TÃ©lÃ©chargement Paris 12.10.11 - Pierrefitte Socialiste

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14 L'ACTU MERCREDI 12 OCTOBRE 2011 L’HISTOIRE DUJOUR Après65ansd’exilenex-URSS, Yvonneretrouvesonvillage PASSY(HAUTE-SAVOIE),HIER.Entouréed’undesesfilsetdesacousine,Yvonne,quiavaitquittélaFranceen1947,s’estrecueillie surlatombedesesparentspourlapremièrefois. (AFP/JEAN-PIERRECLATOT.) PASSY(HAUTE-SAVOIE),LE4AOÛT1945.Yvonnea17ansquandelleépouse ShammadChmidov,unanciensergentdel’arméesoviétique. (DR.) Elleaaujourd’hui83ans. YvonneBotto,originairede Haute-Savoie,asuivisonmari d’origineazérieenex-URSSen 1947.Dedéceptionsendrames, elleavécuunevied’exilée. Maintesfois,elleavoulu rentrerenFrance,maisles autoritéss’yopposaient.Ellea retrouvéhiersonpaysnatal. PASSY(HAUTE-SAVOIE) DENOTRECORRESPONDANT Celafaisaitdesdécenniesqu’elleattendaitcemoment.Après plus de soixante-cinq ans passés au fin fond de l’Azerbaïdjan et des dizaines d’années de démarches administratives pour tenter de revenir en France, Yvonne Botto, 83 ans, a pu enfin se recueillir hier sur la tombe de ses parents,maisaussidesonfrèrequ’ellen’a jamais connu. Dans le petit cimetière de Chedde (Haute-Savoie), la vieille dame,unfichusurlatête,soutenuepar un de ses fils et par sa cousine germaine Marcelle, se baisse pour ramasser quelques petites pierres qui se trouventsurlatombe.YvonneBottoest émue. Elle qui a aujourd’hui du mal à parler français lâche quelques mots dans sa langue natale : « Je suis très contente de retrouver mon papa, ma mèreetPaul,monfrère.C’estungrand moment.» Lavieilledame,quiavaitquittélaHaute-Savoie pour l’Azerbaïdjan en 1947, avec son jeune époux, Shammad Chmidov,unanciensergentdel’armée soviétique, n’avait jamais pu revoir les siens, restés dans son village du Fayet, sur la commune de Passy. Et c’est par des lettres qu’elle a appris, en 1964, la mortdesonpère,Jean,puisledécèsen 1978 de sa mère, Marie. « Je suis très tristedenepasavoirrevuleursvisages» confie Yvonne. Quelques heures plus tôt, l’octogénaire a retrouvé avec émo- FRANCE Haute- Savoie MerMéditerranée RUSSIE TURQUIE Azerbaïdjan tionlarégiondesonenfance.«Lorsque sur l’autoroute, à la sortie d’un tunnel, elle a aperçu pour la première fois les montagnes de Haute-Savoie, elle a commencé à sourire. On la sentait heureuse»confieElizaPieter,membre du Cercle européen d’Azerbaïdjan » (une association de promotion de l’Azerbaïdjan), qui accompagne YvonneenFrance. C’est l’aboutissement d’une vie MARCELLE,SACOUSINE En août dernier, un journaliste de Bakou débarque dans son village de Murguzalli, en Azerbaïdjan. Il vient faireunreportagesurdeshabitantsqui ont perdu leur maison après les grandes inondations de 2010, et qui n’ont toujours pas reçu les aides promises par l’Etat. C’est le cas d’Yvonne. L’article qui lui est consacré attire l’attention du Cercle européen d’Azerbaïdjan. « Nous avons alors fait des démarches pour retrouver des membres de la famille d’Yvonne en France qui puissent obtenir des documents prouvant sa nationalité française. Ensuite, nous avons plaidé la cause d’Yvonne auprès de l’ambassade de France à Bakou, qui lui a enfin délivré unvisailyaquinzejours.Etnousavons organisé son voyage en France », expliqueElizaPieter. Yvonne est arrivée dimanche à <strong>Paris</strong>. C’estsacousineMarcellequil’héberge chez elle, à Caluire (Rhône). Hier, Yvonne s’est également rendue à la mairie de Passy pour recevoir une copie de son acte de mariage. « Bienvenue à Passy, soixante-cinq ans après votre départ. Vous êtes accueillie aujourd’hui comme une reine, et cela nousfaitplaisir»,lancelemaire,Gilles Petit-JeanGenaz.Fatiguée,Yvonneest ensuiterentréeàl’hôtel. Aujourd’hui elle se rendra dans la maison de son enfance, dans son école, dans l’église où elle s’est mariée. PourMarcelle,sacousine,ceretouren Haute-Savoie, « c’est l’aboutissement d’unevie.Ellen’apasarrêtédesebattre pour revenir en France. C’est une femme de conviction, qui va au bout. Etpourelle,revenirdanssonvillageest quelque chose de magnifique. Le jour où elle mourra, elle pourra partir en paix ». La semaine prochaine, Yvonne retournera en Azerbaïdjan. Pour retrouversesenfantsetsespetits-enfants. Maisaveclespetitespierresramassées surlatombedesesparents. SERGEPUEYO REPÈRES 4juillet1928:naissanced’Yvonne BottoàMonaco. 4août1945:YvonneBottoépouse ShammadChmidovàPassy. 1947:YvonneetShammad quittentlehameauduFayet(Haute- Savoie)pourl’URSSetl’Azerbaïdjan.A Bakou,Yvonnesefaitconfisquerson passeport. 1950:mortdumarid’Yvonne. 1964:décèsdupèred’Yvonne,en Haute-Savoie. 1978:décèsdelamèred’Yvonne. 1989:décèsdufrèred’Yvonne. Septembre2011:l’ambassadede FranceàBakoudélivreenfinunvisaà YvonneBottopourqu’ellepuissese rendreenFrance. Uneviedigned’unroman PASSY(HAUTE-SAVOIE) DENOTRECORRESPONDANT YvonneBottoestnéeàMonaco d’unpèreitaliencommuniste fuyantlerégimedeMussolini etd’unemèrefrançaise,d’origine parisienne.Trèsvite,lapetitefamille gagnelaHaute-Savoiepours’installer auFayet,unhameaudelacommune dePassy,situédanslavallée,à quelqueskilomètresdeChamonix.Le père,Jean,travailleàl’usinePechiney quifabriquedesexplosifs.Lamère, Marie,faitdurepassagedansune blanchisserie.Adolescente,Yvonne tombeamoureusedeShammad Chmidov,unanciensergentde l’arméesoviétique,faitprisonnierpar lesAllemands.L’hommes’estévadé descampsetarejointlarésistance françaiseen1944. On me disait que là-bas, le lait coulait des robinets YVONNE Yvonne,17ans,vaépouser Shammad,26ans.Etquandce dernierfaitpartdesondésirde rentreraupays,enAzerbaïdjan, Yvonnedécidedelesuivre.Contre l’avisdesesparents.«Ellel’asuivi paramourbiensûr,maisaussipar idéal.Ilsétaienttouslesdeux communistesetrêvaientd’unevie meilleurecommelepromettaità l’époqueStaline»,expliqueMarcelle Botto,68ans,sacousinegermaine. «Jepensaisquej’allaisauparadis.On medisaitquelà-bas,lelaitcoulait desrobinets»,serappelleYvonne.La désillusionvaêtregrande.Aprèsun voyageinterminabledetroismoisen train,àtraversl’Europe,etun passageparMoscou,Yvonneet ShammadarriventenfinàBakou. Danslacapitaledel’Azerbaïdjan,la policepolitiqueconfisquele passeportd’Yvonne.Lecouple s’installedanslevillagede Murguzalli,prèsdelafrontièreavec l’Iran.«C’étaitunerégioninfestéede guêpes,demoustiquesavecune chaleurinsupportable»sesouvient Yvonne.Lecoupletravailledansles champs,ramasseducoton.Unfilsva naître.Ils’appelleRafael.Maistrès vite,Shammadmeurtdelamalaria. YvonneveutalorsrentrerenFrance. «Lesautoritésm’ontdit:Tupeux partir,maistonfilsestcitoyen soviétique.Alorslui,ilrestelà.Je n’allaisquandmêmepas l’abandonner»,expliqueYvonne.Elle restedoncenAzerbaïdjanetvase remarieravecuncousindesonmari. Elleaura6autresenfantset 30petits-enfants.MaislaFrance manquetoujoursàYvonne.Elleledit dansseslettresàsameilleureamie, Denise.Hélaslerideaudeferentre l’Estetl’Ouestempêchetoutretour. En1991,lachutedel’URSSredonne espoiràYvonne.Elleentreprenddes démarchesauprèsdel’ambassadede France.Maissespapiersseperdent. Elleseretrouvedansl’impossibilité deprouversonidentitéfrançaise.Elle écriramêmeauprésidentMitterrand. «Aidez-moiàrevenirenFrance.Je suisfrançaise.Jeveuxallersurla tombedemesparents»,supplie Yvonne.Maisl’administrationreste sourdeàsessuppliques.Pasde papier,pasdevisa.Ilfaudradonc qu’YvonneBottoattende2011pour enfinêtreentendueetvoirsonrêve seréaliser. S.P.
MERCREDI 12 OCTOBRE 2011 L'ACTU 15 politique monde social économie société faitsdivers justice ESPIONNAGE DeuxChinois interpellés Deux Chinois ont été arrêtés pour avoir photographié des prototypes de moteurs de haute technologie dans une entreprise lorraine travaillant notamment pour la marine française. Ces deux hommes, qui venaient de la filiale chinoise de l’entreprise Converteam et se trouvaient en stage près de Nancy, ont été placés en garde à vue le 26 septembre et entendus par la Direction centrale du renseignement intérieur. Leurs appareils photo ont été saisis. Selon « l’Est républicain»,ilsontétémisenexamen pour«collected’informationssurintérêts fondamentaux de la nation et livraison à une puissance étrangère », et placéssouscontrôlejudiciaire. ENBREF ENQUÊTE Cent cinquante fonctionnaires de police ont mené hier matin une vaste opération dans la cité des Hautes- Noues à Villiers-sur-Marne (Val-de- Marne), qui a conduit à treize interpellations dans le cadre d’une enquête judiciairesurunecinquantainedevols avec violence commis récemment danslesenvirons. CONDAMNATION Unquinquagénaireenétatd’ébriété au moment des faits a été condamné par la justice monégasque à six jours de prison pour avoir lancé une bordée d’insultes à l’encontre du prince AlbertIIdeMonaco. DRAME Unchasseurestmorthier à l’hôpital de Charleville-Mézières (Ardennes) après avoir été empalé par un cerf. La victime,âgéede67ans,areçudansun œil une extrémité du bois de l’animal, cequiapercésaboîtecrânienne.Alors que le gibier a l’habitude de fuir en avant, le cerf a fait volte-face, ce qui est exceptionnel. PROCÈS Coupdurpour ladéfensedu docteurKrombach Kurt Kraus, officier de police judiciaire allemand, a été cité par les avocats de Dieter Krombach pour témoigner de son enlèvement en 2009. Or, son audition par la cour d’assises de <strong>Paris</strong> a tourné hier au coup dur pour la défense du médecin allemand, accusé du meurtre de sa belle-fille de 14 ans en 1982 à Lindau. En poste dans cette ville, le commissaire confirme qu’il existe « un gros dossier Krombach » en Allemagne. Il extirpe alors un document de sa sacoche. Dix noms y figurent : ceux d’autres jeunes femmes qui s’étaient plaintes à l’époque d’avoir subi insultes et agressions sexuelles de la part du praticien. « Dans un ou deux cas, il était aussi question de médicaments », indique l’officier. L’audience est suspendue sans que Krombach, assoupi dans le box, soit interrogé. « Sept de ces dix noms nous étaient inconnus ! » souligne à la sortie M e De Caunes, l’avocat du père de Kalinka, pour qui ce témoin confirme « la méthode » de l’accusé. « Ce témoignage prouve que le dossier est incomplet, la défense de Dieter Krombach impossible et ce procès inéquitable », tempête l’un des avocats, M e Levano. PASCALEÉGRÉ LafamilleDupontdeLigonnès avaitreçudesmenaces TUERIEDENANTES. La mère de Xavier Dupont de Ligonnès, Geneviève, a révélé hier que la famille de son fils avait été menacée à plusieurs reprises avant le drame. Toutes les polices de France sont aux trousses de son fils. Mais Geneviève Dupont de Ligonnès, la mère de Xavier, reste persuadée que son fils est innocent du quintuple meurtre dont il est accusé, comme elle l’a répété hier au micro de RTL. Pour cette femme âgée de 80 ans, Xavier Dupont de Ligonnès n’avait « aucun motif » et ne peut être « responsable de cette chose horrible. […] Ça ne correspond absolument pas à sa personne, il aime énormément ses enfants, il est très attaché à sa femme et à sa famille. Par conséquent, je ne vois aucune raison pour qu’il ait commis une chose pareille ». Le père de famille fait pourtant figure de suspect numéro un depuis la découverte, en avril dernier, sous la terrasse familiale à Nantes, des corps d’Agnès de Ligonnès et de ses quatre enfants, tués par balle. Pas l’ombre d’une secte ni d’un groupe de prière GENEVIÈVEDUPONTDELIGONNÈS, MÈREDEXAVIER OUTRAGE LajusticeenquêtesurledérapagedeLarsVonTrier NICE(ALPES-MARITIMES) DENOTRECORRESPONDANT Le cinéaste danois Lars Von Trier devra-t-il répondre d’« apologie de crimes de guerre » devant le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes) ? L’hypothèse n’est pas exclue par le parquet de la ville, qui poursuit son enquête préliminaire ouverte au lendemain des déclarations du réalisateur en plein Festival de Cannes. Le 18 mai, lors de la conférence de presse suivant la projection de son film « Melancholia », Lars Von Trier avait lancé à propos d’Hitler : « Je dis seulement que je comprends l’homme. Il n’est pas vraiment un brave type, mais je comprends beaucoup de choses à son sujet et j’ai un peu de sympathie. » Dans la foulée, il avait eu des propos injurieux à l’égard d’Israël. Face à la polémique, il avait tenu à « sincèrement s’excuser », niant être « antisémite, raciste ou nazi ». Après diverses investigations, le parquet de Grasse a activé le mécanisme de l’entraide pénale internationale et sollicité les autorités judiciaires danoises afin qu’elles interrogent le réalisateur. Ce qui a été fait jeudi dernier dans les locaux de la police de Zélande du Nord, au SelonlamèredeXavierDupontdeLigonnès,sabrue,Agnès,avaitparléde«gravesmenaces»quil’auraientamenéeàchangerde numérodetéléphone. (DR.) Pour appuyer ses dires, Geneviève Dupont de Ligonnès révèle que la famille de son fils subissait de « graves menaces », assimilables à des « menaces de mort ». « Ma belle-fille était très inquiète, elle s’en est ouverte auprès de quelques amis, il y avait de lourdes menaces, […] qui se sont intensifiées à tel point qu’elle a dû changer de numéro de téléphone, changer d’adresse e-mail… » Un élément qui, selon elle, apporte « un éclairage nouveau » sur la lettre adressée par Xavier de Ligonnès à sa famille et aux amis, annonçant leur départ subit pour les Etats-Unis. Dans cette missive, le père de famille explique travailler incognito pour le gouvernement américain et que, pour des raisons de sécurité, la famille doit y déménager de toute urgence, couper les ponts avec son entourage et recevoir une nouvelle identité… Pour Geneviève de Ligonnès, ce départ soudain s’expliquerait donc par ces menaces. LaFranceetleDanemark susceptiblesd’engager despoursuites Danemark. « Nous leur avons demandé de l’entendre en détail et nous souhaitons aussi qu’ils nous disent quelle est leur position sur cette affaire », précise le procureur de la République de Grasse, Jean-Michel Cailleau. Dans ce dossier, la France comme le Danemark ont en effet la possibilité d’engager des poursuites. La juridiction française attend donc le compte rendu des Danois, espéré à Grasse d’ici quelques semaines selon une source proche du dossier, pour se prononcer. La probabilité que le cinéaste, connu pour ses provocations, se retrouve à la barre du tribunal de Grasse est donc réelle. La Licra, mais aussi deux associations à but non lucratif, Hatikva et Ben Gourion, suivent également l’évolution de la procédure après avoir dénoncé les faits auprès du procureur de la République. « C’est au parquet de prendre ses responsabilités. Soit Lars Von Trierapétéles plombs, soit il a profité de la tribune et des micros tendus Traumatisée par la perquisition que les policiers ont menée chez elle et chez plusieurs proches mi-juillet, elle juge ce « déploiement […] complètement ridicule […]. C’est le premier endroit où ne pas venir, retourner dans sa famille et chez sa mère, c’était complètement invraisemblable ». Dans cette interview, elle explique aussi à RTL qu’elle rejette les accusations d’assimilation à un groupe sectaire. Il est en effet apparu au fil de l’enquête que la mère de Xavier avait été, à la fin CANNES(ALPES-MARITIMES),LE18MAI.LarsVonTrieravaitdéclaréavoir«unpeu desympathie»pourAdolfHitlerlorsdelaconférencedepressedeprésentationde sonfilm«Melancholia». (LP/FRÉDÉRICDUGIT.) pour faire l’apologie du nazisme. Nous nous interrogeons », a indiqué hier le président de la Licra, Alain Jakubowicz. En sortant de son interrogatoire au Danemark, le réalisateur, visiblement mal à l’aise, a annoncé dans un des années 1960, à l’origine de la création d’un groupe de prière nommé Philadelphie. A cette époque, elle a prétendu recevoir des messages de Dieu annonçant notamment la venue prochaine de l’Apocalypse… Si sa foi l’aide, ditelle, il n’y a pour autant chez Geneviève de Ligonnès « pas l’ombre d’une secte ni d’un groupe de prière, personne ne vient chez moi pour se rassembler, insiste-elle. Ça ne correspond pas du tout à mon profil ». LOUISE COLCOMBET communiqué qu’il ne ferait dorénavant plus aucune déclaration publique. S’il devait être jugé pour « apologie de crimes de guerre », il risquerait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. MATTHIASGALANTE
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