30 - Ladir
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Les couvertes à décor<br />
La vogue des bols Jian est telle sous les Song que d’autres fours cherchent à les imiter. Ne<br />
disposant pas des matières premières qui permettent à ces effets de se faire « tout seuls », les<br />
potiers appliquent sur des couvertes noires des taches ou des gouttes de matières saturées en fer,<br />
qui donnent des rouilles sur noir, ou à l’inverse recouvrent de noirs transparents des couvertes<br />
saturées qui en cuisant crèvent la couche de dessus, ce qui donne un effet similaire.<br />
Le décor par taches sur un fond sombre n’est pas nouveau : sous les Tang, des couvertes<br />
noires sont éclaboussées de cendres acides qui coulent en cascades de bleuté opalescent à blancgris<br />
mat (les Jun noirs).<br />
Les potiers de Jizhou, eux, ont observé que des apports de cendre basique à une couverte<br />
brune ou noire lavait le noir pour donner des tons ambre à orangé. Les bols à feuille sortis de ces<br />
ateliers sont de deux types : dans le premier (bol à feuille des collections Baur), une feuille est<br />
collée sur le bol frais tourné, puis la pièce séchée est trempée ou arrosée d’un premier bain de<br />
couverte noire. La feuille est alors enlevée et son motif apparaît en terre nue. Une seconde couche<br />
de couverte, ambre transparente cette fois est alors appliquée, qui reste ambre sur le motif de la<br />
feuille et devient noire sur le fond noir. Dans le second type, le bol est entièrement recouvert de<br />
couverte noire, puis une feuille trempée dans un bain riche en cendre ou en chaux est posée sur la<br />
première couche. La concentration de ce liquide dans les sillons des nervures les font apparaître<br />
en clair sur le motif général plus brun.<br />
Le regard du céramiste<br />
Les publications des vingt dernières années fournissent un ensemble d’analyses des pâtes<br />
et couvertes permettant une compréhension claire des compositions et matières premières<br />
utilisées. La présence par exemple de phosphore et de manganèse dans une couverte indique<br />
l’emploi d’une cendre ; les investigations microscopiques mettent en évidence la structure de<br />
phytolithes (litt . pierres de végétal) non fondus dans des couvertes sous cuites… La reproduction<br />
des pièces paraît un jeu d’enfant en présence de données aussi précises. Or, l’expérience d’atelier<br />
montre que la reconstitution d’une couverte (crue) à partir de son analyse (cuite) ne marche<br />
jamais. Les auteurs qui se sont essayé à ce jeu (Grebanier, Tichane…) s’en sortent avec des<br />
pirouettes ou des imitations bien lointaines.<br />
Jean Girel 2002<br />
Vasque aux oiseaux - d :28 cm<br />
Porcelaine à couverte irisée