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10 MERCREDI<br />
ÉTENDARD DE BREST<br />
3 DÉCEMBRE 2014 - SEPT JOURS À BREST<br />
KEVIN KUNATA.<br />
LE GENTIL OGRE DE L’ÉTENDARD<br />
Kevin Kunata, pivot de<br />
27 ans, est un géant<br />
qui impressionne. Le<br />
basketteur de<br />
l’Étendard a la vanne<br />
facile et l’humour<br />
taquin. Depuis 13 ans,<br />
il entretient une<br />
relation forte avec le<br />
basket. À Brest depuis<br />
le début de saison,<br />
Kevin Kunata a été<br />
auteur de 7 points,<br />
samedi, lors de la<br />
victoire de l’Étendard<br />
à Lorient (74-62), en<br />
NM2.<br />
Quand on rencontre Kevin Kunata pour<br />
la première fois, on se sent petit et un<br />
peu effrayé face à la « bête » de<br />
2,03 m. « Oui c’est vrai ! Les gens me le<br />
disent. La première fois, je donne l’impression<br />
aux gens d’être très froid, rigole-t-il.<br />
Je fais un peu bad boy ». Un mauvais<br />
garçon qui redevient lui-même et<br />
plein d’humour quand la glace est brisée.<br />
« La barbe aussi donne un côté<br />
sérieux, ça fait partie de mon style vestimentaire.<br />
Je suis attaché au style vintage.<br />
Je fais mon shopping à Paris, sur<br />
Internet, mais le must du vintage c’est<br />
à Londres !».<br />
UNE BARBE, IL FAUT<br />
L’ENTRETENIR !<br />
Kevin tient à son look travaillé et à sa<br />
barbe particulièrement bien taillée.<br />
« Une barbe ça doit bien s’entretenir !<br />
Je me l’étais déjà faite poussée il y a<br />
quelques années, mais là elle est à son<br />
maximum. Les mecs qui ont la barbe, il<br />
faut aller chez le barbier. Pour nous les<br />
afros, c’est beaucoup plus compliqué.<br />
Du coup, j’ai trouvé une super adresse,<br />
je vais à Sobrera, rue Jean-Jaurès, chez<br />
Estelle, si je la cite j’espère avoir une<br />
réduction », explique-t-il dans un grand<br />
éclat de rire.<br />
Kunata, un nom de famille pas commun,<br />
dont les origines ne sont pas<br />
exemptes d’une certaine part de mystère.<br />
« J’aime raconter que j’ai des origines<br />
japonaises, part-il d’un grand éclat<br />
de rire. A cause du nom de famille et<br />
de mes yeux en amandes ». Kevin Kunata<br />
est né de l’autre côté de l’Atlantique,<br />
en Guyane. Il y a vécu jusqu’à ses quatre<br />
ans. « Je me sens avant tout de Seine-et-Marne,<br />
où j’ai grandi. Je n’ai pas<br />
assez de souvenirs pour me sentir de<br />
là-bas ! Je sais que si tu aimes l’humidité,<br />
tu seras servi ! Je pense y retourner<br />
en 2016. Je suis fier d’être du 77, de la<br />
campagne parisienne ! ».<br />
LE BASKET,<br />
UNE HISTOIRE TUMULTUEUSE<br />
Le basket est arrivé dans sa vie par un<br />
« pur hasard ». « Je suis passé par tous<br />
les sports ». Tous « Non ! J’ai fait du<br />
ping-pong, du handball, du karaté, du<br />
foot ». Son premier souvenir de basket<br />
est resté intact dans son esprit.<br />
« C’était la rentrée des classes de 4 e ,<br />
j’ai 14 ans et un copain m’a invité à<br />
venir voir l’entraînement de basket. Ça<br />
m’a tout de suite plu ».<br />
Comme dans toute relation amoureuse,<br />
Kevin connait des tumultes et des<br />
revers, comme lors de sa blessure aux<br />
tendons rotuliens en 2013, alors qu’il<br />
jouait à La Charité-sur-Loire, en NM2.<br />
« Ma blessure a été une vraie rupture<br />
avec le basket pour un temps. Ça a été<br />
dur… C’est différent que d’avoir une<br />
année blanche, ça m’a été imposé. Je<br />
devais faire avec et l’accepter. Quand<br />
on est blessé, on se pose beaucoup de<br />
questions. Ça amène une certaine remise<br />
en question, c’est aussi cela qui est<br />
douloureux dans la blessure ».<br />
« L’ÂME D’UN COMPÉTITEUR »<br />
Après la blessure, vient le temps de la<br />
reconstruction et du long chemin vers<br />
le retour au haut niveau. « J’étais un<br />
joueur majeur de mon équipe, c’est<br />
donc très frustrant quand tu as un certain<br />
niveau. J’ai l’âme d’un compétiteur,<br />
donc je cherche à retrouver mon<br />
niveau d’avant. Je reprends mes repères<br />
petit à petit. J’ai déjà franchi la première<br />
étape, celle de l’appréhension.<br />
Ce n’est pas simple puisque tu veux te<br />
prouver plein de choses à toi-même,<br />
aux gens qui t’ont vu et à ceux qui ne te<br />
connaissent pas ».<br />
DES PETITS BOULOTS<br />
ET DES DIPLÔMES<br />
Kevin ne s’est jamais dit d’emblée qu’il<br />
ferait du basket son métier, c’est venu<br />
progressivement. « Puis un jour, tu te<br />
dis que tu aimerais bien en vivre,<br />
notamment parce que tu as trop délaissé<br />
l’école », explique-t-il, tou<strong>jours</strong> avec<br />
une lucidité déconcertante et un rire<br />
sincère. Formé à Clermont-Ferrand, il<br />
signe ensuite à La Charité-sur-Loire. A<br />
côté du basket, il enchaîne les petits<br />
boulots dans l’attente d’un contrat pro.<br />
« J’ai été pion et en parallèle, j’ai passé<br />
mes diplômes fédéraux et mon brevet<br />
d’État. J’ai aussi passé mon diplôme du<br />
BP JEPS pour m’occuper des enfants ».<br />
Si Kevin a rejoint Brest, c’est pour de<br />
multiples raisons alléchantes. « Brest,<br />
c’est avant tout l’équipe championne<br />
de France de N3 ! C’est un sacré projet<br />
de montée. Je connais Erwan Pottier,<br />
l’assistant coach, depuis mon ancien<br />
club La Charité, qui m’a d’ailleurs vu sur<br />
une très bonne saison. Il sait de quoi je<br />
suis capable ». Actuellement, le pivot<br />
est de rotation avec le capitaine de<br />
l’équipe Brice Vounang. « Ah ce mec, il<br />
est top ! On pourrait ériger une statue<br />
de lui à l’entrée de la salle Marcel-Cerdan<br />
».<br />
ORIANE MARREC