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Nouvelles Productions<br />
N-THEMADNESS<br />
OF REASON<br />
de Peter Krüger<br />
Entre deux mondes<br />
UNE LENTE IMPATIENCE<br />
de Carmen Castillo<br />
Voix de résistance<br />
Peter Krüger réalise des films expérimentaux, en dehors<br />
de toutes étiquettes et mais produit aussi des<br />
films tel que Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg,<br />
un docu-fiction réjouissant sur les enfants des rues<br />
de Kin, ou encore Drift de Benny Vandendriessche, essai<br />
poétique délirant. Après huit ans de travail, N-The<br />
Madness of Reason était présenté au dernier Forum berlinois.<br />
Essai lyrique et épique, à cheval entre fiction et<br />
documentaire, entre cinéma et poésie, N raconte l’histoire<br />
de Raymond Borremans, qui s’est définitivement<br />
installé en Côte d’Ivoire en 1929 où il a entrepris de décrire<br />
le monde qu’il découvrait, lettre après lettre. A sa<br />
mort, La Grande Encyclopédie de la Côte d’Ivoire est restée<br />
suspendue à la lettre “N”, inachevée. A travers les errances<br />
d’une caméra subjective et la voix off de Borremans,<br />
interprétée par Michael Lonsdale, Peter Krüger en<br />
fait un esprit maudit, condamné à errer entre la vie et la<br />
mort, en quête de ce que fut l’illusion de sa vie. La narration<br />
fait résonner ce parcours cet esprit rationnel, collectionneur<br />
de savoir et de papillons, avec l’histoire du<br />
continent africain aujourd’hui, la guerre civile en Côte<br />
d’Ivoire, les errances d’un continent maudit lui-même<br />
par l’esprit colonisateur et ses passions de la classification,<br />
de la dénomination. Un film très dense d’une rare<br />
beauté formelle, une expérience visuelle et une virulente<br />
condamnation de l’Occident. ■ A.F.<br />
Avec Une lente impatience,CarmenCastillolivre<br />
une réflexion personnelle sur l’engagement politique,<br />
élément récurrent dans sa filmographie<br />
impressionnante qui comprend un grand nombre de documentaires<br />
(dont Rue Santa Fe présenté à Cannes en<br />
2007). Suite au décès du philosophe français Daniel<br />
Bensaïd, figure emblématique du trotskisme et de la génération<br />
68, la réalisatrice retrace sa propre amitié avec<br />
cet homme qui l’a marquée et qui a inspiré toute une génération.<br />
Au travers d’une série de rencontres avec sa<br />
veuve Sophie, Castillo entame un voyage dans l’espace et<br />
dans le temps pour effectuer un travail de mémoire. Elle<br />
explore la notion d’engagement, cette conviction inébranlable<br />
qui pousse les gens à l’action, à mener des<br />
luttes infatigables contre les injustices sociales, que ce<br />
soit en France, en Bolivie, au Brésil, ou ailleurs. A travers<br />
©LesFilmsd’Ici<br />
ces propos et réminiscences, la cinéaste et écrivaine d’origine<br />
chilienne s’interroge elle-même, son identité, son<br />
exil, son mal de pays et sa militance, à la fois avec urgence<br />
et quiétude, à l’instar de l’oxymore du titre. Une<br />
coproduction franco-belge avec Iota Productions,<br />
l’équipe internationale de ce documentaire comprend le<br />
chef opérateur Ned Burgess ainsi que l’ingénieur de son<br />
belge Jean-Jacques Quinet. ■ A.C.<br />
TOKYO ANYWAY<br />
de Camille Meynard<br />
Trentenaires en questions<br />
Sortir du lot dès un premier long métrage - sans le<br />
moindre budget - n’est pas donné à tout le<br />
monde. A à peine 28 ans, Camille Meynard,<br />
jusqu’ici connu pour un court (Mimesis), a pourtant<br />
accompli cette prouesse. Tokyo Anyway,véritablephotographie<br />
de son époque, dresse le portrait de quatre<br />
amis bruxellois : un mannequin prêt à prendre son<br />
envol pour le Japon, une copine qui rêve de fonder un<br />
foyer, une fonctionnaire européenne trop idéaliste et<br />
un pseudo-anarchiste dont le destin va basculer du jour<br />
au lendemain. A travers le questionnement de ces quatre<br />
néo-trentenaires, autour de leur vie de famille, leur<br />
vie de couple et leur vie en société, cette chronique a été<br />
tournée selon un schéma plutôt original : le réalisateur<br />
©Stenola<br />
amisésuruneimprovisationquasitotale,crééeàpartir<br />
du collectif de comédiens qu’il avait imaginé. Le résultat<br />
de ce choix pleinement assumé, où l’histoire a été<br />
écrite au fur et mesure du tournage, est cocasse, drôle<br />
ou étonnant, nous offrant par exemple une scène de<br />
dîner assez anthologique. Les 70 minutes de ce film<br />
singulier sont donc riches et bien dosées. Au milieu<br />
d’un casting bien huilé, on épinglera la prestation<br />
d’AntojO, un comédien à suivre donc. Réalisation esthétique,<br />
photographie soignée et montage intelligent<br />
terminent d’embellir ce premier long de Stenola, une<br />
société bruxelloise. ■ D.H.<br />
Cinéma belge 29 mai 2014