Lettre ESTHER n°47
Lettre ESTHER n°47
Lettre ESTHER n°47
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LA LETTRE<br />
N°47 Mars 2012<br />
lEditorial<br />
62, Boulevard Garibaldi<br />
75015 Paris<br />
01 53 17 51 50<br />
www.esther.fr<br />
l L’Appel de Lomé, un premier<br />
pas vers la reconnaissance du<br />
métier de CPS/médiateur<br />
pages 2 et 3<br />
lLa formation des CPS/Médiateurs<br />
: Bénin/ Tchad<br />
pages 4 et 5<br />
lGros plan sur le Guide de formation<br />
à l’usage des paramédicaux<br />
page 6 et 7<br />
lHygiène / APPS La France s’engage<br />
pages 8 et 9<br />
lLes traitements de 3 ème<br />
ligne au Mali, un nouveau<br />
défi<br />
pages 10<br />
lDr Christophe Michon,<br />
nouveau directeur médical<br />
et scientifique d’<strong>ESTHER</strong><br />
page 11<br />
Éditorial<br />
2012 est une année importante pour <strong>ESTHER</strong>,<br />
comme pour beaucoup d’organisations de lutte<br />
contre le SIDA. La crise financière, les difficultés<br />
rencontrées par le Fonds Mondial, changent indiscutablement<br />
la donne, plus profondément<br />
qu’il n’y paraît à première vue. « Value for money»<br />
Gilles Raguin<br />
est devenue le nouveau mantra de la communauté<br />
internationale. L’agenda se concentre sur<br />
l’efficience, l’efficacité, la performance.<br />
C’est à la fois inquiétant et rassérénant. Inquiétant parce qu’il ne faudrait pas que la logique<br />
comptable détermine les stratégies de santé publique. Rassérénant car la question<br />
de la qualité est devenue enfin centrale dans les préoccupations de ceux qui luttent<br />
contre l’épidémie et prennent soin des personnes infectées par les VIH. Les objectifs ne<br />
sont plus seulement quantitatifs. L’épidémie est complexe, la prise en charge est complexe<br />
et, pour prendre en compte cette complexité, nous avons besoin de programmes<br />
plus intelligents, de recherche opérationnelle, d’innovation, aussi bien dans le champ de<br />
la prise en charge que de la prévention.<br />
Comme de coutume, c’est avec nos collègues du Sud que nous devrons réfléchir, rapidement,<br />
aux changements qui s’imposent et à la façon dont nous souhaitons les mettre<br />
en œuvre.<br />
Dans cette lettre <strong>ESTHER</strong>, à la veille de la 6ème Conférence francophone AFRAVIH, voici<br />
quelques exemples de projets très ciblés, qualitatifs, innovants.<br />
La promotion d’un nouveau métier de santé, celui de médiateur ou conseiller psycho-social,<br />
est aujourd’hui une priorité pour <strong>ESTHER</strong>. Après le premier séminaire international<br />
consacré à ce métier, qui s’est tenu au Togo en novembre 2011 et a réuni les conseillers<br />
psycho-sociaux soutenus par <strong>ESTHER</strong> dans 12 pays d’Afrique francophone, l’appel<br />
de Lomé demande aux gouvernements, aux organisations internationales,<br />
aux partenaires et à la société civile de plaider pour la reconnaissance<br />
officielle du métier de conseiller psycho-social. Fidelia ODJO nous en parle.<br />
Un symposium co-animé par <strong>ESTHER</strong> et AIDES sur ce sujet est organisé<br />
le 25 mars 2012, lors de l’AFRAVIH, à Genève.<br />
Le guide de formation des paramédicaux, produit par le RAF, l’IMEA et<br />
<strong>ESTHER</strong>, la mise à disposition d’un nouveau logiciel de suivi des mères et<br />
des enfants, ESOPE pédiatrique, le soutien d’<strong>ESTHER</strong> à la mise en place d’une<br />
cohorte thérapeutique d’ARV de troisième ligne, sont d’autres exemples de<br />
projets ciblés, innovants, centrés sur la qualité.<br />
l<strong>ESTHER</strong> vous donne<br />
rendez-vous à la<br />
conférence<br />
AFRAVIH de<br />
Genève<br />
page 12<br />
Je ne conclurai pas cet éditorial sans vous annoncer l’arrivée du nouveau directeur<br />
médical et scientifique d’<strong>ESTHER</strong>, le docteur Christophe Michon, que<br />
beaucoup d’entre vous connaissent déjà et que nous sommes très heureux<br />
d’accueillir dans l’équipe pour contribuer, avec vous, à améliorer la<br />
santé de ceux pour qui <strong>ESTHER</strong> a été créé.<br />
Bien cordialement.<br />
Gilles RAGUIN
L’Appel de Lomé, un premier pas vers la reconnaissance<br />
du métier de CPS/médiateur<br />
L’accompagnement psychologique et le soutien social aux personnes vivant avec le VIH/SIDA constituent<br />
pour <strong>ESTHER</strong> une priorité majeure en matière de prise en charge.<br />
Cet accompagnement est assuré par les conseillers psychosociaux (CPS) également appelés médiateurs.<br />
Dans 15 des 18 pays partenaires du GIP <strong>ESTHER</strong>, ils contribuent à améliorer la qualité de la<br />
prise en charge. Depuis sa création en 2002, le GIP <strong>ESTHER</strong> a contribué à former et/ou soutenir plus de<br />
500 conseillers psychosociaux/médiateurs. La majorité de ces accompagnateurs sont issus d’associations<br />
communautaires de lutte contre le VIH/Sida.<br />
Cette initiative pilote d’<strong>ESTHER</strong> tend à se généraliser : c’est le cas notamment au Bénin et au Tchad<br />
où les autorités sanitaires ont décidé de former, de recruter et près de 700 conseillers psychosociaux/<br />
médiateurs dans les principaux sites de prise en charge du VIH/SIDA.<br />
Pour autant, la fonction de CPS n’est toujours pas reconnue comme faisant partie intégrante du dispositif<br />
de soins dans de nombreux pays partenaires.<br />
C’est pourquoi <strong>ESTHER</strong> soutient l’initiative des<br />
conseillers psychosociaux, médiateurs et accompagnateurs<br />
psychosociaux des pays francophones<br />
de l’Afrique de l’Ouest et du Centre,<br />
qui étaient réunis du 21 au 22 novembre 2011<br />
à Lomé, dans le cadre des premières journées<br />
internationales de la médiation (JIMED) qui lancent<br />
l’ « Appel de Lomé ».<br />
Dans ce document, ils demandent aux chefs<br />
d’Etat et de gouvernement, aux Nations Unies,<br />
aux partenaires techniques et financiers et à la<br />
société civile de se mobiliser pour que le métier<br />
de CPS/ médiateur soit reconnu mais également<br />
intégré dans les dispositifs nationaux de prise<br />
en charge des personnes infectées et/ou affectées<br />
par le VIH par le biais d’un curriculum de<br />
formation « diplomante », et que leur fonction<br />
soir pérennisée.<br />
1ères Journées Internationales du Médiateur -<br />
Lomé Novembre 2011<br />
Appel de Lomé du 22 Novembre 2011<br />
Nous, conseillers psychosociaux (CPS), médiateurs et accompagnateurs<br />
psychosociaux des pays francophones<br />
de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, réunis du 21 au 22 novembre<br />
2011 à Lomé, à l’initiative d’<strong>ESTHER</strong>, dans le cadre<br />
des premières journées internationales de la médiation<br />
(JIMED), suite à l’engagement de la communauté internationale<br />
pour l’éradication de la transmission mère/enfant.<br />
• Vu l’expansion de la pandémie (pour 2 personnes<br />
mis sous traitement, 5 sont infectées) et le poids de<br />
l’Afrique subsaharienne dans l’infection à VIH,<br />
• Vu la chronicité de la maladie et sa complexité nécessitant<br />
des soins cliniques et un accompagnement<br />
psychologique et un soutien social,<br />
• Vu les limites quantitatives et qualitatives des ressources<br />
humaines de santé dans les pays à faibles<br />
revenus,<br />
• Vu le faible taux de dépistage et de mise sous traitement<br />
des personnes infectées,<br />
• Vu le faible taux de rétention des patients dans les<br />
structures de soins,<br />
• Vu l’accessibilité limitée des publics en situation de<br />
vulnérabilité aux services et aux soins,<br />
• Vu les objectifs de l’accès universel aux traitements<br />
d’ici 2015,<br />
• Vu le nouvel agenda international, suite à la conférence<br />
des Nations Unis en juin à 2011 à New York et<br />
les objectifs d’éradication de la transmission mère/<br />
enfant d’ici 2015,<br />
• Se félicitant de l’engagement des premières dames<br />
de pays africains, asiatiques, latino-américains et caribéens,<br />
à l’ouverture de la réunion de l’ONUSIDA en<br />
juin à new York, pour atteindre zéro nouvelle infection<br />
chez les enfants à l’horizon 2015<br />
• Se félicitant de l’adoption le 8 juin 2011 de la déclaration<br />
politique sur le VIH/Sida : intensifier nos efforts<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
2
pour éliminer le Sida,<br />
• Vu la résolution des parlementaires panafricains sur la déclaration<br />
de l’engagement pour le développement d’actions pour la<br />
santé de la mère et du nouveau né adoptée en octobre 2011,<br />
• Tenant dûment compte de l’initiative de Bamako et de l’appel à<br />
l’action des jeunes leaders fait au Mali en avril 2011,<br />
• Prenant acte de la déclaration des chefs d’Etat à Abuja, en avril<br />
2011, sur le VIH/Sida et le financement de la santé,<br />
• Vu l’importance et la place des conseillers et/ou médiateurs dans<br />
la prise en charge des personnes infectées et affectées par le VIH/<br />
Sida,<br />
• Vu les conditions non pérennes de l’exercice de notre métier,<br />
• Vu le manque de reconnaissance du métier de médiateur dans<br />
de nombreux pays partenaires,<br />
• Considérant la nécessité de la reconnaissance de la fonction avec<br />
une formation débouchant sur des diplômes,<br />
• Considérant la nécessité de passage à l’échelle dans la formation<br />
et la mise en place des accompagnateurs psychosociaux pour atteindre<br />
tous les objectifs dans le cadre de la PEC du VIH ,<br />
• Considérant la nécessaire prise en compte des besoins de décentralisation<br />
de la prise en charge des personnes infectées,<br />
• Considérant la pertinence d’élargir leurs compétences à d’autres<br />
pathologies chroniques comme le diabète, le cancer, …<br />
Nous, CPS/ Médiateurs du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun,<br />
de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Maroc, du Niger, de la République<br />
Centrafricaine, du Sénégal, du Tchad et du Togo, soutenus par<br />
<strong>ESTHER</strong>, appelons :<br />
1. les chefs d’État et de gouvernement à :<br />
•créer un cadre de formation et d’exercice du métier de conseiller psychosociaux<br />
/ médiateur,<br />
•consentir des efforts pour la reconnaissance et l’intégration de la<br />
fonction de CPS/Médiateur dans les dispositifs nationaux de prise en<br />
charge des personnes infectées et/ou affectées par le VIH par le biais<br />
d’un curriculum de formation « diplomante »,<br />
•élargir ce métier à d’autres pathologies chroniques qui touchent les<br />
populations des pays à faibles revenus comme le cancer et le diabète,<br />
2. le système des Nations Unis et plus particulièrement l’ONUSIDA et<br />
ses co-sponsors à :<br />
•faire le plaidoyer auprès des Etats membres pour la reconnaissance<br />
de ce métier,<br />
•fournir le soutien nécessaire à la mise en place des cadres d’évolution<br />
des CPS/médiateurs,<br />
•inviter les organisations et initiatives internationales, les institutions<br />
financières et les autres partenaires à apporter leur soutien et attribuer<br />
des ressources aux programmes des médiateurs et conseillers,<br />
•porter le plaidoyer auprès des acteurs opportuns,<br />
3. les partenaires techniques et financiers à :<br />
•apporter leur appui à la pérennisation et la reconnaissance de ce métier,<br />
•mobiliser des ressources financières et techniques pour atteindre les<br />
objectifs ,<br />
4. la société civile et les organisations de lutte contre le VIH à :<br />
•porter le plaidoyer et les actions nécessaires pour parvenir aux objectifs<br />
de cet appel,<br />
•engager des actions au niveau national pour la reconnaissance de<br />
ce métier.<br />
Fait à Lomé le 22 novembre 2011<br />
AFRAVIH -Genève<br />
le 25 mars 2012<br />
15h30 - 17h salle 4<br />
ATELIER AIDES <strong>ESTHER</strong><br />
Médiateur / conseiller psychosocial :<br />
Un nouveau métier en santé communautaire<br />
à faire reconnaître<br />
et à intégrer dans le dispositif de<br />
soin de la prise en charge du VIH<br />
Président : Kamel Cherabi (sous réserve)<br />
L’accompagnement psychologique et le soutien<br />
social aux personnes vivant avec le VIH/<br />
Sida constituent désormais une priorité majeure<br />
en matière de prise en charge. Cet accompagnement<br />
est assuré par les conseillers<br />
psychosociaux (CPS) également appelés médiateurs.<br />
Cette initiative pilote au Sud tend à se généraliser.<br />
Pour autant, la fonction de CPS, fondée sur<br />
des compétences techniques mais aussi sur des<br />
compétences liées au vécu et à l’expérience des<br />
personnes n’est toujours pas reconnue comme<br />
faisant partie intégrante du dispositif de soins<br />
dans de nombreux pays partenaires.<br />
Les expériences menées au Nord peuvent-elles<br />
être dupliquées ? Ce symposium sera l‘occasion<br />
de présenter les expériences de Aides en<br />
France, d’Arcad Sida au Mali et d’<strong>ESTHER</strong> dans<br />
15 pays.<br />
Programme<br />
1 - L’ «Appel de Lomé » : le premier pas d’une<br />
reconnaissance au niveau international : Mohamed<br />
Touré (<strong>ESTHER</strong>).<br />
2 - Quel cahier des charges pour la mise en place<br />
d’une formation qualifiante et la définition du<br />
métier de conseiller psychosocial ? l’exemple<br />
d’ARCAD Sida : Bintou Dembele (ARCAD).<br />
3 - La reconnaissance de nouveaux métiers en<br />
santé communautaire au Nord , l’exemple de<br />
la démarche de l’association AIDES : Michaël<br />
Goetz (AIDES).<br />
4 - Quel plan d’actions pour la reconnaissance<br />
au Sud du métier de conseiller/médiateur ? Mamadou<br />
Dieng (<strong>ESTHER</strong>).<br />
3
La formation des CPS/Médiateurs : Bénin/ Tchad<br />
Interview<br />
Oussoumdity HAOUA, CPS<br />
Au Tchad, l’expérience d’<strong>ESTHER</strong> en matière de formation<br />
des médiateurs est reconnue et lui a permis<br />
d’être choisi pour identifier, former, rémunérer et suivre<br />
180 conseillers psychosociaux avec pour objectif de favoriser<br />
l’accompagnement psychologique et le soutien<br />
social des PVVIH à l’échelle nationale.<br />
Le projet est financé par le Round 8<br />
du Fonds Mondial dont le principal<br />
récipiendaire (PR) est l’UNAD (Union<br />
Nationale des Associations Diocésaines),<br />
sous pilotage technique du<br />
Ministère de la santé tchadien, du<br />
HCNC ( Haut conseil national de Coordination,<br />
CCM) et du CNLS ( Comité<br />
National de Lutte contre le Sida).<br />
180 Conseillers psychosociaux ont été<br />
identifiés pour être formés. La formation a<br />
commencé en février 2011 à N’Djamena,<br />
par la première session de formation de<br />
83 CPS à N’Djamena et à Moundou.<br />
Les premiers modules de formation ont<br />
permis aux conseillers d’acquérir des notions<br />
de base sur le fonctionnement du<br />
corps humain, le VIH/SIDA, sur la prise en<br />
charge médicale des adulte ainsi que sur<br />
les spécificités de la prise en charge chez<br />
l’enfant ainsi que des notions d’accompagnement comme la<br />
conduite d’entretien et la définition de la place et du rôle du<br />
CPS dans les soins aux PVVIH au Tchad.<br />
Cette formation a été complétée par une 2 ème et 3 ème sessions<br />
en décembre 2011, qui ont porté sur les connaissances<br />
médicales (coinfections, infections opportunistes et prise en<br />
charge de la mère et de l’enfant, sur la procréation chez les<br />
couples séro-discordants) ainsi que sur des connaissances<br />
plus larges sur le système de santé et la place du CPS dans le<br />
circuit de santé.<br />
Ces sessions ont comporté également des exercices pratiques<br />
et des jeux de rôles sur la relation d’aide.<br />
Les 83 personnes formées sont aujourd’hui déployées sur les<br />
57 centres de prise en charge du Tchad. Déjà en activité, ils<br />
sont acceptés et intégrés dans le système de soin.<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
Oussoumdity Haoua est une femme<br />
de 45 ans, mère de 6 enfants, divorcée<br />
qui a découvert sa séropositivité<br />
en septembre 2000, au moment de<br />
son accouchement.<br />
Depuis 2003, Oussoumdy milite dans<br />
une association de PVVIH : l’association<br />
pour l’entraide des personnes<br />
vivant avec le VIH/Sida. Elle a toujours<br />
été proche du monde médical:<br />
secouriste avec la Croix Rouge elle a<br />
travaillé dans un hôpital et dans une<br />
clinique au Cameroun, où elle faisant du<br />
conseil prénatal, un sujet qu’elle connaît<br />
bien ; elle est également accoucheuse<br />
traditionnelle.<br />
Dans le cadre de ses activités associatives,<br />
elle est devenue pair éducateur,<br />
pour sensibiliser<br />
les autres femmes<br />
au dépistage et a<br />
travaillé avec les<br />
«Femmes Libres»<br />
(les travailleuses du<br />
sexe) et les routiers<br />
sur la prévention du<br />
VIH/Sida et le port<br />
du préservatif.<br />
Oussoumdity est<br />
connue au Tchad<br />
comme étant la<br />
première femme a<br />
avoir témoigné à visage<br />
découvert de<br />
sa séropositivité.<br />
C’est donc tout naturellement<br />
qu’elle<br />
a posé sa candidature<br />
quand elle<br />
a appris que des<br />
CSP/médiateurs allaient être recrutés et<br />
formés dans tout le Tchad. De cette formation,<br />
outre des connaissances médicales<br />
sur la prise en charge du VIH, elle<br />
a retenu l’importance de la médiation et<br />
de la relation d’aide. Elle a été particulièrement<br />
impressionnée par l’accueil<br />
des équipes soignantes qui ont dit aux<br />
conseillers formés combien ils avaient<br />
besoin d’eux.<br />
Oussoumdity est aujourd’hui basée<br />
à l’HGRN (l’hôpital Général de Référence<br />
de N’djamena).<br />
Renseignements : coordination Tchad<br />
coordination.tchad@esther.fr<br />
4
Au Bénin, <strong>ESTHER</strong> a été sélectionné<br />
pour recruter, former, superviser<br />
et indemniser près de<br />
500 médiateurs et médiatrices<br />
PTME (conseillers psychosociaux)<br />
sur l‘ensemble des sites de prise<br />
en charge réparti sur l’ensemble<br />
du territoire béninois.<br />
<strong>ESTHER</strong> est sous-bénéficiaire du<br />
Fonds Mondial dans le cadre de<br />
ce projet.<br />
Le projet a permis de mettre en place<br />
un nouveau dispositif d’accompagnement<br />
psychologique et de<br />
soutien social sur les sites de prise<br />
en charge béninois (dont 300 sites<br />
PTME).<br />
La première étape a eu lieu début<br />
novembre 2011, et a consisté à former<br />
32 formateurs béninois. Ces<br />
formateurs ont ensuite décliné les formations des médiateurs/médiatrices<br />
(186 médiateurs pour la prise en charge<br />
des adultes et 300 médiatrices PTME).<br />
A l’issue des sessions de formation dont la dernière s’est<br />
terminée début févier 2012, les médiateurs/ médiatrices<br />
ont été affectés sur les sites en tenant compte des files<br />
actives et des besoins des sites. Ce travail s’est fait en lien<br />
étroit avec le PNLS, les Directions Départementales de la<br />
Santé et l’ensemble des acteurs impliqués dans le suivi et<br />
l’accompagnement des personnes infectées et/ou affectées<br />
par le VIH/Sida et en tout premier lieu, les associations<br />
et les prescripteurs des structures de soins. Six psychologues<br />
ont été positionnés au niveau des département administratifs<br />
et assureront le supervision des médiateurs.<br />
Interview Fidelia ODJO,<br />
Psychologue, formatrice des médiateurs.<br />
Fidela OHJO, à 32 ans, est une psychologue<br />
confirmée, titulaire d’une<br />
maîtrise de psychologie de l’université<br />
béninoise d’Abomey-Calavi, qui a débuté<br />
sa carrière de psychologue à l’Hôpital<br />
d’Instruction des Armées, dans le<br />
service du Médecin Lieutenant-Colonel,<br />
Alain Azondekon, chef du Service<br />
de Pédiatrie. Elle y assurait la prise<br />
en charge psychologique et l’accompagnement<br />
d’enfants VIH+ et de leurs<br />
parents.<br />
Après un intermède au sein de l’association<br />
Plan-Bénin, où elle a suivi des<br />
enfants victimes des inondations et<br />
après avoir été diplômée du DIU de<br />
Ouagadougou, (Diplôme Inter-Universitaire<br />
médical et paramédical sous-régional<br />
«Formation à la prise en charge<br />
globale des personnes vivant avec le<br />
VIH en Afrique sub-saharienne»), elle<br />
a rejoint le projet médiateur d’<strong>ESTHER</strong>.<br />
Fidélia a suivi la formation initiale de<br />
formateur en novembre 2011, afin ensuite de<br />
pouvoir former les médiateurs sélectionnés.<br />
Les axes de cette formation étaient découpés en<br />
modules basés sur un rappel de connaissances<br />
médicales et des éléments de pratique et de<br />
savoir faire sur la relation d’aide (apprendre à<br />
conduire des entretiens, conduire une réunion,<br />
la médiation familiale, et travailler en réseau.)<br />
Certains médiateurs intervenaient déjà sur les<br />
sites de prise en charge, ils ont été formés à ces<br />
nouveaux modèles d’accompagnement, avec<br />
des outils qui sont les mêmes pour tous, dans<br />
tous les sites de prise en charge du Bénin.<br />
Fidélia Odjo a jugé les participants particulièrement<br />
impliqués dans cette formation : les médiateurs,<br />
très curieux, posaient de nombreuses<br />
questions.<br />
Les médiateurs sont en cours d’installation sur<br />
les sites de prise en charge béninois. Le travail<br />
de Fidélia va se poursuivre, elle va accompagner<br />
l’installation sur les sites des médiateurs<br />
et médiatrices PTME. Dans certains sites, elle<br />
a déjà sensibilisé l’équipe administrative et soignante<br />
à l’arrivée des médiateurs, de façon à<br />
expliquer comment les médiateurs s’inscrivent<br />
dans le circuit du patient et quel est leur cahier<br />
des charges. Elle a reçu un accueil très favorable<br />
des équipes hospitalières, très demandeuses<br />
d’aide, notamment pour la recherche<br />
des perdus de vue.<br />
Fidela sera la psychologue de référence du<br />
département de l’Ouéme-Plateau et sera ainsi<br />
responsable de 34 sites dont elle assurera la<br />
supervision des médiateurs.<br />
Renseignements coordination Bénin<br />
stephan.ogou@esther.fr<br />
5
Gros plan sur le Guide de formation<br />
à l’usage des paramédicaux<br />
Former les paramédicaux à la prise en charge du VIH est aujourd’hui une nécessité<br />
pour accompagner la décentralisation de l’accès aux soins et l’augmentation<br />
constante des files actives.<br />
<strong>ESTHER</strong>, agence de coopération bilatérale de la France dans le champ de la santé publie,<br />
en collaboration avec l’IMEA et le RAF VIH un guide de formation à l’usage des<br />
paramédicaux intitulé «Prise en charge globale du VIH dans les pays à ressources<br />
limitées », dans le cadre d’un projet de renforcement des capacités des paramédicaux<br />
financé par l’AFD.<br />
La coordination scientifique a été assurée par le<br />
Pr Olivier Bouchaud et le Dr Cheik Tidiane Ndour<br />
en lien avec des spécialistes du VIH de plusieurs<br />
pays d’Afrique francophone et de France et sur la<br />
base des référentiels existants.<br />
Ce guide est destiné spécifiquement aux infirmières<br />
et infirmiers des pays d’Afrique Francophone,<br />
susceptibles de prendre en charge les<br />
personnes vivant avec le VIH, dans le cadre ou non<br />
d’une délégation des tâches.<br />
Il a un double objectif :<br />
• Il est destiné à être un support de cours pour les<br />
participants aux différentes formations (universitaires,<br />
programmes <strong>ESTHER</strong>, programmes nationaux)<br />
organisées dans le monde francophone.<br />
C’est aussi un outil d’aide à la conception de programmes<br />
de formation des paramédicaux pour les<br />
formateurs de ces institutions de formation.<br />
• Il se veut aussi un document de référence sur le<br />
terrain.<br />
Le guide « Prise en charge globale du VIH dans les<br />
pays à ressources limitées » comporte 11 modules<br />
construits à partir d’une liste de compétences nécessaires<br />
aux paramédicaux pour la prise en charge<br />
du VIH/sida (liste présente en fin d’ouvrage).<br />
Chaque module est rédigé selon le même plan : objectifs<br />
pédagogiques, essentiel à retenir, connaissances<br />
de base et notions plus complexes placées<br />
au sein d’encadrés « pour en savoir+ », outils d’évaluation<br />
: quiz et cas cliniques.<br />
Ce document est destiné à être actualisé au fur<br />
et à mesure des avancées médicales et scientifiques.<br />
Il pourra servir d’outil de référence pour une<br />
adaptation au contexte de chaque pays.<br />
La version PDF de ce guide est disponible sur le<br />
site de formation continue d’<strong>ESTHER</strong> :<br />
www.estherformation.fr<br />
Les 10 premiers modules rassemblent l’essentiel<br />
des connaissances sur la prise en charge VIH.<br />
Le Module 11 est destiné à aider les formateurs à<br />
concevoir et animer une formation pour les paramédicaux.<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
6
MODULE 1 : Épidémiologie et transmission de l’infection à VIH<br />
Pour tenter d’enrayer l’épidémie, il est important de bien connaître les<br />
différents modes de transmission du virus, les facteurs de risque et les<br />
moyens de prévention. La surveillance épidémiologique est un autre<br />
point essentiel dans la lutte contre le VIH/sida.<br />
MODULE 2 : Virologie, immunologie et histoire naturelle<br />
de l’infection à VIH<br />
Le diagnostic et la prise en charge de l’infection à VIH ont bénéficié<br />
depuis 20 ans de progrès considérables, liés en particulier au développement<br />
du traitement ARV et aux possibilités de mesures du taux de<br />
lymphocytes CD4 et de la charge virale. Comprendre comment le VIH<br />
se multiplie et endommage le système immunitaire et comment l’infection<br />
à VIH progresse sur le plan biologique et clinique est important pour<br />
mieux informer les patients et suivre l’évolution de leur infection avec ou<br />
sans traitement.<br />
MODULE 3 : Dépistage et diagnostic de l’infection à VIH<br />
Le dépistage et le diagnostic de l’infection à VIH sont un enjeu majeur de<br />
la lutte contre la maladie, tant pour les individus que pour la collectivité.<br />
Pour que le dépistage et le diagnostic de l’infection à VIH contribuent<br />
efficacement à la lutte contre le VIH/sida, il est fondamental de connaître<br />
les tests biologiques disponibles, de les utiliser de manière à obtenir des<br />
résultats fiables et d’encadrer leur réalisation par une démarche de counseling.<br />
MODULE 4 : Diagnostic et prise en charge des infections<br />
opportunistes et des maladies associées à l’infection à VIH<br />
L’infection à VIH est responsable d’un déficit immunitaire qui favorise la<br />
survenue d’IO. Les prévenir et sur quels signes les reconnaître pour les<br />
traiter le plus tôt possible. L’infection à VIH favorise ou est plus fréquemment<br />
associée à d’autres maladies : cancers favorisés par le déficit immunitaire<br />
lié au VIH, infections par le VHB ou le VHC, paludisme.<br />
MODULE 5 : Traitement ARV de l’infection à VIH chez<br />
l’adulte et l’adolescent<br />
Les traitements ARV sont des médicaments destinés à bloquer la multiplication<br />
du VIH. Leur bonne utilisation chez les personnes vivant avec le<br />
VIH nécessite de connaître les objectifs et les principes de base du traitement<br />
ainsi que les différentes molécules disponibles pour la prescription.<br />
Elle suppose également de savoir quand et comment mettre en route<br />
un traitement, de quelle façon le surveiller et comment l’adapter en cas<br />
d’effets indésirables ou d’efficacité insuffisante.<br />
MODULE 6 : Gestion de la pharmacie et dispensation des<br />
médicaments du VIH/Sida<br />
Le succès des ARV et des traitements des IO dépend non seulement de<br />
l’observance des patients, mais également de la continuité de leur approvisionnement<br />
en médicaments et de la qualité de l’éducation thérapeutique<br />
qui leur est donnée au moment de la délivrance des ordonnances.<br />
Il est donc fondamental de gérer la pharmacie selon des règles rigoureuses<br />
permettant de fournir aux patients des médicaments de qualité,<br />
de façon parfaitement régulière et en accompagnant la dispensation des<br />
conseils et du soutien assurant une prise effective des traitements.<br />
MODULE 7 : Accompagnement des personnes vivant avec le VIH<br />
La prise en charge des personnes vivant avec le VIH doit être globale,<br />
c’est-à-dire non seulement soigner, mais aussi accompagner la personne<br />
pour l’aider à gérer sa maladie, son traitement et ses conséquences. Elle<br />
doit également se faire dans le cadre d’un continuum de soins permettant<br />
de s’occuper de la personne aussi bien en milieu de soins qu’en dehors.<br />
L’accompagnement comprend différentes activités : gestion des<br />
réactions à l’annonce de la séropositivité, soutien psychologique, éducation<br />
thérapeutique, éducation nutritionnelle, aide économique ou juridique.<br />
Pour être de qualité, il doit répondre à des conditions précises qu’il<br />
est important de bien maîtriser.<br />
MODULE 8 : Prévention de l’infection à VIH<br />
Les moyens de prévention classiques sont le dépistage, la modification<br />
des comportements à risque avec promotion du préservatif, la PTME, la<br />
prophylaxie ARV post-exposition et la prévention de la transmission sanguine.<br />
En plus de ces moyens, tous complémentaires les uns des autres,<br />
des méthodes nouvelles sont explorées : la circoncision masculine, les microbicides<br />
vaginaux, le traitement ARV de pré-exposition et le traitement<br />
ARV pour diminuer la quantité de VIH circulant dans les populations.<br />
MODULE 9 : PTME et prise en charge de l’infection<br />
à VIH chez l’enfant<br />
La transmission du VIH de la mère à l’enfant (TME) est une<br />
cause majeure de sida en Afrique. Sa prévention (PTME) nécessite<br />
en premier lieu d’encourager les futures mères à la<br />
réalisation d’un test de dépistage, en insistant sur son importance<br />
pour la santé des enfants à naître. La PTME chez<br />
une femme enceinte séropositive a trois objectifs essentiels:<br />
convaincre la femme de se soigner pour rester en bonne<br />
santé, prévenir l’infection chez l’enfant et organiser son suivi<br />
après la naissance. Si un enfant naît malgré tout infecté par le<br />
VIH, la précocité du diagnostic et celle de la mise sous traitement<br />
sont fondamentales pour l’avenir : en l’absence de prise<br />
en charge adaptée, plus de la moitié des enfants infectés par<br />
le VIH meurent avant l’âge de 2 ans, et environ 10 % seulement<br />
atteindront leur dixième année.<br />
MODULE 10 : Hygiène hospitalière, infections<br />
liées aux soins et protection des soignants<br />
L’amélioration de l’accès aux soins accroît le nombre de personnes<br />
vivant avec le VIH prises en charge par le personnel<br />
soignant. Que cette prise en charge comporte des gestes<br />
invasifs (prélèvements, injections, perfusions, voire interventions<br />
chirurgicales) ou non, il est impératif de protéger les personnes<br />
vivant avec le VIH du risque d’infections associées aux<br />
soins, en respectant un certain nombre de règles d’hygiène<br />
et d’asepsie. La prévention concerne également le personnel<br />
soignant, pour lequel il existe un risque d’accident exposant<br />
au sang et aux liquides biologiques (AES).<br />
MODULE 11 : Repères pratiques pour la mise en<br />
œuvre d’une formation sur le VIH<br />
La mise en oeuvre d’une formation sur le VIH/sida implique<br />
que les professionnels de santé aient des compétences pédagogiques<br />
allant au-delà de la simple capacité de transmission<br />
d’informations. Ces compétences reposent sur<br />
des principes simples permettant de progresser selon un<br />
ordre logique depuis l’analyse des besoins des participants<br />
jusqu’à l’animation puis l’évaluation de la formation.<br />
AFRAVIH -Genève<br />
le 27 mars 2012<br />
15h30-16h : stand <strong>ESTHER</strong><br />
Prise en charge globale du VIH<br />
dans les pays à ressources limitées<br />
Guide de formation à l’usage des paramédicaux<br />
Présentation du guide<br />
dédicace<br />
et distribution<br />
sur le stand <strong>ESTHER</strong><br />
7
Hygiène - APPS<br />
La France s’engage<br />
La sécurité des patients et des soignants constitue un enjeu majeur pour tous<br />
les pays. Chaque année, les infections associées aux soins de santé affectent<br />
plus de 1,4 million de personnes. Le Programme de Sécurité des patients de<br />
l’OMS vise à faciliter une collaboration mondiale dans la réduction de l’impact<br />
des infections associées aux procédures de soins.<br />
Les Partenariats Africains pour la Sécurité des patients (APPS) de l’OMS s’inscrivent<br />
dans cette démarche. Ils visent à développer des partenariats étroits et<br />
durables entre hôpitaux européens et africains dans le domaine de la sécurité<br />
des patients en vue de la constitution d’un réseau d’hôpitaux modèles en la<br />
matière.<br />
Le programme APPS a été initié en 2008 avec un appui du Royaume-Uni et une<br />
implication des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Il a permis le lancement,<br />
en 2009, des premiers partenariats dans six pays africains :<br />
• Trois pays anglophones : Ouganda, Ethiopie et Malawi qui travaillent avec<br />
le NHS (National Health Service), le NPSA (National Patient Safety Agency) et<br />
THET (Tropical Health and Education Trust), dispositif de coopération hospitalière<br />
anglais.<br />
• Trois pays francophones : Mali, Cameroun et Sénégal travaillent avec les HUG<br />
(Hôpitaux Universitaires de Genève).<br />
La France est entrée dans le programme en 2011. Le ministère français du Travail, de l’Emploi et de<br />
la Santé a apporté son soutien pour le développement et la mise en oeuvre de 3 partenariats hospitaliers<br />
au Burundi, Côte d’Ivoire et Niger. Il a mandaté le GIP <strong>ESTHER</strong> pour piloter le volet français du<br />
programme, mis en oeuvre par 3 hôpitaux partenaires d’<strong>ESTHER</strong> : CHU de Bordeaux, CHU de Rennes<br />
et CHU Ambroise Paré (Boulogne-Billancourt).<br />
Gros plan sur le Projet de collaboration entre le CHU de Bordeaux et la Côte d’ivoire<br />
dans le cadre du partenariat <strong>ESTHER</strong> – OMS pour la sécurité des patients<br />
Interview : Hélène Boulestreau , praticien hospitalier à Bordeaux<br />
Le partenariat a été établi entre le CHU de Bordeaux , un des 6 pôles d’excellence hospitalo-universitaire<br />
français et 3 établissements ivoiriens à Abidjan : l’Hôpital général de Port Bouet (l’hôpital de référence<br />
du quartier de Port Boué, le CEPREF, le Centre ambulatoire de référence du quartier de Yopougon dédié<br />
à la formation et à la prise en charge des personnes infectées par le VIH/SIDA , un centre créé par l’ONG<br />
ACONDA qui traite la plus grande file active de PVVIH de toute l’Afrique de l’ouest (8.000 patients), et le<br />
Centre de Santé Urbain Spécialisé de la MACA, la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, un Centre de<br />
soin rattaché à la Direction Départementale du quartier de Youpougon qui prend en charge les 2.000 détenus<br />
présents dans la prison à l’heure actuelle (mais ce chiffre<br />
peut atteindre les 5.000 détenus en fonction de la situation.) .<br />
Hélène Boulestreau est praticien hospitalier au Service d’Hygiène<br />
Hospitalière de l’Hôpital Pellegrin. Elle gère le projet APPS<br />
avec une infirmière de son service et réalise des missions sur le<br />
terrain. La première étape a consisté en un état des lieux pour<br />
établir le projet.<br />
Le projet APPS prévoit un appui à l’organisation des services de<br />
bloc opératoire et de stérilisation de l’Hôpital de Port BOUET<br />
(un bloc opératoire nouvellement mis en service), avec la mise<br />
en place de procédures de maîtrise des risques associés aux<br />
soins et la formation des personnels médicaux et soignants<br />
intervenant dans ces services. Les professionnels ivoiriens vont<br />
venir en stage à Bordeaux ; ils s’inspireront ensuite de leur expérience<br />
en France pour rédiger des protocoles adaptés à la situa-<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
8
un autre exemple du travail sur<br />
l’hygiène hospitalière en Côte<br />
d’Ivoire : l’expérience de Sassandra<br />
tion de leur établissement. Ces bonne pratiques seront mises<br />
en place à l’hôpital de Port Bouet, soutenus par des mission<br />
sdes professionnels bordelais qui les ont reçus en stage et des<br />
indicateurs de suivi seront déterminés.<br />
Le CEPREF a bénéficié de nombreuses missions et des professionnels<br />
du Centre ambulatoire de Yopougon sont venus en<br />
stage à Bordeaux. La mise en place des bonnes pratiques se<br />
fait plus lentement, du fait notamment de la charge de travail<br />
des soignants liés à la taille de la file active. Les points qui restent<br />
à améliorer sont l’entretien des dispositifs médicaux (la<br />
stérilisation), l’entretien des locaux et la protection du risque<br />
infectieux.<br />
La MACA est le 3ème site sur lequel intervient l’hôpital<br />
de Bordeaux. Après les événements politiques de 2011, la<br />
Côte d’Ivoire a entamé sa phase de reconstruction et a réhabilité<br />
les infrastructures détruites. Ainsi, la MACA a été<br />
réhabilitée à hauteur de deux milliards de francs CFA pour<br />
accueillir ‘’ses pensionnaires’’.<br />
Dans le cadre du projet, une équipe opérationnelle en hygiène<br />
hospitalière a été créée. Les professionnels qui siègent<br />
dans le comité d’hygiène sont motivés, de même que<br />
les soignants paramédicaux. Les points sur lesquels se focalise<br />
le projet APPS sont la sécurité des locaux, l’hygiène<br />
des mains avec des produits hydro-alcooliques à distribuer,<br />
la sécurité des professionnels et l’asepsie des soins.<br />
Le projet prévoit également un accompagnement de la DHP<br />
(Direction de l’Hygiène publique, qui dépend du Ministère<br />
de la santé) pour diffuser les bonnes pratiques en matière de<br />
prévention du risque IAS (infections associées aux soins ) dans<br />
tous les établissements hospitaliers du pays (dont les autres<br />
sites « <strong>ESTHER</strong> » à Dabou et Sassandra). L’équipe bordelaise accompagnera<br />
également la mise en place d’une formation diplômante<br />
en hygiène hospitalière, si les conditions techniques<br />
et financières sont réunies.<br />
Évolution du niveau de bonnes pratiques<br />
d’hygiène dans les soins à l’hôpital<br />
général de Sassandra - Côte d’Ivoire:<br />
une étude avant - après la formation du<br />
personnel de santé<br />
Jusqu’en 2009, les activités d’hygiène et de sécurité<br />
étaient méconnues dans la plupart des services de santé<br />
de Côte d’Ivoire dont l’Hôpital Général de Sassandra<br />
(HGS).<br />
L’objectif de l’étude est de démontrer l’impact des actions<br />
d’une équipe opérationnelle dans la formation du personnel<br />
et la mise en oeuvre des activités d’hygiène et de<br />
sécurité.<br />
Méthodes<br />
Une étude prospective et descriptive a été effectuée<br />
entre juin 2009 et juin 2011 pour montrer l’évolution des<br />
pratiques d’hygiène chez 41 agents de santé exerçant à<br />
l’HGS dont les techniciens de surface qui jouent parfois le<br />
rôle d’aides soignants.<br />
Les différentes stratégies étaient :<br />
• formation d’une équipe opérationnelle d’hygiène<br />
composée de cinq personnes,<br />
• évaluation initiale des pratiques d’hygiène par questionnaire<br />
déclaratif et enquête d’observation,<br />
• sensibilisation et formation du personnel aux<br />
bonnes pratiques d’hygiène,<br />
• mise à la disposition des services de soin du matériel<br />
d’hygiène,<br />
• compagnonnage mensuel,<br />
• évaluation semestrielle des pratiques avec le questionnaire<br />
initial.<br />
Résultats<br />
Ces pratiques ont été évaluées chez 8 médecins, 9 infirmiers,<br />
4 sages-femmes, 4 aides-soignants et 16 techniciens<br />
de surface avant le démarrage de la formation. Le<br />
résultat de l’évaluation initiale a montré 87 % de mauvaises<br />
pratiques d’hygiène et 13 % de bonnes pratiques.<br />
Deux ans après la mise en oeuvre des activités de<br />
l’équipe opérationnelle, un changement notable a été<br />
noté dans le comportement des prestataires de soins<br />
: 51% se frictionnent les mains avec une solution hydroalcoolique,<br />
93% trient les déchets, 75% se lavent les mains<br />
avant les soins et 100% après les soins, 78% portent des<br />
gants pendant les soins,100% utilisent des seringues rétractables<br />
et autobloquantes, 93% ont une bonne utilisation<br />
des boîtes de sécurité et 83 % utilisent de l’eau de<br />
javel à 12°,<br />
soit au total 80% de bonnes pratiques.<br />
On note en plus 7% de déclarations d’accident d’exposition<br />
au sang, déclarations qui n’existaient pas auparavant.<br />
Conclusion<br />
La promotion de bonnes pratiques d’hygiène est une réalité<br />
à l’HGS puisque la proportion est passée de 13 % à<br />
80 % en deux ans. Le défi à relever dans une prochaine<br />
action est la consolidation de ces acquis et son élargissement<br />
dans le district sanitaire.<br />
Auteurs :<br />
N’guessan KISSIEDOU, Adjoua ALLA YOBOUE, Kouassi-<br />
LOUKOU, Aya Viviane N’DRI, LéonceN’GBOCHO : Hôpital<br />
Général de Sassandra<br />
Agnès CHARVIER, Fabienne FAURE, Jean-Pierre BRU,<br />
Centre Hospitalier de la Région d’Annecy,<br />
Christophe MICHON, Jean Marie MASUMBUKO, <strong>ESTHER</strong>.<br />
9
Les traitements de 3è ligne<br />
au Mali, un nouveau défi<br />
Traitement ARV de 3 ème ligne chez<br />
les patients multi-résistants au Mali<br />
Le traitement ARV a commencé depuis plus d’une décennie<br />
en Afrique de l’Ouest. Plus de 85% de nos patients<br />
sont encore sous leur traitement de 1ère ligne.<br />
Moins de 15% des patients sont sous 2 ème ligne et très<br />
peu sous traitement de 3 ème ligne. Les traitements de<br />
3ème ligne coûtent cher et ne sont pas encore accessibles<br />
pour les patients africains. C’est la raison pour<br />
laquelle nous avons décrit le profil de résistance génotypique<br />
des patients qui initient un traitement ARV de<br />
3 ème ligne au Mali.<br />
Almoustapha Maiga est très impliqué dans les projets <strong>ESTHER</strong>.<br />
Il est docteur en pharmacie, a fait ses études à l’université de<br />
Bamako et les a complétées par une formation à la recherche<br />
clinique à l’Université René Descartes, obtenant un Master 2<br />
Virologie-Immunologie à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes<br />
et un Doctorat es sciences (PhD) en Virologie obtenu à l’Ecole<br />
doctorale Complexité du Vivant de l’Université Pierre et Marie<br />
Curie de Paris VI.<br />
Il est aujourd’hui :<br />
- Chef de service adjoint au laboratoire d’Analyses Médicales<br />
du CHU Gabriel Touré de Bamako ; ce laboratoire s’occupe des<br />
analyses médicales dans le cadre de la prise en charge des<br />
malades hospitalisés, des malades externes a l’hôpital et des<br />
consultations médicales.<br />
- Chef du laboratoire de Bactériologie médicale du CVD/MALI<br />
(Center for Vaccine Development) depuis Juin 2011. Ce laboratoire<br />
s’occupe des protocoles de recherche sur les infections<br />
bactériennes répandues au Mali et de la mise en place des<br />
essais cliniques des vaccins et leur introduction dans le programme<br />
élargi de vaccination (PEV) au Mali.<br />
- Chef de l’Unité d’Epidémiologie Moléculaire de la Résistance<br />
du VIH aux ARV au Centre de Recherche et de Formation sur le<br />
VIH/Sida et la tuberculose SEREFO à la FMPOS à l’Université de<br />
Bamako. Dans ce laboratoire est séquencé le VIH. Les travaux<br />
portent sur l’épidémiologie moléculaire des résistances du<br />
VIH-1 aux antirétroviraux dans le cadre de la prise en charge<br />
des patients infectés par le VIH et sous traitements ARV. Le<br />
laboratoire s’occupe aussi de la description moléculaire des<br />
sous-types viraux circulant au Mali.<br />
Les résultats de ses travaux sont publiés dans les<br />
conférences internationales, notamment ICASA, en décembre<br />
2011, et la conférence Francophone de Genève<br />
en mars 2012.<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
Méthodologie : Nous avons sélectionné tous les patients<br />
en échec virologique de leur traitement ARV de<br />
2ème ligne et qui ne disposent d’aucune alternative<br />
thérapeutique au regard des génotypes de résistance<br />
réalisés de Mars 2009 à Octobre 2011 au Mali par la<br />
technique Viroseq.<br />
Résultats : Nous avons recensé 19 patients multi-résistants<br />
aux traitements ARV disponibles au Mali.<br />
La charge virale (CV) médiane était de 69 740 copies/<br />
mm3 et les CD4 médian de 134 cellules/mm3 avant<br />
initiation.<br />
6 patients sont décédés soit une prévalence de 31,5%<br />
de mortalité.<br />
La prévalence des mutations de résistance était : M41L<br />
(37%), A67G/N (42%), M184V (100%), T215F/Y (68%),<br />
K219E/Q (37%) et Q151M (16%) pour les nucleosidiques.<br />
Pour les non-nucleosidique : K103N (32%), K101E/H/P<br />
(11%), Y181C/I/V (37%) et H221Y (21%). Pour les IP :<br />
L76V (42%), V82A/F/T/S (21%) et I84V (37%).<br />
D’autres mutations importantes étaient présentent.<br />
100% des patients étaient résistants aux 3 classes<br />
d’ARV disponibles au Mali et 38% résistants à l ‘Etravirine.<br />
Nous avons initié ces patients sous un traitement<br />
comprenant Darunavir et/ou Etravirine en fonction du<br />
résultat du génotypage.<br />
Conclusion : Le suivi biologique (la charge virale et<br />
le génotypage de résistance) reste indispensable<br />
pour la mise en route et le suivi d’un schéma de 3 ème<br />
ligne dans les pays à ressources limitées.<br />
10
Dr Christophe Michon,<br />
nouveau directeur médical et scientifique d’<strong>ESTHER</strong><br />
Les années 2000<br />
A partir de 1999, Christophe Michon est praticien<br />
hospitalier dans le service des maladies infectieuses<br />
de l’Hôpital d’Annecy ;il est également,<br />
pendant une année, assistant dans l’équipe VIH<br />
de l’Hôpital Universitaire de Genève, dans le service<br />
du Professeur Bernard Hirschel. A Annecy, il<br />
crée l’unité d’addictologie.<br />
Parallèlement à ses activités hospitalières, il intègre<br />
MSF Suisse comme conseiller technique<br />
au moment du démarrage des programmes<br />
pilotes d’accès aux ARV. Il sera également<br />
conseiller pour l’ONUSIDA, travaillant sur le soin<br />
au moment où paraissent les premiers guidelines<br />
sur les ARV et où les ARV entrent dans les<br />
médicaments essentiels.<br />
Christophe Michon en Côte d’Ivoire lors des 15 èmes journées<br />
scientifiques du Programme ANRS Coopération Côte<br />
d’Ivoire (PAC-CI) - février 2012<br />
Christophe Michon est docteur en médecine et il a débuté<br />
son parcours de spécialisation en maladies infectieuses<br />
dans les années 1980, alors que les services de maladies<br />
infectieuses voyaient leur activité bouleversée par l’arrivée<br />
du Sida. C’est à l’Hôpital Claude Bernard, CHU Bichat-Beaujon,<br />
que Christophe Michon a fait ses premières<br />
armes dans ce domaine : il était chef de clinique assistant,<br />
dans le service des Maladies infectieuses et tropicales et a<br />
participé à l’ouverture du premier hôpital de jour dédié à la<br />
prise en charge du VIH/Sida et a organisé le premier cours<br />
français sur le sida destiné aux médecins hospitaliers.<br />
Avec la diffusion de l’épidémie, on est passé de quelques<br />
services concentrés sur certains hôpitaux parisiens à la<br />
création d’unités en banlieue. A Colombes, où il est resté<br />
11 ans de 1988 à 1999, Christophe Michon, comme<br />
praticien hospitalier, a participé à l’ouverture de la<br />
structure de prise en charge ambulatoire (Hôpital de<br />
jour) et est devenu responsable de l’équipe spécialisée<br />
VIH.<br />
A cette période, il développe le partenariat<br />
<strong>ESTHER</strong> basé sur un jumelage entre le centre<br />
hospitalier d’Annecy et l’hôpital de Sassandra,<br />
en Côte d’Ivoire. Le volet «prise en charge VIH»<br />
a été initié en 2003 et développé à partir de<br />
2005, avec rapidement la mise en place d’une<br />
décentralisation autour du centre de référence,<br />
l’hôpital de Sassandra, vers 18 centres de santé<br />
périphériques.<br />
Depuis novembre 2008, Christophe Michon était<br />
chargé de mission pour la prise en charge du<br />
VIH à la Sous-direction Prévention du Risque<br />
Infectieux de la Direction Générale de la Santé<br />
à Paris, une fonction intégrant le secrétariat<br />
technique du groupe d’experts français qui travaille<br />
sur les recommandations pour la prise en<br />
charge thérapeutique de l’infection à VIH («le<br />
Rapport Yeni »).<br />
Christophe Michon est aujourd’hui directeur du<br />
département médical et scientifique d’<strong>ESTHER</strong>.<br />
«C’était des années créatives en matière d’organisation<br />
des soins : l’unité VIH était intégrée dans l’unité<br />
de médecine interne, c’était une époque où se sont<br />
développés les soins palliatifs, la recherche clinique :<br />
tout était à construire localement.»<br />
C’est également à cette période qu’il mène ses premières<br />
expériences à l’international avec des missions<br />
en Algérie et en Mauritanie, après un DEA en Santé<br />
publique Pays en Développement obtenu en 1988.<br />
11
<strong>ESTHER</strong> vous donne rendez-vous...<br />
u Dimanche 25 mars de 15h30 à 17h - salle 4 : Symposium<br />
organisé par <strong>ESTHER</strong> et AIDES<br />
Médiateur / Conseiller psychosocial : un nouveau métier en santé communautaire<br />
à faire reconnaître et à intégrer dans le dispositif de soin de la<br />
prise en charge du VIH<br />
u Mardi 27 mars - 15h30<br />
Distribution de «Prise en charge globale du VIH dans les pays à ressources<br />
limitées, Guide de formation à l’usage des paramédicaux»<br />
Rencontre et dédicace avec les coordinateurs de l’ouvrage et les auteurs<br />
u et tous les jours des présentations des partenaires <strong>ESTHER</strong> à<br />
la conférence Afravih<br />
18 présentations orales et 12 posters sont présentés par des partenaires<br />
<strong>ESTHER</strong> ou portent sur un programme <strong>ESTHER</strong><br />
u<br />
RETROUVEZ-NOUS SUR LE STAND <strong>ESTHER</strong> (N°4)<br />
un lieu d’échanges entre partenaires du Nord et du Sud<br />
Chaque jour :<br />
-Démonstrations de la suite logicielle ESOPE, du site de formation continue<br />
en E-learning : www.estherformation.fr, présentation du nouveau site internet<br />
www.esther.fr<br />
-Présentation du Guide de formation à l’usage des paramédicaux : Prise en<br />
charge globale du VIH dans les pays à ressources limitées.<br />
Crédit photo <strong>ESTHER</strong><br />
En savoir plus : www.esther.fr<br />
Comité Editorial<br />
Farid Lamara, Nadine Legret, Florence Maclair, Pierre Mendiharat.<br />
Conception - rédaction<br />
Nadine Legret<br />
Contacts-réactions : nadine.legret@esther.fr<br />
L’intégration des<br />
photos des personnes<br />
ne doit en<br />
aucun cas être interprétée<br />
comme<br />
une indication de<br />
leur état de santé.<br />
L’utilisation de<br />
tout ou partie du<br />
document n’est<br />
possible qu’à condition<br />
d’en citer la<br />
source.<br />
La lettre <strong>ESTHER</strong> n°47 - Mars 2012<br />
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