ouvrir cet article au format pdf - textimage
ouvrir cet article au format pdf - textimage
ouvrir cet article au format pdf - textimage
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
A. Muraishi, « Le sce<strong>au</strong> de l’irreprésentable »<br />
conscience comme une pluie de printemps les pierres d’un jardin » 33 ;<br />
l’accompagnement de piano, de cordes et de h<strong>au</strong>tbois, en passant par les accords<br />
inhabituels du refrain si déconcertant « comme si un vent froid venait<br />
brusquement souffler par un interstice », retrouve sa « paisible harmonie » du<br />
début 34 . La poétique de l’indicible culmine lorsque la description porte sur la<br />
puissance lyrique des paroles de <strong>cet</strong>te chanson populaire :<br />
Tu es assis <strong>au</strong> bord du monde,<br />
et moi dans un cratère éteint.<br />
Debout dans l’ombre de la porte,<br />
il y a des mots qui ont perdu leurs lettres.<br />
La lune éclaire un lézard endormi,<br />
de petits poissons tombent du ciel.<br />
Derrière la fenêtre il y a des soldats<br />
résolus à mourir.<br />
Kafka est <strong>au</strong> bord de la mer<br />
assis sur un transat.<br />
Il pense <strong>au</strong> pendule qui met le monde en mouvement.<br />
Quand le cercle du cœur se referme,<br />
l’ombre du Sphinx immobile se transforme en coute<strong>au</strong><br />
qui transperce les rêves.<br />
Les doigts de la jeune noyée<br />
cherchent la pierre de l’entrée<br />
Elle soulève le bord de sa robe d’azur<br />
et regarde Kafka sur le rivage 35 .<br />
En réfléchissant sur les raisons du succès de <strong>cet</strong>te chanson, le narrateur est<br />
convaincu d’un écho entre ces paroles « abstraites et surréalistes » et une<br />
expérience familière. S’y mêlent le visuel et l’<strong>au</strong>ditif grâce à une étrange<br />
expérience synesthésique où des phonèmes s’allient à des graphèmes. Dans les<br />
paroles de la chanson plutôt « abstraites et surréalistes » qui renvoient pourtant un<br />
écho familier », « un à un, les mots se fraient un chemin jusqu’à mon cœur. C’est<br />
une sensation bizarre. Par-delà les mots, des images surgissent dans mon esprit<br />
comme des figures découpées <strong>au</strong> pochoir, et se mettent à exister par elles-mêmes<br />
33 Ibid., p. 302.<br />
34 Ibid., p. 303.<br />
35 Ibid., pp. 301-302.<br />
Textimage n°4, L’image dans le récit, hiver 2012 20