LE PARADOXE DE LA TOLERANCE - Centre Jean Bosco Lyon
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A MDB Oct10 5203<br />
<strong>LE</strong> <strong>PARADOXE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> TO<strong>LE</strong>RANCE<br />
Extrait de « Les nouvelles délinquances des jeunes » de JM Petitclerc, p 55 et ss<br />
S’il est une valeur sur laquelle se fonde<br />
aujourd’hui la société civile, - et on peut<br />
s’en réjouir -, c’est la tolérance.<br />
Mais de quelle tolérance s’agit – il ?<br />
S’il s’agit d’une attitude de<br />
tolérance vis-à-vis des personnes, on ne<br />
peut qu’être d’accord. Une telle valeur a<br />
pour nom respect. Quelles que soient son<br />
appartenance ethnique et culturelle, sa<br />
manière de croire et de penser, ses<br />
opinions politiques et religieuses, chaque<br />
personne, et en particulier chaque jeune,<br />
possède un inaliénable droit au respect.<br />
Et le combat contre toute forme de<br />
racisme doit constituer une priorité dans<br />
nos sociétés modernes, marquées par le<br />
pluri-ethnique et le pluriculturel.<br />
Mais la tolérance vis-à-vis des<br />
personnes n’équivaut pas à la tolérance<br />
vis-à-vis de tous les actes posés. Car<br />
tous ces actes ne se valent pas. Il est des<br />
comportements qui construisent l’homme,<br />
d’autres qui le détruisent ; certains<br />
participent à l’édification de la vie sociale,<br />
d’autres la minent. Respecter la<br />
personne, c’est savoir dire non, de<br />
manière ferme à certains de ses<br />
comportements, si ces derniers ne sont<br />
pas respectueux des autres. Nous<br />
savons combien les adolescents, durant<br />
cette période de vie sont très fragile, ont<br />
besoin de rencontrer sur leur route des<br />
adultes qui savent s’opposer à eux, tenir<br />
le « non » poser, de manière claire,<br />
limites et interdits.<br />
Respecter la personne ne signifie<br />
pas – loin s’en faut – accepter, au nom<br />
d’une notion de tolérance mal comprise,<br />
l’ensemble de ses comportements. Le<br />
développement d’une telle acceptation de<br />
la tolérance conduit à des dérives graves.<br />
Je surpris un jour Mohamed en train de<br />
siphonner l’essence du réservoir de ma voiture et<br />
je le repris de manière ferme. Lui de me rétorquer<br />
aussitôt : « Tu es raciste ! C’est parce que je suis<br />
arabe que tu m’engueule ! » « Non, dis-je avec<br />
force, que tu sois noir, jaune, blanc ou bronzé, je<br />
m’opposerai de la même manière à ton<br />
comportement. »<br />
Combien cette confusion autour de<br />
la notion de tolérance mine aujourd’hui le<br />
lien social ! Bon nombre de concitoyens<br />
de peur de passer pour des « antijeunes<br />
» ou pour des racistes, n’osent<br />
plus s’opposer à des comportements<br />
inacceptables et démissionnent ainsi de<br />
leur fonction éducative ! Et bon nombre<br />
d’enfants, profitant d’une telle situation,<br />
se rebellent contre toute remarque adulte<br />
au nom du concept mal compris de la<br />
tolérance : « Si tu n’acceptes pas mon<br />
comportement, c’est que tu n’acceptes<br />
pas ma différence. »<br />
Une telle confusion entre tolérance<br />
des personnes et tolérance des<br />
comportements permet de légitimer<br />
toutes les dérives.<br />
L’intolérance vis-à-vis des<br />
comportements peut s’allier au respect<br />
des personnes agissant de la sorte.<br />
L’important consiste à ne jamais réduire<br />
la personne à ses comportements.<br />
Voilà pourquoi il nous paraît<br />
dangereux d’utiliser l’adjectif<br />
« délinquant » pour qualifier le jeune.<br />
Mieux vaut toujours utiliser l’expression «<br />
jeune passant à l’acte délinquant ».<br />
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A MDB Oct10 5203<br />
Méfions-nous en effet de ce<br />
qualificatif de « délinquant », qui peut si<br />
facilement se transformer en étiquette. Il<br />
n’existe pas plus de délinquant-né que de<br />
criminel-né. Le délinquant, c’est un jeune<br />
comme les autres, qui à un moment de<br />
son histoire, commet un délit et est déféré<br />
au tribunal.<br />
En toute rigueur de terme, un<br />
jeune est délinquant parce qu’il a commis<br />
un délit. Le problème, c’est que dans la<br />
tête de beaucoup, un jeune commet un<br />
délit parce qu’il est délinquant. C’est une<br />
telle inversion de causalité qui est source<br />
de stigmatisation et d’exclusion.<br />
Respecter le jeune, c’est ne jamais<br />
qualifier de manière indélébile sa<br />
personne à partir des actes qu’il pose.<br />
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