Les 5 aspects de shen
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1<br />
SHEN<br />
1. Introduction :<br />
SHEN fait partie <strong>de</strong>s idéogrammes intraduisibles, parce qu’ils n’ont aucun<br />
équivalents dans la langue française.<br />
Au fur et à mesure <strong>de</strong> notre rencontre avec la pensée chinoise, nous nous en<br />
sommes fait une représentation.<br />
Mais il est important <strong>de</strong> ne pas nous fixer sur cette représentation, et <strong>de</strong> continuer<br />
à nous laisser déranger par cet idéogramme.<br />
Car l’existence <strong>de</strong>s grands idéogrammes chinois nous permet d’interroger notre<br />
réalité vécue avec d’autres outils qui peuvent en rendre compte <strong>de</strong> manière plus<br />
fine.<br />
Ils donnent du sens au vécu en le nommant.<br />
L’intention animant chacun <strong>de</strong>s grands idéogrammes chinois ne fait que pointer vers<br />
une direction, la plus proche possible <strong>de</strong> l’expérience vécue.<br />
On ne peut saisir ces images/fonctions/symboles : ils nous échappent <strong>de</strong> toute part,<br />
et pourtant, nous sentons bien la résonnance qu’ils éveillent en nous.<br />
2. SHEN, la conscience pure, l’éveil :<br />
SHEN<br />
a. L’idéogramme :<br />
Le radical représente dans sa forme ancienne : SHI<br />
les influences<br />
lumineuses représentées par les trois luminaires (soleil, lune, étoiles), qui viennent<br />
<strong>de</strong> ce qui est « au-<strong>de</strong>ssus du Ciel ».<br />
Et la phonétique, dans sa forme ancienne, nous montre un homme, en position <strong>de</strong><br />
méditation <strong>de</strong>bout, qui reçoit ces influences et les dirige avec ses mains vers le<br />
DAN TIAN.<br />
Il se dégage <strong>de</strong> l’étymologie une sensation <strong>de</strong> verticalité dynamique, qui organise les<br />
souffles qui habitent le vivant.
2<br />
Parmi les différents sens donnés à l’idéogramme SHEN dans le Ricci, nous<br />
retiendrons :<br />
• L’Esprit.<br />
• Esprit animateur <strong>de</strong> la forme corporelle.<br />
• Esprit divin, esprit du Ciel.<br />
• Divinités, animation céleste contrôlant les divers phénomènes <strong>de</strong> l’être<br />
humain (les parties <strong>de</strong> son corps, les viscères) : par excellence, elles<br />
emplissent le cœur, elles sont alors présence du ciel en l’homme et lui<br />
procurent la lumière, l’éveil MÍNG.<br />
• L’intelligence.<br />
SHEN représente donc la conscience sous toutes ses formes : consciente,<br />
inconsciente, supra consciente, etc.<br />
C’est l’Esprit qui anime l’univers, le Grand Esprit <strong>de</strong>s amérindiens.<br />
Cet esprit habite toute la création, <strong>de</strong>s pierres aux humains.<br />
C’est l’émergence <strong>de</strong> la conscience dans l’histoire <strong>de</strong> l’univers.<br />
Nous passons la majeure partie <strong>de</strong> notre vie dans l’état <strong>de</strong> conscience ordinaire :<br />
celui <strong>de</strong> notre vie quotidienne. À tel point que nous finissons par oublier qu’il existe<br />
d’autres états <strong>de</strong> conscience.<br />
La conscience n’est pas nécessairement conscience <strong>de</strong> quelque chose. Elle peut venir<br />
d’un plan antérieur à tout ce qui existe : c’est alors un état intensément conscient,<br />
mais sans aucun objet <strong>de</strong> conscience. C’est ce que toutes les traditions spirituelles<br />
appellent l’éveil.<br />
b. Texte Taoïste anonyme : tiré d’un ouvrage <strong>de</strong> DAO YIN,<br />
branche du QI GONG.<br />
<br />
XIN DING SHEN NING, SHEN DING XIN AN.<br />
Quand le cœur/conscience se tranquillise, alors SHEN se dépose ; lorsque<br />
SHEN se tranquillise, alors le cœur/conscience est en paix.
3<br />
<br />
XIN AN QING JING. QING JING WU WU.<br />
Quand le cœur est paisible, il y a clarté et tranquillité. Quand il y a clarté et<br />
tranquillité, il y a absence d’objets <strong>de</strong> conscience.<br />
<br />
WU WU QI XING. QI XING JUE XIANG.<br />
En l’absence d’objets <strong>de</strong> conscience, le souffle circule. Lorsque le souffle<br />
circule, c’est l’extinction <strong>de</strong>s représentations (images).<br />
<br />
. <br />
JUE XIANG ZE JUE MING.JUE MING NAI SHEN QI XIAN DONG<br />
L’extinction <strong>de</strong>s représentations, c’est l’éveil. S’il y a éveil, alors SHEN et QI<br />
communiquent.<br />
<br />
WAN XIANG GUI GEN HE CHENG YI QI.<br />
<strong>Les</strong> 10 000 représentations retournent à leur racine et s’unissent pour former un<br />
seul souffle.<br />
L’éveil n’est pas forcément un but à atteindre, mais une pratique d’écoute qui permet<br />
<strong>de</strong> déconstruire un peu la fixité <strong>de</strong> nos structures mentales.<br />
3. Ciel Antérieur/Ciel Postérieur :<br />
a. Deux niveaux <strong>de</strong> conscience :<br />
Il y a donc <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> conscience :<br />
• La connaissance et le savoir habituel, courant, perçu dans l’état <strong>de</strong> conscience<br />
ordinaire du Ciel Postérieur.<br />
• Et l’état <strong>de</strong> conscience du Ciel Antérieur qui nous offre une connaissance<br />
issue <strong>de</strong> l’écoute, prenant racine au-<strong>de</strong>là du mental : dans ce qui est antérieur
4<br />
à la création du Ciel, antérieur au Big Bang, et donc présent ici et maintenant,<br />
puisque non assujetti à l’espace/temps.<br />
Dans le Ciel Antérieur, tous les possibles sont là, en <strong>de</strong>venir.<br />
Là rési<strong>de</strong> l’essence même <strong>de</strong> la vie, avant le YIN/YANG et toutes ses<br />
oppositions/complémentarités : intérieur/extérieur, haut/bas, lumière/ombre…<br />
Dans l’écoute, en fermant nos orifices, nous pouvons avoir l’intuition <strong>de</strong> ce qui est<br />
antérieur au Ciel.<br />
En ouvrant nos orifices, et en nous plongeant dans le mon<strong>de</strong>, nous sommes immergés<br />
dans la conscience ordinaire <strong>de</strong> ce qui est postérieur à la naissance du Ciel/Terre.<br />
Le Ciel Postérieur représente en effet toute la réalité construite et appréhendée<br />
par nos 5 sens.<br />
b. LAO ZI chapitre 52 :<br />
.<br />
TIAN XIA YOU SHI, YI WEI TIAN XIA MU<br />
L’univers a une origine dans l’invisible, on l’appelle la mère <strong>de</strong> l’univers.<br />
<br />
旣 <br />
JI DE QI MU, YI ZHI QI ZI<br />
Ayant trouvé la mère totalement, alors on connaît ses enfants ;<br />
<br />
旣 <br />
JI ZHI QI ZI, FU SHOU QI MU.<br />
Connaître la totalité <strong>de</strong> ses enfants, tout en faisant retour pour gar<strong>de</strong>r la<br />
mère,<br />
<br />
MO SHEN BU DAI<br />
Alors on ne craint pas la disparition du corps.
5<br />
<br />
SE QI DUI, BI QI MEN, ZHONG SHEN BU QIN.<br />
Boucher les orifices, fermer les portes, et jusqu’à la fin, le corps ne se<br />
dépense pas.<br />
<br />
KAI QI DUI, JI QI SHI, ZHONG SHEN BU JIU.<br />
Ouvrir les orifices, multiplier les affaires, et on ne pourra pas protéger le<br />
corps jusqu’à la fin.<br />
<br />
JIAN XIAO YUE MING, SHOU ROU YUE QIANG.<br />
Voir le petit, s’appelle être éveillé ; gar<strong>de</strong>r sa vulnérabilité, c’est ce qu’on<br />
appelle la force.<br />
<br />
YONG QI GUANG, FU GUI QI MING, WU YI SHEN YANG ;<br />
Si on utilise cette lumière, si on fait retour à cette clarté, on<br />
n’abandonne pas le corps à la souffrance,<br />
<br />
SHI WEI XI CHANG.<br />
C’est cela qui redouble la constance.<br />
4. XIN et SHEN :<br />
Ces <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> conscience réfèrent à <strong>de</strong>ux états bien différenciés :<br />
a. La conscience ordinaire : XIN<br />
Le niveau <strong>de</strong> conscience ordinaire est dirigé par XIN, le coeur/conscience.<br />
C’est l’état <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s 5 sens et <strong>de</strong>s 12 méridiens principaux.
6<br />
b. La conscience “extraordinaire : SHEN<br />
Et un autre niveau <strong>de</strong> conscience, capable <strong>de</strong> puiser à la racine <strong>de</strong> tout ce qui existe,<br />
dirigé par SHEN C’est l’état <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s Méridiens Curieux, sousjacent<br />
à l’état <strong>de</strong> conscience ordinaire.<br />
c. Lien entre Xin et SHEN : SU WEN chapitre 8<br />
Mais le Coeur doit tenir sa place d’Empereur pour que Shen puisse rayonner :<br />
<br />
XIN ZHE JUN ZHU ZHI GUAN YE<br />
« Le cœur a la charge d’exercer l’autorité d’empereur.<br />
<br />
SHEN MING CHU YAN.<br />
La clarté <strong>de</strong> Shen en sort.” SW ch8.<br />
L’empereur est celui qui est totalement présent et à l’écoute <strong>de</strong> tout<br />
l’environnement, le coeur ouvert et aimant : il n’agit pas, ne prend pas parti, ne<br />
préfère rien ni personne et ne rejette rien ni personne. Toute autre attitu<strong>de</strong> ne<br />
pourrait aboutir qu’à une agravation <strong>de</strong> la situation.<br />
<strong>Les</strong> pratiques spirituelles comme le QI GONG ou la méditation nous ai<strong>de</strong>nt à passer<br />
d’un état <strong>de</strong> conscience à l’autre, à assouplir l’articulation entre ces <strong>de</strong>ux états,<br />
jusqu’à pouvoir les vivre simultanément.<br />
c. L’empereur : LAO ZI Chapitre 17<br />
<br />
TAI SHANG, XIA ZHI YOU ZHI<br />
<strong>Les</strong> grands souverains <strong>de</strong> la haute antiquité, les hommes connaissaient<br />
seulement leur existence<br />
<br />
QI CI , QIN ER YU ZHI<br />
Ceux <strong>de</strong> moins haute lignée, le peuple les louait
7<br />
<br />
QI CI , WEI ZHI ; QI CI , WU ZHI<br />
Encore moindre, il les craignait ; encore moindre, il les insultait.<br />
<br />
XIN BU ZU YAN, YOU BU XIN YAN.<br />
Lorsque la confiance n’est pas suffisante, cela génère la méfiance.<br />
<br />
YOU XI QI GUI YAN<br />
Se retenir d’agir, ah ! Ceci est une parole précieuse !<br />
<br />
GONG CHENG SHI SUI, BAI XING JIE WEI : WO ZI RAN.<br />
Le travail s’accomplissait, les affaires suivaient leur cours, et les cent familles<br />
disaient : je ne fais que suivre ma nature.<br />
5- SHEN est l’un <strong>de</strong>s trois trésors :<br />
Avant <strong>de</strong> nous lancer dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> SHEN, et <strong>de</strong> ses différents <strong>aspects</strong> reliés à<br />
chacun <strong>de</strong>s organes, il nous faut replacer SHEN dans le contexte <strong>de</strong>s trois trésors,<br />
qui se situent tous les trois à l’articulation Ciel Antérieur/Ciel Postérieur.<br />
<strong>Les</strong> chinois ont différencié Trois Trésors pour faire référence aux trois niveaux <strong>de</strong><br />
l’être (Ciel/Terre/Homme), aux Trois Foyers, aux trois champs <strong>de</strong> cinabre <br />
a. JING se réfère au corps, au DAN TIAN Inférieur, au<br />
Foyer Inférieur, à la vitalité <strong>de</strong> la matière :<br />
Le JING du Ciel Antérieur est la matière première <strong>de</strong> la vie à l’origine du corps.<br />
Sans JING, pas <strong>de</strong> corps.<br />
Le JING du Ciel Postérieur, c’est :<br />
- Une quantité <strong>de</strong> JING inné, donné comme réserve <strong>de</strong> vie à la naissance,<br />
quantité qui ne peut être augmentée, mais qui peut considérablement
8<br />
être diminuée en quantité et surtout en qualité sans apport régulier <strong>de</strong><br />
JING acquis <strong>de</strong> bonne qualité.<br />
- Le JING acquis par l’alimentation, la respiration, et en général tout ce<br />
dont nous nourrissons nos 5 sens.<br />
Nous allons voir dans le chapitre 8 du LING SHU, l’importance pour la santé <strong>de</strong> ce<br />
qui est gardé par les organes : sans JING, les organes n’ont plus aucun pouvoir <strong>de</strong><br />
thésaurisation.<br />
b- QI se réfère aux 5 mouvements, au Foyer Moyen, au<br />
DAN TIAN moyen, à l’impulsion à l’origine <strong>de</strong> tout<br />
mouvement, émotion ou action :<br />
Le QI met en mouvement JING qui exprime alors les caractéristiques génétiques<br />
<strong>de</strong> l’espèce et <strong>de</strong> l’individu, et les mouvements <strong>de</strong>s 5 organes.<br />
Le QI du Ciel Antérieur est pur dynamisme, non orienté vers un but. C’est un état<br />
tout désirant sans désir particulier, ce sentiment que la sensation merveilleuse<br />
d’être vivant ne dépend pas <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> la vie, car toutes permettent<br />
d’explorer le sentiment <strong>de</strong> vivre.<br />
Le QI du Ciel Postérieur, ce sont toutes les trajectoires, tous les dynamismes, tous<br />
les rythmes qui animent le corps, dont celui <strong>de</strong> la respiration, du cœur et <strong>de</strong>s 5<br />
mouvements.<br />
Le QI est impersonnel : c’est le même QI qui anime mon corps et l’univers.<br />
c- SHEN se réfère à l’Esprit, au Foyer Supérieur, au<br />
DAN TIAN supérieur, à tous les différents niveaux<br />
<strong>de</strong> conscience :<br />
SHEN du Ciel Antérieur, c’est ce qui est antérieur et au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la conscience<br />
individuelle.<br />
SHEN du Ciel Postérieur, c’est une parcelle <strong>de</strong> YUAN SHEN, l’Esprit Originel, qui<br />
s’incarne en partie dans un corps.<br />
Une partie du SHEN du Ciel Postérieur reste donc non incarnée, reliée directement<br />
à YUAN SHEN, proche du Cœur/conscience lorsqu’il est paisible, et les autres<br />
parties du SHEN du Ciel Postérieur sont le YI, le ZHI, le PO et le HUN .<br />
Le « SHEN » individuel, c’est lorsque le YI, le ZHI, les PO et les HUN collaborent<br />
ensemble au mandat délivré par YUAN SHEN.<br />
Mais il est important <strong>de</strong> ne pas oublier qu’il n’y a pas <strong>de</strong> SHEN sans un JING<br />
abondant et <strong>de</strong> bonne qualité, et sans un QI qui circule librement.
9<br />
La division en Trois Trésors permet <strong>de</strong> comprendre l’interdépendance <strong>de</strong> tous les<br />
niveaux <strong>de</strong> l’être, <strong>de</strong> toutes les régions et fonctions du corps.<br />
d. Début du LING SHU chapitre 8<br />
6- Présentation <strong>de</strong> SHEN dans le LING SHU ch 8 :<br />
<br />
GU SHENG ZHI LAI WEI ZHI JING<br />
Donc ce d’où provient la vie, c’est JING<br />
JING représente la matière première <strong>de</strong> la vie, sa toile <strong>de</strong> fond. Sans essence, pas<br />
d’Esprit. Sans JING, l’Esprit ne trouve pas d’ancrage dans le corps : il se met à<br />
délirer.<br />
<br />
LIANG JING XIANG BO WEI ZHI SHEN.<br />
Quand les 2 JING s’étreignent, c’est ce qu’on nomme SHEN.<br />
En chacun <strong>de</strong> nous, SHEN surgit à la conception, à la rencontre <strong>de</strong> l’ovule et du<br />
spermatozoï<strong>de</strong>, JING XUE, et JING YE.<br />
Un nouvel être, qui représente un nouveau point <strong>de</strong> vue sur le Réel, vient « d’une<br />
empoigna<strong>de</strong> » <strong>de</strong> 2 lignées (il y a en effet un crossing over : un échange <strong>de</strong> matériel<br />
génétique entre l’ADN du père et l’ADN <strong>de</strong> la mère).<br />
L’étreinte <strong>de</strong> ces 2 JING représente aussi le JING inné, (l’ancestralité) et le JING<br />
acquis dans le milieu environnant.<br />
Car dès que la première cellule (porteuse du matériel génétique ancestrale) se<br />
divise, elle puise <strong>de</strong>s essences, du JING, acquis dans le milieu environnant.<br />
SHEN est donc une rencontre : entre <strong>de</strong>ux lignées, et entre un individu et son<br />
environnement.<br />
SHEN est à la fois le Grand Esprit au-<strong>de</strong>là du YIN/YANG, <strong>de</strong> l’espace/temps, mais<br />
c’est aussi une partie <strong>de</strong> cette conscience universelle incarnée dans un individu.<br />
Cet individu va pouvoir témoigner <strong>de</strong> la conscience universelle d’un point <strong>de</strong> vue<br />
particulier, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> son MING <strong>de</strong> son <strong>de</strong>stin.
10<br />
C’est comme si la conscience universelle cherchait à prendre conscience d’elle-même<br />
à travers toutes les facettes possibles.<br />
Dans notre périple autour <strong>de</strong> SHEN et <strong>de</strong> ses 5 <strong>aspects</strong>, nous tenterons <strong>de</strong> ne pas<br />
oublier :<br />
• Que JING est mis en mouvement par le QI, et orchestré par SHEN.<br />
• Que notre Esprit ne trouvera sa précision et sa clarté que si nous prenons<br />
soin <strong>de</strong> ne pas épuiser notre réserve <strong>de</strong> JING, et <strong>de</strong> consommer un JING <strong>de</strong><br />
qualité par notre alimentation, notre respiration, et plus globalement par<br />
tout ce que nous recevons par son 5 sens.<br />
• Que nous <strong>de</strong>vons aussi veiller à ne pas blesser notre QI en bloquant notre<br />
respiration et nos émotions <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> les ressentir, et à le soigner par la<br />
pratique du QI GONG.<br />
7- Apprendre à penser à partir <strong>de</strong> l’expérience<br />
sensorielle :<br />
Notre mental est un outil <strong>de</strong> pensée, mais il n’est pas à l’origine <strong>de</strong> la pensée.<br />
Notre mental ne peut rien penser <strong>de</strong> vraiment nouveau.<br />
La création <strong>de</strong> la pensée vient d’ailleurs, <strong>de</strong> SHEN.<br />
On ne peut que l’expérimenter, dans l’écoute.<br />
<strong>Les</strong> images et les mots permettent <strong>de</strong> témoigner au plus près <strong>de</strong> cette expérience<br />
vécue, sans pour autant pouvoir en exprimer la totalité.<br />
Dans nos sociétés, notre capacité d’avoir une pensée créative, évolutive, est<br />
perturbée par la notion <strong>de</strong> séparation du corps et <strong>de</strong> l’esprit qui règne <strong>de</strong>puis <strong>de</strong><br />
nombreux siècles en occi<strong>de</strong>nt.<br />
Chaque société élabore <strong>de</strong>s représentations du mon<strong>de</strong> qui offrent une réponse aux<br />
questions existentielles que se posent les hommes.<br />
Mais ces réponses doivent être continuellement remises en question pour que<br />
l’homme continue à évoluer, et à affiner ses outils <strong>de</strong> pensée.<br />
À chaque fois qu’un homme, ou une société ne questionne plus ses représentations,<br />
et prétend avoir trouvé la vérité, c’est un processus d’involution qui se met en<br />
branle.<br />
L’humanité souffre <strong>de</strong> ces différentes conceptions figées qui s’opposent et<br />
provoquent <strong>de</strong>s guerres.<br />
En occi<strong>de</strong>nt, il est nécessaire d’apprendre à penser à partir <strong>de</strong> l’expérience<br />
sensorielle, d’une expérience faisant table rase <strong>de</strong> toutes nos certitu<strong>de</strong>s pour se
mettre à l’écoute <strong>de</strong> la vie qui surgit dans la conscience, au lieu <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> faire<br />
rentrer la vie dans les différentes cases imaginées pour elle par notre mental.<br />
11
12<br />
HUN ET PO : L’AXE HORIZONTAL<br />
1. INTRODUCTION :<br />
a. MING, l’éveil :<br />
L’espèce humaine peut expérimenter la conscience pure, sans objet.<br />
<strong>Les</strong> traditions spirituelles appellent l’éveil cet état où nous nous sortons <strong>de</strong> ces<br />
filtres qui colorent toute notre relation au mon<strong>de</strong>.<br />
<strong>Les</strong> chinois nomment cet état : MING<br />
L’idéogramme montre le soleil et la lune : la lumière <strong>de</strong> ce qui est visible le jour et<br />
<strong>de</strong> ce qui éclaire la nuit, rendant perceptible l‘invisible.<br />
Mais lorsque la conscience cesse d’être un état <strong>de</strong> conscience, mais la conscience <strong>de</strong><br />
quelque chose, cette faculté <strong>de</strong>vient autonome : elle se coupe <strong>de</strong> ce qui la crée dans<br />
l’invisible.<br />
Nous entrons alors dans la conscience ordinaire du mon<strong>de</strong> tel que nous nous le<br />
représentons. Et nous vivons la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> notre vie enfermés dans <strong>de</strong>s<br />
représentations mentales qui font écran à la vraie présence à ce qui est.<br />
Nous sommes la seule espèce à naitre totalement immatures, et à le <strong>de</strong>meurer aussi<br />
longtemps.<br />
Le cerveau, libre <strong>de</strong> toute activité pour assurer sa survie, développe ainsi <strong>de</strong>s<br />
neurones associatifs à l’origine <strong>de</strong> la conscience.<br />
Cette dépendance nous lie indéfectiblement aux autres êtres humains, pour le<br />
meilleur et pour le pire.<br />
Pour le meilleur, car ce n’est qu’en relation avec les autres humains que nous pouvons<br />
apprendre à élaborer un récit proche du mystère qui nous fon<strong>de</strong>. Ce récit nous<br />
permet <strong>de</strong> supporter l’angoisse <strong>de</strong> notre origine, <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>venir, et <strong>de</strong> la<br />
complexité <strong>de</strong>s relations humaines.<br />
Pour le pire, car nous restons très longtemps tributaires <strong>de</strong>s émotions et<br />
représentations <strong>de</strong> notre milieu d’accueil.<br />
b. SHEN et YUAN SHEN : notre matrice spirituelle
13<br />
SHEN représente donc notre matrice spirituelle, en continuité avec YUAN SHEN.<br />
SHEN a une racine au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Forme, qui peut nous effleurer, nous gui<strong>de</strong>r, mais<br />
qui ne peut s'incarner dans un corps : car le corps est mémoire, personnelle et<br />
ancestrale.<br />
Étant mémoire, lorsque la conscience est i<strong>de</strong>ntifiée au corps, elle se rappelle, et<br />
<strong>de</strong>vient conscience <strong>de</strong> quelque chose.<br />
SHEN, nous l’avons vu, est une rencontre :<br />
• Une rencontre entre <strong>de</strong>ux lignées qui peuvent se libérer grâce à cette<br />
nouvelle mouture qu’est la conception d’un nouvel être.<br />
• Une rencontre, à chaque instant, entre le passé porté par la mémoire du<br />
corps, et le présent. Cette rencontre est une porte possible vers l’éveil.<br />
Pour pouvoir témoigner <strong>de</strong> la parcelle <strong>de</strong> conscience qui s’incarne, sans la confondre<br />
avec la conscience pure, les chinois ont élaboré une représentation <strong>de</strong> SHEN qui se<br />
différencie en 4 autres <strong>aspects</strong> qui auront comme <strong>de</strong>meure chacun <strong>de</strong>s 4 autres<br />
organes. Cette représentation qui témoigne <strong>de</strong> paliers d’incarnation successifs crée<br />
un lien <strong>de</strong> continuité entre nos <strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> conscience.<br />
c. <strong>Les</strong> 5 <strong>aspects</strong> <strong>de</strong> SHEN reliés aux 5 organes :<br />
Il y a donc une subdivision <strong>de</strong> SHEN en 5 <strong>aspects</strong> pour rendre compte, à la fois, <strong>de</strong>s<br />
2 niveaux <strong>de</strong> conscience (Ciel Antérieur/Ciel Postérieur) dont nous avons parlé hier,<br />
et <strong>de</strong> la continuité <strong>de</strong> l’Esprit (conscience) dans toutes ses manifestations :<br />
• Le SHEN du Ciel Antérieur non assujetti au YIN/YANG, non incarné et non<br />
incarnable. C’est une parcelle individuelle <strong>de</strong> YUAN SHEN reliée au cœur.<br />
C’est le SHEN dont le cœur/conscience peut avoir l’intuition lorsqu’il est vi<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> désirs et <strong>de</strong> répulsions.<br />
• Le SHEN du Ciel Postérieur relié aux 4 autres organes. Il y a là aussi une<br />
subdivision :<br />
o <strong>Les</strong> HUN et les PO, reliés respectivement au Foie et aux Poumons, sont<br />
en partie incarnés, et en partie non incarnés.<br />
o Le YI et le ZHI, <strong>aspects</strong> <strong>de</strong> SHEN reliés respectivement à la Rate et<br />
aux Reins sont eux, totalement incarnés.
14<br />
Cette subdivision <strong>de</strong> SHEN en 5 va nous permettre <strong>de</strong> comprendre comment nous<br />
élaborons notre pensée, une pensée en élaboration constante en réponse à notre<br />
vécu, et à notre évolution.<br />
Pourtant, cette élaboration ne se fait pas sans difficulté.<br />
C’est pour rendre compte <strong>de</strong> ces difficultés que les chinois ont créé le concept <strong>de</strong>s<br />
SHEN et <strong>de</strong>s GUI.<br />
2. <strong>Les</strong> GUI, l’axe horizontal :<br />
<strong>Les</strong> PO et les HUNreliés à l’Ouest et à l’Est, représentent notre axe<br />
horizontal, notre relation au mon<strong>de</strong>.<br />
Ces <strong>de</strong>ux <strong>aspects</strong> <strong>de</strong> SHEN, phases <strong>de</strong>scendante (reliée aux Poumons) et phase<br />
ascendante (reliée au Foie) <strong>de</strong> SHEN, portent le caractère <strong>de</strong> GUI le fantôme.<br />
a. Le caractère Gui signifie : diable, fantôme.<br />
<strong>Les</strong> différents sens <strong>de</strong> GUI dans le dictionnaire RICCI sont :<br />
• Âme d’un défunt encore lié au mon<strong>de</strong><br />
• Ame errante<br />
• Fantôme, revenant,<br />
• Âme d’une personne qui n’a pas quitté le cycle <strong>de</strong>s renaissances, par<br />
opposition à SHEN, l’âme immortelle.<br />
• Démon, diable.<br />
<strong>Les</strong> GUI s’opposent au pouvoir rayonnant <strong>de</strong> SHEN. Ils en représentent les forces<br />
brutes à transformer.<br />
GUI : ceux qui reviennent. C’est ce caractère fixé, obsessionnel, qui rend les GUI<br />
dangereux, égocentriques, assoiffés <strong>de</strong> vie pour soi.<br />
<strong>Les</strong> GUI ne lâchent pas prise : ils reste accrochés au cadavre, aux lieux où ils ont<br />
vécu. Leur soif d’être vus, reconnus, vengés est encapsulée dans le corps <strong>de</strong> leurs<br />
<strong>de</strong>scendants, ou dans la mémoire collective d’une société, d’un peuple.<br />
<strong>Les</strong> GUI sont d’autant plus puissants qu’ils ne sont pas vus, et agissent alors à<br />
travers nous à partir <strong>de</strong> notre inconscient. Lorsqu’ils sont reconnus et nommés, ils<br />
per<strong>de</strong>nt beaucoup <strong>de</strong> leur pouvoir, et acceptent <strong>de</strong> coopérer au projet <strong>de</strong> vie.
15<br />
C’est une formule très imagée, mais elle correspond à une réalité dont nous pouvons<br />
faire l’expérience :<br />
Il y a en nous <strong>de</strong>s forces défensives, morbi<strong>de</strong>s, qui rétractent notre conscience, et<br />
<strong>de</strong>s forces d’expansion, d’ouverture qui rayonnent. <strong>Les</strong> GUI blessent l’homme.<br />
b- Lao Zi chapitre 60 :<br />
<br />
ZHI DA GUO, RUO PENG XIAO XIAN.<br />
Ordonner un grand pays, c’est comme faire frire <strong>de</strong>s petits poissons.<br />
蒞 <br />
YI DAO LI TIAN XIA, QI GUI BU SHEN ;<br />
Si l’on gouverne le mon<strong>de</strong> selon le Dao, alors les GUI ne sont pas <strong>de</strong>s SHEN.<br />
<br />
FEI QI GUI BU SHEN, QI SHEN BU SHANG REN ;<br />
Ce n’est pas que les GUI ne soient pas <strong>de</strong>s SHEN, c’est que ces SHEN ne<br />
blessent pas l’homme ;<br />
<br />
FEI QI SHEN BU SHANG REN, SHENG REN YI BU SHANG REN.<br />
Ce n’est pas que ces SHEN ne blessent pas les hommes, c’est que l’homme sage,<br />
lui, ne blesse pas les hommes.<br />
<br />
<br />
FU LIANG BU XIANG SHANG, GU DE JIAO GUI YAN.<br />
Alors tous les <strong>de</strong>ux (SHEN et GUI) ne se blessent pas mutuellement, et ainsi le<br />
DE revient grâce à cette entente.
16<br />
Il est donc important <strong>de</strong> savoir qu’il existe, au cœur du rayonnement <strong>de</strong> SHEN, <strong>de</strong>s<br />
GUI qui se contractent comme la matière. Bien que faisant partie <strong>de</strong> SHEN, il<br />
importe cependant <strong>de</strong> les distinguer, sous peine <strong>de</strong> blessure pour l’être.<br />
3. Il y a une différence importante entre les GUI reliés aux<br />
HUN et ceux reliés aux PO :<br />
Même si <strong>Les</strong> HUN et les PO sont tous les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s GUI, il y a cependant une<br />
différence entre les <strong>de</strong>ux :<br />
a. <strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s PO :<br />
i. <strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s PO sont <strong>de</strong>s GUI reliés à la forme :<br />
Le radical qui spécifie les PO est BAI , qui signifie blanc (représentée par le<br />
soleil levant), brillant, évi<strong>de</strong>nt, manifesté.<br />
C’est le fantôme évi<strong>de</strong>nt relié au corps : il se voit, sans pour autant que la partie<br />
« fantomatique » du corps soit reconnue comme telle !<br />
<strong>Les</strong> PO représentent notre matrice corporelle : ils s’associent aux « esprits » <strong>de</strong> la<br />
terre et <strong>de</strong> nos ancêtres pour créer un corps, une forme <strong>de</strong> vie séparée, mortelle.<br />
<br />
DI QI WEI PO<br />
« <strong>Les</strong> souffles <strong>de</strong> la terre font les PO » Huai Nan Zi.<br />
<br />
PO ZHE SI QI ZHI SHE<br />
« Le Po est l’abri du souffle <strong>de</strong> mort. » Fan Li.<br />
<strong>Les</strong> formes sont, <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte, porteuses d’une énergie morcelante, et souvent,<br />
ce n’est qu’en fermant les yeux que nous pouvons « sentir » que nous ne nous<br />
limitons pas à notre corps physique, où que le QI projeté par nos mains peut<br />
traverser la peau. L’i<strong>de</strong>ntification à notre corps est l’illusion la plus difficile à<br />
effacer.
17<br />
PO ZHE NANG YE<br />
« Le Po, c’est l’enveloppe » FAN LI (commentaires du XU XING DA YI)<br />
ii. Ils sont utiles :<br />
<strong>Les</strong> « esprits » <strong>de</strong> la Terre représentent la mémoire <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> vie<br />
séparée qui ont existé <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’espace/temps, <strong>de</strong>puis ce que les chinois<br />
appellent la création du Ciel/Terre.<br />
Leur dynamique est centripète, en charge <strong>de</strong> la cohésion <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> l’individu.<br />
C’est grâce à eux que nous avons un corps.<br />
La matière est une contraction <strong>de</strong> l’énergie.<br />
iii. Ils sont aussi nuisibles :<br />
<strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s PO peuvent être nuisibles lorsqu’ils agissent pour leur propre compte.<br />
C’est à cause d’eux que le corps est porteur <strong>de</strong> mémoires cellulaires très<br />
puissantes au travers <strong>de</strong>squelles nos ancêtres cherchent à obtenir réparation.<br />
Tous les non-dits, les secrets <strong>de</strong> famille, les évènements non assumés créent une<br />
mémoire qui se transmet <strong>de</strong> génération en génération.<br />
iv.Ils se signalent par le corps ou la perception du corps :<br />
Le plus souvent, les GUI <strong>de</strong>s PO se signalent par <strong>de</strong>s symptômes corporels, <strong>de</strong>s<br />
maladies.<br />
Nous pouvons aussi les repérer par les sentiments que nous éprouvons à propos <strong>de</strong><br />
notre corps, sentiments qui peuvent être tellement distordus par rapport à la<br />
réalité que certaines jeunes filles se trouvent grosses alors même qu’elles sont en<br />
train <strong>de</strong> se laisser mourir <strong>de</strong> faim.<br />
v.À la mort :<br />
À notre mort, ils restent quelques temps attachés aux os, ou attachés au lieu d’un<br />
acci<strong>de</strong>nt, s’alliant parfois aux PO qui habitent d’autres corps pour provoquer un<br />
autre acci<strong>de</strong>nt au même endroit.<br />
Ils sont un peu plus « GUI » que les HUN, à tel point que l’on peut parfois opposer<br />
les HUN et les PO, comme si seuls les PO étaient <strong>de</strong>s GUI.<br />
b. <strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s HUN :<br />
i. Le fantôme qui parle :<br />
Le radical qui spécifie les HUN est YUN qui signifie : dire, déclarer,<br />
nommer.<br />
<strong>Les</strong> HUN sont les fantômes qui « parlent ».<br />
La parole, lorsqu’elle est au plus proche <strong>de</strong> la sensation, a le pouvoir <strong>de</strong> libérer<br />
l’énergie enfermée dans le corps.
18<br />
ii. Ils sont utiles :<br />
En ce sens, les HUN peuvent libérer les fantômes enfermés dans le corps : lorsqu’un<br />
secret <strong>de</strong> famille est dit, il y a <strong>de</strong>s symptômes qui s’éteignent.<br />
C’est ce qui rend les HUN plus proches du pouvoir rayonnant <strong>de</strong> SHEN.<br />
<br />
TIAN QI WEI HUN<br />
« <strong>Les</strong> souffles du Ciel font les Hun.» WU XING DA YI.<br />
<br />
HUN ZHE SHENG QI ZHI YUAN<br />
« Le Hun, c’est la source du souffle <strong>de</strong> la vie. » FAN LI.<br />
iii. Ils peuvent être nuisibles :<br />
Cependant, ils ne sont pas exempts <strong>de</strong> pouvoir rétractant <strong>de</strong> saisie <strong>de</strong>s choses et<br />
<strong>de</strong>s êtres.<br />
Ils s’associent aux « esprits » du Ciel pour créer les forces psychiques qui animent<br />
notre corps. Ces forces, porteuses <strong>de</strong> la mémoire ancestrale, portent avec elle le<br />
désir <strong>de</strong> vivre <strong>de</strong> nos ancêtres, mais aussi leur désir <strong>de</strong> saisir, <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r,<br />
d’obtenir réparation.<br />
<strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s HUN s’expriment le plus souvent par <strong>de</strong>s symptômes psychiques,<br />
névrotiques ou psychotiques, reflétant les défauts <strong>de</strong> construction psychique <strong>de</strong><br />
notre lignée.<br />
Étant plus proches <strong>de</strong>s SHEN, à la mort du corps, ils iront rejoindre les HUN <strong>de</strong> la<br />
lignée familiale ou le SHEN universel en fonction du <strong>de</strong>gré d’éveil <strong>de</strong> la personne qui<br />
meurt.<br />
c. <strong>Les</strong> GUI comme <strong>de</strong>s forces venues du passé, <strong>de</strong>s contenus<br />
psychiques ou corporels pulsionnels :<br />
Ils sont activés par les circonstances <strong>de</strong> notre vie : les chocs, acci<strong>de</strong>nts, <strong>de</strong>uils,<br />
séparation, immigration, stress, mais aussi par toutes les zones <strong>de</strong> conflits qui<br />
réactivent nos blessures profon<strong>de</strong>s, personnelles ou ancestrales.<br />
La conscience <strong>de</strong> notre axe vertical, <strong>de</strong> notre enracinement au Ciel/Terre, va nous<br />
permettre <strong>de</strong> « voir » ces GUI, et <strong>de</strong> ne pas nous i<strong>de</strong>ntifier à eux.<br />
<strong>Les</strong> GUI per<strong>de</strong>nt alors <strong>de</strong> leur pouvoir « maléfique » et peuvent alors participer à<br />
une saine construction du psychisme, capable <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> notre statut<br />
d’humain, qui, par sa verticalité, relie en lui le Ciel, la Terre, et les humains.
19<br />
La tension qu’ils créent dans le corps <strong>de</strong>vient alors source d’évolution au lieu<br />
d’involution.<br />
4. <strong>Les</strong> PO: notre matrice corporelle<br />
Pour pouvoir se manifester et <strong>de</strong>venir conscient <strong>de</strong> lui-même, SHEN doit pouvoir<br />
s'incarner dans une forme corporelle.<br />
L'aspect <strong>de</strong> SHEN qui est à l'origine <strong>de</strong> notre corps est représenté par les PO. Ce<br />
sont <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> fixation, qui créent un corps individuel, mortel.<br />
En effet, les PO génèrent un corps qui s'individualise du Grand Tout, pour une<br />
pério<strong>de</strong> limitée d'expérimentation : il programme la mort.<br />
a. <strong>Les</strong> PO sont la phase <strong>de</strong>scendante du TAI JI :<br />
Au moment <strong>de</strong> la conception, qui représente l’aspect feu <strong>de</strong> SHEN, une étincelle <strong>de</strong><br />
YUAN SHEN apparait à la rencontre <strong>de</strong>s 2 JING, paternel et maternel, (l’ovule et<br />
le spermatozoï<strong>de</strong>) et forme un nouveau point <strong>de</strong> vue sur le mon<strong>de</strong>.<br />
À partir <strong>de</strong> là, c’est la phase <strong>de</strong>scendante du TAI JI, l’aspect métal <strong>de</strong> SHEN, qui<br />
est à l’œuvre : les PO.<br />
Durant la vie, le support immatériel du PO est le QI, organisé par les Poumons. C’est<br />
pourquoi le Poumon est le premier ministre, chargé <strong>de</strong> l’entretien du corps, <strong>de</strong> la<br />
régularité du souffle et <strong>de</strong> la circulation du QI dans les méridiens principaux, lié à<br />
l’énergie nourricière RONG <br />
b. Le PO assure la physiologie corporelle en lien avec JING :<br />
Le PO détient la faculté d’organiser les limites et les structures <strong>de</strong> l’enveloppe<br />
corporelle spécifique d’un individu selon les impulsions <strong>de</strong> SHEN et les plans et<br />
potentiels <strong>de</strong> JING.<br />
Il accompagne JING dans ses entrées et sorties.<br />
<strong>Les</strong> PO nous offrent l’espace indispensable à notre expérience <strong>de</strong> nous-mêmes et du<br />
mon<strong>de</strong> par les mouvements et la sensorialité.<br />
<strong>Les</strong> <strong>de</strong>rnières recherches en neurophysiologie viennent confirmer cette intuition :<br />
« Le corps fournit un contenu fondamental aux représentations mentales » Damasio.<br />
Toute forme <strong>de</strong> conscience, aussi élaborée et abstraite soit-elle, implique le corps<br />
et passe par lui.
20<br />
Le Po permet les sensations proprioceptives et endoceptives du corps. C’est la<br />
sensibilité propre aux os, aux articulations, muscles, tendons et viscères. Cela nous<br />
renseigne sur notre statique, notre équilibre, notre déplacement dans l’espace, nos<br />
sensations intérieures. Grâce à cette sensibilité, nous pouvons retourner nos sens<br />
vers l’interne, afin <strong>de</strong> gouter, voir, sentir et toucher notre intériorité. Par lui, nous<br />
pouvons sentir ce qui se passe à l’intérieur <strong>de</strong> notre enveloppe corporelle, mais aussi<br />
à l’intérieur <strong>de</strong> notre enveloppe énergétique.<br />
Nous pouvons sentir nos frontières, avoir conscience <strong>de</strong> nos limites, et par là<br />
percevoir le lieu <strong>de</strong> contact avec l’autre à l’extérieur et même le lieu <strong>de</strong> relation et<br />
<strong>de</strong> contact avec l’Autre à l’intérieur, avec nos ancêtres-en-nous.<br />
Car nos corps sont porteurs <strong>de</strong>s mélancolies ancestrales qui éteignent la vitalité.<br />
Étant la substance même <strong>de</strong> la conscience, si cette mémoire n’est pas reconnue, elle<br />
se perpétue <strong>de</strong> vie en vie.<br />
5- <strong>Les</strong> HUN sont notre matrice psychique<br />
a- Phase ascendante du TAI JI :<br />
<strong>Les</strong> HUN apparaissent au moment <strong>de</strong> la naissance.<br />
Ils représentent la phase ascendante du TAI JI : le soleil levant <strong>de</strong> SHEN.<br />
C’est une phase d’expansion et <strong>de</strong> jaillissement vertical.<br />
<strong>Les</strong> PO représentent la continuité et la cohésion <strong>de</strong> la forme individuelle, et les<br />
HUN la possibilité d’évolution pour s‘adapter et survivre à <strong>de</strong> nouvelles conditions, la<br />
capacité <strong>de</strong> créer, <strong>de</strong> se projeter au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites imposés par la forme.<br />
Le HUN représente un élan <strong>de</strong> vie, un pouvoir d’évolution.<br />
b- <strong>Les</strong> HUN sont les forces qui nous poussent à évoluer :<br />
YUAN SHEN est non-conscient (sur-conscient), impersonnel et indifférencié.<br />
Le HUN est l'aspect <strong>de</strong> SHEN qui s'incarne et <strong>de</strong>vient conscient et individuel.<br />
Le HUN représente l'ensemble <strong>de</strong>s facultés qui nous permettent d'avoir conscience<br />
<strong>de</strong> notre existence, d'agir et <strong>de</strong> communiquer avec le mon<strong>de</strong> extérieur, <strong>de</strong> ressentir<br />
et d'exprimer nos émotions.<br />
La conscience appartient au HUN.<br />
Le HUN suit SHEN dans ses allées et venues. Il a tendance à s'élever vers le Ciel. À<br />
la mort, il va rejoindre notre lignée familiale.<br />
C'est l'outil qu'utilise SHEN pour se manifester : intelligence, spiritualité, intuition,<br />
grands sentiments, rêves, introspection, créativité, imagination, enthousiasme, désir<br />
<strong>de</strong> vivre...<br />
c- <strong>Les</strong> HUN sont cependant porteurs <strong>de</strong> GUI :
21<br />
Le HUN, en nous, s’est construit à partir <strong>de</strong> ce qui a permis à nos parents <strong>de</strong> nous<br />
concevoir dans leur désir avant <strong>de</strong> nous former dans un corps. Il a fallu que quelque<br />
chose en eux, consciemment ou inconsciemment désire se reproduire, désire<br />
perpétuer la lignée familiale. C’est <strong>de</strong> cet enracinement <strong>de</strong> notre psychisme en<br />
amont <strong>de</strong> notre enracinement dans le corps <strong>de</strong> notre mère que dépen<strong>de</strong>nt la force<br />
et la clarté <strong>de</strong> notre HUN et, à travers lui, notre psychisme et notre santé mentale.<br />
Notre HUN a donc pris appui sur notre lignée familiale pour se construire, mais il<br />
n’est <strong>de</strong>venu opérant pour nous qu’au moment <strong>de</strong> la naissance, à cet instant où, sorti<br />
<strong>de</strong> la matrice corporelle <strong>de</strong> notre mère, nous avons été accueilli dans la parole et<br />
dans le regard <strong>de</strong> notre entourage familial.<br />
Porteur du désir <strong>de</strong> vivre et <strong>de</strong> perpétuer la vie transmis par nos ascendants, il est<br />
aussi porteur <strong>de</strong> leur acharnement à saisir, possé<strong>de</strong>r, obtenir vengeance ou<br />
réparation.<br />
d- <strong>Les</strong> HUN sont liés au mouvement du Foie, du Bois :<br />
Durant la vie, leur support matériel est le sang, thésaurisé par le Foie. Le jour, le<br />
sang, véhiculant les HUN, se rend aux yeux et l'on voit. La nuit, il s'intériorise et<br />
permet les rêves.<br />
<strong>Les</strong> HUN sont reliés au mouvement du Bois, et au Foie, le Général en chef <strong>de</strong>s<br />
Armées.<br />
C’est à lui que l’Empereur, le Cœur, délivre le mandat <strong>de</strong> gouverner en cas d’urgence.<br />
L’empereur n’agit pas, mais le général <strong>de</strong>s armées agit.<br />
Lorsqu’il y a urgence, car risque d’involution, le général <strong>de</strong>s armées est sollicité pour<br />
agir et parler.<br />
<strong>Les</strong> GUI sont toujours porteurs <strong>de</strong> honte. Ils aiment l’ombre et le secret. Lorsque,<br />
porté par la puissance du Bois, du désir <strong>de</strong> vivre, nous osons dire ce qui nous habite<br />
en prenant la responsabilité <strong>de</strong>s GUI qui nous parasitent, l’aspect GUI <strong>de</strong>s HUN<br />
disparaît : les résidus du passé ne résistent pas à la lumière.<br />
<strong>Les</strong> HUN nous obligent alors à évoluer, à sortir <strong>de</strong>s répétitions morbi<strong>de</strong>s.<br />
Un commentaire <strong>de</strong> la Fleur d’Or illustre la nature contradictoire <strong>de</strong>s Hun :<br />
« La nature Véritable (XING ), sort du Sans Faîte (WU JI ),<br />
reçoit l’Énergie du , et <strong>de</strong>vient le HUN . Elle reçoit la nature <strong>de</strong><br />
son père et <strong>de</strong> sa mère comme YUAN SHEN
22<br />
Ce YUAN SHEN est sans conscience (ordinaire) et sans savoir (formalisé), mais<br />
il est capable <strong>de</strong> gouverner les processus <strong>de</strong> formation du corps. Le HUN est<br />
très manifeste et très actif, et il est capable <strong>de</strong> s’adapter <strong>de</strong> façon<br />
incessante.<br />
Il est le maitre du Cœur/conscience, (XIN ) .<br />
Aussi longtemps qu’il loge dans le corps, c’est le HUN. Lorsqu’il se sépare du<br />
corps, il <strong>de</strong>vient SHEN.<br />
Quand le corps entre dans l’existence, SHEN n’a pas encore formé d’embryon<br />
dans lequel il puisse s’incarner.<br />
Il se fixe dans l’unité libre du WU JI.<br />
Au moment <strong>de</strong> la naissance, le HUN aspire l’énergie <strong>de</strong> l’air : il <strong>de</strong>vient la<br />
maison du nouveau-né. Il loge dans le cœur.<br />
Dès ce moment, le cœur/conscience est le maitre, et YUAN SHEN perd sa<br />
place, tandis que le HUN est au pouvoir.<br />
YUAN SHEN aime la tranquillité (JING ). Le HUN aime l’agitation (DONG<br />
).<br />
Dans ses mouvements, il <strong>de</strong>meure lié aux sentiments (QING ) et aux désirs<br />
(YU ).<br />
Jour et nuit, il consomme YUAN JING jusqu’au moment où il a épuisé l’énergie<br />
<strong>de</strong> YUAN SHEN. Alors le HUN abandonne l’enveloppe corporelle et s’en va. »<br />
6- Harmoniser les GUI et les SHEN, les HUN et les PO :<br />
Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong> l’humanité peut se comprendre<br />
dans les conflits entre les SHEN et les GUI, entre les forces <strong>de</strong> rétraction ou <strong>de</strong><br />
saisie et les forces d’expansion ou <strong>de</strong> rayonnement et entre les HUN et les PO.<br />
Il est important <strong>de</strong> voir qu’il y a <strong>de</strong>s GUI en nous, que ces GUI désirent nous diriger<br />
pour répondre à leurs propres besoins, en s’opposant au pouvoir rayonnant <strong>de</strong> SHEN.<br />
Ces GUI ont une place nécessaire et utile : ils font partie <strong>de</strong> notre MING.<br />
Mais ils ne doivent pas diriger.<br />
Ils sont comme les cellules cancéreuses qui refusent <strong>de</strong> prendre leur place dans la<br />
hiérarchie corporelle en re<strong>de</strong>venant indifférenciées, et en assurant leur propre vie<br />
au dépend du corps dont elles font partie.<br />
7- Divers textes sur les HUN et les PO
23<br />
<br />
JIU YIN YANG LUN WEI YOU ER BIE :<br />
« Selon la théorie du YIN/YANG. Il y a seulement <strong>de</strong>ux divisions :<br />
<br />
YANG YUE HUN, YIN YUE PO.<br />
L’aspect YANG se nomme HUN, l’aspect YIN se nomme PO. » (WU XING DA<br />
YI »<br />
<br />
TIAN QI WEI HUN, DI QI WEI PO.<br />
« <strong>Les</strong> souffles du Ciel forment les HUN, les souffles <strong>de</strong> la Terre forment les<br />
PO. » (HUAI NAN ZI)<br />
. <br />
PO ZHE NANG YE. HUN ZHE SHENG QI ZHI YUAN.<br />
« <strong>Les</strong> PO, c’est l’enveloppe. <strong>Les</strong> HUN sont la source du souffle <strong>de</strong> la vie.<br />
<br />
YOU YUN HUN ZHE SHENG QI ZHI JING, PO ZHE SI QI ZHI SHE.<br />
On dit aussi : le HUN est l’essence du souffle <strong>de</strong> la vie ; le PO est l’abri du<br />
souffle <strong>de</strong> la mort. » (FAN LI : commentaire du WU XING DA YI)<br />
. <br />
FEI CANG PO. ZHE PO YI XIANG ZHU WEI MING. FEI WEI SHAO YIN.<br />
« <strong>Les</strong> Poumons thésaurisent les PO. <strong>Les</strong> PO, c’est ce qui a statut <strong>de</strong> premier<br />
ministre. <strong>Les</strong> Poumons, c’est le petit YIN.<br />
<br />
YIN XING TIAN JING. JIN ZHU SHA.<br />
La nature du YIN, c’est la douceur et la tranquillité. Le Métal dirige la<br />
<strong>de</strong>struction.
24<br />
<br />
PO YOU ZHU E. GU YI CANG ZHI.<br />
<strong>Les</strong> PO dirigent aussi le Mal. Donc, ils le recèlent.<br />
<br />
GAN CANG HUN ZHE. HUN YI YUN DONG WEI MING.<br />
Le Foie thésaurise les HUN. <strong>Les</strong> HUN, c’est le nom qu’on donne à ce qui circule<br />
et bouge.<br />
<br />
GAN SHI SHAO YANG. YANG XING YUN DONG. MU XING REN.<br />
Le Foie, c’est le petit YANG. La nature du YANG, c’est la circulation et le<br />
mouvement. La nature du Bois, c’est l’humanité.<br />
<br />
GU HUN YI ZHU SHAN, GU CANG YU GAN YAN.<br />
Donc, les HUN dirigent aussi le Bien. Donc, ils le mettent en recel dans le<br />
Foie. » (WU XING DA YI)<br />
<br />
FU XING ZHI LING WEI PO. FU QI ZHI SHEN WEI HUN.<br />
« Ce qui s’appuie sur l’efficacité spirituelle du corps, ce sont les PO. Ce qui<br />
s’appuie sur l’Esprit organisateur <strong>de</strong>s souffles, ce sont les HUN. »<br />
<br />
SHEN TONG WAN BIAN WEI ZHI LING.<br />
« Quand SHEN communique avec les 10 000 transformations, c’est ce qu’on<br />
appelle l’efficace spirituel.<br />
<br />
WAN BIAN RUO YI QI, FAN YUAN SHEN.<br />
Quand les 10 000 transformations <strong>de</strong>viennent un seul souffle, cela fait retour<br />
à l’Esprit Originel. » (TAI XI JING)
25<br />
<br />
REN SHENG YOU QI. HUN QI ZHE SHEN ZHI SHENG YE.<br />
« la vie <strong>de</strong> l’homme a du QI. <strong>Les</strong> souffles <strong>de</strong>s HUN, c’est la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
SHEN.<br />
<br />
PO QI ZHE GUI ZHI SHENG YE. REN SHENG YOU SI.<br />
<strong>Les</strong> souffles <strong>de</strong>s PO sont la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fantômes. Dans la vie <strong>de</strong> l’homme, il<br />
y a la mort.<br />
<br />
SI BI GUI TU. CI WEI ZHI GUI.<br />
À la mort, on retourne à la Terre. C’est cela qu’on appelle les GUI..<br />
<br />
HUN QI GUI HU TIAN. CI WEI SHEN.<br />
<strong>Les</strong> souffles <strong>de</strong>s HUN retournent au Ciel. C’est cela qu’on appelle SHEN.<br />
<br />
HE GUI YU SHEN ER XIANG ZHI JIAO ZHI ZHI YE.<br />
Savoir harmoniser les GUI et les SHEN et recevoir leur influx bénéfique, c’est<br />
le plus haut <strong>de</strong>gré d’un enseignement.<br />
<br />
GU ROU BI HU XIA HUA WEI YE TU.<br />
<strong>Les</strong> os et les chairs se détériorent vers le bas, et leur transformation est du<br />
domaine <strong>de</strong> la Terre.<br />
, <br />
QI QI FA YANG HU SHANG, CI SHEN ZHI ZHU YE.<br />
Mais si le souffle jaillit et se propage vers le haut, c’est SHEN qui se<br />
manifeste. » (WU XING DA YI. Texte attribué à Confucius.)
26<br />
8- Le traité <strong>de</strong> la fleur d’or chapitre 2<br />
<br />
FAN REN YI YI SHENG SHEN<br />
« En général, l’homme crée son corps avec son YI.<br />
<br />
SHEN BU ZHI QI CHI ZHE WEI SHEN YE<br />
Ce qu’on appelle le corps n’est pas limité au corps <strong>de</strong> 7 pieds.<br />
<br />
<br />
GAI SHEN ZHONG YOU PO YAN<br />
Au centre du corps, il y a le PO.<br />
, <br />
PO FU SHI ER YONG SHI YI PO ER SHENG.<br />
Le PO s’appuie sur la conscience pour fonctionner. La conscience s’attache au<br />
PO pour surgir<br />
<br />
PO YIN YE. SHI ZHI TI YE.<br />
Le PO est YIN. C’est la substance <strong>de</strong> la conscience individuelle.<br />
<br />
<br />
SHI BU DUAN ZE SHENG SHENG SHI SHI<br />
Si la conscience individuelle n’est pas coupée, alors il y a passage <strong>de</strong> vie en vie<br />
et <strong>de</strong> siècle en siècle.
27<br />
<br />
PO ZHI BIAN XING YI ZHI WU YI YE.<br />
<strong>Les</strong> changements <strong>de</strong> forme du PO et les mutations <strong>de</strong> la matière n’ont pas <strong>de</strong><br />
cesse.<br />
<br />
WEI YOU HUN SHEN ZHI SUO CANG YE<br />
Pourtant, il y a le HUN qui constitue le recel <strong>de</strong> SHEN.<br />
<br />
ZHOU YU YU MU, YE SHE YU GAN<br />
Le jour, il habite dans les yeux, et la nuit, il s’abrite dans le Foie.<br />
<br />
YU MU ER SHI, SHE GAN ER MENG<br />
Habitant dans les yeux, alors on voit, habitant dans le Foie, alors on rêve.<br />
<br />
MENG ZHE SHEN YOU YE JIU TIAN JIU DI<br />
<strong>Les</strong> rêves sont les vagabondages <strong>de</strong> SHEN à travers les 9 cieux et les 9 terres<br />
歷 <br />
CHA NA LI BIAN.<br />
En un clin d’œil, il les parcourt en tout sens
28<br />
<br />
JUE ZE MING MING YAN, YUAN YUAN YAN, JU YU XING YE<br />
Mais si, en se réveillant, on se sent obscur, obscur, comme enfoncé dans un<br />
abime, contraint par la forme,<br />
<br />
JI JU YU PO YE.<br />
C’est qu’on est enchainé par le PO ».<br />
9- Entre désirs et limitations :<br />
Nos difficultés <strong>de</strong> vie peuvent se comprendre dans une mauvaise collaboration entre<br />
les HUN et les PO, entre nos désirs et nos limitations.<br />
Entre le désir <strong>de</strong> dépasser nos limites, d’explorer l’inconnu, et la connaissance et<br />
l’acceptation <strong>de</strong> nos contours qui nous donnent un sentiment <strong>de</strong> continuité, <strong>de</strong><br />
cohérence et <strong>de</strong> sécurité.<br />
Nos limites nous font percevoir notre incomplétu<strong>de</strong>, notre nature mortelle, et<br />
l’angoisse que crée ce manque nous porte à le combler par plus d’objets, d’amour, <strong>de</strong><br />
connaissances.<br />
Un jour ou l’autre, nous prenons conscience que ce manque ne peut pas être comblé<br />
par « plus <strong>de</strong> quelque chose ».<br />
Nous cessons alors <strong>de</strong> vouloir combler ce manque, nous acceptons nos limites sans<br />
pourtant restreindre notre désir d’explorer autre chose que ce que nous<br />
connaissons.<br />
Il ne s’agit donc pas <strong>de</strong> se battre contre nos limites, mais d’entrer en relation avec<br />
cet espace inconfortable, où l’on accepte simplement <strong>de</strong> rester là pour, enfin,<br />
expérimenter l’inconnu.<br />
Puiser dans nos racines, les honorer, les reconnaitre, voir ce dont nous sommes<br />
porteur, puis partir vers l’inconnaissable <strong>de</strong> soi et <strong>de</strong> l’autre.<br />
Car il ne s’agit pas non plus <strong>de</strong> nous soumettre !<br />
Contrairement à ce que nous pensons généralement, ce sont nos limites qui nous<br />
propulsent vers l’inconnaissable : ce sont les PO qui offrent leur appui aux HUN.
29<br />
Le PO est la substance <strong>de</strong> la conscience.<br />
Le HUN a besoin <strong>de</strong> s’appuyer sur les contours du corps, sur l’expérience<br />
sensorielle, pour pouvoir se dresser et se déployer.<br />
Il s’agit d’oser élaborer un récit au plus proche <strong>de</strong>s sensations déclenchées lorsqu’au<br />
lieu <strong>de</strong> chercher à combler le manque, on accepte tout simplement <strong>de</strong> le rencontrer.<br />
YI ET ZHI : L’AXE VERTICAL<br />
1. Introduction :<br />
Assumer son <strong>de</strong>stin, c’est prendre la responsabilité <strong>de</strong>s GUI enfermés dans notre<br />
corps, <strong>de</strong> façon à ne pas les laisser prendre les comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>stinée.<br />
Personne ne peut le faire à notre place.<br />
Et nous ne pouvons le faire sans permettre à SHEN <strong>de</strong> trouver son amarre à l’ai<strong>de</strong><br />
d’une pratique corporelle qui nourrit la conscience <strong>de</strong> l’axe vertical vi<strong>de</strong> au centre du<br />
corps, centré par le DAN TIAN inférieur, exactement comme nous le souligne<br />
l’idéogramme SHEN <br />
Rappelons-nous le texte <strong>de</strong> la Fleur d’Or :<br />
« Quand le corps entre dans l’existence, SHEN n’a pas encore formé d’embryon<br />
dans lequel il puisse s’incarner.<br />
Il se fixe dans l’unité libre du WU JI.<br />
Au moment <strong>de</strong> la naissance, le HUN aspire l’énergie <strong>de</strong> l’air : il <strong>de</strong>vient la<br />
maison du nouveau-né. Il loge dans le cœur.<br />
Dès ce moment, le cœur/conscience est le maitre, et YUAN SHEN perd sa<br />
place, tandis que le HUN est au pouvoir. »<br />
Pour que SHEN reprenne sa place, il lui faut trouver son amarre dans le corps.<br />
Nous allons voir que cette amarre est le ZHI, pôle nord <strong>de</strong> SHEN.<br />
1. Présentation du Yi et du ZHI :<br />
a. Le Yi :
30<br />
<br />
SUO YI REN WU ZHE WEI ZHI XIN<br />
Ce qui prend en charge les êtres, c’est le Cœur/conscience<br />
<br />
XIN YOU SUO YI WEI ZHI YI<br />
Lorsque, dans le cœur, se font jour <strong>de</strong>s réminiscences, c’est ce qu’on appelle le<br />
YI. (LING SHU 8)<br />
Qu’entend-on par « réminiscence » <br />
YI signifie : se souvenir <strong>de</strong>, réminiscence.<br />
C’est le radical du cœur, et la phonétique est YI , le terme que l’on cherche à<br />
définir, l’aspect <strong>de</strong> SHEN relié à la Rate.<br />
Pour comprendre <strong>de</strong> quoi le cœur se rappelle, il va donc falloir nous pencher sur<br />
l’idéogramme YI <br />
Le radical, placé cette fois-ci au-<strong>de</strong>ssous, est encore XIN , le<br />
cœur/conscience.<br />
La phonétique montre une note <strong>de</strong> musique, une vibration.<br />
Ce terme porte une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens, ce qui montre bien la difficulté à le traduire.<br />
<strong>Les</strong> différents sens sont aussi variés que :<br />
• Idée, opinion<br />
• Intention, désir,<br />
• Sentiment,<br />
• Signification, ambiance, nuance, coloration,<br />
• S’attendre à, présumer,<br />
• Premier minuscule mouvement énergétique à l’origine d’une pensée.<br />
• Intention que celui qui parle, pense ou agit met dans ce qu’il exprime.<br />
Comment dégager une compréhension <strong>de</strong> ce terme <br />
Rappelons-nous que la Rate appartient au mouvement <strong>de</strong> la Terre, domaine <strong>de</strong>s<br />
formes.<br />
Notre corps est une mémoire : une forme qui emmagasine une énergie porteuse<br />
d’une trajectoire.
31<br />
Notre corps a gardé la mémoire <strong>de</strong> toutes les intentions <strong>de</strong> ceux qui nous ont parlé<br />
durant notre enfance, mais aussi la mémoire <strong>de</strong> toutes les vibrations reçues par nos<br />
ancêtres.<br />
Le YI est donc la mémoire, emmagasinée dans le corps, <strong>de</strong> toutes les<br />
« ambiances » vibratoires relationnelles qui ont laissé <strong>de</strong>s traces chez nos<br />
ancêtres ou dans notre histoire personnelle.<br />
Cette mémoire est « endormie » dans notre corps/mémoire.<br />
Le corps, formé par les PO, est la substance <strong>de</strong> la conscience : il permet <strong>de</strong> sentir,<br />
et même <strong>de</strong> ressentir.<br />
Lorsque quelque chose dans l’environnement réveille la mémoire inscrite dans notre<br />
corps : c’est alors le cœur/conscience qui se rappelle, qui a une réminiscence YI<br />
.<br />
Cela éveille une « vibration, une ambiance, une coloration, un très léger mouvement,<br />
comme une ébauche <strong>de</strong> ce qui pourrait <strong>de</strong>venir une image, une pensée, une prise <strong>de</strong><br />
conscience. »<br />
b. Le Zhi :<br />
<br />
YI ZHI SUO CUN WEI ZHI ZHI<br />
Quand le YI trouve à s’établir, c’est ce qu’on nomme le ZHI.(LING SHU 8)<br />
L’idéogramme ZHI montre une pousse qui se développe sur le radical du<br />
cœur/conscience.<br />
Le ZHI est le pôle <strong>de</strong> SHEN relié aux Reins. <strong>Les</strong> Reins gouvernent énergétiquement<br />
la région du bassin, et ils ont la maîtrise <strong>de</strong>s 2 orifices inférieurs.<br />
Lorsque ce « quelque chose » qui est éveillé, dont le cœur/conscience se souvient,<br />
grâce à la mémoire <strong>de</strong> notre terrain (Terre/Rate), s’établit et s’installe pour <strong>de</strong>venir<br />
le ZHI, alors le souffle est soli<strong>de</strong>ment enraciné dans le corps.<br />
<br />
ZHI YOU SUO ZAI,<br />
ZE SHEN YOU SUO XI.
32<br />
Quand le ZHI trouve à s’établir, alors SHEN possè<strong>de</strong> son amarre (HUAI NAN<br />
ZI)<br />
La <strong>de</strong>rnière partie du corps dont l’enfant obtient la maîtrise est le périnée.<br />
En effet, le jeune enfant apprend à marcher et même à commencer à parler avant<br />
<strong>de</strong> pouvoir maîtriser ses sphincters.<br />
c. Un corps/esprit complet :<br />
Lorsqu’il maîtrise ses sphincter, l’enfant possè<strong>de</strong> alors un tactilité fine : il est<br />
vraiment incarné dans son corps. Neurologiquement, son corps est indépendant <strong>de</strong><br />
celui <strong>de</strong> sa mère : les PO ont complété leur travail.<br />
Il peut démarrer son aventure personnelle.<br />
Car, désormais, il peut « Toucher Terre », c’est-à-dire être en lien directement<br />
avec la Terre, et à travers elle, avec son environnement.<br />
C’est le début <strong>de</strong> l’aventure d’une conscience qui lui est propre : il commence à<br />
témoigner du mon<strong>de</strong> « vu par lui », <strong>de</strong> son point <strong>de</strong> vue.<br />
C’est d’ailleurs la pério<strong>de</strong> du « non ». Il va bien entendu commencer par<br />
s’opposer pour se définir !<br />
<br />
ZHI YI TONG NEI LIAN GU SUI ER CHENG SHEN XING WU ZANG<br />
Lorsque le ZHI et le YI communiquent à l’interne, ils rassemblent les os et les<br />
moelles, et parachèvent la personnalité, le corps et les 5 organes.(SU WEN CH<br />
62)<br />
d. Le ZHI est le socle qui donne une direction juste aux<br />
souffles <strong>de</strong>s 5 organes :<br />
<strong>Les</strong> différents sens <strong>de</strong> ZHI dans le dictionnaire Ricci sont :<br />
• Volonté profon<strong>de</strong>, détermination.<br />
• Vouloir : puissance spirituelle propre aux Reins.<br />
• Tension vitale qui se particularise en 5 <strong>aspects</strong>, animant chacun <strong>de</strong>s 5 organes.<br />
• Vouloir-vivre : le cœur, enraciné, tend à s’épanouir.<br />
• La mémoire où sont emmagasinées les impressions.
33<br />
Il y a donc une notion <strong>de</strong> volonté, <strong>de</strong> détermination, détermination qui donne un<br />
socle, une direction ferme, une éthique propre au mouvement d’énergie <strong>de</strong>s 5<br />
organes :<br />
Le ZHI du Foie, c’est REN l’humanité<br />
Le ZHI <strong>de</strong> la Rate, c’est XIN la sincérité<br />
Le ZHI <strong>de</strong>s Poumons, c’est YI la justice, la droiture<br />
Le ZHI du cœur, c’est LI le sens du sacré<br />
Le ZHI <strong>de</strong>s Reins, c’est ZHI la sagesse.<br />
Mais c’est aussi ce qui nous permet <strong>de</strong> prendre conscience <strong>de</strong>s mémoires que nous<br />
portons afin qu’elles cessent d’agir dans l’ombre, et <strong>de</strong> perturber la vertu propre à<br />
chaque organe.<br />
e. Le YI et le ZHI donne sa rectitu<strong>de</strong> à SHEN :<br />
Le petit humain obtient un corps, mais ce n’est que lorsque SHEN obtient son<br />
amarre que ce corps peut cesser d’être la proie <strong>de</strong>s GUI, et que SHEN, l’esprit<br />
organisateur <strong>de</strong>s souffles est vraiment à la barre.<br />
<br />
ZHI YI ZHE SUO YI YU JING SHEN.<br />
Le YI et le ZHI, c’est ce qui gouverne SHEN porteur <strong>de</strong> JING.<br />
溫 <br />
SHOU HUN PO, SHI HAN WEN, HE XI NU ZHE YE.<br />
C’est ce qui rassemble HUN et PO, ce qui fait tendre le froid vers le tiè<strong>de</strong>, ce<br />
qui harmonise la joie et la colère.<br />
<br />
ZHI YI HE ZE JING SHEN ZHUAN ZHI<br />
L’harmonisation <strong>de</strong> YI et <strong>de</strong> ZHI, donne le pouvoir <strong>de</strong> la rectitu<strong>de</strong> à SHEN<br />
porteur <strong>de</strong> JING.
34<br />
<br />
HUN PO BU SAN, HUI NU BU QI, WU ZANG BU SHOU XIE YI.<br />
<strong>Les</strong> HUN et les PO ne se dispersent pas, le regret et la colère ne se<br />
manifestent pas, les 5 organes ne récoltent pas d’énergie perverse.<br />
<br />
CI REN ZHI CHANG PING YE.<br />
Alors l’homme est constamment en équilibre. (LING SHU chapitre 47)<br />
2. L’aventure <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la conscience vers l’éveil :<br />
a. Toucher Terre permet <strong>de</strong> s’éveiller à la conscience <strong>de</strong>s<br />
GUI portés par le corps :<br />
Il ne s’agit pas <strong>de</strong> pouvoir « Toucher Terre » pour le faire réellement.<br />
Il suffit <strong>de</strong> prendre une posture <strong>de</strong> QI GONG <strong>de</strong>bout pour percevoir très vite à<br />
quel point notre corps se retient.<br />
Ce qui tend notre corps, et lui interdit <strong>de</strong> lâcher prise, <strong>de</strong> faire confiance à la terre<br />
pour le porter, ce sont les GUI <strong>de</strong>s PO.<br />
La pratique très fine du QI GONG nous gui<strong>de</strong> sur ce chemin :<br />
• L’écoute <strong>de</strong>s tensions du corps.<br />
• La reconnaissance tranquille <strong>de</strong> ce qui résiste, l’écoute sensorielle.<br />
• La présence totale à la fin <strong>de</strong> l’expiration, moment privilégié où l’énergie<br />
bloquée dans le corps va pouvoir lâcher prise dans la terre.<br />
<strong>Les</strong> GUI <strong>de</strong>s PO vont s’éliminer par le bas (l’anus s’appelle la porte <strong>de</strong>s PO) dans une<br />
capacité à laisser notre corps lâcher dans la terre, c’est-à-dire à percevoir que nous<br />
ne sommes pas fondamentalement séparé <strong>de</strong> notre environnement, et, en premier<br />
lieu, <strong>de</strong> la terre qui nous porte.<br />
Une pratique régulière du QI GONG va graduellement nous permettre d’écouter<br />
une situation dans une posture juste.<br />
SHEN ayant obtenu son amarre, une ébauche <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience peut se faire.<br />
Cette sensation éveillée n’est pas encore une pensée.<br />
Mais seul, le lâcher-prise corporel permet ce début d’éveil.<br />
b. Oser sa parole permet <strong>de</strong> lâcher les GUI :
35<br />
Il s’agit maintenant <strong>de</strong> passer d’un « ressenti » (réminiscence du cœur qui éveille le<br />
YI ), actualisé « ici et maintenant » par le ZHI à la possibilité d’en<br />
témoigner par la parole.<br />
Cette sensation éveillée n’est encore qu’une ébauche <strong>de</strong> pensée.<br />
Mais seul, le lâcher-prise corporel permet une prise <strong>de</strong> conscience juste.<br />
Sinon, les GUI <strong>de</strong>s HUN vont s’emparer <strong>de</strong> ce ressenti pour l’interpréter à leur<br />
manière. Ils vont nous faire réagir à la situation en rendant l’environnement<br />
responsable d’une souffrance du passé et nous forcer à chercher réparation.<br />
Cela explique pourquoi nous sommes parfois dévastés par une situation ou une parole<br />
qui peuvent sembler anodines à un observateur extérieur.<br />
Lorsqu’en thérapie, on constate ce qui a bloqué l’évolution d’un enfant, on est parfois<br />
effaré par l’aspect anodin <strong>de</strong> l’événement.<br />
<strong>Les</strong> GUI vont s’emparer <strong>de</strong> ce ressenti pour l’habiller d’images (HUN) qui prennent<br />
formes dans <strong>de</strong>s mots (PO) : l’aventure <strong>de</strong> la « chasse aux fantômes » commence !<br />
C’est notre aventure d’humain, en charge d’une mémoire ancestrale, d’un <strong>de</strong>stin, qu’il<br />
a à assumer, à porter, et à faire évoluer.<br />
À travers chaque <strong>de</strong>stin particulier qui est assumé, actualisé, l’humanité évolue.<br />
i. Rester connectés à YI : ZHUANG ZI ch 13<br />
Il s’agit d’abord <strong>de</strong> ne pas perdre <strong>de</strong> vue le YI qui est à l’origine <strong>de</strong>s images et<br />
<strong>de</strong>s mots que nous élaborons. Le YI se trouve au centre <strong>de</strong> l’axe horizontal, entre<br />
les HUN et les PO.<br />
<br />
SHI ZHI SUO GUI DAO ZHE SHU YE.<br />
Le mon<strong>de</strong>, ce qu’il aime du DAO, il le trouve dans les livres.<br />
<br />
SHU BU GUO YU, YU YOU GUI YE.<br />
Mais les livres ne vont pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mots, pourtant les mots ont <strong>de</strong> la<br />
valeur.
36<br />
YU ZHI SUO GUI ZHE YI YE.<br />
<strong>Les</strong> mots, ce qu’ils ont <strong>de</strong> précieux, c’est le YI.<br />
<br />
YI YOU SUO SUI.<br />
Le YI possè<strong>de</strong> ce qui se conforme au mouvement naturel.<br />
ii. Etre conscient du pouvoir fixateur <strong>de</strong>s GUI :<br />
Commentaires <strong>de</strong> WANG PI : l’axe HUN/YI/PO<br />
WANG PI nous met en gar<strong>de</strong> contre le pouvoir fixateur <strong>de</strong>s GUI dans notre<br />
capacité à témoigner <strong>de</strong> notre expérience par la parole.<br />
À partir du ressenti représenté par YI lorsqu’il trouve à se fixer et à s’établir<br />
dans le ZHI, il y a un processus d’élaboration :<br />
<br />
JIN YI MO RUO XIANG, JIN XIANG MO RUO YAN.<br />
Pour exprimer le YI, il n’y a rien <strong>de</strong> mieux que l’image (la représentation). Pour<br />
exprimer l’image, il n’y a rien <strong>de</strong> mieux que la parole.<br />
L’idéogramme XIANG représente un éléphant, animal disparu <strong>de</strong> la Chine, mais<br />
dont on trouve les <strong>de</strong>ssins dans les grottes. Cet idéogramme signifie la<br />
représentation <strong>de</strong> quelque chose, l’évocation <strong>de</strong> son apparence. C’est la manière dont<br />
le ressenti prend forme dans la conscience. Cette capacité à imaginer est sous<br />
l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s HUN.<br />
C’est ce qui est le plus proche du ressenti. L’expérience vécue échappera toujours<br />
en partie au témoignage que nous pouvons en faire, mais l’image en est le plus proche,<br />
car évocatrice pour les sens, moins fixée dans une forme.<br />
Et la possibilité <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> l’image est la parole. La parole est prise <strong>de</strong><br />
forme, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s PO.<br />
<br />
FU XIANG CHU YI ZHE YE, YAN ZHE MING XIANG.<br />
Donc l’image émerge du YI, et les mots éclairent cette image.
37<br />
<br />
YOU XING, FU XING YE, ZHE WU ZHI LEI<br />
Il y a <strong>de</strong>s formes, et ces formes, c’est ce qui fige les êtres.<br />
<br />
FU MING YU DING XING.<br />
Donc les noms, c’est ce qui fixe dans une forme (le mental).<br />
<strong>Les</strong> mots, les noms, enferment dans une forme l’expérience <strong>de</strong> la vie. Et si nous ne<br />
passons plus par l’écoute sensorielle pour défaire l’enveloppe du mot, sentir l’image<br />
qu’il contient, et <strong>de</strong> là percevoir par intuition le YI qui lui a donné naissance, notre<br />
représentation du mon<strong>de</strong> se fige.<br />
<br />
WANG YAN ZHE NAI DE XIANG ZHE YE.<br />
En oubliant les mots, alors on obtient l’image.<br />
<br />
<br />
WANG XIANG ZHE NAI DE YI ZHE YE.<br />
Et en oubliant l’image, alors on obtient le YI.<br />
Lorsque le YI reste suspendu dans le corps, les GUI <strong>de</strong>s HUN et <strong>de</strong>s PO s’emparent<br />
<strong>de</strong> l’expérience vécue, et c’est le mental qui est le maître.<br />
SHEN a perdu son amarre : ce n’est pas lui qui est à l’origine <strong>de</strong> notre pensée.<br />
Il n’y a pas création <strong>de</strong> la pensée, il y a bataille <strong>de</strong> mots et <strong>de</strong> représentations qui<br />
tournent en rond sans issue.<br />
iii. Fin du Ling Shu ch 8 :<br />
<br />
YIN ZHI ER CUN BIAN WEI ZHI SI.<br />
Lorsque le vouloir peut s’établir et changer, c’est ce qu’on nomme la pensée.
38<br />
YIN SI ER YUAN MU WEI ZHI LU.<br />
Quand la penser peut se déployer loin, c’est ce qu’on appelle la réflexion.<br />
<br />
YIN LU ER CHU WU WEI ZHI ZHI.<br />
Quand la réflexion s’occupe <strong>de</strong>s êtres (choses), cela s’appelle la sagesse<br />
(intelligence, savoir-faire)<br />
4- Conclusion :<br />
La suite du chapitre 8 du chapitre 8 du LING SHU décrit le ravage <strong>de</strong>s émotions<br />
refoulées sur les BEN SHEN.<br />
Nous pouvons bien entendu accompagner nos patients avec nos aiguilles, notre<br />
écoute et nos paroles.<br />
Mais l’atteinte par les émotions affecte directement les organes, leur capacité <strong>de</strong><br />
contenir JING afin que les souffles qui en émergent, gouvernent le corps <strong>de</strong> façon<br />
harmonieuse et cohérente. Il sera donc important que le patient puisse prendre<br />
conscience <strong>de</strong> l’importance d’une pratique corporelle pour la santé.<br />
Notre société poursuit un chemin où le corps est <strong>de</strong> plus en plus absent <strong>de</strong><br />
l’expérience relationnelle.<br />
Il est important que nous, praticiens <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine chinoise, tirions le signal<br />
d’alarme.<br />
Il est utile et nécessaire <strong>de</strong> faire du « cardio vasculaire » pour gar<strong>de</strong>r une bonne<br />
santé. Mais ce n’est pas suffisant. Il est nécessaire <strong>de</strong> développer une pratique<br />
corporelle d’écoute sensorielle.<br />
L’enracinement du souffle dans le bassin, la conscience d’un axe vertical vi<strong>de</strong> au<br />
centre du corps, permet d’équilibrer la posture.<br />
Lorsque la posture est juste, il <strong>de</strong>vient possible, par une écoute subtile <strong>de</strong> toutes<br />
les sensations corporelles, <strong>de</strong> lâcher-prise vers la Terre. Le corps déposé, les<br />
articulations tranquilles, la conscience du corps s’étend à son environnement : SHEN<br />
peut alors organiser les souffles <strong>de</strong>s 5 organes.<br />
Notre pensée <strong>de</strong>vient créatrice : elle émerge <strong>de</strong> l’instant vécu en pleine conscience,<br />
au lieu d’être enfermée dans les schémas répétitifs du passé.<br />
Notre représentation <strong>de</strong> nous-mêmes et du mon<strong>de</strong> évolue en fonction <strong>de</strong>s<br />
expériences <strong>de</strong> notre vie.<br />
Et les émotions déclenchées par les GUI cessent <strong>de</strong> se bloquer dans notre corps.<br />
Le LING SHU chapitre 8 se termine ainsi :
Et voilà pourquoi les 5 organes, qui ont pour fonction <strong>de</strong> maîtriser et <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />
JING ne doivent subir aucune atteinte.<br />
Car s’ils subissent <strong>de</strong>s atteintes, leur gar<strong>de</strong> ne se maintient plus, le YIN<br />
<strong>de</strong>vient vi<strong>de</strong>.<br />
Le vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> YIN, c’est l’absence <strong>de</strong> souffles (<strong>de</strong>s <strong>aspects</strong> <strong>de</strong> SHEN reliés à<br />
chacun <strong>de</strong>s organes), et l’absence <strong>de</strong> souffles, c’est tout simplement la mort.<br />
Cela étant, celui qui voudra utiliser les aiguilles, qu’il examine donc<br />
attentivement comment se présente le mala<strong>de</strong> pour percevoir le maintien ou la<br />
disparition <strong>de</strong> JING et <strong>de</strong> SHEN, <strong>de</strong>s HUN et <strong>de</strong>s PO,<br />
Si ces 5 là sont atteints, l’aiguille ne peut pas traiter.<br />
39
40<br />
Annexe 1 : LING SHU CHAPITRE 8<br />
黃 歧 <br />
HUANG DI WEN YU QI BO YUE :<br />
L’empereur jaune interroge QI BO en disant :<br />
<br />
FAN CI ZHI FA XIAN BI BEN YU SHEN.<br />
La règle en acupuncture est que l’on doit enraciner son action sur SHEN<br />
<br />
XUE MAI YING QI JING SHEN, CI WU ZANG ZHI SUO CANG YE.<br />
Le sang et les MAI (Foie et MC : aspect JUE YIN <strong>de</strong> la vie), l’énergie<br />
nourricière et le souffle (Rate et Poumon : aspect TAI YIN <strong>de</strong> la vie), le<br />
principe vital et l’Esprit (Rein et Cœur : l’aspect SHAO YIN <strong>de</strong> la vie), voilà ce<br />
que conservent les 5 organes.<br />
<br />
ZHI QI YIN YI, LI ZANG,<br />
Si on en arrive à un débor<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> passion, ils quittent les organes,<br />
<br />
<br />
ZE JING SHI HUN PO FEI YANG ZHI YI HUANG LUAN ZHI LU QU SHEN<br />
Alors on laisse JING se perdre, HUN et PO s’envolent et s’agitent, ZHI et YI<br />
<strong>de</strong>viennent confus et désordonnés, sagesse et réflexion quittent le corps.<br />
<br />
ZHE HE YIN ER RAN HU, TIAN ZHI ZUI YU, REN ZHI GUO HU <br />
Quelle est la cause <strong>de</strong> cela Est-ce un crime du Ciel Ou est-ce la faute <strong>de</strong><br />
l’homme
41<br />
<br />
HE WEI DE QI SHENG JING SHEN HUN PO XIN YI ZHI SI ZHI LU <br />
Qu’est-ce qu’on appelle le pouvoir d’être, le souffle, la vie, le principe vital,<br />
l’esprit, le HUN, le PO, le cœur, l’intention, la capacité à réaliser les choses,<br />
la pensée, la sagesse et la réflexion <br />
歧 <br />
QING WEN QI GU. QI BO DA YUE :<br />
Pouvez-vous me dire à quoi ils servent QI BO répondit :<br />
<br />
TIAN ZHI ZAI WO ZHE DE YE.<br />
Ce qui du Ciel se tient en moi, c’est le pouvoir d’advenir.<br />
<br />
DI ZHI ZAI WO ZHE QI YE.<br />
Ce qui, <strong>de</strong> la Terre, se tient en moi, ce sont les Souffles.<br />
<br />
DE LIU QI BO ER SHENG ZHE YE.<br />
La vertu s’écoule, les souffles se répan<strong>de</strong>nt et c’est la vie.<br />
<br />
GU SHENG ZHI LAI WEI ZHI JING.<br />
Donc, ce d’où provient la vie, c’est ce qu’on appelle le Principe Vital.<br />
<br />
LIANG JING XIANG BO WEI ZHI SHEN.<br />
Lorsque les <strong>de</strong>ux principes vitaux s’étreignent, c’est ce qu’on appelle SHEN.<br />
<br />
SUI SHEN WANG LAI WEI ZHI HUN.<br />
Ce qui suit SHEN, va et vient avec lui, c’est HUN.
42<br />
<br />
BING JING ER CHU RU ZHE WEI ZHI PO.<br />
Ce qui, attelé à JING, sort et rentre avec lui, c’est ce qu’on appelle le PO.<br />
<br />
SUO YI REN WU ZHE WEI ZHI XIN.<br />
Ce qui prend en charge les êtres, c’est le cœur/conscience.<br />
<br />
XIN YOU SUO YI WEI ZHI YI.<br />
Lorsque le cœur se rappelle, c’est l’intention.<br />
<br />
YI ZHI SUO CUN WEI ZHI ZHI.<br />
Lorsque l’intention trouve à s’établir, c’est ce qu’on nomme le vouloir-vivre.<br />
<br />
YIN ZHI ER CUN BIAN WEI ZHI SI.<br />
Lorsque ce vouloir peut s’établir et changer, c’est ce qu’on nomme la pensée.<br />
<br />
YIN SI ER YUAN MU WEI ZHI LU.<br />
Quand la penser peut se déployer loin, c’est ce qu’on appelle la réflexion.<br />
<br />
YIN LU ER CHU WU WEI ZHI ZHI.<br />
Quand la réflexion s’occupe <strong>de</strong>s êtres (choses), cela s’appelle la sagesse<br />
(intelligence, savoir-faire)
43<br />
ANNEXE 2 : ÉVALUATION<br />
Ce séminaire vise une compréhension plus intégrée <strong>de</strong> la pensée chinoise : une<br />
compréhension issue <strong>de</strong> l’expérience vécue.<br />
L’évaluation va donc porter sur l’expérience vécue durant la journée, sur ce qui a<br />
fait du sens dans l’ensemble <strong>de</strong> votre être : corps et esprit.<br />
Une pensée a fait du sens dans votre corps. Vous ne l’avez pas juste comprise, vous<br />
l’avez vécue.<br />
1. Vendredi soir, chez vous, inscrire sur une feuille votre réponse à la question<br />
suivante :<br />
Qu’avez-vous senti <strong>de</strong> nouveau dans votre corps aujourd’hui en rapport avec ce qui a<br />
été vu au sujet <strong>de</strong> SHEN <br />
Remettre la feuille <strong>de</strong> réponse samedi matin.<br />
2. Samedi soir, chez vous, inscrire sur une feuille votre réponse à la question<br />
suivante :<br />
Qu’avez-vous senti <strong>de</strong> nouveau dans votre corps aujourd’hui en en rapport avec ce<br />
qui a été vu au sujet <strong>de</strong>s GUI et <strong>de</strong>s SHEN, <strong>de</strong>s HUN et <strong>de</strong>s PO <br />
Remettre la feuille <strong>de</strong> réponse dimanche matin.<br />
3. Lors <strong>de</strong> la troisième journée vous pourrez répondre par oral à la fin <strong>de</strong> l’atelier<br />
aux questions suivantes :<br />
Qu’avez-vous senti <strong>de</strong> nouveau dans votre corps aujourd’hui en lui en rapport avec<br />
ce qui a été vu au sujet du YI et du ZHI <br />
Quelle est l’expérience vécue la plus marquante pour vous durant ces trois jours
44<br />
Bibliographie<br />
1- The classic of the way and vertue : Tao Te Ching, of Lao<br />
Zi interpreted by Wang Pi, translate by Richard John Lynn.<br />
2- Tao Te Jing, le livre <strong>de</strong> la Voie et <strong>de</strong> la Vertu, traduction<br />
Clau<strong>de</strong> Larre.<br />
3- Le livre <strong>de</strong> la Voie et <strong>de</strong> la Vertu, Dao De Jing, traduit par<br />
Henning Strom<br />
4- Lao Tseu, le Dao De Jing, par Rémi Matthieu.<br />
5- Yi Jing, le livre <strong>de</strong>s changements, traduit par Cyrille Javary<br />
et Pierre Faure.<br />
6- Le secret <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong>s ancêtres, <strong>de</strong> Jean-Marc<br />
Eyssalet.<br />
7- Shen ou l’instant créateur, <strong>de</strong> Jean-Marc Eyssalet,<br />
8- Émergence et immersion du Souffle et du désir, <strong>de</strong> Jean-<br />
Marc Eyssalet,<br />
9- <strong>Les</strong> mouvements du cœur , <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Larre et Élisabeth<br />
Rochat <strong>de</strong> la Vallée.<br />
10- <strong>Les</strong> caractères chinois, <strong>de</strong> S.J. Wieger.<br />
11- Le secret <strong>de</strong> la Fleur d’Or, <strong>de</strong> Lu Tsou.<br />
12- Le cœur en mé<strong>de</strong>cine chinoise, Connaissance <strong>de</strong><br />
l’acupuncture<br />
13- <strong>Les</strong> Œuvres <strong>de</strong> Maître Tchouang, <strong>de</strong> Jean Lévi.<br />
14- Étu<strong>de</strong>s sur Tchouang-Tseu <strong>de</strong> Jean-François BILLETER.