Pour une stylistique de la «Vague noire - Activités culturelles
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Milena séduit V<strong>la</strong>dimir Ilich, le<br />
patineur russe à <strong>la</strong> sexualité<br />
réprimée dans WR: Mysteries<br />
of the Organism <strong>de</strong> Dušan<br />
Makavejev (1971)<br />
les accumu<strong>la</strong>teurs d’orgone et les cloudbusters. Mais<br />
il y explore également <strong>la</strong> contre-culture américaine<br />
<strong>de</strong>s années 1960 à travers quelques personnages qu’il<br />
rencontre pendant son séjour: Tuli Kupferberg, un artiste<br />
du Revolting Theater qui ouvre le film déguisé en<br />
soldat, et surtout le travesti Jackie Curtis, un(e) ami(e)<br />
d’Andy Warhol qui avait joué avec Paul Morrissey<br />
dans son film mythique, Flesh (1968). Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette<br />
structure binaire, <strong>la</strong> diversité du matériel filmique souligne<br />
<strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> Makavejev <strong>de</strong> créer un col<strong>la</strong>ge ou<br />
patchwork hétérogène, qui mêle et p<strong>la</strong>ce côte à côte<br />
matériel documentaire, fausses citations (comme<br />
dans ce film attribué à <strong>la</strong> SexPol <strong>de</strong> Reich, où un couple<br />
fait l’amour tandis qu’un chœur chante le «bien-aimé<br />
Parti communiste», et qui avait été en fait tourné à<br />
New York6 ) et vraies citations <strong>de</strong> films soviétiques sur<br />
Staline, ce qui provoque <strong>de</strong>s effets parfois comiques<br />
(après l’image du pénis en érection et couvert <strong>de</strong> plâtre<br />
<strong>de</strong> Jim Buckley, éditeur du magazine pornographique<br />
Screw, on passe à un film où Staline affirme que «<strong>la</strong><br />
première phase du communisme a été édifiée»).<br />
26<br />
La partie documentaire <strong>de</strong> WR nous offre un ensemble<br />
<strong>de</strong> sujets et leitmotivs qui, centrés autour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
figure <strong>de</strong> Reich, vont être dramatisés dans <strong>la</strong> partie fictionnelle<br />
du film, tournée en Yougos<strong>la</strong>vie. Dans cette<br />
partie, Milena (interprétée par Milena Dravić), disciple<br />
avertie <strong>de</strong> Reich, milite pour un socialisme qui nous<br />
libère simultanément du travail aliéné et <strong>de</strong> <strong>la</strong> répression<br />
sexuelle, et se confronte, par cette lutte, au secteur<br />
conservateur du communisme yougos<strong>la</strong>ve (incarné<br />
par son ex-copain Radmilovic), et surtout à V<strong>la</strong>dimir Ilich,<br />
le beau patineur russe, représentant canonique <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> personnalité autoritaire et <strong>de</strong> son énergie sexuelle<br />
réprimée. Milena, possédant un accumu<strong>la</strong>teur d’orgone<br />
dans son appartement, harangue les «masses»<br />
à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance d’émancipation <strong>de</strong> l’orgasme.<br />
Cette dramatisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine reichienne crée <strong>une</strong><br />
certaine distance face à sa valeur <strong>de</strong> vérité: l’histoire<br />
<strong>de</strong> Milena est <strong>stylistique</strong>ment excessive et presque<br />
parodique7 . Makavejev parle même d’un «commentaire<br />
auto-ironique en re<strong>la</strong>tion à [s]es propres illusions<br />
romantiques.» «Je crois que c’est toujours sain <strong>de</strong> nous