4 La poutre en I - Les Menuisiers
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Technique<br />
BLC, BMR, BMA… :<br />
L’AVENIR DU BOIS CONSTRUCTION<br />
L’intérêt pour ces matériaux d’ingénierie est grandissant.<br />
Bois massif reconstitué, lamellé-collé, abouté, ou « abové<br />
»… font l’objet d’un développem<strong>en</strong>t constant depuis une<br />
vingtaine d’années. Disposant de très hautes qualités<br />
mécaniques et structurelles, ils sont au cœur des solutions<br />
constructives les plus innovantes.<br />
Chantier du groupe scolaire intercommunal à Saint-D<strong>en</strong>is (93).<br />
Photo : AAVP Architecture/Bateg/Arbonis<br />
On les appelle les EWP, pour « Engineering Wood<br />
Products ». Ces produits techniques, plus connus sous<br />
leurs dénominations génériques – BMR, BMA, BLC, LVL,<br />
etc. – répond<strong>en</strong>t aux hautes exig<strong>en</strong>ces de l’écoconstruction<br />
et s’affranchiss<strong>en</strong>t d’un grand nombre de contraintes<br />
liées à la mise <strong>en</strong> œuvre des structures. Purgées de défauts<br />
(flaches, nœuds, barrettes, gerces profondes…), les pièces<br />
de bois sont collées <strong>en</strong>tre elles au moy<strong>en</strong> d’adhésifs adaptés,<br />
le tout formant des élém<strong>en</strong>ts rectangulaires ou plats<br />
d’une excell<strong>en</strong>te stabilité, supérieure à celle du bois massif.<br />
Ces produits, constitués majoritairem<strong>en</strong>t de résineux, plus<br />
r<strong>en</strong>tables et plus faciles à transformer, ont une résistance<br />
au feu élevée car ils conserv<strong>en</strong>t les bonnes caractéristiques<br />
du bois massif : 1 cm brûlé toutes les 15 minutes,<br />
d’après l’Euroclasse Ds2d0.<br />
Si l’industrie du lamellé-collé s’est très bi<strong>en</strong> développée <strong>en</strong><br />
France, les unités de BMR, plus modestes et plus réc<strong>en</strong>tes,<br />
sont loin d’être aussi compétitives que leurs rivales<br />
allemandes ou scandinaves. <strong>Les</strong> opérations de transforma-<br />
tion – purge, séchage, assemblage, etc. – et les quantités<br />
demandées sont si importantes qu’elles nécessit<strong>en</strong>t de<br />
lourds investissem<strong>en</strong>ts. Pour le mom<strong>en</strong>t, la t<strong>en</strong>dance est<br />
donc à l’importation.<br />
Le lamellé-collé : c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire !<br />
Le BLC, ou bois lamellé-collé, est une technologie révolutionnaire,<br />
vieille d’un siècle déjà. En France, on répertorie<br />
une tr<strong>en</strong>taine de lamellistes et 85 % de la production tricolore<br />
est certifiée Acerbois, seul gage de qualité reconnu par<br />
les professionnels français.<br />
Convoité pour la réalisation des portiques supportant la<br />
couverture des grands bâtim<strong>en</strong>ts tertiaires, des poteaux<br />
ou des traverses de charp<strong>en</strong>te, cet élém<strong>en</strong>t structurel est<br />
obt<strong>en</strong>u par l’aboutage et le collage de lamelles de bois, à<br />
fil parallèle. L’épaisseur des lames est de 45 mm maximum<br />
pour les classes d’emploi 1 et 2, et de 33 mm pour les<br />
classes 3 et 4.<br />
Au-delà, on parle de bois massif reconstitué (BMR).<br />
<strong>La</strong> largeur maximale des sections est de 200 mm. Quant<br />
aux longueurs, elles sont sa valeur ajoutée, oscillant <strong>en</strong>tre<br />
20 et 30 m selon les unités de production.<br />
Pour les structures exceptionnelles, les portées peuv<strong>en</strong>t<br />
atteindre 150 m. <strong>Les</strong> assemblages sont nombreux : « le<br />
bois sur bois » (t<strong>en</strong>ons et mortaises, embrèvem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>taille<br />
et à mi-bois), par organes métalliques (pointes, clous, vis,<br />
tirefonds, boulons, connecteurs, etc.), le collage et le<br />
métallo-collage (goujons, <strong>en</strong>tures d’angles, inserts et plats<br />
métalliques). Grâce à ses plis horizontaux, le BLC est très<br />
malléable : il est possible de le cintrer, ouvrant à de nouvelles<br />
formes architecturales.<br />
Produit d’ingénierie totalem<strong>en</strong>t maîtrisé et très stable<br />
mécaniquem<strong>en</strong>t, le lamellé-collé est considéré comme un<br />
matériau « dur », montrant une forte résistance au feu. De<br />
nombreuses ess<strong>en</strong>ces peuv<strong>en</strong>t être utilisées, telles que<br />
le chêne, le châtaignier, le pin maritime ou le robinier. <strong>Les</strong><br />
plus répandues rest<strong>en</strong>t le sapin, le douglas, l’épicéa, le pin<br />
sylvestre et le mélèze.<br />
Charp<strong>en</strong>te <strong>en</strong> épicéa lamellé-collé. Photo : Cosylva<br />
<strong>La</strong> fabrication du lamellé-collé<br />
Principes généraux de fabrication du lamellé-collé (d’un<br />
producteur à l’autre, les méthodes peuv<strong>en</strong>t varier, <strong>en</strong><br />
particulier pour la mise sous presse) :<br />
1. Séchage/stabilisation<br />
Am<strong>en</strong>er l’humidité du bois à celle exigée pour la fabrication<br />
: <strong>en</strong>tre 8 et 15 % pour un bois non traité, <strong>en</strong>tre 11 et<br />
18 % pour les lamelles traitées.<br />
2. Enturage et aboutage<br />
Purge des lames. Celles-ci sont <strong>en</strong>suite tronçonnées et<br />
aboutées pour créer des longueurs adaptées à la fabrication.<br />
Température du bois supérieure ou égale à 15°C.<br />
<strong>Les</strong> joints à <strong>en</strong>tures multiples sont les plus répandus,<br />
avec une pression minimale de 20 bars pour l’aboutage.<br />
3. Rabotage des lamelles<br />
Rabotage avant l’<strong>en</strong>collage.<br />
Bois massif abouté<br />
Le BMA, ou bois massif abouté, est de section rectangulaire.<br />
Assemblées dans le s<strong>en</strong>s de la longueur, les pièces de bois<br />
dont il est composé sont préalablem<strong>en</strong>t purgées de leurs<br />
singularités. Il ne doit y avoir ni nœuds, ni f<strong>en</strong>tes, ni p<strong>en</strong>te<br />
de fil élevée à l’intérieur même de l’aboutage. Ce dernier<br />
s’effectue par <strong>en</strong>tures multiples, lesquelles s’emboît<strong>en</strong>t<br />
par collage. L’humidité moy<strong>en</strong>ne des lamelles est de 11<br />
à 12 %. Le BMA ne possède que très peu de colle : un<br />
joint d’aboutage tous les 2 à 3 m. <strong>Les</strong> lames sont ori<strong>en</strong>tées<br />
de telle façon qu’elles ont leur cœur du même côté.<br />
Ainsi obti<strong>en</strong>t-on des barres de 13 m de long <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne,<br />
idéales pour la mise <strong>en</strong> œuvre de <strong>poutre</strong>s <strong>en</strong> I (avec une<br />
section maximale des lames de 63 × 100 mm), de pannes<br />
<strong>en</strong> bois massifs ou de chevrons (250 × 100 mm maximum).<br />
<strong>Les</strong> ess<strong>en</strong>ces les plus couramm<strong>en</strong>t utilisées sont le sapin,<br />
l’épicéa et le pin sylvestre. En France, on trouve quelques<br />
rares <strong>en</strong>treprises de bois abouté, exploitant surtout du pin<br />
maritime, du douglas ou <strong>en</strong>core du chêne. Pas assez com-<br />
Le bois massif abouté ne<br />
compr<strong>en</strong>d que très peu de<br />
colle : un joint d’aboutage tous<br />
les 2 à 3 m. Photo : Ageka<br />
Technique<br />
4. Encollage des lamelles<br />
Encollage réalisé au moy<strong>en</strong> d’<strong>en</strong>colleuses à rideaux ou<br />
à rouleaux.<br />
<strong>Les</strong> surfaces doiv<strong>en</strong>t être propres, et l’application de l’adhésif<br />
parfaitem<strong>en</strong>t uniforme.<br />
5. Serrage des lamelles<br />
Mainti<strong>en</strong> sous pression des pièces <strong>en</strong>collées p<strong>en</strong>dant<br />
la polymérisation de la colle, afin d’obt<strong>en</strong>ir la forme<br />
désirée. Pression variant de 6 à 10 bars <strong>en</strong> fonction des<br />
épaisseurs des lamelles. Pression effectuée par des tiges<br />
filetées, des vérins pneumatiques ou hydrauliques, des<br />
blocs de serrage…<br />
6. Taillage et finitions<br />
Rabotage, perçage, taillage et application des traitem<strong>en</strong>ts<br />
et/ou finitions.<br />
Pergola <strong>en</strong> BMR douglas de l’hôpital de Monaco<br />
Photo : Cosylva<br />
pétitif, le produit français est souv<strong>en</strong>t délaissé au profit de<br />
son équival<strong>en</strong>t allemand, autrichi<strong>en</strong> ou scandinave.<br />
Bois massif reconstitué<br />
Le bois massif reconstitué (BMR) connaît depuis une<br />
quinzaine d’années une asc<strong>en</strong>sion fulgurante <strong>en</strong> Europe.<br />
Appelé « Duo-Trio » ou « contrecollé », il t<strong>en</strong>d à remplacer le<br />
bois massif traditionnel, <strong>en</strong> raison de sa plus forte stabilité<br />
mécanique. Il se compose de deux à cinq lames à fortes<br />
épaisseurs (de 45 à 80 mm) collées <strong>en</strong>tre elles, aboutées<br />
ou non, et à fil parallèle. <strong>La</strong> largeur standard des <strong>poutre</strong>s<br />
est de 260 mm et la longueur des barres est généralem<strong>en</strong>t<br />
de 13 m. Le taux d’humidité des lames non traitées ou<br />
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M<strong>en</strong>uiserie Plus - N° 82 - Mars 2012 7