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Journal<br />
Le<br />
Fleurdelisé<br />
LE PATRIOTISME À L’ÈRE LIBÉRALE<br />
Bataille de Saint-Eustache, Décembre 1837. © McCord Museum<br />
Le résultat de l’élection générale du 7 avril dernier en<br />
a surpris plus d’un. Il faut notamment prendre acte que, de<br />
tous les grands partis, le Parti libéral élu par une pluralité<br />
de Québécois est celui qui a pris le moins d’engagement<br />
en matière de langue, de culture et d’histoire nationale.<br />
Pour plusieurs, il ne faut pas y voir un renoncement pur<br />
et simple à notre identité, dès lors vouée à se noyer dans<br />
le multiculturalisme canadien. Nous adhérons largement<br />
à cette lecture. Pourtant. Les Québécois pêcheraientils<br />
par excès de confiance ? Ont-ils bien pris acte de la<br />
prépondérance de l’anglais à Montréal, de la détérioration<br />
de l’enseignement de notre histoire et de notre langue<br />
dans les écoles, ainsi que des défis inédits que pose<br />
l’intégration des immigrants ? Les Québécois risquent<br />
donc de se retrouver devant une impasse en fermant<br />
résolument la porte à la souveraineté, tout en risquant de<br />
ne pas retrouver leur juste place dans le Canada actuel.<br />
Depuis trois siècles, la survie du Québec français<br />
a d’abord dépendu de citoyens dévoués qui, dans les<br />
couvents, les journaux et jusque dans la plus modeste école<br />
de rang, ont travaillé d’arrache-pied à transmettre notre<br />
histoire glorieuse, notre langue française et les usages de<br />
nos pères, de génération en génération. Convenons que ces<br />
humbles porteurs de l’identité n’ont guère été remplacés.<br />
Aujourd’hui, ni l’école, ni l’Église, ni les médias, ni les<br />
politiciens ne souhaitent assumer cette indispensable<br />
vigilance afin d’inculquer les valeurs nationales. Bien au<br />
contraire, l’idée même de patrie ou de nation est devenue<br />
suspecte et seules les Sociétés nationales et Saint-Jean-<br />
Baptiste semblent encore mener la mission impérieuse<br />
consistant à transmettre un héritage culturel.<br />
Notre peuple est à la croisée des chemins et court<br />
le risque, au moment de rejeter l’idée même d’un<br />
référendum ou de la souveraineté du Québec, d’en même<br />
temps mettre en péril les fondamentaux de son existence<br />
comme société distincte en Amérique du Nord. Or, qu’on<br />
ne se fasse pas d’illusion : sans une mobilisation concertée<br />
et la pleine réhabilitation d’une voix nationaliste dans nos<br />
institutions, nos écoles et nos médias, il ne fait pas de doute<br />
qu’en cette ère des communications, nos caractéristiques<br />
comme peuple risquent très rapidement de s’éroder et de<br />
disparaître.<br />
Le nouveau gouvernement élu doit en être conscient<br />
et, pour l’y aider, nous devons d’urgence sortir la fierté<br />
nationale des ornières de la partisanerie politique. Le<br />
patriotisme n’est pas en soi péquiste, l’identité n’est pas<br />
une question référendaire et le salut de la patrie ne dépend<br />
pas seulement de l’option souverainiste. Nos pères et<br />
nos mères se sont sacrifiés pour nous léguer une langue<br />
et une culture. Ce combat, ils l’ont mené dans l’Empire<br />
britannique, puis au sein du Canada tel que nous le<br />
connaissons. Nous n’avons tout simplement pas le droit<br />
de troquer cet héritage sur le succès ou non de l’option<br />
souverainiste. Entre renoncement et indépendantisme,<br />
il est donc urgent de légitimer une posture consistant à<br />
mener le combat national sans qu’il soit impérativement<br />
associé à une option politique.<br />
Je parle ici d’un authentique patriotisme dans son<br />
sens étymologique, consistant d’abord à servir la patrie.<br />
Un patriote aime son peuple tel qu’il est (et non pas tel<br />
qu’il le voudrait) et souhaite sincèrement qu’il prospère et<br />
puisse exprimer ses traits culturels. Le patriote sous l’ère<br />
libérale est donc d’abord honnête et sincèrement attaché<br />
au bien commun. Il n’est plus le temps de conforter son<br />
patriotisme par un choix idéologique penchant vers un<br />
parti politique ou un autre : pour les quatre prochaines<br />
années, l’impérium libéral règnera sur le Québec. Il est<br />
nécessaire d’engager un dialogue constructif avec l’équipe<br />
au pouvoir et de faire l’inventaire de ce qui peut et doit être<br />
défendu. Toute autre position, y compris celle consistant à<br />
nourrir l’amertume envers son propre peuple ou de faire<br />
obstruction en attendant une hypothétique revanche n’a<br />
rien de patriotique. À l’aune des défis urgents que doit<br />
relever la cause nationale, une telle attitude revient même<br />
à une forme de trahison.<br />
Gilles Laporte<br />
Président du MNQ<br />
Le Fleurdelisé<br />
2207, rue Fullum<br />
Montréal (Québec) H2K 3P1<br />
Téléphone : 514 527-9891<br />
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