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Le point<br />
Wallimage<br />
Pérenniser et explorer !<br />
Depuis sa création, il y a 13 ans,<br />
Wallimage n’a cessé de prouver<br />
au fil des ans sa capacité à<br />
s’adapter aux besoins du secteur et à anticiper<br />
les évolutions de la production<br />
tant dans ses financements que dans ses<br />
usages et ses formats. Réactif et en veille<br />
permanente sur ses propres bilans, le<br />
fonds tantôt ajuste ses règlements, tantôt<br />
prend des risques et investit de nouveaux<br />
segments.<br />
“Les lignes de financements ‘traditionnelles’<br />
de Wallimage ont aujourd’hui atteint<br />
leur rythme de croisière, détaille<br />
son directeur Philippe Reynaert. Par ailleurs,<br />
comme elles sont économiquement<br />
neutres pour la Région (ndlr :<br />
puisque les dépenses engendrées en Wallonie<br />
sont en moyenne trois fois supérieures<br />
au montant investi par le fonds,<br />
entrainant des entrées fiscales équivalentes<br />
à l’investissement), nous pouvons<br />
être rassurés quant à leur pérennité. Il<br />
n’est toutefois pas question de se reposer<br />
sur ses lauriers ! Le contexte de production<br />
évolue rapidement et la<br />
généralisation du numérique bouscule<br />
les modèles de financement traditionnels”.<br />
Paradoxalement, ce contexte mouvant<br />
semble booster la dynamique du fonds<br />
wallon. Depuis trois ans, Wallimage, à<br />
travers le programme Creative Wallonia,<br />
a mis en place sa ligne Crossmedia.<br />
“Quelques belles réussites ont déjà<br />
émergé de cette ligne. Je prendrai, en<br />
guise d’exemple, Ernest et Célestine, film<br />
d’animation pour lequel une splendide<br />
application tablette a été développée. Ce<br />
long métrage a continué à voyager après<br />
sa sortie en France et en Belgique (il a<br />
même été aux Oscars !) et, pour accompagner<br />
son internationalisation, des distributeurs,<br />
notamment coréen et<br />
chinois, ont fait l’acquisition de l’application.<br />
Voilà sans doute un premier<br />
exemple de modèle économique lié au<br />
Crossmedia !”<br />
Un succès qui n’empêche pas Philippe<br />
Reynaert d’observer que, si d’autres expériences<br />
étaient tout à fait ludiques et<br />
intéressantes, elles n’ont pas forcément<br />
convaincu le public de prendre le chemin<br />
vers les salles obscures. Loin de se<br />
décourager, Wallimage maintient le cap<br />
en motivant désormais les distributeurs<br />
à s’impliquer davantage. “Toutes les<br />
études le montrent, l’avenir de l’audiovisuel<br />
passera par la convergence des médias.<br />
Cette ligne est un peu notre<br />
département R&D et nous avons pu,<br />
grâce à elle, rencontrer des sociétés créatives<br />
wallonnes que nous ne connaissions<br />
pas jusqu’ici.”<br />
Autre défi : Bruxelles ! Le fonds économique<br />
bruxellois, Bruxellimage, a vu le<br />
jour il y a cinq ans en collaboration avec<br />
l’unique fonds économique belge existant<br />
(à l’époque), à savoir Wallimage.<br />
L’arrivée de Screen Flanders, nouveau<br />
fonds économique flamand, change la<br />
donne. “Il est naturel que le soutien<br />
bruxellois soit associé tant à la Wallonie<br />
qu’à la Flandre si cette dernière dispose<br />
d’un outil identique au nôtre”, continue<br />
avec pragmatisme Philippe Reynaert qui<br />
attend avec curiosité le résultat des élections…<br />
En tout cas les liens entre les deux Régions<br />
sont forts ! D’ailleurs, Wallimage<br />
et Bruxellimage ont ouvert ensemble<br />
une nouvelle ligne de soutien aux séries<br />
télévisées d’un montant d’un million<br />
d’euros attirant de la sorte des séries<br />
comme Métal Hurlant à Marcinelle ou<br />
Which is Witch à Liège. Si les quatre prochaines<br />
séries de la RTBF (en développement)<br />
ont des dépenses en Wallonie,<br />
cette ligne devrait contribuer également<br />
au montage de leur production.<br />
La convergence passe aussi par la diversité<br />
dans les types de productions. Les<br />
séries télévisées ne seront donc pas les<br />
seules à bénéficier d’un soutien de Wallimage.<br />
“Nous travaillons également en<br />
transfrontalier avec Pictanovo (en région<br />
Nord-Pas de Calais) sur un appel à projet<br />
Expériences interactives.” Il y est question<br />
d’accompagner les entreprises qui<br />
veulent expérimenter des concepts et des<br />
genres bousculant les idées reçues dans<br />
le monde de l’image et des industries<br />
culturelles. En travaillant sur trois thématiques<br />
(transmédia, jeu vidéo et médiation<br />
culturelle), l’idée est pousser les<br />
explorations tout en encourageant les<br />
collaborations transfrontalières.<br />
Et les web séries ? “Bien que l’envie d’explorer<br />
cette voie est bien présente, notre<br />
fonds a pour vocation d’encourager la<br />
structuration du secteur avec des modèles<br />
économiques viables. La piste est<br />
donc encore à l’étude et, avec la ligne<br />
Crossmédia, nous avons l’outil pour<br />
nous y plonger.” S’il n’est pas question<br />
d’une désolidarisation avec les diffuseurs<br />
traditionnels, il faut toutefois reconnaître<br />
l’arrivée de plateformes de diffusion<br />
alternative (VoD, Netflix, etc.) à partir<br />
desquelles de nouveaux modèles économiques<br />
sont à créer.<br />
Philippe Reynaert, Directeur de Wallimage<br />
Enfin, Wallimage et Bruxellimage investissent<br />
à partir de cette année dans l’organisation<br />
d’un marché de films de<br />
genre : Frontières. Originaire de Montréal,<br />
une édition jumelée vient d’être organisée<br />
dans la capitale européenne. “Le<br />
film d’auteur belge est déjà bien reconnu<br />
à l’étranger. Encourager d’autres types<br />
de cinéma est essentiel.” Et Philippe<br />
Reynaert de préciser que plusieurs films<br />
de genre (dont Alleluia de Fabrice Du<br />
Welz, en compétition à La Quinzaine<br />
des Réalisateurs) ont déjà été soutenus<br />
par Wallimage. “L’engagement dans ce<br />
marché du film de genre constitue un<br />
risque. Mais il est essentiel de soutenir<br />
les cinéastes qui, tout en sortant des formats<br />
connus, osent et contribuent à<br />
créer l’identité de notre cinéma.” ■ V.B.<br />
Cinéma belge 7 mai 2014