histoire en exclusivité terre d'échecs - Fédération Française des ...
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Échecs&Littérature<br />
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La petite bibliothèque<br />
du joueur d’échecs<br />
Voici une rapide sélection de romans qui trait<strong>en</strong>t de près<br />
ou de loin <strong>des</strong> échecs. Bonne lecture et r<strong>en</strong>dez-vous <strong>en</strong><br />
septembre.<br />
Comm<strong>en</strong>çons par <strong>des</strong> récits initiatiques. Nous vous<br />
conseillons bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du La joueuse d’échecs de Bertina<br />
H<strong>en</strong>richs, mais aussi une nouvelle peu connue de Patrick<br />
Süskind : Le combat. L’action se déroule au jardin du<br />
Luxembourg. Le vieux champion local, nommé Jean, est<br />
défié par un jeune homme à l’allure énigmatique et<br />
désinvolte. Son assurance et ses coups inhabituels<br />
<strong>en</strong>chant<strong>en</strong>t les spectateurs et désarçonn<strong>en</strong>t Jean, qui croit<br />
avoir à faire à un génie. La morale est définitive et nous<br />
n’<strong>en</strong> dirons pas plus !<br />
Comm<strong>en</strong>t faire l’impasse sur un <strong>des</strong> plus gros succès<br />
réc<strong>en</strong>ts dans le domaine du roman échiqué<strong>en</strong> Nous<br />
parlons d’un roman d’av<strong>en</strong>tures sur les échecs parmi les<br />
plus aboutis, Le tableau du maître flamand d’Arturo<br />
Perez-Reverte. Quel est ce fameux tableau Un tableau<br />
du maître flamand imaginaire Van Huys, peint <strong>en</strong> 1 471 et<br />
représ<strong>en</strong>tant une partie d’échecs <strong>en</strong>tre Fernand<br />
d’Ost<strong>en</strong>bourg et Roger d’Arras, mort deux ans plus tôt dans<br />
<strong>des</strong> circonstances mystérieuses. Sa restauratrice, Julia,<br />
découvre une inscription tout aussi mystérieuse sous le<br />
tableau : « Quis necavit equitem », c’est-à-dire « Qui a<br />
tué le cavalier ». Seule l’analyse rétrograde de la partie<br />
permet de démasquer le coupable. La partie et le roman<br />
pourrai<strong>en</strong>t s’arrêter là mais les meurtres repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t et<br />
Julia compr<strong>en</strong>d qu’elle est la Dame blanche, poursuivie par<br />
la Dame noire, un dangereux psychopathe.<br />
La transition avec les romans thématiques qui trait<strong>en</strong>t<br />
<strong>des</strong> échecs et de la folie est facile à faire avec deux<br />
monum<strong>en</strong>ts de la littérature mondiale : d’une part, La<br />
déf<strong>en</strong>se Loujine de Vladimir Nabokov. S’<strong>en</strong>fermant peu<br />
à peu dans sa folie, un grand joueur trouve dans le suicide<br />
la seule parade au mal qui le ronge.<br />
D’autre part, Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig. La<br />
nouvelle a pour cadre un paquebot. Pour tromper l’<strong>en</strong>nui,<br />
<strong>des</strong> passagers défi<strong>en</strong>t Mirko Cz<strong>en</strong>tovic, champion du<br />
monde d’échecs. Contre rémunération, ce joueur avide,<br />
lourdaud et rustre accepte de jouer et défait les amateurs.<br />
Intervi<strong>en</strong>t alors M.B., un étrange passager qui donne de<br />
lumineux conseils aux amateurs et leur permet d’arracher<br />
la partie nulle au champion. On appr<strong>en</strong>d alors que M.B. a<br />
appris à jouer <strong>en</strong> prison et n’a dû sa survie qu’à ces parties<br />
d’échecs qu’il jouait seul, contre lui-même. Lorsque la<br />
Gestapo finit par le libérer, M.B. promet aux médecins de<br />
ne plus jouer pour préserver sa santé intellectuelle. Las,<br />
M.B. accepte de jouer une nouvelle partie, seul contre<br />
Cz<strong>en</strong>tovic. Il l’emporte mais il est bi<strong>en</strong>tôt repris par ses<br />
démons schizophrènes, annonce <strong>des</strong> coups impossibles<br />
dans la partie suivante, abandonne et se retire<br />
définitivem<strong>en</strong>t. Cette nouvelle sur la folie met<br />
À la manière de... Panurge<br />
Rabelais a malheureusem<strong>en</strong>t fort<br />
peu écrit sur notre jeu, mais d’autres<br />
s’<strong>en</strong> sont chargés pour lui, si l’on<br />
peut dire. Voici <strong>en</strong> effet un extrait<br />
d’un pastiche fort réussi du grand<br />
François, que l’on peut trouver dans<br />
un ouvrage rare, “La variante F.VIII<br />
du gambit Camulogène”, roman du<br />
problémiste français Edouard Pape<br />
(1870-1949).<br />
Évidemm<strong>en</strong>t c’est de l’anci<strong>en</strong> français,<br />
mais c’est là qu’est tout le<br />
charme. L’orthographe est souv<strong>en</strong>t<br />
troublante et la signification de certains mots risque de vous<br />
échapper. Mais pas le s<strong>en</strong>s général.<br />
On y voit Panurge, qui fréqu<strong>en</strong>te un cabaret où l’on joue aux<br />
échecs et se vante de n’avoir jamais perdu à ce jeu, défier le<br />
champion local, Jouffray le lorrain, un petit homme vaniteux et<br />
acariâtre. Après un bon début, Panurge se trouve dans une<br />
situation désespérée. Mais il va s’<strong>en</strong> tirer à son avantage grâce à<br />
ses copains, Carpalim et Eusthènes, et à un “bussart” (tonneau).<br />
Mais nous vous laissons savourer ce comm<strong>en</strong>taire de partie...<br />
Si vous souhaitez recevoir le texte <strong>en</strong> <strong>en</strong>tier adressez vos deman<strong>des</strong><br />
à mon email : regicide@orange.fr. Je me ferai un plaisir de<br />
vous l’expédier.<br />
Jean-Christian Galli<br />
“<br />
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(...) La partie avoyt comm<strong>en</strong>cé comme<br />
s’<strong>en</strong>suyt : Panurge premier joua le pyon deux<br />
quarreaux davant le Roy. Jouffray le imita. Puis<br />
cestuy-là <strong>des</strong>pecha son archier sus le quart<br />
quarreau davant l’archier jouxte la Royne, <strong>en</strong> suite<br />
meut le chevalier, sus le tiers quarreau davant l’archier<br />
du Roy. Ce faict tira son Roy au lieu de son custode de<br />
la Rocque à dextre, onquel lieu se trouva <strong>en</strong> franchise.<br />
Jouffray <strong>en</strong> usait mesmem<strong>en</strong>t. Et feur<strong>en</strong>t lors les deux<br />
armées <strong>en</strong> rancs de bataille, qui est chose moult<br />
délectable à veoir.<br />
Ains, comme imiter de tous poincts tactique <strong>en</strong>emye<br />
ne estre sans dangier, chacusne bande, varia<br />
brusquem<strong>en</strong>t ses pas, <strong>des</strong>marches, saux, retours,<br />
embusca<strong>des</strong>, retraictes et surprinses. Et advint qu’un<br />
<strong>des</strong> pyons de Panurge t<strong>en</strong>ta avanger jusques la fillière<br />
du Roy Noir et faillit le Lohérain pr<strong>en</strong>dre jaunisse par<br />
paour. Toustes fois un <strong>des</strong> custo<strong>des</strong> de Jouffray fust<br />
sacrificié affin de éviter telle anguarie. Onquel mom<strong>en</strong>t<br />
Panurge veist que victoire luy estoit tollue et soy<br />
contrista soubdainem<strong>en</strong>t.<br />
Subit Jouffray releva le chef et reprint cueur à<br />
l’ouvraige. En apprès am<strong>en</strong>a son jeu de bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> mieulx<br />
tant y a que Panurge se veist “ad metam non loqui”.<br />
De faict estoit mut, non plus ne ryoit ne ne triumphoit,<br />
mais lam<strong>en</strong>toit <strong>en</strong> son particulier et soy propousoyt<br />
escapper à grand erre. (...)<br />
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