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Ana-Maria Gîr<strong>le</strong>anu-Guichard, Une Carte eschatologique<br />
plomb serait « l’e<strong>au</strong> de tous <strong>le</strong>s mét<strong>au</strong>x ». Métal alchimique, <strong>le</strong> plomb symbolise « la<br />
matière, en tant qu’el<strong>le</strong> est imprégnée de force spirituel<strong>le</strong> », « la base la plus modeste<br />
d’où puisse partir une évolution ascendante » 54 .<br />
Commençons cette ascension suivant <strong>le</strong>s toponymes de la carte : <strong>le</strong> Ventoux<br />
(précédé du symbo<strong>le</strong> alchimique du so<strong>le</strong>il), « Liberrond » (il s’agit du Lubéron que <strong>le</strong><br />
poète aimait transformer en Liberrond ou encore Luberron 55 ), « Î<strong>le</strong>s de la mort », « Tour<br />
des Dormitions » (précédé de l’une de ses signatures iconiques : une croix qui porte un<br />
cœur à chaque extrémité), « La Maison de la Lune », Lourmarin (précédé d’une<br />
pyramide de trois points renversée, en référence <strong>au</strong> signe de reconnaissance maçonnique<br />
que <strong>le</strong> poète emploie souvent à l’envers en signe de refus de toute « obédience<br />
réel<strong>le</strong> » 56 ), « La Tombe gardée » (précédé d’un carré avec un point <strong>au</strong> centre),<br />
« Bastides de la dernière heure » (précédé du sce<strong>au</strong> du Salomon), « Site des étoi<strong>le</strong>s<br />
perdues », « Pont du Regard », « Mer de la perspective », « Herse de l’Ange » et enfin<br />
« Entrée des catacombes majeures ».<br />
Les toponymes réels délimitent un espace familier <strong>au</strong> poète, investi d’une forte<br />
dimension affective. C’est ce qu’il appel<strong>le</strong> une « cartographie sacrée » personnel<strong>le</strong> :<br />
Il y a une cartographie sacrée, explique <strong>le</strong> poète <strong>au</strong> cours d’un entretien<br />
radiophonique. C’est-à-dire que, par exemp<strong>le</strong>, on pourrait reconstruire la carte du ciel<br />
sur la carte de la terre : ce qui est en h<strong>au</strong>t est comme ce qui est en bas. Il y a un ciel<br />
projeté sur des temp<strong>le</strong>s qui dessinent des constellations sur la terre. Il y a cette<br />
géographie sacrée des Grecs, il y a la géographie sacrée des Egyptiens, et tout être a sa<br />
géographie sacrée personnel<strong>le</strong>, ses pè<strong>le</strong>rinages intérieurs, ses pè<strong>le</strong>rinages amoureux, ses<br />
pè<strong>le</strong>rinages intimes, où il retrouve la trace de ses pas. Et tout être bâtit sa géographie<br />
sacrée même dans la vil<strong>le</strong>, à travers certains cafés qu’il retrouve. Et c’est cette<br />
géographie sacrée qu’il f<strong>au</strong>drait réanimer, en quelque sorte 57 .<br />
Réanimer la géographie sacrée du poète, c’est d’abord tenir compte de son importante<br />
charge existentiel<strong>le</strong>. Pour Guez, <strong>au</strong> cœur de ce territoire personnel se trouve sa vil<strong>le</strong><br />
nata<strong>le</strong>, Marseil<strong>le</strong>, avec son arrière-pays, la Provence.<br />
54 J. Chevalier, A. Gheerbrant, Dictionnaire des symbo<strong>le</strong>s. Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes,<br />
figures, cou<strong>le</strong>urs, nombres, Paris, Robert Laffont / Jupiter, « Bouquins » 1982, p. 765.<br />
55 Ces variations de l’orthographe d’un toponyme se rattachent à ce que l’<strong>au</strong>teur appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s « toponymies<br />
légendaires » (La Nuit ordonne, op. cit., p. [14]) où <strong>le</strong> nom constitue à lui seul la légende de l’endroit<br />
qu’il désigne.<br />
56 Quoiqu’intéressé par l’enseignement ésotérique de la franc-maçonnerie, <strong>le</strong> poète n’a jamais fait partie<br />
de cette association initiatique. Il se dit pourtant « franc-maçon sans tablier » ou encore « d’obédience<br />
inconnue » (La Secrète, op. cit., p. 32).<br />
57 « L’A venturée », L’A venturée, op. cit., p. 39.<br />
Textimage, N°2 Cartes et Plans, été 2008 20