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Les aventures de
madame
chez les Moscovites
H
En mai, je ne vais pas me gêner, ni me gainer, et je fais ce qui me plait. Jʼai envie de caviar !
Jʼirai à Moscou, mais en train, car je suis allergique à lʼavion ! Chaque fois que je prends lʼavion, lʼivresse
des altitudes me donne envie de mettre la main aux fesses des stewards et de faire des croche-pattes aux
hôtesses de lʼair. Alors je me retiens et je me retiens, et puis jʼéternue, et puis je déglutis mon plateau-repas
sur les genoux de mon voisin, ce qui fait mauvais genre.
Je prends donc le Paris-Moscou pour 48 heures de voyage. Jʼai tout mon temps car je suis rentière ; et à
bien y réfléchir, tout ce qui est long est bon…
Arrivée à Moscou, je me rends à lʼOffice du Tourisme et jʼexige dʼavoir la même guide que Gilbert Bécaud :
“Bonjourno, I want sprechen to Nathalie. Spassiba Séniora !”
La jeune fille à lʼaccueil fait celle qui ne comprend pas avec sa tête dʼhôtesse pincée. Jʼai encore dégluti sur
le présentoir à brochures. En fait, je crois que je suis tout simplement allergique à toutes les hôtesses !
Arrivée sur la Place Rouge, je vois dʼimmenses cordons de policiers. Au loin, des chars sʼavancent. Je me
dis : “Chouette, un défilé militaire !”
Jʼai lʼimpression que lʼArmée Rouge a bien changée. Les soldats portent des strings en skaï de couleurs
criardes et se trémoussent sur de la musique techno.
Les badauds sont certainement des joueurs de base-ball, car ils ont tous de grosses battes en bois, façon
gourdins. De plus, il doit y avoir eu récemment une épidémie de poux, car presque tous ces badauds ont le
crâne rasé. Pour manifester leur engouement, ils lancent sur les soldats en string des bouteilles de vodka
vides en hurlant fort. Ce doit être une coutume locale car la police les laisse faire en riant !
Quand je vois avancer un char couvert de drag-queens, je comprends quʼil ne sʼagit pas dʼun défilé militaire.
Renseignement pris, il sʼagit de la Lesbian & Gay Pride de Moscou. Les badauds ne sont pas des fans de
base-ball infestés de poux mais des extrémistes infestés dʼhomophobie.
La police nʼest pas là pour protéger les transpédégouines mais
pour les empêcher de se montrer
Jʼapprends que le maire de Moscou nʼest pas très
homophile. Dans mon for intérieur, je me dis : “Un
maire hétérosexuel Mais cʼest complètement
has been !”.
Quand je vois que des banderoles sont arrachées,
que des manifestants se font tabasser,
mon sang ne fait quʼun tour. Je me faufile entre les
skinheads et les policiers en me faisant passer pour
Line Renaud. Je monte sur un char avec mes copines,
je mʼempare dʼun mégafolle… pardon, dʼun mégaphone,
et là, je prends ma plus belle voix pour hurler : “Elle était
gouine ma guide, Nathaliiiiiiiie, Nathaliiiiiiie !!! Elle
était fière ma gouine, Nathaliiiiiiie, Nathaliiiiiiiie
!!!”
Les skinheads se bouchent les oreilles de
douleur et décampent en cavalant.
Mon chant fait reculer le cordon de policiers.
Après cette victoire, nous avons fait une de
ces fêtes. Les folles moscovites mʼont fait
boire de la vodka toute la nuit ; et je nʼai
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même pas dégluti !
LOM < 06 > www.mps-mag.com