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Points Forts n° 40 - Parti socialiste vaudois

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Mensuel du <strong>Parti</strong> <strong>socialiste</strong> <strong>vaudois</strong><br />

N°<strong>40</strong> - Mars 2011<br />

<strong>Points</strong> forts<br />

SOCIALISTES<br />

Santé démocratique<br />

Cesla Amarelle<br />

Présidente PSV<br />

Yverdon-les-Bains<br />

EDITORIAL<br />

Le canton de Vaud compte dans ses rangs les défenseurs<br />

les plus ardus d’un fi nancement public illimité et sans contrôle<br />

des hôpitaux privés. Avec deux colistiers latins, soit le PDC<br />

fribourgeois Urs Schwaller et le libéral-radical tessinois Ignazio<br />

Cassis, Claude Ruey et Guy Parlemin se font les porte-paroles<br />

des cliniques privées «<strong>vaudois</strong>es», comme par exemple celles<br />

dirigées par le groupe sud-africain Hirslanden.<br />

La présence de l’ancien ministre <strong>vaudois</strong> de la santé et<br />

président du lobby suisse des assureurs-maladie ne relève<br />

pas du hasard. Celle de Guy Parlemin non plus. Ces hommes<br />

incarnent le prolongement en terres <strong>vaudois</strong>es du sinistre et intense<br />

combat mené par les bourgeois sous la coupole fédérale<br />

en matière de santé. Leur but est le versement d’argent public<br />

à fonds perdus à des entreprises privées sanitaires, sans droit<br />

de regard de l’Etat, notamment en matière de conditions de<br />

travail, et sans analyse du besoin des prestations offertes. Un<br />

peu comme si la Confédération avait fait construire plusieurs<br />

nouvelles transversales ferroviaires alpines tout en renonçant à<br />

savoir si les entreprises de construction qu’elle mandate paient<br />

à leurs ouvriers des salaires de misère. Tout cela au prétexte<br />

que les contribuables suisses doivent déjà être contents que<br />

quelqu’un se mette à creuser des tunnels…<br />

Sous la pression du Centre patronal, le Grand Conseil <strong>vaudois</strong><br />

suit cet ordre de marche fédéral. Il a ainsi refusé l’entrée<br />

en matière d’un projet mesuré du Conseil d’Etat (la LPFES)<br />

concernant les futures règles régissant le fi nancement des<br />

hôpitaux. En clair, la droite ne veut pas d’une fi xation de règles<br />

minimales par l’Etat subventionneur pour les cliniques privées,<br />

pourtant receveuses des deniers publics. Elle refuse de consacrer<br />

non seulement l’exigence d’un plafonnement des revenus<br />

des médecins, mais aussi d’instituer un droit de regard sur la<br />

répartition du bénéfi ce de ces fournisseurs de soins à but lucratif<br />

et de garantir le respect des conditions de travail codifi ées dans<br />

la CCT du secteur parapublic sanitaire <strong>vaudois</strong> signée par les<br />

hôpitaux régionaux et les EMS.<br />

La majorité bourgeoise au palais fédéral et au palais de Rumine<br />

fait ainsi preuve d’une curieuse conception du sacro-saint<br />

principe du « qui paie commande et qui commande paie ». Cette<br />

attitude témoigne également de sa méfi ance viscérale envers<br />

l’Etat démocratique, jugé incompétent pour gérer le secteur<br />

de la santé ou assurer tout au moins une fonction de contrôle<br />

incontournable. La même rengaine nous est servie dans le<br />

domaine de l’assurance-maladie. Parce que l’exaspération est<br />

à son comble dans les classes moyennes et les familles, que les<br />

excédents versés par les assuré-e-s ne sont jamais rétrocédés<br />

par des baisses de primes et que les différences de primes entre<br />

régions sont scandaleuses, le bon sens appelle à signer massivement<br />

notre initiative pour une caisse-maladie publique.<br />

JAB<br />

1000 Lausanne 1<br />

DANS CE NUMERO<br />

TRIBUNE CANTONALE<br />

Menaces sur la ligne<br />

Lausanne-Paris<br />

2<br />

CAHIER SPECIAL<br />

Remèdes <strong>socialiste</strong>s<br />

pour le système de<br />

santé<br />

SECTIONS<br />

Actualités régionales<br />

3<br />

NECROLOGIE<br />

Hommage à Bernard<br />

Meizoz<br />

4


TRIBUNE<br />

CANTONALE<br />

Transports publics<br />

Liaison TGV franco-suisse: quelle stratégie pour le<br />

long terme <br />

La presse annonçait<br />

récemment une suppression<br />

de trains entre Lausanne<br />

et Paris, les CFF et la SNCF<br />

privilégiant le passage par<br />

Genève. Les député-e-s<br />

<strong>socialiste</strong>s ont immédiatement<br />

réagi pour la sauvegarde de la<br />

ligne Lausanne-Paris et de ses<br />

répercussions, notamment<br />

sur le développement<br />

économique de l’arc jurassien.<br />

Nicolas Rochat Fernandez<br />

député<br />

Le 16 février 2011, les deux opérateurs<br />

ferroviaires CFF et SNCF ont<br />

signé un nouvel accord commercial<br />

pour 12 ans. Au vu du communiqué<br />

de presse, cet accord annonçait une<br />

véritable intention de pérenniser les<br />

relations ferroviaires franco-suisses<br />

non pas uniquement aux villes frontières<br />

que sont Genève et Bâle mais<br />

aussi en augmentant les liaisons TGV<br />

Lausanne-Paris (passage de 4 à 5<br />

relations quotidiennes d’ici 2014).<br />

Les deux opérateurs ferroviaires<br />

se sont, apparemment, bien gardés<br />

de communiquer l’entier des conséquences<br />

que portait cet accord. En<br />

effet, quelques jours plus tard, 24<br />

Heures annonçait que 3 TGV sur 5<br />

au départ de Lausanne circuleront<br />

désormais par Genève et non plus<br />

par Vallorbe. Le groupe <strong>socialiste</strong><br />

au Grand Conseil a donc immédiatement<br />

réagi en mettant en lumière<br />

les contradictions suivantes.<br />

Tout d’abord, en 2005, la Suisse<br />

et la France ont signé un accord (à<br />

hauteur de 50 millions de francs)<br />

visant l’amélioration du temps de<br />

parcours Lausanne-Paris plus spécifiquement<br />

l’amélioration du tronçon<br />

Vallorbe-Dijon. Les travaux, achevés<br />

en 2009, voient la diminution du<br />

temps de parcours de 20 minutes.<br />

En outre, selon les CFF, il n’y aura<br />

apparemment aucun problème pour<br />

faire circuler 3 TGV supplémentaires<br />

entre Lausanne et Genève, ce<br />

qui paraît surprenant au vu de la<br />

saturation de la ligne. Dans le doute,<br />

on peut se demander quel gain de<br />

temps les passagers-ères au départ<br />

de Lausanne obtiendront-ils/elles<br />

en passant par Genève alors que la<br />

distance du trajet via Vallorbe-Dijon<br />

est plus courte de 83 km.<br />

Enfin, l’Arc jurassien franco-suisse<br />

se voit pénalisé (avec Yverdon 2e ville<br />

du Canton). Cette décision constitue<br />

également une dissonance patente<br />

Ligne de Vallorbe: une histoire agitée<br />

avec le développement des futurs<br />

projets d’agglomération et de politique<br />

régionale voulue par la Confédération<br />

et les Cantons.<br />

Victoire finale… <br />

Après 15 jours de mobilisation, le<br />

Gouvernement français a annoncé<br />

que cette décision n’était qu’une<br />

piste parmi d’autres. Est-ce un réel retour<br />

en arrière L’avenir nous le dira,<br />

les député-e-s ps au GC et au Conseil<br />

national ont néanmoins déposé une<br />

intervention afin que les autorités<br />

puissent répondre à la question de<br />

fond qu’est de connaître la stratégie<br />

à long terme pour les relations TGV<br />

franco-suisse.<br />

La ligne Vallorbe-Simplon<br />

a perdu le transit des<br />

voyageurs France-Italie,<br />

mais elle gagne du trafic<br />

dans les liaisons France-<br />

Romandie. Entre Lausanne<br />

et Paris, elle est la plus<br />

courte et elle restera plus<br />

rapide que via Genève.<br />

Michel Béguelin<br />

ancien conseiller aux Etats<br />

L’axe Vallorbe – Simplon est le<br />

plus court et il fut le plus rapide<br />

entre Paris et Milan depuis l’ouverture<br />

des tunnels du Simplon en<br />

1906 et du Mont d’Or, à travers le<br />

Jura, en 1915. Ce fut le temps du<br />

Simplon-Orient-Express, entre les<br />

deux guerres, puis du Paris-Trieste-<br />

Belgrade jusque dans les années<br />

60. Dès cette époque, le Paris-Milan<br />

fut assuré de bout en bout par les<br />

rames suisses Trans-Europe-Express,<br />

quadri-courant. Leur confort<br />

et la qualité du service au wagonrestaurant<br />

ont laissé beaucoup de<br />

nostalgie…<br />

Dès 1983, la liaison Paris-Lausanne<br />

fut assurée par des rames<br />

TGV, première ligne transfrontalière<br />

à bénéficier de ce matériel, 9 rames<br />

équipées aussi pour les conditions<br />

CFF (mais pas pour l’Italie). Ce<br />

n’était pas un hasard. En effet, dès<br />

l949/50, la Confédération avait<br />

investi dans la rénovation et l’électrification<br />

des lignes d’accès au pays<br />

(515 millions en tout au bilan des<br />

CFF en 1954 !). A cette occasion,<br />

la ligne Dijon-Vallorbe fut complètement<br />

réaménagée au sommet de la<br />

technologie du moment. Elle fut la<br />

première ligne télécommandée en<br />

Europe! Le changement de trains à<br />

Lausanne, obligatoire dès l’arrivée<br />

des TGV, a «cassé» en quelques<br />

années la liaison Paris-Milan via Vallorbe.<br />

Les CFF avaient bien prévu la<br />

correspondance sur le même quai,<br />

mais la contrainte des bagages,<br />

ainsi que l’horaire aléatoire des<br />

trains venant d’Italie ont eu raison<br />

de ce marché. La force du franc et<br />

la TVA (la Suisse fut le seul pays<br />

à percevoir la TVA sur le trafic de<br />

transit) ont porté le coup de grâce.<br />

Aujourd’hui, la liaison France-Italie<br />

est assurée via le Mont-Cenis.<br />

Dès 1990, SNCF et CFF ont<br />

voulu concentrer le trafic France-<br />

Suisse sur les deux seuls points de<br />

Genève et Bâle. Les cantons frontaliers<br />

ont combattu cette intention en<br />

privilégiant les synergies avec les<br />

régions françaises voisines. Cette<br />

conception «Arc jurassien» s’est<br />

concrétisée dans la convention<br />

franco-suisse de 2003, laquelle a<br />

prévu des investissements suisses<br />

en France, y compris entre Dole<br />

et Vallorbe (une cinquantaine de<br />

millions). A l’avenir et dans tous les<br />

cas de figure, l’itinéraire via Vallorbe<br />

restera plus rapide que via Genève.<br />

Et puis il y a le trafic des marchandises,<br />

une autre histoire...<br />

2<br />

<strong>Points</strong> forts <strong>socialiste</strong>s - N°<strong>40</strong> - Mars 2011


SECTIONS<br />

Orbe<br />

L’agenda 21 inscrit au programme de la Ville<br />

La Ville d’Orbe lance un<br />

processus d’Agenda 21 local.<br />

Une motion <strong>socialiste</strong> déposée en<br />

2009 a créé un vif débat au Conseil<br />

communal. Le texte demandait<br />

à la Municipalité d’engager un<br />

processus d’Agenda 21 local. Le<br />

but d’un tel projet est de mieux<br />

impliquer la population en amont<br />

des décisions qui la concernent,<br />

de promouvoir un aménagement<br />

du territoire progressiste en matière<br />

environnementale et énergétique,<br />

de repenser les transports et de<br />

mieux intégrer le développement<br />

économique de la commune en<br />

tenant compte des préoccupations<br />

sociales et environnementales. La<br />

motion demandait plus précisément<br />

la création de zone 30 km/h,<br />

le développement de plans de<br />

quartiers durables, garantissant<br />

mixité sociale, effi cacité énergétique<br />

et promotion de la mobilité douce,<br />

la mise en place d’espaces verts et<br />

d’infrastructures de jeux pour les<br />

enfants ou encore l’encouragement<br />

du car-sharing.<br />

La Municipalité urbigène a estimé<br />

que la commune était actuellement<br />

très fortement sollicitée par des gros<br />

Ecublens<br />

Lancement d’une<br />

initiative communale<br />

pour des réductions<br />

d’abonnements de<br />

transports pour les<br />

jeunes.<br />

«Des transports publics<br />

abordables pour les jeunes» : une<br />

initiative populaire communale<br />

va être déposée par le <strong>Parti</strong><br />

<strong>socialiste</strong> et indépendant-e-s de<br />

gauche de la ville d’Ecublens<br />

La campagne des élections communales<br />

2011 s’est soudainement<br />

animée à Ecublens lors du Conseil<br />

communal du 24 février 2011. Une<br />

motion portant sur la réduction à<br />

l’achat d’abonnements annuels de<br />

transports publics en faveur des<br />

jeunes a provoqué un débat nourri et<br />

a pris une tournure politique inattendue.<br />

Malgré une tentative préalable<br />

de notre groupe PSIG (parti <strong>socialiste</strong><br />

et indépendant-e-s de gauche) de<br />

convaincre le groupe Forum (groupe<br />

d’opinion libre), le plus à même de<br />

chantiers en cours. La concrétisation<br />

d’un Agenda 21 local ne lui semblait<br />

pas urgente puisqu’elle réalisait déjà<br />

quantité d’actions compatibles avec<br />

ce programme. Ces arguments n’ont<br />

pas convaincu le Conseil communal<br />

qui a accepté la motion <strong>socialiste</strong> et<br />

qui a décidé d’engager un processus<br />

Agenda 21 afi n de doter la commune<br />

d’un véritable programme d’actions<br />

visant à instaurer un développement<br />

durable au niveau de la localité.<br />

Orbe<br />

Ecublens<br />

Réd.<br />

nous soutenir, la motion a été refusée<br />

à une courte majorité de 32 voix<br />

contre 29 et 3 abstentions. L’agressivité<br />

des intervenant-e-s qui ont combattu<br />

la motion nous a surpris. Bien<br />

que la motion ait été déposée le 18<br />

novembre 2010 déjà, il semble qu’un<br />

soupçon d’opportunisme politique,<br />

indûment prêté à notre groupe, ait<br />

été l’argument déterminant.<br />

Convaincu du bien-fondé de la<br />

motion et de sa portée pour la population<br />

d’Ecublens, notre groupe a<br />

décidé, après une réunion de crise tenue<br />

immédiatement après le Conseil<br />

du 24 février, de lancer une initiative<br />

populaire communale sur le thème<br />

de la motion. L’initiative, intitulée « Des<br />

transports publics abordables pour<br />

les jeunes d’Ecublens » est actuellement<br />

prête à être déposée. L’initiative<br />

demande que la commune mette en<br />

place un dispositif de réductions à<br />

Villeneuve<br />

Réalisations concrètes grâce<br />

aux motions du groupe<br />

L’engagement d’un travailleur<br />

social de proximité pour les<br />

jeunes et la création d’une<br />

commission d’intégration:<br />

de vrais atouts pour la<br />

commune de Villeneuve.<br />

Voilà plus de 5 ans qu’une<br />

motion a été déposée au Conseil<br />

communal, au nom du groupe <strong>socialiste</strong>,<br />

demandant un lieu d’accueil<br />

pour les jeunes. La Municipalité de<br />

l’époque a demandé à Espace Prévention<br />

Aigle une analyse de la situation.<br />

De leur rapport est ressorti que,<br />

vu le nombre restreint de jeunes en<br />

Villeneuve<br />

l’achat d’abonnements annuels de<br />

transports publics urbains en faveur<br />

des élèves de l’école obligatoire dès<br />

la 5e année et des jeunes de moins<br />

de 20 ans. La récolte de signatures<br />

commencera le 25 mars, pendant la<br />

campagne du 2e tour de l’élection à<br />

la Municipalité, pour se terminer le<br />

25 juin 2011.<br />

Le groupe, voulant élargir son comité<br />

d’initiative à d’autres formations<br />

politiques, a ainsi obtenu la participation,<br />

entre autres, de Jacques<br />

Neirynck, conseiller national et membre<br />

du groupe Forum et de Nicolas<br />

Morel, ancien député et membre du<br />

nouveau groupe des Verts.<br />

Germain Schaffner<br />

rupture à Villeneuve, un local pour<br />

les jeunes ne serait pas adapté mais<br />

qu’il vaudrait mieux engager, dans<br />

un premier temps, un travailleur social<br />

de proximité. Chose faite depuis<br />

2008 pour un engagement à 50%<br />

et depuis le premier janvier 2011 à<br />

70%. Sa mission, axée surtout sur la<br />

prévention, est d’encadrer ces jeunes,<br />

de les accompagner vers une<br />

formation qui leur assurera un bon<br />

départ dans la vie professionnelle.<br />

Il organise de nombreuses actions<br />

et activités pour et avec eux. Il fait<br />

également le lien entre les diverses<br />

instances communales (autorités,<br />

école, police…).<br />

Notre commission d’intégration<br />

a également été créée suite à une<br />

motion de notre groupe. Plusieurs<br />

étrangers-ères, relais entre les<br />

diverses communautés vivant à<br />

Villeneuve, y siègent. Elle a mis en<br />

place des cours de français, très<br />

bien fréquentés, la connaissance<br />

de la langue étant la première et<br />

indispensable étape de l’intégration.<br />

Elle organise aussi des visites autant<br />

instructives que récréatives de la<br />

commune.<br />

Même si en période électorale<br />

d’autres partis s’approprient ces<br />

réalisations, nous rappelons dans<br />

nos diverses publications que c’est<br />

bien le groupe <strong>socialiste</strong> qui en est<br />

à l’origine.<br />

Patricia Dominique Lachat<br />

AVIS AUX SECTIONS<br />

N’hésitez pas à nous transmettre<br />

vos informations importantes !<br />

<strong>Points</strong> forts <strong>socialiste</strong>s - N°<strong>40</strong> - Mars 2011 3


NECROLOGIE<br />

Hommage<br />

Bernard Meizoz nous a quittés<br />

Par la plume d’Yvette Jaggi et<br />

de Pierre Aguet, nous rendons<br />

hommage à Bernard Meizoz,<br />

ancien conseiller national et<br />

ancien député, décédé le 13<br />

février 2011.<br />

Pierre Aguet<br />

Bernard Meizoz s’est imposé<br />

dans le PSV à l’époque où il présidait<br />

la section lausannoise. Pierre<br />

Graber l’avait encouragé à présenter<br />

sa candidature à la Municipalité de<br />

la capitale. C’est Robert Deppen qui<br />

fut désigné par la base à la surprise<br />

générale. Il avait fait venir à l’assemblée<br />

tous ses collègues de la VPOD<br />

dont il était le secrétaire.<br />

En 1971, Bernard entra au Conseil<br />

national. Pour ce faire, il dut quitter sa<br />

responsabilité d’administrateur postal<br />

à Prilly. Un fonctionnaire fédéral<br />

n’entre pas au Conseil national. La<br />

présidence de la Coopérative d’habitation<br />

de Lausanne, qu’il assumait<br />

depuis 1968, devint sa profession. Il<br />

consacra d’ailleurs à la SCHL toute<br />

sa détermination pour la développer<br />

et la moderniser. Cette détermination<br />

à développer « l’économie sociale<br />

et solidaire » ne pouvait que m’enthousiasmer.<br />

Les <strong>socialiste</strong>s ne l’ont<br />

pas assez fait toutes ces dernières<br />

années.<br />

Il était mon aîné de 11 ans. Notre<br />

amitié fut immédiate. Nous avions la<br />

même formation et la même profession<br />

de base. Pourtant, j’ai le souvenir<br />

de ses réserves « explosives » à<br />

l’égard de mon combat des années<br />

60 qui visait à un rapprochement de<br />

toute la gauche <strong>vaudois</strong>e. Avec les<br />

syndicats et les coopératives, d’accord,<br />

mais avec le POP qui soutenait,<br />

sans grandes nuances, la dictature<br />

du prolétariat...ça passait mal. Je<br />

me souviens de ses professions de<br />

foi à l’endroit de la sociale-démocratie:<br />

bien sûr que nos propositions<br />

prennent des décennies avant d’être<br />

acceptées, mais lorsqu’enfin le peuple<br />

dit oui, c’est du solide comme le<br />

roc. Impossible de revenir en arrière.<br />

Je glisse ici une interrogation qui fait<br />

mal: La détermination des oligarchies<br />

occidentales à démonter l’Etat social<br />

n’est-elle pas en train de remettre en<br />

cause cette affirmation que j’ai aussi<br />

partagée longtemps<br />

Nous nous sommes retrouvés<br />

côte à côte, pendant 4 ans, sur les<br />

fauteuils du Conseil national en 1987.<br />

Alors que j’entamais ma première, il<br />

commençait sa dernière législature.<br />

Un <strong>socialiste</strong> romand devait présider<br />

le CN: que les Vaudois nous fassent<br />

des propositions. Nous nous sommes<br />

tournés tout naturellement vers<br />

Bernard qui n’a pas dit non dans un<br />

premier temps. Mais quand il a fallu<br />

décider définitivement, il a renoncé<br />

essentiellement pour des raisons<br />

de santé. Il n’en avait pas vraiment<br />

envie non plus. Nous avons désigné<br />

Victor Ruffy.<br />

Un souvenir parmi d’autres.<br />

J’avais documenté et rédigé une motion<br />

relative au logement. Le premier<br />

à qui je montrais mon projet fut Bernard<br />

Meizoz. Réaction immédiate: il<br />

n’en est pas question. La politique du<br />

logement, dans ce groupe, tu sauras<br />

que c’est mon affaire! D’ailleurs,<br />

précisa-t-il, le directeur de l’OFL est<br />

sur le point de proposer cela. Si une<br />

motion <strong>socialiste</strong> se glisse dans le<br />

processus, cela va dresser la droite<br />

contre cette modification. La motion<br />

a donc passé à la poubelle. J’ajoute<br />

que dans ce domaine, Bernard a<br />

marqué de nombreux points très<br />

positifs comme le maintien, en 1982,<br />

de l’aide fédérale au logement qui est<br />

constamment remise en cause.<br />

Pour terminer ces quelques<br />

lignes, je me plais à souligner son<br />

caractère bien trempé, son amitié<br />

franche, son discours direct. Nous<br />

avons fêté son départ des chambres<br />

avec un brin de nostalgie. A cette<br />

occasion je lui avais adressé le petit<br />

poème que j’annexe à ces lignes.<br />

Adieu Bernard.<br />

A BERNARD POUR SON DEPART<br />

DU CONSEIL NATIONAL<br />

En mille neuf cent septante et un<br />

S’amorçait un certain tournant,<br />

S’organisait sans les « tribuns »,<br />

La gauche unie, bonan malan.<br />

On connaissait, de ce grand blond<br />

La loyauté et le passé,<br />

La militance, travail fécond,<br />

L’engagement, l’autorité.<br />

J’avais quitté les PTT<br />

Pour servir mieux le PSV<br />

Et lui faire sa publicité.<br />

Lui aussi, les avait quitté.<br />

Bernard devint le PDG<br />

De la coopé d’habitation.<br />

Il prit pied dans l’immobilier.<br />

Ces « Bernard » ont la vocation.<br />

Yvette Jaggi<br />

Un politicien vrai, sincère, droit et<br />

généreux. Et donc un politicien rare.<br />

Bernard Meizoz a illustré toutes ces<br />

valeurs – et d’autres qualités encore<br />

– avec une égale clarté et ténacité.<br />

Avec lui ni louvoiements ni accommodements<br />

faciles. Des convictions<br />

solides, des priorités affirmées,<br />

des résultats obtenus par un travail<br />

rigoureux. Aux autres les manœuvres,<br />

les coulisses, les discours. A<br />

lui les traces patiemment marquées,<br />

indélébiles.<br />

L’empreinte de son action est<br />

lisible dans les deux domaines qui<br />

l’ont préoccupé le plus comme élu<br />

<strong>socialiste</strong> pendant une quarantaine<br />

d’années, en particulier au cours des<br />

cinq législatures d’intense présence<br />

au Conseil national (1971-1991) :<br />

l’environnement et le logement. Il<br />

s’intéressait au milieu vital, collectif et<br />

privé, des habitants de ce pays, parce<br />

qu’il s’intéressait aux gens et à leur<br />

existence, dont il voulait continuellement<br />

et concrètement améliorer les<br />

conditions, au quotidien comme en<br />

société.<br />

Quand il s’emparait d’un dossier,<br />

il ne le lâchait plus, même pas le<br />

jour de la votation finale. Ténacité<br />

bienvenue, car il avait une sorte de<br />

prédilection pour les projets de loi au<br />

long voyage parlementaire: sept ans<br />

pour la Loi sur la prévoyance professionnelle<br />

votée en 1982, quatre<br />

ans pour la Loi sur la protection de<br />

l’environnement, approuvée l’année<br />

suivante. Quant au débat ouvert par<br />

l’initiative parlementaire déposée<br />

en 1976 par Bernard Meizoz, qui<br />

demandait un moratoire dans la<br />

construction de centrales nucléaires,<br />

il se poursuit aujourd’hui encore,<br />

par les discussions sur l’avenir des<br />

usines en fin de course, Mühleberg<br />

en tête.<br />

Quand il s’engageait pour une<br />

cause, il la soutenait avec ferveur<br />

et en assumait d’avance toutes les<br />

conséquences. En signant à l’été<br />

1986 la Déclaration de parrainage<br />

de requérants d’asile sous le coup<br />

d’une décision d’expulsion, Bernard<br />

Meizoz a pris le risque de manifester<br />

une intention contraire à la légalité,<br />

tout comme Victor Ruffy et moi. Il<br />

n’a pas bronché quand nous avons<br />

tout trois fait l’objet d’une demande<br />

de levée de notre immunité en 1987,<br />

procédure d’ailleurs rejetée sans hésitation<br />

par les deux Conseils.<br />

En 1979, j’ai eu la chance de vivre<br />

ma première campagne électorale<br />

dans le sillage de Bernard Meizoz,<br />

qui a partagé son expérience de<br />

parlementaire déjà chevronné. Il a<br />

guidé mes débuts au Conseil national.<br />

Et donné, avec l’exemple d’une<br />

méthode politique efficace, la force<br />

de m’en inspirer dans la mesure de<br />

mes possibilités.<br />

Premier écolo du Palais,<br />

Il fit trembler un gros lobby.<br />

Les électriciens tout inquiets,<br />

Déjà là, n’avaient rien compris.<br />

Se succédèrent les présidences<br />

Et les responsabilités,<br />

Les transports ou bien les<br />

finances,<br />

Et les voyages d’édilité.<br />

Elle restera sans faille, sa foi<br />

Dans la sociale-démocratie.<br />

Forte et solide comme un beffroi,<br />

Sans panache...mais quelle<br />

harmonie.<br />

Il ne nous laissera pas en panne,<br />

L’agenda est encore chargé.<br />

Mais maintenant, c’est à Suzanne<br />

Que revient la priorité.<br />

Pierre Aguet, le 9 décembre 1991<br />

IMPRESSUM : responsable de parution : Gaétan Nanchen | adresse de la rédaction : Chauderon 5, 1003 Lausanne |<br />

téléphone : 021 312 97 57 | courriel : gaetan.nanchen@ps-vd.ch<br />

Les titres, intertitres, chapeaux et légendes sont réalisés par la rédaction et n’engagent pas les auteur-e-s des articles. <br />

4<br />

<strong>Points</strong> forts <strong>socialiste</strong>s - N°<strong>40</strong> - Mars 2011

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