Pharos 20 - Antiquite Vivante
Pharos 20 - Antiquite Vivante
Pharos 20 - Antiquite Vivante
- No tags were found...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Antiquité et cinéma<br />
Alexandre d'Oliver Stone<br />
Il n’est guère étonnant qu’Oliver<br />
Stone soit intéressé depuis toujours<br />
par Alexandre le Grand. Il a déjà<br />
consacré plusieurs films à des figures<br />
de pouvoir (JFK, Nixon), et s’est<br />
replongé à deux reprises dans ses<br />
souvenirs de soldat (Platoon, Né un<br />
4 juillet). Alexandre semblait un tel<br />
passage obligé qu’on peut deviner<br />
l’impétueux cinéaste embarrassé,<br />
voire intimidé par le sujet.<br />
Ce ne serait pas la première fois<br />
qu’Alexandre le Grand pose ce<br />
genre de problème. De son vivant<br />
déjà, il se doutait qu’il ne trouverait<br />
pas un chantre à sa hauteur.<br />
Plusieurs auteurs antiques (Arrien, Quinte-Curce, Plutarque...) lui ont consacré<br />
un texte, mais aucun ne connut la fortune d’Homère ou de Virgile.<br />
Le cinéma, quant à lui, n’a pas été très productif. Le film de Rossen (1955)<br />
s’attardait beaucoup sur la conquête de la Grèce et semblait s’épuiser luimême<br />
dans la seconde partie. Conscient du problème, Stone s’est concentré<br />
sur trois tableaux: l’enfance, la découverte de l’Orient, et le déclin. A la vision<br />
de son film, on se dit parfois qu’une trilogie aurait été préférable à cette<br />
compression, et aurait rendu justice aux multiples thèmes abordés.<br />
Quel angle choisir, en effet, pour raconter en trois heures une histoire aussi<br />
riche La grande pompe la psychanalyse le drame gay Il y a un peu de<br />
tout cela dans Alexandre, et cette absence de choix véritable fait peut-être<br />
la faiblesse du film, mais prouve au moins que Stone a des choses à dire, à<br />
l’image de ce Ptolémée qui sert de narrateur. Filmer un vieillard en train de<br />
tourner en rond dans son palais en marmonnant n’a rien de très cinématographique,<br />
mais la multitude et l’intérêt de ses commentaires ("les rêveurs<br />
sont épuisants") nous montrent à quel point le sujet a pu hanter le cinéaste.<br />
Quoi qu’il en soit, quand il s’agit d’en mettre plein la vue, Stone se pose bien<br />
là. Ses deux batailles font passer pour ridicules celles de la version de 1955.<br />
7