Points Forts socialistes n°18 (PDF) - Parti socialiste vaudois
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Mensuel du parti <strong>socialiste</strong> <strong>vaudois</strong><br />
N°18 - Août - septembre 2008<br />
<strong>Points</strong> forts<br />
SOCIALISTES<br />
Enjeux de rentrée<br />
Cesla Amarelle<br />
Présidente PSV<br />
Yverdon-les-Bains<br />
EDITORIAL<br />
c Mike Warren<br />
Le pouvoir d’achat des familles et des classes moyennes est<br />
la préoccupation majeure de cette rentrée. Nous, <strong><strong>socialiste</strong>s</strong>,<br />
le répétons. La politique fiscale doit désormais considérer cet<br />
enjeu comme une priorité. Si le paquet fiscal n’aboutit pas sur<br />
des allègements réels pour les familles, mais sur des cadeaux<br />
fiscaux insensés pour les gros actionnaires, nous le combattrons.<br />
A l’occasion de notre congrès du 27 septembre à Prilly, nous<br />
débattrons de cet enjeu. Septembre, c’est aussi le mois du<br />
budget du Conseil d’État. Gageons que le ministre des finances<br />
se réjouira à nouveau d’un ménage cantonal équilibré en passant<br />
sous silence qu’il a fallu une grève pour remettre la revalorisation<br />
de la fonction publique sur les rails. Gageons aussi que, malgré<br />
un excédent d’un milliard l’année passée, les investissements<br />
étatiques en matière de logement resteront inexistants. Lors<br />
du prochain débat budgétaire, il faudra défendre ce domaine<br />
important pour le bien-être de la population.<br />
Deuxième enjeu : la votation du 30 novembre sur le futur Musée<br />
cantonal des Beaux-Arts. Le oui que nous recommandons doit<br />
être un geste citoyen conscient de la richesse collective de tous<br />
ces Picasso, Vallotton, Hodler, Rodin et autres qui n’attendent<br />
plus qu’à sortir des caisses pour devenir accessibles à tous. Notre<br />
société a besoin d’un État démocratique attaché à faire rayonner<br />
toutes ses ressources, sa culture également.<br />
Et pendant ce temps à quoi réfléchit la droite ? Les deux<br />
dossiers sur lesquels elle s’est agitée dernièrement, révèlent<br />
son manque cruel de projets. D’abord, prétendre que le<br />
canton manque d’une politique en matière d’harmonisation<br />
des horaires scolaires et d’offre extra-scolaire prête à sourire.<br />
Nous revendiquons depuis trois ans une mobilisation politique<br />
sur ce sujet et avons tant au plan cantonal que communal des<br />
<strong><strong>socialiste</strong>s</strong> qui en font une priorité concrète. Ensuite, la droite<br />
annonce qu’elle entend s’aventurer désormais sur le terrain<br />
de la lutte contre les «effets de seuil». Annonce pour le moins<br />
tardive. Grâce à notre action gouvernementale, ces effets<br />
sont tous en train de disparaître. Les enjeux de la rentrée<br />
sont ailleurs.<br />
JAB<br />
1000 Lausanne 1<br />
DANS CE NUMERO<br />
Olivier Barraud<br />
Les millions de la<br />
loterie attirent les<br />
requins<br />
2<br />
GRAND ANGLE<br />
Quelle politique de<br />
sécurité publique ?<br />
4-5<br />
Josiane Aubert<br />
Un nouveau<br />
Musée cantonal<br />
des Beaux-Arts<br />
6<br />
Yverdon<br />
L’eau n’est pas<br />
à vendre !<br />
7
DÉMOCRATIE<br />
DIRECTE<br />
Initiative « Pour des jeux d’argent au service du bien commun »<br />
Initiative «Contre de nouveaux avions de combat»<br />
DÉMOCRATIE<br />
DIRECTE<br />
Loterie Romande en péril<br />
Des bénéfices très convoités<br />
Caprice de militaires<br />
Avions de chasse : joujoux indispensables ?<br />
C’est bien ce que l’on veut nous faire croire !<br />
Le comité directeur du<br />
PSV a décidé de soutenir<br />
l’initiative « Pour des<br />
jeux d’argent au service<br />
du bien commun » de<br />
la Loterie Romande et<br />
vous invite à la signer.<br />
Il ne s’agit pas de se<br />
positionner pour les<br />
jeux d’argent mais bien<br />
d’éviter la privatisation<br />
des bénéfices.<br />
Olivier Barraud<br />
vice-président PSV<br />
Renens<br />
Site des Organes<br />
cantonaux de répartition:<br />
www.entraide.ch<br />
Site du comité d’initiative:<br />
www.biencommun.ch<br />
Se positionner sur une question liée<br />
aux jeux d’argent est toujours assez<br />
délicat pour nous, <strong><strong>socialiste</strong>s</strong>. En<br />
effet, nos valeurs nous engagent<br />
à défendre les plus faibles et les<br />
personnes dépendantes des jeux en<br />
font naturellement partie. Dès lors,<br />
lorsqu’il a été question de déaterminer<br />
si le PSV soutenait l’initiative «Pour<br />
des jeux d’argent au service du bien<br />
commun» de la Loterie Romande,<br />
le comité directeur s’est retrouvé<br />
divisé entre les camarades trouvant<br />
ce soutien contraire à nos valeurs<br />
voire immoral et ceux oeuvrant dans<br />
le domaine associatif, qui constatent<br />
concrètement les bienfaits du soutien<br />
financier de la Loterie Romande. Cette<br />
dernière ne facilitant pas le débat tant<br />
il est vrai que son comportement en ce<br />
qui concerne la prévention n’est pas<br />
exempt de tout reproche. La rocambolesque<br />
histoire des tactilos et un<br />
marketing intense nous en apportent<br />
la preuve si besoin est.<br />
A force de débattre sur la question<br />
des jeux d’argent en général, on en<br />
a presque oublié le sujet proprement<br />
dit de l’initiative. Dans les faits, nous<br />
étions «hors sujet» car l’initiative<br />
vise à ancrer dans la constitution la<br />
situation législative actuelle, à savoir<br />
que l’ensemble des bénéfices des<br />
loteries doivent entièrement être reversés<br />
à des associations culturelles,<br />
sociales ou sportives. Il ne s’agit donc<br />
pas d’être pour ou contre les jeux<br />
d’argent mais bien de savoir à quoi<br />
servent et où vont les bénéfices des<br />
jeux d’argent.<br />
Éviter la privatisation<br />
des bénéfices<br />
Vu que la législation actuelle prévoit<br />
une redistribution des bénéfices, la<br />
question de l’utilité de cette initiative<br />
est légitime. Depuis plusieurs<br />
années, les loteries suisses doivent<br />
faire face à des attaques répétées<br />
du lobby des casinos qui voit dans<br />
le secteur des loteries une véritable<br />
mine d’or à exploiter. Ce milieu<br />
peu fréquentable lorgne sur des<br />
bénéfices qu’il aimerait voir finir<br />
dans sa poche. Il met donc tout en<br />
œuvre pour modifier la loi fédérale<br />
sur les Loteries et les Paris (LLP)<br />
en se fondant sur les principes de<br />
la loi fédérale sur les Maisons de<br />
Jeu (LMJ) qui prévoit l’octroi de<br />
concession. Preuve de la puissance<br />
de ce lobby, aucune concession de<br />
casino n’a été octroyée à la Loterie<br />
Répartition par domaine des bénéfices de la Loterie Romande<br />
Romandie<br />
« Le lobby des casinos lorgne sur les bénéfices de la Loterie<br />
Romande qu’il aimerait voir finir dans sa poche »<br />
Vaud<br />
(en CHF)<br />
2007 2006 2007 2006<br />
Action sociale 18’070’036 19’435’356 7’896’200 8’682’140<br />
Jeunesse et éducation 8’592’357 10’109’560 2’524’393 3’150’590<br />
Santé et handicap 12’207’040 12’302’610 4’094’640 3’653’484<br />
Culture 41’763’543 46’074’650 12’624’140 14’218’040<br />
Formation et recherche 4’762’000 5’423’000 546’000 1’451’100<br />
Conservation du patrimoine 13’003’926 16’894’600 3’416’000 3’221’520<br />
Environnement 1’883’000 1’761’000 157’500 760’000<br />
Economie 7’086’500 8’221’450 797’000 1’094’000<br />
Autres affectations 32’488’136 33’886’789 23’052’633 23’321’491<br />
TOTAL 139’856’538 154’109’015 55’108’506 59’552’365<br />
Source: Organes cantonaux de répartition - www.entraide.ch<br />
Romande. Ceci malgré le fait que<br />
cette dernière soit un acteur majeur<br />
du secteur et qu’elle eut déposé une<br />
demande de concession répondant<br />
parfaitement aux critères exigés. Il<br />
ne fait aucun doute du pouvoir de<br />
ce lobby notamment au sein de la<br />
commission fédérale des maisons<br />
de jeux.<br />
Enfin, il est toujours utile de<br />
rappeler que plusieurs centaines<br />
d’associations et projets vivent<br />
grâce au soutien des loteries suisses<br />
qui reversent la totalité de leurs<br />
bénéfices, au contraire des casinos.<br />
En signant cette initiative, nous<br />
avons l’espoir de pérenniser le<br />
principe essentiel qui oblige le<br />
versement des bénéfices issus des<br />
jeux d’argent au service de l’intérêt<br />
public, pour le bien commun.<br />
« Dégagés après paiement des<br />
lots et des frais généraux, les<br />
bénéfices de la Loterie Romande<br />
sont entièrement consacrés au<br />
soutien d’institutions d’utilité<br />
publique romandes, à caractère<br />
social, culturel, environnemental,<br />
de recherche et de protection<br />
du patrimoine. Des centaines<br />
de milliers de personnes<br />
bénéficient, directement ou<br />
indirectement, des dons de la<br />
Loterie Romande. »<br />
www.entraide.ch<br />
Tandis que la<br />
Confédération s’apprête<br />
à acheter de nouveaux<br />
avions de combat dans<br />
une opacité telle que<br />
courent des bruits de<br />
corruption, le Groupe<br />
pour une Suisse sans<br />
armée (GSsA) lance une<br />
initiative demandant un<br />
moratoire de dix ans sur<br />
ce genre d’acquisition.<br />
Initiative soutenue par le<br />
parti <strong>socialiste</strong>.<br />
Eric Voruz<br />
conseiller national<br />
Morges<br />
Site du comité d’initiative:<br />
www.keine-kampfflugzeuge.ch<br />
1<br />
Northrop F-5 Freedom Fighte<br />
2<br />
Département fédéral de la défense, de la<br />
protection de la population et des sports<br />
« 2,2 milliards de francs à dépenser »,<br />
cela attire bien des convoitises. Et<br />
voilà que le Conseil fédéral prépare<br />
un message pour l’achat de nouveaux<br />
avions de combat, ceci pour remplacer<br />
les quelques 54 « Tiger 1 » devenus<br />
paraît-il « obsolètes ». Mais au fond,<br />
pour quoi faire ?<br />
C’est la grande question ! Bien sûr,<br />
sans nous dévoiler quoi que ce soit<br />
« pour éviter des fuites » ( ! ) Samuel<br />
Schmid ne cesse d’expliquer que<br />
cela est absolument nécessaire.<br />
Cependant comme je l’avais souligné<br />
en séance de la commission de politique<br />
de sécurité du conseil national<br />
(CPS), je ne suis pas convaincu de<br />
ses arguments et je disais justement<br />
le contraire. En effet, déjà aujourd’hui,<br />
bien des avions restent au sol (manque<br />
de pièces de rechange ? nombre<br />
d’avions trop élevés ?) et en ce qui<br />
concerne la « police du ciel » ou les<br />
entraînements, il n’est pas nécessaire<br />
d’avoir autant de « chasseurs » pour le<br />
petit ciel helvétique.<br />
Petit ciel helvétique ? Mais c’est<br />
justement de cela qu’il faut parler.<br />
A peine décollés, nos avions de<br />
chasse doivent rebrousser chemin<br />
car les frontières sont vite franchies…<br />
Exercices à l’étranger ? Mais nous y<br />
arrivons, car ces exercices à l’étranger<br />
ont bien lieu. Dès lors, pourquoi notre<br />
petite Suisse doit avoir sa police du<br />
ciel à elle toute seule, alors qu’il faut<br />
aller s’exercer ailleurs (en Sardaigne<br />
et/ou en Suède) ?<br />
C’est justement là qu’il faut analyser<br />
un problème posé à la Suisse. Entouré<br />
de pays amis, le nôtre ne peut<br />
donc s’amuser seul à faire sa police<br />
du ciel. Je pense ici, et c’est ce que je<br />
défends à la CPS, que la Suisse doit<br />
conclure un accord avec ses voisins<br />
pour unifier la surveillance du ciel avec<br />
les pays limitrophes donc aussi pour<br />
l’achat d’avions de combat. Bien sûr,<br />
un accord limite notre liberté d’action<br />
du moment que la France et l’Allemagne<br />
(EADS, consortium européen)<br />
et l’Italie fabriquent « leurs avions ».<br />
Pour l’heure, il est évident que l’on<br />
ne peut pas abandonner comme ça<br />
la surveillance de notre ciel et laisser<br />
Eurofighter Typhoon du consortium européen EADS, un candidat à 58 millions US$<br />
les autres le faire à notre place.<br />
Mais le débat va bien au-delà. Avonsnous<br />
besoin d’autant d’avions de<br />
c o m b a t ? D e s<br />
dangers existent<br />
certes, mais dans<br />
l’immédiat nous<br />
devons renforcer<br />
nos aides à l’étranger<br />
et disposer<br />
d’outils adéquats<br />
pour y faire face<br />
(hélicoptères, avions<br />
de transports,<br />
matériels en cas de<br />
catastrophes, etc). Ceux-ci serviront<br />
également pour la Suisse.<br />
Je suis certainement assez loin de<br />
l’analyse que fait le GSsA, voire nos<br />
camarades des Jeunesses <strong><strong>socialiste</strong>s</strong>.<br />
En revanche, nous avons un<br />
point commun : faire sauter cette<br />
opacité qui entoure la sélection de la<br />
procédure d’évaluation… et bien sûr,<br />
«Il faut<br />
un débat<br />
public !»<br />
écarter tous risques de corruption<br />
sous quelques formes que ce soient.<br />
Pour y arriver, il faut nécessairement<br />
un débat public. Et<br />
pour l’obtenir, une<br />
initiative ne peut<br />
que nous y aider.<br />
Celle du GSsA est<br />
donc la bienvenue.<br />
Que propose cette<br />
initiative ? Un moratoire,<br />
à savoir que<br />
la Confédération ne<br />
puisse acquérir de<br />
nouveaux avions de<br />
combat dont l’acquisition<br />
aurait lieu entre le 1 er janvier<br />
2010 et le 31 décembre 2019.<br />
Cela permettra au DDPS 2 de répondre<br />
aux questions posées et aussi de<br />
stopper ces enfants gâtés qui veulent<br />
acheter des joujoux de luxe sans<br />
savoir exactement pour quoi faire.<br />
On peut signer sans autres l’initiative<br />
du GSsA.<br />
L’actuel favori, le suédois JAS 39 Gripen de Saab, un joujou à 47.5 millions US$<br />
2 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 3
GRAND<br />
ANGLE<br />
Papier « Sécurité publique pour toutes et tous » du PSS<br />
Papier « Sécurité publique pour toutes et tous » du PSS<br />
GRAND<br />
ANGLE<br />
Vision favorable<br />
Vision critique<br />
Enfin une attitude décomplexée<br />
du PSS sur la sécurité publique<br />
Roger Nordmann<br />
conseiller national<br />
Lausanne<br />
Il subsistait parfois dans le discours du PS<br />
une opposition un peu stérile à la politique de<br />
sécurité publique. A tort, car cette dernière est<br />
nécessaire pour garantir des droits fondamentaux<br />
tels que la liberté de mouvement, la dignité,<br />
l’intégrité physique. La politique de sécurité publique<br />
est aussi étroitement liée à l’égalité et à la justice<br />
sociale : sans une action déterminée de l’État dans<br />
ce domaine, une partie de la population est exposée<br />
à de l’insécurité, parce qu’elle n’a, par exemple, pas<br />
les moyens d’aller habiter dans des quartiers plus<br />
huppés. En elle-même, la sécurité est d’ailleurs une<br />
des composantes de la justice sociale. Au demeurant,<br />
même de « petits » larcins, comme le vol d’un sac à<br />
main ou d’un vélo, ou encore le tagage d’une voiture,<br />
sont désagréables pour les victimes.<br />
Cette vieille attitude d’opposition tranchait par ailleurs<br />
avec l’attitude du PS au quotidien dans les législatifs<br />
et les exécutifs : au niveau local et cantonal, le PS se<br />
bat depuis des années pour améliorer les conditions<br />
de travail et les effectifs de la police, donner à la<br />
justice les moyens de faire son travail et pour agir<br />
préventivement à tous les niveaux.<br />
La population attend d’un grand parti comme le PS<br />
une vision claire, cohérente et nuancée. Le papier « la<br />
sécurité publique pour toutes et tous » répond dans<br />
l’ensemble à cette attente, malgré quelques défauts<br />
ça et là. Il pose tout d’abord un constat clair : la situation<br />
de sécurité publique en Suisse est relativement<br />
bonne, mais il y a des abcès de fixation qui posent<br />
problème et qui inquiètent à juste titre une partie de<br />
la population. Ces problèmes appellent des mesures<br />
concrètes, à la fois préventives et répressives.<br />
Le papier trace ensuite les grandes lignes de la politique<br />
de sécurité publique du PS :<br />
• La sécurité publique dépend largement de prévention<br />
directe (présence policière, éducation, lutte<br />
contre les représentations de la violence, etc) et<br />
indirecte, c’es-à-dire notamment des perspectives<br />
d’intégration socio-économique offertes aux jeunes<br />
et aux migrants.<br />
• La répression, sans être un but en soi, est nécessaire,<br />
à la fois pour des questions de justice et<br />
de sécurité. Mais cette répression doit respecter<br />
le principe de proportionnalité et ne pas devenir<br />
liberticide car la sécurité publique vise justement<br />
aussi à protéger la liberté.<br />
• Il appartient aux collectivités publiques d’assumer<br />
directement les fonctions policières. L’État doit mettre<br />
assez de moyens pour disposer d’une police bien<br />
formée et dont les effectifs sont suffisants. La fonction<br />
policière ne se délègue pas au privé, sous peine<br />
de perdre sa crédibilité et sa légitimité, et finalement<br />
d’aboutir à une dégradation de la sécurité.<br />
Cette position modérée est susceptible de susciter l’adhésion<br />
d’une large part de la population. Elle se distingue<br />
fondamentalement des deux autres positions, défendues<br />
l’une par les radicaux, et l’autre par l’UDC :<br />
• La politique du PRD, focalisée sur le moins<br />
d’État, n’est pas crédible : elle prétend corriger des<br />
problèmes, parfois en renforçant les lois, mais en<br />
ne donnant jamais à l’État les moyens de les mettre<br />
sérieusement en oeuvre. C’est la méthode du laisserfaire<br />
et de la démission.<br />
• La politique de l’UDC consiste à dramatiser la<br />
situation pour angoisser la population et finalement<br />
gagner des voix par un discours répressif musclé.<br />
Mais dans les faits, l’UDC ne fait rien, même en<br />
matière de répression, parce elle refuse d’y consacrer<br />
les moyens nécessaires. Les quatre ans passés<br />
par M. Christoph Blocher à la tête du Département<br />
fédéral de Justice et Police (DFJP) l’ont amplement<br />
démontré. De plus, l’absence d’un volet préventif<br />
efficace et réaliste à l’UDC est criant. La population<br />
est lasse de ce double langage dont les ficelles sont<br />
de plus en plus visibles.<br />
L’erreur du PS dans le domaine était de laisser le terrain<br />
aux autres, sans défendre sa propre position. Cela<br />
laissait le champs libre à l’UDC en particulier, avec des<br />
effets délétères sur le sentiment de sécurité et sur la<br />
sécurité elle-même. En effet, laisser l’UDC peindre<br />
le diable sur la muraille et prôner la fiction du tout<br />
répression est doublement négatif : premièrement,<br />
les gens s’angoissent au-delà d’une inquiétude raisonnable<br />
au sujet de problèmes concrets. C’est une<br />
ambiance de psychose qui s’installe. Deuxièmement,<br />
le climat politique ainsi généré empêche des mesures<br />
préventives qui contribueraient directement à une<br />
amélioration réelle de la sécurité.<br />
J’espère donc que le Congrès entrera en matière<br />
sur ce papier, bien qu’il nécessite assurément<br />
encore quelques corrections, comme par exemple<br />
au sujet de la mendicité.<br />
Le PSS a récemment publié une prise de<br />
position en matière de sécurité publique.<br />
Ce papier, qui sera discuté lors du congrès<br />
d’Aarau les 25 et 26 octobre prochains, fait<br />
déjà couler beaucoup d’encre et suscite bon<br />
nombre d’oppositions.<br />
Nous vous présentons ici les points de vue<br />
de Roger Nordmann, qui le soutient, et d’Ada<br />
Marra, qui elle, le critique.<br />
© Leonard Freed/Magnum - USA, New York City, 1978<br />
Amenons de vraies réponses<br />
aux vrais problèmes !<br />
Nous savons toutes et tous que parfois en<br />
politique il faut empoigner des thèmes qui<br />
sont « dans le vent », qui font l’actualité pour<br />
ne pas être en reste. Ainsi le PSS a décidé de<br />
thématiser la sécurité publique dans son Congrès<br />
d’octobre à Aarau. Cela a été annoncé<br />
dans les médias comme un réveil du parti,<br />
comme s’il décidait enfin de briser des tabous.<br />
Autrement dit, jusque-là le PSS n’aurait pas<br />
tenu de discours sur la sécurité…<br />
Personnellement je m’inscris en faux contre cette<br />
idée. Le PS a toujours parlé de sécurité publique<br />
en mettant en avant les idées de sécurité, de paix<br />
et de justice sociale. L’égalité des chances, la<br />
possibilité pour toutes et tous de vivre dans des<br />
conditions dignes ayant toujours été les prémices<br />
nécessaires et premières pour que les uns et les<br />
autres puissent vivre ensemble de façon plus ou<br />
moins harmonieuse et pacifique.<br />
Le papier produit par le groupe de travail du PSS<br />
pose un problème de fond : qu’est-ce que la sécurité<br />
publique ? Force est de constater qu’elle se<br />
limite pour ses auteurs à la violence. Violence des<br />
étrangers, violence des jeunes, violence dans les<br />
médias, ordre et sécurité. Disons-le clairement :<br />
les thèmes abordés sont dignes d’un résumé du<br />
Sonntagblick. Hormis quatre ou cinq énormités<br />
telles que la généralisation des videos surveillances,<br />
c’est un coup de bluff.<br />
Ainsi, même le chapitre décrié à juste titre et stigmatisant<br />
la criminalité des étrangers pourrait être<br />
potable si on enlevait le mot « étranger » et si on<br />
n’en faisait pas un chapitre à part. Mais la voie polémique<br />
et surfant sur la vague du sensationnalisme<br />
a été choisie. Toutefois, prendre cette option n’est<br />
pas si anodin, ni sans conséquences. Cédant à la<br />
vague xénophobe européenne, le papier propose<br />
l’interdiction de la mendicité organisée. Une attaque<br />
non explicite aux quelques centaines de Roms en<br />
Suisse qui au dire même des responsables de la<br />
police n’entrainent pas d’augmentation d’actes<br />
criminels.<br />
Tout le papier souffre d’un mélange de niveaux et de<br />
priorités. Ainsi par exemple le chapitre sur « l’aménagement<br />
réfléchi de l’espace public » met sur pied<br />
d’égalité la problématique de la mixité sociale, si<br />
Ada Marra<br />
conseillère nationale<br />
Lausanne<br />
importante à l’intégration des couches défavorisées<br />
par des politiques de logements abordables, et la<br />
transparence des ascenseurs (sic !). L’emploi et la<br />
formation sont abordés en une ligne dans ce même<br />
chapitre alors que l’on s’étale sur la transparence<br />
des arrêts de bus.<br />
En d’autres termes, ce papier manque d’envergure<br />
et de souffle. Il est petit et même mesquin. Il manque<br />
cruellement des chapitres essentiels comme<br />
la lutte contre la grande criminalité économique, la<br />
problématique de la sécurité de l’emploi ou de la<br />
formation comme vecteur d’intégration.<br />
Autrement dit, si le PS doit tenir compte du sentiment<br />
d’insécurité des habitant-e-s du pays, il faut<br />
peut-être en analyser les causes avec une grille<br />
de lecture autre que celle du « propre en ordre » et<br />
essayer d’y donner des réponses de fond. Ainsi,<br />
l’octroi de salaires décents, de logements dignes à<br />
des coûts accessibles, des possibilités de formation<br />
de base ou continue, une politique familiale digne<br />
de ce nom permettraient d’éliminer le sentiment de<br />
précarité que plusieurs couches de la population<br />
ressentent aujourd’hui. Et on sait parfaitement que<br />
le sentiment de précarité entraîne celui d’insécurité.<br />
Cette précarité réelle ou ressentie n’est plus<br />
l’apanage des seules couches défavorisées, mais<br />
également celle de la classe moyenne. Mais toutes<br />
ces problématiques ont été oubliées dans ce papier,<br />
sacrifiées à l’autel du discours dominant de médias<br />
et de partis abrutissants.<br />
Bien sûr, le PS doit pouvoir communiquer de façon<br />
percutante et moderne. Du coup ce papier sur la sécurité<br />
aurait mérité un travail plus fin et de meilleure<br />
qualité. Nous sommes face à du vent. Cessons<br />
de faire de la politique électoraliste en essayant<br />
de contenter les fauves, mais essayons plutôt de<br />
donner de vrais réponses aux vrais problèmes.<br />
Papier de position à télécharger sur: www.pssuisse.ch<br />
> Positions > Dossiers > Sécurité publique<br />
4 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 5
CULTURE<br />
Votations du 30 novembre 2008<br />
SECTIONS<br />
Nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts<br />
Notre patrimoine culturel doit être<br />
accessible à tou-te-s !<br />
Yverdon-les-Bains<br />
Notre eau n’est pas à vendre !<br />
Esquisse - Plaquette de présentation du projet<br />
Josiane Aubert<br />
conseillère nationale<br />
présidente de la commission<br />
science, éducation, culture - CN<br />
Le Sentier<br />
Depuis des décennies, les discussions vont bon train<br />
autour du Musée de Rumine. Cet imposant bâtiment<br />
qui domine la Riponne fait partie de notre inconscient<br />
collectif; comme écolier, nous avons découvert<br />
les collections de fossiles, les reptiles, oiseaux ou<br />
mammifères empaillés, le squelette du mammouth,<br />
ou autres vestiges du passé. Cette partie du musée<br />
mérite d’urgence une actualisation dans la manière<br />
d’exposer toutes ces richesses, pour une meilleure<br />
mise en valeur.<br />
Autre pièce maîtresse de Rumine, la Bibliothèque<br />
cantonale et universitaire. Au cœur de la cité,<br />
bien qu’à l’étroit, elle est très visitée et utilisée<br />
par un public fort varié et fidèle. La nécessité<br />
de disposer de plus de place pour cette activité<br />
majeure n’est plus à démontrer ; une réorganisation<br />
des espaces permettra de rendre accessibles de<br />
nombreux ouvrages actuellement entassés dans<br />
des réserves.<br />
La partie réservée aux beaux-arts est à ce<br />
point restreinte que seuls 2% des œuvres sont<br />
actuellement exposées… La collection de qualité,<br />
qui illustre l’histoire de l’art suisse et <strong>vaudois</strong> dans<br />
ses rapports avec l’art européen, et les collections<br />
exceptionnellement riches des artistes <strong>vaudois</strong> Abraham-Louis-Rodolphe<br />
Ducros (1748-1810), Charles<br />
Gleyre (1806-1874), Félix Vallotton (1865-1925)<br />
et Louis Soutter (1871-1942) sont soustraites<br />
aux yeux du public par manque de place, c’est<br />
du gâchis ! Ces œuvres méritent un bel écrin pour<br />
retrouver l’admiration d’un large public !<br />
Pour mettre à disposition de la population <strong>vaudois</strong>e,<br />
dans les meilleures conditions, l’ensemble de ces<br />
richesses muséographiques, il faut une solide volonté<br />
politique, et, vu l’ampleur de la tâche, s’attacher à<br />
réaliser une première étape, qui entrainera, comme<br />
dans un jeu de dominos, la suite des rénovations.<br />
C’est une belle mission, digne d’une vision <strong>socialiste</strong><br />
de la culture. Grâce à la ténacité et à l’enthousiasme<br />
d’Anne-Catherine Lyon, le projet de nouveau<br />
Musée cantonal des Beaux-Arts est enfi n sorti des<br />
tiroirs et prend forme. Pourtant, comme partout où<br />
des projets culturels d’envergure sont lancés, des<br />
esprits chagrins tentent de trouver des arguments<br />
pour refuser le nouveau musée. Pour ma part, je<br />
souhaite un soutien déterminé et fort des <strong><strong>socialiste</strong>s</strong><br />
au crédit d’étude de 340’000 francs pour le projet<br />
de nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts sur<br />
lequel la population votera le 30 novembre prochain :<br />
Je vous livre en vrac quelques arguments :<br />
• Le crédit d’étude est demandé pour affi ner et<br />
peaufi ner le projet architectural. Les détracteurs se<br />
gardent bien de préciser ce point ! Une discussion<br />
avec les architectes permet rapidement de découvrir<br />
les beaux volumes, les baies vitrées, les circulations<br />
inédites entre les salles et les étages. Votons le<br />
crédit et laissons-les travailler !<br />
• Les œuvres des peintres <strong>vaudois</strong>, ou d’autres<br />
artistes de renom n’ont rien à faire dans des caves ;<br />
elles doivent être rendues au public. Nombre de ces<br />
œuvres chantent le Pays de Vaud, les paysages<br />
extraordinaires du Léman : les exposer dans un<br />
endroit où les visiteurs peuvent eux aussi admirer<br />
ces somptueux paysages, si changeant au gré des<br />
lumières, est un bel hommage aux artistes et un<br />
cadeau au visiteur.<br />
• Le site choisi : une zone de remblais, sans aucun<br />
charme, ce n’est pas une rive sauvage, riche de<br />
biodiversité. La construction du musée mettra cette<br />
zone et ses alentours en valeur pour un large public<br />
qui bénéfi ciera de nouveaux espaces verts pour la<br />
balade et la détente. Le musée offrira une passerelle<br />
le long de la rive et un libre accès à la terrasse pour<br />
y admirer la vue sur le lac. Une belle carte de visite<br />
pour le canton, pour ses habitants, et aussi un atout<br />
touristique supplémentaire à ne pas négliger !<br />
Voir notre dossier sur www.ps-vd.ch<br />
• Le M2 pourrait être déjà en service lorsque vous<br />
lirez ces lignes. Cette nouvelle mobilité urbaine requalifi<br />
era l’ensemble des déplacements. Les abords<br />
du musée seront bien desservis par les bus et les<br />
piétons y seront bien accueillis; la ville étudie en ce<br />
moment les améliorations adéquates pour les visiteurs<br />
à pied. L’expérience d’autres grands musées<br />
montre que la majorité des visiteurs non indigènes<br />
utilisent les transports publics pour découvrir les<br />
villes et leurs richesses culturelles. Les visiteurs<br />
d’un musée se répartissent au fi l de la journée; de<br />
ce fait, les visiteurs motorisés n’engendrent pas un<br />
affl ux de circulation comme ce serait le cas pour<br />
des activités de masse.<br />
• Le projet du nouveau musée me réjouit tout spécialement<br />
parce qu’il permettra enfi n de développer<br />
une réelle accessibilité de nos richesses picturales<br />
pour le jeune public. Les animations qui sont prévues<br />
mettront l’art à la portée des enfants par des<br />
ateliers pensés pour eux, et le musée offrira un outil<br />
pédagogique fabuleux à tous les enseignants de<br />
ce canton pour agrémenter leur enseignement par<br />
des activités en relation directe avec les œuvres, et<br />
aussi avec des artistes. Pour moi <strong>socialiste</strong>, cette<br />
approche de l’art pour la jeune génération est aussi<br />
un impératif que l’État doit assumer.<br />
• Canton et communes sont les structures adéquates<br />
pour conduire une politique culturelle accessible<br />
au plus grand nombre, selon nos aspirations <strong><strong>socialiste</strong>s</strong><br />
de partage des richesses du patrimoine de<br />
l’humanité. Une telle vision n’est pas contradictoire<br />
avec un fi nancement mixte, public, de mécénat et<br />
privé, comme il est prévu pour ce projet de nouveau<br />
musée, avec l’État qui restera le propriétaire des<br />
collections et le garant de l’exploitation.<br />
Depuis toujours, les <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> se sont battus pour<br />
que la culture ne soit pas réservée à une pseudoélite<br />
prête à transformer les œuvres culturelles en<br />
simples valeurs spéculatives. C’est le moment pour<br />
nous, où que nous habitions dans le canton, de<br />
soutenir ce beau projet et d’encourager la population<br />
à faire de même.<br />
La droite de la capitale<br />
du nord <strong>vaudois</strong> et de<br />
ses environs a tenté<br />
de faire passer un<br />
inacceptable projet de<br />
privativation de l’eau.<br />
Le parti <strong>socialiste</strong> s’y est<br />
opposé avec succès. L’or<br />
bleu doit rester un bien<br />
public et ne saurait être<br />
privatisé.<br />
<strong>Parti</strong> <strong>socialiste</strong> yverdonnois<br />
Décidément, c’est toujours la même<br />
histoire. La droite essaie de nous<br />
vendre la libéralisation et la privatisation<br />
des services publics comme une<br />
panacée. Or, comme le montre une<br />
multitude d’exemples partout dans le<br />
monde, les conséquences de cette<br />
politique sont toujours négatives pour<br />
la grande majorité des gens. Ce qui<br />
vaut pour la santé ou l’énergie vaut<br />
également pour la distribution de l’eau<br />
yverdonnoise.<br />
Un danger nommé SAGREYG<br />
Avec les bains et les sources Arkina,<br />
le destin de notre ville est intimement<br />
lié à l’« or bleu ». Nous disposons en<br />
outre d’un réseau de distribution qui<br />
achemine une eau de qualité dans<br />
nos ménages à un prix raisonnable.<br />
Comme sans l’eau, rien ne va, pour<br />
les <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> on ne joue pas avec.<br />
C’est pourtant ce qu’une alliance<br />
rassemblant une vingtaine de municipalités<br />
de droite de la région souhaite<br />
faire. Le nom de son projet est aussi<br />
opaque que son but : SAGREYG, pour<br />
Société anonyme de gestion régionale<br />
des eaux Yverdon-Grandson.<br />
A première vue, son objectif apparaît<br />
louable : mettre sur pied une plateforme<br />
régionale d’échange, d’achat<br />
et de fourniture d’eau potable à l’ensemble<br />
des communes concernées.<br />
A y regarder de plus, cela se corse.<br />
Le projet est inadmissible pour la population<br />
yverdonnoise, qui a confi rmé<br />
à de multiples reprises ces dernières<br />
années son attachement à des services<br />
publics démocratiques, forts et de<br />
• Il est hors de question que les habitants<br />
d’Yverdon-les-Bains paient leur eau plus cher<br />
que les habitants d’autres communes de la<br />
région, le prix doit être le même pour tous.<br />
• La future structure doit être aussi démocratique<br />
que possible. Ainsi, la Ville d’Yverdon-les-<br />
Bains doit disposer d’une majorité des voix de<br />
80% conforme à la taille de sa population.<br />
qualité. Que ce soit sur la libéralisation<br />
du marché de l’électricité (LME), en<br />
matière d’ouverture dominicale des<br />
commerces dans les gares ou encore<br />
sur la libéralisation du secteur sanitaire,<br />
le taux de rejet de ces projets<br />
a varié entre 71% et 93% des votes<br />
exprimés dans notre ville.<br />
Recul de la démocratie<br />
Parmi les nombreuses critiques face<br />
au projet SAGREYG, deux méritent<br />
d’être davantage soulignées. Premièrement,<br />
on veut nous faire croire<br />
que cette société anonyme va rester<br />
publique pour toujours. Les dirigeants<br />
de la droite, les radicaux en tête, nous<br />
expliquent à longueur de journée que<br />
le danger d’une privatisation de notre<br />
eau n’existe pas. C’est faux. Avec<br />
la SAGREYG, il suffi ra que trois actionnaires<br />
(par exemple des grandes<br />
communes) le demandent pour que<br />
la vente d’actions détenues par des<br />
communes à des sociétés privées<br />
devienne possible. Les portes vers la<br />
privatisation de notre eau seront donc<br />
grandes ouvertes. D’autre part, ce<br />
projet signifi e pour Yverdon la perte<br />
de son pouvoir de décision en matière<br />
d’investissements dans notre réseau.<br />
Cela ne va pas non plus. Nos élu-e-s<br />
du Conseil communal se prononcent<br />
aujourd’hui sur chaque aménagement<br />
de route. A l’avenir, on voudrait les<br />
empêcher de dire leur mot au nom<br />
de la population quand il s’agira de<br />
décider du sort de notre eau?<br />
Pour un projet démocratique<br />
Grâce au parti <strong>socialiste</strong> et à ses<br />
alliés, le Conseil communal a rejeté<br />
en décembre de l’année passée le<br />
projet SAGREYG en provoquant les<br />
lamentations des élu-e-s de droite<br />
des communes avoisinantes. Depuis,<br />
la Municipalité d’Yverdon a su<br />
tenir compte de cette décision. Elle<br />
a engagé des discussions avec ses<br />
collègues et aussi avec les autorités<br />
cantonales pour faire avancer un<br />
projet digne d’une gestion démocratique<br />
de l’eau. Nous resterons d’une<br />
vigilance sans faille. Il en va de l’avenir<br />
de notre ville.<br />
Pour le <strong>Parti</strong> <strong>socialiste</strong> yverdonnois, il est essentiel de parvenir à une solution équilibrée dans laquelle<br />
tous les partenaires se retrouvent. Et c’est possible, moyennant le respect d’un certain nombre de<br />
conditions minimales, à savoir :<br />
• La commune d’Yverdon-les-Bains doit<br />
rester propriétaire de l’eau des sources du<br />
Cosseaux, eau bon marché qui était cédée à<br />
vil prix dans le projet de SA, alors que d’autres<br />
actionnaires restaient propriétaires de leur<br />
propre source d’eau.<br />
• Les statuts doivent prévoir explicitement les<br />
règles à appliquer en matière de contrôle<br />
par les organes législatifs des communes<br />
membres.<br />
6 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 <strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008 7
LA DER’<br />
Coup de gueule<br />
Éloge du cynisme<br />
AGENDA<br />
Richard Lecoultre<br />
Rolle<br />
Le cynisme est un des traits de caractère<br />
dominants du battant moderne.<br />
Une des meilleures illustrations de<br />
cette qualité fut donnée, il y quelques<br />
temps, à l’émission Les guignols de<br />
l’info 1 lorsque le présentateur annonçait<br />
que l’entreprise Total, qui venait<br />
d’annoncer des milliards de bénéfice,<br />
Congrès extraordinaire<br />
du PSV<br />
Grande salle communale<br />
1008 Prilly<br />
Samedi 27 septembre 2008<br />
à 14h00<br />
Thèmes principaux :<br />
• Mots d’ordre pour les votations<br />
cantonales et fédérales du 30<br />
novembre<br />
• Prise de position sur le thème<br />
« fiscalité et famille »<br />
Infos: www.ps-vd.ch > Agenda<br />
Congrès ordinaire du PSS<br />
Centre sportif Schachen<br />
5000 Aarau (AG)<br />
Samedi 25 octobre 2008<br />
de 11h à 17h30 env.<br />
Thèmes principaux :<br />
• Renouvellement thématique.<br />
• Libre circulation des personnes.<br />
• Renouvellement structurel.<br />
• Révision des statuts.<br />
Sortie de la<br />
commission agricole<br />
Visite d’une ferme à<br />
Vulbens en Savoie (F)<br />
Samedi 4 octobre 2008<br />
• Rendez-vous à Morges à 11h30<br />
pour un repas en commun<br />
(facultatif)<br />
• Ou rendez-vous pour le départ<br />
à 12h30 du Parc des sports de<br />
Morges<br />
Inscriptions au secrétariat ou à:<br />
administration@ps-vd.ch<br />
Infos: www.ps-vd.ch > Agenda<br />
Dimanche 26 octobre 2008<br />
de 9h à 15h env.<br />
Thèmes principaux :<br />
• Point fort: « Sécurité publique pour<br />
toutes et tous »<br />
• Recommandations de vote en<br />
vue des votations fédérales<br />
du 30 novembre 2008 et du<br />
8 février 2009<br />
Infos: www.pssuisse.ch > <strong>Parti</strong> > Congrès > 2008-Aarau<br />
allait faire un geste en faveur des<br />
victimes de la pollution causée par le<br />
naufrage de l’Erika: le geste fut un<br />
bras d’honneur.<br />
En Suisse, les citoyens un tantinet<br />
attentifs goûtent constamment à des<br />
exemples de cynisme :<br />
• Déjà au Moyen-Age, les patriciens<br />
bernois faisaient payer leurs achats de<br />
territoires à leurs nouveaux sujets.<br />
• Les politiques qui, après s’être<br />
opposés farouchement à certaines<br />
acquisitions civiques ou sociales, s’en<br />
recommandent une fois qu’elles ont<br />
prouvé leur succès.<br />
• Lors de la campagne contre la caisse<br />
unique, les opposants prétendirent<br />
qu’elle causerait un renchérissement<br />
des primes (les assurés n’avaient<br />
jamais connu ça auparavant), une<br />
discrimination des médecins (ne pas<br />
confondre avec la levée de l’obligation<br />
de contracter quémandée actuellement<br />
par les caisses), une étouffante<br />
administration fédérale (rien à voir<br />
avec la légèreté des 87 administrations<br />
privées), et autres fléaux ruineux<br />
et destructeurs.<br />
• Au procès de la Swissair, le silence<br />
des agneaux après avoir replié leurs<br />
parachutes dorés fut particulièrement<br />
édifiant. On justifie les énormes rémunérations<br />
des dirigeants de l’économie<br />
privée par les immenses responsabilités<br />
qu’ils assument, et tout s’évapore<br />
au moindre pépin.<br />
• La Confédération qui se déleste de<br />
ses responsabilités sur les cantons<br />
parce qu’elle a diminué ses ressources<br />
en réduisant les impôts des riches.<br />
• Dans le canton de Vaud si beau,<br />
les indigènes ont vécu la déconfiture<br />
de la Banque Vaudoise de Crédit,<br />
cornaquée par un grand promoteur<br />
du libéralisme, puis celle du Crédit<br />
Foncier et enfin celle de la BCV, symboles<br />
de gestion bonbordeuse. Pour<br />
stimuler l’économie, un seul remède :<br />
surtout ne pas améliorer les conditions<br />
de travail, mais favoriser les seuls<br />
actionnaires, à condition qu’ils aient<br />
beaucoup d’actions.<br />
• Les dépressions et les suicides<br />
causés par les surcharges de travail<br />
souvent mal rétribué n’émeuvent pas<br />
les profiteurs, et la ruine des petites<br />
entreprises écrasées par les monopoles<br />
non plus.<br />
Sur le plan international, la réalité n’est<br />
pas moins éloquente :<br />
• Les guerres économiques, justifiées<br />
par la loi du marché, causent des<br />
milliers de fermetures d’entreprises,<br />
d’abandons de cultures, d’où du chômage,<br />
de la misère, des désordres civils,<br />
des morts, et autres agréments au<br />
profit d’une poignée d’accapareurs.<br />
• Les trafics d’armes attisent oppressions<br />
et guerres civiles (mais<br />
les trafiquants ont une excuse: « Si<br />
ce n’est pas moi, ce sera quelqu’un<br />
d’autre »).<br />
• La propagation et le développement<br />
de certaines exploitations minières,<br />
industrielles ou agricoles ont rendu la<br />
pollution planétaire ; le déboisement<br />
d’immenses surfaces à l’avantage de<br />
quelques fournisseurs de viande ou<br />
de bois précieux entraîne l’érosion des<br />
sols, la ruine des régions et le déséquilibre<br />
atmosphérique ; le chalutage<br />
intensif détruit les fonds marins au<br />
bénéfice de quelques poissonniers.<br />
• Les procès contre la fabrication de<br />
remèdes génériques causent la mort<br />
de milliers de malades trop pauvres<br />
pour enrichir les grandes entreprises<br />
pharmaceutiques et leurs dirigeants<br />
tellement désintéressés.<br />
• L’entassement ou la destruction<br />
de déchets toxiques dans des pays à<br />
gouvernements faibles ou corrompus<br />
empoisonnent sols, nappes phréatiques<br />
et cours d’eau, et tuent des<br />
milliers de victimes.<br />
• La corruption, avec tous ces subsides<br />
officiels et ces aides humanitaires<br />
accaparés par quelques ministres,<br />
subalternes et intermédiaires au<br />
détriment des populations visées.<br />
La corruption est un des fleurons du<br />
cynisme.<br />
En politique, le cynisme est roi : « Les<br />
promesses politiques n’engagent que<br />
ceux qui y croient ». Les experts ne<br />
se lassent pas de répéter que, pour<br />
« créer de la richesse », les salariés<br />
doivent réfréner leurs appétits. Une<br />
fois la richesse créée (les bénéfices<br />
des entreprises), ce même gratin explique<br />
aux intéressés qu’il faut d’abord<br />
servir les dirigeants et les actionnaires<br />
(à coups de millions). Plus tard, on<br />
leur signale que des augmentations<br />
salariales risquent trop de déclencher<br />
une inflation perverse.<br />
Le cynisme ne profite guère à notre<br />
planète ni à la majorité de ses habitants,<br />
mais qu’importe, puisqu’il<br />
apporte de la fantaisie au quotidien<br />
et de fabuleux bénéfices à ses tenants.<br />
Il a un avenir très prometteur,<br />
et n’avons-nous pas tous la liberté<br />
d’être cyniques ?<br />
1<br />
Émission satyrique sur Canal+<br />
IMPRESSUM : responsable de parution : Yan Giroud / adresse de la rédaction : Chauderon 5, 1003 Lausanne/<br />
téléphone : 021 312 97 57 / fax : 021 320 76 10 / courriel : yan@ps-vd.ch<br />
8<br />
<strong>Points</strong> forts <strong><strong>socialiste</strong>s</strong> - N°18 - Août-septembre 2008