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Eu g é n i e<br />
Ba c h e l o t -Pré v e rt<br />
C o m m i s s a r i a t<br />
Ca m i l l e Bo n a l d i<br />
Diane chasseresse,<br />
1998, acrylique sur<br />
toile, 200 x 160 cm<br />
APRÈS<br />
On entre dans les peintures d’Eugénie Bachelot<br />
Prévert comme dans un palais coloré, un pays<br />
de Cocagne propice à de nouvelles rencontres.<br />
On y croise entre autres un loup bleu,<br />
une marquise déglinguée, des enfants<br />
qui s’embrassent, un boucher au sourire<br />
énigmatique, des personnages en<br />
métamorphose. Les figures, se découpant<br />
nettement sur de grands aplats de couleur,<br />
assument leurs formes généreuses et<br />
sensuelles, parfois difformes.<br />
Un certain goût pour le “mauvais goût”.<br />
Ces images, Eugénie les puise dans son vaste<br />
panthéon personnel, s’inspirant autant des<br />
peintures de la Renaissance que des photos<br />
de presse ou de famille.<br />
La peinture d’Eugénie se moque des<br />
conventions : ici on peut s’inviter à table et<br />
mettre les pieds dans le plat ; rire aux éclats,<br />
courir et s’envoler pour manger des nuages de<br />
couleurs. Il y a dans ses œuvres les traces d’une<br />
enfance sauvage qui se jouerait, ironiquement<br />
mais sans cynisme, des modèles établis, du<br />
savoir-faire et du bien exécuté en peinture.<br />
Pour preuve, la dernière série “Obsession -<br />
Compromission” où certains hommes<br />
politiques sont portraiturés de manière rapide<br />
et directe, leur tête ornée d’un objet qualifiant<br />
leur bassesse et leur vulgarité. Le rire se fait<br />
jaune. Souvent, derrière l’apparente ingénuité<br />
et l’aspect comique des situations surgit un<br />
sentiment d’étrangeté.<br />
La peinture d’Eugénie Bachelot Prévert cultive<br />
ce paradoxe : être à la fois légère, colorée,<br />
apparemment superficielle, et dans le même<br />
temps convoquer, de manière transfigurée,<br />
les menaces et les doutes qui pèsent<br />
sur nos sociétés.<br />
Comme une invitation à rester aux aguets.<br />
Camille Bonaldi juin 2012<br />
Sans titre,1998,<br />
acrylique sur toile,<br />
200 x 162 cm