Dans la hotte de Noël - Franciade

Michel Onfray, invité de la Dionyversité
« Plus Sarkozy triomphe,
plus la gauche se fragmente »
actualités
Le philosophe engagé
à gauche a dialogué Le JSD : Vous estimez que l’on
vendredi 12 décembre peut avoir du plaisir à militer
à la bourse du travail à gauche aujourd’hui en France ?
en présence de 400 M.O. : Il doit y avoir des gauches
personnes. Rencontre dans lesquelles, au PC ou au PS
en fin de soirée.
par exemple, ce ne doit pas être
très réjouissant. Mais je ne raisonne
Le JSD : Vous êtes l’initiateur
pas en terme d’encarte-
d’universités populaires à Caen ment. Je pense qu’il faut inventer
comme à Argentan. Que pensez-vous
son propre monde, qu’il faut in-
de cette soirée parfois venter sa révolution, sa résis-
très vive qui s’est tenue ce soir tance. Et j’avoue que j’aurais du
à Saint-Denis ?
mal à trouver du plaisir dans un
Michel Onfray : C’est une belle cadre dans lequel il faudrait
expérience. Il y avait beaucoup obéir.
d’amis libertaires dans l’assistance,
qui depuis des années disent
Le JSD : La multiplication des
et écrivent beaucoup de structures militantes à gauche
choses, et qui à l’occasion s’en semble donner à penser que
prennent à moi. C’était important
des gens s’engagent et donc
que je puisse répondre. Moi qu’ils doivent avoir du plaisir
je ne suis pas le tenant d’un à le faire…
catéchisme révolutionnaire doctrinaire
M.O. : Oui, mais c’est en même
du XIX e siècle, et il était temps désespérant. Plus Nicolas
bon de se parler en direct. Les Sarkozy triomphe en homme seul
applaudissements qui ont conclu de la droite, plus la gauche se fragmente,
La grande obsession est au-
la soirée m’ont touché, montrant
avec de nouvelles strucjourd’hui
l’élection présiden-
que l’on peut dialoguer, tures qui naissent, et on voit même tielle, et on ne fait plus de la politique
même si l’on n’est pas d’accord la création de nouvelles associations
que pour désigner un
sur tout…
qui ont pour ambition la candidat qui va devenir le nou-
réunification d’autres associations
veau roi ou reine de France. Avec
Le JSD : Le thème de la soirée
déjà créées. Autrement dit, tout autour des gens qui penveau
était : « Engagement militantisme
elles contribuent à la fragmentasent
qu’ils ont toute leur place
et plaisir ». Le contrat esttion
en disant qu’il ne faudrait dans la cour. Alors que faire de
il rempli ?
pas de fragmentation. Il faudrait la politique, ce devrait être régler
M.O. : Tout à fait. Comme quoi me semble-t-il se recentrer et agir
les problèmes des gens, de
on peut être engagé et militer autrement
ensemble face à un adversaire la misère…
que son voisin engagé commun, plutôt que de poursui-
et militant lui aussi. Et dans les vre des débats scolastiques qui Le JSD : Avez-vous le sentiment
deux cas, cela n’exclut pas le plaisir
me font penser à ceux des pères d’avoir atteint l’objectif des uni-
de l’engagement.
de l’Église au Moyen Âge. versités populaires ?
Percuté par une voiture en centre-ville
Un accidenté se plaint
de l’attitude de la police
LUNDI 24 novembre, Monsieur K
(appelons-le comme ça) revient
de faire quelques courses pour préparer
le repas. Il est 20h45, quand
le jeune chef d’entreprise d’une
TPE spécialisée dans l’informatique
traverse la chaussée dans un
passage protégé du carrefour avenue
Jean-Moulin, boulevards de
la Commune-de-Paris et Félix-
Faure. Il entend une voiture en
pleine accélération, puis il n’entend
plus rien. Le véhicule « de
type Clio sport », indique M. K, l’a
percuté en prenant le virage. « J’ai
volé, j’ai perdu connaissance, puis
je suis revenu à moi. Les trois jeunes
occupants de la voiture sont sortis.
Ils m’ont parlé. Ils ont essayé
de me relever. Une femme témoin
de l’accident leur a dit de ne pas
le faire. Les jeunes sont repartis
avec la voiture. » L’accidenté retombe
ensuite dans les vaps. Quand
il reprend ses esprits, la police est
là. Et c’est ce qui suit qui rend M. K
furieux, plus encore que de marcher
avec des béquilles et d’avoir
écopé de 45 jours d’ITT (incapacité
temporaire de travail): « J’avais
acheté une bouteille de vin en faisant
mes courses. Avec l’accident,
j’en avais sur les vêtements. Le policier
de la brigade m’a sans doute
pris pour un SDF alcoolisé. Il m’a
dit : “Soit vous rentrez chez vous
à pied, soit on vous amène à la cellule
de dégrisement.”. »
« Vous titubez »
Monsieur K poursuit : « La femme
témoin de l’accident a expliqué à
la police qu’il s’agissait d’un accident
de la circulation. Rien n’y a
fait. L’attroupement de badauds
qui s’était formé a été prié de se
disperser. Le seul témoin est parti
aussi. » M. K rentre chez lui tant
bien que mal. « J’étais épuisé après
200 mètres de marche. » Il affirme
qu’un policier lui a lancé : « Vous
titubez ». La démarche ne pouvait
pas être assurée : à Delafontaine,
les médecins ont diagnostiqué une
fracture du plateau tibia droit et
un enfoncement de la rotule. M. K
s’est rendu au commissariat avec
sa femme après sa sortie de l’hôpital,
quatre jours après son opération.
Un procès-verbal a été établi
le 28 novembre. « J’ai ensuite
reçu la visite chez moi d’un capitaine
de la brigade des accidents
et délits routiers (BARD). Il n’en
croyait pas ses oreilles quand je lui
ai raconté ma mésaventure. »
Vendredi 12 décembre, Michel Onfray à la bourse.
M.O. : Incontestablement. Leur
but est l’échange, le débat, la circulation
des idées, la réflexion
en dehors des institutions. Au
bout du compte, les gens doivent
avoir du plaisir à se retrouver
pour penser ensemble.
Recueilli par Gérald Rossi
La Dionyversité, université populaire
de Saint-Denis, propose deux cycles
de conférence-débat chaque mois.
Les soirées gratuites, ouvertes à tous,
sans niveau scolaire ni diplôme
nécessaires, se déroulent à la bourse du
travail, 9-11, rue Génin. Pour en savoir
plus : http://www.dionyversité.org
Joint par le JSD, la hiérarchie du
commissariat de Saint-Denis a une
tout autre version des faits : « Nos
fonctionnaires qui allaient sur une
autre mission sont intervenus quand
des passants leur ont fait signe. Ils
pensaient qu’il s’agissait d’une
chute fortuite sur la voie publique.
Ils ont immédiatement commandé
les pompiers, puis les ont décommandés
à la demande de l’accidenté
qui a demandé à rentrer chez
lui par ses propres moyens. Les
fonctionnaires de police l’ont accompagné
jusqu’à son domicile. »
M. K et le commissariat n’ont
pas la même version des faits…
Ils sont par contre raccord sur un
point : ils recherchent toute personne
susceptible de témoigner
sur l’accident.
Dominique Sanchez
YANN MAMBERT
Groupe scolaire Drapiers-Gutenberg
Belle affluence à la Nuit
des écoles
POURQUOI sont-ils si inquiets
des réformes en cours dans l’Éducation
nationale ? Pour s’en expliquer
auprès des parents, des
enseignants les avaient invités
le vendredi 12 décembre dans
cinq groupes scolaires pour une
soirée d’échanges, à l’initiative
du SNUipp, principal syndicat
du primaire. C’était à Louis-Blériot,
Jules-Vallès, Paul-Langevin,
Diez-Madigou, ainsi qu’aux
Drapiers-Gutenberg, où cette
« Nuit des écoles », minutieusement
préparée, a attiré une
soixantaine de personnes. Une
belle affluence, même si le rendez-vous
était commun aux trois
groupes scolaires de la Plaine.
Là comme ailleurs, une bonne
partie des discussions a porté
sur les Rased, Réseau d’aide aux
élèves en difficultés, dont on
commente la baisse des moyens
Saint-Rémy et Franc-Moisin
La fin des campements
« ON A GAGNÉ la bagarre qu’on
menait depuis juillet », se félicitent
les militants du Réseau
solidarité logement, au nom des
familles expulsées qui campaient
devant les cités Saint-Rémy et
Franc-Moisin. Elles étaient quatre,
dont deux avec des enfants
en bas âges, qui sont à présent
relogées, à titre transitoire, dans
les résidences Adoma, aux Tartres
et rue Charles-Michels.
Une autre famille a été dirigée
vers un hôtel en attendant
la délivrance d’un titre de séjour.
Une femme, mère de deux
APRÈS leur « conférence de
presse » du 3 décembre avec le
reggaeman Tiken Jah Fakoly,
les habitants du squat insalubre
du 76, rue Gabriel-Péri ne
veulent pas retomber dans l’oubli.
Pour alerter une nouvelle
fois de l’urgence d’un relogement,
ils avaient lancé les invitations
à des portes ouvertes,
le samedi 13 décembre. Parmi
les visiteurs tous accueillis chaleureusement
– café, beignets…
– bon nombre étaient des militants,
du Réseau solidarité logement,
toujours à leur côté, de
la Coordination 93 de lutte pour
les sans-papiers, ou encore de
la LCR, dont Alain Krivine, le
« leader historique », était venu
en voisin. Logement, régularisation,
« c’est d’abord à l’État
de résoudre la situation. On y
parviendra si toutes les forces
démocratiques se mobilisent »,
estime-t-il. « Tous travaillent,
tous sont insérés dans la ville »,
et la « disparition programmée »,
et sur le devenir du service public
de l’enseignement. « À la
différence du privé, on y accueille
tout le monde. Ce qui est un sacré
défi ! », s’exclame une enseignante,
qui plaide aussi pour
le collège unique et public, avec
l’approbation de plusieurs parents.
On dénonce aussi les subventions
amputées aux associations
d’éducation populaire.
« C’est une attaque sur tous les
fronts ! » « Nous avons un héritage
à transmettre à nos enfants.
C’est une question dont
tout le monde doit s’emparer »,
déclare une enseignante, à l’évidence
entendue, puisqu’avant
de clore la réunion, les parents
auront à cœur eux aussi de proposer
des actions à entreprendre
dès janvier.
M.L.
bambins, expulsée en mars de
Franc-Moisin, est toujours hébergée
à l’hôtel.
Dans les deux cités, où ils se
comptent par dizaines, « le problème
des squats reste entier,
même si le préfet s’est engagé à
ce qu’il n’y ait pas d’expulsion
cet hiver », indique Jean-Marc
Bourquin, militant du Réseau
et de la LCR. Mais pour lui, cette
issue « ne sera pas sans conséquence
quand la question sera
à nouveau posée. On espère que
les leçons vont en être tirées ».
M.L.
Portes ouvertes au 76 Péri
Les squatteurs déterminés
à se faire entendre
souligne le conseiller régional
communiste unitaire Jean Brafman,
qui s’émeut du sort des
enfants, au nombre de 44, dont
une majorité atteint de saturnisme.
« C’est de la non-assistance
à personnes en danger »,
s’indignent quant eux Emanuela
Beretta et Luigi Maj, qui tiennent
un commerce dans cette
copropriété. Plusieurs élus de
la ville étaient aussi rendezvous,
dont Fabienne Soulas,
Bally Bagayoko et Francis Langlade.
Alors que les habitants
et leurs soutiens ont appelé à
un rassemblement ce mercredi
17 décembre (à 17 h) devant la
sous-préfecture à Bobigny, les
47 chefs de famille ont été convoqués
à la gendarmerie de Saint-
Denis, du 16 au 22 décembre,
dans le cadre de la procédure
relative à l’arrêté d’interdiction
définitive à l’habitation, pris en
2004 par le préfet.
M.L.
Le 13 décembre, portes ouvertes au 76, rue Péri.
YANN MAMBERT
En Bref
Attention travaux
À partir du 19 décembre (pour
5 jours), travaux sur le réseau
d’assainissement rue Lanne.
La circulation y sera interdite
au niveau de la place Lanne.
Déviation mise en place
et maintenue par la rue Pinel,
place de la Porte-de-Paris,
rue Péri. Stationnement
interdit sur l’ensemble
de la voie de 8 h 30 à 17 h.
Infos au 01 55 93 63 16.
Le Noël de l’Apeis
Samedi 20 décembre à partir
de 14 h, l’Apeis (Association
pour l’emploi, l’information et
la solidarité) organise un
spectacle concert à la Ligne
13 (12, place de la Résistanceet-de-la-Déportation)
pour
les enfants de chômeurs et de
sans-papiers. Parmi les
nombreux artistes au
programme, le chanteur de
jazz manouche Sanseverino
sera incontestablement la
tête d’affiche. On note
également la présence de
Curro Savoy, siffleur célèbre
depuis sa collaboration avec
Ennio Morricone, des
slameurs dionysiens Salä et
Judith et de nombreux autres
chanteurs, danseurs et
musiciens venus d’horizons
divers. Entrée : un jouet ou
des friandises.
Collecte de jouets
Pour les enfants des familles
démunies, les bénévoles du
Secours populaire organisent
une collecte de jouets dans le
cadre de l’opération Pères Noël
verts, renouvelée chaque
année par l’association à
travers la France. Ils attendent
les donateurs le samedi
16 décembre, de 16 h à 18 h,
sur la place Paul-Langevin,
cité Langevin, où ils
stationneront leur camion.
Poste ouverte
Samedi 20 décembre jusqu’à
17 h, lundi 22 et mardi 23
jusqu’à 20 h, 54 bureaux de
Poste du département (sur 96)
vont jouer les prolongations
afin de faciliter l’envoi et le
retrait de colis et courriers en
cette période de Noël,,
explique la Poste. Les bureaux
concernés à Saint-Denis sont
les suivants : Allée-Verte
(Auguste-Gillot), République,
Barbusse/Diez, Plaine.
Baleine fermée
Le centre nautique La Baleine
est fermé pour travaux depuis
le 15 décembre et le restera
jusqu’au 15 janvier 2009.
Anti hold-up
Jusqu’au 5 janvier, une
opération sécurité de la police
nationale destinée aux
commerçants est en place.
Un référent spécial peut être
contacté au commissariat
central afin d’obtenir
des information sur
la prévention des risques en
cette période particulière.
Tél. : 01 49 71 80 56.
Sur les ondes
La prochaine émission de
Radio Déclic, vendredi
19 décembre de 18 h à 19 h
sur Fréquence Paris plurielle
(106.3 FM) portera sur les
voyages de Gulliver
(chroniques littéraires et
musicales des lecteurs de la
médiathèque) et le Noël de
l’Apeis (lire plus haut).
actualités
Manifestation devant le siège national du sidérurgiste
« On peut dire qu’ArcelorMittal
profite de la crise »
Mercredi 10 décembre,
plusieurs centaines
de salariés venus
de divers sites se sont
rassemblées à la
Plaine. Ils ont dénoncé
les 1400 suppressions
de postes annoncées
en France.
La municipalité de
Saint-Denis leur
a apporté son soutien.
DÉGUISÉ en Père Noël, Sébastien
n’a pas le sourire. Sidérurgiste
de 25 ans à Fos-sur-Mer
(Bouches-du-Rhône), il a fait
le voyage de Saint-Denis ce mercredi
10 décembre. Avec quelques
centaines d’autres salariés du
groupe ArcelorMittal, il manifeste
rue Luigi-Cherubini, tout
près de la place des Étoiles et de
la gare D du RER, quartier de la
Plaine. « Annoncer 1 400 suppressions
de postes en France et
10 000 dans le monde à la veille
des fêtes de fin d’année, c’est une
honte, dit-il. D’autant plus que
le groupe va annoncer près de
10 millions d’euros de bénéfices
pour l’année. C’est bien la preuve
qu’ArcelorMittal profite de la crise
pour mettre en œuvre ses plans
de réduction des effectifs. C’est
inadmissible. » Sébastien, qui a
répondu à l’appel à l’action lancé
par la CGT, est employé, depuis
2004, chez Arcelor, comme son
père avant lui. En colère, il dénonce
aussi « la situation faite
aux sous-traitants pris à la gorge,
aux CDD et aux intérimaires qui
sont sur le carreau… ».
« Il s’agit de la défense
de notre outil de travail »
Armand, qui porte un badge de
la CFTC, vient de Lorraine : « Il
est temps de bouger, et d’aller
haut, très haut, c’est au niveau
de l’Europe que l’on doit se faire
entendre. En France, en Allemagne,
en Belgique, nous rencontrons
les mêmes difficultés,
qui touchent les jeunes comme
les moins jeunes. On a tous un
pouvoir d’achat en déclin. » Un
avis que partage sa voisine, qui
travaille, elle, dans l’aéronautique
et qui est venue car « à
terme, on est tous menacés par
ce type de plans ».
Bruno, Fabrice, et Jean sont
venus de Montataire (Oise). « La
direction nous oblige à prendre
nos RTT, disent-ils, et ainsi on
perd nos temps de vacances pour
camoufler la crise. Ce matin, on
aurait pu être encore plus nombreux,
mais les gens sont invités
à rester chez eux, alors on les
mobilise plus difficilement. Mais
chacun sait qu’il s’agit de la
défense de notre outil de travail
pour l’avenir. Pour ne pas
avoir à craindre des mutations
en plus des suppressions de
postes. »
« Comment peut-on imaginer aujourd’hui,
dans le contexte de
crise et de chômage qui se développe
en France et en Europe, que
des salariés vont volontairement
quitter un emploi pour risquer
fortement de ne rien trouver derrière
? », répète devant les nombreux
journalistes présents Marc
Barthel, un des responsables nationaux
de la CGT d’Arcelor
Mittal. « Alors je crains fortement
que la direction annonce bientôt
un plan sévère de suppressions
d’emplois. » Et il souligne : « Nos
principaux clients, comme l’industrie
automobile ou le bâtiment,
annoncent des diminutions
d’activité de 10 à 15 % et
monsieur Mittal annonce, lui,
une réduction de production de
50 %. C’est en fait une stratégie
pour rassurer les banquiers, car
ses achats successifs d’Arcelor,
de mines de fer et de charbon,
lui ont coûté très cher. »
« Une action d’envergure
européenne »
Amélie, jeune cadre du siège dionysien,
se dit, elle, « pas rassurée
du tout ». D’autant plus qu’elle
a appris le plan du groupe au
journal télévisé. Et mercredi matin,
même aux représentants du
Projet de square et de logements en plein centre-ville
La friche Condroyer devrait
joliment sortir de l’anonymat
UN ÎLOT DE VERDURE d’environ
10 000 m 2 à aménager en plein
cœur de la ville. Pour important
qu’il soit, le sujet n’a pas attiré
les foules à la réunion de la démarche-quartier
République/Gare,
dont il était le principal ordre
du jour, le jeudi 11 décembre à
l’école Jules-Guesde. Ce qui peut
s’expliquer. Cet îlot, à l’arrière
de la rue de la République, entre
Poste et galerie Bulle, n’est
guère connu que des riverains,
habitants des immeubles de la
villa Franklin, du couvent des
Ursulines, etc., ou des parents
dont les bambins y fréquentent
la crèche et la halte-garderie.
Constitué en grande partie d’une
parcelle arborée (et occupée par
des primeurs), appelée « friche
Condroyer », l’îlot fournit une
précieuse opportunité pour ce
centre-ville qui en est dépourvu :
la création d’un square. S’y ajouteront
des programmes de logements
en accession à la propriété
ou locatifs intermédiaires « pour
équilibrer l’opération, et pour introduire
de la mixité », comme le
dira Stéphane Peu, maire adjoint
en charge de l’urbanisme et délégué
sur le quartier.
115 logements
du R+1 au R+5
Un square, des logements, telle
était donc la donne pour les architectes
urbanistes de l’agence
Delenerier-Pascarel, auxquels
Plaine commune a confié le soin
de réfléchir au projet. Ils en ont
tiré trois variantes, qu’ils ont
présentées. Pour deux d’entre
Mercredi 10 décembre, devant le siège social du groupe ArcelorMittal.
personnel, la direction « n’a
même pas divulgué quels sont
les effectifs ciblés, au mépris de
toutes les règles du dialogue social
», s’indigne Philippe Verbek,
un des délégués, en sortant
de l’entrevue. À la mi-décembre,
les syndicats doivent se retrouver
de leur côté afin de mettre
sur pied « une action d’envergure
européenne fin janvier ou
début février ».
Plusieurs élus de Saint-Denis
étaient présents dans la manifestation
: Francis Langlade, Monique
Lejeune, David Proult,
Gilles Gueguen et Pierre Quay-
Thévenon, qui représente aussi
le président de Plaine commune
et député Patrick Braouezec. Didier
Paillard, le maire de Saint-
Denis, et la municipalité ont
interpellé le Premier ministre et
demandé « au gouvernement
de bloquer le plan de suppression
d’emploi ». En s’étonnant
d’avoir eux aussi appris par voie
de presse l’annonce de ce plan,
les élus dénoncent : « Les actionnaires
d’ArcelorMittal se serelles,
la superficie du square est
identique, 3 800 m 2 , et l’offre de
logements équivalente, 137 ou
139. Et c’est la troisième variante
qui a obtenu la faveur des habitants,
et avant eux des élus du
bureau municipal. Des logements
en moindre nombre, 115 du R+1
au R+5, y côtoient un square
en conséquence plus grand,
4 600 m 2 , s’ouvrant sur la rue
Émile-Connoy, à l’emplacement
de l’ancienne cuisine centrale,
du côté d’une petite place qui y
gagnera en agrément. Pour optimiser
l’espace, la halte-garderie
serait accolée à la crèche. Si
ce choix devrait se confirmer, il
s’agissait aussi, quelle que soit
l’option, de « contribuer à la requalification
du front urbain,
rue de la République ».
vent de la crise comme prétexte
pour liquider des emplois et s’enrichir.
» Parmi les soutiens, Arlette
Laguiller (LO) a fait aussi
le déplacement de Saint-Denis.
Pendant que pétards et fumigènes
réchauffent la matinée,
les guirlandes du sapin de Noël,
à l’intérieur du hall désert, derrière
des portes hermétiquement
closes, frissonnent sous l’air
conditionné. À moins que ce ne
soit, elles aussi, d’inquiétude.
Gérald Rossi
La galerie Bulle, et l’ancien cinéma
qui lui est attenant, fera
donc place à un nouvel immeuble,
dont le rez-de-chaussée pourrait
être occupé par la Poste. « Seule
la galerie reste à acquérir. Mais
le propriétaire, qui est UGF, fonds
d’investissement du Crédit Mutuel,
est partant », précise Stéphane
Peu. Ce sera l’ultime étape
préliminaire après le rachat des
différentes parcelles, dont celle
du 16, rue Catulienne, qui sera
le point d’entrée des véhicules
des futurs résidents. Les habitants
ont été invités à rejoindre
le groupe de travail qui sera constitué
pour affiner le projet. Pour le
maire adjoint, le chantier pourrait
démarrer dès 2010 pour « une
livraison en 2011-2012 ».
Marylène Lenfant
JSD n° 770 du 17 décembre 2008 au 6 janvier 2009
3
GÉRARD MONICO