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Compagnons & Maîtres d'Œuvre 334

Revue de la Fédération des compagnons du tour de France. Ce trimestre, le métier de couvreur, voyages en Europe, Toronto, la fondation Vuitton, la défense de la forêt amazonienne, intervention sur le patrimoine bâti... http://journalcmo.wordpress.com/ http://compagnonsdutourdefrance.org/

Revue de la Fédération des compagnons du tour de France. Ce trimestre, le métier de couvreur, voyages en Europe, Toronto, la fondation Vuitton, la défense de la forêt amazonienne, intervention sur le patrimoine bâti...
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Numéro <strong>334</strong> – avril 2015<br />

4<br />

Toronto<br />

6<br />

La fondation Vuitton<br />

10<br />

Voyage en Finlande<br />

Premier trimestre 2015 – 69 e année / 5,50 €<br />

Le métier de couvreur<br />

et les toits de Paris<br />

14


h umeur<br />

Combien ça coûte... Célèbre émission présentée par un journaliste vedette dont le<br />

nom fleure bon l’anis ! Mais également, perfide question, propre à mettre un<br />

ministre dans l’embarras ! Aussi, si je deviens ministre, je veillerai à mémoriser le<br />

prix du ticket de métro et de la baguette de pain, car c’est la question piège posée par tout<br />

bon journaliste pour mettre l’élu en porte-à-faux !<br />

Moi ministre, je vous vois sourire, mais qui sait, voyez comment un ouvrier électricien,<br />

Lech Walesa, est devenu président de la Pologne ! Sacré peuple polonais qui cherchait la<br />

lumière dans les brumes d’un collectivisme exacerbé, il a eu bien de l’humour en élisant<br />

un électricien à la présidence du pays...<br />

Est-ce une référence pour un ministre de connaître le prix de ces deux éléments,<br />

certainement pas ! Alors pourquoi s’offusquer « d’une telle ignorance », il me semble que<br />

la valeur du SMIC serait plus probante comme exemple, car, comparé aux revenus d’un<br />

ministre, pourtant ô combien inférieur à celui de nombreux sportifs, il permettrait à ce<br />

haut responsable de se faire une idée de la manière dont survit la masse de ceux qu’il doit<br />

administrer.<br />

En général, les comparaisons de prix sont compliquées ; même pour un professionnel,<br />

étudier un devis n’est pas simple, il faudrait au moins un quantitatif précis et une<br />

référence des produits pour s’engager dans une critique objective...<br />

Mais voilà, la critique, nous aimons cet exercice et je n’y échappe pas ; j’aime comparer ;<br />

ainsi, en suivant une émission sur Arte, j’ai appris que la victoire de Samothrace* (IV-III e<br />

siècles av JC**), venait de subir un toilettage. Cette pièce exposée au Louvre est aussi<br />

renommée que la Joconde (1503-1506), mais tellement plus ancienne que, lors de sa<br />

réalisation, JC n’était même pas né... C’est dire !<br />

Dix-huit mois d’un travail mené avec soin ont été nécessaires pour redonner son lustre<br />

d’antan à cette statue d’une hauteur totale de 5,57 m, réalisée en marbre blanc de Paros.<br />

Évidemment, tout cela a un prix, 4 millions d’euros... Plusieurs mécènes auraient<br />

pratiquement couvert la dépense... Il se trouve que dans le même temps j’ai visité la<br />

basilique de Saint Denis ; là aussi on effectue des travaux importants, toute la façade est<br />

en rénovation, et ce sont 33 mois de travaux qu’on a prévus, pour un coût de<br />

« seulement » 3 150 000 €...<br />

La lecture de ces chiffres m’a laissé dubitatif, interpellé par la disproportion certaine qui<br />

apparaît en comparant les travaux et leurs coûts respectifs.<br />

L’emploi du terme « toilettage » pour la statue, qui est par définition l’action d’apporter<br />

quelques petites retouches, m’a paru à ce prix un doux euphémisme. J’ai pensé :<br />

« heureusement qu’ils n’ont pas remis la tête et les bras ! » Un peu plus de culture m’aurait<br />

sans doute permis de comprendre !<br />

Étrange aussi dans mon esprit, le coût des travaux engagés pour la construction de la<br />

Philharmonie ; un « envoyé spécial » de CMO m’a transmis un fascicule publié dans le<br />

XIX e qui relate l’impressionnante évolution du coût de ce temple de la musique<br />

symphonique, à savoir, dixit la revue : 118 millions pour le devis initial, passé à 204<br />

millions en 2007 et qui en serait arrivé à 381 millions actuellement...<br />

Un cas de conscience, faire ou ne pas faire, telle est la question ; ah, si on savait tout au<br />

départ !... Nouvel, Jean, l’architecte, est « fâché fâché » des critiques qui accompagnent<br />

l’évolution des prix, arguant qu’en matière de financement de tels travaux, « chacun sait »<br />

que cette pratique est courante... Que penser de tout cela ? Il faut être prudent, car la<br />

caricature de personnages ou de faits présente bien des dangers. Peut-on nier que ce qui<br />

demeure intéressant d’une civilisation est souvent lié à la culture. D’autre part, on dit que<br />

l’opéra Bastille n’est pas un chef-d’œuvre d’acoustique et que les grands maîtres de la<br />

musique méritaient bien un « temple », alors, est-on certain que, si le coût final avait été<br />

annoncé au départ, on aurait lancé les travaux... Personnellement, j’en doute. Cependant,<br />

nous les sans-grade, on doit se poser la question : « qui sont les vraies dupes de tels<br />

systèmes ? » Oui, l’aimable financeur qu’est le contribuable a sans doute le droit de<br />

s’interroger. En matière de financement des grands chantiers, Jean Nouvel a raison, la<br />

pratique de tels dépassements est effectivement regrettablement courante !<br />

JPC<br />

* statue grecque, du nom de l’île où elle fut découverte en 1863 par C. Damoiseau, elle<br />

représente "Nikè", déesse de la victoire.<br />

** JC : lettres souvent utilisées en matière de datation historique, régulièrement<br />

accompagnées des notions « avant ou après ».<br />

SOMMAIRE<br />

Humeur...............................................................2<br />

Le mot du président.....................................3<br />

CULTURE & DÉCOUVERTES<br />

Nouvel An en Afrique..................................3<br />

Toronto ..............................................................4<br />

La fondation Louis Vuitton.......................6<br />

Rencontre avec Raoni .................................8<br />

Voyage en Finlande.....................................10<br />

Agen, visite d’une palombière ..............24<br />

MÉTIERS & APPRENTISSAGE<br />

Couvreur au XXI e siècle.............................14<br />

Olympiades nationales des métiers ...17<br />

Intervention sur le patrimoine bâti.....18<br />

Le Geste d’or..................................................21<br />

Formation sous les tropiques................25<br />

Le trait de charpente ................................26<br />

EUROPE & COMPAGNONNAGE<br />

Europa Haus...................................................22<br />

LA VIE DU TOUR DE FRANCE<br />

<strong>Compagnons</strong> et Rotary à Millau .........28<br />

Réunion itinérante des couvreurs<br />

plombiers & plâtriers ................................29<br />

Toulouse, vie de la cayenne...................29<br />

Un réseau d’établissements en plein<br />

essor ..................................................................32<br />

CHRONIQUES HABITUELLES<br />

Notes de lecture .........................................27<br />

Échos muscadiens ......................................30<br />

L’œil fureteur.................................................32<br />

Nos joies, nos peines.................................33<br />

Jeux géométriques......................................34<br />

____________________________<br />

Ce numéro contient pour les abonnés<br />

sociétaires, un encart central de quatre<br />

pages spéciales numérotées de I à<br />

IV sur la vie fédérale.<br />

Stage de restauration pour les<br />

maçons en Bac Pro à l’Institut<br />

18


Olympiades nationales<br />

des métiers<br />

Les épreuves finales avaient lieu cette année à Strasbourg,<br />

ouvrant aux lauréats les portes des WorldSkills qui se<br />

dérouleront au Brésil en août.<br />

On peut le rappeler à chaque édition, les participants à ces 43 e finales<br />

nationales doivent allier compétences et sang froid tout au long des<br />

épreuves, et, il faut le reconnaître, un brin de chance est souvent<br />

nécessaire pour réussir ! Un moment qu’ils préparaient depuis l’obtention, début<br />

2014, d’une médaille d’or, à l’issue des sélections régionales des Olympiades des<br />

Métiers.<br />

Cette année, c’est la ville de Strasbourg qui accueillait au "Zénith" les cérémonies<br />

de ces finales nationales du prestigieux concours que représentent ces 43 e<br />

Olympiades des Métiers. Elles se sont tenues le mercredi 28 janvier 2015 pour<br />

l’ouverture au samedi 31 janvier pour la clôture. Les 4500 places du lieu avaient<br />

trouvé preneurs, pour assister en direct à la proclamation des résultats ; les<br />

médaillés d’or constitueront l’équipe de France des Métiers qui se rendra à São<br />

Paulo, au Brésil, du 10 au 16 août prochains, pour défendre les couleurs de la France<br />

lors de l’épreuve mondiale de la "WorldSkills Compétition*".<br />

Après trois jours de compétition intense, les jeunes lauréats, appelés<br />

solennellement sur scène, ont pu monter sur le podium pour recevoir leur<br />

médaille.<br />

Épuisés, fiers ou déçus du travail accompli, tous auront partagé ces instants avec<br />

leurs formateurs, coaches et familles, présents à leur côté pour vivre ce qui est un<br />

moment d’exception.<br />

Les plus de ces 43 e finales nationales :<br />

Une fréquentation de plus de 75 000 visiteurs sur les 3 jours de compétition ;<br />

30 000 jeunes d’établissements scolaires de la région sont venus sur le lieu de la<br />

compétition, dont 10 000 en visite guidée ; 50 experts, 50 assistants experts, 800<br />

juges et au total 8000 bénévoles œuvrant sur place avec plus de 400 partenaires<br />

mobilisés.<br />

Originaires des régions françaises, 823 candidats, installés devant le poste de travail<br />

aménagé à leur intention au parc des expositions du Wacken, attendaient, tendus,<br />

la cloche signalant le départ de ce marathon.<br />

Clément Vicard remporte l’or en menuiserie<br />

Clément, concentré, en pleine action<br />

Arthur Desplat et son formateur Harold Cavène<br />

Le point faible de ces 43 e finales nationales :<br />

La faible mobilisation des médias tant nationaux que régionaux. Hormis pour les<br />

métiers de bouche, on ne cultive pas l’intérêt pour le travail de cette élite de la<br />

jeunesse. J’ai fait une recherche sur le net d’articles de presse concernant ces<br />

olympiades... C’est maigre ! La même recherche sur l’affaire DSK est consternante,<br />

on parle d’impact médiatique planétaire pour ce qui a fait la "une" d’environ<br />

150 000 quotidiens nationaux... Une couverture médiatique en France supérieure à<br />

celle qui a suivi l’élection de Barack Obama ! Où est l’avenir des métiers et de<br />

cette laborieuse jeunesse ? De cette situation, nous sommes tous responsables, car<br />

la presse est à l’écoute de nos désirs...<br />

Voici le palmarès pour la FCMB :<br />

• Or : Clément Vicard, menuiserie, Rhône-Alpes, Grenoble<br />

• Bronze : Arthur Desplat, plomberie, Franche-Comté, Mouchard<br />

• Bronze : Armand Dubois, charpente, Limousin, Limoges<br />

Heureusement, la très bonne couverture, par le site "WorldSkills", de cette finale<br />

nous a permis de suivre cette manifestation et de vous en rendre compte ici.<br />

Rappelons que la France a annoncé officiellement sa candidature pour<br />

l’organisation de la WorldSkills Competition en 2019.<br />

JPC<br />

* Le président de WorldSkills France est le compagnon du devoir Michel<br />

Guisembert.<br />

Armand Dubois et sa pièce de charpente


TORONTO<br />

Un espace de liberté pour la modernité<br />

Alors qu’à Paris, politiques, architectes, défenseurs du<br />

patrimoine et associations de tout poil s’étripent sur le<br />

fait de savoir s’il faut, ou non, édifier la Tour Triangle,<br />

immeuble de très grande hauteur (pour Paris) de 180 m porte<br />

de Versailles et où respect de la règle haussmannienne et<br />

paresse d’esprit semblent l’emporter, au Canada, Toronto,<br />

capitale de l’Ontario déjà regorgeante de tours avec en tête la<br />

First Canada Place : 72 étages, 298 m de hauteur, présente à ce<br />

jour le plus grand nombre de constructions de très grande<br />

hauteur, en projet ou en cours, juste derrière New York, bureaux<br />

et appartements confondus.<br />

Loin de nous l’idée saugrenue de comparer deux villes que<br />

tout oppose : Paris déjà amplement pourvue, à présent saturée<br />

d’architectures « culturelles » récentes jusqu’à l’indigestion,<br />

futures reliques des XX e et XXI e siècles conjugués, et Toronto où<br />

l’architecture qui marque la ville c’est celle du Centre d’affaires<br />

promu au rang de centre de la ville, de par l’importance de sa<br />

place financière. Dans ce désir de Manhattan canadien, à<br />

Toronto on se sent déjà aux États-Unis : le gratte-ciel a<br />

révolutionné la ville, image de prestige et d’assouvissement<br />

des ambitions tout autant qu’affirmation de la puissance<br />

technique, force et énergie, mais avant tout modernité<br />

revendiquée dans la provocation calculée d’une architecturechoc<br />

dont « le ciel est la seule limite ».<br />

Rationalisation et fonctionnalisme directement issus du style<br />

international, à l’instar des États-Unis, sont les marqueurs de<br />

ces constructions où l’acier est le matériau privilégié, associé au<br />

verre ; elles débouchent alors sur un purisme de formes<br />

simples où l’on ressent l’influence de l’architecte américain<br />

Mies van der Rohe, auteur du Toronto Dominion Centre.<br />

Dans une démarche poétique, la beauté de certains immeubles<br />

réside dans la transparence de la paroi laissant apparaître la<br />

structure, hymne à la construction en hauteur, moteur de<br />

l’évolution de toutes les techniques du bâtiment.<br />

Si, en parcourant la ville on découvre des immeubles de<br />

différentes factures en dépit de leur unicité, cela tient<br />

essentiellement à l’interpénétration des horizontales et des<br />

verticales, ballet géométrique constant d’une extraordinaire<br />

dynamique, engendrant le carré, module de base répétitif.<br />

Mais c’est surtout l’extrême concentration des tours qui<br />

provoque ce sentiment d’irréalité qui nous fascine. À titre<br />

d’exemple, en un lieu situé à l’arrière des rues et des avenues,<br />

une vaste esplanade, ancien centre de dispatching de<br />

locomotives résume tout. Comparable à une immense piste de<br />

cirque, site dégagé à l’extrême, le spectacle ici n’est pas au<br />

centre, mais à la périphérie qui l’enserre : nous sommes au pied<br />

d’une muraille de buildings qui nous surplombe. L’effet est<br />

grandiose, l’image de modernité absolue qui se dégage de


cette composition magistrale, sans doute<br />

non anticipée, nous dévoile un ensemble<br />

de grande qualité architecturale tant elle<br />

est homogène. C’est la vision d’un futur<br />

incarné, d’une maestria absolue.<br />

L’approche nous révèle une diversité<br />

insoupçonnée tant dans les volumes,<br />

leur étagement, que dans le traitement<br />

des façades et jusque dans la palette de<br />

couleurs : noir, gris, ocre-roux, vert, blanc.<br />

Sous un ciel d’un bleu absolu, ce jour-là,<br />

une tour se détache, mur-rideau de<br />

teinte grise, à l’échancrure raffinée, d’une<br />

stupéfiante beauté,<br />

captant au soleil les<br />

reflets changeants<br />

émanant<br />

d’immeubles<br />

voisins, en une<br />

composition<br />

abstraite sans cesse<br />

renouvelée suivant<br />

le champ visuel.<br />

Sans tomber dans le<br />

côté affligeant du<br />

livre des records, on<br />

peut citer :<br />

• CN Tower (553 m<br />

de hauteur) dominant Toronto, perdue<br />

dans les nuages. Ce n’est pas un gratteciel<br />

puisque non habité, plutôt signal et<br />

inévitablement attraction touristique,<br />

vouée à l’observation et à la<br />

communication.<br />

• One Bloor East, 291 m de hauteur.<br />

• Sun Life Tower, 1 er gratte-ciel d’acier et<br />

de verre.<br />

Mais la ville est un puzzle, et le marcheur<br />

qui la parcourt découvrira bien d’autres<br />

centres d’intérêt.<br />

« La ville est redondante : elle<br />

se répète de manière à ce que<br />

quelque chose se grave dans<br />

l’esprit. La mémoire est<br />

redondante : elle répète ses<br />

signes pour que la ville<br />

commence à exister. »<br />

Citations extraites de l’ouvrage « Les<br />

villes invisibles » d’Italo Calvino<br />

Au fil des déambulations :<br />

• L’Hôtel de ville (New City Hall. 1965) dû<br />

à l’architecte finlandais Viljor Revell, qui<br />

fit en son temps les délices des revues<br />

d’architecture : 2 tours convexes de<br />

hauteurs différentes abritant au niveau<br />

rez-de-chaussée la calotte aplatie de la<br />

Salle du Conseil. Plastique, utilisation du<br />

béton, rampe d’accès lui donnent un<br />

petit côté sud-américain.<br />

• Salle de concert/Philharmonie : Tronc<br />

de cône concave, perdu au milieu des<br />

tours.<br />

• L’Ontario College<br />

of art & design :<br />

formes<br />

décomplexées et<br />

dégingandées.<br />

(Architecte Will<br />

Alsop).<br />

• Et surtout : l’Art<br />

Gallery of Toronto<br />

où à partir d’un<br />

musée existant<br />

conventionnel et un<br />

peu tristounet,<br />

Franck Gehry à qui<br />

l’on a confié la part<br />

du pauvre, réussit par le jeu des<br />

courbures de charpentes en lamellécollé,<br />

à faire chalouper la façade.<br />

En dépit de ces derniers apartés, rien ne<br />

saurait faire oublier les gratte-ciel tant<br />

leur image obsédante marque le<br />

paysage urbain, résultante du fabuleux<br />

essor de l’architecture moderne tant aux<br />

États-Unis qu’au Canada, depuis la fin de<br />

la seconde guerre mondiale.<br />

Francis Cortal<br />

Photos : Alexis Cortal


Au cours d’une existence,<br />

il y a des rencontres qui ne<br />

s’oublient pas, comme<br />

celles qui s’impriment<br />

dans votre esprit au<br />

moyen d’un simple regard,<br />

sans qu’il soit besoin<br />

d’échanger de paroles...<br />

Rencontre avec Raoni<br />

Avec Nicolas Hulot pour la protection de la forêt amazonienne<br />

Photo satellite (NASA) de la déforestation ; on voit les fumées des incendies en cours...<br />

Non, les compagnons, je ne vais<br />

pas vous parler d’un ouvrage<br />

présentant un intérêt<br />

particulier ni d’un chef-d’œuvre mis<br />

en lumière pour les difficultés qu’il<br />

contient. Je vais plutôt vous parler<br />

d’une rencontre empreinte<br />

d’humanité au son d’une voix qui<br />

transpire le respect et l’amour. Ce<br />

personnage, connu sous le nom de<br />

Raoni Metuktire (chef indien Kayapo),<br />

parcourt inlassablement la planète<br />

avec le concours d’ONG pour<br />

dénoncer l’absurdité de la<br />

déforestation massive de l’Amazonie,<br />

sans aucun respect des peuples<br />

autochtones.<br />

Dans les années 70, 1% de la surface<br />

forestière était abattue. Mais au fil des<br />

années, la surface détruite s’est<br />

accrue ; et moi de mon côté, durant<br />

mon parcours professionnel,<br />

j’admirais les réalisations de<br />

menuiserie sans me poser la question<br />

de savoir si cette matière première<br />

provenait à l’époque d’une gestion<br />

durable de la forêt.<br />

Aujourd’hui, en 2015, les réalités sont<br />

tout autres et je me sens<br />

indirectement un peu responsable de<br />

ces résultats alarmants. Lors de ma<br />

rencontre avec le Cacique Raoni, je<br />

me suis intéressé de près à son<br />

parcours et à son combat hors du<br />

commun. Aussi, je souhaite vous faire<br />

partager grâce à ce journal la lutte<br />

déterminée de Raoni qui commença<br />

en 1953, à la suite des premiers<br />

contacts avec les « kubens »,<br />

autrement dit, les blancs, et alors que<br />

le territoire de son peuple était en<br />

danger. En 1989, avec l’aide du<br />

chanteur Sting qui est venu à sa<br />

rencontre, Raoni quitte le Brésil pour<br />

la première fois et lance un appel à<br />

l’aide dans 17 pays. Cet appel est<br />

relayé par les médias du monde


entier. Cela va contribuer à éveiller les consciences. En<br />

2000, après que l’Europe a essuyé une tempête d’une rare<br />

violence, le Cacique Raoni revient après 10 ans d’absence<br />

pour dénoncer l’accélération de la déforestation, jusqu’à<br />

24 000 km² par an, soit environ la surface de la région<br />

Centre.<br />

C’est en 2009 que les projets de grands barrages<br />

hydrauliques au Brésil resurgiront sur le devant de la<br />

scène internationale et feront à nouveau sortir Raoni de sa<br />

réserve. Sachez que ces projets sont construits en partie<br />

par de grandes entreprises françaises comme Alstom, EDF<br />

et GDF Suez, donc par nos impôts… Le plus connu de ces<br />

barrages est celui de Belo Monte. Avec sa mise en service,<br />

à partir du printemps 2015 (fin du chantier prévue en 2019)<br />

sur le fleuve Xingu, affluent de l’Amazone, une grande<br />

partie des terres avoisinantes sera inondée. Ce premier<br />

complexe de barrages est un cheval de Troie, car plus de<br />

40 projets sont à l’étude, dont plusieurs sur les fleuves<br />

Tapajós et Télés Pires, tout ceci pour soi-disant améliorer<br />

la vie des Amérindiens.<br />

Pour donner un ordre de grandeur, le bassin Amazonien<br />

s’étend sur 7,3 millions de km 2 sur neuf pays, 60% de cette<br />

surface appartenant au Brésil. Entre 2005 et aujourd’hui,<br />

ce sont 500 000 km 2 de forêt qui ont été abattus, soit<br />

approximativement la surface de la France, et cela dans le<br />

but absurde de produire de plus en plus de soja pour<br />

nourrir le bétail européen. Voici une comparaison<br />

troublante : toutes les 3,5 secondes, il disparaît l’équivalent<br />

d’un terrain de football, soit environ 7200 m 2 de couvert<br />

forestier. À ce rythme effréné, 42% de la forêt aura disparu<br />

d’ici 2020. Au-delà du seuil de 60% de couvert abattu, la<br />

forêt se dessèchera puis mourra d’elle-même. En<br />

conséquence, chercheurs et scientifiques avertissent qu’en<br />

absence de mesures immédiates et fermes, le point de<br />

non-retour pourrait être atteint d’ici 10 ans, sachant qu’en<br />

2013 l’augmentation de l’activité a bondi de 427% (selon l’<br />

« instituto amazon »).<br />

En attendant cette échéance, l’heure n’est pas au « climato<br />

scepticisme ». En décembre 2015, à Paris, se déroulera la<br />

conférence sur le climat, avec 194 chefs d’État, afin de<br />

tenter d’agir sur nos habitudes et nos comportements<br />

obsolètes. Je ne suis ni pessimiste ni optimiste, mais<br />

simplement réaliste ! Nos seuls alliés, pouvant servir<br />

d’électrochocs, sont les caprices du changement<br />

climatique qui nous rappellent à l’ordre.<br />

Je suis convaincu que nos choix de matières premières<br />

dans nos métiers et nos choix alimentaires devront<br />

nécessairement être modifiés pour préserver l’avenir de<br />

nos enfants. Il nous faut prendre conscience que nous<br />

vivons sur la même terre et que nos choix ont un impact<br />

direct et conséquent de l’autre côté de la planète.<br />

Je tiens à remercier l’association Planète Amazone qui se<br />

démène tous les jours, avec toutes les difficultés que nous<br />

connaissons, pour porter au plus haut l’appel de Raoni et<br />

prépare en ce sens la conférence Paris Climat de<br />

décembre 2015, en relation avec le plus grand nombre<br />

possible d’acteurs politiques et associatifs, dont Nicolas<br />

Hulot par exemple. J’espère que cette conférence ne se<br />

soldera pas par des promesses non tenues…<br />

Suivez nos activités et actualités sur le site « Raoni.com »<br />

et la page Facebook de Planète Amazone, et n’hésitez pas<br />

à signer la pétition de soutien et à participer aux actions<br />

proposées.<br />

Je terminerai par cette phrase de Nicolas Hulot : « Maudits<br />

soient les yeux fermés, merci d’avoir les yeux ouverts. »<br />

Stéphane Bourdeix<br />

Image satellite (NASA) du Mato Grosso au Brésil, en 1992 à gauche et en 2006 à droite : la forêt (en rouge) recule à grands pas


Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment<br />

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87009 LIMOGES Cedex 1<br />

Tél. 05 55 33 55 60<br />

LYON<br />

99, route de Genas<br />

69100 VILLEURBANNE<br />

Tél. 04 78 53 22 00<br />

MARSEILLE<br />

5-7, boulevard Pons<br />

13014 MARSEILLE<br />

Tél. 04 91 02 57 20<br />

NANTES<br />

238, rue de la Pyramide<br />

44230 SAINT-SÉBASTIEN/LOIRE<br />

Tél. 02 51 79 13 20<br />

ORLÉANS<br />

Rue Gustave Eiffel ZAC des 4 Cheminées<br />

45380 LA CHAPELLE- ST MESMIN<br />

Tél. 02 38 70 53 00<br />

PARIS Île-de-France<br />

2 rue de Guermantes<br />

77400 ST-THIBAULT-DES-VIGNES<br />

Tél. 01 60 35 02 98<br />

PAU<br />

Mail de Coubertin<br />

64140 LONS<br />

Tél. 05 59 92 81 77<br />

TOULOUSE<br />

188, route de Revel<br />

31400 TOULOUSE<br />

Tél. 05 62 47 41 77<br />

TOURS<br />

34, rue de Suède BP 47560<br />

37075 TOURS CEDEX 2<br />

Tél. 02 47 78 72 15<br />

Le compagnonnage, réseau de transmission<br />

des savoirs et des identités par le métier.<br />

Pour plus d’information sur la FCMB :<br />

www.compagnonsdutourdefrance.org<br />

E-mail : ville + @compagnonsdutourdefrance.org

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