15.11.2012 Views

Pour une stylistique de la «Vague noire - Activités culturelles

Pour une stylistique de la «Vague noire - Activités culturelles

Pour une stylistique de la «Vague noire - Activités culturelles

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La troupe slovène d’avant-gar<strong>de</strong><br />

«Brains», apôtre d’<strong>une</strong> libération<br />

<strong>de</strong>s moeurs dans Le cerveau<br />

gratiné <strong>de</strong> Pupilia Ferkeverk <strong>de</strong><br />

Karpo Godina (1970)<br />

l’entreprise est transférée aux travailleurs. Au début<br />

<strong>de</strong>s années cinquante, le parti s’assouplit et est gagné<br />

par <strong>de</strong>s idées libérales. Les réalisateurs profitent<br />

<strong>de</strong> ce tournant pour jeter un regard critique sur les<br />

mythes du socialisme «à <strong>la</strong> yougos<strong>la</strong>ve» et prennent<br />

<strong>de</strong>s libertés pour traiter <strong>de</strong> thèmes plus prosaïques,<br />

renvoyant au quotidien et à <strong>de</strong>s protagonistes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vie ordinaire.<br />

Les évolutions sociales et politiques <strong>de</strong>s années<br />

cinquante commencent à transparaître dans le cinéma,<br />

portant les germes <strong>de</strong>s grands thèmes du Nouveau<br />

cinéma yougos<strong>la</strong>ve («Novi Film») <strong>de</strong>s années<br />

soixante: <strong>une</strong> vision caustique et désenchantée du<br />

quotidien peuplée <strong>de</strong> <strong>la</strong>issés-pour-compte, l’hypocrisie<br />

<strong>de</strong>s mythes du régime communiste et un appel à<br />

<strong>une</strong> libéralisation <strong>de</strong>s mœurs.<br />

De <strong>la</strong> transgression du «Nouveau cinéma» au<br />

baptême <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>«Vague</strong> <strong>noire</strong>»: 1961-1972<br />

C’est avec <strong>la</strong> libéralisation, au début <strong>de</strong>s années<br />

1960, <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation politique en Yougos<strong>la</strong>vie5 , mais<br />

aussi avec les manifestations étudiantes <strong>de</strong> 1968 à<br />

4<br />

Belgra<strong>de</strong> et l’éclosion <strong>de</strong> Nouvelles vagues partout en<br />

Europe, qu’en écho au climat social tendu, un «Nouveau<br />

cinéma» (Novi Film) subversif et audacieux tant<br />

dans sa forme que dans le traitement <strong>de</strong> ses thèmes,<br />

se développe en Yougos<strong>la</strong>vie.<br />

En opposition radicale aux productions cinématographiques<br />

yougos<strong>la</strong>ves asservies jusqu’alors à<br />

l’idéologie officielle et à l’esthétique «réaliste socialiste»,<br />

le «Nouveau cinéma» se libère <strong>de</strong>s contraintes<br />

bureaucratiques et idéologiques, pour explorer avec<br />

<strong>une</strong> irrévérencieuse liberté les potentialités narratives<br />

et formelles du <strong>la</strong>ngage cinématographique. Se<br />

p<strong>la</strong>çant dans le sillon du nouveau réalisme italien<br />

et <strong>de</strong>s expérimentations <strong>de</strong>s Nouvelles vagues française,<br />

tchèque et polonaise, il rejette avec force <strong>la</strong> vision<br />

optimiste véhiculée par le «Réalisme socialiste»<br />

et ses relents <strong>de</strong> patriotisme. Les cinéastes du Nouveau<br />

cinéma veulent pouvoir exprimer librement<br />

leur créativité artistique, ce qui suscite un véritable<br />

engouement auprès <strong>de</strong>s critiques européens. Dans<br />

le court-métrage déluré <strong>de</strong> Karpo Godina Gratinirani<br />

možak Pupilije Ferkeverk (Le cerveau gratiné <strong>de</strong> Pupilia<br />

Ferkeverk), <strong>la</strong> liberté artistique se confond avec <strong>une</strong><br />

liberté <strong>de</strong>s mœurs et avec un rejet <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong><br />

pensée du parti. Le film se conclut par <strong>une</strong> exhortation<br />

«programmatique» à consommer du LSD, au<br />

travers d’un intertitre et d’<strong>une</strong> prise <strong>de</strong> drogue explicite<br />

à l’écran. Les cinéastes abor<strong>de</strong>nt ironiquement<br />

et sans retenue non seulement l’hypocrisie et <strong>la</strong> corruption<br />

du système, mais également toutes sortes<br />

<strong>de</strong> tabous sexuels et sociaux, ainsi que <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong><br />

société empruntés autant à l’actualité qu’au passé<br />

historique. «Dans le cadre d’un pays où <strong>la</strong> philosophie<br />

marxiste est assez remise en question. Une <strong>de</strong>s

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!