyoïdienne. Alors le chirurgien ramène l'aiguille en<br />

bas, comme s'il voulait la retirer; mais dès que la pointe est parvenue<br />

dans la langue , on la pousse de nouveau , en haut ct en<br />

dehors, de manière à faire saillir la pointe sur un des côtés de<br />

l'organe, en aniè•·e des limites du mal ; on dégage avec les<br />

pinces un des deux bouts pendant à la région du cou , ct le réunissant<br />

au fil de même couleur déjà passé au milieu de la langue,<br />

on forme un anse qui étreint toute une moitié de l'organe.<br />

L'aiguille est alors ramenée, par une manœuvre analogue, su•· le<br />

bord opposé , et le dernier fil cervical , ainsi ramené dans la<br />

bouche, concourL à former avec le fil buccal conespondanL une<br />

seconde anse avec laquelle on étreint la moitié restan te.<br />

Ce proc6dé o[re l'avantage de rendre inutile l'incision de la<br />

région sus-hyoïdienne , de permettre de serrer les fils dans la<br />

cavité buccale, et d'éviter, par suite , leur· séj our· dans le trajet


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404 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

de la plaie faite au cou. Vidal (de Cassis) recommande de ne<br />

faire que deux ligatures ; mais il set·ait aisé d'en multiplier le<br />

nombre, si on croyait assurer ainsi une constriction plus énergique.<br />

Après la ligature, la chute de la partie étreinte ne s'effectuant<br />

qu'après un cet'Lain temps, le malade est menacé d'accidents<br />

plus ou moins sét·ieux. L'étranglement consécutif il la ligature<br />

peut être aussi considérable, non-seulement pour mettre obstacle<br />

à l'exercice des fonctions de la langue, mais pout· gêner, par le<br />

fa it du gonflement, la déglutition et la respiration ; d'une autre<br />

part, la décomposition de la tumeur ct l'ingestion involontaire<br />

de la sanie putréfiée qui baigne constamment la cavité buccale ,<br />

exposent à une espèce d'empoisonnement putride.<br />

C. Ecrasfm'tent linéaire. - C'est en cherchant à remédier à ces<br />

inconvénients, aussi bien qu'en poursuivant l'cfl'et hémostatique<br />

et d'autres résultats , que M. Chassaignac fut conduit, en 1850,<br />

à l'emploi de la ligature métallique, articulée, ct par suite,<br />

à la méthode de l'écrasement linéaire , appliqué depuis à un si<br />

grand nombre d'opérations. Cette méthode a trouvé , dans la<br />

section de la langue, l'une de ses plus heureuses applications.<br />

Avec une longue aiguille armée d'un fil, auquel est attachée la<br />

chaîne d'un écraseur, on pénètre, par le milieu de la région<br />

sus-hyoïdienne, jusque dans une des rainures latérales du<br />

plancher buccal. On retire l'aiguille après avoir dégagé do sa<br />

pointe le fil conducteur et la ligature métallique qu'il entraine.<br />

On les introduit l'un et l'autre dans le chas de l'aiguille, pour<br />

ponctionner de haut en bas le plancher de la bouche , sur le<br />

côté opposé , et on fa it sortir l'aiguille médiane, par le point<br />

d'entrée de l'instrument, à la région sous-mentale. On a ainsi<br />

autour de la base de la langue une anse métallique qu'il suffi t<br />

de rétrécir avec l'écraseur pour amener la section de toutes les<br />

attaches postérieures de l'ot·gane. Il ne resto plus qu'à détacher<br />

la langue, en comprenant dans la cha!nette d'un second ecrasour<br />

tout ce qui la fait encore adhérer au plancher de la bouche. De<br />

cette manière, la section complète s'effectue par l'action successive<br />

de deux incisions sèches provenant la plupart des chances<br />

de l'hémorrhagie.


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MALADIES DE LA Ten: ET DU COU 405<br />

Pour rendt·c l'opération plus facile, M. Chassaignac a cu souvent<br />

recours à une manœuvre fondée sur l'innocuité de la transfixion<br />

des tissus, quand elle est suivie de l'installation des tuiJes<br />

à drainage. \'oici en quoi elle consiste: Deux jours avant d'opérer<br />

et après avoir habitué le malade au cathétérisme œsophagien ,<br />

on place de chaque coté de la langue, un peu au-delà de la<br />

lésion, un tube à drainage. Ces tubes sortent d'un coté par la<br />

bouche , do l'autre sur la ligne médiane de la région sus-byo·tdicnnc,<br />

ct on réunit les cxtt·émités libres de chacun d'eux do<br />

manirre li fot·met· un anneau qui pend latéralement au dehot·s.<br />

On les met en place à l'aide d'un trocart courbe implanté sur<br />

une des rainures latét·ales du plancher buccal, et sortant dans<br />

le point indiqué de la t·égion cervicale antéro-supéi'Îcure. Au<br />

moment de l'opération, on coupe les deux anses : à l'extrémité<br />

buccale de chacune est attachée la chaîne de l'éct·aseur ct celleci<br />

jetée trans\'ersalement sut· la base de la langue, en an·ière de<br />

la tumeur, est t·enouée, par ses deux bouts adossés l'un à l'autre,<br />

à la région sus-hyoïdienne , où on articule l'é0rasemcnt. Cc<br />

premic1· temps donne lieu à une coupe ,·ertico-transvers'lle qui<br />

sépare la langue de ses auaches postérieures. On achève l'amputation<br />

en portant la chalnE' métallique en arrière do l'incision<br />

produite, et en serrant par la bouche au-dessous du frein. Combien<br />

de temps doit-on mettre à opérer la section complète des<br />

parties embrassées par les deux écraseurs? De l'aveu de M. Cbassaigoac<br />

lui-même, on ne saurait formuler une règle absolue. La<br />

première opération, faite en •t 852, à l'hôpital Saint-Antoine ,<br />

ne fut terminée qu'au bout de quarante-huit heures; mais,<br />

éclairé par de nombreuses expériences, ce chirurgien distingué<br />

n'hésite pas à dire que vingt à vingt-cinq minutes , trois-qua riS<br />

d'heu1·e au plus , représentent le maximum du temps qu'il<br />

convient d'exiger pour la séparation complète de la langue.<br />

Si on croit prudent do procéder avec plus de lenteur, il fa ut<br />

rechercher des appareils légers qui puissent, sans trop d'cmbarras<br />

pour le malade, reste1· plus longtemps on place. On peut<br />

recourir au chloroforme, mais seulement après avoir placé les<br />

fils.<br />

La méthode quo je viens de décrire est applicable à toutes les<br />

variétés de cancer lingual et à tous les cas d'amputation partielle


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406 TRIBUT A LA CHIRURGIE<br />

de la langue; mais le pr·océdé doit varier à l'infini, suivant le<br />

siège ct l'étendue de la lésion. Au chirurgien à le modifier!>uivant<br />

les circonstances.<br />

D. Cautirisatùm en flèches. - L'application de la cautérisation<br />

lente à \;amputation totale ou partielle de la langue est de<br />

date récente. Le seul pr·océdé auquel on puisse recourir est tlù<br />

à M . .Maisonneuve, qui l'a désigné sous le nom de cautérisation<br />

en flèches '.<br />

Ce mode de cautérisation , attribué aussi n Girouard père (de<br />

Charttes) , médecin du siècle demier·, ct qui rappelle l'emploi<br />

dos anciens trochisques , pr·ésentc cc carnctèr·c distinctif, que le<br />

caustique , porté d'emblée dans le tissu do la langue , agit de<br />

dedans en dehots. On l'applique en se servant de flèches coniques<br />

, cylind•·iques ou fusiformes , faites do pâte de Canquoin.<br />

Un bistouri aigu est introduit dans le tissu de la langue , en arrière<br />

du siège du mal ; il ne fait que préparer la voie à la flèche ,<br />

qu'on met aussitot à sa place. On renouvelle cette manœuvre<br />

autant de fois que cela est nécessaire , en rcpo•·tant le bistouri à<br />

quelques centimètres plus loin , suivant la ligne par laquelle on<br />

a représenté à l'avance la forme du moignon . L'opération terminée,<br />

la langue se trouve séparée en deux parties, dont l'antérieure,<br />

privée, par l'action du caustique, de toute communication<br />

vasculaire ou nerveuse . cesse de vivre au bout d'un temps<br />

assez court.<br />

E. Cautb'isatian électrique. - Proposée par Middcldorplf (de<br />

Drcslau ), la cautérisation électrique est aux autres modes<br />

uc cautérisation ce que l'écrasement linéair·e , la ligature extemporanée<br />

est à la ligature progressive. Je ne décrirai pas les<br />

ùivcrs instl'uments dont se compose l'appareil galvano-caustique,<br />

assez compliqué du reste •.<br />

Aux galvano-caustères coniques, cul tel laires ou à olive , on<br />

a Mémoires de L'Académie des Sciences , 20 septembre 1858.<br />

2 Die Glllvanocaustilt, traduit par Axeofeld, dans les ;\rchivea de mdeciue,<br />

5• série, t VI; 1855.<br />

• Voir Dictionnaire encyclopédique des sciences médica!eç, articles Cautérisation<br />

et Galvano-caustique.


BIU Montpellier<br />

MALADIES DE LA TTE ET DU COU<br />


IU Montpellier<br />

08<br />

TRIBUT A LA Ct!IRURGIE<br />

putation faite par Velpeau 4, le cautère actuel parut arrèter l'hémorrhagie<br />

immédiate, mais à deux reprises différentes l'écoulement<br />

sanguin se reproduisit et la mort de la malade en fut la<br />

conséquence. C'est pour remédier à ce danger que Flaube1·t (de<br />

Rouen) et Roux ont fait la ligature préalable de l'artère linguale.<br />

Leur exemple n'a pas été généralement imité ; aussi convient-il<br />

de réserver l'incision pour l'amputation partielle, nécessitée par<br />

la présence de tumeurs malignes siégeant à la pointe de la<br />

langue. Dans ce cas, la possibilité d'attirer l'o1·gane ho•·s de la<br />

bouche, rend les manœuvres faciles, et on arrive sans trop<br />

d'efforts à la ligature des vaisseaux divisés ; la plaie produite<br />

par l'instrument tranchant est peu étendue, elle sc cicatrise<br />

rapidement, surtout s'il a été pQssible de faire la suture de la<br />

muqueuse ; enfin elle laisse après elle un moignon regulier.<br />

Autant que faire se peut, on doit préférer l'incision en V de<br />

Boyer, à moins que ce procédé, dont les résultats sont très brillants,<br />

ne conduise à sacrifier trop de tissus sains.<br />

Dans les cas de cancer ou de prolapsus hypertrophique<br />

trop considérable , il est plus sage de recourir à une des<br />

autres méthodes qui diminuent beaucoup les chances d'hémorrhagie.<br />

La cautérisation en flèches ne saurait donner que des résultats<br />

douteux; elle a, au plus haut degré, tous les inconvénients<br />

reprochés à la ligature, et de plus la présence dans la bouche de<br />

flèches caustiques en pàte de Canquoin ne saurait ètre sans<br />

dangers pour le malade. Le chlorure de zinc, qui en est le principe<br />

actif, cautérise avec une certaine lenteur ; pendant que se<br />

produit son action, difficile à limiter, une partie de la substance<br />

à la fois caustique et toxique se mélange avec la salive, et il est<br />

à craindre qu'elle ne soit avalée dans les mouvements involontaires<br />

Ile la déglutition. Il est donc p.-udent de renoncer à un<br />

moyen qui ne rachète tant d'inconvénients par aucun avantage<br />

qui lui soit propre.<br />

La cautérisation électrique serait sans contredit pr6férable ;<br />

mais abstraction faite de la cherté de l'appa•·eil ct do l'embarras<br />

qu'éprouve le chirurgien à s'en servir, elle est loin de donner<br />

1 Ga:. des Mp., p. 231 ; 18-\3.


IU Montpellier<br />

•<br />

MALAOŒS DE LA TTE ET DU COU<br />

tourc garantie contre l'hémorrhagie. D'après une sLatistique<br />

comparative dressée par Otto Just, sur vingt-et-une amputations<br />

par l'écraseur, il y a eu huit fois hémorrhagie , ct encore deux<br />

foi on a\•ait imprimé à l'instrument une marche trop rapide;<br />

sur quatre opérations de même nature , fa ites avec l'appareil<br />

galvano· cnustique, on à observé trois bémorrhagies, deux immédiates<br />

et une survenue au huitième jour. Ces chilfrcs ne sont<br />

pas ufflsants pour autoriser un jugement définitif; mais ils démontrent<br />

tout au moins que, par· la cautérisation électrique, les<br />

chances de l'hémorrhagie ne sont pas sensiblement diminuées.<br />

Cette considération justifie la préférence que nous accordons ù<br />

l'écrasement linéaire.<br />

Toutefois , malgré les promesses de cette demière tsntative<br />

de la chirurgie modeme , la ligature progressive est encore la<br />

méthode opératoire qui met le mieux à l'abr·i de l'hémorrhagie.<br />

Elle fait acheter, il est vrai , cet avantage par divers inconvénients<br />

qne nous ne saurions passer sous silence , quoique leur<br />

gravité nous paraisse avoir été singulièr·ement exagérée. On l'n<br />

signalée comme moyen très douloureux qui s'accompagne dès<br />

les premiers jours d'une inflammation et d'un gonflement de<br />

la langue pouvant causer l'asphyxie; on lui reproche aussi la<br />

lenteur de son action pour amener l'ulcér·ation de tous les<br />

sillons occupés par les fils et la suppuration fêtide qui résulte de<br />

la chute des eschares , et qui peut produire une intoxication ou<br />

infection putride , malgré les injections détersives fréquemment<br />

répétées ; mais elle résout souvent le double problème de la<br />

diérèc et de l'hémostasie. L'écrasement linéaire agit d'une<br />

rnnnirre plus rapide, puisque , d'après Chassaignac , vin::;t-cinq<br />

rninutes peuvent suffire à la section complète de la langue ; la<br />

plaie contuse qu'il occasionne se cicatrise vile sans donner lieu<br />

il des détritus putréfiés , susceptibles de prodnire l'empoisonnement<br />

putride; mais ses effets hémostatiques ne sont pns constants,<br />

comme le prouve la statistique d'Otto Just. J'ai cu recours<br />

tians un cas d'hypertrophie linguale très considérable, à la<br />

ligature p1·ogressive par le procédé ordinaire. 11 n'y a pas cu<br />

d'hémorrhagie et il m'a été très facile de combattre l'odeur<br />

g:-ngreneuse et d'amener la détersion du moignon pa1· C(uelques<br />

injections chlorurées; aucun symptôme d'intoxication putride<br />

T. Il 27


IU Montpellier<br />

TRIBUT A LA<br />

,10<br />

CHIRURGIE<br />

ne s'st maniresté, el la cicatrisation était complète dè!' la 6n du<br />

premier mois.<br />

La ligature mc parait , en conséquence , le rr.oyen le plus st)r,<br />

Une place d'élite apparliant ensuite à l'écrascmcn t linénirc qui,<br />

pratifpté avec une lenteur con\'cnablc, peut allcindre le but, en<br />

écartant les princiqaux accidents, plus erlfcacemcnL que la cautérisation<br />

actuelie, électrique.ou en flèches.<br />

FI:\ DU TOllE DEUXI IhiE


IU Montpellier<br />

TABLE DES MATIÈRES<br />

DU TOME DEUXIÈME<br />

)IÉMOIRES SUit DIVERSRS MALADIES DE LA TtTB ET DU COU<br />

Lèvres.<br />

1. - ANA'l"OMm . ..................... .. ······· · ·········· ········ · s<br />

Lèvr·e supér•ieur·e. ............... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . 4<br />

Leiv re inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

Structure ries lèvres ...... · . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

llémenls complémentaires des lèvres....................... 8<br />

Vais;;eaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

NA ri;; ....... ................................................ 10<br />

Dé,eloppemeot el variétés physiologiques des lèvr·es . . . . . . . 10<br />

Usage des lèvres............................................ 13<br />

11. - PATHOLOGIE.<br />

Anomalies.................................................<br />

Occlusion congénitale de la bouche. ........... . . . . . . . . . . . . 16<br />

Exstrophie des lèvres ....................................... 17<br />

Plaies ...................................................... 19<br />

t\ffectiolls inflammatoires des lèul'eS..........................<br />

f)rffonnités accidentelles cle l'o1·i{i('e buccal . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

At résie de l'orifice buccal.... ............................ ...<br />

Déviation........... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

Adhérences ................................................. 30<br />

'l'ruilemenl ......... . . . • . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

lucisiou transversale. ....................................... 32<br />

Emploi du botoc. ................. . .. .. .. . . . . . . ... . . . . . .. .. :n<br />

Oéi.Jridement et suture culaoèo-muqueuse................... :M<br />

Our·let lies commissures. .................................... 3<br />

Tumetws et ulcb·es des lèv1·es. .............................. . . 39<br />

Gonflement ; hypertrophie .. ... .. ... ... . ... . . . . .. ... . . . . .. • 40<br />

Turneurs érectiles ; angiomes. .............................. 42<br />

'l'umcur'S des glandes labiales. ............ .. . . . . . . . .. . . . . . . 4R<br />

Kystes...................................................... 48<br />

Adi>nome .... .. . . . . .. . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .. . . . . . . . . . . . 50<br />

15<br />

24<br />

27<br />

29<br />

31


IU Montpellier<br />

T.\RLE DES 1.\TIÈRE.·Lit!:VRE.<br />

Aperçu histol'ique........................................ ... 81<br />

l. - DES VAIUI!:Tt!:S DU DEC·DE-LIÈVRE .......... . ...... ...... , ... Sa<br />

1• De la fi:ure labiale simple . . . . .. .. .. . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . Si<br />

A. Fissut•e labiale inférieure . . ... . . ... . . . .. ... .. .. . . . .. ... 84<br />

U. Fissure lahiale upérieure ... .. ... .. .. .. .. ... ... .. .. .. .. 86<br />

Bec-de-liè,•re médian....................................... 87<br />

Bec-de-lièvre latét·al ........................................ 91<br />

Bec-de·liéHe génien................... . . . ... . . ... . .. ... ... 93<br />

2• De la {issu1·e labiale tiwltiple. ............. . . . .. . .. .. . . .. .. . . !H<br />

11.·- 0ES CAUSES OU DEC-DE-LIÈVRJ; ., ........................... ,, 102<br />

1• Cau!


IU Montpellier<br />

TABLE DES M.\TJRES<br />

}13<br />

PaJ.tt'<br />

1 V• Ob.•. - Bec-de-lièvre double avec saillie drs os intermaxillaires.<br />

-Fissure de la voùtt: et du voile<br />

rlu palais. - Section vprticale du vomer. -<br />

Rt>loulement des os. - Or>ératiou. -Réunion<br />

en Y. - Guérison. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1:!1<br />

Bec-de-lièvre . . ................... ........ ........... . ..... ·<br />

1:19<br />

Tératologie. ... .. .. . .. .. .. .. .. . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 141<br />

1• Vi.O$ure labiale ou bec-de-lièoJ·e sim7>le. - Fissure labiale<br />

iolél'ieure..................................................<br />

U2<br />

Fissure labiale supérieure.. ........................... . . . .. 144<br />

Hec-tle-liôvrr médian . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . 145<br />

Bre-de-lièvre latéral. .......................................<br />

Dcc-de-lièvre géoien ou commissural ...................... 151<br />

2• l'isstwe labiale ou bec· cie-lièvre complexe ...... . . . . . . . . . . 153<br />

Fissure labio-alvèolaire . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

1rissurr. lobio-palatioc. ...................................... 157<br />

l•'issure avec absence des éléments de la lace.......... . . . . .<br />

18<br />

156<br />

160<br />

DI!S CA URES DU DEC·DB-LIKVRE CONGgNJTAL. .............. •. . . • • . 163<br />

1• t;aus!'S 111écaniques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163<br />

2• Brides, adhérences anormales.... ... .... . .... ...... . . . . . t65<br />

3• Influence de l'imagination de la mère. ....... . . . . . . . . . . . 166<br />

4• Altération prim il ive du germe; bérédilé. ................. 167<br />

5• Maladies intra-utérines. .................................. 168<br />

6• Arrêt de dé\'eloppement. ............................... . 168<br />

O'oil dépend l'arrêt de développemeut qui produit les fissures<br />

labiales '1 • • • . . . • • . . • • • • • . • • • . . • • • • • . • • • • . . • . . . • • • . . . . • . . • • 17:l<br />

TRAITEMENT DU JJEC-IHO:·LIKVRE ................................... 175<br />

Indications de l'opération....................... . .. . . .. . .. 176<br />

Contre-indications . ......... , . . . . .. . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

:-iature de l'opération .... . .............................. :... 177<br />

T1·aitement cl tt bec-de-lii!Vl'e sim]Jle ................ ...... ,.... 178<br />

Précautions preliminaires. .............................. . . . 178<br />

Avivemrmt .......... .................. .. ... ... ....... . . ... 17!)<br />

L\éuniou ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 <br />

Soins consécutifs ........................................... 187<br />

Suites de l'opémfion, accidents, tmpe1'{ections ....... . . . . . . . 189<br />

Encoche .................................................... 189<br />

llllmorrbagie . ................ ·.- . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J92<br />

Iullammation et ses conséquences. ..... . . . . . .. . . . . . . . . . . ...<br />

Ruptu1·e de la cicata·ice.................................. ....<br />

n·aitement du bec-de-tièvr·e bilatüal. ..... . .. . .. . .. .. .. . .. ... 197<br />

Tl·aitement du ber·de-lièv1·e com]Jle.re......................... 200<br />

Traitement de la fissure lai.Jio-palalioe unique. ......... .. .. 200<br />

l!l:l<br />

1!)5


IU Montpellier<br />

114 TABLE DES :\J.\TIÈRES<br />

r:\t<br />

Tmitemenl de la fissure labio-palatine double .......... 203<br />

Insullisance de la lèvre supérieure .................. ,, . . . . .<br />

Irrégularité des dents .................... . ......... , . . . . . 205<br />

Saillie anormale des os inter-maxillaires . . . . ..... ... , . . ... 205<br />

Ablation. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... , . . . . . 206<br />

Rl'foulemeut ................................................<br />

Excision partielle de la cloison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

203<br />

207<br />

208<br />

De l'àge favorable à l'opé1·ation du bec-de-lii!v1·e ......... .,,.. 210<br />

Bibliographie ............................................. , . 217<br />

Du cancer buccal chez les fu meurs.<br />

J. - CONSIDillATLONS GiNBRALS ......................... 221<br />

Observatious. .... . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

Il. - FORMES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2'7<br />

lll.-TRAI1'&MENT PROPHYLACTIQUE. ........................ . . . . . 258<br />

CHIRURGICA L: Caustiques. ...................... 259<br />

Excision cunéiforme . . . . . . . . ... . ... . ... . . . . .. 259<br />

Excision en V................... . . . . . . . . . . ...<br />

'260<br />

Ablation horizontale ùu bord labial ...........<br />

2ül<br />

Tumeur épithéliale de la lévre inférieure ......... . . . . . . 264<br />

Chelloplastie.<br />

Considée·al ions générale. ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277<br />

Opérations conservatrices praticables sur IPs lèues : Excisions<br />

de surrac:P., excisious du boni libre, exci&ious cunéiforn•Ps.<br />

excisions li111i tées de tous les éléments............ 281<br />

Apen:u hi>torique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... . . . . . ... . .. . . . . . . . . 282<br />

1 nrlicalions et co nt re-indir,ations. ........................... 286<br />

PrécautiOIIS préliminaires. ............... . . . ... . . . . . . ... ...<br />

28!1<br />

Exécution de la cheilopl;stie. ...... ........... .. . . . . . . . . . .. 291<br />

Méthode française .............................................. 293<br />

ProcMés anciens; procédés de Guillemeau ct de 'fhvc-nin .. 294<br />

Procédé en V (Horn ou Ronhuyseu).... .......... .. . . . . . . . . 295<br />

de Serre, de Montpellier. ......... . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296<br />

de Die1Te11bach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297<br />

de Mal ga igne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298<br />

de


IU Montpellier<br />

TABLE DES IATIÈRES<br />

t•oges<br />

Procédé de Lalleman,l (lambeau cen ical simple). ........... 306<br />

de Sedillot......................................... 306<br />

Motliliralion de Br·uns. ...................................... 307<br />

Pr·ordè en cr·ochel de Lanclr·Pau . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . .. .<br />

de Buchanan ou en X......... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308<br />

Métlto1le italienne ....... ... .. ... . . .. .. .. .. ... . .. .. ... .. ... . . . 310<br />

308<br />

EXTENSION OE LA CHEILOPLASTIE . . ...... ...... .. ........ :.. .. .. 310<br />

Cheiloplnslie supérieur·e .. .. . .. .. . . .. .. . . .. . . . .. . .. .. . .. .. . 312<br />

Stomatoplastie .............................. .. .. .. . .. .. .... 313<br />

Génoplaslie ou cheiloplastie angulaire. ......................<br />

Uheiloplllslie p:r échange d'une lèHe il l'autre .............. 314<br />

Clteiloplaslie composée ..................................... 316<br />

313<br />

SUITES NATURELLES DE LA CE!EILOl'LASTIE ................... .. • • • 318<br />

Su l'l'ES ACCI DEN'I'ELLEE'.................... . . • • • . • . • • • • . . . • • • • • • • • • 323<br />

llémorr·hngie ............... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • 323<br />

lnllammation............ .. .. .. .. ... ... .. .. .. .. .. .. .. .. .. 324<br />

Décollement, gangrène du lambeau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325<br />

Fistules, adhérences ...................... . . . . . . . . . . . . . . . . . 326<br />

VALEUR DE LA CHElLOPLASTIE .... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .... . . . . . . . . . • 327<br />

Bllli.IOORAPIIIF: .. • • • • • • • • • . • . . . • • . • . . . • . . • • . • . . • . • . . . • • . • . • • • • • • • 32!1<br />

Observation de chelloplastie ............... . 331<br />

Langue.<br />

l. - VICES DE CONFORMATION ............................... ..... . 337<br />

AbsencE'............. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337<br />

Bifld lié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Prola1>sus congénital. - Ses c:auses. .............. . . . . . . . . . 33!1<br />

Sy"'t>tùmes. ......... . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 340<br />

Traitement .............. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346<br />

A nJ,· y/ O !f lO>Se.<br />

:1. Ankyloglossc méclian inférieur ou filet ................... 35!<br />

b. Ankyloglosse inférieur................................... 353<br />

c. Ankyloglosse latéral ...................................... 355<br />

3J8<br />

11.- PLAIF.S 1•:1' CORPS 'l'RANGERS.<br />

1• Pl:ies............................... . . . . . . . . . . . . 35G<br />

2•


IU Montpellier<br />

41G<br />

TABLE DES M.\TIÈRES<br />

1• Tumeurs vasculaires.<br />

a. Anévrysme faux primitif ou diO'us ...........<br />

IJ. Anévrysme circonscrit ............ . . . . . . . . •.......<br />

c. Tumeurs érectiles .................................. .<br />

2• Kystes ..•........ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . · · · · · · · · · · · ·· ·<br />

3• Ilyda.lides ......................................... · .. . ·. ·<br />

4• Tumeurs graisseuses ou lipômes ........... ............ .<br />

5• "Fibromes ............................................... .<br />

6• Tumeurs syphilitiques .................................. .<br />

7• Cancer .. . .. . . ... . .... . . . . . . . . .. . .... . . ... . . . . . . . · . . · · · · · ·<br />

a. Squirrhe ........................................... .<br />

b. EncépbaloYde ...................................... .<br />

c. Cancroïde ou épithéliome ......................... . .<br />

Etiologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . .........................<br />

Symptômes ................................................ .<br />

Diagnostic.......................................... . . . . . . .<br />

Traitemrol . . .. . .... . .... . .... . .... . . . .. . . . .. . ... ..... . · . · · ·<br />

Section du nerf lingual .................................... ..<br />

Ligature des artères lingunJes ............................. .<br />

Lignture de la base de la langue . ......................... . .<br />

Cautérisation .............................................. .<br />

:!64<br />

367<br />

367<br />

369<br />

J7'!<br />

312<br />

375<br />

376<br />

380<br />

380<br />

382<br />

383<br />

384<br />

384<br />

386<br />

3!!9<br />

392<br />

393<br />

:195<br />

395<br />

AmptltatiOit de la langue .............................. .' . . . . . .. 396<br />

A. Amputation sanglante.<br />

1• Incision trans,·ersale . .... . .... . . .. . « • • • • . • • . . • . . • • . •<br />

2• Incision eu V à sommet postérieur . ................ .<br />

3• Incision par ta réunion sus-hyoidienne ............. .<br />

4• Incision des parties molles el du maxillaire inférieur.<br />

B. Ligature de la base de la langue.<br />

1• Ligature à anse proprement dite ................... ..<br />

2• Ligatu•·e combinée avec l'incision .................. .<br />

3• Ligature par la région sus-hyoïdienur .. ........... .<br />


IU Montpellier


IU Montpellier


IU Montpellie<br />

OE<br />

BOUISSON<br />

TOME<br />

DEUXIÈME<br />

PARIS<br />

MASSON et Cc<br />

1903

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