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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ<br />

FRANÇAIS<br />

PROPOSITION DE CORRECTION POUR LE DEVOIR N° 1<br />

Nous avons choisi pour ce nouveau pack de devoirs de mettre à <strong>la</strong> disposition des inscrits et des correcteurs<br />

un même document qui comprend en première partie une aide à <strong>la</strong> correction et en seconde partie le corrigé à<br />

proprement parler.<br />

L’aide à <strong>la</strong> correction apporte des informations utiles à une correction juste et harmonisée : le barème, des<br />

indications sur les contenus attendus, des réponses à des ambigüités possibles ou des questions éventuelles.<br />

Le corrigé, quant à lui, propose des réponses qui se veulent les meilleures possibles. Elles dépassent souvent ce<br />

qu’un étudiant moyen est en mesure de faire le jour du concours car, dans le cadre d’une formation à distance, elles<br />

ont aussi pour visée d’être encore de <strong>la</strong> formation. Conçues telles quelles ces deux parties sont complémentaires<br />

et utiles aussi bien à l’inscrit qu’au correcteur.<br />

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SUJET N° 1<br />

Partie 1 : aide à <strong>la</strong> correction<br />

1) Question re<strong>la</strong>tive au texte (6 points)<br />

Document : Hubert Haddad, « Langue française, défiance et illumination », in Les scaphandriers de <strong>la</strong> rosée,<br />

Fayard, 2000, Paris, pp. 12-14.<br />

Consigne : vous ferez un commentaire du document proposé en vous interrogeant sur les valeurs de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

française défendues par l’auteur.<br />

Le commentaire repose sur l’étude d’un document à partir « de références puisées dans <strong>la</strong> culture personnelle<br />

du candidat » explique <strong>la</strong> note de présentation de l’épreuve écrite, ce qui suppose de dégager une problématique<br />

pertinente et de proposer un développement argumenté.<br />

Le texte proposé est un essai. Il peut sembler de prime abord difficile d’accès mais plusieurs lectures permettent de<br />

dégager aisément des idées clés, ce qui, dans <strong>la</strong> gestion du temps, est réalisable car il n’y a qu’un seul texte à lire et<br />

il est assez court. Précisons que Hubert Haddad, né en 1947 en Tunisie, est un écrivain de <strong>la</strong>ngue française, poète,<br />

romancier, historien d’art et essayiste.<br />

Idées principales :<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est composée de plusieurs « strates » qui comprennent différents aspects, de l’argot à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue c<strong>la</strong>ssique ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue évolue à travers un brassage d’idées et d’apports d’autres idiomes ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue permet d’accéder à une liberté intérieure ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vit de mé<strong>la</strong>nges divers, de bruits qui offrent le rêve ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est pour l’auteur un enchantement ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue nourrit l’individu ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue offre le rêve et <strong>la</strong> liberté ;<br />

- <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est facteur de cohésion, elle est universelle.<br />

On attend du candidat qu’il ait relevé plusieurs idées et qu’il les ait organisées en un p<strong>la</strong>n, en répondant à <strong>la</strong><br />

problématique. Ce type de sujet est également destiné à tester <strong>la</strong> culture du candidat ainsi que ses capacités<br />

rédactionnelles. Le commentaire rédigé proposé ici comme corrigé n’est pas ce qui est exactement attendu du<br />

candidat : ce n’est qu’un exemple. Un candidat ne sera bien sûr pas pénalisé s’il ne cite pas de mémoire des pensées<br />

de Léopold Sédar Senghor mais il devra néanmoins faire preuve de certaines compétences et connaissances.<br />

Barème proposé :<br />

Introduction (1 pt) : présentation du document, de <strong>la</strong> problématique et annonce du p<strong>la</strong>n.<br />

Développement organisé (4 pts) : p<strong>la</strong>n conforme à l’annonce, chaque partie est annoncée et organisée par des<br />

connecteurs ; les idées sont relevées et reformulées ou citées. Une illustration par une référence personnelle du<br />

candidat est attendue (une par partie). Il ne doit pas y avoir de contresens ; <strong>la</strong> plupart des idées doivent être présentes.<br />

Une conclusion très courte (1pt)<br />

Orthographe, syntaxe : moins 1 point s’il y a trop d’erreurs.<br />

Proposition de p<strong>la</strong>n : (idées principales + proposition de références pour illustrer)<br />

• Histoire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />

- La <strong>la</strong>ngue est constituée de différentes strates (§ 1) (définition approximative de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française constituée<br />

de différents étymons)<br />

- Elle est composée de divers mé<strong>la</strong>nges : (« étrangetés mêlées » § 2)<br />

- Elle présente un caractère universel : (« n’est-elle pas ce que <strong>la</strong> France a de plus universel » § 4)<br />

• Rêve et réalité<br />

- Elle permet une liberté intérieure : (« elle ouvre toutes les geôles de l’intérieur » § 2)<br />

- Elle nourrit l’individu : (« nourrit l’être et le fait croître » § 3)<br />

- Elle offre du rêve : (« activité onirique envahissante » § 3) (cf. rôle de <strong>la</strong> poésie, Nerval)<br />

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• Enchantement des mots<br />

- Caractère musical de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue « aucune autre musique vocale n’arrive à m’enchanter » (§ 2) (cf. poésie, Ver<strong>la</strong>ine;<br />

dimension théâtrale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue)<br />

- La <strong>la</strong>ngue est un chef-d’œuvre où chacun développe sa créativité « où chacun, selon son goût, se calfeutre,<br />

s’évade, s’invente ou renaît » (§ 4)<br />

2) Questions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> grammaire, à l’orthographe et au lexique. (6 points)<br />

Grammaire (2,5 pts) : relevez les pronoms dans le premier paragraphe : « Toute <strong>la</strong>ngue vivante ...voire arabe et<br />

sanskrite » et c<strong>la</strong>ssez-les selon leur nature.<br />

Comme tout relevé, il doit être exhaustif. Un c<strong>la</strong>ssement est attendu, le seul relevé avec <strong>la</strong> nature ne suffit donc pas.<br />

Barème proposé : 0,25 par c<strong>la</strong>sse grammaticale correctement annoncée ; 0,25 par pronom. Il n’est pas attendu que<br />

les formes soient énoncées.<br />

On sanctionnera les oublis et le mauvais c<strong>la</strong>ssement.<br />

On tolèrera que « on » soit proposé comme pronom personnel.<br />

Orthographe (1,5 pt) : Commentez les formes en « -ant » suivantes en vous intéressant à leur orthographe :<br />

englobant, luxuriant, donnant, en l’illustrant, en rêvant, confiant, changeant.<br />

On valorisera <strong>la</strong> copie qui propose un c<strong>la</strong>ssement des formes en les commentant.<br />

Barème : 0,5 par forme et commentaire<br />

L’identification de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse grammaticale permet d’expliquer l’orthographe des formes.<br />

Participe présent ; même si l’orthographe est <strong>la</strong> même que les adjectifs verbaux correspondants, le commentaire doit<br />

faire apparaître <strong>la</strong> différence. Sanctionnez dans le cas d’une identification d’adjectif. Toutefois l’emploi du participe<br />

présent (à dissocier de <strong>la</strong> nature) peut être adjectival ou verbal. Cette distinction (dans leur emploi) n’est pas attendue.<br />

Gérondif : on attend le caractère invariable et <strong>la</strong> formation participe présent + en.<br />

Adjectifs : on attend l’accord en genre et en nombre (ancien participe présent)<br />

Lexique (2pts) : donnez le sens de l’expression « re<strong>la</strong>tions de capil<strong>la</strong>rité ». Employez le mot capil<strong>la</strong>rité dans un autre<br />

contexte qui lui donne un autre sens et proposez un synonyme.<br />

Barème : 1pt pour le sens de l’expression et 1pt pour le dérivé correctement employé dans une phrase<br />

Sens de l’expression : <strong>la</strong> définition du mot capil<strong>la</strong>rité doit être donnée (même approximativement), emploi figuré<br />

attendu.<br />

Dérivé : capil<strong>la</strong>ire. Différents sens : cheveu, vaisseau, fougère.<br />

SUJET N° 1<br />

Partie 2 : corrigé<br />

1) Question re<strong>la</strong>tive au texte (6 points)<br />

Vous ferez un commentaire du document proposé en vous interrogeant sur les valeurs de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />

défendues par l’auteur.<br />

Document : Hubert Haddad, « Langue française, défiance et illumination », in Les scaphandriers de <strong>la</strong> rosée,<br />

Fayard, 2000, Paris, pp. 12-14.<br />

Commentaire proposé :<br />

Dans cet extrait de son essai Les scaphandriers de <strong>la</strong> rosée, paru chez Fayard en 2000, Hubert Haddad se<br />

situe symboliquement dans une lignée d’écrivains qui va d’un fondateur comme Du Bel<strong>la</strong>y, auteur de Défense et<br />

illustration de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, à un représentant de <strong>la</strong> littérature francophone comme l’auteur haïtien Jacques<br />

Roumain avec Gouverneurs de <strong>la</strong> rosée. Il y défend son amour pour <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et chante avec lyrisme les<br />

valeurs qu’elle porte et sème à tous vents. C’est sur ces valeurs, richesse et universalité, que nous nous interrogerons<br />

plus particulièrement : après avoir évoqué, à travers les propos de cet auteur polymorphe d’origine tunisienne,<br />

l’histoire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, nous exposerons les réflexions qu’elle lui inspire entre rêve et réalité pour finir par<br />

découvrir l’enchantement des mots que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue lui procure.<br />

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La <strong>la</strong>ngue française, comme tout idiome, est constituée d’apports d’origines diverses. Des éléments<br />

c<strong>la</strong>ssiques, argotiques ou propres à des champs spécifiques techniques se mêlent les uns aux autres, constituant<br />

ainsi <strong>la</strong> richesse même de cette <strong>la</strong>ngue puisqu’elle inclut « ce qui paraît inutile et lointain comme les c<strong>la</strong>sses grecque<br />

et <strong>la</strong>tine, l’argot des bouchers ou le luxuriant glossaire de <strong>la</strong> marine ». On sait que le français s’est enrichi de mots<br />

empruntés à différentes cultures en plus de ceux provenant des <strong>la</strong>ngues <strong>la</strong>tine et grecque. Henriette Walter, linguiste<br />

reconnue, explique l’ « aventure » des mots français à travers les siècles et rejoint ainsi Hubert Haddad pour qui<br />

« Une <strong>la</strong>ngue vit ainsi d’étrangetés mêlées, d’obscurités parfois et de déchirures ». C’est ce qui lui donne un caractère<br />

universel. Elle s’adresse ainsi par ses mé<strong>la</strong>nges et son évolution à tous les hommes, au-delà des nationalités, dans<br />

leur propre pays comme dans l’exil. Elle permet alors l’évasion et <strong>la</strong> découverte, <strong>la</strong> délectation réunissant les enfants<br />

comme les aînés, les exilés comme les autochtones.<br />

Oscil<strong>la</strong>nt entre rêve et réalité, le <strong>la</strong>ngage offre toutes les possibilités d’une rencontre : c’est une « promesse<br />

de liberté, [qui] ouvre toutes les geôles de l’intérieur ». Car <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française n’est pas réservée à des gardiens<br />

d’un ordre établi, explique l’auteur, elle appartient à tous, elle accueille les étrangers comme elle nourrit les siens.<br />

Employée pour expliquer et définir une réalité, elle peut aussi <strong>la</strong> dépasser pour nous emmener aux confins d’un<br />

autre espace, plus créatif. La poésie est ce qui incarne le plus, nous dit Hubert Haddad, cette singu<strong>la</strong>rité créatrice.<br />

Les mots, les images, le rapport au monde raconté par les poètes font chanter <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et offrent l’accès au rêve.<br />

Elle est « activité onirique envahissante qui se joue des exclusions et des préjugés en même temps qu’elle se libère<br />

des censures et des effrois ». C’est ainsi qu’elle nourrit l’individu et le fait grandir. L’auteur re<strong>la</strong>te ses expériences<br />

auprès d’enfants ou de jeunes adultes incarcérés, et par le jeu des ateliers qu’il anime il découvre encore et encore<br />

cette réalité, ce besoin de comprendre le monde qui nous entoure. Les poètes par leur <strong>la</strong>ngage tentent à leur façon<br />

de nous faire accéder à d’autres rivages. Dans Aurélia, Gérard de Nerval, par exemple, chante ses rêves : « Le<br />

Rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir ces portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde<br />

invisible ».<br />

Car, il est vrai, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française chante en celui qui se l’approprie, elle chante et bruisse jusqu’au fond<br />

des songes car « On ne connaît vraiment une <strong>la</strong>ngue que lorsqu’on rêve en elle ». Elle offre une musique à qui<br />

veut l’entendre et Hubert Haddad, issu d’une autre culture, est tombé sous son charme. Il parle véritablement<br />

d’enchantement, comme d’un sortilège dont il ne peut se défaire : « Je me suis tellement entiché d’elle qu’aucune<br />

autre musique vocale n’arrive à m’enchanter ». Rimbaud en son temps, dans son célèbre poème Voyelles a dit <strong>la</strong><br />

puissance conjuguée des images et des sons que les mots font éclore. L’auteur des Scaphandriers de <strong>la</strong> rosée <strong>la</strong><br />

définit donc comme un chef-d’œuvre qui rassemble tous les hommes et leur parle. Citant Joubert pour qui « <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

peut subsister sans pays mais non le pays sans <strong>la</strong>ngue », il démontre son universalité et sa continuelle réinvention.<br />

Loin d’être figée par des règles bien gardées, elle danse au rythme des mots venus d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et<br />

d’ailleurs… « Et les enfants des antipodes réinventent celle-ci merveilleusement ».<br />

En fervent admirateur, Hubert Haddad chante dans cet extrait <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française qui navigue entre rêve et<br />

réalité, ignorante des frontières. Il rejoint ici Léopold Sédar Senghor et sa belle définition de <strong>la</strong> francophonie pour qui<br />

« c’est cet humanisme intégral qui se tisse autour de <strong>la</strong> terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les<br />

continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire ».<br />

Questions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> grammaire, à l’orthographe et au lexique (6 points)<br />

*Grammaire (2,5 pts) : Relevez les pronoms dans le premier paragraphe : « Toute <strong>la</strong>ngue vivante ...voire arabe et<br />

sanskrite » et c<strong>la</strong>ssez-les selon leur nature.<br />

Pronoms personnels (ils sont ici tous des pronoms<br />

représentants)<br />

Pronoms démonstratifs<br />

Pronoms re<strong>la</strong>tifs<br />

Pronom adverbial<br />

Pronom indéfini<br />

soi : forme réfléchie et disjointe,<br />

il : forme non réfléchie et conjointe, masculin, singulier,<br />

3 e personne.<br />

c’, ce : formes simples neutres.<br />

lesquels : forme composée, masculin, pluriel,<br />

qui : forme simple<br />

que : forme simple<br />

y<br />

on : employé ici comme indéfini.<br />

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*Orthographe (1,5 pt) : Commentez les formes en « -ant » suivantes en vous intéressant à leur orthographe :<br />

englobant, luxuriant, donnant, en l’illustrant, en rêvant, confiant, changeant.<br />

Trois catégories grammaticales sont présentes qui permettent de commenter l’orthographe des formes.<br />

- Le participe présent (0,5) : englobant, donnant, changeant. Ces formes sont construites sur le radical du verbe suivi<br />

de <strong>la</strong> désinence -ant (englober → englobant ; donner → donnant ; changer → changeant). Leur emploi est celui d’un<br />

participe présent, un des modes impersonnels du verbe. Ce sont des formes verbales, elles ne s’accordent pas en<br />

genre et en nombre même si elles se rapportent à un nom.<br />

Remarque : il est important de dissocier <strong>la</strong> nature, participe présent et adjectif, de l’emploi du participe présent. Ces<br />

trois formes sont des participes présents.<br />

- Le gérondif (0,5) : en l’illustrant, en rêvant. Mode impersonnel du verbe, le gérondif est invariable : il n’y a aucune<br />

variation en personne ni d’accord en genre et nombre. Il est construit à partir du participe présent précédé du mot<br />

« en ».<br />

- L’adjectif (0,5) : luxuriant, confiant. Même s’ils sont formés sur le radical du verbe (luxuriant → formé sur l’ancien<br />

français « luxurier* » ; confiant → confier) ce sont des adjectifs qui s’accordent donc en genre et en nombre avec<br />

le nom auquel ils se rapportent (ici, masculin singulier). On parle de dérivation impropre : le participe présent, sans<br />

changer de forme, a changé de c<strong>la</strong>sse grammaticale.<br />

*Emprunt au <strong>la</strong>t. luxurians, part. prés. de luxuriare « être surabondant, luxuriant; s’abandonner à <strong>la</strong> volupté », représenté avec ces<br />

deux sens dans l’ancien français luxurier).<br />

*Lexique (2 pts) : donnez le sens de l’expression « re<strong>la</strong>tions de capil<strong>la</strong>rité ». Proposez un dérivé du mot et employezle<br />

dans une phrase.<br />

Sens de l’expression (1 pt) : « Et quelles inestimables re<strong>la</strong>tions de capil<strong>la</strong>rité le grand idiome national entretient-il<br />

avec sa parentèle anglo-saxonne, finno-ougrienne, voire arabe et sanskrite »<br />

Capil<strong>la</strong>rité est formé du radical capil<strong>la</strong>ire (Emprunt. au <strong>la</strong>t. impérial capil<strong>la</strong>ris « re<strong>la</strong>tif aux cheveux », dér. de capillus<br />

(cheveu*). et du suffixe –ité ; ce terme désigne un phénomène par lequel un liquide remonte à travers un réseau<br />

de tubes très fins, aussi fins que des cheveux. Son emploi ici est métaphorique. L’auteur fait référence à un réseau<br />

de re<strong>la</strong>tions étroites que les <strong>la</strong>ngues anglo-saxonne, finno-ougrienne et arabe et sanskrite ont tissé avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

française, et qui l’ont nourrie.<br />

Dérivé + emploi (1 pt) : capil<strong>la</strong>ire.<br />

➔ Il bénéficie depuis quelque temps de soins capil<strong>la</strong>ires.<br />

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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ<br />

PARTIE HISTOIRE-GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE DES ARTS<br />

PROPOSITION DE CORRECTION POUR LE DEVOIR N° 2<br />

PARTIE 1 - AIDE À LA CORRECTION - données générales et barème<br />

Un cadrage général<br />

Il convient avant de passer à <strong>la</strong> correction d’avoir une idée assez précise de ce que sont les étudiants qui préparent<br />

l’épreuve d’histoire, géographie et instruction civique et morale du CRPE. Dans <strong>la</strong> plupart des cas, ces étudiants<br />

n’ont pas suivi d’études d’histoire ou de géographie, et c’est à l’occasion de <strong>la</strong> préparation de ce concours qu’ils<br />

retravaillent ces disciplines, ce qu’ils n’ont pas fait depuis le lycée bien qu’ils soient tous titu<strong>la</strong>ires d’un master 2.<br />

Il s’agit d’en tenir compte dans <strong>la</strong> correction en sachant que le niveau de maîtrise des connaissances attendu est<br />

globalement celui atteint à <strong>la</strong> fin des études secondaires.<br />

Les programmes de l’épreuve d’histoire (y compris histoire des arts), géographie et instruction civique et morale sont<br />

ceux du cycle 3 de l’école primaire tels qu’ils ont été rédigés et publiés en 2008. Il s’agit des programmes dans leur<br />

intégralité : il n’y a pas de questions spécifiques au programme du concours à <strong>la</strong> différence du CAPES.<br />

Une nouvelle épreuve au concours<br />

De nouvelles épreuves du CRPE ont été définies par le JO du 6 janvier 2010. Pour l’admissibilité, il s’agit de<br />

deux épreuves de 4 heures chacune, l’une portant sur le français, l’histoire-géographie et l’instruction civique et<br />

morale, l’autre sur les mathématiques, les sciences expérimentales et <strong>la</strong> technologie. Pour ce qui nous concerne,<br />

le BO indique que « le candidat répond à des questions d’histoire (y compris histoire des arts), de géographie,<br />

et d’instruction civique et morale ayant trait à des notions inscrites dans les programmes ». Il précise que « ces<br />

questions peuvent prendre appui sur des documents ». Le barème est de 8 points, soit 4 points par question lorsque<br />

deux sont posées, ce qui n’est pas une obligation d’après le JO.<br />

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L’objectif global de l’épreuve est d’évaluer <strong>la</strong> maîtrise des savoirs disciplinaires nécessaires à l’enseignement<br />

des ces domaines en référence aux programmes. De façon implicite, deux compétences sont attendues et donc<br />

évaluées pour cette épreuve : d’une part <strong>la</strong> capacité à produire, par rapport à un sujet donné, une réponse c<strong>la</strong>irement<br />

rédigée sous une forme problématisée, organisée et argumentée ; d’autre part, puisque des documents peuvent être<br />

proposés, <strong>la</strong> capacité à comprendre et exploiter les documents en lien avec <strong>la</strong> problématique retenue et à en faire<br />

une synthèse. Enfin, les textes produits doivent attester d’une bonne maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, tant du point de vue de<br />

<strong>la</strong> richesse et de <strong>la</strong> précision lexicales que de l’orthographe. Une pénalité est d’ailleurs prévue dans le texte officiel<br />

(jusqu’à 3 points pour l’ensemble de <strong>la</strong> première épreuve d’admissibilité). On proposera, pour notre part, de pénaliser<br />

une mauvaise maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et de l’orthographe à hauteur de 1 point pour <strong>la</strong> partie « histoire, géographie et<br />

instruction civique et morale ».<br />

On attend donc une réponse qui fasse apparaître une problématique répondant au sujet, qui utilise les principales<br />

connaissances attendues (notions, événements, acteurs), qui s’appuie sur un petit nombre d’exemples significatifs,<br />

qui soit organisée en quelques paragraphes et correctement rédigée. Lorsque le sujet propose des documents, on<br />

n’hésitera pas à pénaliser les candidats qui n’établissent aucun lien entre ces derniers et <strong>la</strong> problématique retenue<br />

ou qui se contentent d’une description en lieu et p<strong>la</strong>ce d’une analyse apportant des explications. Au regard de ce que<br />

nous avons dit du niveau global des candidats, du temps limité à leur disposition pour répondre aux deux questions<br />

(dans le meilleur des cas, une heure et demie) et de l’ampleur du programme, il faut prendre <strong>la</strong> mesure de l’exigence<br />

de cette épreuve jugée difficile par de nombreux candidats. Il ne faut pas s’attendre à des réponses contenant des<br />

connaissances factuelles très importantes, mais on pénalisera les « gros » oublis ou les erreurs de taille.<br />

La notation<br />

Sous l’éc<strong>la</strong>irage des modalités nouvelles de l’épreuve qui nous concerne, on peut retenir quelques principes<br />

généraux :<br />

- chaque question se voit attribuer le même nombre de points : 4 pour chaque question ;<br />

- une pénalité de 1 point pour l’ensemble du devoir doit être prise en compte en cas de défail<strong>la</strong>nce syntaxique ou<br />

orthographique.<br />

AIDE A LA CORRECTION<br />

DEVOIR N°1 2011<br />

1.1. Le sujet d’histoire et d’histoire des arts<br />

Introduction<br />

Développement<br />

Conclusion<br />

Le développement du chemin de fer est relié à <strong>la</strong> « révolution des<br />

transports », qui est elle-même un aspect de l’industrialisation que <strong>la</strong> 1<br />

France et l’Europe occidentale ont connue au XIX e siècle.<br />

Les conséquences de l’essor du chemin de fer sont analysées de<br />

manière ordonnée et dans leur diversité : aspects économiques, sociaux, 23<br />

urbains et culturels.<br />

Le développement du chemin de fer est emblématique de l’âge industriel<br />

et de sa civilisation. 0,5<br />

2.1. Le sujet de géographie<br />

Introduction<br />

Développement<br />

Conclusion<br />

L’aéroport sera situé dans son environnement géographique et son<br />

importance soulignée. La problématique doit être c<strong>la</strong>irement formulée. 1<br />

L’aéroport doit être étudié à différentes échelles, l’ordre en étant libre.<br />

En se situant à l’échelle locale, l’inscrit doit repérer les différentes 23<br />

composantes de Roissy et montrer en quoi l’aéroport est une p<strong>la</strong>teforme<br />

multimodale.<br />

A l’échelle mondiale, on caractérise l’aéroport comme un hub d’envergure<br />

mondiale et on explique cette situation.<br />

À l’échelle régionale, on expose les enjeux économiques et<br />

environnementaux du développement de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>teforme.<br />

Tout en répondant à <strong>la</strong> problématique, <strong>la</strong> conclusion peut ouvrir le sujet<br />

sur <strong>la</strong> question du développement durable. 0,5<br />

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PARTIE 2 - corrigé - Éléments de réponse et corrigé<br />

QUESTION D’HISTOIRE ET D’HISTOIRE DES ARTS<br />

Le sujet s’inscrit dans <strong>la</strong> partie « La Révolution française et le XIX e siècle » du programme d’histoire. Il correspond<br />

à <strong>la</strong> question portant sur « La France dans une Europe en expansion industrielle et urbaine : le temps du travail en<br />

usine, des progrès techniques, des colonies et de l’émigration ». L’histoire des arts est également convoquée avec<br />

les documents proposés. Le tableau de C<strong>la</strong>ude Monet, exposé en 1877 et commenté par l’écrivain Émile Zo<strong>la</strong>, se<br />

rapporte à <strong>la</strong> partie consacrée au XIX e siècle. Il correspond aux deux points suivants : « une architecture industrielle<br />

(une gare) » et « quelques œuvres illustrant les principaux mouvements picturaux », ici l’impressionnisme.<br />

Lire et analyser le sujet<br />

Un sujet posé en histoire concerne toujours une période, un espace et un thème qu’il faut dégager pour s’assurer<br />

de sa bonne compréhension. Pour ce sujet, <strong>la</strong> période et le thème sont explicites, alors que l’espace est implicite.<br />

- La période : il s’agit du XIX e siècle, entendu non comme une phase chronologique stricte mais comme l’âge<br />

industriel caractérisé par une civilisation nouvelle, que l’on peut également qualifier d’industrielle, qui commence<br />

à se mettre en p<strong>la</strong>ce en Angleterre à <strong>la</strong> fin du XVIII e siècle pour s’affirmer en Europe occidentale et aux États-Unis<br />

dans le cours du siècle suivant. L’analyse du thème (le chemin de fer) amènera à affiner cette chronologie, de<br />

même que l’analyse des documents.<br />

- Le thème est celui du chemin de fer, dont le développement au XIX e siècle est emblématique de <strong>la</strong> « révolution des<br />

transports », qui touche aussi <strong>la</strong> navigation. Cet essor du chemin de fer est à inscrire dans le processus plus général<br />

d’industrialisation dont on pourra distinguer deux phases, <strong>la</strong> première seule correspondant au sujet : première<br />

industrialisation essentiellement fondée sur l’énergie liée à <strong>la</strong> vapeur, puis seconde industrialisation exploitant<br />

des énergies nouvelles comme l’électricité et le pétrole. Le sujet invite surtout à traiter des conséquences de ce<br />

développement du chemin de fer. Il s’agit ici de réfléchir aux effets sur les transports et les échanges (documents 1<br />

et 2) mais aussi <strong>la</strong> société et même <strong>la</strong> culture (documents 3 et 4).<br />

- L’espace est ici implicite. Les documents, comme l’intitulé du programme d’histoire, amène à centrer l’étude sur le<br />

cas français tout en l’inscrivant dans le cadre plus <strong>la</strong>rge de l’Europe.<br />

Des connaissances à mobiliser avant de passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Une fois cette analyse précise du sujet menée, il faut, toujours au brouillon, noter toutes les connaissances utiles<br />

pour traiter <strong>la</strong> question. Il peut s’agir de repères chronologiques ou géographiques très précis, en particulier ceux<br />

indiqués par les programmes comme « les repères indispensables, jalons de l’histoire nationale qui forment <strong>la</strong> base<br />

d’une culture commune » (ce qui n’est pas le cas ici) ; mais aussi de connaissances notionnelles ou factuelles plus<br />

générales sans lesquelles, le sujet ne pourra être correctement traité.<br />

Il s’agit ici d’inscrire l’essor du chemin de fer dans le cadre plus général de ce qu’on a longtemps appelé les « révolutions<br />

industrielles », concept auquel les historiens tendent aujourd’hui à substituer l’expression d’industrialisation,<br />

phénomène long et progressif caractérisé par le passage d’une économie reposant presque exclusivement sur le<br />

travail de <strong>la</strong> terre à une économie fondée sur l’industrie et utilisant de plus en plus de machines. L’industrialisation<br />

repose sur de nouvelles techniques, en premier lieu <strong>la</strong> machine à vapeur alimentée au charbon mise au point par<br />

l’Ecossais James Watt en 1760 et utilisée par <strong>la</strong> suite dans les transports bien sûr, mais aussi dans l’extraction<br />

minière, <strong>la</strong> sidérurgie ou l’industrie textile. La vapeur se substitue progressivement aux énergies traditionnelles,<br />

qu’elles soient hydrauliques, éoliennes ou animales. C’est ce qu’on a coutume d’appeler <strong>la</strong> première industrialisation<br />

: c’est à cette phase que le sujet proposé correspond. A partir des années 1880, de nouvelles innovations comme<br />

le moteur électrique (par Gramm en 1869) et l’utilisation du pétrole comme source d’énergie (moteur à essence<br />

mis au point en 1869) sont à l’origine de <strong>la</strong> seconde industrialisation qui donne notamment naissance à l’industrie<br />

automobile, qui ne fait pas partie du sujet et qu’on n’évoquera qu’en conclusion.<br />

Des connaissances en histoire des arts sont également indispensables : elles permettront d’effectuer une analyse<br />

fine du tableau de C<strong>la</strong>ude Monet et de le resituer dans le champ artistique de l’époque. Une connaissance des<br />

transformations de Paris sous le Second Empire et d’éléments biographiques sur C<strong>la</strong>ude Monet pourront par ailleurs<br />

valoriser <strong>la</strong> copie.<br />

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Problématiser puis passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Avant de se <strong>la</strong>ncer dans <strong>la</strong> rédaction, il est important de problématiser le sujet qui est proposé, c’est-à-dire de trouver<br />

<strong>la</strong> question explicite ou implicite que pose le sujet et à <strong>la</strong>quelle vous allez répondre de façon organisée et concise.<br />

Ici, il faut bien comprendre que <strong>la</strong> problématique doit chercher à faire le lien entre le libellé du sujet et les documents<br />

qui sont à étudier. Ainsi, il peut être pertinent de retenir <strong>la</strong> problématique suivante : comment l’essor du chemin de<br />

fer bouleverse-t-il les transports, les échanges et <strong>la</strong> société Ou bien : quel est le rôle du chemin de fer dans les<br />

transformations économiques et sociales du XIX e siècle <br />

Le p<strong>la</strong>n retenu peut alors comprendre trois parties. Dans <strong>la</strong> première qui servira d’introduction, le développement<br />

du réseau ferroviaire à l’échelle européenne sera décrit (à l’aide du document 1) et expliqué. Dans <strong>la</strong> seconde,<br />

on traitera des effets économiques en exploitant en particulier le document 2. La troisième partie, qui s’appuiera<br />

sur les documents 3 et 4, permettra d’évoquer <strong>la</strong> manière dont cette « révolution des transports » accompagna <strong>la</strong><br />

transformation des villes et fut perçue et représentée par les artistes.<br />

Proposition de rédaction<br />

Au début du XIX e , les transports connaissent une véritable révolution avec le développement du chemin de fer. Entre<br />

1814 et 1829, l’Ang<strong>la</strong>is George Stephenson s’inspire de <strong>la</strong> machine à vapeur, mise au point par James Watt en 1769,<br />

pour créer <strong>la</strong> première locomotive à vapeur : c’est <strong>la</strong> naissance du chemin de fer. Son essor est très rapide en Europe<br />

de l’Ouest et aux États-Unis à partir de 1850. En France, il est aussi spectacu<strong>la</strong>ire, comme le montre le document<br />

1. La première ligne, ouverte en 1829, relie Saint-Étienne à <strong>la</strong> Loire. En 1842, une loi fixe les grandes lignes du<br />

futur réseau ferré. En 1851 cependant, avec <strong>la</strong> spécu<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> crise qui freinent l’ouverture de nouvelles lignes de<br />

chemin de fer, <strong>la</strong> France ne compte que 3500 km de voies ferrées. Le Second Empire re<strong>la</strong>nce <strong>la</strong> construction. Des<br />

compagnies obtiennent en concessions un monopole pour l’exploitation de vastes régions. En 1859, l’État garantit<br />

les intérêts reversés aux actionnaires de titres ferroviaires et favorise ainsi l’afflux de capitaux et l’accélération des<br />

travaux. En 1858, 9 000 km de voies ferrées sont achevés, et en 1870 ce sont 175 000 km. En 1879, le p<strong>la</strong>n Freycinet<br />

donne un nouvel é<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> construction en développant les lignes locales.<br />

En réduisant les coûts et les dé<strong>la</strong>is, en facilitant <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion des produits, des hommes et des idées, cet essor<br />

bouleverse l’économie, <strong>la</strong> société et les paysages. En effet, <strong>la</strong> baisse continue des tarifs ferroviaires accroît le volume<br />

des produits transportés et le nombre des voyageurs. Comme l’affiche publicitaire en fait <strong>la</strong> promotion (document 2),<br />

le ravitaillement des villes est facilité, le désenc<strong>la</strong>vement des campagnes engagé. Les marchés locaux é<strong>la</strong>rgissent<br />

leurs débouchés et les régions spécialisent leurs productions. Le paysan se consacre à des cultures rémunératrices<br />

dont <strong>la</strong> clientèle est éloignée. Les produits frais, <strong>la</strong>it, fruits et légumes, peuvent parvenir dans les grandes cités en<br />

quelques heures.<br />

L’équipement ferroviaire stimule par ailleurs l’essor industriel. De nombreuses commandes sont passées aux<br />

constructions mécaniques (locomotives, wagons), aux bâtiments et travaux publics (gares, ponts, viaducs, tunnels),<br />

aux mines de charbon, aux fonderies (rails), aux verreries (gares), aux industries textiles (uniformes des cheminots,<br />

aménagement des compartiments). Enfin, l’amélioration du réseau routier venant compléter le réseau ferroviaire,<br />

<strong>la</strong> densification des réseaux routiers et ferrés favorise l’appropriation du territoire par les Français. Elle permet le<br />

désenc<strong>la</strong>vement des campagnes et de ce fait une uniformisation des mentalités. Elle contribue au développement<br />

d’un tourisme tant estival qu’hivernal. De même, <strong>la</strong> disposition des lignes en étoile autour de Paris favorise l’unification<br />

du territoire. Dans le même temps, elle entraîne également une accentuation des contrastes et des disparités au sein<br />

de l’espace français, par exemple de part et d’autre d’une ligne Le Havre-Marseille : au nord et à l’est une France<br />

plus industrielle et urbaine, au sud et à l’ouest une France plus agricole et rurale. Le réseau ferré tend par ailleurs à<br />

déséquilibrer le réseau urbain en renforçant <strong>la</strong> centralisation autour de Paris.<br />

Cette ère du rail s’accompagne enfin d’une transformation des villes. Encouragée par Napoléon III, une politique de<br />

grands travaux urbains est menée, visant à favoriser les circu<strong>la</strong>tions dans les grandes villes en plein essor. A Paris,<br />

les travaux sont confiés au préfet Haussmann, préfet de <strong>la</strong> Seine de 1853 à 1869. Le tissu urbain des vieux quartiers<br />

est brisé et de nouveaux axes s’ouvrent. Les gares voient leurs accès dégagés et sont reliées les unes aux autres.<br />

Leur architecture même est remodelée. L’industrialisation a favorisé l’utilisation de nouveaux matériaux, le fer et le<br />

verre, qui permettent <strong>la</strong> construction de vastes verrières et de voûtes en métal de grande portée. L’architecture des<br />

gares résume cette révolution technologique. C’est ainsi que les gares deviennent dans <strong>la</strong> seconde moitié du XIX e<br />

siècle les symboles de <strong>la</strong> civilisation moderne.<br />

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Cette ville transformée devient objet de recherche pour <strong>la</strong> peinture. Les gares, ces « cathédrales de l’humanité<br />

nouvelle » selon Théophile Gautier, renouvellent par exemple l’inspiration des peintres, telle <strong>la</strong> gare Saint-Lazare,<br />

point de départ de tous les hauts lieux de l’impressionnisme (Argenteuil, Pontoise, Giverny, etc.) et le pont de<br />

l’Europe, grand ouvrage métallique achevé en 1868 qui surplombe ses voies. Le peintre C<strong>la</strong>ude Monet, fasciné par cet<br />

aspect de l’âge industriel et urbain, utilise une nouvelle technique artistique pour les représenter : l’impressionnisme.<br />

Mouvement pictural né en France à partir de 1874, sous l’influence entre autres de Monet, Pissarro, Degas et<br />

Renoir, l’impressionnisme naît d’un rejet de l’académisme qui privilégie le travail en atelier et les sujets d’histoire.<br />

L’impressionnisme repose sur une nouvelle démarche du peintre qui consiste à peindre en plein air et surtout à<br />

rendre l’impression suscitée par <strong>la</strong> scène contemplée, comme si elle était prise sur le vif. C<strong>la</strong>ude Monet (1840-1926)<br />

est le chef de file de cette école, et c’est d’ailleurs le titre de l’un de ses tableaux, « Impression, soleil levant » (1872),<br />

qui lui a donné son nom. Vou<strong>la</strong>nt saisir notamment <strong>la</strong> lumière par une technique nouvelle : <strong>la</strong> juxtaposition de petites<br />

touches de peinture, Monet est célèbre pour ses représentations de paysages, mais il est aussi fasciné par les<br />

progrès techniques de son époque. Il réalise 7 toiles différentes représentant <strong>la</strong> gare Saint-Lazare pour l’exposition<br />

impressionniste de 1877 (le document 3 représente l’une d’elles). En janvier 1877, C<strong>la</strong>ude Monet s’est installé près<br />

de <strong>la</strong> gare Saint-Lazare. Désireux de s’atteler à un sujet résolument moderne et urbain, le peintre obtient du directeur<br />

des Chemins de fer de l’Ouest l’autorisation officielle de dresser son chevalet à l’intérieur de <strong>la</strong> gare. Installé sur le<br />

quai de <strong>la</strong> ligne d’Auteuil, Monet représente l’activité fourmil<strong>la</strong>nte du lieu, comme l’observe Emile Zo<strong>la</strong> (document 4).<br />

Au centre, une locomotive sombre entre en gare en <strong>la</strong>issant s’échapper de gros nuages de fumée. À gauche,<br />

l’isolement d’un wagon à l’arrêt contraste avec l’effervescence d’un départ ou d’une arrivée, à droite. D’imposants<br />

immeubles baignés de lumière et un ciel clément se partagent tout l’arrière-p<strong>la</strong>n. L’architecture de <strong>la</strong> halle crée<br />

subtilement une composition symétrique où <strong>la</strong> perspective s’enfonce au centre dans <strong>la</strong> profonde tranchée que <strong>la</strong><br />

construction des voies a creusée le long de <strong>la</strong> rue de Rome. Monet saisit sur le vif l’atmosphère bouillonnante qui,<br />

tour à tour, estompe ou souligne <strong>la</strong> charpente métallique et <strong>la</strong> verrière de <strong>la</strong> marquise, le tracé des voies, les façades<br />

des immeubles, les silhouettes. Par une palette riche et une touche variée, le peintre fixe les « impressions » que lui<br />

inspirent les jeux multiples de lumière et de couleurs entre le soleil et <strong>la</strong> vapeur.<br />

L’essor du chemin de fer en France au XIX e siècle joue donc un rôle majeur dans <strong>la</strong> transformation de l’économie<br />

et de <strong>la</strong> société. Il participe à l’industrialisation et à l’unification du territoire, accélère les échanges et les mobilités,<br />

contribue à remodeler le paysage urbain dont <strong>la</strong> modernité fascine les peintres impressionnistes. Au XX e siècle,<br />

ce seront le pétrole et l’industrie automobile qui, dans le domaine des transports, joueront un rôle transformateur<br />

analogue.<br />

QUESTION DE GEOGRAPHIE<br />

Le sujet se rapporte c<strong>la</strong>irement à <strong>la</strong> partie du programme « Se dép<strong>la</strong>cer en France et en Europe » et correspond<br />

exactement au point « un aéroport ». Plus globalement, il s’inscrit dans le cadre du programme qui a « pour objectifs<br />

de décrire et de comprendre comment les hommes vivent et aménagent leurs territoires » : l’aéroport de Roissy est<br />

bien un exemple complet d’aménagement. Le programme invite aussi à situer les sujets « en premier lieu à l’échelle<br />

locale et nationale » puis à dégager « les principales caractéristiques de <strong>la</strong> géographie de <strong>la</strong> France dans un cadre<br />

européen et mondial ». Cet aéroport international, situé à <strong>la</strong> porte de Paris, capitale de <strong>la</strong> France et ville-monde,<br />

autorise ce travail à différentes échelles. Avec les documents proposés, le sujet répond en outre à l’exigence posée<br />

dans le programme d’une « fréquentation régulière du globe, de cartes, de paysages ». Enfin, l’aéroport, par le<br />

mode de transport qu’il sert et les équipements qu’il implique, est l’occasion de poser <strong>la</strong> question du développement<br />

durable, composante du programme de géographie.<br />

Lire et analyser le sujet<br />

Un sujet de géographie propose toujours un espace dans lequel s’inscrit une réflexion sur un thème. La question<br />

de <strong>la</strong> période ne se pose pas vraiment en géographie puisque <strong>la</strong> réflexion est toujours menée aujourd’hui, avec des<br />

données les plus actuelles possibles. Cependant, il est très souvent utile de se p<strong>la</strong>cer dans une démarche diachronique<br />

pour faire apparaître une évolution ou d’utiliser l’histoire pour trouver l’origine d’une situation géographique. Pour<br />

ce sujet, l’espace n’est pas directement défini. Il s’agit en fait de jouer sur les échelles – locale, régionale, nationale<br />

et internationale. Le thème est lui aussi implicite : il porte sur les dép<strong>la</strong>cements ; or l’aéroport est bien un carrefour<br />

de flux de différentes natures et ce, à différentes échelles. L’objet d’étude, en revanche, est nettement identifié :<br />

l’aéroport Paris-Charles de Gaulle (Roissy).<br />

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Des connaissances à mobiliser avant de passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Une fois cette analyse précise du sujet menée, il faut, toujours au brouillon, noter toutes les connaissances utiles pour<br />

traiter <strong>la</strong> question. Il s’agit de situer l’aéroport de Roissy parmi les grands carrefours de communication de l’espace<br />

français mais aussi européen. Equipé de longue date, le territoire français est bien desservi, en routes, voies ferrées<br />

et aéroports qui permettent aux personnes, marchandises et informations de circuler en très grande quantité sur le<br />

territoire et avec le reste du monde. La modernisation des moyens de transport, en particulier internationaux et à<br />

grande vitesse, favorise les grands carrefours : aux portes des grandes métropoles se constituent des p<strong>la</strong>tes-formes<br />

multimodales assurant l’interconnexion des grands réseaux et des différents modes de transports. Dans le cas du<br />

transport aérien tout spécialement, <strong>la</strong> logique du hub s’impose, qui consiste pour les compagnies à concentrer les<br />

flux vers quelques nœuds avant de les redistribuer.<br />

Problématiser puis passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Avant de se <strong>la</strong>ncer dans <strong>la</strong> rédaction, il est important de problématiser le sujet qui est proposé, c’est-à-dire de trouver<br />

<strong>la</strong> question explicite ou implicite que pose le sujet et à <strong>la</strong>quelle vous allez répondre de façon organisée et concise.<br />

Ici, il faut bien comprendre que <strong>la</strong> problématique doit chercher à faire le lien entre le libellé du sujet et les documents<br />

qui sont à étudier. C’est ainsi que l’analyse multisca<strong>la</strong>ire s’impose. Par ailleurs, comme l’intitulé du sujet le suggère,<br />

l’aéroport doit être étudié non pour lui-même mais en tant qu’aménagement qui permet au territoire français de<br />

s’inscrire dans <strong>la</strong> mondialisation. Ainsi, il peut être pertinent de retenir <strong>la</strong> problématique suivante : en quoi l’aéroport<br />

Paris-Charles de Gaulle (Roissy) traduit-il l’insertion de <strong>la</strong> France dans <strong>la</strong> mondialisation <br />

Le p<strong>la</strong>n retenu peut alors comprendre trois parties, organisées par niveau d’échelle. Dans <strong>la</strong> première, on étudiera,<br />

à l’échelle locale, l’organisation spatiale du complexe aéroportuaire pour montrer que Roissy est une grande p<strong>la</strong>teforme<br />

multimodale. La deuxième partie montrera comment, en po<strong>la</strong>risant les flux à l’échelle internationale, Roissy<br />

apparaît comme un hub européen et mondial. Dans <strong>la</strong> troisième partie, on analysera <strong>la</strong> difficile insertion de l’aéroport<br />

dans son environnement régional, notamment en terme de développement durable.<br />

Proposition de rédaction<br />

Situé à 30 km au Nord-Est de Paris, s’étendant sur 32 km 2 , l’aéroport Paris-Charles de Gaulle (Roissy) est l’un des<br />

principaux aéroports mondiaux. Occupant le 5e rang pour le trafic de passagers en 2008, il est le premier hub aérien<br />

européen avec <strong>la</strong> plus grande offre de correspondances. Véritable carrefour multimodal, il traduit, à différentes<br />

échelles, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de Paris et de <strong>la</strong> France dans l’espace mondialisé.<br />

L’analyse de <strong>la</strong> photographie aérienne permet de repérer, à l’échelle locale, l’étendue des aménagements liés à<br />

l’aéroport (environ 8 km d’est en ouest, 6 km du nord au sud) ainsi que leur diversité fonctionnelle. On peut ainsi<br />

distinguer les voies d’accès qui le desservent à différentes échelles (autoroutes, ligne à grande vitesse et gare<br />

TGV, RER). L’aéroport assure ainsi l’interconnexion entre différents modes de transports. On peut aussi relever<br />

les infrastructures liées au transport aérien lui-même : pistes, terminaux, tour de contrôle, bâtiments techniques.<br />

Enfin, l’aéroport, par sa fonction de carrefour et nœud multimodal, attire ou engendre des activités spécifiques :<br />

siège social de <strong>la</strong> compagnie Air France-KLM (principal compagnie aérienne qui opère dans l’aéroport), zone de fret<br />

et de logistique multimodale (pour <strong>la</strong> gestion des flux de marchandises), zone d’activités de Paris-Nord et centre<br />

d’exposition de Paris Nord Villepinte (qui profitent des flux générés par l’aéroport), hôtels (pour les passagers en<br />

transit).<br />

L’observation des alentours immédiats de l’aéroport permet d’identifier le type d’espace dans lequel il a été imp<strong>la</strong>nté :<br />

on se trouve à <strong>la</strong> périphérie nord de l’agglomération parisienne, en zone périurbaine. Cette situation périphérique est<br />

liée au problème des nuisances sonores engendrées par le trafic aérien, mais on remarque néanmoins des zones<br />

d’habitation à proximité immédiate du site. Cette position présente un autre avantage : les terres agricoles assurent<br />

une réserve d’espace pour un développement futur de l’aéroport.<br />

L’étendue comme <strong>la</strong> complexité de cette p<strong>la</strong>te-forme multimodale ne s’expliquent que par <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce occupée par<br />

l’aéroport de Roissy dans les échanges internationaux.<br />

La carte (document 2) permet de repérer l’extraordinaire concentration spatiale des principaux aéroports mondiaux,<br />

qui tous appartiennent à l’un ou l’autre des pôles de <strong>la</strong> Triade (Amérique du Nord, Europe occidentale, Asie orientale).<br />

L’aéroport Paris-Charles de Gaulle occupe le 5e rang pour le trafic de passagers, le 6e pour le trafic de marchandises<br />

: c’est l’un de ces aéroports capables de po<strong>la</strong>riser les flux. Ce rang tient d’abord à l’importance de Paris, métropole<br />

européenne et mondiale de premier rang, et destination touristique majeure. Il est aussi le résultat de <strong>la</strong> politique<br />

d’aménagement de l’Etat qui, face à <strong>la</strong> saturation d’Orly, a décidé de construire un nouvel aéroport au Nord-est<br />

de Paris. Inauguré en 1974, Roissy est rapidement devenu l’aéroport français le plus fréquenté, spécialisé dès sa<br />

mise en service dans les vols internationaux alors qu’Orly était dédié aux vols nationaux. La p<strong>la</strong>ce de Roissy parmi<br />

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les premiers aéroports mondiaux s’explique aussi par <strong>la</strong> stratégie de <strong>la</strong> compagnie Air France qui en a fait son hub<br />

(document 3). Un hub est un nœud de communication vers lequel des flux sont concentrés avant d’être redistribués.<br />

Dans un contexte de dérégu<strong>la</strong>tion et de concurrence, les compagnies aériennes s’organisent en effet en hubs qui leur<br />

permettent de gagner en efficacité et de réaliser des économies d’échelle. A l’échelle européenne, le hub parisien est<br />

directement en concurrence avec les aéroports de Londres, Francfort et Amsterdam. Le TGV, auquel l’aéroport de<br />

Roissy est connecté, assure à cet égard un rôle majeur : il lui assure une bonne accessibilité depuis les métropoles<br />

de province qui sont ainsi raccordées aux grandes destinations mondiales.<br />

L’extension de l’aéroport et l’importance du trafic qu’il assure est cependant <strong>la</strong> source de nuisances, en particulier<br />

sonores, qui mettent au jour <strong>la</strong> difficulté de concilier les différents impératifs d’un développement durable de Roissy.<br />

La vue aérienne de l’aéroport révèle <strong>la</strong> présence de zones habitées à proximité des pistes. Elle éc<strong>la</strong>ire le communiqué<br />

de presse de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du<br />

Logement, reproduit sur le site d’une association de riverains qui vise à dénoncer les nuisances sonores produites<br />

par l’aéroport. Le document permet d’identifier les différents acteurs mobilisés pour un développement durable de<br />

Roissy (Etat, départements, ADP, Air-France, riverains) et leurs propositions. Parmi celles-ci, l’interdiction du vol<br />

de nuit pour les appareils les plus bruyants ainsi que <strong>la</strong> modification des trajectoires de vol doivent tenir compte<br />

d’impératifs économiques (<strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme constitue un pôle de développement économique stratégique et créateur<br />

d’emplois), des exigences liées à <strong>la</strong> sécurité mais aussi des revendications des riverains en terme de qualité de vie.<br />

De <strong>la</strong> même façon, le P<strong>la</strong>n d’Exposition au Bruit adopté en 2007, qui interdit les constructions dans les zones les plus<br />

exposées, pose certains problèmes, telle que <strong>la</strong> limitation des constructions dans une zone attractive pour l’emploi<br />

ou <strong>la</strong> dévalorisation du patrimoine immobilier.<br />

P<strong>la</strong>teforme multimodale et hub mondial, l’aéroport Paris-Charles de Gaulle est devenu un outil majeur d’intégration de<br />

<strong>la</strong> France dans <strong>la</strong> mondialisation. Il traduit également le rang de <strong>la</strong> métropole parisienne parmi les « villes-mondes ».<br />

Cette croissance génératrice d’emplois pose néanmoins <strong>la</strong> question du développement durable, à l’échelle mondiale<br />

(avec <strong>la</strong> consommation de carburant issu du pétrole et l’émission de gaz à effet de serre) comme à l’échelle locale<br />

(avec les nuisances sonores en particulier).<br />

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5CH65CTWB0313<br />

PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ<br />

FRANÇAIS<br />

PROPOSITION DE CORRECTION POUR LE DEVOIR N° 3<br />

Nous avons choisi pour ce nouveau pack de devoirs de mettre à <strong>la</strong> disposition des inscrits et des<br />

correcteurs un même document qui comprend en première partie une aide à <strong>la</strong> correction et en seconde<br />

partie le corrigé à proprement parler.<br />

L’aide à <strong>la</strong> correction apporte des informations utiles à une correction juste et harmonisée : le barème,<br />

des indications sur les contenus attendus, des réponses à des ambigüités possibles ou des questions<br />

éventuelles. Le corrigé, quant à lui, propose des réponses qui se veulent les meilleures possibles. Elles<br />

dépassent souvent ce qu’un étudiant moyen est en mesure de faire le jour du concours car, dans le cadre<br />

d’une formation à distance, elles ont aussi pour visée d’être encore de <strong>la</strong> formation. Conçues telles quelles<br />

ces deux parties sont complémentaires et utiles aussi bien à l’inscrit qu’au correcteur.<br />

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SUJET N° 2<br />

Partie 1 : aide à <strong>la</strong> correction<br />

1) Question re<strong>la</strong>tive aux textes (6 points)<br />

À partir du corpus proposé, vous analyserez le rapport qu’entretiennent les lecteurs avec le livre et <strong>la</strong> lecture.<br />

Document 1 : Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, Folio, 1983, pp.266-267.<br />

Document 2 : Jules Vallès, L’Enfant, Hachette, Biblio Collège, 2006, pp. 95-96.<br />

Document 3 : Jean-Paul Sartre, Les mots in Les Mots et autres écrits autobiographiques, Gallimard, Bibliothèque<br />

de La Pléiade, 2010, pp. 23-24.<br />

Les documents proposés dans ce corpus sont des textes autobiographiques qui ne posent pas de problème<br />

de compréhension. Chaque auteur y met en scène son rapport à <strong>la</strong> lecture et en re<strong>la</strong>te les effets.<br />

Pour information, voici une brève présentation de chaque auteur : N. Sarraute (1900-1999), originaire d’une<br />

famille de <strong>la</strong> bourgeoisie juive, aisée et cultivée de Russie, livre ses souvenirs d’enfance jusqu’à son entrée en<br />

sixième. La particu<strong>la</strong>rité de l’œuvre réside dans son traitement narratif : elle fait alterner deux voix qui correspondent<br />

toutes les deux à l’auteur. L’une présente le récit des événements passés tandis que l’autre se consacre à une<br />

réflexion critique. Pour ce qui concerne Jules Vallès (1832-1885), il était un enfant battu par sa mère qui s’ennuyait<br />

à l’école et au collège, n’y trouvant que brimades. L’enfant est une œuvre autobiographique publiée tout d’abord en<br />

feuilleton en 1878. C’est le premier volet d’une trilogie dont les titres suivants seront Le Bachelier et l’Insurgé. A<br />

travers son héros Jacques Vingtras, il livre ses souvenirs d’une enfance qui ne fut pas très heureuse. Quant à Jean-<br />

Paul Sartre (1905-1980), enfant unique d’une famille bourgeoise cultivée, il vécut seul avec sa mère Anne-Marie<br />

chez ses grands parents maternels jusqu’à 11 ans du fait de <strong>la</strong> disparition de son père alors qu’il n’en avait que deux.<br />

Les Mots ont été publiés <strong>la</strong> première fois en 1964. Il s’agit d’une œuvre autobiographique dans <strong>la</strong>quelle l’auteur livre<br />

ses souvenirs d’enfance re<strong>la</strong>tifs à cette période. Elle est divisée en deux parties intitulées « Lire » et « Ecrire ».<br />

L’analyse demande à faire des rapprochements, à établir des complémentarités ou des divergences et à les<br />

organiser en un développement qui doit progresser de manière nette ; ceci a pour visée de traiter <strong>la</strong> problématique<br />

dégagée, et de témoigner de <strong>la</strong> cohérence du jugement, même s’il est complexe.<br />

Barème proposé :<br />

Introduction : présentation des documents, de <strong>la</strong> problématique et annonce du p<strong>la</strong>n, 1pt.<br />

Développement organisé : le p<strong>la</strong>n doit être conforme à l’annonce, chaque partie est annoncée et organisée par<br />

des connecteurs ; les idées sont relevées et reformulées ou citées. Il ne doit pas y avoir de contresens, <strong>la</strong> plupart<br />

des idées doit être présente. Les citations des textes peuvent être présentes mais avec parcimonie. Aucun apport<br />

personnel (commentaire, idée) n’est attendu. Tous les textes doivent être présentés dans l’analyse. Une conclusion<br />

très courte. 4,5 pts<br />

Une conclusion très courte (pas de sanction si elle est absente). 0,5 pt<br />

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Orthographe, syntaxe : moins 1 pt s’il y a trop d’erreurs.<br />

Proposition 1 :<br />

Idées principales<br />

Texte 1 (Sarraute) Texte 2 (Vallès) Texte 3 (Sartre)<br />

- L’entrée dans le livre est une<br />

entrée dans un autre univers (une<br />

vie par procuration) 1A<br />

- La lecture lui procure un bonheur<br />

intense : « C’est un moment de<br />

bonheur intense » qui permet le<br />

partage des aventures avec les<br />

héros 1B<br />

- La lecture extrait de <strong>la</strong> réalité vers<br />

<strong>la</strong>quelle il est difficile de revenir :<br />

« c’est à ce moment-là qu’il faut<br />

répondre à des voix d’un autre<br />

monde » 1C<br />

- Le livre transporte le lecteur dans<br />

un autre monde (marqué à <strong>la</strong> fois<br />

par l’ellipse temporelle et le b<strong>la</strong>nc<br />

du texte) : « Il est nuit » 2A<br />

- La lecture est physique. Elle<br />

entraine un rapport au corps<br />

douloureux : « J’ai le cou brisé, <strong>la</strong><br />

nuque qui me fait mal » 2B<br />

- Le lecteur s’identifie au<br />

personnage Robinson Crusoe :<br />

« je vois se profiler <strong>la</strong> tête longue<br />

d’un peuplier comme le mât du<br />

navire de Crusoé » 2C<br />

- Le lecteur tente de s’approprier le<br />

livre et établit un rapport physique<br />

avec lui : « je les f<strong>la</strong>irai, je les<br />

palpai » 3A<br />

- La lecture permet un pont avec <strong>la</strong><br />

réalité : « L’histoire, ça venait pardessus<br />

le marché : c’était le lien de<br />

ses soliloques. » 3B<br />

- Entrée dans un autre univers :<br />

« nous étions seuls et c<strong>la</strong>ndestins,<br />

loin des hommes, des dieux et des<br />

prêtres, deux biches au bois, avec<br />

ces autres biches, les Fées » 3C<br />

- La lecture développe l’imaginaire,<br />

l’accès à des mondes merveilleux :<br />

« on voit à chaque instant des<br />

pa<strong>la</strong>is » 1D<br />

- La frontière entre <strong>la</strong> réalité et<br />

<strong>la</strong> fiction sont ténues : « Est-ce<br />

Vendredi Sont-ce des sauvages <br />

C’est le petit pion [...] » 2D<br />

- La lecture est une musique<br />

étrange : « faisaient vibrer les<br />

doubles consonnes » 3D<br />

Les auteurs partagent de façon générale le même point de vue sur les effets de <strong>la</strong> lecture, aussi est-il facile de faire<br />

des rapprochements.<br />

Un code couleur permet de relier les idées entre elles. Il s’agira ensuite de définir l’ordre de présentation et d’organiser<br />

un p<strong>la</strong>n structuré.<br />

Couleur : <strong>la</strong> lecture est une activité qui fait intervenir les sens et apporte du bonheur.<br />

Couleur : <strong>la</strong> lecture permet l’accès à un autre monde ; elle offre l’occasion de rencontres avec le personnage grâce<br />

à <strong>la</strong> transformation du lecteur.<br />

Couleur : <strong>la</strong> lecture permet de vivre différemment <strong>la</strong> réalité ; le lecteur vit dans un autre monde, il établit des liens<br />

entre ce qu’il vit réellement et ce qu’il lit.<br />

Il est évident que plusieurs p<strong>la</strong>ns sont possibles tant qu’ils permettent de rendre compte des idées essentielles des<br />

textes et que <strong>la</strong> progression choisie est cohérente. Voici deux p<strong>la</strong>ns possibles :<br />

* P<strong>la</strong>n A :<br />

Après avoir défini les rapports physiques que le lecteur entretient avec l’objet livre (I), on présente le transport<br />

éprouvé par <strong>la</strong> lecture (II) pour enfin expliquer le regard que le lecteur porte sur le monde (III)<br />

I. La lecture et le rapport au corps<br />

Le corps accompagne <strong>la</strong> lecture (<strong>la</strong> voix, l’épuisement physique, l’absence)<br />

1C, 3D, 2B<br />

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Proposition 2 :<br />

II. Le lecteur devient un autre<br />

1. Il s’identifie à un personnage : 1A, 2C,<br />

2. Il vit un moment de bonheur intense1B, 3B<br />

III. La lecture entretient des rapports particuliers avec <strong>la</strong> réalité<br />

1. Elle permet l’entrée dans un monde nouveau : 3B, 3C, 2A<br />

2. Elle donne accès à un univers merveilleux : 1D, 2D<br />

Texte 1 (Sarraute) Texte 2 (Vallès) Texte 3 (Sartre)<br />

- L’entrée dans le livre est une<br />

plongée dans un autre univers :<br />

« je m’y jette, je tombe »<br />

- Le lecteur s’identifie aux<br />

personnages : « je suis attachée<br />

à ceux qui sont <strong>la</strong> beauté », « je<br />

dois avec eux… », « chez nous, làbas<br />

».<br />

- Le livre transporte le lecteur dans<br />

un autre monde (marqué à <strong>la</strong> fois<br />

par l’ellipse temporelle et le b<strong>la</strong>nc<br />

du texte : « Il est nuit »<br />

- La lecture est physique. Elle<br />

entraine un rapport au corps<br />

douloureux : « J’ai le cou brisé, <strong>la</strong><br />

nuque qui me fait mal »<br />

- Le lecteur tente de s’approprier le<br />

livre et établit un rapport physique<br />

avec lui : « je les f<strong>la</strong>irai, je les<br />

palpai »<br />

- Le livre ouvre l’accès à un autre<br />

univers : « nous étions seuls et<br />

c<strong>la</strong>ndestins, loin des hommes, des<br />

dieux et des prêtres »<br />

- La lecture procure un bonheur<br />

intense : « C’est un moment de<br />

bonheur intense » qui permet le<br />

partage des aventures avec les<br />

héros.<br />

- La lecture extrait de <strong>la</strong> réalité vers<br />

<strong>la</strong>quelle il est difficile de revenir :<br />

« c’est à ce moment-là qu’il faut<br />

répondre à des voix d’un autre<br />

monde »<br />

- La lecture donne à voir des<br />

mondes merveilleux : « on voit à<br />

chaque instant des pa<strong>la</strong>is »<br />

- Lire donne des images à voir :<br />

« je fais passer tous les oiseaux de<br />

l’île, je vois se profiler […] comme<br />

le mât du navire de Robinson<br />

Crusoë ».<br />

- Le lecteur est « pris d’une émotion<br />

intense »<br />

- Le lecteur s’identifie au<br />

personnage Robinson Crusoë :<br />

« je vois se profiler <strong>la</strong> tête longue<br />

d’un peuplier comme le mât du<br />

navire de Crusoë »<br />

- La frontière entre <strong>la</strong> réalité et<br />

<strong>la</strong> fiction est brouillée : « Est-ce<br />

Vendredi Sont-ce des sauvages <br />

C’est le petit pion [...] »<br />

- La lecture crée un monde<br />

parallèle : « ma mère s’était<br />

absentée. »<br />

- L’enfant s’identifie aux<br />

personnages du conte : « nous<br />

étions […] deux biches au bois,<br />

avec ces autres biches, les Fées »<br />

- La lecture est une musique<br />

étrange : « faisaient vibrer les<br />

doubles consonnes »<br />

* P<strong>la</strong>n B (<strong>la</strong> progression choisie va vers ce qui est jugé le plus important)<br />

I. Le livre abolit les frontières du temps et de l’espace.<br />

II. Le livre permet de s’extraire de <strong>la</strong> réalité grâce au processus d’identification<br />

III. Le livre apporte un bonheur intense, sensuel (vue (images), ouïe (sons, musique de <strong>la</strong> voix), et<br />

même toucher.)<br />

2) Questions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> grammaire, à l’orthographe et au lexique. (6 points)<br />

Grammaire (2,5pts) : Dans le premier paragraphe du texte de Jean-Paul Sartre (document 3), relevez sous<br />

forme d’un c<strong>la</strong>ssement raisonné les différentes propositions subordonnées et analysez-les. « Je ne savais<br />

pas... l’eau de Cologne ».<br />

Sont sanctionnés les relevés des verbes à l’infinitif, pris comme des propositions subordonnées infinitives.<br />

Barème : par catégorie de subordonnée. (0,25 pour les re<strong>la</strong>tives, 0,5 pour les complétives, 0,5 <strong>la</strong> circonstancielle)<br />

0,25 par subordonnée analysée (on ne comptera que 0,5 pour les 5 re<strong>la</strong>tives)<br />

4 5CH65CTWB0313


Orthographe (2 pts) : Vous commenterez les différents usages de <strong>la</strong> lettre « s » dans l’extrait suivant (document<br />

2) : « Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres<br />

s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien. »<br />

La c<strong>la</strong>ssification selon Nina Catach n’est pas attendue (c’est-à-dire les différents noms des fonctions) dès lors<br />

qu’il y a explication. Doit apparaître un c<strong>la</strong>ssement qui explique <strong>la</strong> valeur phonologique ou grammaticale. On<br />

accepte « les » dans <strong>la</strong> valeur phonologique car e + s donne effectivement le son [ε].<br />

Barème :<br />

Phonogrammes : 0,5 (0,25/ phonème)<br />

Morphogrammes : 1,5 (1/ grammatical ; 0,5 lexical) ; Concernant les morphogrammes lexicaux, on peut<br />

accepter que les mots soient c<strong>la</strong>ssés dans une catégorie non fonctionnelle.<br />

Lexique (1,5 pt) : vous donnerez <strong>la</strong> définition d’un champ lexical puis vous relèverez dans le premier paragraphe<br />

du document 1 : « Voici enfin le moment attendu……nous sauver » les champs lexicaux présents.<br />

Définition d’un champ lexical (0,5)<br />

Champs lexicaux relevés (on attend au moins deux champs lexicaux nommés et comprenant au moins 5 mots<br />

chacun) (0,5/ champ lexical)<br />

PARTIE 2 : Corrigé<br />

1) Question re<strong>la</strong>tive aux textes (6 points)<br />

À partir du corpus proposé, vous analyserez le rapport qu’entretiennent les lecteurs avec le livre et <strong>la</strong> lecture.<br />

Document 1 : Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, Folio, 1983, pp.266-267.<br />

Document 2 : Jules Vallès, L’Enfant, Hachette, Biblio Collège, 2006, pp. 95-96.<br />

Document 3 : Jean-Paul Sartre, « Les mots » in Les Mots et autres écrits autobiographiques, Gallimard,<br />

Bibliothèque de La Pléiade, 2010, pp. 23-24.<br />

Proposition d’analyse rédigée p<strong>la</strong>n A :<br />

Le corpus proposé à l’analyse est constitué de textes à tendance autobiographique, présentant les<br />

bienfaits de <strong>la</strong> lecture. Le document 1 est un extrait de Enfance, écrit par Nathalie Sarraute qui découvre un<br />

personnage qui <strong>la</strong> transporte : Rocambole. Le document 2 traite également de l’enfance : L’Enfant ; écrit par<br />

Jules Vallès, il met en scène le pouvoir d’évasion de <strong>la</strong> lecture. Le dernier document, Les mots de Jean-Paul<br />

Sartre, présente à son tour le jeune Jean-Paul découvrant <strong>la</strong> lecture. Ainsi pouvons-nous analyser le rapport<br />

qu’entretiennent les lecteurs avec le livre. Si <strong>la</strong> lecture s’inscrit dans un rapport au corps, elle permet au jeune<br />

lecteur de devenir, un temps, un autre, elle établit alors des re<strong>la</strong>tions particulières avec <strong>la</strong> réalité.<br />

Les trois auteurs de ces textes racontent leur lien avec <strong>la</strong> lecture qui est vue comme un véritable bienfait.<br />

Entrer dans le livre développe une posture, un comportement physique. Le corps accompagne <strong>la</strong> lecture. Si le livre<br />

crée une absence chez Nathalie Sarraute « mon air absent, hagard » dit-elle, ce sera un épuisement physique<br />

chez Jacques Vingtras, le héros de Vallès. A <strong>la</strong> manière d’un sportif, il présente des courbatures, comme affaibli par<br />

tant d’efforts. Le jeune Jean-Paul Sartre, lui, essaie de s’approprier le livre, il ne sait pas encore lire, il tente alors<br />

d’entrer en contact physiquement : « J’essayais sans plus de succès de les traiter en poupées, de le bercer, de les<br />

embrasser » avant d’entrer en lecture par <strong>la</strong> médiation de sa mère.<br />

Tandis que le jeune Sartre a besoin de l’aide de sa mère, le héros de Vallès se trouve isolé, enfermé dans<br />

une salle d’étude ; isolement qui lui vaudra <strong>la</strong> découverte d’un roman passionnant. Ainsi découvrant le livre, les<br />

lecteurs découvrent des histoires, des mondes inconnus. Le lecteur devient alors un autre. Les auteurs des textes<br />

1 et 2 présentent un lecteur comme le double du personnage dont il découvre les aventures. Sarraute s’identifie à<br />

Rocambole alors que Vingtras, héros de Vallès, s’identifie à Robinson, vivant à travers <strong>la</strong> fiction les péripéties de l’un<br />

et de l’autre.<br />

Cette vie par procuration s’accompagne d’un grand bonheur. « C’est un moment de bonheur intense », dit<br />

Sarraute, vivant les tribu<strong>la</strong>tions heureuses et malheureuses de son héros, tout comme Sartre qui se retrouve comme<br />

les Fées, dont sa mère lui fait <strong>la</strong> lecture, dans un univers merveilleux composé de biches dans les bois. En effet, <strong>la</strong><br />

lecture, si elle est réelle physiquement, permet l’évasion dans un ailleurs ; ainsi elle entretient des rapports au réel<br />

particuliers, tantôt proches de <strong>la</strong> réalité, tantôt éloignés. Elle offre, malgré tout, l’entrée, pour les jeunes lecteurs,<br />

dans un monde nouveau. Que ce soit dans l’univers des Fées dont nous parle Sartre ou dans l’univers inconnu qu’il<br />

découvre à travers <strong>la</strong> voix de sa mère. Le héros de Vallès est également transporté mais hors du temps, l’ellipse<br />

temporelle marquée par le passage à <strong>la</strong> nuit et le b<strong>la</strong>nc du texte traduit l’emprise du livre sur son lecteur. En effet les<br />

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lecteurs sont absorbés dans ce monde nouveau. La lectrice qu’est <strong>la</strong> jeune Sarraute découvre un univers merveilleux<br />

fait de pa<strong>la</strong>is, d’objets de toute beauté jamais vus auparavant.... Jacques Vingtras ne sait plut dans quel monde il vit,<br />

dans celui de Crusoé peuplé de sauvages ou dans celui de <strong>la</strong> réalité où le pion l’a enfermé et oublié.<br />

La lecture racontée par les trois auteurs est vue comme un bienfait, transportant son lecteur dans des<br />

univers inconnus, le <strong>la</strong>issant parfois désemparé mais heureux.<br />

Proposition d’analyse rédigée p<strong>la</strong>n B :<br />

Proposition d’analyse rédigée :<br />

Le corpus proposé à l’analyse est constitué de textes à teneur autobiographique, émanant d’auteurs qui<br />

re<strong>la</strong>tent leurs souvenirs de lecture alors qu’ils étaient enfants. Respectivement de N. Sarraute, de Jules Vallès et de<br />

J. P. Sartre, ces documents disent tous <strong>la</strong> joie intense que procure l’entrée dans le monde des contes et romans :<br />

le livre abolit les frontières du temps et de l’espace qu’il transfigure, il permet de s’extraire de <strong>la</strong> réalité grâce au<br />

processus d’identification et il comble les sens en une expérience proche du ravissement.<br />

Les trois enfants qui s’expriment dans ces extraits se trouvent tous projetés dans une autre dimension,<br />

très loin de leur environnement immédiat. La petite Natacha d’Enfance est transposée de son monde qualifié<br />

paradoxalement d’« autre monde », au XIX e siècle dans le monde mouvementé de Rocambole, ressenti, lui, comme<br />

bien réel. Enfermé dans <strong>la</strong> salle d’études, Jacques Vingtras, l’enfant, est transposé sur une île déserte, tenaillé par<br />

<strong>la</strong> faim et <strong>la</strong> soif, menacé par des « sauvages » jusqu’à avoir perdu <strong>la</strong> notion du temps puisqu’il s’interroge : « Il est<br />

nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a –t-il de temps que je suis dans ce livre ». Quant au petit Jean-<br />

Paul, il se retrouve avec sa mère lectrice, Anne-Marie, « loin des hommes […]… avec ces autres biches, les Fées ».<br />

Ces espace-temps ont pour eux d’être extraordinaires, au sens étymologique : tout y est magnifié : les richesses, les<br />

dangers, les sentiments.<br />

Ce voyage dans le temps et dans l’espace ne peut se faire que grâce à un processus d’identification. La<br />

petite Sarraute d’Enfance s’est trouvé une nouvelle famille de cœur avec ceux à qui elle s’est « attachée », avec qui<br />

elle partage toutes ses aventures. Le « je » devient un « nous » qui parcourt tout le texte, ce « chez nous, là-bas »,<br />

comme le héros de Jules Vallès utilise le « je » pour dire sa perception fantasmée de « tous les oiseaux de l’île » ou<br />

de « <strong>la</strong> tête longue d’un peuplier comme le mât du navire de Robinson Crusoë ». Pour le petit garçon des mots, « tout<br />

le temps que [sa] mère par<strong>la</strong>it, [ils étaient] seuls et c<strong>la</strong>ndestins, […] deux biches au bois ».<br />

Quelque soit l’âge et le statut social de l’enfant, les effets sont du même ordre. Même si le petit personnage<br />

des mots ne sait pas encore lire, il a un rapport au livre qui fait appel aux sens, en particulier au toucher et à l’odorat :<br />

« je les f<strong>la</strong>irai, les palpai […], j’essayai de les bercer, de les embrasser, de les battre ». Plus loin, c’est l’ouïe qui<br />

intervient, sollicitée par <strong>la</strong> musique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, « ces phrases […] chantantes, nasales ». Pour les jeunes Sarraute<br />

et Vallès, les images mentales occupent tout l’espace jusqu’à transfigurer le décor environnant. Et ce voyage virtuel<br />

est aussi fatigant qu’une aventure réelle, tant elle provoque d’effets secondaires, « le coup brisé, […] <strong>la</strong> poitrine<br />

creuse » chez Jacques et « l’air absent, hagard » chez Natacha.<br />

Aventure solitaire, ou presque car le petit Sartre semble ne faire qu’un avec sa mère qui « s’absente »<br />

pour devenir <strong>la</strong> voix du livre, <strong>la</strong> lecture est pour tous les auteurs une source de p<strong>la</strong>isir intense et d’émotions hors du<br />

commun.<br />

2) Questions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> grammaire, à l’orthographe et au lexique. (6 points)<br />

*Grammaire (2,5pts) : Dans le premier paragraphe du texte de Jean-Paul Sartre (document 3), relevez sous forme<br />

d’un c<strong>la</strong>ssement raisonné les différentes propositions subordonnées et analysez-les. « Je ne savais pas ….l’eau de<br />

Cologne ».<br />

Les subordonnées sont c<strong>la</strong>ssées par nature et analysées.<br />

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Proposition subordonnée re<strong>la</strong>tive<br />

(0,25)<br />

Proposition subordonnée<br />

circonstancielle (conjonctive) (0,5)<br />

Proposition subordonnée complétive<br />

(conjonctive) (0,5)<br />

qui avait gardé […] des yeux d’enfant : introduite par le pronom re<strong>la</strong>tif<br />

« qui », épithète du nom « homme ». (re<strong>la</strong>tive déterminative)<br />

qui lui avait glissé des mains : introduite par le pronom re<strong>la</strong>tif « qui »,<br />

épithète de « savon ». (re<strong>la</strong>tive déterminative)<br />

qui se tournait en déroute […] après un silence : introduite par le pronom<br />

re<strong>la</strong>tif « qui », épithète de « assurance » (re<strong>la</strong>tive déterminative)<br />

qu’elle par<strong>la</strong>it (l.) : introduite par le pronom re<strong>la</strong>tif «que », épithète de<br />

« temps » (re<strong>la</strong>tive déterminative)<br />

qui sentait le savon et l’eau de Cologne : introduite par le pronom re<strong>la</strong>tif<br />

« qui », épithète de « épisode ». (re<strong>la</strong>tive explicative)<br />

(0,5)<br />

quand elle me débarbouil<strong>la</strong>it : introduite par <strong>la</strong> conjonction de subordination<br />

« quand », complément circonstanciel de temps de <strong>la</strong> proposition principale<br />

« ma mère me <strong>la</strong> racontait souvent » (0,25)<br />

Que je te lise : introduite par <strong>la</strong> conjonction de subordination « que »,<br />

complément d’objet direct de vouloir. (0,25)<br />

qu’on eût composé tout un livre […] de notre vie profane : introduite<br />

par <strong>la</strong> conjonction de subordination « que », complément d’objet direct de<br />

« croire ». (0,25)<br />

*Orthographe (2 pts) : vous commenterez les différents usages de <strong>la</strong> lettre « s » dans l’extrait suivant (document 2) :<br />

« Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore ! Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent,<br />

les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien. »<br />

On peut c<strong>la</strong>sser le graphème (<strong>la</strong> lettre) s selon ses différentes fonctions.<br />

- <strong>la</strong> lettre « s » peut être un phonogramme, c’est-à-dire qu’elle transcrit un phonème (un son) (0,5 pt)<br />

• Phonème [s] (0,25)<br />

À l’initiale du mot (valeur de base) : sais, si, s’(effacent), se, saisis.<br />

• Phonème [z] (0,25)<br />

La lettre « s » marque le son [z], intervocalique (valeur de position) : saisis<br />

- <strong>la</strong> lettre « s » peut être un morphogramme, c’est-à-dire qu’elle retranscrit un morphème selon <strong>la</strong> terminologie de N.<br />

Catach. Elle donne des informations grammaticales (1,5 pt)<br />

• Morphogrammes grammaticaux<br />

Marque de conjugaison verbale (0,5) :<br />

- 1 re personne du singulier : sais, puis, tends, saisis ;<br />

- 1 re personne du pluriel : voyons.<br />

Marque de pluriel des noms et adjectifs (0,25) :<br />

- lettres, lignes.<br />

Marque de pluriel des déterminants (0,25) :<br />

- sans pouvoir vraiment dire que le graphème « s » est <strong>la</strong> marque du pluriel des déterminants puisqu’il ne s’ajoute<br />

pas à une forme au singulier (mes n’est pas me + s, ni les, le ou <strong>la</strong> + s), on peut dire que le s final de mes et les<br />

indique un déterminant pluriel.<br />

- <strong>la</strong> lettre « s » peut avoir une valeur logogrammique, c’est-à-dire qu’elle sert à distinguer graphiquement des<br />

homophones, qui peuvent être lexicaux ou grammaticaux :<br />

Mais à distinguer de mai (le mois de l’année)<br />

Plus, à distinguer de plu participe passé des verbes « pleuvoir » ou « p<strong>la</strong>ire »<br />

- <strong>la</strong> lettre « s » peut avoir une valeur étymologique. Dans « pas », elle marque une survivance du mot <strong>la</strong>tin d’origine<br />

« passus » (= « pas », « enjambée », « marche », ou « trace de pas »). L’origine remonte à l’usage d’un état du<br />

français où l’adverbe de négation « ne » venait s’ajouter au substantif : Je ne marche pas (comme « Je ne bois<br />

goutte »)<br />

L’usage de « pas » s’est généralisé par <strong>la</strong> suite.<br />

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*Lexique (1,5 pt) : Vous donnerez <strong>la</strong> définition d’un champ lexical puis vous relèverez dans le premier paragraphe<br />

du document 1 : « Voici enfin le moment attendu… nous sauver » les champs lexicaux présents.<br />

Définition d’un champ lexical (0,5) : c’est un ensemble de mots qui renvoie à une même idée, à une même notion.<br />

Ici on peut relever deux champs lexicaux : celui du danger et celui de l’admiration :<br />

- Danger (0,5) : « désastres », « atroces dangers », « lutter », « précipices », « coups de poignards », « séquestrée »,<br />

« maltraitée », « affreuses mégères », « menacée », « endure» (en gras dans le corrigé)<br />

- Admiration, respect (qui suscite l’admiration, le respect) (0,5) : « perfection », « bonté », « beauté », « grâce »,<br />

« noblesse » (2), « pureté », « courage » (2), « intelligence » (en italique dans le corrigé)<br />

« Voici enfin le moment attendu où je peux étaler le volume sur mon lit, l’ouvrir à l’endroit où j’ai été forcée<br />

d’abandonner… je m’y jette, je tombe… impossible de me <strong>la</strong>isser arrêter, retenir par les mots, par leur sens, leur<br />

aspect, par le déroulement des phrases, un courant invisible m’entraîne avec ceux à qui de tout mon être imparfait<br />

mais avide de perfection je suis attachée, à eux qui sont <strong>la</strong> bonté, <strong>la</strong> beauté, <strong>la</strong> grâce, <strong>la</strong> noblesse, <strong>la</strong> pureté, le<br />

courage mêmes… je dois avec eux affronter des désastres, courir d’atroces dangers, lutter au bord de précipices,<br />

recevoir dans le dos des coups de poignard, être séquestrée, maltraitée par d’affreuses mégères, menacée<br />

d’être perdue à jamais… et chaque fois, quand nous sommes tout au bout de ce que je peux endurer, quand il n’y a<br />

plus le moindre espoir, plus <strong>la</strong> plus légère possibilité, <strong>la</strong> plus fragile vraisemb<strong>la</strong>nce… ce<strong>la</strong> nous arrive… un courage<br />

insensé, <strong>la</strong> noblesse, l’intelligence parviennent juste à temps à nous sauver… »<br />

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5CH65CTWB0413<br />

PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ<br />

HISTOIRE-GÉOGRAPHIE ET ÉDUCATION CIVIQUE ET MORALE<br />

PROPOSITION DE CORRECTION POUR LE DEVOIR N° 4<br />

PARTIE 1 - AIDE À LA CORRECTION - données générales et barème<br />

Un cadrage général<br />

Il convient avant de passer à <strong>la</strong> correction d’avoir une idée assez précise de ce que sont les étudiants qui préparent<br />

l’épreuve d’histoire, géographie, instruction civique et morale et histoire des arts du CRPE. Dans <strong>la</strong> plupart des<br />

cas, ces étudiants n’ont pas suivi d’études d’histoire ou de géographie, et c’est à l’occasion de <strong>la</strong> préparation de ce<br />

concours qu’ils retravaillent ces disciplines, ce qu’ils n’ont pas fait depuis le lycée bien qu’ils soient tous titu<strong>la</strong>ires<br />

d’un master 2. Il s’agit d’en tenir compte dans <strong>la</strong> correction en sachant que le niveau de maîtrise des connaissances<br />

attendu est globalement celui atteint à <strong>la</strong> fin des études secondaires.<br />

Les programmes de l’épreuve d’histoire (y compris histoire des arts), géographie et instruction civique et morale sont<br />

ceux du cycle 3 de l’école primaire tels qu’ils ont été rédigés et publiés en 2008. Il s’agit des programmes dans leur<br />

intégralité : il n’y a pas de questions spécifiques au programme du concours à <strong>la</strong> différence du CAPES.<br />

Une nouvelle épreuve au concours<br />

De nouvelles épreuves du CRPE ont été définies par le JO du 6 janvier 2010. Pour l’admissibilité, il s’agit de deux<br />

épreuves de 4 heures chacune, l’une portant sur le français, l’histoire-géographie et l’instruction civique et morale,<br />

l’autre sur les mathématiques, les sciences expérimentales et <strong>la</strong> technologie. Pour ce qui nous concerne, le BO<br />

indique que « le candidat répond à des questions d’histoire (y compris histoire des arts), de géographie, et d’instruction<br />

civique et morale ayant trait à des notions inscrites dans les programmes ». Il précise que « ces questions peuvent<br />

prendre appui sur des documents ». Le barème est de 8 points, soit 4 points par question lorsque deux sont posées,<br />

ce qui n’est pas une obligation d’après le JO.<br />

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L’objectif global de l’épreuve est d’évaluer <strong>la</strong> maîtrise des savoirs disciplinaires nécessaires à l’enseignement de ces<br />

domaines en référence aux programmes. De façon implicite, deux compétences sont attendues et donc évaluées<br />

pour cette épreuve : d’une part <strong>la</strong> capacité à produire, par rapport à un sujet donné, une réponse c<strong>la</strong>irement rédigée<br />

sous une forme problématisée, organisée et argumentée ; d’autre part, puisque des documents peuvent être<br />

proposés, <strong>la</strong> capacité à comprendre et exploiter les documents en lien avec <strong>la</strong> problématique retenue et à en faire<br />

une synthèse. Enfin, les textes produits doivent attester d’une bonne maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, tant du point de vue de<br />

<strong>la</strong> richesse et de <strong>la</strong> précision lexicales que de l’orthographe. Une pénalité est d’ailleurs prévue dans le texte officiel<br />

(jusqu’à 3 points pour l’ensemble de <strong>la</strong> première épreuve d’admissibilité). On proposera, pour notre part, de pénaliser<br />

une mauvaise maîtrise de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et de l’orthographe à hauteur de 1 point pour <strong>la</strong> partie « histoire, géographie et<br />

instruction civique et morale ».<br />

On attend donc une réponse qui fasse apparaître une problématique répondant au sujet, qui utilise les principales<br />

connaissances attendues (notions, événements, acteurs), qui s’appuie sur un petit nombre d’exemples significatifs,<br />

qui soit organisée en quelques paragraphes et correctement rédigée. Lorsque le sujet propose des documents, on<br />

n’hésitera pas à pénaliser les candidats qui n’établissent aucun lien entre ces derniers et <strong>la</strong> problématique retenue<br />

ou qui se contentent d’une description en lieu et p<strong>la</strong>ce d’une analyse apportant des explications. Au regard de ce que<br />

nous avons dit du niveau global des candidats, du temps limité à leur disposition pour répondre aux deux questions<br />

(dans le meilleur des cas, une heure et demie) et de l’ampleur du programme, il faut prendre <strong>la</strong> mesure de l’exigence<br />

de cette épreuve jugée difficile par de nombreux candidats. Il ne faut pas s’attendre à des réponses contenant des<br />

connaissances factuelles très importantes, mais on pénalisera les « gros » oublis ou les erreurs de taille.<br />

La notation<br />

Sous l’éc<strong>la</strong>irage des modalités nouvelles de l’épreuve qui nous concerne, on peut retenir quelques principes<br />

généraux :<br />

- chaque question se voit attribuer le même nombre de points : 4 pour chaque question ;<br />

- une pénalité de 1 point pour l’ensemble du devoir doit être prise en compte en cas de défail<strong>la</strong>nce syntaxique ou<br />

orthographique.<br />

1. Le sujet d’histoire<br />

Introduction<br />

Développement<br />

Conclusion<br />

On indique les bornes chronologiques de <strong>la</strong> V e République et le nom de son<br />

fondateur. On pose <strong>la</strong> problématique. 0,5<br />

On rappelle les circonstances dans lesquelles est née <strong>la</strong> V e République.<br />

On expose les grandes caractéristiques du régime mis en p<strong>la</strong>ce entre 1958<br />

et 1962 en utilisant le vocabu<strong>la</strong>ire adéquat (régime mi-parlementaire, miprésidentiel)<br />

et en insistant sur <strong>la</strong> rupture avec <strong>la</strong> tradition républicaine française<br />

(régime d’assemblée).<br />

3<br />

On étudie quelques aspects de l’évolution d’un système qui a durablement su<br />

s’installer et s’adapter (bipo<strong>la</strong>risation de <strong>la</strong> vie politique, présidentialisation,<br />

alternances, cohabitations...).<br />

On souligne le caractère original du système républicain mis en p<strong>la</strong>ce à partir de<br />

1958 et <strong>la</strong> manière dont il s’est « normalisé ». On pourra évoquer les réformes 0,5<br />

récentes et les débats actuels concernant un rééquilibrage des pouvoirs.<br />

2. Le sujet de géographie et d’instruction civique et morale<br />

Introduction<br />

Développement<br />

Conclusion<br />

La notion de présence de <strong>la</strong> France dans le monde doit être précisée et <strong>la</strong><br />

diffusion de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française présentée (localisation géographique et 1,5<br />

importance numérique).<br />

La francophonie doit être exposée dans ses deux composantes, sociolinguistique<br />

et géopolitique (l’Organisation internationale de <strong>la</strong> francophonie). Les<br />

instruments par lesquels <strong>la</strong> France soutient <strong>la</strong> diffusion et l’enseignement du 2<br />

français, ainsi que ses enjeux culturels et politiques, doivent être évoqués.<br />

La diffusion du français comme élément d’explication de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> France<br />

dans le monde. 0,5<br />

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PARTIE 2 - CORRIGÉ - Éléments de réponse et corrigé<br />

QUESTION D’HISTOIRE<br />

Le sujet correspond très exactement au point du programme « <strong>la</strong> V e République », dans <strong>la</strong> partie sur « le XX e siècle<br />

et notre époque ».<br />

Lire et analyser le sujet<br />

Un sujet posé en histoire concerne toujours une période, un espace et un thème qu’il faut dégager pour s’assurer<br />

de sa bonne compréhension. Pour ce sujet, l’espace est implicite mais ne pose pas de difficulté : il s’agit de <strong>la</strong><br />

France. La période n’est pas précisée : il conviendra de fixer les bornes chronologiques du régime, né en 1958 et<br />

toujours en vigueur aujourd’hui. Quant au thème, il mérite d’être analysé. Le sujet invite à réfléchir à <strong>la</strong> notion de<br />

« système républicain », notion qui recouvre à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> constitution et son application, le texte qui fixe les grands<br />

principes et sa mise en œuvre dans le temps et par les acteurs. Il ne s’agit donc pas de se limiter à une étude de<br />

<strong>la</strong> constitution et à <strong>la</strong> période de sa mise en p<strong>la</strong>ce initiale (1958-1962), même si ces deux points sont évidemment<br />

centraux. Il faudra aussi voir comment <strong>la</strong> constitution donne naissance à un régime qui s’installe dans <strong>la</strong> durée et qui<br />

évolue dans sa nature, ainsi qu’intégrer quelques aspects de <strong>la</strong> vie politique propres à <strong>la</strong> V e République. Par ailleurs,<br />

l’adjectif « nouveau » oblige à inscrire le sujet dans une durée plus longue : celle de <strong>la</strong> tradition républicaine en<br />

France, qui remonte à <strong>la</strong> Révolution française, tradition avec <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> V e République introduit une forme de rupture<br />

en renforçant considérablement le poids du pouvoir exécutif et en particulier le rôle du président de <strong>la</strong> République.<br />

Plusieurs écueils sont à éviter : l’analyse de <strong>la</strong> constitution de <strong>la</strong> V e République sans explication de ce qui fait son<br />

originalité et sa nouveauté ; le récit des différents événements qui ont marqué l’histoire du régime ou l’exposition<br />

des différents présidents et gouvernements qui se sont succédés... Pour être traité rigoureusement, le sujet requiert<br />

esprit de synthèse et qualité d’argumentation.<br />

Des connaissances à mobiliser avant de passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Une fois cette analyse précise du sujet menée, il faut, toujours au brouillon, noter toutes les connaissances utiles<br />

pour traiter <strong>la</strong> question. Il peut s’agir de repères chronologiques ou biographiques, en particulier ceux indiqués<br />

par les programme comme « les repères indispensables, jalons de l’histoire nationale qui forment <strong>la</strong> base d’une<br />

culture commune », mais aussi de connaissances notionnelles ou factuelles plus générales sans lesquelles le<br />

sujet ne pourra être correctement traité. Le sujet inclut l’un de ces repères : « 1958 : Charles de Gaulle et <strong>la</strong><br />

fondation de <strong>la</strong> V e République ». Il implique aussi une maîtrise du vocabu<strong>la</strong>ire politique et de notions comme celles<br />

de « régime d’assemblée », « régime parlementaire », « régime présidentiel ». Pour ce<strong>la</strong>, il sera utile de convoquer<br />

ses connaissances de <strong>la</strong> partie du programme portant sur « <strong>la</strong> Révolution française et le XIX e siècle », en particulier<br />

le point sur « l’instal<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> démocratie et de <strong>la</strong> République ». Enfin, il faudra être capable d’évoquer les grandes<br />

évolutions du régime jusqu’à nos jours.<br />

Problématiser puis passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Avant de se <strong>la</strong>ncer dans <strong>la</strong> rédaction, il est important de problématiser le sujet qui est proposé, c’est-à-dire de trouver<br />

<strong>la</strong> question explicite ou implicite que pose le sujet et à <strong>la</strong>quelle vous allez répondre de façon organisée et concise. Ici,<br />

il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de traiter le repère « 1958 : Charles de Gaulle et <strong>la</strong> fondation de<br />

<strong>la</strong> V e République ». Il faut être capable à <strong>la</strong> fois de présenter les grandes caractéristiques de <strong>la</strong> V e République et de<br />

montrer en quoi celles-ci sont à <strong>la</strong> fois démocratiques et républicaines, et en même temps originales par rapport à <strong>la</strong><br />

tradition politique française. La problématique peut être formulée ainsi : en quoi <strong>la</strong> constitution proposée par Charles<br />

de Gaulle en 1958 et modifiée en 1962 donne-t-elle naissance à un système républicain nouveau et original <br />

Le p<strong>la</strong>n retenu peut alors comprendre trois parties. La première, qui servira d’introduction, rappellera dans quelles<br />

circonstances le général de Gaulle est revenu au pouvoir et a mis en p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> V e République. La seconde partie<br />

analysera les grandes caractéristiques du régime telles qu’elles apparaissent sous <strong>la</strong> présidence de De Gaulle ; on<br />

insistera sur ce qui en fait l’originalité. Enfin, une dernière partie évoquera <strong>la</strong> manière dont ce système s’est installé<br />

dans <strong>la</strong> durée en ayant su s’adapter et évoluer.<br />

Proposition de rédaction<br />

La V e République naît dans un contexte de crise politique qui paralyse le fonctionnement de <strong>la</strong> IV e République. Cette<br />

crise est avivée par <strong>la</strong> guerre d’Algérie qui divise le pays depuis 1954. Alors que les risques d’une guerre civile sont<br />

réels, le nom du Général de Gaulle est évoqué. Retiré à Colombey-les-Deux-Eglises où il achève sa « traversée du<br />

désert », l’homme du 18 juin 1940 attend son heure pour revenir légalement au pouvoir. René Coty, président de <strong>la</strong><br />

République, fait appel à lui pour former un nouveau gouvernement. Il est investi le 1er juin 1958 par une majorité<br />

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de parlementaires qui lui votent les pleins pouvoirs pour six mois et lui confient le soin de préparer une nouvelle<br />

constitution. En quoi cette constitution met-elle en p<strong>la</strong>ce un régime politique nouveau et original par rapport à <strong>la</strong><br />

tradition républicaine française Quelles transformations de <strong>la</strong> vie politique française cette nouvelle constitution<br />

entraîne-t-elle de 1958 jusqu’à nos jours <br />

Le Général de Gaulle s’oppose à <strong>la</strong> IV e République depuis son instal<strong>la</strong>tion et veut mettre en p<strong>la</strong>ce un exécutif fort.<br />

Il remet en cause le régime d’assemblée (dans lequel le pouvoir légis<strong>la</strong>tif est prépondérant) et le rôle des partis. La<br />

constitution de <strong>la</strong> V e République lui permet de mettre en application le programme institutionnel qu’il avait énoncé<br />

dans son discours de Bayeux en 1946. Elle se fonde sur deux principes essentiels : <strong>la</strong> séparation des pouvoirs<br />

d’une part et <strong>la</strong> responsabilité du gouvernement devant le Parlement d’autre part. La V e République maintient ainsi<br />

un régime parlementaire. Elle renforce cependant le pouvoir exécutif au détriment de l’Assemblée nationale afin<br />

d’empêcher les dérives vers un régime d’assemblée. La nature du régime est par conséquent mi-présidentielle, miparlementaire.<br />

Le pouvoir exécutif est exercé par le président de <strong>la</strong> République qui dispose de pouvoirs considérablement étendus<br />

par rapport à <strong>la</strong> IIIe et <strong>la</strong> IV e République, ainsi que par le gouvernement dirigé par le premier ministre, nommé par<br />

le président de <strong>la</strong> République. Le pouvoir exécutif a donc deux têtes. Élu pour sept ans au suffrage indirect jusqu’à<br />

<strong>la</strong> réforme constitutionnelle de 1962 et rééligible, le président de <strong>la</strong> République est le chef des armées, il dispose<br />

du droit de grâce et préside le Conseil des ministres. Il doit assurer, par son arbitrage, le « fonctionnement régulier<br />

des pouvoirs publics », et il est le garant de <strong>la</strong> continuité de l’État. Il dispose de trois prérogatives nouvelles : il peut<br />

dissoudre l’Assemblée nationale sans avoir besoin de justifier son acte, sauf dans l’année qui suit une précédente<br />

dissolution ; il peut consulter le peuple français par voie de référendum ; l’article 16 lui reconnaît temporairement<br />

les pleins pouvoirs en cas de menace sur les institutions, l’indépendance nationale ou <strong>la</strong> sécurité de l’État. Avec de<br />

Gaulle, <strong>la</strong> prépondérance du président de <strong>la</strong> République sur les autres institutions est nettement affirmée.<br />

Le gouvernement a <strong>la</strong> charge de conduire <strong>la</strong> politique de <strong>la</strong> nation, déterminée avec le président. Il est responsable<br />

devant l’Assemblée nationale qui peut le renverser par une motion de censure, pratique très encadrée afin de limiter<br />

<strong>la</strong> « valse des gouvernements ». Le principe des deux Chambres a été maintenu, mais l’Assemblée nationale et le<br />

Sénat disposent de pouvoirs plus limités que par le passé. Les députés de l’Assemblée nationale, élus pour cinq ans<br />

au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, é<strong>la</strong>borent et votent les lois et approuvent le budget de <strong>la</strong> nation. Ils<br />

peuvent provoquer <strong>la</strong> démission du gouvernement s’ils adoptent une motion de censure à <strong>la</strong> majorité des députés<br />

inscrits. Leur marge de manœuvre a été réduite : les projets de loi du gouvernement sont prioritaires et le premier<br />

ministre peut demander un vote bloqué, en limitant le droit d’amendement, voire imposer certains textes, sans vote,<br />

en vertu de l’article 49 alinéa 3. Le droit au référendum et à <strong>la</strong> dissolution de l’Assemblée du président limite les<br />

prérogatives de celle-ci. Le Sénat, pour sa part, est composé de sénateurs élus pour neuf ans (et renouvelés par<br />

tiers tous les trois ans), par un collège électoral composé d’élus locaux (conseillers généraux, maires et conseillers<br />

municipaux). Il participe à l’é<strong>la</strong>boration des lois mais, en cas de désaccord avec l’Assemblée nationale, celle-ci a le<br />

dernier mot. Approuvée massivement par les Français lors du référendum du 28 septembre 1958, <strong>la</strong> constitution est<br />

modifiée en 1962 avec l’élection du président au suffrage universel direct. Victime d’un attentat déclenché contre<br />

lui par l’OAS, au Petit-C<strong>la</strong>mart, en août 1962, il profite de l’émotion suscitée pour proposer <strong>la</strong> réforme qui lui paraît<br />

indispensable pour que le président tienne sa légitimité directement du peuple : le 28 octobre 1962, par 13 millions<br />

de « oui » contre 8 millions de « non », les Français approuvent cette réforme constitutionnelle.<br />

Alors que <strong>la</strong> IV e République était marquée par un morcellement politique et des coalitions instables, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce<br />

du nouveau régime s’accompagne d’une bipo<strong>la</strong>risation de <strong>la</strong> vie politique sur le modèle des grandes démocraties<br />

occidentales. Le paysage politique est désormais caractérisé par l’opposition entre deux grandes tendances dans<br />

<strong>la</strong>quelle un parti domine. Cette évolution se traduit par deux réalités nouvelles, propres à <strong>la</strong> V e République par<br />

opposition à ses devancières : l’alternance (qui intervient pour <strong>la</strong> première fois en 1981 avec l’élection du socialiste<br />

François Mitterrand à <strong>la</strong> présidence de <strong>la</strong> République) et <strong>la</strong> cohabitation. Celle-ci est une nouveauté institutionnelle<br />

qui apparaît pour <strong>la</strong> première fois en 1986, lorsque le résultat des élections légis<strong>la</strong>tives oblige le président François<br />

Mitterrand à nommer premier ministre Jacques Chirac, qui appartient à <strong>la</strong> tendance politique opposée. Cette situation<br />

se renouvelle en 1993 puis en 1997. Elle entraîne un nouvel équilibre entre le président de <strong>la</strong> République et le<br />

premier ministre, le premier s’attribuant un « domaine réservé » tandis que le second dirige effectivement <strong>la</strong> politique<br />

de <strong>la</strong> nation. Pour éviter ce risque de cohabitation, le mandat présidentiel a été réduit à 5 ans par <strong>la</strong> réforme de<br />

2000 et l’élection présidentielle p<strong>la</strong>cée avant l’élection légis<strong>la</strong>tive. Cette innovation accroît l’importance de l’élection<br />

présidentielle dans <strong>la</strong> vie politique puisqu’elle devient décisive : elle favorise <strong>la</strong> présidentialisation du régime. Si <strong>la</strong><br />

V e République a ainsi su s’adapter à des circonstances non prévues, elle ne souffre pas moins de fragilités, telle <strong>la</strong><br />

montée de l’abstention ou celle des partis extrémistes, qui ont par exemple été à l’origine du « choc du 21 avril 2001 »,<br />

lorsque le candidat du Front National Jean-Marie Le Pen est parvenu au second tour de l’élection présidentielle.<br />

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Par rapport à <strong>la</strong> tradition politique française, le régime mis en p<strong>la</strong>ce par Charles de Gaulle en 1958 constitue bien un<br />

nouveau système républicain que <strong>la</strong> France s’est appropriée. D’une grande originalité, <strong>la</strong> V e République s’est en effet<br />

installée dans <strong>la</strong> durée. Elle a subi dès sa création des critiques, exprimées notamment par François Mitterrand, avant<br />

qu’il n’en devienne le président, et sa constitution. Aujourd’hui encore, elle est l’objet de débats, en particulier sur<br />

les pouvoirs accordés au président, pour certains trop importants, ainsi que sur l’insuffisance du rôle du parlement,<br />

simple chambre d’enregistrement pour d’autres.<br />

QUESTION DE GEOGRAPHIE ET D’INSTRUCTION CIVIQUE ET MORALE<br />

Le sujet se rapporte très c<strong>la</strong>irement à l’un des points du programme de géographie, « <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française dans le<br />

monde », inscrite dans <strong>la</strong> partie « <strong>la</strong> France dans le monde ». L’instruction civique et morale est également convoquée,<br />

à travers les points 4 (« les traits constitutifs de <strong>la</strong> nation française » parmi lesquels « <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue nationale ») et surtout<br />

5 (« L’Union européenne et <strong>la</strong> francophonie » incluant notamment l’étude de « <strong>la</strong> communauté de <strong>la</strong>ngues et de<br />

cultures composée par l’ensemble des pays francophones (en re<strong>la</strong>tion avec le programme de géographie) »).<br />

Lire et analyser le sujet<br />

Un sujet de géographie propose toujours un espace dans lequel s’inscrit une réflexion sur un thème. La question<br />

de <strong>la</strong> période ne se pose pas vraiment en géographie puisque <strong>la</strong> réflexion est toujours menée aujourd’hui, avec des<br />

données les plus actuelles possibles. Cependant, il est très souvent utile de se p<strong>la</strong>cer dans une démarche diachronique<br />

pour faire apparaître une évolution ou d’utiliser l’histoire pour trouver l’origine d’une situation géographique. Pour<br />

ce sujet, l’espace est explicite : il s’agit de raisonner à l’échelle mondiale. Le thème, quant à lui, est plus implicite : il<br />

s’agit d’identifier <strong>la</strong> notion de francophonie. La question invite aussi à croiser deux objets d’étude : <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française<br />

et <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> France dans le monde.<br />

Des connaissances à mobiliser avant de passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Une fois cette analyse précise du sujet menée, il faut, toujours au brouillon, noter toutes les connaissances utiles<br />

pour traiter <strong>la</strong> question. Il s’agit ici, parmi les « principales caractéristiques de <strong>la</strong> géographie de <strong>la</strong> France dans un<br />

cadre européen et mondial », de décrire et d’expliquer l’espace de <strong>la</strong> francophonie, ainsi que de réfléchir à <strong>la</strong> notion<br />

de « France dans le monde ». On pourra à cet égard distinguer entre francophonie (sans majuscule), concept<br />

sociolinguistique qui désigne les personnes pouvant s’exprimer en français à des titres divers, et Francophonie<br />

(avec majuscule), entité géopolitique rassemb<strong>la</strong>nt les pays « ayant le français en partage » au sein de l’Organisation<br />

internationale de <strong>la</strong> Francophonie.<br />

Problématiser puis passer à <strong>la</strong> rédaction<br />

Avant de se <strong>la</strong>ncer dans <strong>la</strong> rédaction, il est important de problématiser le sujet qui est proposé, c’est-à-dire de trouver<br />

<strong>la</strong> question explicite ou implicite que pose le sujet et à <strong>la</strong>quelle vous allez répondre de façon organisée et concise.<br />

Ici, <strong>la</strong> problématique est explicite : en quoi <strong>la</strong> pratique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française à travers les continents est-elle un<br />

aspect majeur de <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> France dans le monde Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas de traiter de<br />

<strong>la</strong> francophonie pour elle-même mais de l’analyser comme un instrument par lequel <strong>la</strong> France exerce son influence à<br />

travers le monde. Inversement, il ne faut pas traiter de tous les aspects de <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> France dans le monde<br />

mais centrer l’étude sur <strong>la</strong> francophonie, qui en est une des manifestations.<br />

Le p<strong>la</strong>n retenu peut alors comprendre deux parties. Dans <strong>la</strong> première, on décrira et on expliquera <strong>la</strong> diffusion du<br />

français à travers le monde. On y précisera l’importance numérique des locuteurs français, si possible en comparaison<br />

avec les autres grandes <strong>la</strong>ngues, et on évoquera les facteurs historiques de cette diffusion. Dans <strong>la</strong> seconde, on<br />

montrera comment <strong>la</strong> francophonie est une communauté de <strong>la</strong>ngue et de culture mais aussi une institution qui<br />

permet à <strong>la</strong> France d’exercer son rayonnement dans un contexte de mondialisation culturelle dominée par l’ang<strong>la</strong>is<br />

et de montée en force de nouvelles puissances.<br />

Proposition de rédaction<br />

Quelque 200 millions de personnes sur les cinq continents parlent le français. Le français est avec l’ang<strong>la</strong>is l’une<br />

des deux seules <strong>la</strong>ngues parlées sur tous les continents. Il est en outre <strong>la</strong> 9e <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus utilisée dans le monde<br />

– très loin toutefois derrière le mandarin par exemple, parlé par plus d’un milliard de locuteurs chinois. Sur <strong>la</strong> base<br />

de cette <strong>la</strong>ngue en partage, le mouvement francophone a donné naissance à une Organisation internationale de <strong>la</strong><br />

Francophonie qui est un instrument par lequel <strong>la</strong> France, aujourd’hui devenue une puissance moyenne, exerce son<br />

rayonnement à travers le monde.<br />

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Sur les quelque 200 millions de locuteurs français à travers le monde, 72 millions sont des francophones partiels,<br />

c’est-à-dire dont le français n’est pas <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue principale. La carte permet de repérer les pays où l’on parle le<br />

français : en Europe, en Afrique, en Amérique, dans le Pacifique. Elle permet aussi de distinguer les titres divers<br />

auxquels il est utilisé. Le français est <strong>la</strong>ngue officielle et/ou maternelle en France bien sûr, mais aussi en communauté<br />

française de Belgique, au Luxembourg et en Suisse pour ce qui concerne l’Europe, au Québec et dans les territoires<br />

ultramarins des Antilles, de l’océan Indien ou de Polynésie française pour ce qui est du reste du monde. Le français<br />

est aussi <strong>la</strong>ngue administrative dans nombre de pays d’Afrique subsaharienne et <strong>la</strong>ngue couramment pratiquée en<br />

Afrique du Nord ou en Roumanie. Le français est également présent au Moyen-Orient, comme au Liban, et à un<br />

degré bien moindre en Extrême-Orient : on compte un faible pourcentage de francophones au Laos, au Vietnam et<br />

au Cambodge. Cette inégale diffusion du français tient essentiellement à des facteurs historiques, parmi lesquels<br />

l’aventure coloniale française, étalée sur 5 siècles (du XVI e au XX e siècle), est l’élément décisif. Legs d’une période<br />

révolue (<strong>la</strong> colonisation), le français est partagé par d’anciennes colonies ayant accédé anciennement ou plus<br />

récemment à l’indépendance, ou ayant au contraire choisi l’association ou l’intégration à <strong>la</strong> France. De ce point de<br />

vue, <strong>la</strong> diffusion du français témoigne du rang de <strong>la</strong> France comme grande puissance mondiale, et en particulier<br />

coloniale, entre le XIX e et <strong>la</strong> première moitié du XX e siècle.<br />

Comment <strong>la</strong> France gère-t-elle cet héritage pour affirmer sa présence dans le monde C’est d’abord sur <strong>la</strong> base<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et de valeurs partagées que 56 États (plus 14 pays observateurs, soit au total plus du quart des États<br />

inscrits à l’ONU) se sont constitués en communauté des Etats francophones : c’est l’Organisation internationale de<br />

<strong>la</strong> Francophonie (OIF). Celle-ci réunit aussi bien des pays riches, tels <strong>la</strong> Suisse, <strong>la</strong> France, le Canada ou <strong>la</strong> Belgique,<br />

que des pays pauvres, puisque 23 pays membres comptent parmi les pays les moins avancés (PMA). Instrument<br />

de l’affirmation politique de l’espace francophone sur <strong>la</strong> scène internationale, l’OIF recentre ses missions autour des<br />

thèmes de <strong>la</strong> démocratie, de <strong>la</strong> diversité culturelle et du développement. D’autres outils permettent à <strong>la</strong> France de<br />

perpétuer <strong>la</strong> diffusion du français à travers le monde. La promotion de <strong>la</strong> culture, à travers <strong>la</strong> chanson, le théâtre,<br />

<strong>la</strong> littérature, en fait partie. Par exemple, certains prix littéraires français en 2008 ont été attribués, un à un Afghan<br />

et un autre à un Guinéen. Un autre outil sont les enseignants : sur 192 pays inscrits à l’ONU, 132 sont homologués<br />

comme disposant de capacités à enseigner le français, avec 451 établissements en 2008. A ces établissements<br />

s’ajoutent les programmes de <strong>la</strong>ngues dispensés par les Centres culturels français et les Alliances françaises. Face<br />

à <strong>la</strong> baisse du nombre mais aussi de <strong>la</strong> qualité des enseignants observée ces dernières années, <strong>la</strong> France a mis<br />

au point un projet nommé « Initiative francophone pour <strong>la</strong> formation à distance des maîtres » en direction de pays<br />

comme Haïti, le Bénin, le Burundi ou Madagascar. Ces instruments visent à accroître le nombre d’apprenants, qui<br />

tend aujourd’hui à fléchir après une phase importante de progression. Comme autre vecteur de diffusion du français<br />

et de sa culture, on peut citer <strong>la</strong> radio et <strong>la</strong> télévision : Radio France Internationale, radio française mais diffusée<br />

en plusieurs <strong>la</strong>ngues différentes, et TV5 et France 24. TV5 est une chaîne de télévision internationale diffusant les<br />

programmes de plusieurs télévisions francophones dont les réseaux sont étendus sur tous les continents et France<br />

24, de création plus récente, est une chaîne d’information en <strong>la</strong>ngue française disponible 24 heures sur 24 partout<br />

dans le monde.<br />

Diffusée sur l’ensemble des continents, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française est un vecteur de rayonnement dans le monde de <strong>la</strong><br />

France, puissance devenue moyenne. Face à l’omniprésence de l’ang<strong>la</strong>is, dans le cadre de <strong>la</strong> mondialisation et<br />

à travers notamment des nouvelles technologies, <strong>la</strong> francophonie reste cependant un défi que <strong>la</strong> France tente de<br />

relever à travers l’Organisation internationale de <strong>la</strong> francophonie.<br />

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