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mars 2013 - Fondation de la France Libre

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LIVRES<br />

Les Services secrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong><br />

Le 1 er juillet 1940, le capitaine André Dewavrin, alias « Passy », est chargé par le<br />

général <strong>de</strong> Gaulle d’organiser le 2 e bureau <strong>de</strong> son état-major. Constitué<br />

d’amateurs qu’il a recrutés, dans un premier temps, parmi les militaires qu’il a<br />

connus lors <strong>de</strong> l’expédition <strong>de</strong> Norvège, celui-ci prend immédiatement les<br />

attributions d’un service <strong>de</strong> renseignement, s’étoffant, au fil <strong>de</strong>s réorganisations,<br />

d’une section « action » et d’une section « contre-espionnage », avant <strong>de</strong> prendre<br />

en charge l’organisation <strong>de</strong>s missions politiques. Malgré <strong>la</strong> méfiance initiale du<br />

général <strong>de</strong> Gaulle, le BCRA acquiert une <strong>la</strong>rge autonomie, s’affirmant comme<br />

l’état-major <strong>de</strong>s actions c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stines, et, dans <strong>la</strong> lutte avec les services giraudistes,<br />

finit par faire triompher ses vues avec <strong>la</strong> création, en novembre 1943, <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGSS,<br />

sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Jacques Soustelle, un gaulliste <strong>de</strong> <strong>la</strong> première heure.<br />

Dès 1940, les services secrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong> montrent leur utilité aux yeux <strong>de</strong>s<br />

Alliés. Le Secret Intelligence Service ai<strong>de</strong> ainsi Passy à envoyer <strong>de</strong>s agents en<br />

<strong>France</strong>, bénéficiant en retour <strong>de</strong>s renseignements qu’ils lui transmettent. De<br />

même, le Special Operations Executive, créé en juillet 1940 par Churchill pour<br />

« mettre le feu à l’Europe », monte <strong>de</strong>ux opérations en <strong>France</strong> avec le BCRA, avant<br />

<strong>de</strong> créer une liaison permanente, <strong>la</strong> section RF. En dépit du peu <strong>de</strong> goût <strong>de</strong><br />

Roosevelt pour <strong>de</strong> Gaulle, l’Office of Strategic Services n’hésite pas, lui non plus, à<br />

coopérer avec le BCRA. Cette coopération n’exclut pas une forme <strong>de</strong> concurrence<br />

entre les services, comme le montre <strong>la</strong> section F du colonel Buckmaster, au sein<br />

du SOE. De même, <strong>la</strong> dépendance du BCRA à l’égard <strong>de</strong>s Britanniques pour <strong>la</strong><br />

formation et l’équipement <strong>de</strong>s agents, ainsi que leurs liaisons avec Londres, ten<strong>de</strong>nt à exacerber les tensions entre les Français <strong>Libre</strong>s<br />

et leur allié.<br />

S’ils s’étoffent progressivement, les effectifs du BCRA <strong>de</strong>meurent mo<strong>de</strong>stes, avec environ 400 agents envoyés en <strong>France</strong> et quelque<br />

5 800 personnes engagées dans les réseaux <strong>de</strong> <strong>France</strong> – vingt-six ont été homologués après <strong>la</strong> guerre –, auxquels il faut ajouter ceux<br />

qui travaillent dans les bureaux londoniens. Souvent brevetés parachutistes, formés aux mesures <strong>de</strong> sécurité, au codage et au<br />

décodage, etc., ces agents doivent montrer <strong>de</strong>s capacités rares, pour mener à bien leur mission, sous <strong>la</strong> menace <strong>de</strong>s services <strong>de</strong><br />

l’occupant comme <strong>de</strong> Vichy. Les femmes, nombreuses, sont le plus souvent cantonnées dans <strong>de</strong>s fonctions subalternes, seules<br />

quelques-unes d’entre elles étant envoyées en mission en <strong>France</strong>.<br />

Si les Alliés sont essentiellement intéressés par les renseignements militaires, le BCRA s’attache également à maintenir le contact entre<br />

<strong>la</strong> <strong>France</strong> occupée et <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong>, en recueil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s renseignements sur <strong>la</strong> situation politique ou économique du pays, ainsi que<br />

sur l’état d’esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Transmis par radio, sous forme <strong>de</strong> télégrammes ou <strong>de</strong> messages codés, ou par courrier, ces<br />

renseignements <strong>de</strong>meurent succincts jusqu’en 1943. À partir <strong>de</strong> là, l’adoption d’un nouveau système pour les transmissions radio et<br />

<strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> liaisons aériennes et maritimes permettent un afflux <strong>de</strong> télégrammes et <strong>de</strong> courriers, posant dès lors le problème<br />

<strong>de</strong> leur exploitation.<br />

Après les opérations « Savannah » et « Joséphine B », montées avec le SOE, le BCRA envoie, dès 1941, <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> liaison auprès <strong>de</strong>s<br />

groupes <strong>de</strong> résistance qui se constituent en <strong>France</strong>, sans grand résultat. Il faut attendre l’arrivée <strong>de</strong> Jean Moulin à Londres en octobre<br />

1941 pour que <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong> commence à avoir une idée précise <strong>de</strong>s mouvements et que l’on envisage les modalités <strong>de</strong> leur<br />

unification. À partir <strong>de</strong> <strong>mars</strong> 1942, une section d’étu<strong>de</strong> est chargée <strong>de</strong> préparer un p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> sabotage <strong>de</strong>s liaisons, transmissions et<br />

transports pour soutenir le débarquement allié en <strong>France</strong> : ce sont les p<strong>la</strong>ns « Vert », « Grenouille », « Violet », « Tortue », etc.<br />

Après <strong>la</strong> guerre, le colonel Passy convainc le général <strong>de</strong> Gaulle <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> l’expérience du BCRA pour bâtir le Service <strong>de</strong><br />

documentation et <strong>de</strong> contre-espionnage (SDECE), dont il prend <strong>la</strong> direction avant d’être écarté, après le départ du Général ; c’est<br />

désormais à <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce du conseil qu’il est rattaché, et non plus à l’autorité militaire.<br />

Agrégé en histoire, Sébastien Albertelli a publié en 2009 chez Perrin Les Services secrets du général <strong>de</strong> Gaulle, thèse <strong>de</strong> doctorat<br />

soutenue en 2006 sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Jean-Pierre Azéma. Cette version simplifiée <strong>de</strong> sa thèse, qui s’adresse avant tout au grand public<br />

et au public sco<strong>la</strong>ire, est richement illustrée <strong>de</strong> photographies et <strong>de</strong> documents issus <strong>de</strong>s fonds publics (DMPA, DGSE…) et privés.<br />

Les Services secrets <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong> : Le bras armé du général <strong>de</strong> Gaulle<br />

Sébastien Albertelli<br />

Nouveau Mon<strong>de</strong> Éditions, novembre 2012, 350 p., 35 €<br />

AVIS À NOS ABONNÉS<br />

Sauf avis contraire <strong>de</strong> notre part, les ouvrages faisant l’objet d’un compte rendu dans notre revue ne<br />

sont pas disponibles à <strong>la</strong> vente à <strong>la</strong> <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>Libre</strong>.<br />

20 l Mars <strong>2013</strong> • N° 47

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