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<strong>Contacto</strong>logie<br />
Les verres scléraux perméables à l’oxygène<br />
La lentille SPOT *<br />
Paul Cochet 1 , Frédéric Baëchelé 2<br />
Dans le très beau rapport de la SFO 2009 «Les lentilles de <strong>co</strong>ntact », dirigé par<br />
Florence Malet, le chapitre <strong>co</strong>nsacré aux verres scléraux perméables à l’oxygène fait<br />
un point <strong>co</strong>mplet sur ces lentilles de grande dimension sans <strong>co</strong>ntact <strong>co</strong>rnéen. Ce type de<br />
lentille qui passe en pont au-dessus de la <strong>co</strong>rnée est utilisé dans les grandes déformations<br />
<strong>co</strong>rnéennes et sur des yeux ayant dépassé les larges possibilités d’adaptation de la<br />
<strong><strong>co</strong>ntacto</strong>logie classique.<br />
Quand proposer une lentille SPOT<br />
Les services rendus par cette lentille dépassent<br />
ceux des pathologies exceptionnelles : syndrome de<br />
Lyell, syndrome de Stevens-Johnson, pemphigoïde<br />
oculaire, brûlures, syndromes secs sévères…<br />
Les principales indications sont :<br />
- le kératocône très évolué, gardant une <strong>co</strong>rnée centrale<br />
transparente et un test de Charleux inférieur à<br />
7 mm,<br />
- la dégénérescence marginale pellucide, la maladie de<br />
Terrien,<br />
- les astigmatismes importants après kératoplastie<br />
transfixiante,<br />
- le porteur de LRPG accusant une trop grande gêne,<br />
- le porteur de LRPG avec décentrement et instabilité,<br />
source de pertes <strong>fr</strong>équentes.<br />
L’avantage de la lentille SPOT est l’utilisation du<br />
rayon équivalent, c’est-à-dire celui qui passe en pont<br />
sur toute l’anomalie <strong>co</strong>rnéenne par le principe physiologique<br />
de l’appui sur la <strong>co</strong>njonctive bulbaire périlimbique<br />
dont la sensibilité est 20 fois moins importante<br />
que celle de la <strong>co</strong>rnée. Mais nous ne perdons pas de<br />
vue qu’il s’agit d’une zone pouvant subir des modifications<br />
d’épaisseur – <strong>co</strong>mme chez les sujets allergiques<br />
–, ce qui peut modifier le <strong>co</strong>nfort du patient.<br />
Ses caractéristiques<br />
L’innovation réside dans l’utilisation d’un matériau à<br />
forte perméabilité à l’oxygène associée à un nouveau<br />
procédé d’appareillage et de fabrication.<br />
La lentille SPOT utilise un matériau à forte perméabilité<br />
à l’oxygène. Elle existe en trois diamètres :<br />
- S (petit) de 17 mm,<br />
- M (moyen) de 19 mm,<br />
- L (large) de 21 à 23 mm.<br />
Dans ces trois diamètres, 10 profondeurs sagittales<br />
croissantes de verres existent, graduées de 0 à 9, par<br />
intervalle de 0,2 mm.<br />
La face postérieure est <strong>co</strong>mposée :<br />
- d’une zone sphérique centrale dont l’étendue varie<br />
avec la profondeur. Le R o varie de 7,00 à 8,20 mm ;<br />
- d’une <strong>co</strong>urbe de transition asphérique qui est effectuée<br />
au tour en trois dimensions (X, Y, Z) ;<br />
- d’un rayon scléral qui part du Ø14 mm, de forme ellip -<br />
tique à excentricité progressive.<br />
La face antérieure (Ra) est réalisée en rayon sphérique<br />
pour obtenir la puissance en fonction de l’amétropie<br />
calculée par le <strong><strong>co</strong>ntacto</strong>logue et sa lentille d’essai.<br />
Cette face antérieure rejoint le bord dont l’épaisseur<br />
est de 25/100.<br />
L’adaptation (figure 1)<br />
Le seul outil utilisable pour l’adaptation est la boîte<br />
d’essai.<br />
* La lentille SPOT ® (sclérale perméable à l’oxygène, Thonon)<br />
est brevetée et fabriquée par le laboratoire d’appareillage<br />
oculaire (LAO), créé par Frédéric Baëchelé.<br />
1. Ophtalmologiste, Paris - <strong>co</strong>chet.paul@wanadoo.<strong>fr</strong><br />
2.Opticien, oculariste, Thonon-les-Bains<br />
lao.spot@orange.<strong>fr</strong><br />
12 Les Cahiers<br />
n° 140 • Mai 2010
Nous utilisons la S3 <strong>co</strong>mme première lentille d’essai<br />
(sauf si l’on se trouve devant un kératocône stade IV).<br />
La lentille est remplie de sérum physiologique avec<br />
une goutte de fluorescéine à 0,5 % et on <strong>co</strong>ntrôle au biomicros<strong>co</strong>pe<br />
en lumière bleue, fente large, que la lentille<br />
passe bien en pont au-dessus de la <strong>co</strong>rnée.<br />
Si on <strong>co</strong>nstate un <strong>co</strong>ntact avec la <strong>co</strong>rnée, on augmente<br />
la profondeur en passant à S4, S5… jusqu’à ce que<br />
l’on n’observe plus de point de pression.<br />
Arrivé à ce stade, on <strong>co</strong>ntrôle le ménisque de larmes<br />
dont l’épaisseur doit être égale à la moitié de l’épaisseur<br />
<strong>co</strong>rnéenne (la fente du biomicros<strong>co</strong>pe doit être inclinée<br />
à 45° en lumière blanche et fente fine).<br />
Si le diamètre (S) paraît insuffisant, on passe au diamètre<br />
moyen (M) ou large (L) en <strong>co</strong>nservant l’exposant<br />
qui précise la profondeur car, sur l’œil, le <strong>co</strong>mportement<br />
de la lentille S4, par exemple, est le même que M4 et L4<br />
(S4 = M4 = L4). On <strong>co</strong>ntrôle la modification de diamètre<br />
par son effet sur la <strong>co</strong>njonctive bulbaire.<br />
On passe ensuite à l’examen de la périphérie qui ne<br />
doit pas <strong>co</strong>mporter de zones de pression. Dans le cas<br />
<strong>co</strong>ntraire, elles seront signalées au laboratoire en précisant<br />
la ou les localisations à l’aide d’un cadran horaire.<br />
La lentille SPOT jugée <strong>co</strong>rrecte est portée 1 h au<br />
moins en salle d’attente avant de procéder au calcul de<br />
la ré<strong>fr</strong>action additionnelle par :<br />
-ré<strong>fr</strong>actométrie automatique,<br />
-ré<strong>fr</strong>action subjective, sans oublier la méthode du<br />
brouillard,<br />
-skias<strong>co</strong>pie, si la transparence <strong>co</strong>rnéenne le permet.<br />
Dr Delcampe 09/2008<br />
Figure 1. Contrôle du<br />
centrage et des appuis<br />
sur la <strong>co</strong>njonctive<br />
périlimbique lors de<br />
la pose d’une lentille<br />
SPOT.<br />
- pour le retrait, une petite ventouse qui sera placée<br />
humide sur la partie périphérique - et non centrale -<br />
afin de ne pas créer de succion lors du retrait.<br />
Après massage avec une solution nettoyante pour<br />
LRPG et rinçage soigneux au sérum physiologique, la<br />
lentille est placée dans son boîtier <strong>co</strong>ntenant le produit<br />
de dé<strong>co</strong>ntamination pendant la nuit. Le massage permet<br />
de vérifier l’absence de dépôts et de rugosités.<br />
Une fois par semaine, on <strong>co</strong>nseille un trempage de la<br />
lentille dans une solution de déprotéinisation pendant<br />
30 minutes le soir avant le trempage dans la solution<br />
d’entretien habituelle, afin de <strong>co</strong>nserver une bonne<br />
perméabilité au matériau.<br />
Des lentilles sur mesure<br />
<strong>Contacto</strong>logie<br />
Les lentilles SPOT étant fabriquées sur mesure, les<br />
possibilités de modifications de forme sont nombreuses.<br />
La réalisation de canaux (figures 2 et 3)<br />
Afin d’accélérer les échanges lacrymaux et limiter<br />
les débris lacrymaux, il est <strong>co</strong>nseillé de demander au<br />
fabricant la réalisation de canaux (CxY) dont la disposition<br />
est le plus souvent en « Y incliné » sans atteindre<br />
le bord pour éviter l’introduction de bulles d’air. Les<br />
lentilles de grand diamètre (L) sont automatiquement<br />
équipées de ce type de canaux.<br />
Dr Delcampe 2008<br />
La manipulation et l’entretien<br />
La manipulation est très importante, car la <strong>co</strong>mmande<br />
de la lentille ne peut être faite que si la manipulation<br />
est possible et maîtrisée.<br />
Pour aider le patient à la manipulation, il dispose<br />
d’un kit de départ <strong>co</strong>mprenant :<br />
- pour la pose, un support à fond perforé sur lequel on<br />
pose la lentille centrée et remplie de sérum physiologique,<br />
Le fluo met en évidence<br />
la présence de canaux type 3CxY<br />
Figure 2. Contrôle du passage naturel des larmes sous la lentille SPOT.<br />
n° 140 • Mai 2010 Les Cahiers 13
<strong>Contacto</strong>logie<br />
Les cycloïdes (figure 3)<br />
Les appuis 3h-9h sur les insertions des muscles<br />
droits peuvent être diminués par la <strong>co</strong>mmande de<br />
cycloïdes (bosselages sur la face postérieure). Le plus<br />
souvent au nombre de deux sur un axe horizontal 3h-9h.<br />
Les perforations (figure 3)<br />
Les perforations de 0,3 mm de diamètre sur la périphérie<br />
de la lentille aident au retrait des lentilles (phénomène<br />
de ventouse). Le plus souvent au nombre de<br />
trois, elles sont disposées à 120° les unes des autres<br />
afin que, quelle que soit l’orientation à la pose, l’une<br />
des perforations au moins soit exposée dans la fente<br />
palpébrale.<br />
LAO 2009 LAO 2009 Dr Delcampe 2008<br />
Un étude portant sur 29 yeux<br />
Les canaux :<br />
3 canaux à 120° (3 CxY)<br />
En standard sur « L ».<br />
Les cycloïdes :<br />
« bosselages internes »<br />
3h-9h sur insertions<br />
musculaires des droits.<br />
Les perforations :<br />
aident au retrait<br />
de la lentille.<br />
Figure 3. Canaux, cycloïdes et perforations sur lentilles SPOT.<br />
Une étude portant sur 26 patients handicapés par un<br />
kératocône sévère a été effectuée. Les indications retenues<br />
<strong>co</strong>ncernaient : 16 kératocônes greffés et 13 kératocônes<br />
non greffés, soit 29 yeux équipés au total.<br />
Différents diamètres et profondeurs de lentilles SPOT<br />
ont été utilisés (tableau I).<br />
Tableau I. Diamètres et profondeurs des lentilles SPOT (29 yeux).<br />
Lentilles SPOT<br />
S1 S2 S3 S4 S5 M5 L6 L3 L4<br />
Cas<br />
1 2 12 2 4 1 1 2 4<br />
La durée de port quotidienne après une année était<br />
supérieure ou égale à 16 heures (15 cas), limitée à<br />
12 heures (5 cas) et à 8 heures (4 cas). Il y a eu 5 abandons<br />
en raison de problèmes de tolérance.<br />
Les acuités visuelles obtenues étaient de :<br />
- 10/10 = 18 cas (dont 1 abandon),<br />
- 9/10 = 3 cas (dont 1 abandon),<br />
- 8/10 = 5 cas (dont 1 abandon),<br />
- 5/10 = 3 cas (dont 2 abandons).<br />
L’expérience avec ce type de lentille a montré qu’il<br />
fallait se méfier :<br />
-d’une manipulation mal maîtrisée, source d’in<strong>co</strong>nfort<br />
et de <strong>co</strong>mplications dues aux bulles d’air résiduelles.<br />
Pour régler ce problème, l’utilisation d’un visqueux sans<br />
<strong>co</strong>nservateur (type Artelac, Vismed…), <strong>co</strong>mplété de<br />
sérum physiologique, supprime le risque, notamment<br />
sur les lentilles SPOT à forte profondeur (L6, L7…) ;<br />
- des allergies à <strong>co</strong>mposante ORL.<br />
Les plus grandes satisfactions ont été données par<br />
l’équipement de patients ayant bénéficié d’une greffe<br />
de <strong>co</strong>rnée et présentant un astigmatisme important :<br />
gain spectaculaire d’acuité visuelle et bonne tolérance<br />
de ces lentilles sclérales sans <strong>co</strong>ntact <strong>co</strong>rnéen.<br />
Pour en savoir plus<br />
Cochet P. Verre scléral et kératocône. Malet F, et al. Rapport SFOALC<br />
2003:181-90.<br />
Delcampe A. Verres scléraux perméables à l’oxygène et pathologies<br />
de surface oculaire. Réflexions ophtalmologiques 2010;15(133):14-17.<br />
Delcampe A, Laroche J-M, Muraine M. Adaptation de verre scléral<br />
perméable à l’oxygène sur syndrome sec sévère. <strong>Contacto</strong>logie médicale,<br />
cas cliniques. Archaimbault V, et al. Rapport SFOALC 2007:197-<br />
205.<br />
Laroche J-M, Baëchelé F, Delcampe A, et al. Vers une réhabilitation<br />
des verres scléraux J Fr Ophtalmol 2004;27:877-82.<br />
Muraine M, Delcampe A, Tougeron-Brousseau B, Laroche J-M, Bras -<br />
seur G. Verres scléraux perméables à l’oxygène. In : Les lentilles de<br />
<strong>co</strong>ntact. Malet F. Rapport SFO 2009:796-805.<br />
Tougeron-Brousseau B, Delcampe A, Gueudry J, et al. Vision-related<br />
function after scleral lens fitting in ocular <strong>co</strong>mplications of Stevens-<br />
Johnson syndrome and toxic epidermal necrolysis. Am J Ophthalmol<br />
2009;148:852-9.<br />
14 Les Cahiers<br />
n° 140 • Mai 2010