Mise en page 1 - Albi

# PORTRAIT
Céline et Claire
Deux chipies complices
L'univers de la chanson française recèle quelques petites perles. Délinquante, duo
albigeois décomplexé et décontracté, revient dans les bacs avec son nouvel album
Comme une blonde.
A
vant l'entretien, je n'ai pas résisté ; je suis
allé consulter internet pour savoir à qui on
avait affaire. Elles s'appellent Délinquante,
pensez-vous ! Je n'ai pas été déçu. Au fil des pages, les
Délinquante (sans S, précisons-le) sont décrites
comme « pétillantes », « malicieuses », « déjantées »,
« piquantes », « impertinentes » et parfois « boudeuses
». Tant de qualificatifs ne pouvaient donner
qu'envie de les rencontrer. On s'est finalement laissé
emporter joyeusement par la tornade formée par ce
duo attachant...
Céline (la grande à droite sur la photo) et Claire (la
petite) sont aussi complices dans la vie et sur scène que
le sont les deux héros de la série culte Amicalement
vôtre. Leur parcours aux antipodes s'adapterait d'ailleurs
bien au générique. Après avoir vécu en Vendée et en
Aveyron, Céline arrive au lycée Lapérouse d'Albi. En
se promettant qu'elle reviendrait dans cette ville, elle
part après le bac au conservatoire de Marseille où elle
se perfectionne à l'accordéon. « J'ai appris à y jouer
vers 8 ans, raconte-t-elle. Je n'étais pas très enthousiaste
au début puis on s'est peu à peu apprivoisé.
Aujourd'hui, je ne regrette pas ce choix ! »
Claire est originaire de Marseille. Dans sa famille
nombreuse et plutôt bohème, la jeune fille baigne très
tôt dans le milieu musical et festif. À six ans, sa mère
lui offre son vieil accordéon. Claire entre à l'école de
musique puis au conservatoire. « Je jouais jusqu'à dix
heures par jour, parfois même la nuit », explique Claire.
Assidue à l'école buissonnière, elle passe en revanche
des concours d'accordéon dont elle sort souvent première.
Jusqu'à seize ans, son répertoire se « limite »
à la musique classique. Cette passion dévorante et quasi
compulsive qu'elle hésite à partager avec ses camarades,
ne l'empêche pas d'être une inconditionnelle de Michael
Jackson, dont elle arbore le visage tatoué sur un bras.
La rencontre entre les deux filles a lieu au conservatoire
où elles fréquentent la même classe. Au début,
les relations ne sont pas des plus amicales. « Il a fallu
apprendre à se connaître et à s'apprécier au-delà des
a priori », reconnaissent-elles d'une seule voix. Une
fois le contact établi, elles ne pourront plus se quitter.
L'accordéon et la chanson seront le ciment de ce
« couple » d'amies, confidentes, copines, presque
sœurs, un peu tout à la fois et le tout à la folie.
Pendant un temps, leur chemin se sépare. Céline
monte à Paris puis revient à Albi en 2001.
De son côté, Claire joue dans plusieurs groupes. Le
projet de créer un duo prend forme à partir de 2004.
Elles montent ensemble sur scène l'année suivante. Le
nom du groupe est à l'image des deux protagonistes :
décalé. « Nous avions plusieurs idées inscrites sur le
frigo. On a craqué pour Délinquante », explique Claire.
« Nous voulions chambouler le milieu de l'accordéon
trop souvent associé au cabaret et à l'esprit guinguette »,
ajoute Céline. La sortie du premier CD en 2008 les
entraîne dans une tournée à travers la France, la
Belgique et le Canada. Débordantes d'énergie, elles
enchaînent en quelques années plus de 500 concerts
en assurant régulièrement la première partie pour des
artistes comme Arthur H, Dominique A ou Sanseverino
qui est intervenu pour leur deuxième album.
Sur scène, Délinquante s'en donne à cœur joie. « Nous
sommes beaucoup dans l'interaction avec le public,
note Céline. Nous l’entraînons un peu dans notre
douce folie. Notre rire s'avère communicatif ! » Si la
mise en scène est rodée, elles s'accordent une part
d'impro qui donne au final beaucoup de spontanéité au
spectacle. Les deux chanteuses sont à l'aise aussi bien
chez l'habitant que dans de grandes salles, même si
elles recherchent plutôt la proximité avec le public.
Le 6 avril, elles chanteront pour la bonne cause à Carlus
(voir page 23).
Le deuxième album intitulé Comme une blonde, dont
la jaquette est l'œuvre de l'Albigeois Nicolas Sénégas,
est sorti en mars et a été présenté à Albi. « Dans les
chansons, nous livrons beaucoup de nous-mêmes.
C'est du vécu », commente Céline. Si ce nouveau
disque est plus sage que le premier, il continue de
jouer en mode dérision. « Nous aimons interpeller
voire provoquer, mais sans tomber dans la vulgarité
ou la méchanceté gratuite », précise Claire. « On ne
se gène pas pour autant pour dire les choses quitte à
caricaturer franchement ! » Sacrées Délinquante !
# 34 ALBI MAG - 162 - AVRIL 2013