Téléchargez le texte complet de l'intervention de ... - Femmes 3000

Intervention de Françoise Souliman
Lancement de Femmes 3000 Côte d’Azur
Intervention de Françoise SOULIMAN, sous-préfet
directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes
- Mardi 24 octobre 2006 -
Sophia Antipolis
******
Madame la Vice-Présidente de Femmes 3000 et Présidente de Femmes 3000 Aquitaine,
Madame la Présidente de Femmes 3000 Côte d’Azur,
Mes chers amis,
Je souhaite tout d’abord vous affirmer le plaisir qui est le mien d’être parmi vous pour
la première fois ce soir, et vous remercier de m’avoir invitée à intervenir au cours de votre
réunion.
L’action de l’association Femmes 3000, créée en 1989, avec 7 délégations régionales et
plus de 1.500 adhérents et sympathisants, est à maints égards remarquable.
C’est pourquoi, je vous tout particulièrement reconnaissante de m’associer ce soir au
lancement officiel de la délégation régionale Côte d’Azur. Je suis bientôt depuis 2 ans dans
votre beau département des Alpes-Maritimes et je me sens presque Niçoise d’adoption.
Je connais le dynamisme que vous impulsez, Madame la Présidente, à la section de la
Côte d’Azur. Je salue le travail que vous y effectuez au quotidien pour l’égalité des chances, et
la mise en valeur des compétences des femmes de notre département.
- 1 -

Intervention de Françoise Souliman
*****
- Femme et vie publique
Je souhaiterai évoquer avec vous le problème de la sous-représentation des femmes
dans la vie publique.
L’association Femmes 3000 y a d’ailleurs consacré un dossier intitulé « Politique, le
temps des femmes » dans son dernier numéro de juin. Ce sujet nous tient à toutes
particulièrement à cœur.
Ernest LEGOUVE, dans sa conférence au Collège de France en avril 1848, déclarait « Les
femmes ne sont pas faites pour être des hommes d’Etat ».
Les temps passent, hélas…les préjugés demeurent…
malgré de notables avancées, j’en veux pour preuve :
Quelques grandes étapes à rappeler :
1944 : le Général de Gaulle accorde enfin aux citoyennes françaises le droit de vote.
1974 : création du Secrétariat d’Etat à la Condition féminine (Mme Françoise Giroud)
2000 : la loi sur la parité en politique
Or, malgré cela, force est de constater que demeure, aujourd’hui, une sousreprésentation
manifeste des femmes dans la vie publique
Toujours moins de 13% de femmes députées à l’Assemblée nationale. D’ailleurs,
contrairement aux idées reçues, le Sénat fait plutôt figure de bon élève, avec une assemblée
plus jeune et plus féminisée (20%) que le Palais Bourbon. Je n’en suis pas peu fière !
Les dernières élections européennes ont permis de faire élire 43% de femmes au
Parlement européen et les élections régionales de 2004 de faire passer la part des femmes
élues dans les Conseils régionaux de 27 à 47%.
- 2 -

Intervention de Françoise Souliman
Mais hélas, les propos de Louise Weiss au sujet de la présence de 3 femmes dans le
Gouvernement de Léon Blum de juin 1936 « Trois hirondelles ne font pas le printemps » sont
toujours d’une cruelle modernité.
Il reste encore à faire progresser la part des femmes dans les postes à responsabilité du
secteur public
La place des femmes dans le secteur public est quantitativement importante,
puisqu’elles sont majoritaires dans les trois fonctions publiques.
Mais la place des femmes est qualitativement inégale dans les emplois supérieurs, tant l’effet
de plafond de verre ou de plancher collant y est encore sensible.
Des pans entiers de l’emploi public supérieur se sont féminisés, parfois à grande vitesse. C’est
le cas de la magistrature, où les femmes ne sont admises que depuis 1946, mais où elles sont
devenues majoritaires, dans chaque promotion de l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM),
depuis le début des années 1980. Elles sont, depuis peu, majoritaires dans le corps, même s’il
n’en va pas de même pour les emplois dits « hors hiérarchie », à la fois pour des raisons
d’ancienneté dans le corps et pour des raisons liées à la gestion des carrières et aux
contraintes de mobilité.
Dans d’autres corps, celui des administrateurs civils, celui des administrateurs territoriaux, celui
des directeurs d’hôpitaux, les femmes sont de plus en plus nombreuses. Elles s’y
épanouissent et elles y réussissent au moins aussi bien que les hommes. Pourtant leur nombre
est en général plus proche du tiers que de la moitié. Cela est dû, parfois, à une féminisation
insuffisante des principaux corps qui constituent les viviers.
Mais cela est dû aussi, et peut-être surtout, à la crainte qu’ont les femmes chargées de
famille d’accepter des responsabilités dont elles redoutent qu’elles empiètent à l’excès sur leur
disponibilité personnelle et familiale.
- 3 -

Intervention de Françoise Souliman
La reconnaissance de la place des femmes dans la société est une « longue marche »,
qui n’est pas encore achevée.
Au 1 er janvier 2005, le corps préfectoral comptait 226 préfets (dont 11 femmes) et 523
sous-préfets (dont 73 femmes), et seulement une dizaine occupe un poste de classe 1, c’est-àdire
susceptible de devenir préfet. Bernadette Malgorn a récemment été promue au poste de
Secrétaire générale du MIAT. Cette nomination est, en tant que telle, un succès.
A l’initiative du Gouvernement, a été crée en avril 2003 un comité de pilotage pour
l’égal accès des femmes et des hommes aux emplois supérieurs des fonctions
publiques.
Désormais, des coordonnateurs doivent, dans chaque département ministériel, veiller à
la mise en place concrète et au respect des dispositions en faveur de l’égalité, comme la mixité
de la représentation de l’administration dans les instances paritaires. Les jurys de concours
doivent désormais comporter au moins un tiers de femmes, sauf cas de force majeur.
A titre d’exemple, la dernière promotion de l’ENA « Aristide BRIAND » compte 44% de
femmes, chiffre historiquement élevé, contre 20 à 25 % habituellement. Il faut saluer ce
résultat.
Au delà de la place des femmes dans la vie publique, je voudrais apporter mon
témoignage personnel, mon parcours, avant de vous présenter mon métier : sous-préfet.
- Mon engagement au cœur de l’action publique
« La modération n’a pas de sens pour les femmes » Plaute
Héritage familial
- 4 -

Cursus Sciences Po
Intervention de Françoise Souliman
Intérêt pour la chose publique : près de 10 ans au Sénat auprès du Groupe parlementaire puis
du Président du Sénat.
- Le métier de Sous-préfet
Petite histoire du corps préfectoral
La période révolutionnaire a donné naissance aux Départements, vous le savez. Au
désordre de l'organisation administrative de l'Ancien Régime, succédait, par la loi du 22
décembre 1789, un découpage administratif clair et rationnel.
Avec le département, la France comptait désormais une circonscription de base bien
adaptée aux besoins de l'administration locale.
Il restait à en assurer la direction et l'animation.
La loi du 28 pluviôse an VIII, en instituant dans chaque département un préfet "seul
chargé de l'administration", fixa le paysage administratif de la France contemporaine.
Les instructions de Napoléon Bonaparte et de son frère Lucien qui s'ensuivirent
précisèrent leurs pensées : "Il était temps d'appeler à la défense et au maintien de la
République tous les courages ; à son Administration toutes les lumières ; à sa décoration tous
les talents" (circulaire de Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, du 7 nivôse an VIII).
L'institution préfectorale était un élément essentiel de cette fonction publique dont ils
voulaient "dater le bonheur des Français".
- 5 -

Intervention de Françoise Souliman
Depuis deux siècles, l'institution préfectorale a profondément marqué l'administration de
la France et conquis l'estime des Français. De grands noms se sont illustrés au service du
pays dans les périodes fastes comme dans les heures sombres de l'histoire nationale.
On peut citer de manière non exhaustive : Georges Eugène Haussmann, Paul et Jules
Cambon, Eugène Poubelle, Louis Lépine, Jean Moulin, Paul Delouvrier.
Actualité du métier de préfet
En deux cents ans, alors que se succédaient les régimes politiques, le corps préfectoral
a fait la preuve de son efficacité dans l'administration de notre pays en sachant épouser ses
évolutions. C'est ainsi qu'il a été capable d'accompagner l'émergence des libertés locales
lors de la grande réforme de décentralisation de 1982 et de redéfinir le rôle du représentant de
l'État dans les départements et les régions.
Le corps préfectoral reste, aujourd'hui, par son impartialité et son professionnalisme,
une institution adaptée aux besoins et aux préoccupations des Français. C’est ma conviction
profonde.
Au plus près des préoccupations, des inquiétudes et des difficultés des Françaises et
des Français, l’autorité préfectorale exprime la volonté, l'efficacité, la proximité que les
Françaises et les Français attendent des serviteurs de l'État.
Interlocuteurs quotidiens des élus, des acteurs économiques, sociaux, culturels, comme
des particuliers, les préfets témoignent de cet esprit de dialogue, d'écoute, de respect, mais
aussi de neutralité et d'équité.
Ils sont avant tout les garants de l'intérêt général.
Le quotidien d’une Directrice de Cabinet – Sous-Préfet
Enjeux de la sécurité publique
Protection civile
- 6 -

Gestion de crise
Déplacement ministériels (VO)
Permanences et astreintes
Communication / Relations presse
Grandes manifestations publiques
Représentation de l’Etat
Travail avec les élus locaux et parlementaires
Intervention de Françoise Souliman
Exprimer ma fierté d'accomplir une aussi noble mission au service de nos concitoyens.
Mais tout n’est pas négatif, de nombreux progrès ont été accomplis. Et puis, il ne faut
pas tout attendre de la norme juridique, des quotas ou des textes réglementaires, notre combat
dépend de nous, de nos qualités intrinsèques, de nos compétences propres. Cela, c’est à nous
de le démontrer au quotidien.
La parité sera de fait le jour où on ne posera plus la question que l’on m’a posé à mon
oral de sous-préfet : qu’est ce qu’une femme peut apporter de plus au corps préfectoral
ce jour là, on pourra définitivement dire que le cerveau n’a pas de sexe.
*****
Je vous remercie encore une fois de m’avoir invitée et je suis à votre disposition pour
répondre à vos éventuelles questions.
- 7 -