WiLDAF/FeDDAF/MALI Femmes Droits et ... - Oxfam Blogs
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<strong>WiLDAF</strong>/<strong>FeDDAF</strong>/<strong>MALI</strong><br />
<strong>Femmes</strong> <strong>Droits</strong> <strong>et</strong> Développement<br />
en Afrique<br />
PUBLICATION DU RAPPORT<br />
RECONSTRUIRE LA MOSAÏQUE,<br />
PERSPECTIVES POUR LES RELATIONS SOCIALES AU NORD DU <strong>MALI</strong><br />
Le conflit armé qui a secoué le Mali en 2012 <strong>et</strong> 2013 a profondément affecté les relations<br />
entre individus <strong>et</strong> communautés du Nord du pays <strong>et</strong> bouleversé la vie de chaque Malien.<br />
Pour autant, la rupture entre ces communautés n’est ni radicale ni irrémédiable. C’est ce qui<br />
ressort du rapport intitulé « Reconstruire la mosaïque, perspectives pour les relations<br />
sociales après le conflit armé au Nord du Mali » publié par l’ONG internationale <strong>Oxfam</strong> <strong>et</strong><br />
WILDAF.<br />
Écouter la voix des victimes, la parole des communautés du Nord du Mali<br />
Ce rapport est le résultat d’une enquête inédite sur l’impact du conflit sur les relations<br />
sociales au sein <strong>et</strong> entre les populations originaires du Nord du Mali, effectuée par <strong>Oxfam</strong> en<br />
collaboration avec Handicap International <strong>et</strong> WILDAF Mali. Environ 2000 personnes ont été<br />
interrogées dans le Nord du Mali, à Gao <strong>et</strong> à Tombouctou, à Bamako ainsi que dans des<br />
camps de réfugiés maliens au Burkina Faso.<br />
Selon Ilaria Allegrozzi, co-auteure du rapport <strong>et</strong> responsable de la campagne pour les droits<br />
en situation de crise au Mali à <strong>Oxfam</strong> : « il y a une réelle volonté de trouver une solution<br />
pour la paix. Parmi les communautés interrogées, une grande majorité veut désormais<br />
pouvoir entamer un processus de dialogue <strong>et</strong> de réconciliation, mais aussi reconstruire des<br />
liens socioculturels <strong>et</strong> économiques plus forts».<br />
De mémoire de Malien, jamais conflit n’a été aussi destructeur<br />
Jamais les conflits précédents n’ont autant dégradé les relations sociales, selon le rapport.<br />
La quasi-totalité des participants qualifie c<strong>et</strong>te crise d’«incomparable», d’«inégalable», de<br />
«scandaleuse». « C<strong>et</strong>te crise est un cauchemar pour moi. Durant les crises précédentes j'ai<br />
perdu mon père <strong>et</strong> mon p<strong>et</strong>it frère. Ils ont été cueillis <strong>et</strong> exécutés ici chez nous car on n’avait<br />
pas fui. Je leur ai pardonné car c'était une erreur. Mais c<strong>et</strong>te crise n'a épargné personne.<br />
Elle a tout bouleversé». Un habitant d’un village de la région de Tombouctou<br />
La peur <strong>et</strong> la méfiance ont exacerbé des fractures plus anciennes entre les communautés<br />
interrogées. Menaces, violences, stigmatisation <strong>et</strong> tendance à la généralisation sont autant<br />
de manifestations visibles de la dégradation du tissu social engendrées par le conflit armé.<br />
Les statistiques sont éloquentes : parmi les personnes interrogées qui affirment que les<br />
relations sociales sont actuellement moyennes ou mauvaises, six sur dix déclarent avoir un<br />
problème avec tout un groupe <strong>et</strong>hnique <strong>et</strong> non avec des individus.<br />
1
Autre révélation du rapport : la perception de la dégradation des relations sociales est<br />
beaucoup plus marquée auprès des populations déplacées que de celles qui sont restées<br />
au Nord du pays. Sur les dix1 groupes de discussion avec les populations déplacées <strong>et</strong><br />
refugiées, six pensent que les relations entre individus <strong>et</strong> communautés au Nord sont<br />
actuellement « mauvaises ».<br />
Les relations économiques n’ont pas été épargnées non plus. Plus de la moitié des groupes<br />
de discussion (89 sur 168) pensent que les relations économiques ont négativement<br />
changé. Selon eux, la perte de confiance entre individus <strong>et</strong> communautés en serait la cause<br />
principale <strong>et</strong> dans une moindre mesure le déplacement des populations.<br />
Relever les défis pour un Nord du Mali pluriel <strong>et</strong> en paix<br />
A écouter la voix de près de 2000 personnes affectées par le conflit, la réconciliation semble<br />
pourtant possible entre communautés du Nord. Pour y parvenir, des défis importants<br />
attendent chacune des parties impliquées.<br />
Le premier défi est celui du dialogue. Plus de la moitié des groupes de discussion (96 sur<br />
168) affirment que les solutions pour améliorer les relations sociales doivent être locales <strong>et</strong><br />
se fonder sur un dialogue inclusif <strong>et</strong> participatif impliquant tous les maliens sans distinction.<br />
La réconciliation doit trouver son fondement dans les relations séculaires qui ont toujours<br />
existé entre les communautés du Nord. Ces relations fraternelles doivent être reconnues au<br />
même titre que les clivages. « Il faut s’assoir ensemble, se parler, se donner la main <strong>et</strong><br />
regarder dans la même direction. On n’a plus besoin de haine » Une habitante d’un village<br />
de la région de Tombouctou<br />
« La question <strong>et</strong>hnique » est à relativiser. Pour certaines personnes interrogées, c’est<br />
surtout un instrument agité par des dirigeants politiques afin de manipuler les communautés.<br />
Ce constat amène Mohamed Coulibaly, Directeur <strong>Oxfam</strong> Mali à déclarer qu’ « il serait erroné<br />
de définir les causes des tensions sociales actuelles comme étant de nature <strong>et</strong>hnique. Les<br />
dimensions politique <strong>et</strong> structurelle du conflit sont à comprendre ».<br />
Prendre en compte les voix dissidentes exprimant des opinions plus radicales représente<br />
également un défi que les autorités maliennes devront relever pour une réconciliation<br />
réussie. En eff<strong>et</strong>, des minorités non négligeables – issues des populations déplacées<br />
internes <strong>et</strong> surtout réfugiées - estiment la séparation entre communautés plus appropriée<br />
pour la reconstruction du Mali.<br />
La pauvr<strong>et</strong>é, la corruption, la perception du faible taux de développement au Nord du Mali,<br />
accompagnées de sentiments d’injustice <strong>et</strong> de marginalisation, sont perçus comme des<br />
facteurs entravant des relations sociales harmonieuses. Le droit à la justice, le combat<br />
contre l’impunité <strong>et</strong> la vérité sur les crimes commis sont donc largement revendiqués.<br />
La question des populations déplacées <strong>et</strong> refugiées mérite également une attention<br />
particulière. Un r<strong>et</strong>our de ces populations a déjà commencé, mais les risques de tensions<br />
avec ceux qui sont restés demeurent. Si presque tous les déplacés internes <strong>et</strong> réfugiés<br />
déclarent vouloir rentrer, prés de la moitié d’entre eux pensent qu’ils ne seront pas bien<br />
accueillis à leur r<strong>et</strong>our. « Je ne pense pas que nous serons bien accueillis car ceux qui sont<br />
restés là-bas ont pillé nos boutiques, saccagé nos maisons, r<strong>et</strong>iré nos terres, tué nos<br />
frères » Une réfugiée vivant à Mentao, Burkina Faso<br />
1 38 groupes de discussion sur 56. Pour les chiffres les plus importants, les résultats sont représentés par une<br />
proportion simple.<br />
2
« L’amélioration des relations sociales nécessite des solutions durables pour les populations<br />
déplacées internes <strong>et</strong> refugiées. Leur r<strong>et</strong>our, leur réintégration <strong>et</strong>/ou leur relocalisation<br />
devront se faire de manière apaisée. Leurs besoins devront être pris en compte au même<br />
titre que ceux des populations résidentes/hôtes » indique Omer Kabore, Directeur <strong>Oxfam</strong><br />
Burkina Faso. Un défi non moins important, qui interpelle au premier plan les agences<br />
humanitaires <strong>et</strong> l’administration malienne, est la gestion de l’aide. Elle apparait, selon les<br />
résultats du rapport, comme une source de conflits dans plusieurs des localités sondées.<br />
Enfin, l’étude révèle que le gouvernement malien est perçu à la fois comme une partie du<br />
problème <strong>et</strong> de la solution. A ce titre, il est appelé par la plupart des communautés<br />
interrogées à jouer un rôle central dans le processus de réconciliation. Celles-ci estiment<br />
que le gouvernement se doit de renforcer le système judiciaire afin de garantir les droits de<br />
tous les maliens <strong>et</strong> d’être capable de juger ceux qui ont commis des abus, de manière<br />
transparente <strong>et</strong> équitable. Ce processus de réconciliation devra assurer une meilleure<br />
participation de toute la population, surtout des couches marginalisées telles que les<br />
femmes <strong>et</strong> les jeunes.<br />
La mosaïque peut être reconstruite. L’État <strong>et</strong> ses citoyens doivent négocier un contrat social<br />
qui valorise les complémentarités <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>te à tous de vivre en harmonie <strong>et</strong> en paix, dans<br />
le respect des différences.<br />
Fin//<br />
Pour plus d’informations ou d’interviews, veuillez contacter:<br />
Awa Faly Ba – Dakar – afba@oxfam.org.uk, +221 77 639 41 78<br />
Vincent Tremeau – Bamako – vtremeau@oxfam.org.uk, +223 66 75 47 46<br />
Jean Kebere – Ouagadougou – wjkebere@intermonoxfam.org, +226 75 42 05 08<br />
Liens utiles:<br />
Cliquez ici pour consultez le rapport compl<strong>et</strong><br />
Cliquez ici pour la vidéo Reconstruire la mosaïque<br />
Cliquez ici pour consulter des photos<br />
Tous ces liens sont disponibles sur le Blog <strong>Oxfam</strong> Afrique de l’Ouest<br />
Notes aux éditeurs<br />
1. WILDAF Mali est une Association de promotion <strong>et</strong> de défense des droits des femmes au Mali. Elle<br />
est bien implantée à travers le Mali <strong>et</strong> œuvre en partenariat avec des organisations locales. Elle<br />
est impliquée à plusieurs niveaux dans le soutien aux populations affectées par le conflit au Nord.<br />
Elle est membre de plusieurs réseaux nationaux, panafricains, mondiaux.<br />
2. L’enquête, dont ce rapport présente les résultats, a été menée simultanément au Mali <strong>et</strong> au<br />
Burkina Faso en Juin 2013, en collaboration avec Handicap International <strong>et</strong> WILDAF. Elle repose<br />
sur une approche qualitative qui a permis, à travers une combinaison de questions ouvertes <strong>et</strong><br />
fermées, de saisir les perceptions, visions, craintes, espoirs des différentes populations originaires<br />
du Nord du Mali directement affectées par la crise. La collecte d’informations s’est faite au cours<br />
de discussions menées avec 168 groupes de populations de deux régions du Nord du Mali<br />
(Tombouctou <strong>et</strong> Gao), ainsi qu’avec des personnes déplacées internes à Bamako <strong>et</strong> des refugiés<br />
accueillis dans deux camps du Burkina (Goudebou <strong>et</strong> Mentao). En plus, 166 entr<strong>et</strong>iens individuels<br />
ont été conduits avec des personnalités influentes au niveau communautaire, afin d’approfondir<br />
l’analyse.<br />
3
3. L’étude n’explore que les relations entre les populations originaires du Nord du pays. Les<br />
perspectives des communautés du Sud n’ont pas été consultées du fait de contraintes logistiques,<br />
bien qu’<strong>Oxfam</strong>, Handicap International <strong>et</strong> WILDAF soient conscients qu’une réconciliation durable<br />
ne pourra se faire qu’en impliquant tous les maliens. Des consultations <strong>et</strong> d’autres analyses à<br />
l’échelle nationale, seraient indispensables pour une compréhension globale <strong>et</strong> effective des<br />
principaux facteurs de tension entre communautés du Mali.<br />
4. C<strong>et</strong>te étude se veut exploratoire <strong>et</strong> indicative, <strong>et</strong> non conclusive. La méthodologie choisie étant<br />
qualitative, l’étude ne peut donner que des tendances générales <strong>et</strong> ne vise pas à refléter les<br />
perceptions <strong>et</strong> visions de tous les maliens.<br />
4