Kona Process DL

essai
Kona Process DL
2013
Retour aux
sources
Avec son nouveau modèle Process,
Kona nous livre un véritable retour aux
sources. Au niveau du look comme
du comportement, les Canadiens nous
ont pondu un vélo digne des grandes
heures de la marque, celle que nous
avons toujours aimée !
66
Si, depuis 1996, Kona
conserve la (quasi)
même architecture
(avec cinématique
4 Bar-Lynkage) sur ses vélos
quand nombre de fabricants
ne cessent d’en changer, cela a
pour effet, entre autres, de
donner une pure identité à la
marque – à défaut de défrayer
la chronique en termes d’originalité
et de technologie. Du
coup, le nouvel opus de la
marque, le Process, ne déroge
pas à la règle, et s’il n’attirera
certainement pas les regards
comme une arme de guerre en
carbone, les amoureux de la
firme seront vite conquis.
Car Kona a véritablement
bien travaillé au niveau du
design pour nous offrir un
vélo à la fois simple, sobre,
mais aussi esthétique. Pas de
multiples couleurs, mais une
finition du cadre anodisé brut
dans un gris clair super classe
et à peine relevé par le marquage
de la marque en filigrane.
L’avantage de cette
finition, pour un vélo destiné
au ‘‘gros enduro’’ est un
vieillissement à toute épreuve
face aux agressions du temps
et du terrain : un simple coup
de chiffon permet de le rénover
– les chocs et les traces ne
marquent pas une éventuelle
peinture.
Simple et
efficace
Technologiquement parlant,
et même si la conception globale
n’a pas vraiment évolué,
la marque canadienne vit tout
de même avec son temps (!) et
adopte en conséquence les
dernières évolutions stratégiques
: un cadre hydroformé,
dont le tube diagonal adopte
une forme en ‘‘S’’, permet
d’encaisser les contraintes et
d’offrir plus d’interface de
jonction avec le tube supérieur,
mais uniquement sur les
petites tailles, et un tube supérieur
coudé remontant sur le
tube de selle, le renfort étant
rapporté en dessous. Ainsi, on
gagne du dégagement pour les
genoux tout en conservant un
maximum de rigidité. On
retrouve également, et fort
logiquement, une douille de

PAR VINCENT NERON - PHOTOS BORIS REJOU
67

KONA PROCESS DL
FICHE TECHNIQUE
GÉOMÉTRIE
FICHE TECHNIQUE
68
Cadre :
Suspension AV :
Suspension AR :
Potence/guidon :
Tige de selle/selle :
Commandes :
Dérailleur AV/AR :
Pédalier :
Cassette :
Freins à disque :
Moyeux/jantes :
Pneus AV/AR :
Distributeur :
457 mm
alu 6009
RockShox Lyric RC2,
déb : 160 mm
RockShox Monarch Plus
HV RC3, déb : 150 mm
Race Face Atlas/Atlas FR
RockShox Reverb Stealth/
WTB Volt Team
Sram X-O
Sram X-O
Sram X-O 24 x 38
Sram PG-1070 11/36
Avid X-O Trail
180/160 mm
Stan’s 3.30HD/Stan’s
ZTR Flow EX
Maxxis High Roller II
26 x 2,4
Kona Europe,
+(377) 97 97 18 60 et
www.konaworld.com
600 mm
73,5°
66 °
1170 mm
430 mm 345 mm
En taille M
Notation
Poids ✮✮✩✩✩ Présentation ✮✮✮✮✮
Prix ✮✮✩✩✩ Freinage ✮✮✮✮✮
Stabilité ✮✮✮✮✮ Rendement ✮✮✩✩✩
Maniabilité ✮✮✮✮✩ Motricité ✮✮✮✮✩
Confort ✮✮✮✮✩ Suspensions ✮✮✮✮✮
✮Bof ✮✮Moyen ✮✮✮Bien
✮✮✮✮Très bien ✮✮✮✮✮Parfait
4 999 € - 14,15 kg*
68
1 2

D’aspect basique, et toujours fidèle
à une architecture à cinématique 4
Bar-Lynkage, le Process DL n’en a
pas moins la classe.
.Suspension
.Comportement fun
.Agrément de conduite
.Équipement
.Look
.Stabilité
.Poids
. Passage externe
des câbles
3
4
5
* Mesures Bike en taille M, sans pédales
1. La cinématique 4 Bar-Lynkage, avec amortisseur vertical,
permet à ce dernier de travailler en progressivité
sans risquer d’usure due aux contraintes latérales.
2. Si la majorité des câbles et Durit du Process a un
cheminement extérieur au cadre, ce n’est pas le cas de
la tige de selle Stealth ni du dérailleur arrière dans la
base arrière. Vue aussi, la mastoque protection de base
3. Pour arrêter la bête dans sa vitesse, Kona a opté
pour les derniers freins Avid X-O Trail à double piston,
aussi efficaces que progressifs et beaux dans cette
version silver.
4. La colonne de direction conique intègre un type
de roulements Zero Stack, donc semi-intégrés, ce qui
permet de rendre l’avant beaucoup plus rigide et précis.
5. Vue sur le pivot de suspension arrière et l’axe
de 142 x 12 mm. Étrange, en revanche, le montage
d’un disque de 160 mm de diamètre pour une pratique
en gros enduro. Très bien pour les compétiteurs, mais
moins pour les amateurs…
6. Le tube diagonal, de section trapézoïdale et variable,
permet une importante connexion sur la colonne de
direction, toujours en vue de gagner en rigidité.
Dommage, en revanche que les câbles ne passent pas
en interne du cadre…
6
69

70
Véritable tueur en descente,
le Process ne demande qu’à
en remettre encore et toujours,
dans la pente !

KONA PROCESS DL
direction conique, un boîtier
de pédalier Press-Fit avec
fixations ISCG 05, pour plus
de fiabilité et de rigidité et un
dérailleur avant en prise
directe sur le pivot de bras
oscillant, ce qui facilite les
passages de chaîne, même en
compression de suspension.
Ajoutez à cela un incontournable
axe arrière en 142 x
12 mm, des pivots montés
entièrement sur roulements,
des guides prévus pour le passage
de commandes de tiges
de selle et suspension, internes
et externes, et une vraie protection
de base arrière en
plastique, et vous comprendrez
que le Process DL n’est
pas vraiment un jouet à
confier aux enfants, mais pour
partir à la guerre !
Du luxe
Dans cette version haut de
gamme (DL pour Deluxe), ce
Kona propose également, en
termes d’équipement, tout ce
qui se fait de mieux en la
matière, preuve que les chefs
produits roulent aussi leur
bosse sur le terrain. Jugez par
vous-mêmes : poste de pilotage
Race Face Atlas avec
guidon de 785 mm, tige de
selle télescopique RockShox
Reverb Stealth, fourche Lyric
à débattement modulable,
freins Avid X-O Trail, roues
Stan’s Flow EX compatibles
tubeless, pneus Maxxis High
Roller II Exo et transmission
2 x 10 Sram X-O avec pédalier
et bash carbone, qui dit
mieux Ne lui manque qu’un
guide-chaîne antidéraillement
de série pour que le vélo soit
paré au combat en course
d’enduro.
Maousse
costaud
Dommage, également, qu’au
niveau esthétique, le passage
des différents câbles et Durit
ne se fasse pas intégralement
en interne. Ici aussi, les lignes
du vélo auraient tout à y
gagner, comme c’est le cas
avec la gaine de dérailleur
dans la base arrière. Si, en
statique, le Process DL fait
très bonne impression, qu’en
est-il en action Parfaitement
posé sur le vélo, on apprécie
l’agrément de conduite, très
ergonomique et bien choisi,
avec une bonne assise sur la
selle WTB et une excellente
prise en main du large guidon
Race Face très cintré, couplé
à une petite potence. Et must
en la matière, un petit coup de
pouce afin d’ajuster sa hauteur
de selle au millimètre et il
est temps de mettre le moteur
en marche… Doté d’un tube
supérieur assez long (attention
à votre choix de taille !),
le Deluxe dispose d’une réelle
géométrie de compétition,
avec un angle bien ‘‘ouvert’’ à
l’avant, des bases courtes de
430 mm et un boîtier culminant
à ‘‘seulement’’ 345 mm
du sol. Autant dire que nous
attendons avec impatience les
premiers dénivelés négatifs !
Mais avant cela, il nous faudra
bien pédaler.
Dans l’exercice, ce Kona ne
se montre pas à son avantage.
Véritablement typé gros
enduro, voire mini-DH, il
accuse le coup, du fait d’un
poids de plus de 14 kg et
d’une paire de pneus de section
assez ‘‘carrée’’, taillée
pour affronter les pires terrains.
Autant dire que même
si, face à la concurrence de ce
type de vélo (mais nous verrons
cela au printemps), le
Process ne serait certainement
pas à la traîne, on comprend
mieux pourquoi
nombre d’enduristes et de
descendeurs marathon optent
pour de plus petits vélos,
genre all-mountain, pour la
compétition, car il y a gros à
gagner en pédalage avec 2 kg
de moins.
Mais là n’est pas le problème,
et malgré ce léger surpoids
handicapant, le Kona roule
Avec ce Kona,
préférez les pistes
noir foncé aux
trop faciles pistes
vertes ‘‘easy
familly’’ !
son train, et sa bosse, sans
que ses suspensions ne le fassent
traîner par terre. On
notera, au passage, la fonctionnalité
d’abaissement de
la fourche, pas vraiment
indispensable, car encore une
fois, personne ne s’amusera à
attaquer de la grimpouille
avec un tel vélo, à moindre
d’être maso.
Non, avec ce Kona, on optera
directement pour le télésiège
ou la benne du pick-up pour
se rendre au point de départ.
Et à partir de ce moment précis,
la jugulaire du casque bien
serrée, les gants parfaitement
ajustés, on pourra enfin lâcher
la cavalerie dans la pente ! Et
tant qu’à faire, optez plutôt
pour la piste noire Kill Bill
plutôt que pour la verte Easy
Bamby. Bien campé sur ses
suspensions, le Process se
lance dans la pente, et plus
rien ne pourra l’arrêter, sauf
les excellents freins Avid X-O
Trail, ultra-puissants et progressifs
(voir leur essai dans
Bike n° 118). Doté de
1 170 mm d’empattement, le
vélo ne bronche jamais et permet
d’attaquer pleinement sur
chaque portion de terrain. La
suspension, ultra-progressive,
permet de coller véritablement
le bike au sol sans aucun
risque de dribble. Rigide mais
pas ferme, le vélo se montre
même plutôt confortable sur
les enchaînements bosselés,
avec une excellente sensation
de sécurité.
Guerrier
Hyper stable, le Kona permet
de rentrer ‘‘placard’’ dans les
courbes, avec un comportement
qui s’enfonce légèrement,
permettant de conserver
toute la motricité. Sur les
sauts, inutile de s’inquiéter, le
Process reste toujours aussi
stable avec un degré d’encaissement
‘‘easy’’ des 150 mm de
débattement. L’avantage du
système 4 Bar-Lynkage
démontre ici toute son efficacité.
Avec un travail vertical
qui offre un maximum de progressivité
et très peu de
contraintes latérales sur
l’amortisseur, ce dernier coulisse
parfaitement et vieillit
très bien.
Sa courbe d’enfoncement,
parfaitement étudiée, permet
véritablement de se servir de
tout le débattement, sans
jamais risquer de talonner
sur les chocs violents. Du
coup, le Process peut tout
aussi bien se présenter au
départ d’une course d’enduro
ou de DH marathon comme
d’une session de freeride
hardcore. En clair, Kona
nous a ressorti de l’excellentissime
vélo de mountain,
comme ils ont toujours su le
faire. Ce qui permet de vérifier
l’adage selon lequel c’est
bien dans les vieux pots que
l’on fait les meilleures
soupes ! CQFD.
●
71