Pour une stylistique de la «Vague noire - Activités culturelles
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Entre intrigue amoureuse et fait<br />
divers, Une affaire <strong>de</strong> cœur: <strong>la</strong><br />
tragédie d’<strong>une</strong> téléphoniste <strong>de</strong>s<br />
P.T.T. <strong>de</strong> Dušan Makavejev (1967)<br />
▼ Une affaire <strong>de</strong> cœur: <strong>la</strong> tragédie d’<strong>une</strong> employée <strong>de</strong>s PTT<br />
Early Works <strong>de</strong> Želimir Žilnik, qui, portés dans leur<br />
action révolutionnaire par les idéaux marxistes, révèlent<br />
par <strong>la</strong> suite <strong>une</strong> attitu<strong>de</strong> fondée sur l’individualisme<br />
et <strong>la</strong> jalousie. Ils aboutissent à un acte <strong>de</strong><br />
barbarie envers le personnage féminin qui avait pour<br />
lutte notamment l’émancipation féminine. Semb<strong>la</strong>blement,<br />
le patineur russe dans Wilhem Reich – Misterije<br />
organizma (WR: Mysteries of the Organism) <strong>de</strong><br />
Dušan Makavejev, animé par <strong>de</strong>s sentiments nobles,<br />
finit par agir envers Milena, militante <strong>de</strong> l’amour<br />
libre, <strong>de</strong> manière dérisoirement atroce. L’ironie est<br />
sans fin chez Makavejev qui accumule les scènes<br />
<strong>de</strong> sexe dans <strong>la</strong> partie fictionnelle <strong>de</strong> son film sans<br />
jamais faire jaillir à l’image l’orgasme, pourtant tant<br />
évoqué.<br />
<strong>Pour</strong> ce qu’il en est d’Une affaire <strong>de</strong> cœur: <strong>la</strong> tragédie<br />
d’<strong>une</strong> employée <strong>de</strong>s PTT, Makavejev ouvre ce film<br />
sur l’exposé d’un sexologue. Ce <strong>de</strong>rnier, obsédé par <strong>la</strong><br />
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question tout en nous assurant que son intérêt n’est<br />
que scientifique, s’arrête sur les différentes conceptions<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité à travers le temps. Ensuite, le<br />
film enchaîne directement sur le personnage d’Izabe<strong>la</strong>,<br />
standardiste aux PTT, qu’on voit sortir en ville<br />
et rencontrer Ahmed, expert en dératisation. Puis<br />
le registre du film change à nouveau avec <strong>la</strong> découverte<br />
du cadavre d’Izabe<strong>la</strong> au fond d’un puits auquel<br />
s’ajoutent les commentaires d’un criminologue.<br />
Et par le biais du collier d’Izabe<strong>la</strong>, <strong>une</strong> <strong>de</strong>s pièces à<br />
conviction, l’on repasse <strong>de</strong> <strong>la</strong> morgue à l’intrigue<br />
amoureuse entre Izabe<strong>la</strong> et Ahmed. Le récit reprend<br />
finalement son cours jusqu’à rejoindre <strong>la</strong> fin tragique<br />
annoncée en début <strong>de</strong> film par <strong>la</strong> séquence criminelle.<br />
Ainsi, les constats-vérité sur <strong>la</strong> sexualité, <strong>la</strong><br />
criminalité, <strong>la</strong> dératisation et <strong>la</strong> politique, viennent<br />
se mêler à l’intrigue amoureuse, qui dès lors prend<br />
toute sa valeur. Il en va <strong>de</strong> même pour les constats<br />
scientifiques qui, confrontés à <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> l’histoire<br />
<strong>de</strong> ce couple, paraissent absur<strong>de</strong>s. Makavejev, en manifestant<br />
<strong>une</strong> fascination pour les détails triviaux<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne, présentés <strong>de</strong> manière quasi<br />
documentaire (<strong>une</strong> recette culinaire, l’instal<strong>la</strong>tion<br />
d’<strong>une</strong> douche), procè<strong>de</strong> par abondance <strong>de</strong> détails et<br />
d’informations pour narrer l’histoire amoureuse qui<br />
se termine tragiquement sans aboutir à <strong>une</strong> véritable<br />
explication sinon celle ironique qu’elle n’est qu’un ordinaire<br />
fait divers. Le film se clôt sur l’image du couple<br />
heureux. Accompagnée par un chant révolutionnaire,<br />
elle annonce le ton d’un <strong>de</strong> ses prochains films, WR:<br />
Mysteries of the Organism, qui joue avec <strong>la</strong> frontière<br />
entre fiction et documentaire et explore les territoires<br />
véritables et métaphoriques <strong>de</strong> l’érotisme comme<br />
repoussoir aux obscénités du pouvoir répressif. En