31 OCTOBRE 2012 trésors du répertoire notes analytiques suite La seule œuvre <strong>de</strong> Voríšek ˇ à avoir connu une certaine notoriété est son unique symphonie, dont on a dit qu’elle constituait une synthèse <strong>de</strong>s premières <strong>de</strong> Beethoven, son idole, et <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> Schubert. En effet, son caractère énergique et affirmé laisse percevoir à l’évi<strong>de</strong>nce l’influence <strong>de</strong> Beethoven, mais les différents thèmes sont davantage dans l’esprit <strong>de</strong> Schubert, mélodiste plus chantant que ne l’était Beethoven. Dès les premières mesures <strong>de</strong> l’Allegro con brio initial, on est séduit par la finesse et la fraîcheur <strong>de</strong>s thèmes, mais également par le tempérament brillant du traitement orchestral qui exploite très habilement différentes combinaisons instrumentales. Le climat <strong>de</strong> l’Andante n’est pas sans évoquer le mouvement lent <strong>de</strong> l’« Inachevée » <strong>de</strong> Schubert, composée à la même époque. Le scherzo et le finale constituent toutefois les <strong>de</strong>ux mouvements les plus spectaculaires. Le scherzo possè<strong>de</strong> une vigueur et un héroïsme passablement inusités dans un scherzo <strong>symphonique</strong>. Là encore, l’ombre <strong>de</strong> Beethoven plane nettement. Le trio, section centrale, se détache par ses couleurs pastorales et ses joyeux appels <strong>de</strong> cor. Dans le finale, le compositeur exploite son goût pour les mélodies chromatiques (ce qu’il fait aussi dans le mouvement lent) ainsi que les contrastes entre doux et fort, majeur et mineur. Ce mouvement rappelle tout autant un autre grand symphoniste, Haydn, par l’idiome, le style et les procédés employés. johannes brahms (1833-1897) variations sur un thème <strong>de</strong> haydn Brahms possédait un art exceptionnel <strong>de</strong> la variation. Pour lui, travailler et retravailler un même matériau musical constituait un défi qu’il adorait relever et tout ce qui est lié à la notion <strong>de</strong> « développement » ou <strong>de</strong> « variation » dans son œuvre est poussé à un <strong>de</strong>gré d’achèvement ultime. Les Variations sur un thème <strong>de</strong> Haydn constituent un <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> sa production à cet égard. Écrites au cours <strong>de</strong> l’été <strong>de</strong> 1873, elles ont simultanément donné lieu à une version pour piano (la <strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> partition pour piano seul <strong>de</strong> Brahms) et une autre pour orchestre. L’idée <strong>de</strong> ces variations remontait à l’année 1870 alors que Brahms était tombé sur une œuvre attribuée à Haydn et dans laquelle figurait un vieux chant <strong>de</strong> pèlerins intitulé « Chorale St. Antonii ». Cette mélodie, qui n’est en réalité pas <strong>de</strong> Haydn, est d’une gran<strong>de</strong> noblesse et Brahms en fut séduit. Ce sont les vents, avec prédominance <strong>de</strong>s hautbois et <strong>de</strong>s bassons, qui exposent le vieux choral. Les huit variations se conforment à l’organisation rythmique et harmonique du thème et s’avèrent particulièrement intéressantes dans leur traitement orchestral. Un magistral finale les couronne, dans lequel le travail <strong>de</strong> variations s’apparente à celui d’une passacaille, idée que Brahms reprendra dans sa Quatrième symphonie. antonín dVorák ˇ (1841-1904) chant héroÏque En 1897, après une série <strong>de</strong> poèmes <strong>symphonique</strong>s basés sur <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> Karel Jaromír Erben (1811-1870), Dvorák ˇ s’attaqua à une nouvelle œuvre du même genre qu’il ne mit que quelques semaines à compléter. Ce nouveau poème <strong>symphonique</strong> fut créé à Vienne, le 4 décembre 1898, sous la direction <strong>de</strong> Gustav Mahler. Dvorák ˇ souhaitait dans cette page partiellement autobio - graphique (comme Richard Strauss, à la même époque, avec sa Vie <strong>de</strong> héros, mais <strong>de</strong> manière moins emphatique) évoquer l’évolution spirituelle d’un héros, déterminé à conquérir son <strong>de</strong>stin, mais constamment entravé dans sa quête par les déceptions et le découragement. L’espoir retentit toutefois comme un hymne brillant, auquel la nature ajoute une énergie nouvelle, conduisant à un éclatant chant <strong>de</strong> victoire. L’œuvre se présente comme une symphonie dont les quatre mouvements seraient enchaînés. Le début marqué Allegro con fuoco (rapi<strong>de</strong> et avec feu) énonce un motif forte, entendu aux cor<strong>de</strong>s graves, auxquelles répon<strong>de</strong>nt cors, trompettes et violons. Suit un Poco adagio, lacrimoso (un peu lent, comme en pleurant) présenté dans le mo<strong>de</strong> mineur, puis qui passe au mo<strong>de</strong> majeur avant <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> climat dans l’Allegretto grazioso (avec une grâce joyeuse), sorte <strong>de</strong> scherzo léger et désinvolte. Une section nettement plus animée, à nouveau marquée Allegro con fuoco, pourrait constituer le finale; la section Molto vivace (très animé), gagnant constamment en vitesse et en véhémence, aboutit à une conclusion triomphale. 28 la marque le magaZine <strong>symphonique</strong> <strong>de</strong> québec
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