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Le combat à mort d’ABO contre…le mort OBO<br />
Lire en page 5<br />
<strong>ECHOS</strong> DU NORD<br />
Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 9 e année<br />
“Change. Believe”<br />
Barack Obama<br />
Agression du Pr Ondo Ossa<br />
N° 236 du Mardi 10 Juin 2014. Prix : 600 FCFA<br />
Les assaillants<br />
n’étaient pas<br />
des braqueursLire en page 2<br />
Dans ce numéro<br />
- Ali Bongo et son Premier ministre<br />
consacrent l’inégalité salariale<br />
P3<br />
- Un attelage «de bric et de broc»<br />
P4<br />
- Le général Ntumpa poussé à bout<br />
P6<br />
- Audit : les raisons d’une déconfiture<br />
P7<br />
Les informations<br />
imprécises et les<br />
conclusions hâtives<br />
contenues dans la<br />
déclaration du ministre<br />
de l’Intérieur, Guy<br />
Bertrand Mapangou,<br />
portent à affirmer que le<br />
pouvoir veut donner le<br />
change au sujet des<br />
agresseurs du Pr Albert<br />
Ondo Ossa. La vraie<br />
piste pourrait révéler<br />
une bande organisée<br />
comprenant des bérets<br />
rouges, comme celle qui<br />
a attaqué en 2009 René<br />
Ziza, fraîchement<br />
nommé au Conseil<br />
gabonais des chargeurs.<br />
Visiblement, le<br />
pouvoir a décidé d’entretenir<br />
une atmosphère<br />
de terreur avec les<br />
agressions physiques et<br />
les empoisonnements<br />
de ceux qui dérangent.<br />
Ali Bongo Ondimba en<br />
conclave à Franceville<br />
Le chef de l’Etat a profité de la célébration du 5e anniversaire du décès de son prédécesseur<br />
et géniteur, Omar Bongo Ondimba, pour réunir une bonne brochette des<br />
cadres du Haut-Ogooué. L’objet de la rencontre était double, selon nos sources.<br />
D’une part, Ali Bongo Ondimba veut savoir sur qui il peut compter dans la province dans la<br />
perspective de 2016. Il faut pour cela que les cadres présents se déterminent et lui donnent<br />
leurs positions. D’autre part, l’intéressé devait demander à ces derniers de « lâcher » certaines<br />
directions générales afin de pouvoir les répartir entre des fils d’autres provinces.<br />
Un fils du terroir altogovéen qui s’est confié à la rédaction a assuré qu’en contrepartie des<br />
demandes présidentielles, le groupe va exiger en premier lieu le départ de Maixent<br />
Accrombessi et de tous ceux qui appartiennent à « la légion étrangère » de la présidence de<br />
la République. Ensuite, il demandera des assurances pour que tout cadre qui sera obligé de<br />
laisser son poste au nom de cette nouvelle géopolitique soit confortablement recasé ailleurs.<br />
Les deux parties parviendront-elles à trouver un modus vivendi Pas si sûr, tant le niveau<br />
des exigences est haut.<br />
LETTRE AU…<br />
MINISTRE DE<br />
L’INTERIEUR<br />
Monsieur le Ministre,<br />
En tant que citoyen, j’ai le droit de m’adresser à l’autorité que<br />
vous êtes. Peu importe mon rang social. Le plus important est le<br />
message que j’ai à vous transmettre. « L’œuf avait conseillé la<br />
mère poule,» disait mon grand-père.<br />
Depuis quelque temps déjà, notre pays est devenu un véritable<br />
coupe-gorge. Des citoyens sont régulièrement agressés par des<br />
individus sans scrupules. Certaines victimes passent même de<br />
vie à trépas. Jeudi dernier, un Chinois et un Burkinabè ont été<br />
tués près de Ndjolé. Dimanche, c’est l’ancien ministre, le Pr<br />
Albert Ondo Ossa, qui a été poignardé devant l’ambassade de<br />
Turquie. D’autres citoyens ont subi le même sort. Monsieur le<br />
ministre, ce sont de mauvais présages. Vous laissez les bandits<br />
transformer notre pays en Far ouest. Mon papy disait : « Si deux<br />
taureaux se battent près de ton tabac, c’est qu’ils veulent le<br />
gâter. »<br />
Devant la montée vertigineuse de l’insécurité à Libreville, il<br />
importe qu’une action plus résolue soit menée immédiatement.<br />
Ne soyez pas un ministre de l’Intérieur uniquement pour organiser<br />
les élections politiques et mâter les manifestations populaires<br />
dans la rue. Vous avez des missions régaliennes à remplir. Mon<br />
aïeul me rappelait d’ailleurs que « si le buffle a une longue<br />
queue, ce n’est pas uniquement pour chasser les mouches. »<br />
Malheureusement, depuis que vous avez été nommé à la tête du<br />
ministère de l’Intérieur, vous n’avez cessé de renvoyer à la face<br />
de la nation l’image d’un va-t-en-guerre.<br />
(suite en page 2)<br />
Robert Bourgi exclu de<br />
la messe du souvenir<br />
L<br />
’avocat<br />
français proche d’Omar Bongo Ondimba<br />
n’avait jamais manqué une seule messe du souvenir<br />
du temps où Pascaline Mferri Bongo Ondimba en<br />
était l’organisatrice, de 2010 à 2013. Contre toute attente, à ce<br />
cinquième anniversaire, Robert Bourgi, « la voix officieuse la<br />
plus autorisée de la France dans le pré carré françafricain »,<br />
n’a pas pu faire le déplacement. A ce qu’il semble, ce dernier a<br />
manifesté aux autorités gabonaises, dont sa petite majesté, sa<br />
volonté d’être présent à la messe du « vieux », dite messe du<br />
souvenir. Il a essuyé une fin de non-recevoir. Pour cette exclusion,<br />
« le fiston d’OBO, a-t-on appris, ne restera pas les mains<br />
croisés » après cet affront. Par ailleurs, en dehors de lui, tous les<br />
amis d’OBO ne se sont pas pointés. Certains d’entre eux ont<br />
argué que de tous les anniversaires, on n’avait jamais vu sa<br />
petite majesté Ali Bongo à l’église.
ACTUALITéS<br />
LETTRE AU…<br />
MINISTRE DE<br />
L’INTERIEUR<br />
(suite de la page 1)<br />
Vous n’avez pas encore montré les prémices du ministre<br />
de l’Intérieur que les Gabonais attendent. Votre mode d’intervention<br />
et votre idiosyncrasie n’incitent guère à l’optimisme.<br />
« C’est dès sa fabrication qu’on reconnaît qu’un<br />
tam-tam aura un bon son », m’expliquait mon grand-père.<br />
Vous n’hésitez pas à bomber votre torse même devant des<br />
faibles. Pour preuve, vous avez fait irruption vendredi à la<br />
cathédrale Sainte-Marie pour chasser les femmes de la<br />
Caisse nationale de garantie sociale (Cnss), qui y observaient<br />
une grève de la faim.<br />
Vous avez violé les franchises de ce lieu saint. Ça ne se<br />
fait pas ! Qu’est-ce qui vous saoule autant pour que vous<br />
violiez ce principe sacro-saint Qu’est-ce qui vous rend si<br />
belliqueux La parcelle de pouvoir qui vous a été confiée<br />
Mais vous vous plantez ! Ressaisissez-vous. Mon papy<br />
disait : « Quel que soit le goût du repas, n’avale pas ta<br />
langue. » Il faut donc arrêter de telles vilenies. La cathédrale<br />
Sainte-Marie n’est pas votre terrain, encore moins de<br />
celui de votre ami que vous croyez si bien servir. Vous<br />
n’aviez donc pas à y débarquer avec des policiers pour<br />
faire du ramdam.<br />
Si ces femmes étaient venues faire du grabuge chez vous<br />
à Bikélé, vous auriez eu raison d’agir à la hussarde. Mais<br />
tel n’était pas le cas. Elles étaient plutôt sur le terrain de<br />
l’église catholique. Vous avez ipso facto violé les accords<br />
cadres que le Vatican a signés avec notre Etat. Les maîtres<br />
des lieux n’ont pas vu votre geste d’un bon œil. A force de<br />
pourchasser les faibles, vous finirez par trébucher. « Celui<br />
qui poursuit le poussin finit par tomber », m’avertissait<br />
mon aïeul.<br />
Si nous étions dans un pays sérieux, vous auriez été viré<br />
du gouvernement pour ce sacrilège. Dieu merci, nous<br />
sommes dans une République de guignols, où de telles<br />
facéties constituent une licence pour la promotion ou le<br />
maintien dans la sphère décisionnelle de l’Etat. Vous avez<br />
commis une faute grave. Certes, certains de vos collègues<br />
brillent par des incartades mais vous avez poussé le bouchon<br />
plus loin. C’est pourquoi je m’y attarde. « Tous les<br />
chiens mangent les excréments mais on ne parle que de<br />
ceux qui en laissent sur leur museau », me faisait comprendre<br />
mon papy.<br />
Le pays est confronté à de vrais problèmes sur lesquels<br />
vous devez vous pencher sérieusement. Cessez de faire de<br />
la distraction et du spectacle. C’est encore mon aïeul qui<br />
me faisait comprendre qu’ « on ne marche pas en regardant<br />
les étoiles quand on a un caillou dans sa chaussure. »<br />
On vous voit chaque jour à la télévision. Si vous aimiez le<br />
vedettariat, vous seriez resté journaliste pour présenter<br />
même le journal télévisé. Quand vous êtes ministre de la<br />
République, il vous faut une certaine retenue. Si on me<br />
demandait de vous noter, je vous donnerai encore 0/20<br />
parce que la situation sécuritaire du pays s’est considérablement<br />
dégradée.<br />
Il ne se passe plus un seul jour sans qu’un quelqu’un ne<br />
soit assassiné à Libreville et à l’intérieur du pays. Vous<br />
devez définir une vraie politique pour la protection des personnes<br />
et des biens. Ne me dites pas que vous n’avez pas<br />
de moyens pour travailler. Le mois dernier, je vous ai vu<br />
brandissant dix millions de FCFA à la télévision pour la<br />
caution de votre ami personnel à la prochaine élection présidentielle.<br />
Mon jugement n’est pas une sentence mais je<br />
constate que vous savez plus parler que poser des actes.<br />
Finalement, je donne raison à mon papy, qui disait :<br />
«L’oiseau qui chante ne sait pas faire son nid. »<br />
Monsieur le ministre, j’ai juste voulu attirer votre attention<br />
sur vos incartades qui font ricaner les observateurs de<br />
la scène politique nationale. Si vous bombez le torse contre<br />
moi, comme vous êtes un va-t-en guerre, je me plierai à la<br />
réalité. Mais avant décider d’en découdre avec quelqu’un,<br />
prenez la peine de vous assurer qu’il n’est pas un pugiliste<br />
de votre catégorie parce que, comme me disait mon aïeul,<br />
«deux animaux à écailles savent où se mordre. »<br />
Jonas MOULENDA<br />
Jonas MOULENDA<br />
<strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
Insécurité<br />
Le Pr Albert Ondo Ossa grièvement<br />
poignardé par des inconnus<br />
L<br />
’histoire semble<br />
bégayer dans notre<br />
pays. Après l’agression<br />
mortelle, en novembre<br />
2009, du directeur général du<br />
Conseil gabonais des chargeurs<br />
(CGC), René Ziza, par des escadrons<br />
de la mort, le professeur<br />
Albert Ondo Ossa, 61 ans,<br />
ministre de l'Education nationale<br />
et de l'Enseignement supérieur<br />
de 2006 à 2008, sous<br />
Omar Bongo Ondimba, a subi le<br />
même sort dimanche.<br />
Selon une source autorisée,<br />
l’ancien membre du gouvernement<br />
a été agressé à la sortie de<br />
l’église par trois jeunes gens<br />
circulant à bord d’un véhicule<br />
de marque Toyota Corolla de<br />
couleur grise. C’est devant<br />
l’ambassade de Turquie, aux<br />
Hauts-de-Gué Gué, dans le 1er<br />
arrondissement de Libreville,<br />
qu’il a été pris à partie par ses<br />
bourreaux, en présence de sa<br />
fille, Nora Effire.<br />
Après la sortie du culte à la<br />
cathédrale Sainte-Marie, M.<br />
Ondo Ossa, au volant de sa voiture<br />
- un Toyota de type Land<br />
Cruiser VX - a emprunté le boulevard<br />
du Bord de mer. C’est à<br />
la hauteur de l’ambassade de<br />
Turquie que son véhicule a été<br />
percuté par le Toyota Corolla. «<br />
Lorsqu’il est descendu s’enquérir<br />
des dégâts et demander des<br />
explications au chauffeur du<br />
petit véhicule, l’un des occupants<br />
de celui-ci l’a poignardé à<br />
deux reprises au flanc gauche »,<br />
a indiqué la source.<br />
L’ancien ministre, grièvement<br />
touché, s’est aussitôt<br />
effondré. Un homme qui passait<br />
par là l’a trouvé baignant dans<br />
une mare de sang pendant que<br />
sa fille, éplorée, tentait d’appeler<br />
des secours. Albert Ondo<br />
Ossa a été immédiatement<br />
transporté à la polyclinique<br />
Chambrier pour recevoir des<br />
soins intensifs. « La blessure<br />
était grave. Il avait les intestins<br />
dehors », a renchéri la source,<br />
précisant que ses agresseurs ont<br />
aussitôt pris la fuite à bord de<br />
leur véhicule portant une plaque<br />
minéralogique délivrée dans la<br />
province de l’Ogooué-<br />
Maritime.<br />
TENTATIVE D’ASSASSI-<br />
NAT POLITIQUE. La victime<br />
a été immédiatement admise au<br />
bloc opératoire pour une intervention<br />
chirurgicale, qui s’est<br />
déroulée avec succès. Après<br />
l’opération, les médecins se<br />
sont attelés à savoir si le couteau<br />
utilisé par ses agresseurs<br />
contenait des substances<br />
toxiques ou pas. En début de<br />
soirée, l’état de santé de l’ancien<br />
ministre paraissait stable.<br />
Dès l’annonce de son agression,<br />
plus de deux cents personnes<br />
ont pris d’assaut la<br />
devanture de la polyclinique<br />
Chambrier pour s’enquérir de<br />
l’état de santé du professeur<br />
agrégé d’économie. Plusieurs<br />
personnalités ont effectué le<br />
déplacement de la structure<br />
sanitaire. Les anciens ministre<br />
Jean Ping, Jacques Adiahenot,<br />
Pierre Amoughe Mba et<br />
Alexandre Barro Chambrier se<br />
sont précipités au chevet du<br />
patient.<br />
D’aucuns ont vu en cette<br />
agression une tentative d’assas-<br />
L’agression a eu lieu devant la Chancellerie de la Turquie<br />
sinat politique. En 2009, le Pr<br />
Albert Ondo Ossa avait fait des<br />
prévisions économiques alarmantes<br />
sur le Gabon, prévenant<br />
que tous les indicateurs étaient<br />
au rouge et que le pays courait<br />
les risques de cessation de paiement.<br />
De plus, c’est au cours<br />
d’un séminaire auquel il avait<br />
pris part que Jean Ping a<br />
annoncé son départ du Parti<br />
démocratique gabonais (PDG)<br />
en février.<br />
Ses prises de position et son<br />
esprit d’indépendance agaceraient-ils<br />
le pouvoir en place <br />
Aurait-il été filé par des escadrons<br />
de la mort comme ce fut le<br />
cas en 2009 avec le directeur<br />
Il n’y a pas à se demander à qui le tour…<br />
Désiré Ename<br />
On le savait déjà. Que<br />
le ministre de<br />
l’Intérieur se fendrait<br />
d’une molle intervention.<br />
Il n’a même pas été question<br />
d’indiquer la plus infime<br />
préoccupation des autorités de<br />
l’Etat après une telle agression<br />
contre un éminent professeur,<br />
certainement le plus brillant<br />
de toute sa génération, voire<br />
de toute la faculté de droit et<br />
des sciences économiques.<br />
Sous d’autres cieux, cela ne<br />
peut être un acte banal. Le<br />
ministre de l’Intérieur est<br />
venu lire devant la presse une<br />
déclaration truffée d’informations<br />
imprécises. Par exemple<br />
que le Pr Ondo Ossa était à<br />
bord d’un Toyota Prado VX,<br />
alors qu’il s’agissait d’un<br />
Toyota Land Cruiser VX.<br />
Ayant pris connaissance du<br />
procès-verbal de la police, sur<br />
la déposition de la fille du Pr<br />
Ondo Ossa, le ministre introduit<br />
sciemment le doute sur<br />
l’instant de l’agression. Pour<br />
lui, « le Pr Albert Ondo Ossa<br />
serait descendu de son véhicule<br />
». Ce flou est intentionnel<br />
et a tendance à ouvrir la voie à<br />
d’autres hypothèses. La fille<br />
du professeur n’a dit que ce<br />
qui s’est passé. Le Pr Ondo<br />
Ossa est bel et bien descendu<br />
de sa voiture et est allé vers le<br />
chauffeur du véhicule de<br />
marque Toyota Corolla d’où<br />
est descendu un individu qui<br />
l’a instamment poignardé. Ce<br />
sont les faits. On peut aussi<br />
général du CGC René Ziza <br />
Rien n’est moins sûr Le fait<br />
que ses agresseurs ne l’aient pas<br />
détroussé n’est pas dénué d’arrière-pensées.<br />
Nombreux sont<br />
ceux qui pensent qu’ils ont<br />
heurté son véhicule pour l’amener<br />
à stationner afin d’avoir<br />
l’opportunité de le mettre à<br />
mort.<br />
Le ministre de l’Intérieur,<br />
Guy-Bertrand Mapangou, a<br />
donné un point de presse, lundi<br />
matin, pour expliquer les circonstances<br />
de l’agression du Pr<br />
Ondo Ossa et annoncer l’ouverture<br />
d’une enquête. Mais d’aucuns<br />
pensent que les feux de la<br />
justice n’iront pas jusqu’au bout<br />
croire que grammaticalement,<br />
le ministre de l’Intérieur,<br />
ancien journaliste d’Africa<br />
N°1, n’est pas tout à fait au<br />
point. Dans l’un ou l’autre cas,<br />
c’est dramatique.<br />
Par ailleurs, qu’est-ce que<br />
monsieur le ministre de<br />
l’Intérieur voudrait-il qu’on<br />
apprenne dans cet élément de<br />
sa déclaration : « Par crainte<br />
de représailles des riverains<br />
qui ont été alertés par les cris<br />
de Mademoiselle Effire, les<br />
agresseurs ont vite pris la poudre<br />
d’escampette dans le sens<br />
inverse.» Etrange. Doit-on<br />
comprendre que monsieur le<br />
ministre de l’Intérieur a reçu<br />
des explications des agresseurs<br />
Qu’ayant reçu d’eux les raisons<br />
de leur fuite, il sait désormais<br />
qui a agressé le Pr Ondo<br />
Ossa. Sinon comment peut-il<br />
affirmer que ces derniers ont<br />
«pris la poudre d’escampette<br />
par crainte de représailles» <br />
Et les représailles de qui Des<br />
diplomates turcs, puisque la<br />
scène se passe devant leur mission<br />
Représailles des riverains<br />
qui se trouvaient dans<br />
leurs somptueuses villas totalement<br />
insonorisés et dont il<br />
reste à savoir s’ils ont même<br />
entendu les cris de la gamine<br />
d’Albert Ondo Ossa qui vivait<br />
ce drame. Tout converge déjà<br />
vers la banalisation de ce<br />
drame.<br />
Mais personne n’admettra la<br />
thèse d’un acte de braqueurs.<br />
Parce que des braqueurs se<br />
seraient emparés du véhicule,<br />
ou d’un bien de la victime. La<br />
scène telle qu’elle est décrite<br />
2<br />
de la rampe s’il s’agit d’une<br />
agression commanditée par le<br />
pouvoir. Ils fondent leur pessimisme<br />
sur l’échec de l’enquête<br />
sur la mort de René Ziza en<br />
novembre 2009.<br />
L’agression de l’ancien ministre<br />
de l’Education nationale a<br />
été enregistrée par des caméras<br />
de surveillance installées devant<br />
l’ambassade de Turquie.<br />
Dimanche soir, la Police judiciaire<br />
(PJ) serait entrée en possession<br />
de la bande montrant la<br />
scène criminelle. Si cette information<br />
est avérée, les enquêteurs<br />
pourraient facilement<br />
retrouver les trois individus en<br />
cavale.<br />
ressemble très bien à un acte<br />
intentionnel. C’est étonnant<br />
que le ministre semble couvrir<br />
ce genre de forfait. Par ailleurs,<br />
Ondo Ossa est connu de tous<br />
les Gabonais en tant qu’enseignant<br />
et en tant qu’ancien<br />
ministre. Des braqueurs<br />
auraient agi autrement devant<br />
ce personnage. Un des<br />
témoins, qui a transporté le Pr<br />
Ondo Ossa à l’hôpital, mais<br />
que les éléments du ministre de<br />
l’Intérieur n’ont pas cherché à<br />
entendre eu égard au contenu<br />
du communiqué du ministre de<br />
l’Intérieur, a décrit une course<br />
poursuite. C’est à deux reprises<br />
que le véhicule a été percuté<br />
comme pour le contraindre à<br />
l’arrêt. A partir de là, le ministre<br />
de l’Intérieur aurait gagné à<br />
mettre plus de sérieux dans sa<br />
lecture de la situation.<br />
Il est tout aussi clair que<br />
lorsqu’il s’est agi de planifier<br />
la mort de certaines personnes<br />
qui dérangent, les éléments du<br />
plan consistaient en quatre<br />
points : l’empoisonnement, le<br />
sabotage des véhicules, les<br />
cambriolages des domiciles et<br />
les braquages dans la rue. Ce<br />
qui s’est produit est-il étonnant<br />
Maintenant que ces plans<br />
sont mis en route, aucun<br />
Gabonais n’a le droit de se<br />
demander à qui le tour. Devant<br />
un gouvernement qui ne veut<br />
pas prendre ses responsabilités,<br />
il est à craindre que le message<br />
que ce gouvernement donne<br />
soit que chacun prenne ses responsabilités.
POLITIqUE<br />
Ramses Frank<br />
<strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
Ali Bongo et son Premier ministre consacrent<br />
l’inégalité salariale entre Gabonais<br />
En janvier 2014, sa petite<br />
majesté Ali Bongo<br />
Ondimba a pris la décision<br />
de suspendre le paiement de toutes<br />
formes de primes de rendement, ou<br />
fonds communs, dans l’ensemble de<br />
l’administration gabonaise et a instruit<br />
le gouvernement de lui proposer<br />
un nouveau système de gratification<br />
des agents publics, afin de rendre la<br />
rémunération perçue par ces derniers<br />
plus équitable. Cependant, force est<br />
de constater que le projet de loi modificatif<br />
y relatif, loin de créer un cadre<br />
équitable dans les rémunérations, est<br />
plutôt en train de légitimer et légaliser<br />
la discrimination et l’injustice sociale<br />
au sein de l’administration gabonaise.<br />
En effet, ce texte renferme des articles<br />
et des termes non conformes à la<br />
Constitution et est plutôt sujet à de<br />
graves incohérences. Au nombre de<br />
ces incohérences figure la violation<br />
des principes constitutionnels que<br />
sont le principe de l’égalité entre<br />
agents publics et la non-discrimination.<br />
Des violations<br />
incalculables<br />
Concernant la violation du principe<br />
de l’égalité entre agents publics,<br />
le texte incriminé différencie de<br />
manière grossière les agents au sein<br />
de l’administration gabonaise en les<br />
classant par ordre de « supériorité ».<br />
Il ressort de cette classification soudaine<br />
la supériorité des agents du<br />
groupe de ministères de première<br />
catégorie (Budget et Comptes publics<br />
; Economie et Prospective ; Pétrole et<br />
Hydrocarbures) par rapport aux<br />
ministères de deuxième et troisième<br />
catégories. Pourtant, au terme de l’article<br />
23 de la Déclaration universelle<br />
des droits de l’Homme (DUDH) de<br />
1789, il est dit : « Toute personne a<br />
droit à des conditions équitables de<br />
travail… » Il n’est pas anodin de rappeler<br />
ici que le Gabon, dans le<br />
préambule de la Constitution, proclame<br />
son attachement à ce principe<br />
universel dont la violation entraîne la<br />
remise en cause de la constitutionnalité<br />
de cette loi, car les juristes savent<br />
que depuis la fameuse théorie de la<br />
pyramide des normes énoncée par<br />
Hans Kelsen, la Constitution est au<br />
sommet de cette hiérarchie et toute<br />
norme inférieure devrait lui être<br />
conforme, par conséquent la nouvelle<br />
loi est inconstitutionnelle. A partir de<br />
là, tout agent de l’Etat, ou groupes<br />
d’agents, voire les organisations syndicales<br />
défendant les intérêts des<br />
agents de l’Etat peuvent saisir la<br />
Cour constitutionnelle.<br />
Dans le même ordre d’idée, l’article<br />
15 de la Charte africaine des<br />
droits de l’Homme et des peuples de<br />
1981 dispose : « Toute personne a le<br />
droit de travailler dans les conditions<br />
équitables et satisfaisantes et de percevoir<br />
un salaire égal pour un travail<br />
égal. »<br />
Texte<br />
discriminatoire<br />
Le projet de loi que le gouvernement<br />
a soumis à l’Assemblée nationale<br />
et que les députés ont bloqué<br />
consacre par ailleurs la violation du<br />
principe de non-discrimination.<br />
La Déclaration universelle des<br />
droit de l’Homme précitée stipule<br />
entre autres que « tous ont droit sans<br />
aucune discrimination à un salaire<br />
égal pour un travail égal». Quiconque<br />
travaille a droit à une rémunération<br />
équitable. Force est de constater que<br />
les agents publics du groupe des<br />
ministères de troisième catégorie sont<br />
quasi marginalisés et perçoivent le<br />
tiers de la prime octroyée aux agents<br />
publics des ministères de première<br />
catégorie. A titre d’exemple, le<br />
chargé d’études des ministères de première<br />
catégorie perçoit une prime de<br />
rendement de 228 571 à 285 714<br />
FCFA, alors que celui du groupe de<br />
ministère de première catégorie perçoit<br />
600 000 à 900 000 FCFA.<br />
Comment démontrer qu’un directeur<br />
de cabinet d’un ministre de la<br />
Fonction publique ou un chargé<br />
d’études est moins productif que celui<br />
du ministère des Hydrocarbures pour<br />
que ce dernier soit mieux rétribué, ou<br />
encore que les agents de cette administration<br />
le soient plus que d’autres <br />
Ceci, d’autant plus que l’ingénierie<br />
du pétrole et toute la production<br />
pétrolière sont effectuées par des<br />
compagnies pétrolières. Quant aux<br />
agents administratifs des ministères,<br />
tous effectuent le même travail administratif.<br />
En somme, le projet de loi en cause<br />
va créer une déchirure sociale indescriptible.<br />
Il revient à la Cour constitutionnelle,<br />
garante du respect de la<br />
Constitution, de déclarer ce nouveau<br />
texte non conforme à la Constitution<br />
par le biais du contrôle de la constitutionnalité<br />
des normes conformément à<br />
l’article 35 et suivant de la loi organique<br />
N° 13/04 du 17 septembre 1994<br />
sur la Cour constitutionnelle.<br />
Confusion<br />
Le projet de loi modifiant et supprimant<br />
certaines dispositions portant<br />
statut général de la Fonction publique<br />
entretient aussi des confusions à dessein.<br />
L’on citera la confusion entre la<br />
fonction administrative et la fonction<br />
gouvernementale qui est claire dans la<br />
loi n°1/2005 du 4 février 2005. Une<br />
distinction est faite entre la fonction<br />
administrative et la fonction gouvernementale<br />
ou politique dans l’article 8<br />
: « Les emplois exercés par l’agent<br />
public relèvent de la fonction administrative.<br />
La fonction administrative est<br />
distincte, par ses buts, ses moyens et<br />
ses personnels, de la fonction gouvernementale.»<br />
L’article 15 spécifie : «<br />
Sont agents publics : les fonctionnaires<br />
civils de l’Etat, de la fonction<br />
publique parlementaire, de la fonction<br />
publique hospitalière, de la fonction<br />
publique de l’éducation et de la fonction<br />
publique locale, les magistrats,<br />
les greffiers, les militaires des forces<br />
de défense, les agents des forces de<br />
sécurité, les agents de l’administration<br />
pénitentiaire, les agents des services<br />
publics en concession occupant<br />
certains emplois définis par les<br />
contrats de concession, les agents<br />
permanents des établissements<br />
publics personnalisés ; les contractuels<br />
de l’Etat, de la fonction publique<br />
parlementaire, de la fonction publique<br />
hospitalière, de la fonction publique<br />
de l’éducation et de la fonction<br />
publique locale, les contractuels des<br />
forces de défense, les contractuels des<br />
forces de sécurité, les contractuels de<br />
Caisse nationale de sécurité sociale<br />
Les ex-agents en grève de la faim violement déguerpis de Sainte-Marie<br />
Markky Edzang Zuè<br />
En grève de la faim<br />
depuis deux mois sur<br />
l’esplanade de la cathédrale<br />
Sainte-Marie de Libreville,<br />
pour contester la manière cavalière<br />
dont ils ont été remerciés<br />
après des décennies de bons et<br />
loyaux services, les ex-agents de<br />
la Caisse nationale de sécurité<br />
sociale (CNSS) en ont été<br />
déguerpis manu militari, le vendredi<br />
6 juin, par une escouade de<br />
policiers armés jusqu’aux dents.<br />
Une mission commandée par<br />
l’actuel ministre de l’Intérieur,<br />
Guy-Bertrand Mapangou, qui<br />
prétextait, apprend-on, le fait que<br />
la présence des grévistes de la<br />
faim perturberait la messe de<br />
requiem du dimanche 8 juin<br />
2014, soit deux jours plus tard, en<br />
mémoire d’Omar Bongo<br />
Ondimba. Sans crier gare, les<br />
policiers ont investi les lieux et<br />
commencé à tout saccager. Tels<br />
des barbares, ils ont bondi sur les<br />
grévistes dont la plupart, des<br />
femmes d’âge mûr, était affaiblie.<br />
Sous le regard médusé du<br />
curé de la paroisse qui s’évertuera<br />
à rappeler aux agents des forces<br />
de l’ordre le principe d’extraterritorialité<br />
de l’archevêché de<br />
Libreville, qui en fait une mission<br />
diplomatique du Vatican au<br />
Gabon. Autant la police gabonaise<br />
ne peut pas débarquer à<br />
l’ambassade de France au Gabon,<br />
autant elle n’a pas le droit de<br />
débarquer à la cathédrale Sainte-<br />
Marie pour mater ou interpeller<br />
qui que ce soit qui s’y est réfugié<br />
ou qui y manifeste quelque<br />
mécontentement. Autrement dit,<br />
l’acte de Guy-Bertrand<br />
Mapangou est une violation flagrante<br />
d’une mission diplomatique<br />
accréditée au Gabon.<br />
Sourds à ce rappel à l’ordre du<br />
curé, les policiers continueront de<br />
charger les grévistes de la faim.<br />
Arrivé peu après, l’archevêque de<br />
la capitale est parvenu tant bien<br />
que mal à apaiser les esprits,<br />
avant de promettre aux ex-agents,<br />
du reste sommés de rentrer chez<br />
eux, que leurs revendications<br />
seraient résolues ce mardi 10 juin<br />
2014. Gageons que l’archevêque<br />
parviendra à décanter définitivement<br />
cette situation qui n’a que<br />
trop duré. Est-il besoin de rappeler<br />
que depuis le début du mouvement<br />
d’humeur des ex-agents<br />
CNSS, 15 d’entre eux sont morts,<br />
meurtris par le manque de<br />
volonté des pouvoirs publics de<br />
résoudre le problème Depuis le<br />
début du litige, les négociations<br />
entre le ministère de tutelle et les<br />
déflatés butent chaque fois sur<br />
Désiré Lasségué, le « tout-puissant»<br />
directeur général de la<br />
CNSS. Alors que les déflatés de<br />
la CNSS ne demandent rien d’autre<br />
que le paiement intégral de<br />
leurs droits légaux, selon les vrais<br />
calculs faits d’accord parties<br />
(gouvernement via le ministère<br />
de tutelle et les partenaires<br />
sociaux) lors des travaux avec des<br />
experts de la CNSS et du ministère<br />
du Budget, Désiré Lasségué<br />
vient de pondre un nouveau communiqué<br />
(cf. l’Union du 7 au 9<br />
juin 2014), dans lequel il invite<br />
les ex-agents à consulter les listes<br />
de paiements et de régularisations<br />
élaborées par ses seuls soins. Une<br />
véritable entorse du DG à bon<br />
nombre de dispositions du Code<br />
du travail, notamment son article<br />
62 qui réglemente le paiement<br />
des pensions retraites, et à l’article<br />
75 du Code de la sécurité<br />
sociale. Il y a aussi le décret<br />
n°001498/PR/MTEPS du 29<br />
décembre 2011 qui fixe à 60 ans<br />
l’âge de la retraite. Les ex-agents<br />
s’étonnent que ce soit la CNSS<br />
qui en fasse le communiqué en<br />
lieu et place du gouvernement qui<br />
assume les droits légaux. Or, la<br />
CNSS ne saurait être juge et partie<br />
dans ce dossier. Les regards se<br />
tournent donc vers le Conseil<br />
d’Etat, qu’ils promettent de saisir.<br />
3<br />
l’administration pénitentiaire, les<br />
contractuels des organismes publics<br />
personnalisés. » De toutes ces catégories<br />
sont exclus ceux des agents définis<br />
par l’article 16 de la loi 01/2005 :<br />
« Les dispositions de la présente loi ne<br />
s’appliquent pas aux agents occupant<br />
les fonctions ci-après : président de la<br />
République, Vice-président de la<br />
République, membres du Parlement,<br />
membres du gouvernement, élus<br />
locaux, membres des cabinets politiques<br />
et particuliers, agents des services<br />
publics en concession autres que<br />
ceux visés à l’article 15… » Dans la<br />
clarification entre la fonction administrative<br />
et la fonction gouvernementale,<br />
pour ce qui est de leurs rémunérations,<br />
les articles 78 et 79 de ladite<br />
loi précisent : «L’agent public a droit,<br />
après service fait, à une juste rémunération.<br />
La rémunération comprend :<br />
la solde indiciaire, les indemnités et<br />
les primes pour l’agent public permanent<br />
; le salaire de base, les indemnités<br />
et les primes pour l’agent contractuel<br />
; les honoraires pour le vacataire.»<br />
C’est dans la modification<br />
qu’intervient la confusion. L’article<br />
78 nouveau va se lire comme suit : «<br />
L’agent public a droit, après service<br />
fait, à une juste rémunération. La<br />
rémunération comprend : la solde<br />
indiciaire, les indemnités et les<br />
primes pour l’agent public permanent<br />
; le salaire de base, les indemnités<br />
et les primes pour l’agent non permanent,<br />
etc. » L’on notera ici qu’il<br />
n’est plus question de « l’agent<br />
contractuel » mais de « l’agent non<br />
permanent». Alors que l’article 79<br />
définissait clairement le caractère de<br />
la prime et des indemnités, l’article 79<br />
nouveau mêle tout dans un amalgame<br />
qui arrange sa petite majesté Ali<br />
Bongo Ondimba et le chef du gouvernement.<br />
Il dit : « Les primes et les<br />
indemnités sont des suppléments de la<br />
solde indiciaire ou du salaire de base.<br />
Les primes sont destinées à rétribuer<br />
et à valoriser : les responsabilités<br />
attachées à certaines fonctions d’encadrement<br />
; la performance individuelle<br />
de l’agent ou collective du service<br />
; la dangerosité ou la pénibilité<br />
de certaines conditions de travail ;<br />
certains emplois en raison de leur<br />
spécificité et leur localisation, etc. »<br />
Toute une philosophie qui ne repose<br />
sur rien de concret. En clair, on est<br />
dans une nébuleuse avec l’objectif de<br />
faire prendre des vessies pour des lanternes.<br />
Ali Bongo avait pris un décret qui<br />
fixait les soldes des agents frappés par<br />
les dispositions de l’article 16. Il<br />
s’agit du décret<br />
n°012/PR/MBCPFPRE du 28 janvier<br />
2010 complétant le décret<br />
n°1500/PR/MFPRA/MEFEBP du 11<br />
décembre 1995 définissant les modalités<br />
de prise en charge par le budget<br />
de l’Etat des traitements alloués pour<br />
l’exercice d’une fonction publique<br />
élective, d’une fonction gouvernementale,<br />
d’un mandat parlementaire,<br />
de toute autre fonction ou mandat<br />
d’une institution constitutionnelle.<br />
Dans ce décret, le directeur de cabinet<br />
du ministre avait une solde de 1 600<br />
000 FCFA. En plus de cela, il va se<br />
voir ajouter 1 875 000 FCFA. Le<br />
secrétaire général du ministère aura<br />
en plus de ses 2 500 000 une prime<br />
d’incitation à la performance de 2 700<br />
000 selon qu’il est du bon groupe de<br />
ministères. De quelle augmentation<br />
sérieuse bénéficie l’enseignant du primaire,<br />
le médecin ou l’infirmière qui<br />
sont eux réellement exposés aux<br />
risques A suivre.
Jean Michel Sylvain<br />
Mihindou Bissielou<br />
POLITIqUE<br />
Groupe des Citoyens Républicains<br />
Lettre ouverte au président<br />
de la République<br />
<strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
4<br />
Ralliement de l’opposition alimentaire au Pacte social<br />
Ali Bongo Ondimba s’entoure d’un attelage<br />
fait « de bric et de broc »<br />
Des acteurs politiques ont saisi la main tendue d’Ali Bongo Ondimba en signant, en fin de semaine dernière, l’acte de ralliement au nouveau projet poli-<br />
Les Gabonais, qui tirent toujours<br />
le diable par la queue malgré<br />
les nombreuses richesses de leur<br />
pays et les engagements solennels<br />
des dirigeants à améliorer leurs<br />
conditions de vie, devraient suivre<br />
de près les manigances actuelles<br />
entre Ali Bongo et certains acteurs<br />
politiques. L’exhumation de la<br />
majorité présidentielle, les réconciliations<br />
d’anciens pédégistes et<br />
les ralliements d’opposants dits<br />
modérés, au nom d’un prétendu<br />
«Pacte social », ne sont rien d’autre<br />
que le retour à la politique politicienne<br />
ayant poussé Omar<br />
Bongo à dilapider l’argent du<br />
contribuable pour consolider son<br />
règne, au détriment des populations.<br />
Tout ce que le chef de l’exécutif<br />
entreprend actuellement ne<br />
vise qu’un objectif : lui permettre<br />
de rester aux commandes du pays<br />
en 2016 et de continuer à le piller<br />
allègrement avec son club d’amis<br />
voraces.<br />
Comme son père en 1990 au<br />
lendemain de la conférence nationale,<br />
Ali Bongo s’aperçoit que son<br />
pouvoir s’est considérablement<br />
affaibli après un règne arrogant sur<br />
fond de détournements massifs de<br />
deniers publics. Comment y remédier<br />
Le chef de l’exécutif n’a pas<br />
la réputation d’être imaginatif. Il<br />
lui suffit de reprendre les recettes<br />
qui ont marché du temps de son<br />
père, même si les époques ont<br />
changé. Et pourtant, évoquant les<br />
différences de style, Ali Bongo<br />
avait affirmé lors de sa prise de<br />
pouvoir qu’il ne se laisserait pas<br />
aller aux petits arrangements avec<br />
les opposants. L’y voilà en plein.<br />
En 1990, Omar Bongo s’était<br />
concilié l’opposant historique<br />
Simon Oyono Aba’a pour faire<br />
baisser la contestation. Quatre ans<br />
plus tard, il eut la vie sauve grâce<br />
aux accords de Paris qui prévoyaient<br />
l’entrée au gouvernement<br />
d’autres figures comme Pierre<br />
Claver Maganga Moussavou et<br />
Max Remondo. En mai 1997, il<br />
dans l’œuf le projet d’union de<br />
l’opposition en marche. Il ne fait<br />
aucun doute que les militants du<br />
PDS du 2 e arrondissement de<br />
Port-Gentil, qui ont élu l’ancien<br />
bâtonnier conseiller municipal de<br />
leur ville, auraient préféré voir<br />
Un retour funeste à la politique politicienne<br />
nomme l’opposant Didjob Divungi<br />
Di Ndinge vice-président de la<br />
République. Le débauchage se<br />
poursuit en 2002 avec l’arrivée au<br />
gouvernement du charismatique<br />
Paul Mba Abessole. Par la suite,<br />
Omar Bongo normalise ses relations<br />
avec le virulent Pierre<br />
Mamboundou. Ayant ainsi tu les<br />
voix discordantes, il pouvait de<br />
nouveau gouverner comme à<br />
l’époque du parti unique.<br />
Qu’est-ce que le peuple a gagné<br />
là-dedans Lui-même Omar<br />
Bongo donne la réponse dans un<br />
Monsieur le Président de la<br />
République,<br />
Le 21 janvier 2014, un de vos<br />
collaborateurs Monsieur Michel<br />
OGANDAGA, publiait sur sa<br />
page Facebook le texte que<br />
voici :<br />
« Je suis un homme en colère,<br />
écœuré par ce qui se trame<br />
actuellement au sein du PDG<br />
dans le Woleu-Ntem. Même si la<br />
traîtrise de nombreux militants<br />
PDG du Woleu-Ntem ne surprend<br />
plus personne, cette province<br />
a toujours été le bastion<br />
du judaïsme, antichambre du<br />
salafisme… vous avez de la<br />
chance que je ne sois ni ministre<br />
de l’intérieur ou de la défense,<br />
je vous aurais donné une bonne<br />
leçon, une bonne bastonnade<br />
après votre trahison, à poil et du<br />
piment rouge aux fesses, au<br />
bangala et sur tout le corps…<br />
FUMIER VA !<br />
Aussi pour mettre un terme à<br />
cette immense saloperie, le<br />
grand ménage doit être fait<br />
maintenant dans le PDG, je<br />
demande donc des sanctions<br />
discours prononcé début décembre<br />
2007, dans lequel il dresse un bilan<br />
catastrophique de son long règne.<br />
Sentant ses forces l’abandonner, il<br />
lâchera, lors de la présentation des<br />
vœux en janvier 2009, cette phrase<br />
mémorable : « Dieu ne nous a pas<br />
permis de faire du Gabon ce que<br />
nous sommes en train de faire. »<br />
Peut-il y avoir meilleur aveu<br />
d’échec <br />
En vue de masquer son bilan<br />
calamiteux, Ali Bongo s’emploie à<br />
convaincre et à se convaincre qu’il<br />
a du monde autour de lui. Mais le<br />
fermes et immédiates contre ces<br />
ordures :<br />
- Exclusion illico<br />
presto du Parti Démocratique<br />
Gabonais<br />
- Limogeage manu<br />
militari de toute fonction officielle<br />
- Suspension à vie de<br />
tout revenu, salaire, pension,<br />
retraite etc. etc.<br />
Cette seconde traitrise est<br />
intolérable et inacceptable».<br />
Nous vous saisissons par les<br />
présentes, pour vous faire part<br />
de notre profonde indignation et<br />
de notre grande tristesses, d’autant<br />
plus que cette affaire s’est<br />
passée depuis plusieurs mois et<br />
aucune autorité politique, judiciaire<br />
institutionnelle et administrative<br />
ne les a condamnés<br />
vous-même, vous êtes resté<br />
silencieux.<br />
Nous vous rappelons par ailleurs<br />
que ce texte a été publié au<br />
lendemain de l’élection du<br />
bureau du Conseil départemental<br />
du Ntem à Bitam, élection au<br />
terme de laquelle malgré un<br />
déficit de trois élus sur le candidat<br />
du Parti Démocratique<br />
fait de s’entourer de produits finis<br />
et de singletons ne garantit pas le<br />
succès de l’opération. Omar Bongo<br />
au moins faisait de bonnes prises.<br />
La déception guette les acteurs<br />
politiques auxquels le chef de<br />
l’exécutif fait une cour assidue<br />
dans la mesure où il promet un<br />
même poste à plusieurs d’entre<br />
eux. La vice-présidence de la<br />
République, notamment, aurait été<br />
promise à la fois à Séraphin Ndaot<br />
Rembogo et à un autre opposant.<br />
Qui entrera au gouvernement et qui<br />
restera sur le carreau <br />
Gabonais, l’Indépendant Alfred<br />
MEMINE me ZUE a été porté à<br />
la présidence du Conseil en<br />
bénéficiant du vote de 6 électeurs<br />
issus du PDG. Ces derniers<br />
ont donc de fait voté<br />
contre le candidat de leur propre<br />
formation politique. Ce qui a<br />
provoqué l’ire et la réaction que<br />
vous venez de lire.<br />
Monsieur le Président de la<br />
République,<br />
Ce texte, parce qu’il est issu<br />
de votre entourage proche, est<br />
particulièrement grave de<br />
contenu en ce qu’il dénude une<br />
sérieuse carence dans la conception<br />
que votre entourage a de la<br />
République qui qualifie notre<br />
Etat, et de l’idée qu’il se fait de<br />
la Démocratie. Tout comme il<br />
pourrait fondamentalement<br />
remettre en cause votre réelle<br />
volonté “… de respecter et de<br />
défendre la Constitution et<br />
l’Etat de droit,… et d’être juste<br />
envers tous” conformément au<br />
serment que vous avez prêté lors<br />
de votre prise de fonction.<br />
(suite en page 5)<br />
l’intéressé rejoindre le bloc qui<br />
est en train de se constituer<br />
autour de Jean Ping, Jacques<br />
Adiahenot, Zacharie Myboto,<br />
Luc Bengono Nsi, Casimir Oye<br />
Mba, Jean Eyeghe Ndong, Louis<br />
Gaston Mayila, pour ne citer que<br />
ceux-là. A coup sûr, ils vivront<br />
ce choix comme une déchirure,<br />
voire une trahison. Car le militant<br />
PDS de base qui a les pieds<br />
dans l’eau en saison des pluies<br />
–Ali Bongo n’a toujours pas réalisé<br />
le réseau d’assainissement de<br />
la ville promis en 2010- et dans<br />
le sable en saison sèche subit<br />
avec une violence extrême les<br />
conséquences de la politique<br />
insouciante d’Ali Bongo<br />
Ondimba que Maître Ndaot<br />
Rembogo, du haut de son<br />
impressionnant patrimoine<br />
immobilier, a décidé de soutenir.<br />
L’autre message que veut porter<br />
à l’opinion l’adhésion au<br />
pacte de cette opposition sans<br />
scrupules - Ndong d’Akomayo<br />
n’est pas l’exemple de bonne<br />
moralité et intégrité en politique<br />
- est de faire croire à la communauté<br />
internationale, qui l’a isolé<br />
– lire ci-contre -, qu’il est populaire<br />
dans son pays. Mieux, que<br />
des partis politiques estampillés<br />
opposition, voire des regroupe-<br />
tique du pouvoir. Ce haut fait d’arme émergent tourne au ridicule.<br />
Davin, Ndong d’Akomayo et les<br />
autres illustres inconnus qui ont<br />
N<br />
paraphé ce pacte -, être opposant<br />
ombre d’acteurs politiques<br />
viennent d’indiquer<br />
de manière «<br />
signifie dorénavant, non pas proposer<br />
une alternative à la politique<br />
qui est menée, mais plutôt<br />
claire, très claire, très trèsclaire…<br />
» que pour 2016, ils ont<br />
appuyer le pouvoir en place dans<br />
fait le choix d’Ali Bongo sa stratégie de déstabiliser ses<br />
Ondimba. L’affaire, il faut bien adversaires qui portent une autre<br />
le reconnaître, était dans les vision du développement du<br />
tuyaux depuis le 7 février 2014, Gabon. Car cet appel en direction<br />
de l’opposition « alimentaire<br />
lorsque Maître Séraphin Ndaot<br />
Rembogo et une bonne partie du », à deux ans de l’échéance de<br />
directoire du PDS étaient, à la son mandat - Akouré Davin, à en<br />
surprise générale, reçus par Ali croire les propos repris par notre<br />
Bongo Ondimba à la présidence confrère Gabonreview la<br />
de la République.<br />
semaine dernière, fait déjà des<br />
Le plaidoyer que cet avocat du offres de service au chef de<br />
barreau du Gabon a livré à l’opinion<br />
après son acte «d’allé-<br />
Dès le début de son mandat,<br />
l’Etat-, surprend.<br />
geance au Pacte social», en rappelant<br />
que malgré cette adhésion, droit d’inventaire de l’œuvre de<br />
Ali Bongo Ondimba, dans son<br />
« il reste dans l’opposition », ne son père, avait indiqué à tous que<br />
trompera personne. Car on voit les retards pris par le Gabon sous<br />
mal comment il va s’opposer à l’ancien régime avaient pour origine<br />
la constitution des gouver-<br />
cipes basiques d’une démocratie<br />
Ali Bongo Ondimba, tout en soutenant<br />
le projet qui sera la nements d’union nationale. Pour moderne.<br />
colonne vertébrale de sa campagne<br />
électorale en 2016. Une gagné. Il doit gouverner seul et lors, que le tête-à-queue que vient<br />
lui, désormais, le « PDG a On comprend aisément, dès<br />
vraie quadrature du cercle. A les opposants doivent s’opposer de réaliser cet amoureux de la<br />
moins que pour Ndaot Rembogo ». Jusqu’à ce qu’intervienne une vitesse au volant n’a d’autre<br />
et les autres opposants – Akouré alternance. En somme, les prin-<br />
signification que vouloir tuer<br />
ments de partis, soutiennent son<br />
action.<br />
Sauf que cette communauté<br />
internationale a les moyens de<br />
savoir qu’un attelage qui<br />
regroupe Ndong d’Akomayo -<br />
une bonne partie des membres<br />
fondateurs de son parti ne reconnaissent<br />
plus ses qualités de président-,<br />
une UFC sans Maître<br />
Louis Gaston Mayila, Pierre-<br />
André Kombila ou Mbou Yembi,<br />
un fils encore imberbe du<br />
regretté Mapangou Moucani<br />
Mouetsa, un Léon Ababé<br />
inconnu jusque-là dans la classe<br />
politique, mais plutôt dans les<br />
affaires qui secouent la<br />
Fédération gabonaise de football,<br />
etc., n’a rien de sérieux.<br />
Le vrai réconfort pour l’opposition,<br />
qui vise l’alternance et<br />
non la «cogestion» chère à Ndaot<br />
Rembogo, est que cet évènement<br />
s’est produit suffisamment en<br />
amont de l’échéance de 2016.<br />
Dans ce contexte, le groupe qui<br />
est en train de se constituer doit<br />
savoir que tout signataire du<br />
Pacte social devient un adversaire<br />
politique qu’il faut traiter<br />
comme tel. En le mettant hors de<br />
portée des stratégies et tractations<br />
en cours. A bon entendeur !<br />
Le CCDG n’a pas<br />
adhéré au Pacte social<br />
Aquel titre Jean-Pierre Ndong d’Akomayo a-t-il signé le Pacte<br />
social avec Ali Bongo Ondimba, le vendredi dernier à la présidence<br />
de la République En tout cas, pas au nom de la Cause<br />
commune pour le développement du Gabon (CCDG), semble-t-il.<br />
En effet, dans un communiqué daté du 6 juin 2014, le directoire de<br />
CCDG qualifie de « …nouvelle trahison… » l’acte commis par Ndong<br />
d’Akomayo. Aussi adresse-t-il « un démenti formel d’un mandat qui<br />
serait donné au président de valider notre adhésion à cet acte ». Le communiqué<br />
indique par ailleurs que la CCDG « …confirme son ancrage<br />
dans l’opposition véritable ».<br />
L’attelage « de bric et de broc » constitué par Ali Bongo Ondimba,<br />
comme soutien de son Pacte social, serait en train de s’effondrer avant<br />
même que l’encre qui a servi à la signature de ces accords sèche. A force<br />
de vouloir réaliser un coup politique sans prendre le temps de connaître<br />
chacun de ses futurs partenaires, le chef de l’Etat risque de devenir la<br />
risée des observateurs politiques du Gabon. Car ces « adhésions à la<br />
pelle », comme le clament les émergents, vont apparaître de plus en plus<br />
comme un grossier montage politicien qui visait à montrer au monde<br />
entier qu’Ali Bongo n’est pas isolé. Malheureusement, l’opération prend<br />
l’eau de toute part.
L’EDITORIAL POLITIqUE 5<br />
de Désiré ENAME<br />
Union du peuple gabonais<br />
Jean de Dieu Moukagni Iwangou<br />
prend la tête du parti<br />
Le combat à mort<br />
d’ABO contre…<br />
le mort OBO<br />
Cinq ans plus tard, sa petite majesté Ali Bongo Ondimba (ABO)<br />
n’a toujours pas permis à Omar Bongo Ondimba (OBO) de reposer<br />
en paix. Dès son intronisation, les premiers actes de sa petite<br />
majesté ont consisté à troubler le repos éternel de son défunt père et à qui il<br />
succédait à la tête de l’Etat, le nommé Omar Bongo Ondimba.<br />
Sitôt à la tête de l’Etat, sa petite majesté ABO va commencer par troubler<br />
la tranquillité d’OBO en traumatisant les anciens collaborateurs et amis<br />
de son père. Tout a commencé par Mamadou Diop. Après la passation de<br />
service entre le président par intérim Rose Francine Rogombé et lui, le président<br />
intronisé par Marie Madeleine Mborantsuo, le secrétaire général<br />
(SG) de la présidence de la République était monté dans son bureau pour de<br />
petits détails personnels. A son retour dans les bureaux présidentiels, il est<br />
accueilli par une atmosphère de cimetière. Sa petite majesté n’aura pas la<br />
décence et la courtoisie de lui faire comprendre qu’il avait été changé. C’est<br />
une tierce personne qui lui apprendra qu’il n’était plus SG. Ce même jour,<br />
ce sera au tour d’Antoinette Ndo, le dernier directeur de protocole d’OBO.<br />
Une personne rompue et dévouée à la tâche. Même Laurent Gbagbo avait<br />
conservé Georges Ouegnin, l’unique directeur du protocole d’Houphouët<br />
Boigny. C’est dans la soirée que Ndo apprendra, via le petit écran, qu’elle<br />
avait été virée de la présidence par ABO. La dernière collaboratrice à avoir<br />
goûté du cynisme d’ABO a été Lady Laure Olga Gondjout. Il s’est ainsi<br />
acharné tour à tour sur tous les anciens compagnons d’OBO, leur préférant<br />
des rappeurs, des potes de jeu, notamment ceux avec qui il joue du piano.<br />
Alors qu’il y avait tant de choses à faire et notamment un agenda qu’il<br />
avait lui-même défini comme urgent, à savoir le bien-être des Gabonais en<br />
leur octroyant 5 000 logements par an ; des hôpitaux ; de nouvelles infrastructures<br />
dont la zone économique spéciale de Nkok ; des écoles ; de nouvelles<br />
universités, etc. Contre toute attente, ABO va s’atteler à démolir le<br />
palais du mont Bouet, un beau palais de marbre blanc et rose qu’OBO affectionnait.<br />
En quoi cela était-il urgent Et ce n’est pas tout. Il va poursuivre<br />
l’œuvre de démolition du souvenir d’OBO en rasant les villas de cette cité<br />
de la Démocratie que surplombait ce palais. Il va raser la salle de conférence,<br />
un lieu chargé de souvenirs : c’est dans cette salle que s’est tenu pour<br />
la première fois sous l’Equateur le sommet de l’Organisation de l’unité africaine<br />
(OUA) ; sous les lambris de cette salle de conférence a été scellé le<br />
retour du Gabon au multipartisme et à la liberté d’expression, pour ne citer<br />
que ces deux événements. Il a rasé tous ces souvenirs pour y faire quoi <br />
Construire son palais à lui. En quoi avait-il besoin d’engager les fonds de<br />
l’Etat dans une telle dépense alors que OBO, avant de passer de vie à trépas,<br />
avait eu le temps de rénover totalement le palais présidentiel en s’offrant<br />
les services d’un des architectes les plus doués de sa génération, Pierre<br />
Farkhouri. ABO va ensuite y construire un terrain de golf et l’on annonce<br />
également, sans rire, une piste automobile où il va s’essayer aux plaisirs de<br />
la Formule 1 avec ses potes. De grâce, ne riez pas. Comme s’il manquait de<br />
terres au Gabon et même aux abords de Libreville où il aurait pu prendre un<br />
domaine entier pour ériger son Disneyland. Ce palais, Ali l’a transformé en<br />
aire de jeu pour les feux d’artifice du nouvel an ; un lieu d’agapes pour les<br />
fêtes du 17 Août et d’autres. Mais y habiter, pas question. Et ce n’est pas<br />
tout.<br />
La Fondation Jeanne Ebori a une histoire particulière avec de nombreux<br />
Gabonais. Des jeunes d’une certaine génération y sont nés. De nombreuses<br />
personnes y ont recouvré la santé. Par dessus tout, cet hôpital portait le nom<br />
de sa grand-mère, la mère d’OBO. Au tout début, il a raconté que cet établissement<br />
allait être désamianté. Il n’a jamais été question de démolition.<br />
Puis un beau matin, une grue a été aperçue donnant des coups de pelle aux<br />
flancs de l’établissement. En fin de compte, Jeanne Ebori a été rasée. Si ce<br />
n’est pas de l’acharnement contre tout ce qui rappelle OBO, il sera difficile<br />
d’y voir autre chose.<br />
Alors qu’on croyait qu’OBO reposait vraiment en paix, sa petite majesté<br />
ira encore le sortir de là pour, dit-on, l’assigner à une demeure plus belle.<br />
Les enfants de Léon Mba n’ont pas sorti leur père de là lorsqu’il s’est agi<br />
de moderniser son mausolée. Mais ABO oui. Mieux, c’est dans un bruit<br />
infernal, au marteau piqueur, pour bien troubler la quiétude du mort,<br />
qu’OBO a été délogé. Si ce n’est pas de l’acharnement contre le mort, quel<br />
autre nom donner <br />
On n’avait jamais vu sa petite majesté ABO à une seule messe du souvenir<br />
auparavant. Tout à coup, il a arraché l’organisation du cinquième anniversaire<br />
à sa sœur qui avait institué l’événement alors qu’il n’y a jamais<br />
accordé la moindre importance. En 2012, il a même éclipsé cet événement<br />
avec le New York Forum Africa. C’est vous dire que cela ne comptait pas.<br />
Mais cela ne s’est pas passé sans heurts. La veille, il avait envoyé son ministre<br />
de l’Intérieur, via une escouade de policiers, chasser les ex-agents de la<br />
CNSS, de vieilles dames qui étaient là depuis deux mois, en grève de la<br />
faim, violant par là même les accords cadres entre le Vatican et le Gabon,<br />
qui font de l’espace de l’archevêché de Libreville un lieu inviolable. « Mais<br />
enfin, petite majesté, laissez votre père tranquille ! On ne trouble pas la tranquillité<br />
des morts. Il se fâchera !» D’ailleurs, il a commencé.<br />
Oui, il a commencé, en lui envoyant un fou qui est entré chez lui en<br />
pleine journée. Il s’est introduit dans sa cuisine, et s’est même payé une<br />
visite dans les appartements privés de sa petite majesté. Puis l’eau. Sa petite<br />
majesté s’est réveillé un beau matin en retroussant le pantalon de son<br />
pyjama tant sa maison était inondée. Il faut préciser que c’était le seul habitant<br />
d’Akanda qui avait été frappé par le sort. Voila ce qui arrive quand on<br />
s’acharne dans un combat à mort contre… un mort. Quant à la blague de la<br />
messe du souvenir, la suite sera plus palpitante.<br />
L’élection, le week-end dernier, à la tête de l’Union du peuple gabonais (UPG) du duo Jean de Dieu Mouckagni<br />
Iwangou (président) et de Jean-Jacques Mbourou Colombo (vice-président) n’est pas de nature à favoriser la fin des<br />
hostilités. La formation politique reste fractionnée entre les tenants de la succession de Pierre Mamboundou par voie<br />
démocratique et ceux favorables à la succession par les seuls natifs de Ndendé, ville d’origine et fief historique du<br />
fondateur du parti. Les nouveaux dirigeants sont respectivement de Mouila et Port-Gentil.<br />
Paul Davy<br />
L<br />
’aile des « légalistes »<br />
conduite par le secrétaire<br />
exécutif sortant, Mathieu<br />
Mboumba Nziengui, avec pour<br />
second couteau un certain Bruno Ben<br />
Moubamba, revendique la poursuite<br />
du deal politique avec le pouvoir,<br />
conclu sur le tard par feu Pierre<br />
Mamboundou. Un groupe qui fait par<br />
ailleurs feu de tout bois pour maintenir<br />
la présidence du parti dans les<br />
limites territoriales de Ndendé, antre<br />
de l’UPG, où se trouve le mausolée<br />
de Mamboundou. Ceci expliquant<br />
cela, il devient possible d’apporter<br />
des réponses à l’attitude de Bruno<br />
Ben Moubamba qui se découvre soudain<br />
des origines à Ndendé, après<br />
s’être dit de Moabi (province de la<br />
Nyanga), lors de la présidentielle anticipée<br />
de 2009 à laquelle il était candidat.<br />
Le jeune loup pressé se présente<br />
sous un jour d’opportuniste politique,<br />
prêt à tout pour réaliser son ambition<br />
affichée d’arriver à la tête de l’UPG.<br />
Mais c’était sans compter avec les<br />
gardiens du temple qui n’avaient pas<br />
encore dit leur dernier mot. Pour parvenir<br />
à sa fin dont la trame de fond est<br />
d’être le porte-étendard de l’UPG à la<br />
présidentielle de 2016, l’homme s’est<br />
attiré la sympathie de la famille<br />
Mamboundou ainsi que celle du<br />
secrétaire exécutif, Mboumba<br />
Nziengui, cousin germain de Pierre<br />
Mamboundou et frère cadet d’une<br />
autre figure emblématique du parti,<br />
feu Douckackas Nziengui – qui a<br />
payé de sa vie pour son engagement<br />
politique au sein de l’UPG.<br />
Mboumba Nziengui, lui, savoure<br />
visiblement à satiété les retombées du<br />
deal inachevé passé avec les Bongo.<br />
Une position privilégiée, qui pourrait<br />
expliquer son opposition ouverte à<br />
l’organisation d’un congrès auquel<br />
sont associés en grande partie les partisans<br />
de la rupture de ce compromis<br />
politique. En outre, son manque de<br />
maîtrise des délégués ouvrait le risque<br />
de déboucher sur la désignation d’un<br />
chef qui ne soit pas issu de Ndendé –<br />
<strong>ECHOS</strong> Du Nord<br />
et c’est ce qui s’est passé. L’issue de<br />
ce congrès reste totalement inacceptable<br />
pour la famille Mamboundou qui<br />
parle de patrimoine familial – allusion<br />
au parti. Idem pour certains militants<br />
originaires de Ndendé qui voient d’un<br />
mauvais œil la délocalisation de la<br />
présidence du parti de Ndendé à la<br />
commune voisine de Mouila, avec des<br />
ramifications à Port-Gentil. Pour tenter<br />
de tuer dans l’œuf cette perspective<br />
qui se dessinait, Mboumba Nziengui a<br />
marqué son opposition, en vain, à l’organisation<br />
d’un congrès dont le<br />
contrôle échappait au dernier carré de<br />
Ndendé. La famille biologique de<br />
Pierre Mamboundou s’est également<br />
époumonée pour inviter au report sans<br />
condition du congrès du week-end<br />
dernier, en poussant le bouchon<br />
jusqu’à donner l’injonction au secrétaire<br />
exécutif de radier tous ceux qui<br />
s’opposeraient à cette vision de report.<br />
Confrontée à des poches de résistance,<br />
la «coalition Ndendé » a convoyé<br />
illico presto en fin de semaine dernière<br />
de Ndendé vers Libreville la mère de<br />
Pierre Mamboundou, flanquée de sa<br />
tante paternelle, en vue de s’adresser<br />
personnellement à « la soldatesque ».<br />
Une délégation qui a été renforcée,<br />
une fois à Libreville, par la femme du<br />
défunt, ses frères et neveux, qui n’ont<br />
malheureusement pas pu arrêter le<br />
vent de l’histoire. Une immixtion aux<br />
allures de recul des principes démocratiques.<br />
C’est vraisemblablement<br />
Une publication de la SARL Nord Edition<br />
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D.L.B.N N°2359/06/2011<br />
Groupe des Citoyens Républicains<br />
Lettre ouverte au président<br />
de la République<br />
(suite de la page 4)<br />
Il ne vous échappera pas en effet que<br />
contrairement à la Constitution, le texte<br />
de votre collaborateur refuse à tout<br />
Gabonais sa liberté de conscience, de<br />
pensée, d’opinion, d’expression, de<br />
communication, la libre pratique de sa<br />
religion, qui sont garanties à tous, sous<br />
réserve du respect de l’ordre public<br />
sous l’influence de Bruno Ben<br />
Moubamba que la famille de Pierre<br />
Mamboundou s’est retrouvée dans ce<br />
bourbier très déshonorant.<br />
Au moment où s’ouvrait le congrès<br />
sur un site spécialement aménagé, à<br />
un jet de pierre du siège social du<br />
parti, passé sous contrôle des pro<br />
Mboumba Nziengui, le secrétaire exécutif<br />
a prononcé, conforment aux instructions<br />
de la famille biologique de<br />
Pierre Mamboundou, la radiation des<br />
figures de proue du congrès. La présidente<br />
du comité d’organisation du<br />
congrès, Pélagie Itsana, a réagi :<br />
«Nous ne sommes pas de l’aile familiale<br />
de l’UPG, nous sommes l’Union<br />
du peuple gabonais. »<br />
C’est donc sous le contrôle de l’aile<br />
loyaliste que les rideaux sont tombés<br />
hier au petit matin sur les travaux du<br />
1er congrès ordinaire de l’UPG. Cette<br />
aile dit vouer fidélité à la ligne politique<br />
de Pierre Mamboundou, visant<br />
l’instauration de la démocratie et l’ancrage<br />
du parti dans l’opposition radicale.<br />
Pour le successeur de Pierre<br />
Mamboundou, Jean de Dieu<br />
Mouckagni Iwangou, l’issue du<br />
congrès du week-end dernier marque<br />
le début de la rédemption de l’UPG,<br />
dont les compromissions politiques<br />
passées ces trois dernières années ont<br />
favorisé sa descente aux enfers. Au<br />
nombre des priorités, l’homme définit<br />
la restructuration des organes de base<br />
et le réseautage avec les organisations<br />
comme stipulé dans son préambule. De<br />
notre point de vue, le fait que des<br />
Gabonais, en âme et conscience, aient<br />
décidé de porter leur vote sur un de leur<br />
compatriote qu’ils estiment le mieux<br />
capable d’assumer les fonctions de<br />
Président du Conseil départemental en<br />
s’écartant des consignes données par leur<br />
formation politique, n’est en aucune<br />
manière une menace de l’ordre public.<br />
Mieux, le chantage aux revenus effectué<br />
par votre collaborateur entre lui aussi de<br />
manière flagrante en conflit avec la<br />
Constitution qui stipule clairement que<br />
chaque citoyen a le devoir de travailler et<br />
le droit d’obtenir un emploi. Mais aussi et<br />
surtout que nul ne peut être lésé dans son<br />
travail en raison de ses origines, de son<br />
sexe, de sa race, de ses opinions.<br />
Le texte de votre collaborateur porte<br />
donc une atteinte grave aux droits individuels<br />
des Gabonais, il contient aussi, en<br />
plus grave, une menace pour l’intégrité<br />
territoriale et pour l’unité de la Nation<br />
que la Constitution vous charge expressément<br />
de défendre et de maintenir. En<br />
effet, une province du Gabon, le Woleu-<br />
Ntem, est qualifiée de bastion du<br />
judaïsme, antichambre du salafisme. La<br />
confusion entre la religion juive et la trahison<br />
par extension à l’apôtre Judas<br />
Iscariote qui livra Jésus Christ aux<br />
Romains, en plus de la propension extrémiste<br />
et terroriste des habitants de cette<br />
province selon Michel Ogandaga, n’en<br />
ajoutent que plus à la gravité des propos.<br />
Le Woleu-Ntem, selon votre collaborateur,<br />
serait le bastion de la traitrise en<br />
même temps qu’il se doublerait d’un<br />
extrémisme pouvant mettre en danger la<br />
vie des citoyens qui n’accepteraient pas<br />
ses principes et préceptes. On se<br />
demande bien lesquels, quand et comment<br />
cet extrémisme s’est-il manifesté <br />
Toujours est- il que votre collaborateur<br />
préconise pour d’autres Gabonais, fut-il<br />
politiques et de la société civile<br />
œuvrant pour la démocratisation de la<br />
vie politique et le bien-être du peuple<br />
gabonais. Une sorte d’invite à la rupture<br />
avec le système Bongo.<br />
Reste maintenant à savoir si l’actuel<br />
directeur de l’Ecole de la magistrature,<br />
nommé en Conseil des ministres,<br />
aura les mains suffisamment<br />
libres. D’autre part, certains se<br />
demandent si cet ancien conseiller<br />
juridique de l’UPG et de Pierre<br />
Mamboundou, qui a été associé à tous<br />
les coups ou presque, 25 ans durant,<br />
notamment lors de la rencontre tripartite<br />
de Paris, entre Sarkozy-Ali Bongo<br />
et Pierre Mamboundou, ne sera pas<br />
rattrapé par le virus Mboumba<br />
Nziengui, consistant à tomber les<br />
pieds liés dans la tentation de préserver<br />
les acquis des deals antérieurs<br />
scellés avec le régime.<br />
En attendant que l’avenir nous édifie<br />
sur l’aptitude de Mouckagni<br />
Iwangou à manager, l’excellence du<br />
climat ambiant à l’UPG présage<br />
d’une vraie partie de plaisir entre les<br />
protagonistes, qui pourrait avoir pour<br />
point de chute le palais de justice de<br />
Libreville. Mais avant cette phase<br />
ultime qui peut encore avorter avec<br />
l’entrée en scène de médiations visant<br />
à sauver le pays punu des divisions<br />
inutiles à l’approche de 2016, l’heure,<br />
pour le moment, est à la guerre des<br />
communiqués.<br />
du Woleu-Ntem , qui pourtant n’ont été<br />
ni déchu de leurs droits civils ni de leurs<br />
droits civiques, le limogeage manu militari<br />
de toute fonction officielle et la suspension<br />
à vie de tout revenu, salaire, pension,<br />
retraite.<br />
Monsieur le président de la<br />
République,<br />
Votre double responsabilité de chef de<br />
l’Etat et de président du parti politique<br />
dont se réclame M. Ogandaga vous met<br />
face à une obligation de correction et de<br />
réaction immédiate. Son texte a été<br />
publié depuis quelques mois et ni votre<br />
Cabinet, ni votre entourage à la présidence<br />
du PDG n’a cru utile jusqu’ici de<br />
remettre à leur place des propos qui<br />
auraient été facilement qualifiés de<br />
déviants de la part d’un militant zélé.<br />
Aujourd’hui, votre silence peut-être assimilé<br />
à au moins une validation. Ce qui<br />
ne saurait être acceptable de votre part.<br />
C’est fort de tout ce qui précède que<br />
nous vous exprimons notre plus grande<br />
indignation et vous suggérons très fortement<br />
de reprendre vos responsabilités qui<br />
ont été mises à mal par la sortie honteuse<br />
et mondialisée de votre collaborateur.<br />
Nous attendons de vous, non pas de<br />
simples sanctions, mais au moins une<br />
clarification publique sur les propos tout<br />
aussi publiquement tenus et un recadrage<br />
en direction de ceux qui, de plus en plus<br />
nombreux dans les rangs du PDG à des<br />
postes de responsabilités ou non, pensent<br />
comme lui et expriment publiquement<br />
cette haine et ce besoin de faire libérer<br />
l’espace physique, intellectuel et culturel<br />
que les Fangs occupent au Gabon depuis<br />
que circule insidieusement dans la population<br />
le concept nouveau du repli identitaire<br />
; que les militants haineux de votre<br />
parti ont distillé au lendemain de la présidentielle<br />
de 2009.<br />
(suite en page 6)
<strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
SOCIETE 6<br />
Affaire Ntumpa<br />
Le général Ntumpa poussé à bout<br />
Groupe des Citoyens Républicains<br />
Lettre ouverte au<br />
président de la République<br />
(suite de la page 5)<br />
Ils qualifiaient par ce vocable<br />
nauséeux le fait que le Woleu-<br />
Ntem ait majoritairement et<br />
démocratiquement apporté ses<br />
suffrages à votre principal adversaire<br />
tout en se gardant paradoxalement<br />
d’associer le même qualificatif<br />
au Haut-Ogooué qui avait<br />
fait exactement le même choix<br />
dans le sens contraire en votre<br />
faveur.<br />
Monsieur le Président de la<br />
République<br />
Les Pères Fondateurs, comme<br />
vous aimez à le dire, nous ont<br />
appris que le Gabon est indivisible,<br />
que nous formons une Nation<br />
avec nos différences qui<br />
devraient plus nous renforcer par<br />
ce que nous apprenons des autres<br />
car ces différences constituent<br />
plutôt notre richesse. Aucun de<br />
vos prédécesseurs n’aurait laissé<br />
de tels comportements haineux et<br />
déviant développer dans son<br />
entourage. Ni Léon MBA, ni<br />
Omar BONGO ONDIMBA n’auraient<br />
gardé une heure de plus à<br />
leur côté un Conseiller qui aurait<br />
ne fut-ce que murmuré sa haine<br />
pour les habitants d’une autre<br />
partie du Gabon. Nous osons<br />
espérer que vous ne serez pas<br />
celui qui aura laissé germer par<br />
négligence ou par coupable complicité<br />
passive, les germes d’une<br />
implosion qui nous conduirait à la<br />
situation qu’ont vécue avant nous<br />
d’autres pays comme le Rwanda,<br />
la Côte d’Ivoire et récemment<br />
encore pour ne pas dire actuellement,<br />
la République<br />
Centrafricaine.<br />
Nous attendons donc de vous<br />
Monsieur le Président de la<br />
République que vous appliquiez<br />
les droits de République en sanctionnant<br />
Monsieur Michel<br />
ONGANDA. Dans le cas<br />
contraire, nous les ressortissants<br />
du Woleu-Ntem nous en ferions<br />
notre religion et nous comprendrons<br />
définitivement que la discrimination<br />
est désormais une<br />
réalité républicaine. Et nous n’aurons<br />
alors d’autres choix que de<br />
nous adresser aux instances internationales<br />
car nous refusons de<br />
nous laisser discriminer dans<br />
notre propre pays. L’histoire<br />
humaine contemporaine nous a<br />
montré que beaucoup de tragédies<br />
ont commencé par des actes<br />
tels que ceux accompli par votre<br />
conseiller en communication.<br />
Très haute considération.<br />
Pour le Groupe des Citoyens<br />
Républicains<br />
Estelle ONDO<br />
AP<br />
«L e général<br />
Ntumpa va<br />
parler ». Cette<br />
annonce de notre confrère «<br />
La Nation » a eu l’effet<br />
d’une bombe au Palais. Sans<br />
tarder, Ali Bongo Ondimba<br />
a envoyé auprès de l’intéressé<br />
un «missi dominici »<br />
s’enquérir de la situation,<br />
selon plusieurs indiscrétions<br />
émanant de l’entourage du<br />
chef de l’Etat. Il fallait<br />
éteindre au plus vite ce nouveau<br />
front que l’insouciance<br />
d’Ali Bongo Ondimba est<br />
en train d’ouvrir.<br />
L’éventuelle sortie de ce<br />
général d’armée, formé dans<br />
les plus grandes académies<br />
militaires d’Europe et des<br />
Etats-Unis, peut faire sauter<br />
la République. Ali Bongo<br />
Ondimba le sait mieux que<br />
quiconque, car le général<br />
Ntumpa fut pendant de<br />
longues années un de ses<br />
collaborateurs au ministère<br />
de la Défense nationale. Il a<br />
fait partie des dirigeants de<br />
la Garde républicaine, le<br />
corps d’élite le plus aguerri<br />
des forces de défense gabonaises,<br />
avant de finir auprès<br />
d’Omar Bongo Ondimba et<br />
Rose Francine Rogombé<br />
comme secrétaire général<br />
du Conseil national de sécurité.<br />
Poste stratégique qui<br />
centralise tous les renseignements<br />
au Gabon. Au vu<br />
de ce pedigree, Philippe<br />
Ntumpa Lebani est sans<br />
doute au Gabon l’une des<br />
rares personnes à savoir<br />
«tout sur tout le monde ».<br />
Dès lors, sa parole pèse<br />
lourd.<br />
Sauf qu’Ali Bongo<br />
Ondimba gère l’équation<br />
Ntumpa à l’instar de sa stratégie<br />
politique qui est «de ne<br />
jamais tenir ses engagements».<br />
André Mba Obame,<br />
docteur en sciences politiques,<br />
confiera d’ailleurs à<br />
un proche que ce trait de<br />
caractère d’Ali Bongo<br />
Ondimba constitue «une<br />
force en politique».<br />
Malheureusement, ce trait<br />
de caractère a aussi de nombreuses<br />
limites. Celles-ci<br />
sont en passe de le rattraper<br />
si d’aventure dans ce dossier<br />
Ntumpa, il perd la main.<br />
Au plan juridique, l’affaire<br />
Ntumpa est une formidable<br />
erreur judiciaire que<br />
son simulacre de procès a<br />
démontrée. L’homme a été<br />
accusé par ses frères<br />
d’armes d’avoir voulu renverser<br />
les institutions de la<br />
République en 2009. Sauf<br />
qu’à l’audience, l’accusation<br />
n’a fourni aucune<br />
preuve, pas de témoignages<br />
irréfutables, rien de tout ce<br />
qu’un individu qui projette<br />
de réaliser un coup d’Etat est<br />
censé entreprendre comme<br />
démarche et qui laisse forcement<br />
des traces. Sauf que la<br />
sentence est tombée. Le<br />
général s’en tira avec 7 ans<br />
de prison ferme.<br />
Le 19 octobre 2012, Ali<br />
Bongo Ondimba, s’apercevant<br />
sans doute de l’erreur<br />
dans laquelle on l’avait<br />
entraîné, a décidé de libérer<br />
Adhésion du PDS au Pacte social<br />
Les militants PDG de Port-Gentil en émoi<br />
Beaucoup d’entre<br />
eux se disent<br />
déboussolés après<br />
que Maître Ndaot<br />
Rembogo a signé le<br />
Pacte social proposé<br />
par le chef de<br />
l’Etat. Cet acte d’appareil<br />
a totalement<br />
surpris la base<br />
dans la capitale<br />
économique.<br />
«S<br />
JMS<br />
i le distingué camarade<br />
voulait faire<br />
revenir la ville<br />
dans le giron de l’opposition, il<br />
ne s’y serait pas pris autrement.<br />
Jean Ping vient de se voir ouvrir<br />
un boulevard ici. Je vous le dis !<br />
» C’est un militant de la première<br />
heure, présent à tous les<br />
combats notamment au 2e arrondissement<br />
de Port-Gentil, qui<br />
s’est ainsi confié à la rédaction,<br />
après avoir appris que le parti de<br />
Maître Séraphin Ndaot<br />
Rembogo a pris fait et cause<br />
pour le Pacte social, véritable<br />
antichambre pour accéder à la<br />
Majorité républicaine et sociale<br />
pour l’émergence. Joint au téléphone<br />
dans la journée de<br />
samedi, l’homme avoue son<br />
étonnement et condamne la<br />
manière dont l’opération a été<br />
menée, dans la plus grande opacité,<br />
sans en dire un mot aux<br />
militants « qui prennent des<br />
risques chaque jour sur le terrain<br />
pour affronter le PDS ici à<br />
Port-Gentil ». L’homme,<br />
presque révolté, a poursuivi : «<br />
Nous venons de tenir un conseil<br />
le prisonnier politique. La<br />
promesse ayant été faite au<br />
général d’une réhabilitation<br />
rapide notamment par le<br />
rétablissement de son salaire<br />
et ses droits à la retraite,<br />
assure un proche de la<br />
famille. Cette promesse est à<br />
ce jour non tenue. Le général<br />
ne survivrait que grâce à<br />
la générosité de sa famille,<br />
de quelques amis qu’il a gardés<br />
et surtout de sa jeune<br />
épouse, salariée dans une<br />
entreprise privée de la place.<br />
Autant dire que la famille<br />
national ici. Personne ne nous a<br />
parlé de ce projet d’adhésion.<br />
Nos principaux responsables<br />
politiques, Essonghe, Tchango,<br />
Aperano, ne nous ont rien dit<br />
non plus. Certains semblent<br />
même avoir été pris de court.<br />
Comment, dans ces conditions,<br />
expliquer à la base que le PDS<br />
qui nous a combattus durement<br />
va désormais travailler avec<br />
nous Pas évident que la base<br />
suive. Elle se jettera dans les<br />
bras de Ping par rejet du<br />
PDS…», a conclu l’interlocuteur,<br />
la gorge nouée.<br />
Tout observateur de la scène<br />
politique portgentillaise ne peut<br />
que lui donner raison. Car Ali<br />
Bongo Ondimba a semblé mener<br />
son opération de débauchage de<br />
Ndaot Rembogo sans tenir<br />
Ntumpa vit actuellement<br />
avec le strict minimum, sans<br />
plus de possibilité d’appuyer<br />
certains des enfants qui<br />
avaient entamé des cursus<br />
scolaires hors du Gabon.<br />
Cette situation d’extrême<br />
précarité n’est soutenable<br />
pour personne. D’autant que<br />
l’homme ne demande aucun<br />
poste, mais tout simplement<br />
le rétablissement dans ses<br />
droits. Pour son entourage,<br />
le général Ntumpa n’arrive à<br />
faire face à cette épreuve<br />
que grâce à sa foi profonde<br />
en Dieu. D’ailleurs, toujours<br />
selon l’entourage, il passe la<br />
plupart de son temps à étudier<br />
les Saintes Ecritures.<br />
C’est sans doute cela qui lui<br />
donne la force de tout relativiser<br />
et d’avoir un semblant<br />
de bonne mine. Sinon, il<br />
aurait craqué comme beaucoup<br />
d’autres. Face à un tel<br />
drame, le général ne peut<br />
que parler pour rétablir la<br />
vérité et revendiquer ses<br />
droits.<br />
La famille donne<br />
de la voix<br />
P<br />
résenté<br />
comme la première<br />
victime du régime dictatorial<br />
d’ALI BONGO<br />
ONDIMBA, le Général NTUMPA<br />
LEBANI continue à subir des tortures<br />
matérielle, financière, morale et<br />
psychologique.<br />
La liberté accordée au Général<br />
NTUMPA est désormais présentée<br />
comme une liberté de façade. C’est à<br />
cette conclusion que la famille de<br />
l’homme est arrivée au cours d’un<br />
conseil tenu il y a quelques<br />
semaines.<br />
L’une des résolutions prises au<br />
cours de ces assises est l’introduction<br />
d’une demande d’action en révision<br />
du procès. Cette demande sera adressée<br />
conjointement au Président de la<br />
République en sa qualité de<br />
Président du conseil supérieur de la<br />
magistrature et à la Cour de sureté de<br />
l’Etat.<br />
Selon le représentant de la famille<br />
du Général NTUMPA qui a requis<br />
l’anonymat, la révision de la décision<br />
est une voie de recours extraordinaire<br />
qui permet de réexaminer<br />
une affaire déjà passée en force de<br />
chose jugée lorsque les pièces,<br />
témoignages ou attestations fournies<br />
par la partie adverse ont été déclarés<br />
faux. De tel sorte qu’ils donnent<br />
naissance à un doute dans la culpabilité<br />
du condamné.<br />
Tel que l’affaire du capitaine<br />
DREYFUS en France, la conspiration<br />
dont a été victime le Général<br />
NTUMPA continue à être un scandale<br />
judiciaire et politique indescriptible<br />
qui ternit l’image du Gabon.<br />
compte des réalités du terrain.<br />
S’il avait pris la peine de lire les<br />
notes que lui ont produites ses<br />
services sur la situation politique<br />
à Port-Gentil au sortir des dernières<br />
élections locales, il s’y<br />
serait pris autrement. Le niveau<br />
d’adversité entre le PDG et PDS<br />
a atteint des sommets qui frôlent<br />
la «lutte à mort». Recevoir<br />
Séraphin Ndaot Rembogo<br />
comme il a l’a fait le 7 février<br />
2014, alors que le PDG venait de<br />
«fêter» avec faste à la place de la<br />
foire de Port-Gentil l’expulsion,<br />
via les urnes, de leur encombrant<br />
allié PDS de la gestion municipale<br />
de Port-Gentil, a déjà eu<br />
l’effet d’une douche froide.<br />
Puisque la base redoute que le<br />
PDS n’obtienne sur tapis vert au<br />
« bord de mer » ce que les électeurs<br />
lui ont refusé dans les<br />
urnes.<br />
La signature du Pacte social<br />
par le PDS, sans avoir édifié suffisamment<br />
la base, renforce le<br />
sentiment qu’elle se serait battue<br />
pour rien, souvent au prix de<br />
sacrifices personnels, pour ramener<br />
la ville frondeuse dans le<br />
giron du PDG. Car les ajustements<br />
qui vont suivre pour intégrer<br />
«l’expertise du PDS dans<br />
l’application du Pacte social »<br />
risquent de se faire au détriment<br />
des cadres du PDG.<br />
En introduisant dans son giron<br />
le plus grand diviseur commun<br />
de Port-Gentil, Ali Bongo<br />
Ondimba va faire imploser sa<br />
base militante. Jean Ping n’aura<br />
plus qu’à se courber pour ramasser<br />
les morceaux.
ECONOMIE <strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
Audit du secteur pétrolier<br />
Jean Michel Sylvain<br />
Le torchon brûle entre Ali<br />
Bongo Ondimba et son<br />
ministre du Pétrole,<br />
Etienne Dieudonné Ngoubou. Le<br />
chef de l’Etat vient de s’apercevoir<br />
que le membre du gouvernement<br />
n’avait aucune compétence<br />
ni expertise pour mener à bien le<br />
suivi de l’audit pétrolier confié<br />
au cabinet canadien Alex<br />
Steward, comme il lui en avait<br />
donné l’assurance, fort de son<br />
passé d’ancien directeur général<br />
au ministère des Mines et des<br />
Hydrocarbures et dans une multinationale<br />
pétrolière installée au<br />
Gabon. Au point que le ministre,<br />
selon une source bien introduite<br />
au palais, a systématiquement<br />
refusé l’apport de toute autre<br />
expertise pour suivre ce projet.<br />
Naturellement, cette attitude n’a<br />
été rendue possible que compte<br />
tenu du caractère très influençable<br />
d’Ali Bongo Ondimba face à<br />
n’importe quel vendeur d’illusions.<br />
A condition qu’il sache se<br />
mettre en spectacle pour<br />
l’éblouir.<br />
Le résultat est à la mesure de<br />
l’incompétence : audit inexploitable<br />
à tel point qu’il faut la jeter<br />
à la poubelle et reprendre le travail<br />
de zéro. Une commission ad<br />
hoc s’y attelle déjà à la Direction<br />
générale des impôts. Les redressements<br />
fiscaux émis à l’encontre<br />
de certaines compagnies<br />
pétrolières, dont le groupe Total,<br />
l’ayant été sur la base de ce travail,<br />
apparaissent plus que fantaisistes.<br />
Ils reposent sur du bricolage,<br />
assure un expert de la place.<br />
Les majors du pétrole qui sont<br />
venues au Gabon, d’abord pour<br />
faire du business et non de la philanthropie,<br />
n’ont pas manqué de<br />
prendre ces avis de haut. Les<br />
nouveaux contrats pétroliers tissés<br />
par l’Etat avec les sociétés<br />
pétrolières sur la base de ce « torchon<br />
» sont en défaveur de l’Etat.<br />
Les raisons d’une déconfiture<br />
Le gouvernement gabonais avait commis le cabinet Alex Steward pour réaliser un audit du secteur pétrolier. Le résultat est à la<br />
hauteur de l’amateurisme du pouvoir. Une vraie débâcle qui met en danger le secteur pétrolier tout entier.<br />
J M S<br />
Le nombre de failles est tel que «<br />
l’Etat ne peut gagner aucun procès<br />
vis-à-vis des sociétés pétrolières<br />
en cas de litige. Mieux, à<br />
chaque ligne, le flou est tel que la<br />
compagnie pétrolière peut trou-<br />
Bancarisation forcée des agents de l’Etat<br />
Les tensions de trésorerie de l’Etat<br />
transférées au système bancaire<br />
Depuis quelques jours, un<br />
curieux communiqué<br />
annonce aux fonctionnaires<br />
«que le paiement des<br />
salaires se fera dorénavant par le<br />
seul mode de règlement bancaire, à<br />
compter du 25 août 2014 ». Cette<br />
décision est justifiée, selon le<br />
ministre du Budget et des Comptes<br />
publics, par le souci de « faciliter<br />
les opérations de règlement mensuel<br />
de la solde ».<br />
On ne sait pas si le système<br />
actuel de la solde des agents<br />
publics était l’objet de nombreuses<br />
difficultés. Dans tous les cas, les<br />
Traitement financier au rabais<br />
Olam en négrier<br />
à Bitam<br />
Les machines sont à l’arrêt sur le chantier de l’entreprise<br />
dans le chef-lieu du Ntem, où les employés<br />
locaux, conducteurs d’engins lourds, protestent<br />
contre le régime spécial qui leur est infligé, marqué par un<br />
fossé criant dans leur traitement financier, comparativement<br />
aux employés malaisiens affectés aux mêmes tâches.<br />
Tractopelles et autres bulldozers ont cessé toute activité à<br />
Okok, village situé à 40 kilomètres de la commune de Bitam,<br />
où l’Etat a concédé à la société Olam une superficie de terres<br />
cultivables de 26 000 hectares en vue de développer l’hévéaculture.<br />
Les travaux de viabilisation sont interrompus depuis<br />
un peu plus de deux semaines, en raison d’une grogne des<br />
travailleurs locaux, essentiellement des autochtones, affectés<br />
à la conduite des bulldozers.<br />
Selon certains d’entre eux, pour une même tâche, le technicien<br />
malaisien bénéficierait d’un traitement salarial double,<br />
voire triple, sans que des raisons ne soient fournies sur<br />
de tels écarts de traitement.<br />
Un arrêt de chantier qui met en lumière la violation de certaines<br />
dispositions du Code du travail qui ne permettent le<br />
recours à la main-d’œuvre étrangère qu’en cas d’indisponibilité<br />
de l’expertise locale dans un domaine donné. Or, en<br />
ayant fait recours à la main-d’œuvre malaisienne, avec<br />
toutes les incidences financières liées à leur statut d’expatriés,<br />
Olam a délibérément fait le choix de laisser sur le carreau<br />
de valides Gabonais. Une orientation qui va à contrecourant<br />
des politiques de lutte contre la précarité et le chômage<br />
dans notre pays.<br />
spécialistes de la finance publique<br />
y voient une manière habile pour<br />
l’Etat de « transférer sur le système<br />
bancaire les tensions de trésorerie<br />
de l’Etat et de gagner du temps ».<br />
En effet, en bancarisant l’ensemble<br />
de ses agents, l’Etat pourrait<br />
chaque mois demander aux<br />
banques de couvrir les 30 ou 40<br />
milliards de FCFA qu’il doit réunir<br />
mensuellement pour payer les<br />
fonctionnaires. On ne voit pas<br />
l’UGB, la Bicig, Ecobank qui<br />
cherche à s’installer, UBA et<br />
BGFIBank résister une seconde<br />
aux amicales pressions d’Ali<br />
Bongo Ondimba.<br />
D’autant que pour les banquiers,<br />
ce sera du pain bénit, car ils auront<br />
le loisir d’appliquer des taux très<br />
rémunérateurs comme ceux pratiqués<br />
sur un découvert ordinaire. Ce<br />
qui va leur assurer des revenus supplémentaires<br />
à bon compte. Les<br />
banques commerciales sollicitées<br />
par l’Etat pour cette opération<br />
auront la possibilité, via la Banque<br />
des Etats de l’Afrique centrale<br />
Gratuité des boxes au Marché Banane du PK 8<br />
Une promesse électorale<br />
à haut risque<br />
J M S<br />
Ali Bongo Ondimba, qui<br />
n’est plus à une promesse<br />
démagogique près, vient<br />
de récidiver. Profitant de sa visite<br />
au tout nouveau « Marché Banane»<br />
de Libreville, le chef de l’Etat a<br />
annoncé aux commerçantes qui y<br />
exercent la gratuité de la location<br />
des boxes pendant un an.<br />
Cette décision, dont nul ne peut<br />
dire si elle a été mûrie, au regard<br />
des précédents en matière d’annonces<br />
faites par le chef de l’Etat<br />
depuis son arrivée au pouvoir,<br />
risque de plomber à jamais l’exploitation<br />
de ce marché. Surtout<br />
que les acteurs dudit marché – le<br />
promoteur et les loueurs d’espacesont<br />
su s’accorder selon la loi de<br />
l’offre et de la demande, sans solliciter<br />
une quelconque aide extérieure.<br />
ver matière à litige et l’emporter…<br />
», assure un avocat de la<br />
place. Un vrai travail d’artiste.<br />
Cette catastrophe a pour origine<br />
l’arrogance légendaire du<br />
ministre Ngoubou. Ce qui l’a<br />
coupé des cadres gabonais outillés<br />
du secteur, regroupés au sein<br />
de l’Organisation nationale des<br />
employés du pétrole (Onep).<br />
C’est ainsi que lorsque les auditeurs<br />
du cabinet Alex Steward,<br />
coachés par le ministre du<br />
Pétrole, arrivaient dans une entreprise<br />
pétrolière, ils n’avaient que<br />
des informations que voulaient<br />
bien leur présenter la direction de<br />
l’entreprise. Sans relais sur le terrain,<br />
ils ne pouvaient pas les<br />
recouper avec par exemple les<br />
données issues des cadres de<br />
l’Onep en charge du stockage ou<br />
du chargement des tankers. Ce<br />
qui aurait permis de savoir si les<br />
déclarations des dirigeants de<br />
l’entreprise concernée, en termes<br />
de production, étaient conforment<br />
(Beac), d’obtenir une hypothèque<br />
de 1 er ordre sur les avoirs de l’Etat.<br />
Avec cette nouvelle donne,<br />
l’Etat aura une autre arme entre ses<br />
mains. C’est la possibilité d’étaler<br />
sur 10 jours ou plus le paiement des<br />
salaires, au lieu de le faire en un<br />
seul lot le 25 de chaque mois. Il lui<br />
suffira de demander aux banques<br />
partenaires de jouer le « coup de la<br />
panne du robot ou du système<br />
informatique » pour faire patienter<br />
les clients sans que ceux-ci ne se<br />
doutent de rien.<br />
L’évidence s’impose plus que<br />
jamais. Les caisses sont vides, n’en<br />
déplaise au pouvoir qui martèle le<br />
contraire. Sinon cette bancarisation<br />
forcée, si elle avait été pensée<br />
comme mode de modernisation de<br />
la gestion de la solde, Ali Bongo<br />
Ondimba l’aurait imposée à son<br />
arrivée, plutôt qu’en fin de mandat,<br />
à une période où l’exécutif peine à<br />
convaincre sur l’abondance de ses<br />
avoirs au Trésor public.<br />
Quelle mouche a donc piqué Ali<br />
Bongo Ondimba pour venir mettre<br />
son grain de sel dans un système qui<br />
fonctionnait très bien tout seul <br />
N’était-il pas plus judicieux pour<br />
l’intéressé de mettre cet argent -<br />
pour peu qu’il le sorte réellement -<br />
au service d’une autre cause,<br />
notamment les multiples revendications<br />
sociales qui paralysent l’administration<br />
publique Questions sans<br />
réponses.<br />
En effet, le « Marché Banane »<br />
est l’œuvre d’un promoteur privé,<br />
construit avec l’appui de Jean-<br />
François Ntoutoume Emane alors<br />
maire de Libreville. L’entrepreneur<br />
a emprunté près d’1 milliard de<br />
FCFA auprès d’Ecobank. C’est un<br />
crédit classique qu’il s’est engagé à<br />
rembourser à moyen terme. Face au<br />
montant des traites qu’il devra<br />
payer à sa banque, l’homme d’affaires<br />
a fixé des loyers des espaces<br />
à la réalité de leur activité.<br />
La même situation s’est révélée<br />
lorsque l’auditeur a voulu<br />
mettre son nez dans ce que les<br />
pétroliers appellent «le cost oil».<br />
En langage simple, il s’agit de<br />
l’ensemble des éléments qui<br />
entrent dans le coût de production<br />
d’un baril de pétrole au Gabon.A<br />
savoir l’acquisition des machines<br />
d’exploitation, l’achat de services,<br />
les salaires… Faut-il rappeler<br />
que le Gabon a opté pour un<br />
mode de contrat dans le secteur<br />
pétrolier qui consiste à demander<br />
à la compagnie concernée de<br />
financer, sur fonds propres, tout<br />
l’investissement nécessaire. Elle<br />
déduit le coût de cet investissement<br />
réalisé sur le produit des<br />
ventes. Le bénéfice dégagé<br />
appelé le «profit oil » est partagé<br />
entre la compagnie et l’Etat. Sauf<br />
que, faute d’expertise, ou la corruption<br />
aidant, le Gabon se<br />
contente d’approuver le niveau<br />
du cost oil que lui présente la<br />
J M S<br />
Le calvaire des automobilistes<br />
gabonais<br />
risque de perdurer,<br />
quoique les autorités publiques<br />
annoncent un retour à la normale<br />
dès ce matin. La pénurie<br />
de carburant observée dans<br />
toutes les stations-service de<br />
Libreville depuis plusieurs<br />
jours est liée aux difficultés<br />
que la Société gabonaise de<br />
raffinage (Sogara) éprouve<br />
pour s’approvisionner en<br />
pétrole brut auprès des compagnies<br />
qui extraient cette<br />
matière première au Gabon. Le<br />
compte client du raffineur<br />
gabonais affichait un passif<br />
très lourd - 12 milliards de<br />
FCFA, selon un cadre de la<br />
compagnie repris par notre<br />
confrère Gabonreview - au<br />
point que les compagnies<br />
pétrolières ont décidé d’arrêter<br />
de l’approvisionner en brut.<br />
Faut-il rappeler que c’est<br />
l’Etat qui, via la péréquation,<br />
permet à la Sogara de pouvoir<br />
s’approvisionner en pétrole<br />
entre 300 000 et 400 000 FCFA par<br />
boxe et par mois.<br />
Lorsqu’Ali Bongo Ondimba<br />
décide de la gratuité de la location<br />
des boxes sur ce seul marché, audelà<br />
du caractère injuste de la<br />
mesure vis-à-vis des autres<br />
Gabonais exerçant sur d’autres marchés,<br />
qui peut s’apparenter à une<br />
violation de son serment, cela veut<br />
dire que soit il a provisionné les<br />
montants équivalents dans ses nombreuses<br />
trésoreries spéciales logées<br />
à la présidence de la République. Ce<br />
qui n’est pas sûr. Soit l’entrepreneur<br />
a décidé de renoncer à cette recette<br />
de son propre chef, et inscrire cet<br />
effort comme participation au financement<br />
de la campagne électorale<br />
d’Ali Bongo Ondimba. Car on ne<br />
voit pas comment un Etat sans budget<br />
depuis janvier 2014 va trouver<br />
les moyens de tenir un tel engagement.<br />
7<br />
compagnie, sans jamais en vérifier<br />
la pertinence.<br />
Alex Steward, faute de relais<br />
sur le terrain, n’a pas brisé<br />
l’omerta qui entoure la structure<br />
des coûts pétroliers au Gabon.<br />
Pour apporter ainsi la preuve,<br />
incontestable ou non, que les<br />
compagnies faisaient leur beurre<br />
sur le dos de l’Etat.<br />
L’audit du secteur pétrolier,<br />
payé à grands frais par l’Etat<br />
gabonais, finit en eau de boudin.<br />
Le ministre Ngoubou, fort de son<br />
statut d’Accrombessi boy, reste<br />
droit dans ses bottes et à son poste<br />
malgré la catastrophe.<br />
Indéboulonnable. Ailleurs, dans<br />
un pays lointain qui vise l’émergence<br />
et qui dit adopter la bonne<br />
gouvernance, il aurait été débarqué.<br />
Tel n’est pas la logique d’Ali<br />
Bongo Ondimba, apôtre devenu<br />
du «Pacte social» et très préoccupé<br />
à réunir autour de lui des<br />
partis fantomatiques pour le mettre<br />
en œuvre.<br />
Pénurie de carburant à Libreville<br />
La faillite de l’Etat mise à nu<br />
brut auprès desdits pétroliers <br />
Sauf que, se trouvant en quasicessation<br />
de paiement, malgré<br />
les assurances du ministre de<br />
l’Economie, le gouvernement<br />
n’a pas trouvé assez tôt de<br />
moyens financiers pour permettre<br />
au raffineur de s’approvisionner<br />
en pétrole brut. C’est<br />
seulement en fin de semaine<br />
dernière, assure une source<br />
proche du Trésor public gabonais,<br />
que le TPG a pu dégager<br />
la somme de 4 milliards de<br />
FCFA pour permettre à la<br />
Sogara d’éponger l’ardoise de<br />
ses fournisseurs et ainsi pouvoir<br />
recevoir du pétrole brut à<br />
nouveau.<br />
Cependant, les consommateurs<br />
gabonais ne sont pas pour<br />
autant tirés d’affaire, car des<br />
difficultés structurelles plombent<br />
actuellement le fonctionnement<br />
optimal d’une partie<br />
importante de l’usine de la<br />
Sogara.<br />
Selon plusieurs de ses cadres<br />
joints au téléphone, le fonctionnement<br />
de l’usine est<br />
aujourd’hui rythmé par des<br />
arrêts multiples, dus au mauvais<br />
fonctionnement de la<br />
chaudière de seconde main<br />
récemment commandée des<br />
Etats-Unis. Les pannes successives<br />
enregistrées à longueur<br />
de journée par cette machine<br />
sapent les efforts initialement<br />
entrepris en ramenant la chaîne<br />
de production à chaque fois au<br />
point zéro.<br />
Résultat, la rupture dans la<br />
chaîne de distribution en carburant<br />
actuellement ressentie<br />
dans le secteur des transports,<br />
principalement, ne connaîtra<br />
pas de fin tant que des réponses<br />
techniques appropriées ne<br />
seront apportées aux dysfonctionnements<br />
de la chaudière de<br />
transformation, dont l’entièreté<br />
de la manipulation échapperait<br />
aux agents affectés à son fonctionnement.
Reportage<br />
Jonas MOULENDA<br />
<strong>ECHOS</strong> DU NORD N° 236 du Mardi 10 Juin 2014<br />
Dix ans après le crash de Gabon Express<br />
Le 8 juin 2004, 27 minutes après son décollage de Libreville pour Franceville, un des deux moteurs de l'unique HS 748 de la compagnie<br />
aérienne s'était arrêté. L'avion s’était aussitôt retrouvé en panne complète, la génératrice électrique et l'arbre d'entraînement<br />
du système hydraulique ayant été démontés sur l’autre moteur. L'avion s’était ainsi écrasé en mer, à quelques dizaines de mètres<br />
du rivage, tuant plus de la moitié de ses passagers. Retour sur un crash qui a bouleversé tout le pays.<br />
Les appareils de Gabon Express échappaient aux contrôles techniques<br />
LE crash, le 8 juin<br />
2004 à Libreville,<br />
de l’avion de la<br />
compagnie de transport<br />
aérien Gabon Express constitue<br />
jusque-là l’histoire la plus<br />
douloureuse de l’aviation<br />
civile gabonaise. Dix-neuf<br />
personnes tuées sur les trente<br />
passagers que transportait<br />
l’avion en partance pour<br />
Franceville, au sud-est du<br />
pays. Jamais un tel bilan<br />
n’avait été enregistré dans<br />
des accidents d’avion au<br />
Gabon.<br />
Dix ans après cette tragédie,<br />
de douloureux souvenirs<br />
continuent à hanter de nombreux<br />
esprits. Depuis lors, la<br />
plage de la Sablière, dans la<br />
commune d’Akanda, théâtre<br />
du drame, est considérée<br />
comme un lieu maudit par les<br />
familles des victimes. « Je<br />
n’y vais presque plus. La dernière<br />
fois que j’y suis allée,<br />
c’était en 2005. Je n’ai pas<br />
résisté à la tentation de verser<br />
des larmes. Ma sœur y a<br />
péri », explique Sonia, une<br />
jeune femme de 35 ans. « Il<br />
y a dix ans, mais je m’en souviens<br />
mieux qu’hier », renchérit-elle,<br />
avant de fondre<br />
en larmes.<br />
Le crash de Gabon Express<br />
est une litanie douloureuse et<br />
un deuil infini. Dix ans après<br />
les faits, personne ne comprend<br />
pourquoi les trente<br />
passagers de l’avion<br />
n’avaient pas été secourus à<br />
temps. Des unités de l'armée<br />
stationnées à quelques centaines<br />
de mètres de là avaient<br />
mis trois heures pour intervenir.<br />
Ce sont des riverains et<br />
des pêcheurs qui étaient les<br />
seuls à se précipiter avec<br />
leurs pirogues au repêchage<br />
des survivants échappés de la<br />
carlingue restée à la surface<br />
de la mer plusieurs heures<br />
durant avant d’y sombrer.<br />
Les trains de l'avion<br />
EPAVE MORCELEE.<br />
Lorsque les secours officiels<br />
étaient intervenus, ils avaient<br />
écarté les bénévoles qui s’apprêtaient<br />
à casser les hublots<br />
pour sortir les passagers restés<br />
coincés. « Ils avaient prétendu<br />
que l’avion transportait<br />
une forte somme d’argent<br />
destinée aux trésoreries du<br />
Haut-Ogooué. C’est pourquoi<br />
ils avaient interdit aux<br />
pêcheurs d’approcher la carlingue<br />
pour sauver les passagers<br />
vivants restés coincés.<br />
C’était cruel de chercher à<br />
sauver l’argent au détriment<br />
des vies humaines», se désole<br />
Henri, qui avait son ami avocat<br />
dans l’appareil abîmé à<br />
quelque 100 mètres de la<br />
rive.<br />
Le président de la<br />
République de l’époque,<br />
Omar Bongo Ondimba, était<br />
arrivé sur les lieux dès l’annonce<br />
du crash. Les familles<br />
des victimes qui y avaient<br />
déferlé avaient espéré qu’une<br />
solution serait vite trouvée<br />
pour sauver de nombreuses<br />
vies humaines menacées.<br />
Mais il n’en fut rien. «<br />
Quand nous l’avons vu, nous<br />
avons poussé un ouf de soulagement,<br />
nous disant qu’il<br />
prendrait vite les mesures qui<br />
s ’ i m p o s a i e n t .<br />
Malheureusement après son<br />
départ, aucune opération de<br />
secours n’a été organisée »,<br />
déplore Anna, une autre<br />
jeune femme qui avait sa<br />
nièce de 7 ans dans l’avion.<br />
Ce n’était que le lendemain<br />
matin qu’une véritable opération<br />
de secours avait été mise<br />
en place par les gouvernants.<br />
Or, la carlingue était déjà<br />
immergée avec dix-neuf passagers<br />
à son bord, qui appelaient<br />
d’abord de leur téléphone<br />
portable pour implorer<br />
des secours avant qu’il ne<br />
soit tard. Une grue de la compagnie<br />
Transform avait été<br />
louée à 400 millions de F<br />
CFA pour repêcher l’épave<br />
morcelée de l’avion à l’intérieur<br />
duquel se trouvaient des<br />
corps. «Tous ceux qui étaient<br />
à la Sablière ce jour-là<br />
avaient versé des larmes.<br />
Quand la grue avait soulevé<br />
la carlingue de l’avion, nous<br />
avions vu le cadavre d’une<br />
petite fille de 7 ans qui y était<br />
coincé. C’était choquant »,<br />
se souvient encore un caméraman<br />
d’une chaîne de télévision<br />
privée de la place.<br />
INCURIE DES AUTO-<br />
RITES. L’incurie des autorités<br />
compétentes avait choqué<br />
la conscience collective. Les<br />
familles des victimes avaient<br />
refusés les funérailles nationales<br />
décidées en Conseil des<br />
ministres. La justice gabonaise<br />
avait aussitôt inculpé<br />
pour homicides et blessures<br />
involontaires le secrétaire<br />
général de l'Aviation civile<br />
gabonaise, le directeur général<br />
de Gabon Express et le<br />
responsable régional de l'organisme<br />
de certification<br />
Veritas ainsi que le pilote,<br />
qu’elle avait ensuite placés<br />
sous mandat de dépôt.<br />
Mais les feux de la justice<br />
ne sont pas allés jusqu’au<br />
bout de la rampe. Dix ans<br />
après, les mis en cause n’ont<br />
pas été inquiétés. Ils continuent<br />
à se la couler douce.<br />
Comme si de rien n’était. «Si<br />
la justice des hommes a montré<br />
ses limites dans ce dossier,<br />
celle de Dieu, par<br />
contre, sera impitoyable », se<br />
console Bernadette, la mère<br />
d’une des victimes du crash.<br />
L'enquête s’était déroulée<br />
8<br />
L'un des rescapés de la catastrophe aérienne<br />
d'une manière étrange : les<br />
boîtes noires n'ont été remontées<br />
que quatre ou cinq jours<br />
plus tard, puis placées dans<br />
une glacière avec de l'eau du<br />
robinet.<br />
La carlingue morcellée après le choc<br />
Elles étaient probablement<br />
inutilisables. La seule pièce<br />
sur laquelle reposait l'inculpation<br />
était un rapport non<br />
daté, établi de façon non<br />
contradictoire par une commission<br />
d'enquête établie par<br />
le ministère des Transports,<br />
présidée par le secrétaire<br />
général de l'Aviation civile,<br />
inculpé, et un représentant de<br />
Veritas, dont le directeur,<br />
également inculpé. Or, le<br />
ministre des Transports de<br />
l'époque était le seul habilité<br />
à signer le certificat de navigation.<br />
On reparle sans cesse<br />
de l'ouverture du procès mais<br />
celui-ci s’apparente à un<br />
véritable serpent de mer.<br />
Dix ans après, les familles<br />
des victimes du crash n’espèrent<br />
plus rien. La compagnie<br />
n’existe plus. Toutes les personnes<br />
arrêtées ont recouvré<br />
la liberté sans avoir été<br />
jugées. Dix ans après, le dossier<br />
judiciaire n'a donc pas<br />
connu l’issue escomptée. «La<br />
justice nous a démontré<br />
qu’elle est complice des gouvernants,<br />
qui avaient, de par<br />
leur négligence, favorisé la<br />
catastrophe aérienne. Nous<br />
remettons tout à Dieu. Tôt ou<br />
tard, les auteurs et complices<br />
de cette tragédie répondront<br />
de leur acte», conclut Anicet,<br />
qui avait perdu son aîné dans<br />
le crash.<br />
Gabon Express avait été<br />
créé par un ancien mercenaire<br />
congolais, associé à un<br />
homme d'affaires gabonais,<br />
qui avait régularisé la compagnie.<br />
Mais rien, au fil des<br />
ans, n'a empêché une certaine<br />
corruption d'être érigée en<br />
système de fonctionnement<br />
avec les changements d'immatriculation<br />
réguliers des<br />
avions pour échapper aux<br />
contrôles techniques. Les<br />
licences des PNC et PNT<br />
relevaient aussi d'une certaine<br />
fantaisie pour leur<br />
octroi.