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#CADRE DE VILLE
Un travail de haute couture
Technique # Véritable dentelle dorée, métaphore du « rideau de scène », la maille du Grand
Théâtre des Cordeliers sera posée à partir de juin. Découverte en images de sa fabrication en
Allemagne par l'entreprise GKD.
À partir du mois de juin, le Grand Théâtre
sera progressivement habillé de la maille
imaginée par l'architecte Dominique Perrault.
Cette toile métallique de 5 000 mètres carrés
sera constituée de plusieurs « bandes »
de vingt mètres de haut et de six mètres de
large qui seront assemblées les unes aux
autres. Chaque façade du bâtiment en comprendra
entre huit et dix. La maille arrivera
enroulée puis sera fixée à la structure avant
d'être tendue grâce à des câbles métalliques.
L'entreprise GKD a aujourd'hui
l'habitude de ce procédé qu'elle a déjà
éprouvé sur de nombreux bâtiments dans
le monde entier. À Hanovre, par exemple,
un hall d'exposition construit récemment
est recouvert de cette maille spiralée. Il en
est de même pour le Centre olympique de
tennis de Madrid.
Une collaboration
avec Dominique Perrault
L'entreprise GKD est basée en Allemagne
à proximité d'Aix la Chapelle. Le groupe
compte près de 600 employés dont 400
environ travaillent au siège. Elle a des
usines en Afrique du Sud, en Chine, en
Angleterre, en Espagne et aux États-Unis.
Créée en 1925, l'entreprise s'est assez vite
spécialisée dans la conception de « maillesfiltres
» pour l'industrie avant de s'orienter
vers la maille à vocation architecturale.
La maille est fabriquée en Allemagne. Celle du Grand Théâtre représentera 5 000 m 2 .
Dans les années 80, son expérience et son
savoir-faire lui ont permis de répondre favorablement
au projet de la Bibliothèque
nationale de France réalisée par Dominique
Perrault à Paris. Ce chantier emblématique
a été le point de départ de la
collaboration entre l'architecte et l'entreprise
allemande. GKD a ensuite développé
le concept et décliné de nouvelles formes.
Une maille pleine d'atouts
Élément d'agencement décoratif et fonctionnel,
la maille a permis réellement d’innover
en matière d'architecture. Force est
de reconnaître qu'elle cumule de nombreux
atouts. Elle se prête tout d'abord par sa
malléabilité à une diversité de formes
illimitée. Par son design et son esthétique,
la maille, véritable double peau du bâtiment,
le sculpte et le transforme en une œuvre
d'art. Pour les Cordeliers, elle permettra de
jouer sur l'effet de transparence, la façade du
Grand théâtre étant colorée le jour et éclairée
la nuit derrière la dentelle de métal. Celle-ci
est véritablement le résultat d'un travail de
haute couture qui offre élégance et souplesse.
Sa durabilité, sa résistance, ses propriétés
thermiques (la maille protège la façade du
vent et de la pluie) sont également appréciés
par les architectes qui n'hésitent pas à l'employer
dans leur projet. Les Cordeliers en
seront le témoin en Midi-Pyrénées.
L’architecte Dominique Perrault et le maire d’Albi
devant la maille des Cordeliers.
Opération de tissage
Si l'entreprise garde jalousement ses secrets de conception, la fabrication des mailles
s'apparente en quelque sorte à du tricotage et du tissage. Pour celle des Cordeliers, du fil
d'aluminium de 7 mm est utilisé. Avant d'être livré à l'usine, il a subi une anodisation,
réaction chimique qui permet de colorer dans la masse l'aluminium, opération qui garantit
sa pérennité. Sur ce point, la couleur a fait l'objet d'études assez complexes. Le fil passe
ensuite dans une machine spécialement conçue par GKD qui la tord pour en faire des
spires. On obtient des « guirlandes de ressorts » qui sont ensuite assemblées manuellement
les unes aux autres au moyen de tringles. La maille ainsi réalisée pèse 6 kg/m 2 .
ALBI MAG - 162 - AVRIL 2013 # 19